Un commun numérique fête ses 25 ans : Internet Archive

Par curiosité ou nécessité, vous avez sûrement essayé de savoir à quoi ressemblait une ancienne page web, et vous avez utilisé la Wayback Machine pour remonter le temps. Eh bien ce génial service, qui permet d’accéder à des clichés instantanés de pages web archivées, est une des nombreuses ressources d’Internet Archive, qui fête cette année ses 25 ans.

On pourrait le célébrer avec une cascade de chiffres impressionnants : déjà plus de 70 pétaoctets de données stockées, 475 milliards de pages web, 28 millions de livres, 14 millions de fichiers audio, etc. Un succès considérable.

Mais le plus important c’est que Internet Archive est un commun numérique. Si vous savez déjà ce que ça signifie, passez au-delà du paragraphe explicatif suivant :

Comment se caractérise un commun numérique ?

Un commun désigne une ressource produite et/ou entretenue collectivement par une communauté d’acteurs hétérogènes, et gouvernée par des règles qui lui assurent son caractère collectif et partagé.
Il est dit numérique lorsque la ressource est numérique : logiciel, base de données, contenu numérique (texte, image, vidéo et/ou son), etc.
Les communs numériques ont des caractéristiques nouvelles : l’usage de la ressource par les uns ne limite pas les possibilités d’usage par les autres (la ressource est non rivale) et il n’est pas nécessaire d’en réserver le droit d’usage à une communauté restreinte afin de préserver la ressource (la ressource est non-exclusive).
Ainsi, les communs numériques gagnent à être partagés, car ce partage augmente directement la valeur de la ressource et permet par ailleurs d’étendre la communauté qui la préservera. Le numérique est donc à l’origine du développement de communs d’un nouveau genre, ouverts et partagés, accroissant d’autant plus leur potentiel.

Source : site communs.societenumerique.gouv.fr

Eh oui, Internet Archive coche toutes les cases et c’est une ressource partagée de laquelle on peut bénéficier et à laquelle on peut contribuer par un don, par un document mis en ligne (plus de 17 000 par jour…).

Voyez ce qu’en dit son fondateur, Brewster Kahle, 25 ans après les débuts :

Il y a 25 ans, je pensais que la construction de cette nouvelle bibliothèque serait surtout un processus technologique, mais je me trompais. Il s’avère que c’est surtout un processus humain. Internet Archive a été soutenu par des centaines d’organisations. Environ 800 bibliothèques ont participé à la création des collections web qui se trouvent dans la Wayback Machine. Plus de 1 000 bibliothèques ont fourni des livres à numériser dans les collections, qui comptent désormais 5 millions de volumes. En outre, des personnes spécialisées dans, par exemple, les horaires de chemin de fer, les radios anciennes ou les disques 78 tours, ont fait don de supports physiques et téléchargé des fichiers numériques sur nos serveurs […] L’année dernière, plus de 100 millions de personnes ont utilisé les ressources d’Internet Archive, et plus de 100 000 personnes ont fait un don pour nous soutenir financièrement. Il s’agit véritablement d’un projet mondial, la bibliothèque du peuple.

Brewster Kahle, dans un article récent.

… mais voici surtout quelques réflexions illustrées de Brewster Kahle que Framalang a traduites pour vous,

Article original : Reflections as the Internet Archive turns 25
Traduction Framalang : Claire, Julien / Sphinx, Goofy, Suzy

Quelques réflexions à l’occasion du 25e anniversaire d’Internet Archive

par Brewster Kahle

Brewster Kahle, Photo de Rory Mitchell, The Mercantile, 2020 – CC by 4.0

Brewster Kahle, Tamiko Thiel, Carl Feynman à Thinking Machines, Mai 1985. Photo courtesy of Tamiko Thiel.

Une bibliothèque pour tout

Jeune homme, je voulais participer à la création d’un nouveau média qui constituerait une avancée par rapport à l’invention de Gutenberg, quelques centaines d’années auparavant.

En construisant une bibliothèque pour tout à l’ère du numérique, je me suis dit qu’il y avait là une chance pour la rendre non seulement disponible à tout le monde mais également plus performante et intelligente que son équivalent papier. En utilisant des ordinateurs, cette bibliothèque ne serait pas seulement un outil de recherche mais également d’organisation : de sorte que l’on puisse naviguer au sein de millions, voire de milliards, de pages web.

La première étape a été de créer des ordinateurs capables de traiter d’énormes collections de riches contenus. Il a fallu ensuite créer un réseau qui puisse capter des ordinateurs du monde entier : l’Arpanet, qui allait devenir l’Internet. Plus tard, est arrivée l’intelligence augmentée qu’on a ensuite appelée les moteurs de recherche. J’ai alors contribué au WAIS (Wide Area Information Server) qui a aidé les éditeurs à rejoindre en ligne ce nouveau système ouvert, lequel a fini par être englobé dans le World Wide Web.

En 1996 est venu le moment de lancer la construction de la bibliothèque.

Cette bibliothèque contiendrait tous les ouvrages publiés de l’humanité. Cette bibliothèque ne serait pas uniquement accessible à ceux qui peuvent payer le dollar par minute que LexisNexis demandait, ou à l’élite des universités. Ce serait une bibliothèque accessible à n’importe qui, n’importe où dans le monde. Pourrions-nous pousser le rôle d’une bibliothèque plus loin, de sorte que les écrits de tous y soient inclus, pas seulement celles et ceux qui ont signé un contrat avec un éditeur new-yorkais ? Pourrions-nous construire une archive multimédia qui contiendrait non seulement des écrits, mais aussi des chansons, des recettes, des jeux et des vidéos ? Pourrions-nous permettre à tous de trouver des informations sur leur grand-mère dans cent ans ?

Un article du San Francisco Chronicle, Business Section, 7 mai 1988. Photo parJerry Telfer. Brewster Kahle est ici en compagnie de Bruce Gilliat, avec qui il a fondé Alexa Internet.

 

Ni un projet profitable ni une IPO

Depuis le début, l’Internet Archive devait être à but non lucratif parce qu’elle contient les œuvres de tout le monde. Ses motivations devaient être transparentes. Elle devait durer longtemps.
Dans la Silicon Valley, le but est de trouver une sortie de projet rentable, par un rachat ou par une introduction en bourse, et de passer au projet suivant. Cela n’a jamais été mon but. Le but de l’Internet Archive est de créer une mémoire permanente du Web qui puisse être utilisée pour fabriquer un nouveau cerveau global. Pour trouver au fil du temps des chemins dans les données qui nous offriront de nouvelles perspectives, bien au-delà de ce qu’un moteur de recherche peut faire. Pour être non seulement une référence historique, mais aussi une part vivante du cœur battant de l’Internet.

John Perry Barlow, parolier du Grateful Dead, auteur de la Déclaration d’indépendance du Cyberespace et fondateur de l’Electronic Frontier Foundation, reçoit des mains de Brewster Kahle le prix Internet Archive Hero Award, le 21 octobre 2015. Photo de Brad Shirakawa – CC by 4.0

Un coup d’œil dans le rétroviseur

Ce que j’ai préféré des premiers temps de l’ère du Web, ce sont les personnes qui rêvaient.
Dans les débuts du Web, on a vu les gens essayer de faire marcher un système plus démocratique. Les gens ont essayé de rendre la publication plus inclusive.
On a aussi vu les autres facettes de l’humanité : les pornographes, les arnaqueurs, les harceleurs et les trolls. Eux aussi ont vu l’occasion de réaliser leurs rêves dans ce nouveau monde. Finalement, l’Internet et le World Wide Web sont simplement à notre image. C’est juste une histoire de l’humanité. Et ça a été une expérience de partage et d’ouverture d’esprit.

Le World Wide Web sous son meilleur jour est un outil qui permet à chaque personne de partager ses connaissances, presque toujours gratuitement, et de trouver sa communauté, peu importe où l’on se trouve dans le monde.

Brewster Kahle au cours d’une conférence à la Bibliothèque de Charleston en 2019. Photo de Corey Seeman– CC by 4.0

Regardons vers l’avenir

Nous n’avons peut-être pas encore atteint l’accès universel à toutes connaissances, mais nous pouvons encore le faire. Dans 25 ans, nous pouvons collecter les écrits non pas de cent millions de personnes, mais d’un milliard de personnes, et les préserver à jamais. Nous pouvons avoir des systèmes de rémunération qui ne soient pas basés sur des modèles publicitaires qui profitent seulement à certains.
Nous pouvons avoir un monde avec de nombreux gagnants, avec des personnes qui participent, qui trouvent des communautés qui partagent leur façon de penser, et dont elles peuvent apprendre, partout dans le monde. Nous pouvons créer un Internet où nous nous sentons aux commandes.
Je crois que nous pouvons construire ce futur ensemble. Vous avez déjà aidé Internet Archive à construire ce futur. Durant les 25 dernières années, nous avons rassemblé des milliards de pages, 70 pétaoctets de données à offrir aux générations futures. Offrons-leur cela de manière innovante et passionnante. Construisons et rêvons ensemble pour les 25 prochaines années.

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Dans cette courte vidéo le jeune Brewster Kahle (en 1996) expose les principes du projet. Le document retrace ensuite l’évolution du projet Internet Archive jusqu’à aujourd’hui. Source de la vidéo (sous-titrages en français par nos soins)

 

Et encore…

  • Un article récent dans lequel Brewster Kahle proteste contre les poursuites judiciaires dont Internet Archive a été l’objet pendant la pandémie de la part des éditeurs qui voulaient lui interdire le prêt des ouvrages électroniques.
  • La page de dons pour Internet Archive
  • pour le fun et surtout le frisson : à l’occasion du 25e anniversaire, la Wayforward Machine donne rendez-vous dans 25 ans !



Opération « Dégooglisons » à Nevers les 24/25/26 juin

Mi-avril, les services de la ville de Nevers, dans le cadre de leur Année du Numérique, ont pris contact avec nous pour nous proposer d’animer, avec Nevers Libre (le tout récent GULL local) un événement d’envergure autour de la thématique de la décentralisation d’internet.

On y parlera donc essentiellement de la concentration des pouvoirs des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), mais aussi auto-hébergement, biens communs, et bien évidemment logiciels libres !

Opération Dégooglisons à Nevers

Les temps forts

Nous commencerons dès le vendredi 24 juin par une présentation du manifeste et de la charte de notre futur projet CHATONS, qui sera suivie par une projection-débat du documentaire « Les Nouveaux Loups du Web ». C’est l’occasion pour nous de remercier le cinéMazarin de nous accueillir. Vous pouvez pré-reserver vos places !

Dès le samedi matin et jusqu’au dimanche soir, vous pourrez retrouver à l’Inkub vos structures préférées sur un village du libre : April, Cozy Cloud, FabLab de Clamecy, FFDN, Framasoft, Nevers Libre, La Quadrature du Net, OpenStreetMap, PIQO, SavoirsCom1, Ville et Agglomération de Nevers.

La journée débutera par une introduction au logiciel libre (April), et se poursuivra par la présentation des enjeux de la décentralisation (Framasoft), la démonstration d’outils (Cozy Cloud, notamment), et le cas d’un secteur « non-informatique » impacté (celui de la presse, avec nos amis de NextINpact).

Le dimanche verra sa matinée consacrée à une « carte blanche à Louis Pouzin » inventeur du datagramme, précurseur d’internet et natif de la Nièvre. Il participera notamment à une table ronde sur l’enjeu de la question d’un internet neutre et décentralisé, au côté le La Quadrature, de la Fédération FDN, et bien d’autres. Enfin, le week-end s’achèvera par une dernière table ronde qui visera à prendre un peu de recul en abordant la question des « communs numériques » à l’heure de GAFAM.

Les nouveaux loups du web

Le « off »

Le samedi soir, un BarCamp sera organisé. Pour rappel, un BarCamp est une « non-conférence », donc les sujets ne sont évidemment pas définis, car c’est vous qui décidez 😉

Par ailleurs, en parallèle des conférences, des ateliers s’enchaîneront le samedi et le dimanche, autour du thème de ces journées : contributions à OpenStreetMap ou Wikipédia, utilisation de Cozy Cloud, démonstration d’outils Framasoft, ateliers d’auto-hébergement, etc.

Ces temps sont volontairement ouverts à tou-te-s afin d’avoir un programme « souple » permettant à chacun de participer et de partager ses questions et ses connaissances.

Venez !

Pour nous retrouver, rien de tel qu’une Framacarte 😉

 

Voir en plein écran

Le programme complet

Vendredi 24/06

APRES MIDI

Lieu : Lycée Raoul Follereau, 9 Bd St-Exupéry, Nevers

  • 14H Intervention « Internet et vie privée : je t’aime, moi non plus ? » (Framasoft)

SOIRÉE

Lieu CinéMAZARIN, 120 rue de Charleville, Nevers
  • 20H à 20H30: Conférence de presse : Annonce manifeste et charte CHATONS, par Framasoft.
  • 20H30 : projection-débat du documentaire « Les Nouveaux Loups du Web », de Cullen Hoback (1h15)

Avez vous déjà lu les conditions générales d’utilisation des données privées présentes sur chaque site internet que vous visitez, ou sur les applications que vous utilisez ? Bien sûr que non. Et pourtant, ces mentions autorisent les entreprises à utiliser vos informations personnelles dans un cadre au delà de votre imagination. Le film vous révèle ce que les entreprises et les gouvernements vous soustraient en toute légalité, à partir du moment où vous avez cliqué sur « J’accepte », et les conséquences scandaleuses qui en découlent. La projection du film sera suivie d’un débat animé par l’association Framasoft.

Samedi 25/06

Lieu : l’Inkub, site Pittié, 5 rue du 13eme de ligne, Nevers

Tout au long de la journée, retrouvez sur le « village associatif » différentes associations qui pourront vous présenter différents aspects du logiciel et de la culture libres. Différents ateliers animés par ces mêmes structures pourront vous permettre de pratiquer (« Comment contribuer à Wikipédia ou OpenStreetMap ? », « Utilisation de CozyCloud », « Créer un fournisseur d’accès à internet libre de proximité », « Mieux contrôler sa vie privée avec Firefox », etc.)

MATIN

  • 10/12H : Conférence « Qu’est ce que le Logiciel libre ? »

Cette conférence vise à présenter au grand public ce qu’est le logiciel libre, son histoire, ainsi que les enjeux de ce mouvement qui est loin de n’être que technique.

Intervenantes : Magali Garnero, Odile Benassy, Association April

APRÈS MIDI

  • 14H/15H30 : conférence « Nos vies privées sont-elles solubles dans les silos de données de Google ? »

L’emprise de Google, Apple, Facebook, Amazon ou Microsoft ne cesse de croître. Non seulement sur internet, mais aussi dans bien d’autres domaines (robotique, automobile, santé, presse, média, etc). L’association Framasoft s’est fixé l’ambitieuse mission de montrer qu’il était possible – grâce au logiciel libre – de résister à la colonisation d’internet et à marchandisation de notre vie privée.

Intervenants : Pierre-Yves Gosset, Pouhiou, Association Framasoft

  • 16H00/17H30 : conférence « Google, un big brother aux pieds d’argile ! »

Cozy permet à n’importe qui d’avoir son serveur web et de l’administrer à travers une interface très simple. Il offre la possibilité d’installer des applications web et de stocker ses données personnelles sur un matériel que l’on maîtrise. Contacts, calendriers, fichiers… Tout est au même endroit !

Intervenant : Benjamin André, CEO et co-fondateur de Cozy Cloud

  • 18H00/19H30 : Paroles croisées « La presse à l’heure des GAFAM »

Tous les secteurs sont impactés par l’omniprésence et la puissance des géants du numérique (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, etc.). La presse n’est pas épargnée. Comment s’adapter aux changements de pratiques des lecteurs ? Comment résister à la pression des plateformes ? Quels sont les modèles économiques existants ou à inventer ? Quels sont les impacts sur le métier de journaliste ? En croisant les expériences d’un journal historiquement « papier » à dimension régional et celui d’un site d’informations spécialisé né sur internet, nous essaieront de mettre en valeur les enjeux d’une presse à traversée par le numérique.

Intervenants : David Legrand, directeur des rédactions de NextInpact, Jean Philippe Berthin, rédacteur en chef du Journal du Centre

Animateur : Pierre-Yves Gosset, Framasoft

A partir de 20H : BARCAMP : « Venez découvrir et contribuer à des projets libres (OpenStreetMap, Wikipédia, Firefox, Cozy, etc.) »
Wikipédia définit le barcamp comme « une non-conférence ouverte qui prend la forme d’ateliers-événements participatifs où le contenu est fourni par les participants qui doivent tous, à un titre ou à un autre, apporter quelque chose au Barcamp. C’est le principe pas de spectateur, tous participants. »

Dimanche 26

Lieu : l’Inkub, site Pittié, 5 rue du 13eme de ligne, Nevers

MATIN

  • 10h à 10h45 : Carte blanche à Louis Pouzin
  • 11H/13h00 : Table ronde citoyenne : « Un internet neutre et relocalisé : quels enjeux pour les territoires ? »

« Le « cloud », c’est l’ordinateur de quelqu’un d’autre. ». Au travers des regards et expériences de différents acteurs tentant – chacun à leur façon – de promouvoir un internet et des services de proximité au service des citoyen, la table ronde vise à explorer les pistes de résistance à une appropriation d’internet par quelques entreprises.

Intervenants : Fédération FDN, Association April, La Quadrature du Net, Stéphane Bernier (DSI Ville de Nevers), Quentin Bouteiller (Nevers Libre), Louis Pouzin

Animateur : Benjamin Jean (Inno3)

APRES MIDI

  • 14H/16H : table ronde « Les communs numériques »

Pour conclure ces journées, cette table ronde vise à « prendre de la hauteur » en posant la question essentielle de la présence des « communs » à l’heure du numérique, mais aussi des pressions sociétales, lobbyistes, économiques auquel ces ressources doivent faire face.

Intervenants : Odile Benassy (April), Christian Quest (Président OpenStreetMap France), Pouhiou (Collectif SavoirsCom1)

Animateur : Jérémie Nestel

  • 16H : Clôture de l’événement : Alain Bourcier, Vice Président de l’Agglomération de Nevers en Charge du Numérique

 

Téléchargez le programme complet en version PDF.

 

Nous remercions chaleureusement tous les partenaires de cet événement (Ville/agglo de Nevers, Nevers Libre, PIQO, etc.) ainsi que toutes les structures ayant répondu présentes, et nous espérons vous voir nombreuses et nombreux pour partager ce moment avec nous !

 

Partenaires de l'opération

 




MyPads : point de la semaine 25

MyPadsTâches réalisées

Les avancées de cette semaine ne sont pas aussi importantes que prévu. Deux raisons à cela : un prestataire moins disponible et des tâches plus compliquées à réaliser qu’elles n’avaient été estimées. Voici donc ce qui a été fait :

  • La localisation des messages côté serveur a été faite. Il s’agit des messages renvoyés par l’API de MyPads, laquelle est utilisée par le client Web principal. Ceci était important notamment car certains messages, des erreurs avant tout, étaient affichés tels quels par le client Web et n’étaient pas traduits depuis l’anglais. Cette tâche a pris un peu de temps, car il a fallu faire le tour des fichiers pour la mettre en place puis traduire les messages vers le français.
  • La récupération de l’identifiant utilisateur et le choix d’une couleur pouvant être affichés par défaut dans les pads. C’est cette tâche, qui paraissait assez triviale, qui a été la plus chronophage. MyPads, en tant que plugin Etherpad, se sert du système d’événements renvoyés par Etherpad pour pouvoir interagir avec ce dernier. Modifier les paramètres de la session utilisateur était bel et bien possible, mais il n’y avait pas de moyen simple de connaître, dans le contexte renvoyé par Etherpad, quel était l’utilisateur actuel sous MyPads et de ce fait les informations à utiliser. Comme il n’était pas envisageable de modifier le cœur d’Etherpad pour renvoyer des données supplémentaires ni de modifier à la volée le code client d’Etherpad, il a fallu éprouver plusieurs pistes. Voilà comment cela se passe au final du point de vue utilisateur :
    • À l’inscription, vous pouvez d’ores et déjà opter pour une couleur par le biais de l’élément HTML5 dédié. Notez que ce choix est facultatif.
    • Par défaut, l’identifiant et la couleur, si elle a été sélectionnée, seront utilisés au sein des pads.
    • Dans votre profil, vous pouvez modifier votre couleur mais aussi demander à MyPads de ne pas utiliser vos données au sein des pads. Dans ce cas, MyPads n’interférera pas avec un usage classique d’Etherpad et il vous reviendra de spécifier votre nom et votre couleur au sein du pad.

Bien entendu, même si vous avez choisi d’employer par défaut vos données, vous pourrez toujours modifier, pour une session donnée, vos paramètres, par exemple si un invité a choisi la même couleur que vous.

Ces nouveautés sont disponibles sur la version en ligne. N’hésitez pas à tester et à nous donner vos impressions.

Pour la semaine 26

Sont prévus les deux éléments non réalisés la semaine dernière, à savoir le module de gestion des favoris ainsi que les pages publiques pour les groupes du même type ou ceux protégés par mot de passe. Également :

  • Lorsqu’un groupe est supprimé, les pads qui lui sont attachés le sont également. L’idée est de vous proposer, si vous le souhaitez, de déplacer les pads du groupe supprimé vers un autre groupe.
  • Vous laisser le choix de supprimer complètement votre compte. Si vous confirmez, tous les groupes et pads dont vous êtes le seul administrateur seront supprimés.
  • L’administration de MyPads
    • Réservée aux administrateurs de l’instance Etherpad.
    • Avec un module de gestion des utilisateurs.
    • Et un module de paramétrage de MyPads (taille des mots de passe, configuration pour l’envoi de mail etc).

MyPads

MyPads : week 25

Tasks done

Progress made this week haven’t been as important as expected. Two main reasons : less time for the contractor, and tasks more complicated than estimated. Then, what have been done:

  • Server-side messages localization, messages sent by the MyPads API, which is used by the Web client. This point was important especially because some messages, mainly errors, were displayed as received by the Web client and so were in English only. This task has taken some time because all server files had to inspected to setup this feature and then have been translated to French.
  • Login and user chosen color by default on MyPads pads. This work, that seems easy, has been time-consuming. MyPads, as an Etherpad plugin, uses hook system provided by Etherpad to be able to interact with it. Updating user session parameters is easily done but there is no simple way to know, within the context sent by Etherpad, who is the current user from MyPads and so which information to use. As it wasn’t conceivable to edit Etherpad core to get additional data neither live patching Etherpad client code, some ways have been explored. Here is how it works, from the user point of view :
    • When you subscribe, you can choose a color, thanks to the HTML 5 dedicated element. Please note this choice is optional.
    • By default, login and color, if it has been selected, are used for pad authorship.
    • Into your profile, you can update your color but also ask MyPads to not use your data into the pads. In that case, the plugin will be transparent and classical Etherpad feature will be here : it’s up to you to enter your name and choose your color from the pad interface.
    • Of course, even if you choose to use your data from MyPads, you can always overwrite it for a given session. Useful for example when another user has chosen the same color as you.

These new features are available on the online beta. Don’t hesitate to test and give us your feedback.

Week 26

Are planned the two remaining items from last week: bookmarks management module and public pages for public groups and password protected ones. Also:

  • When a group is removed, linked pads are too. The idea here is to offer you, if you wish, to move the pads to another existing group.
  • Let you the ability to completely remove your account. After confirmation, all groups and pads which you are the unique administrator will be removed.
  • MyPads administration
    • Restricted to Etherpad instance administrators.
    • With a user management module.
    • And a MyPads configuration module (password length, email sending parameters etc).



Censurer un article en trollant le copyright : 25 000 $

À l’heure où la France a appliqué les premières censures administratives de sites web sans intervention d’un juge, on a besoin de bonne nouvelles. C’est chez WordPress, la célèbre plate-forme de blog basée sur le CMS éponyme, que l’on peut en trouver…

Abuser de l’arsenal judiciaire étasunien très coercitif qui permet aux ayants droit de faire plier les hébergeurs de contenus, le Digital Millenium Copyright Act (ou DMCA pour les intimes), aura coûté cher à ce troll du copyright… Et cette délibération nous prouve que la Justice sait encore faire la différence entre droits des auteurs et censure idéologique…

C’est étrange, car j’entends régulièrement un discours voulant faire des libristes des libéraux, réduisant les défenseurs des Internets à des bandits désirant une zone de non-droit… Alors que les libristes qui se battent contre les censures abusives sont, pour celles et ceux que je connais, des personnes éprises d’une chose simple : plus de justice.

Pouhiou

Image piquée à l'article "Putain de DNS menteurs" de reflets.info.
Image piquée à l’article « Putain de DNS menteurs » de reflets.info.

WordPress gagne 25 000 $ face à une demande de retrait abusive sous la loi DMCA

Traduction Framalang par : kl, r0u, KoS, simon, Omegax, Mcflyou + les anonymes
Source : torrentfreak

WordPress vient de remporter une importante victoire judiciaire contre un homme qui a abusé du DMCA pour censurer l’article d’un journaliste critique. Le tribunal a confirmé que la demande de retrait était illégitime et a accordé à WordPress environ 25.000$ de dommages et intérêts et de frais d’avocats.

Automattic, la compagnie derrière la célèbre plate-forme de blog WordPress, a fait face à une augmentation spectaculaire des demandes de retraits liées au DMCA au cours des dernières années.

La plupart des requêtes sont légitimes et ciblent bien du contenu piraté. Néanmoins, il y a également des cas où la demande de retrait est clairement abusive.

Afin d’endiguer ces requêtes frauduleuses, WordPress a décidé de saisir la justice aux côtés d’Oliver Hotham, un étudiant en journalisme qui a vu un de ses articles publié sur WordPress censuré à cause d’une demande de retrait infondée.

Hotham a écrit un article sur « Straight Pride UK » (NdT : groupuscule britannique prônant les valeurs hétérosexuelles, par opposition à Gay Pride), article incluant une réponse qu’il avait reçu de Nick Steiner, attaché de presse de cette organisation. Ce dernier, n’ayant pas apprécié l’article d’Hotham, a envoyé à WordPress une demande de retrait, au motif que celui-ci enfreignait son droit d’auteur.

WordPress et Hotham ont porté l’affaire devant une Cour fédérale de Californie, où ils ont demandé réparation pour les dommages que cet abus leur avait causé.

Cette affaire est l’une des rares où un fournisseur de services a intenté une action contre un abus DMCA. Le défenseur, toutefois, n’a pas répondu à la cour, qui a demandé à WordPress de déposer une requête pour jugement par défaut.

La compagnie a fait valoir le fait qu’elle était confrontée en tant que fournisseur de services en ligne à une responsabilité écrasante et entravante sur les droits d’auteur lorsqu’elle négligeait de retirer le contenu litigieux. Les gens comme Steiner exploitent cette faiblesse pour censurer les critiques ou les concurrents.
« L’avertissement de Steiner concernant le retrait du contenu frauduleux a obligé WordPress à enlever l’article d’Hotham sous peine de perdre la protection prévue dans les accords de sécurité du DMCA », souligne WordPress.

« Steiner n’a pas fait ça pour protéger une quelconque propriété intellectuelle légitime, mais dans le but de censurer la légitime expression critique de Hotham au sujet de Straight Pride UK. Il a forcé WordPress à supprimer un contenu totalement légal de son site internet. Le résultat est que la réputation de WordPress en a souffert. » rajoute la compagnie.

Après examen du cas, le magistrat américain Joseph Spero a écrit un rapport et une recommandation en faveur de WordPress et d’Hotham (pdf), et le juge de la cour de district Phyllis Hamilton a rendu un jugement par défaut cette semaine.
« Le tribunal a trouvé le rapport correct, bien motivé et approfondi, et l’a adopté en tous points, » écrit le juge Hamilton

« Il est ordonné et décrété que le défendeur Nick Steiner paie des dommages et intérêts à hauteur de 960.00 $ pour le travail et le temps d’Hotham, de 1,860.00 $ pour le temps passé par les salariés d’Automattic, et de 22,264.00 $ pour les frais d’avocat engagés par Automattic, pour une sanction arbitrale s’élevant au total à 25,084.00 $. »
Cette affaire est principalement une victoire symbolique, mais elle est importante. Elle devrait envoyer un signal clair aux autres détenteurs de copyright : les fausses demandes de recours DMCA ne restent pas toujours impunies.




Geektionnerd : Le Web a 25 ans

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Voir aussi :

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




25 ans du web : Tim Berners-Lee répond aux questions des internautes sur Reddit

Le mythique site communautaire Reddit a une tradition, celle d’inviter régulièrement des personnalités pour une session AMA, acronyme de Ask Me Anything pour « demandez-moi ce que vous voulez ».

On a vu Bill Gates, Madonna et même Obama s’engager ainsi dans le jeu des questions/réponses. Ils donnent généralement une preuve de leur identité en publiant juste avant une photo d’eux contextualisée avec la date et/ou devant un ordinateur (cf image ci-dessous).

Quelle belle surprise de voir débarquer hier soir Tim Berners-Lee en personne, le jour-même de l’anniversaire des 25 ans du web !

Nous avons traduit les meilleurs échanges du « père du WWW ». Drôles parfois mais surtout très intéressants.

Tim Berners-Lee Reddit AMA

Tim Berners-Lee répond à la communauté Reddit

I am Tim Berners-Lee. I invented the WWW 25 years ago and I am concerned and excited about its future. AMA

12 mars 2014 – Tim Berners-Lee – Reddit (AMA)
(Traduction : Peekmo, s0r00t, François, r0u, toto, eve, Noon + anonyme)

Je suis Tim Berners-Lee (alias Timbl). J’ai inventé le WWW il y a 25 ans et je suis préoccupé autant qu’enthousiasmé par son avenir. AMA

Le 12 mars 1989 j’ai envoyé ma proposition pour le World Wide Web. 25 ans après, je suis surpris de voir que tant de grandes réalisations ont été menées à bien, transformant notre façon de parler, partager et créer. Comme nous célébrons aujourd’hui les 25 ans du web (voir webat25.org), je veux que nous tous pensions à son futur et que nous nous demandions comment nous pouvons aider à en faire une vraie plateforme ouverte, sécurisée et créative, disponible à tout le monde. L’idée d’un AMA est un autre grand exemple de la manière dont le Web permet de connecter et de transmettre ce pouvoir à des personnes autour du globe et je suis vraiment enthousiaste à l’idée de répondre à vos questions !

Preuve que c’est moi : http://imgur.com/o16DOPb. Rappelez-vous de parler du web que vous voulez en utilisant #web25.

Reddit : Pensez-vous que dans le (pas si lointain) avenir, nous allons regarder en arrière et qu’alors nous nous estimerons heureux d’avoir été témoins d’un world wide web neutre, libre et non censurée?


Timbl : Je pense que ce scénario est droit devant nous. Je ne le souhaite pas, j’ai espoir. Oui, je peux imaginer cela que trop facilement. Si les internautes ordinaires ne sont pas suffisamment conscients et impliqués face aux menaces, et si quand c’est nécessaire, ils ne descendent pas dans la rue comme pour SOPA, PIPA et ACTA. Tout compte fait, je suis optimiste.

Reddit : Quelle a été l’une des choses pour laquelle vous n’auriez jamais pensé que l’Internet serait utilisé, mais qui est devenue l’une des principales raisons pour laquelle les gens utilisent l’Internet ?

Timbl : Les chatons.

Reddit : Tim, quels autres noms avez-vous envisagé que World Wide Web ?

Timbl : Mine de l’information, la mine d’information, le maillage (NdT : Mine of Information, The Information Mine, The Mesh). Aucun ne sonnait bien. J’ai aimé WWW en partie parce que je pouvais commencer des noms de variables globales avec un W sans entrer en conflit avec d’autres (dans le monde du C) …en fait j’ai utilisé HT pour eux.

Reddit : Edward Snowden, Héros ou méchant ?

Timbl : Parce qu’il

  • n’avait pas d’autre alternative ;
  • a travaillé avec un journaliste pour faire attention à ce qui a été rendu public ;
  • a fourni un avantage global net important au monde.

Je pense qu’il doit être protégé, et nous devons avoir des moyens de protéger des personnes comme lui. Parce que nous pouvons essayer de concevoir des systèmes de gouvernement parfait, ils ne le seront jamais, et quand ils failliront, alors, un lanceur d’alerte pourrait être le seul moyen de sauver la société.

Reddit : Où pensez-vous que le web va finir dans les 25 prochaines années ?

Timbl : C’est à nous d’en convenir. C’est une création artificielle, comme le sont nos lois, et nos constitutions… on peut choisir comment elles fonctionnent. On peut en faire de nouvelles. C’est notre décision.

Reddit : Beaucoup de gens pensent que vos appels pour un web ouvert sont un peu hypocrites compte tenu de votre soutien pour le DRM dans le HTML5. Que leur diriez-vous?

Timbl : Je voudrais leur suggérer l’idée que la question des DRM n’est pas aussi simpliste. Les gens veulent voir de grands films. Les DRM sont pénibles à bien des égards, mais si vous avez utilisé Netflix ou acheté un DVD ou un Blu-Ray, alors les DRM font partie de votre vie. Je suis d’accord pour dire que les DRM sont pénibles à bien des égards, et ne devraient être utilisés que pour les flux à très « grande valeur ». Je voudrais également souligner que le copyright, DMCA et CFAA aux États-Unis sont gravement bancals, et cette question à besoin d’être réglée distinctement de la question des DRM. Répondre à cela m’engagerait dans une discussion très longue et très compliquée, comme je l’ai déjà eu avec de nombreuses personnes. Pas sûr que nous ayons le temps ici. D’autres points incluent la façon dont les navigateurs ont intégré des DRM, ils doivent garder leur part de marché, sans s’inquiéter de savoir si les spécifications HTML rendent la connexion au web plus standard.

Reddit: Que pensez-vous du supposé «Dark Net », les marchés noirs par exemple ? (Silk Road, etc.)

Timbl : C’est une question compliquée. Je ne suis pas un grand expert en la matière. Pour faire simple, il est évident que les activités illégales sont des crimes, sur le web comme en dehors. Mais l’anonymat est compliqué. Nous avons le droit à l’anonymat en tant que lanceur d’alerte ou en étant victime d’un régime d’oppression, mais pas quand on harcèle quelqu’un ? Comment pouvons-nous construire des systèmes techniques/sociaux/judiciaires pour déterminer pour chaque cas particulier quel droit est plus important. Concernant Tor

Reddit : Est-ce qu’il vous arrive de regarder le contenu sur le web aujourd’hui et de vous sentir comme Robert Oppenheimer et sa bombe atomique ?

Timbl : Non, pas vraiment. Le web est un outil pour l’humanité fondamentalement neutre . Quand vous regardez l’humanité vous voyez le bien et le mal, le magnifique et l’affreux. Un outil puissant peut être utilisé pour le bien ou le mal. Les choses qui sont vraiment mauvaises sont illégales sur le web comme elles sont en dehors. D’un autre coté, la communication est bonne chose, je pense que le pire trouve ses origines dans l’incompréhension.

Reddit : Qui étaient vos modèles étant enfant ?

Timbl : Mes parents, qui se sont rencontrés durant la construction du premier ordinateur commercialisé au Royaume-Unis : Le Ferranti Mk 1, et certaines personnes qui travaillaient avec eux, mon professeur de math Frank Grundy, mon professeur de chimie Daffy…

Reddit : quel a été votre premier ordinateur ?

Timbl : J’ai reçu un kit d’évaluation de M6800 en 1976, et construit un groupe de cartes d’extentions 3U. Je les ai mises dans un rack avec une batterie de voiture en fond de panier comme UPS. Le tout soudé à la main sur platine d’essai et programmé en hexadécimal. 7E XX XX était un bond, et 20 XX un saut IIRC relatif. L’affichage était une vieille télé associé à un peu d’électronique et un tas de touches de vieilles calculatrices amoureusement refaites avec des lettres de transfert. Le temps des fleurs…

Reddit : Quelle est votre opinion sur l’augmentation de la surveillance au cœur même du réseau tels que la surveillance de toutes les conversations chats vidéo Yahoo par le GCHQ (quartier-général des communications du gouvernement britannique) ?


Timbl : Je pense que certains cas de surveillance du réseau par des organismes gouvernementaux sont rendu nécessaires pour lutter contre la criminalité. Nous devons inventer un nouveau système de contrôle des pouvoirs qui serait doté de moyen sans précédent pour enquêter et contraindre les organismes qui le font à rendre des comptes au public.

Reddit : Compte tenu de votre travail au WWW Consortium et votre appui à la décentralisation d’Internet, quelle est votre opinion sur le groupe de travail W3C Web Paiements Group et leurs efforts pour normaliser les paiements web en utilisant Bitcoin et d’autres formats numériques ? Quel impact pensez-vous, le cas échéant, que pourrait avoir ces monnaies numériques sur la façon dont la valeur circule sur l’Internet ?

Timbl : Je pense qu’il est important d’avoir plein de façons différentes de faire parvenir de l’argent à des gens créatifs sur le net. Donc, si nous pouvons avoir des interfaces utilisateur de micropaiement qui font qu’il est facile pour moi de payer les gens pour des trucs qu’ils écrivent, qu’ils jouent, qu’ils créent, etc, sur des petits montants, alors j’espère que cela pourrait être un moyen qui permettrait aux gens de réellement faire des affaires sérieusement. Je trouve que Flattr est une démarche intéressante dans cette direction.

Reddit : Auriez-vous imaginé qu’Internet devienne aussi gigantesque ?

Timbl : Oui, j’ai plus ou moins établi la courbe de croissance. Je n’avais pas complètement raison. Il y a 25 ans, j’avais prédit que j’allais être interrogé pour faire cette entrevue sur Reddit la semaine prochaine, mais finalement c’est cette semaine. Bon nous faisons tous des erreurs. (Plus sérieusement, non)

Reddit : Alors que le web a beaucoup avancé au cours de ces 25 dernières années, la plupart des interfaces homme-machines sont restées les mêmes. Mon navigateur web, par exemple, est plus rapide et possède des fonctionnalités différentes, mais il ressemble toujours beaucoup à Netscape Navigator (1994). Avez-vous une idée de la manière dont une interface web pourrait changer d’une façon réellement nouvelle ?

Timbl : C’est une très bonne question. Je n’ai pas de réponse comme ça. Mais pensez à comment, quand vous êtes entouré de pixels si petits que vous ne pouvez pas les voir, une interface puissante pourrait nous permettre d’être créatif ensemble, de ne pas simplement regarder. J’ai appellé cela l’inter-créativité dès le début. Je ne l’ai toujours pas.

Reddit : Pourquoi est-ce que personne ne parle de Robert Cailliau quand on parle du World Wide Web ? Vous ne l’avez pas inventé tous les deux  ?

Timbl : Robert ne l’a pas inventé. Je l’ai inventé tout seul, et l’ai codé sur un NeXT, mais Robert a été le premier converti, et un grand supporter. Il a rassemblé des ressources au CERN, aidé à trouver des étudiants, a donné des conférences. Plus tard, il a aussi écrit du code pour un navigateur pour Mac appelé Samba. De plus, il a déployé beaucoup d’énergie pour convaincre les instances dirigeantes du CERN de ne pas faire payer de droits pour le WWW, ce qui fut adopté en avril 1993.

Reddit : Je n’ai vraiment rien à demander, je voudrais juste vous remercier. Bon… peut-être une question. Quel site faut-il visiter quotidiennement ?

Timbl: w3.org Depuis le début W3C a travaillé dans le web. « Si ce n’est pas sur le web, ça n’existe pas » quand il s’agit de discuter de choses dans les réunions, etc

Reddit : Je ne puis vous remercier assez pour ce que vous avez fait en inventant le web, en l’améliorant et en rendant le contenu et l’information accessibles et utilisables par tous ! Je voulais juste vous dire merci. Je consacre mon temps à concevoir et développer des interactions et des expériences qui soient simples, intuitives et agréables. Je ne sais pas ce que je ferais sans votre travail. Je ne sais pas où le monde en serait sans votre travail. Merci, merci beaucoup !

Timbl : Vous êtes les bienvenus ! Utilisez-le chaque fois que vous le souhaitez … 🙂

EDIT : Je dois m’arrêter maintenant. Je n’ai plus le temps, je dois attraper un avion. Merci les 10e9 pour les questions et… poursuivez la discussion ici, partout avec #web25 et webat25.org.




Le web a 25 ans ! Tim Berners-Lee en appelle à une charte de l’Internet

« Le 12 mars 1989, Tim Berners-Lee propose un projet pour en finir avec certaines problématiques rencontrées lors du partage des informations au CERN (Centre européen pour la recherche nucléaire). Sa proposition table sur la mise en place d’un système distribué s’appuyant largement sur les liens hypertexte. Comme on le sait, le principe a rencontré un succès tel qu’il a été généralisé les années suivantes pour toute sorte d’informations publiques. Le web était né. » (source PC Inpact)

Le problème c’est qu’envisagé au départ comme un bien commun à tous, il a subi depuis de nombreuses attaques de ce qu’on pourrait appeler « l’État/marché »…

Remarque : Ne pas confondre web et internet (le premier n’étant qu’une sous-partie du second).

 

Tim Berners-Lee

 

Une Magna Carta en ligne : Berners-Lee en appelle à une déclaration des droits pour le web

Jemima Kiss – 12 mars 2014 – The Guardian
(Traduction : Penguin, Juliette, diab, Achille, Diin, goofy, lamessen, Kcchouette, Mooshka)

An online Magna Carta: Berners-Lee calls for bill of rights for web

L’inventeur du web nous met en garde sur le fait que la neutralité subit des attaques soutenues des gouvernements et des entreprises.

L’inventeur du World Wide Web croit qu’une « Magna Carta » en ligne à l’échelle mondiale est nécessaire afin de protéger et d’ancrer l’indépendance du moyen de communication qu’il a créé et les droits de ses utilisateurs.

Sir Tim Berners-Lee a déclaré au Guardian que le web a fait l’objet d’attaques croissantes de la part des gouvernements et d’influentes sociétés, et que de nouvelles règles s’imposaient pour protéger « l’ouverture et la neutralité » du système.

Parlant exactement 25 ans après qu’il a écrit la première ébauche de la première proposition de ce qui allait devenir le World Wide Web, l’informaticien a déclaré : « Nous avons besoin d’une constitution mondiale – une déclaration des droits ».

L’idée d’une Grande Charte de Berners-Lee s’inscrit dans le cadre d’une initiative appelée Le web que nous voulons, nous invitant à créer un projet de lois numériques dans chaque pays – principes qu’il espère soutenus par des institutions publiques, des fonctionnaires gouvernementaux et des entreprises.

« Sauf à avoir un Internet libre et neutre sur lequel nous pouvons nous appuyer sans nous soucier de ce qui se passe en coulisses, nous ne pouvons pas avoir un gouvernement ouvert, une bonne démocratie, un bon système de santé, des communautés reliées entre elles et une diversité culturelle. Ce n’est pas naïf de croire que l’on peut avoir cela, mais c’est naïf de penser que l’on peut l’obtenir en restant les bras croisés. »

Berners-Lee a été un critique virulent de la surveillance des citoyens américains et anglais à la suite des révélations faites par le lanceur d’alerte de la NSA Edward Snowden. Compte tenu de ce qui a vu le jour, dit-il, les gens sont à la recherche d’une profonde révision dans la façon dont les services de sécurité ont été gérés.

Ses opinions font également écho dans l’industrie de la technologie, où il est particulièrement en colère sur les efforts fournis par la NSA et le GCHQ anglais pour saper les outils de sécurité et de cryptage – ce que beaucoup d’experts de sécurité affirment comme étant contre-productif et compromettant vis-à-vis de la sécurité de chacun.

Les principes de la vie privée, liberté d’expression et l’anonymat responsable seront étudiés dans cette Grande Charte. « Ces problèmes nous ont pris par surprise » a déclaré Berners-lee. « Nos droits sont bafoués de plus en plus souvent de tous les côtés et le danger est que nous nous y habituons. Je tiens donc à utiliser ce 25e anniversaire pour nous inviter à mettre la main à la pâte afin de reprendre la main et définir le web que nous voulons pour les 25 prochaines années. »

La proposition pour la constitution du web devrait aussi examiner l’impact des lois sur le copyright et les problèmes socio-culturels en rapport avec les éthiques de la technologie.

Alors que la régulation régionale et les sensibilités culturelles du web peuvent varier, Berners-Lee affirme croire en un document partagé sur les principes que pourrait apporter une norme internationale sur les valeurs d’un web ouvert.

Il demeure optimiste sur le le fait que cette campagne Le web que nous voulons puisse atteindre le grand public, malgré son manque apparent de prise de conscience dans l’affaire Snowden.

« Je ne dirais pas que les gens au Royaume-Uni sont indifférents. Je dirais qu’ils ont plus confiance en leur gouvernement que dans d’autres pays. Ils optent pour l’attitude : Comme nous avons voté pour eux, laissons les agir et faire leurs preuves. »

« Mais nous avons besoin que nos avocats et nos politiciens comprennent la programmation, comprennent ce qui peut être fait avec un ordinateur. Nous avons également besoin de revoir une grande partie de la législation, comme ces lois sur le copyright qui mettent les gens en prison pour protéger les producteurs de films. Il s’agit également de préserver et protéger l’expression des individus et la démocratie quotidienne dont nous avons besoin pour gérer le pays », poursuit-il.

Berners-Lee se prononce fermement en faveur du changement de l’élément à la fois clé et controversé de la gouvernance d’Internet qui supprimerait une petite, mais symbolique, partie du contrôle américain. Les États-Unis s’agrippent au contrat IANA, qui contrôle la base de données principale de tous les noms de domaines, mais ont fait face à une pression de plus en plus importante à la suite de l’affaire Snowden.

Il explique: « Notre demande du retrait du lien explicite menant vers la chambre du commerce des États-Unis est en souffrance depuis longtemps. Les États-Unis ne peuvent pas avoir une place prépondérante dans quelque chose qui n’est pas national. Il y a grand élan vers une séparation et une indépendance même si les États-Unis conservent une approche qui maintient les gouvernements et les entreprises à l’écart. »

Berners-Lee réitère aussi son inquiétude quant au fait que le web pourrait être balkanisé par des pays et des organisations qui morcelleraient l’espace numérique pour travailler selon leurs propres règles, qu’il s’agisse de censure, de régulation ou de commerce.

Nous avons tous un rôle à jouer dans ce futur, dit-il en citant les récents mouvements de résistance aux propositions de régulation du droit du copyright.

Il dit : « Le point-clé c’est d’amener les gens à se battre pour le web, de les amener à voir les dommages qui seraient causés par un web fracturé. Comme tout système humain, le web a besoin d’une régulation et bien-sûr que nous avons besoin de lois nationales, mais nous ne devons pas transformer le réseau en une série de cloisonnements nationaux. »

Berners-Lee fit également une apparition lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012, en écrivant les mots “this is for everyone” (NdT : « Ceci est pour tout le monde ») sur un ordinateur au centre du stade. Il est demeuré fermement attaché au principe d’ouverture, d’inclusion et de démocratie depuis son invention du web en 1989, en choisissant de ne pas commercialiser son modèle. Il rejette l’idée qu’un contrôle gouvernemental ou commercial sur un moyen de communication aussi puissant soit inévitable, « Tant qu’ils ne m’auront pas ôté les mains du clavier, je continuerai à défendre cela. »

Le créateur du web accessible à tous

Ayant grandi dans le sud-ouest de Londres, Tim Berners-Lee était un fervent ferrovipathe, ce qui l’a amené à s’intéresser au modèle des chemins de fer puis à l’électronique.

Cela dit, les ordinateurs étaient déjà un concept familier dans la famille – ses deux parents ayant travaillé à la création du premier ordinateur commercialisé du monde, le Ferranti Mk1.

Berners-Lee sortit major de sa promotion en physique à Oxford et a ensuite travaillé à divers postes d’ingénieur. Mais ce fut au CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire à Genève, qu’il prit part aux projets qui mèneront à la création du world wide web.

Son but était de permettre aux chercheurs du monde entier de partager des documents et ses premières propositions furent jugées « vagues mais intéressantes » par un directeur au CERN.

Il a combiné des technologies existantes telles que l’Internet et l’hypertexte pour produire un immense système interconnecté de stockage de documents. Berners-Lee l’appela le world wide web (NdT : la toile d’araignée mondiale), bien que ses collaborateurs francophones trouvaient cela difficile à prononcer.

Le web a d’abord été ouvert aux nouveaux utilisateurs en 1991. puis, en 1992, le premier navigateur a été créé pour parcourir et sélectionner les millions de documents déjà existants.

Bien que le web ait vu la création et la perte de fortunes innombrables, Berners-Lee et son équipe se sont assurés qu’il était libre d’utilisation pour tous.

Berners-Lee travaille maintenant, par le biais de diverses organisations, à s’assurer que le web soit accessible à tous et que le concept de neutralité du net soit respecté par les gouvernements et les entreprises.

Crédit photo : Wikimédia Commons




Nouveau Framabook : Libres Conseils – Lancement le 25 novembre chez Mozilla

Ce beau projet est né voilà presque un an. La caractéristique principale de sa conception c’est le travail collaboratif, depuis sa composition par 42 auteurs jusqu’à son édition en Framabook en passant par les presque 100 traducteurs bénévoles qui ont contribué à la version française.

Ce livre apporte 42 réponses à la question : « Qu’auriez-vous aimé savoir quand vous avez commencé à contribuer ? » — à contribuer au Libre ou à l’open source, bien entendu.

Vous trouverez sur la page Framabook de Libres conseils le rappel détaillé de ce que furent les mois d’activité autour de ce projet : les rendez-vous rituels du jeudi soir ouvert à tous, la publication en feuilleton sur le blog, les relectures sur le booktype puis sur les versions en PDF, la confection de l’epub…

Mais aujourd’hui l’heure est au lancement et voici une invitation pour les plus rapides

Framasoft vous invite à fêter la sortie d’un nouveau Framabook !

Libres conseils, le livre maintenant

Lundi 25 novembre 2013 de 19 h à 21 h chez Mozilla Paris (merci Tristan Nitot)

16 bis, Boulevard Montmartre dans le 9e – Station de métro : Grands Boulevards

Venez découvrir ce livre sous licence libre (CC BY-SA 3.0) autour d’un verre dans les locaux de Mozilla, avec l’équipe du projet, en présence de Tristan (Mozilla) qui a signé la préface. Vous aurez la possibilité de contribuer à votre tour à cet ouvrage en écrivant votre témoignage sur le Libre !

Inscrivez-vous librement pour recevoir votre invitation en cliquant sur ce lien.

L’ouvrage collectif Libres conseils est disponible ici pour 16 euros, mais vous pouvez télécharger gratuitement une version électronique. Vous serez sollicité pour un don (facultatif), Ce qui vous rappelle que nous venons de lancer notre campagne de soutien !

À bientôt !