Comment croire Microsoft qui nous annonce plus de transparence ?

Toujours et encore les conséquences des révélations de Snowden (qui a manqué de peu d’être élu « homme de l’année » par le Time Magazine).

Ici donc, Micosoft tente de montrer patte blanche avec Windows. Mais comme le rappelle la FSF ci-dessous : « une serrure sur votre propre maison pour laquelle vous n’avez pas la clé n’est pas un système sécurisé, c’est une prison ».

Switch from Windows8 - FSF

La FSF réagit suite à l’annonce de Microsoft sur la vie privée et le chiffrement

FSF responds to Microsoft’s privacy and encryption announcement

John Sullivan – 5 décembres 2013 – FSF News
(Traduction : Peekmo, Dalz, Sphinx, KoS, yannux, Asta, Penguin, Llu, Sky, Diin + anonymes)

Hier, lundi 4 décembre, Microsoft a annoncé un nouvel effort pour « protéger les données de ses clients contre l’espionnage du gouvernement ». Le directeur exécutif de la FSF a publié la déclaration suivante le mardi 5 décembre :

Microsoft a déjà fait par le passé des promesses de sécurité. Au final, ces promesses sont dénuées de sens. Un logiciel propriétaire comme Windows n’est fondamentalement pas sécurisé, non pas à cause des politiques de confidentialité de Microsoft, mais parce que son code est caché aux utilisateurs mêmes dont il est supposé protéger les intérêts. Une serrure sur votre propre maison pour laquelle vous n’avez pas la clé n’est pas un système sécurisé, c’est une prison.

Même sur des systèmes d’exploitation propriétaires comme Windows, il vaut mieux utiliser des programmes de chiffrement libres comme GNU Privacy Guard. Mais quand personne à part Microsoft ne peut voir les dessous du code, ou corriger les problèmes découverts, il est impossible d’avoir une vraie chaîne de confiance.

Si les révélations sur la NSA nous ont appris quelque chose, c’est que les journalistes, gouvernements, écoles, organisations de défense des droits, sociétés, et individus doivent utiliser un système d’exploitation dont le code peut être analysé et modifié sans l’accord de Microsoft ou de tout autre partie tierce. Si nous n’avons pas cela, les portes dérobées et la violation des droits privés sont inévitables.

L’annonce de Microsoft promet de la « transparence » pour rassurer les gens sur le fait qu’il n’y a pas de portes dérobées dans Windows, mais ce n’est certes pas une solution. La transparence dans le monde de Windows signifie uniquement des auto-évaluations commandées par Microsoft, ou un accès accordé à des tierces parties couvrant une portion très limitée du code source.

La liberté et la sécurité, ce n’est pas juste avoir le droit de jeter un œil au code. Microsoft a démontré à plusieurs reprises que sa définition d’une « porte dérobée » ne sera jamais la même que la notre. Découvrir qu’il existe une porte dérobée grande ouverte ne vous servira à rien s’il vous est interdit de la fermer.

La solution après l’annonce de Microsoft est la même qu’avant. Comme l’ancien conseiller principal de la sécurité (des données privées) de Microsoft : changez pour un système d’exploitation libre comme GNU/Linux, et ne regardez pas en arrière.




Libre Accès : quand l’UNESCO montre l’exemple

Excellente nouvelle, l’UNESCO montre l’exemple et fait elle-même ce qu’elle préconise aux autres en rendant disponibles ses propres publications sous licence Creative Commons.

Elle vient ainsi d’annoncer la création d’un portail regroupant déjà plus de 300 documents. Choix sera fait de privilégier la plus libre des licence Creative Commons, la CC By-SA, qui, on le sait, est la mieux adaptée au secteur éducatif (financé sur fonds publics).

3 exemples au hasard : S’adapter au changement climatique et éduquer pour le développement durable, Établir une proposition d’inscription au patrimoine mondial et Un référentiel TIC de compétences pour les enseignants.

UNESCO - REL

L’UNESCO lance son dépôt Open Access sous licence Creative Commons

UNESCO launches Open Access Repository under Creative Commons

Cable Green – 18 décembre 2013 – Creative Commons Blog
(Traduction : Aurélien Pierre)

L’UNESCO a annoncé l’ouverture d’un nouveau dépôt Open Access (NdT : Open Access ou Libre Accès) rendant disponibles plus de 300 rapports numériques, livres et articles, sous licences Creative Commons IGO (Intergovernmental Organizations).

D’après le communiqué de presse de l’UNESCO :

Actuellement, le dépôt contient des travaux dans 12 langues, incluant des rapports majeurs de l’UNESCO et des publications de recherches. De même que les 300 publications en accès libre déjà présents, l’UNESCO va proposer en ligne des centaines d’autres titres et rapports importants. Couvrant un large spectre de sujets en provenance de toutes les régions du monde, ces connaissances peuvent à présent être partagées au grand public, aux professionnels, aux chercheurs, aux étudiants et aux responsables politiques… sous une licence libre.

L’UNESCO va continuer à élargir sa bibliothèque de ressources libres avec certaines anciennes publications et avec tous les nouveaux travaux suivant l’adoption de sa politique Open Access, en avril 2013. Depuis le 31 juillet 2013, toutes les nouvelles publications de l’UNESCO sont libérées avec l’une des licences CC IGO et seront envoyées sur le dépôt Open Access. La majorité des ressources de l’UNESCO seront libérées sous licence CC By-SA (Paternité – Partage à l’identique).

Mention spéciale également à l’UNESCO pour avoir implémenté la plupart des recommandations dans sa Déclaration des Ressources Éducatives Libres, en 2012 à Paris :

d. Promouvoir la compréhension et l’utilisation de dispositifs d’octroi de licences ouvertes.
g. Encourager le développement et l’adaptation des REL dans une grande diversité de langues et de contextes culturels.
i. Faciliter la recherche, la récupération et le partage des REL.
j. Encourager l’octroi de licences ouvertes pour les matériels éducatifs produits sur fonds publics.

En ouvrant ses publications sous licence libre, l’UNESCO ne rend pas seulement accessibles et gratuites les connaissances qu’elle créé, mais elle plus importante encore elle donne ainsi l’exemple et montre la voie à suivre pour ses 195 nations membres (et 9 membres associés), dans les débats politiques actuels pour le partage sous licences libres des ressources financées sur fonds publics. Le message est clair : c’est une bonne idée que d’adopter des politiques d’ouverture des contenus qui augmentent l’accès et réduisent les coûts des ressources éducatives, scientifiques et culturelles.

Félicitations UNESCO !




Geektionnerd : Article 13 de la LPM

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Source :

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




La liste des libres cadeaux de Noël de la Free Software Foundation

À la veille des fêtes de fin d’année, la Free Software Foundation de Richard Stallman vous propose sa « liste au Père Noël ». Elle est constituée d’alternatives libres à d’autre cadeaux, peut-être beaux et pratiques, mais qui vous fait perdre le contrôle de leurs usages

On notera que la liste dépasse le strict cadre du logiciel.

Nous y ajouterions bien une petite suggestion francophone : soutenir Framasoft, puisque nous sommes en (cruciale) campagne de dons.

 

Jimmie Home Schoolmom - CC by

 

Le guide des cadeaux pour les fêtes de 2013

2013 Holiday Giving Guide

Zak Rogoff – 20 novembre 2013 – FSF.org
(Traduction : Peekmo, MFolschette, bouddharejoui, lamessen, Slamino, frash, Paul, Spanti Nicola, Asta, Sky)

Offrirez-vous à vos proches des cadeaux qu’ils peuvent utiliser librement, ou des cadeaux qui permettent à d’autres d’en avoir le contrôle ?

Les appareils électroniques sont des cadeaux populaires pour les fêtes, mais les gens négligent souvent les restrictions que les fabricants glissent dans le papier d’emballage. Des sociétés comme Microsoft et Apple peuvent utiliser et utiliseront des verrous numériques (appelés DRM, Digital Restrictions Management en anglais) afin d’éviter que vos proches ne partagent les applications de l’ordinateur portable que vous leur avez offert ou ne remixent des chansons sur leur nouvel iPad coûteux.

Si le destinataire de votre cadeau est aussi malchanceux que cette femme l’an dernier, Amazon pourrait même bloquer tous les livres sur son Kindle et refuser d’expliquer pourquoi. Les entreprises veulent que nous acceptions cette sorte de contrôle intrusif, mais quand on y pense, c’est immoral.

Donner librement

La bonne nouvelle est que, pour chaque appareil qui utilise un DRM ou possède un « bouton d’arrêt » à distance comme le Kindle, des sociétés avec plus d’éthique en ont conçu un meilleur, sans restrictions DRM et que vos proches pourront librement utiliser quelles que soient leurs envies.

Vous trouverez ci-dessous une liste non exhaustive de ces cadeaux plus judicieux, comparés à leur équivalent plus connu mais plus restrictif. Au cours de votre lecture, gardez en mémoire que faire un don au nom de votre ami ou d’un membre de votre famille est au moins aussi significatif que de leur acheter un appareil électronique.

Voici quelques-uns de nos organismes solidaires préférés : l’Electronic Frontier Foundation, Creative Commons, Wikimedia Foundation, Software Freedom Conservancy, Software Freedom Law Center, GNOME Foundation et Free Software Foundation.

Le guide des cadeaux pour les fêtes de la Free Software Foundation

Dans chaque catégorie les cadeaux du haut respectent davantage votre liberté que ceux d’en bas.

Partagez ce « guide des cadeaux » avec vos amis et les membres de votre famille, plus particulièrement ceux qui pourraient vous en offrir un ! (Nous utilisons le hashtag #givefreely)


Système d’exploitation : Offrez en cadeau l’informatique libre, éthique et flexible

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Trisquel GNU/Linux…

  • Système d’exploitation totalement libre : transparent et modifiable
  • Brisez le cycle de mises à jour forcées ainsi que le phénomène d’obsolescence programmée
  • Il est distribué avec tous les logiciels dont vous auriez besoin et un gestionnaire de logiciels convivial pour en trouver encore davantage (vous pouvez aussi offrir un logiciel libre particulier plutôt que directement le système d’exploitation).
  • Visitez trisquel.info pour télécharger GNU/Linux comme cadeau et aidez vos amis et votre famille à installer leur nouveau système d’exploitation. Si vous connaissez quelqu’un qui veut utiliser une distribution entièrement libre de GNU/Linux, mais qui dépend d’un wifi propriétaire, un des adaptateurs du programme de certification Respects Your Freedom (NdT : « Respecte votre liberté ») peut aider.

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…en lieu et place de Windows 8

  • Logiciel propriétaire qui profite de vous en contrôlant la façon dont vous utilisez votre ordinateur
  • Envahit votre vie privée et expose vos données personnelles à Microsoft, à la NSA, et à d’autres attaquants malveillants
  • Dépend de mises à jour obligatoires et de matériels n’acceptant pas d’anciennes versions de Windows

Imprimante 3D : offrez à vos amis créateurs une imprimante 3D qui libère l’innovation ou achetez-en une pour vous-même et imprimez tous vos cadeaux de cette année en 3D !

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Imprimante 3D Lulzbot TAZ 2.0…

  • Certifiée Respects Your Freedom par la Free Software Foundation
  • Fonctionne avec des logiciel libres qui rendent les imprimantes 3D plus accessibles et encouragent l’innovation
  • En apprendre plus sur la Lulzbot : www.lulzbot.com

MakerbotPrepped.png

…en lieu et place de Makerbot Replicator 2

  • Le logiciel MakerWave est propriétaire : il limite votre liberté et étouffe l’innovation.
  • Les brevets matériels menacent les imprimantes libres comme Lulzbot.
  • Une approche encore plus propriétaire a récemment été annoncée, s’éloignant toujours plus de la communauté du logiciel libre.

Cartes cadeau : vous voulez offrir une carte cadeau cette année ? Offrez-en une dont le destinataire peut garder les avantages.

FSFCardPrepped.png

Carte d’adhésion FSF…

  • Rejoignez les 3000 membres actifs et faites partie d’une communauté travaillant pour bâtir un monde meilleur construit sur le logiciel libre
  • Profitez d’une foule d’avantages, dont l’entrée admission libre à la conférence LibrePlanet
  • Les donations des membres sont déductibles des impôts aux États-Unis
  • Récupérez votre cadeau d’adhésion dès aujourd’hui sur www.fsf.org/associate
  • Pour un cadeau plus modeste, faites un don au nom d’un ami sur fsf.org/donate

iTunesCardPrepped.png

…en lieu et place d’une carte iTunes

  • Le magasin iTunes utilise des DRM (Digital Restrictions Management) sur tout ce qu’il vend, en dehors de la musique, dans le but de contrôler ce que vous pouvez faire avec vos achats
  • Apple affirme (à tort) que vous ne possédez rien de ce que vous achetez sur le magasin iTunes
  • Il nécessite l’utilisation d’un logiciel propriétaire, même pour télécharger de la musique sans DRM

Portables : offrir un ordinateur portable haut de gamme moins enchaîné

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Notebook ThinkPenguin GNU/Linux…

  • Logiciels libres compatibles wifi et chipsets graphiques avec accélération 3D – fonctionne parfaitement avec n’importe quelle distribution GNU/Linux de votre choix. Bien qu’il ne soit pas totalement libre (il utilise un firmware de démarrage propriétaire), cet ordinateur portable est un des modèles les plus libres disponibles actuellement.
  • Livré préinstallé avec des logiciels libres pour une expérience sans tracas. Visitez libre.thinkpenguin.com et www.gnu.org/links/companies pour acheter des portables 100% compatibles avec GNU/Linux

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…en lieu et place d’une Macbook Pro

  • Les Macbook Pro fonctionnent avec des logiciels propriétaires qui limitent la liberté des utilisateurs
  • Les applications de l’App Store d’Apple sont soumis à des DRM (Digital Restrictions Management) qui restreignent ce que vous pouvez faire avec vos achats
  • Le mode de gestion imposant une obsolescence programmée vous force à acheter fréquemment de nouveaux appareils

Livres électroniques : les lecteurs qui vous sont proches méritent des bibliothèques qui ne disparaîtront pas d’elles-mêmes

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Projet Gutenberg…

  • Premier fournisseur de livres numériques sans DRM
  • Profitez de la liberté de lire vos livres électroniques sur n’importe quel appareil
  • Tous les livres électroniques du projet Gutenberg, dont des classiques : Les Misérables de Victor Hugo ou les poésies complètes d’Arthur Rimbaud, sont gratuits
  • Choisissez les meilleurs livres pour toute la famille sur www.gutenberg.org ou d’autres sites proposant des livres sans DRM

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…en lieu et place d’Amazon


OS mobile : vous devriez avoir le contrôle sur l’ordinateur qui se trouve dans votre poche

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Replicant…

  • Système d’exploitation mobile entièrement libre basé sur Android
  • Les appareils acceptés sont aussi bien des téléphones que des tablettes
  • Il est possible d’acheter des appareils d’occasion. De cette façon, vos euros ne vont pas dans la poche des éditeurs d’OS propriétaires
  • Augmentez la durée de vie de votre téléphone ou tablette – Évitez l’obsolescence programmée
  • Allez sur replicant.us pour en savoir plus

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…en lieu et place d’iOS par appareils Apple

  • iOS est un système d’exploitation entièrement propriétaire, qui assure à Apple un contrôle total sur les appareils qui l’exécutent
  • Apple utilise des DRM pour bloquer les logiciels concurrents
  • La société assume pleinement de vous priver de votre liberté

Stockage en ligne : qui possède vos données personnelles ?

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Least Authority…

  • Basé sur le logiciel libre Tahoe-LAFS, sûr, contrôlable, décentralisé, résistant aux défaillances, et dont les données et systèmes de fichiers sont distribués par pair-à-pair
  • Vous garantit que seuls ceux à qui vous en donnez l’autorisation peuvent voir vos données
  • Le chiffrement côté client permet d’éviter toute intrusion, contrairement à Google Drive, Dropbox, Apple iCloud, Microsoft SkyDrive et Ubuntu One
  • Rendez-vous sur leastauthority.com pour en apprendre davantage

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…en lieu et place de Google Drive

  • Nécessite de donner à Google une licence virtuellement illimitée sur toutes vos données publiques, mais aussi d’accepter que vos données publiques et personnelles soient utilisées à des fins publicitaires
  • Google et les agences d’espionnage peuvent accéder à vos données
  • Rend une société tierce responsable de vos données

Hébergement multimédia : qui possède vos fichiers personnels ?

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MediaGoblin…

  • Bientôt fédéré de façon à permettre le partage décentralisé
  • Accepte les formats de vidéo libres
  • Permet de choisir une licence copyleft
  • Les fichiers sources peuvent être joints au téléchargement
  • Allez sur mediagoblin.org pour apprendre comment l’utiliser

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…en lieu et place de YouTube

  • Utilise le logiciel propriétaire Adobe Flash Player et le codec H264 soumis à de nombreux brevets
  • Implémente des DRM pour contrôler l’accès aux vidéos par appareil et par région
  • Impose de la pub sur vos mises en ligne et applique une politique très dure en matière de copyright

Si vous avez d’autres idées de cadeaux qui peuvent être offerts librement, soumettez-nous vos recommandations.

Crédit photo : Jimmie Home Schoolmom (Creative Commons By)




GNU/Linux dans l’éducation : il n’y a plus d’excuses là !

On nous en voudra peut-être, pour ne pas dire sûrement, d’avoir traduit ci-dessous un communiqué de Canonical faisant la promotion d’offres Ubuntu[1] de son partenaire Asus sur Amazon (uniquement aux US), mais il s’agit surtout de souligner que GNU/Linux est aujourd’hui totalement mûr pour être dans les ordinateurs de nos établissements scolaires (payés par le contribuable).

Franchement il n’y a plus d’excuses là (d’autant que le support de Windows XP c’est bientôt fini et qu’il reste des milliers d’ordinateurs dans nos écoles sous cette version du système d’exploitation de Microsoft).

Pour les puristes, on pourra préférer l’offre de ThinkPenguin.com avec la distribution Trisquel dedans par défaut, certifiée 100% libre par la FSF 😉

Et en France, dans toute la francophonie, que conseillez-vous actuellement comme distributeurs d’ordinateurs avec GNU/Linux par défaut dedans (voire rien du tout pour évoquer la question de la vente liée) ?

Sur Racketiciel.info (Aful) il y a cette page qui est intéressante.

Asus Ubuntu

Asus et Ubuntu fournissent des ordinateurs portables abordables à l’éducation américaine

Asus and Ubuntu deliver affordable world-class laptops to USA Education

Canonical – 26 novembre 2013 – Ubuntu.com
(Traduction : Jeff_, Dimitri, chr, MFolschette, Catalaburro, Penguin, ttoine, P + anonymes)

Une révolution silencieuse est en train de se dérouler dans le monde de l’éducation : de plus en plus d’institutions et d’étudiants découvrent l’intérêt du système d’exploitation Ubuntu.

Aux USA, le partenaire d’Ubuntu, ASUS, a rajouté des modèles à sa longue liste de PC portables sous Ubuntu. Les X201E et 1015E sont d’excellents portables sous Ubuntu, avec un rapport qualité prix/performance parfait pour l’éducation.

Comme Ubuntu et tous les logiciels inclus sont libres et gratuits (NdT : free en anglais), il n’y a pas de coût d’acquisition de licence dans le prix d’achat, ce qui réduit considérablement les coûts. C’est idéal pour les étudiants et les institutions, car les deux peuvent avoir des budgets serrés.

LibreOffice regroupe les applications de bureautique. Faciles d’utilisation, elles offrent toutes les fonctionnalités nécessaires pour les étudiants, et sont complètement compatibles avec les fichiers de la suite propriétaire leader du marché. Il y a d’autres applications incluses pour le courriel et la navigation web.

En plus de ces applications de base, des milliers d’autres applications libres et gratuites sont disponibles pour répondre à des besoins plus spécifiques comme la retouche d’image, l’animation 3D, les antivirus ou la comptabilité.

Nous connaissons l’importance des ordinateurs pour les étudiants et les institutions, c’est donc vraiment intéressant pour nous de travailler avec nos partenaires pour proposer au secteur de l’éducation ces solutions performantes à bas coûts.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur Amazon.com ou sur d’autres sites web de vente de matériel en ligne.

Notes

[1] On notera qu’ils ne citent jamais Linux dans l’article, c’est Ubuntu tout seul 🙁




La NSA et la surveillance sur Internet pour les nuls

« Ces révélations ont changé notre Internet à jamais. La vie privée a-t-elle seulement un avenir ? »

L’excellent journal The Guardian, très actif dans l’affaire Snowden, a récemment mis en ligne une vidéo simple et percutante sur la NSA et la problématique de la surveillance en ligne.

Nous vous en proposons sa transcription traduite ainsi que le fichier .SRT de sous-titrage en français disponible ci-dessous (merci Cartido)

Une vidéo à voir et à faire voir tant elle fait peur et démontre que nous avons changé de paradigme dans une indifférence presque générale.

—> La vidéo au format webm
—> Le fichier de sous-titres

La NSA et la surveillance… rendu facilement compréhensible pour tous

URL d’origine du document

Scott Cawley, Jemima Kiss, Paul Boyd et James Ball – 26 novembre 2013 – The Guardian
(Traduction : Goofy, Mounoux, T, Paul + anonymes)

Maintenant que nous sommes presque tous en ligne, et connectés d’une façon ou d’une autre, les espions ne ciblent plus une ou deux personnes mal intentionnées. Au lieu de cela, les gouvernements du Royaume-Uni et des États-Unis pratiquent tous deux une collecte massive d’informations sur ce que nous faisons avec nos téléphones et sur Internet.

Comment font-ils ?

Deux grandes méthodes sont utilisées pour récupérer ces informations.

La première, c’est de travailler avec les entreprises qui font fonctionner les réseaux et « d’écouter » les câbles qui sont essentiels pour faire circuler toute cette information. Ils s’installent au beau milieu de l’énorme flux de données, moissonnent tout ce qui circule puis le stockent dans d’immenses bases de données.

La deuxième technique implique d’utiliser leurs relations privilégiées avec les entreprises high-tech (Google, Facebook, Microsoft…) pour s’emparer de nos informations comme les courriers électroniques en les captant directement sur les services basés aux USA.

Que font-il avec ?

Les agences d’espionnage jettent la plupart des contenus qu’ils collectent. Ils les gardent sur leur système pendant trois jours environ et rejettent tout ce qui ne provient pas d’une de leurs cibles.

Il en va autrement pour les métadonnées. Qui a envoyé un message ? pour qui ? quand ? bien d’autres détails encore. Les services secrets conservent presque toutes les métadonnées collectées pendant environ un mois au Royaume-Uni et jusqu’à un an aux États-Unis. Cela leur permet de créer les profils de millions de gens. Qui parle à qui ? qui connaît qui ? et, si nécessaire, où sont localisés les gens ?

Ces révélations soulèvent un certain nombre de questions.

Où se situe la frontière entre notre droit à la vie privée et le devoir des autorités de nous protéger ? Les gouvernements en Amérique du Nord et au Royaume-Uni prétendent que ces programmes de surveillance aident à nous prémunir du terrorisme.

Mais que se passerait-il si vous étiez injustement accusé ? Et doit-on accepter le fait que désormais Internet est un endroit bien différent de ce qu’il a été, dirigé par des entreprises et des gouvernements qui peuvent le surveiller quand et comme ils le veulent ?

Maintenant que vous savez que vous êtes surveillé, votre comportement va-t-il changer ? Comment allez-vous parler à vos amis et jusqu’à quel point allez-vous faire confiance au monde qui vous entoure ?

Ces révélations ont changé notre Internet à jamais. La vie privée a-t-elle seulement un avenir ?




Chapitre VII — Petit couple et grosse fatigue

Là-bas tout au sud au pied des montagnes, là où l’Arget joint l’Ariège, Nelwyn et Kiro ont joint leur vie sous l’œil attendri de Pouhiou, ce grand romantique. Cet épisode est l’occasion d’une pause salutaire pour notre horizontal ludion qui éprouve, et c’est bien compréhensible, une certaine fatigue à force de disperser son énergie entre les rencontres, les déplacements et le défi d’écriture.

Le voilà pourtant déjà prêt à partir à la rencontre des libristes, représentant Framasoft avec un dynamisme sans faille dès aujourd’hui ! Passez le voir et l’encourager, vous lui donnerez son carburant préféré : l’échange.

J’irai écrire chez vous épisode 7 : Foix

C’est un peu de la triche. Je viens de passer trois jours chez mon petit frère. Qui, avec sa chérie, s’avèrent tous deux être des lecteurs des NoéNautes. Mais si j’ai choisi de m’arrêter là, c’est que j’ai une bonne excuse et elle est en forme d’histoire.

Ceci n’est pas leur histoire vraie

Nelwynn est une amie de lycée. On a traversé beaucoup de pérégrinations passionnées durant nos folles jeunesses ariégeoises et toulousaines.

la rue des Grands Ducs à foix

Foix, la rue des Grands Ducs, photo Jean-Louis Venet CC-BY-SA-3.0 via Wikimedia Commons

Kiro est mon cadet de huit ans. Le petit dernier à qui j’ai filé ses premières capotes, son premier magazine de cul (plus le conseil « le pr0n c’est pas comme la vraie vie ») et le « kit de survie du jeune hétéro » (localisation du clitoris + importance des préliminaires = ayé tu as les bases maintenant file te faire ton éducation).
Un jour, alors que Nelwynn était passée à la maison familiale, Kiro salue son départ d’un « Roh ! elle est toujours aussi belle, Nel’. Tu vois j’oserais pas, mais… elle me plaît bien, quoi. » Quelques jours plus tard, c’est à Nelwynn de m’avouer : « Putain ton petit frère, ça fait bizarre. Je l’ai connu ado, mais là il a 20 ans, et… c’est un beau mec, quoi… »

Surtout ne me faites pas ce coup-là.

Au bout de deux ou trois remarques d’un côté et de l’autre, je n’y tins plus : « Mais arrêtez de me faire chier et couchez ensemble, bon sang ! Vous semblez en avoir envie tous les deux ! » Puis, avisé, je modère d’un « par contre, me faites pas le coup de tomber amoureux l’un de l’autre, j’ai aucune envie d’être pris entre deux feux, hein ! »

Résultat ? Près de cinq ans après ils sont toujours ensemble, un beau petit couple de goths geeks qui vivent dans le péché et une jolie maison aux 10 000 statuettes… Mais il y a quelques jours, mon petit frère a demandé la main de ma meilleure amie. Je ne pouvais décemment pas manquer ça. D’où ce bel arrêt sur les hauteurs enneigées de Foix.

J’ai peu écrit chez Kiro et Nel

Honnêtement : je fatigue. Les voyages, les discussions, les rencontres et les idées se bousculent les unes les autres, et tout passe de manière floue comme par la fenêtre d’un train. Qu’on ne s’y trompe pas : j’adore cette expérience. Mais si je commence à me coller la pression, je me bloque et n’écris pas. Du coup je fatigue. Au moment où j’écris ces lignes, je n’ai pas tapé les 1667 mots du jour et je dois en avoir 2200 de retard. J’ai décidé de m’en foutre. Du moins de ne pas laisser l’amusement de ce défi se transformer en une obligation, une tâche, une peine. J’essaie au contraire de profiter des rencontres, qui nourrissent l’écriture de manière très… directe. Je ne peux rien dire sans spoiler, mais plus que les discussions, ce sont les vies des gens qui m’inspirent.

Garder la joie de la découverte.

J’ai peu écrit du chapitre V mais ce que j’ai pu écrire m’a surpris. Plus l’intrigue se resserre, plus certaines choses ressortent des personnages avec une profondeur que je ne leur soupçonnais pas. Je ne veux rien te dévoiler mais j’ai bien envie de te mettre l’eau à la bouche. Genre avec un petit extrait du début :

Il faut que je rassemble mes pensées. Pas facile, quand tu occupes un manoir rempli de télépathes. Mais je dois essayer de remettre un peu d’ordre dans toutes ces calembredaines. Rassembler mes pelotes d’indices, tricoter le fil de l’Histoire pour que se dessine à mes yeux le patron de ce jacquard qui se répète dans le temps

Alors oui : une nouvel narrateurice succèdera à Enguerrand et Cassandre. Oui, après Fulbert puis Enguerrand, un nouveau NoéNaute sera au cœur de l’intrigue de ce roman. Non, l’intrigue ne se déroulera pas en temps réel comme lorsque les romans sont blogués sur 4 mois… Ça donne envie ?

On se voit quand ?

Non parce que tu vas avoir l’embarras du choix ! Les 23 et 24 novembre, je tiens le stand Framasoft avec FraMartin au Capitole du Libre, où je pourrais faire des dédicaces. Avec de superconférences : Benjamin Jean, Jérémie Zimmerman, Benjamin Bayart… et même moi !

Le dimanche, on fait un atelier d’écriture collaborative : un épisode hors série des NoéNautes écrit à plein de mains ! D’ailleurs, on réitère cet atelier dans les locaux Lyonnais de Framasoft le mardi 26 novembre entre 18 et 20h avec Pyg himself. Pense à t’inscrire auprès de pyg chez framasoft point org et à apporter ton ordinateur portable ! Le but sera de faire un joli épisode et de l’élever dans le Domaine Public Vivant. Sinon, on peut aussi se retrouver avec Gee à Nice durant les derniers jours du NaNoWriMo (29 et 30 novembre) à l’occasion des Journées Méditerranéennes du Logiciel Libre, où nous dédicacerons nos fictions libres.

Tant de choses se passent…

C’est limite frustrant de ne pouvoir tout suivre que de loin. C’est un mois admirable pour la culture libre, j’ai l’impression, quand tant de positions bougent, que tant de gens expérimentent… De Ploum qui parle brillamment de financement libre, à Neil Jomunsi qui se lance dans la libre diffusion. De l’amendement sur les locked-books (ebooks fermés par un écosystème ou des DRM) adopté puis aboli en 24h au parlement ; à la Hadopi qui dit que partager des fichiers ne nuit pas à la culture et ne devrait pas entraîner de compensation. Des billets inspirants et inspirés de Thierry Crouzet à cette loi sur le Domaine Public qui représente une opportunité rare…

Tant de choses se passent. Dont une qui me tient à cœur : la campagne pour soutenir Framasoft. Voilà trois semaines que je bats la campagne dans ce but : montrer qu’il faut des lieux numériques où l’on peut abriter et faire grandir de libres expériences. Une auberge du libre, en quelque sorte, où on y trouve forcément bien plus que ce qu’on y apporte, tant les projets se nourrissent. J’espère que cette dynamique pourra perdurer et s’étendre… Et cela dépend de vos soutiens. Alors : « Allons-y ! »

À dans trois jours,

— Pouhiou.




La monnaie électronique, 33 questions à Lionel Dricot (alias Ploum)

Lionel ou plutôt Ploum dans sa vie en ligne, beaucoup de lecteurs réguliers du Framablog le connaissent : non content de prendre position pour la monnaie électronique ou le revenu de base, il s’efforce de mettre en œuvre concrètement les solutions qu’il prêche. C’est ainsi qu’il a décidé de monnayer de façon originale ses billets de blog depuis quelque temps.

Tandis qu’il est sur la route du nanowrimo comme son copain Pouhiou en ce mois de novembre, nous avons souhaité faire le point avec lui sur l’état de son expérience, son évolution probable, et recueillir ses réponses et autres prédictions sur le développement ou non de ces pratiques numériques qui pourraient changer le monde.

C’est notre techie émérite Luc qui est aux commandes pour tourmenter Ploum de ses questions.

Bonjour Ploum. Tu pourrais te présenter un peu pour nos lecteurs qui ne te connaîtraient pas encore ?

Je suis blogueur, développeur de logiciel libre, ingénieur. J’aime écrire, je m’intéresse au futur et à notre société en général. J’ai même écrit des articles pour le Framablog.

2. Tu peux nous présenter aussi un peu Bitcoin et Flattr ?

Bitcoin est une monnaie, un moyen d’échange. Flattr est un moyen de transmettre des euros à un créateur. Les deux ne sont pas liés, même si on peut charger son compte Flattr avec des bitcoins (ils seront automatiquement convertis en euros). Mais le mieux c’est que je vous renvoie aux articles à ce sujet. J’ai écrit Bitcoin pour les nuls ainsi qu’une présentation du bitcoin pour Framasoft. Quand à Flattr, je le décris dans cet article.

5. Qu’est-ce qui t’a décidé à proposer ces modes de soutien sur ton blog ? Tu y trouves quoi par rapport à des moyens classiques comme le virement, la CB ou Paypal ?

Au départ, l’idée était de simplement jouer avec ces technologies. Sur le forum Bitcoin, tout le monde s’encourageait à accepter les bitcoins dans son business. Mais moi, mon blog n’était pas un business. Je ne gagnais strictement rien. Je me suis dit que j’allais donc accepter les dons à titre symbolique et pour tester. Pareil pour Flattr. En parallèle, en tant que membre du Parti Pirate, je me posais pas mal de questions sur les « business models » liés à la création. Comment trouver une alternative au traditionnel « Si on pirate de la musique, les musiciens n’auront plus de sous » ? C’est un processus assez long que j’ai nourri d’expériences, de lectures, de rencontres.

J’ai fini par prendre conscience que, sans m’en rendre compte, moi aussi je créais. Et que donc, si je voulais avoir des arguments clairs, il fallait que j’arrive à monétiser ma création. Pas dans le but d’en vivre, mais simplement pour prouver que c’était possible. Si moi, avec un blog qui reste somme toute confidentiel, je peux faire un peu d’argent, c’est que le modèle existe. Ce que j’essaye de montrer aussi, c’est que je gagne un peu d’argent avec des créations qui sont libres et gratuites (mon blog est sous licence CC By) mais que je ne pourrais rien gagner du tout si, au contraire, je décidais de me protéger et tentais d’empêcher mes lecteurs de partager ce que j’écris.

22. Quels ont été les retours des lecteurs ?

Comme je l’ai dit, tout cela s’est fait progressivement, sans que j’en aie forcément conscience. Mon premier article sur bitcoin et Flattr date de 2010. Le véritable changement a eu lieu lorsque j’ai décidé de « rendre mon blog payant », en juillet 2013. Pour tout avouer, j’avais commencé cet article comme un texte générique d’encouragement à donner aux créateurs sur le Web. Et puis j’ai trouvé particulièrement amusant de le tourner d’une manière provocante. Je trouvais cela plus efficace, plus parlant. À vrai dire, je n’étais pas certain que cela fonctionnerait. Je m’attendais à beaucoup de retours de type « Mais pour qui tu te prends ? » ou « Franchement, tu te considères à ce point important qu’il faille te payer ? ». Mais je n’ai eu que très très peu de retours négatifs. Peut-être même pas du tout.

En fait, la démarche a été extrêmement bien comprise et j’ai réellement senti que j’avais mis les mots sur quelque chose qui était déjà partagé par beaucoup de monde. Je ne m’attendais pas à ce que ça fonctionne réellement mais j’ai reçu des dizaines de soutiens concrets. J’en ai été personnellement tout retourné. Pour la première fois, je me rendais compte que ce que je faisais pouvait avoir de l’importance pour les gens. C’est même tombé dans l’extrême inverse avec des lecteurs s’excusant de ne pas pouvoir payer. Du coup, j’essaie maintenant d’insister : si ce que j’écris est disponible gratuitement c’est justement pour que tout le monde puisse y avoir accès, sans contrainte. Si j’ai été utile ou si j’ai fait plaisir à quelqu’un qui a du mal à joindre les deux bouts, c’est merveilleux. J’espère que cette personne me sera reconnaissante et, qu’à son tour, elle décidera d’être utile ou de faire plaisir à quelqu’un d’autre.

appel aux dons sous le blog de ploum

Appel aux dons dans le blog de Ploum

31. Tu saurais nous donner une estimation chiffrée de ce que tu as gagné avec Flattr ? Avec Bitcoin ? Sur combien de temps ?

J’envoie chaque année les comptes détaillés de mes gains Flattr à mes supporters Flattr. Mais je vais faire quelques révélations en primeur pour Framasoft.

Jusqu’à l’année 2012, Flattr me rapportait entre 4 et 40 € par mois. J’ai gagné 155 € en 2011 et 240 € en 2012. En 2013, les choses ont commencé à exploser. Suite à mon article suggérant de tester Flattr, mes gains sont montés entre 80 € et 120 € par mois. L’article pour rendre mon blog payant m’a propulsé sur orbite avec des gains entre 160 et 225 € par mois, rien que sur Flattr. Donc oui, l’article pour rendre mon blog payant a été un véritable déclencheur auprès de mon public.

Pour tous les créateurs, je le dis et le répète : vous devez convaincre votre public. Vous devez expliquer pourquoi le public devrait vous payer. Et il faut répéter cela régulièrement tout en évitant d’être lassant. C’est un équilibre très difficile. Juste mettre un bouton Flattr et attendre ne sert à rien. Flattr est un moyen de paiement. Mais il faut donner envie au public de payer.

Pour les autres moyens de paiement, j’avoue ne pas tenir de comptes car cela m’ennuie profondément. Mais rendre mon blog payant fait que, de temps en temps, je reçois un don Paypal ou un virement surprise. C’est quand même toujours très agréable et c’est extrêmement motivant ! Même un petit don me donne envie de me jeter sur mon clavier pour me surpasser. Cela me donne l’impression d’être utile.

Après, il faut relativiser. Je ne peux pas vivre de mon blog. Mais on n’en est pas tellement loin. En discutant autour de moi, j’ai découvert qu’il y avait des journalistes freelance, des musiciens ou des écrivains qui gagnaient moins que moi ! Les chiffres sont donc devenus assez importants pour me permettre d’affirmer que le modèle fonctionne et qu’il pourrait même se révéler préférable pour les créateurs par rapport au modèle actuel.

24. Dans ton billet, tu poussais les développeurs, les artistes, etc. à utiliser ces moyens de soutien. Tu as convaincu beaucoup de gens ? Tu as eu des retours ?

J’observe de temps en temps des blogueurs qui copient un de mes billets sur le sujet pour faire un appel au don. Cela me fait plaisir (je précise qu’ils me préviennent). Mais je fais partie d’une mouvance plus large où je ne suis qu’un élément parmi tant d’autres. Lorsqu’on observe un auteur comme Neil Jomunsi se poser des questions sur un modèle traditionnel (il vend ses nouvelles et livres sur Amazon/Kobo/etc) et observer qu’il gagne plus avec Flattr qu’avec Amazon, on ne peut pas dire « Il a été convaincu par Ploum ». Non, il baigne tout simplement dans un écosystème qui remet certaines choses en question.

Je fais partie de cet écosystème et si je peux aider des lecteurs à se poser des questions, c’est génial. D’ailleurs, je me remets moi-même sans arrêt en question en lisant d’autres personnes. Mais, au final, ce n’est pas un qui convainc l’autre. C’est un groupe qui évolue. Et je trouve cela très positif. Il n’y a pas une bonne solution qui va supplanter une mauvaise. Il faut juste remettre en marche l’évolution permanente que certains s’entêtent à vouloir freiner.

Ploum voit loin. Aux avant-postes des nouveaux usages numériques, il nous confirme que la voie est libre, depuis cette percée vers l’avenir où se cache étrangement le profil de la Castafiore.

25. Que réponds-tu aux créateurs qui disent que le modèle du don, c’est revenir à une forme de mendicité ?

Je comprends très bien cette position car j’étais comme eux. Comme je l’explique, je pensais qu’on pouvait donner de l’argent de deux façons : soit parce qu’on avait besoin/envie de quelque chose qui n’était pas disponible gratuitement (on parle alors d’un « achat ») soit en donnant volontairement (la « charité »). Et demander la charité a souvent une connotation négative.

Mais cette vision vient tout simplement de l’erreur que nous faisons de confondre prix et valeur. Cette erreur est tellement forte qu’il a été observé que les livres électroniques en dessous de 3-4 € ne se vendent pas car les gens considèrent que, si c’est bon marché, c’est nul.

Pourtant, rien n’est plus faux ! Prenez un MP3 téléchargé d’une musique. Et prenez la même musique issue du CD collector avec boîte platinée or. L’un est gratuit, l’autre est très cher. Pourtant, au moment de l’écoute, vous ne pourrez pas les différencier ! La valeur est exactement la même ! Et si la musique est bonne, cela peut être une très grande valeur même si le MP3 est gratuit.

En conclusion, on peut donc dire que, aujourd’hui, pousser les gens à acheter un CD ou de la musique en ligne payante, c’est de la mendicité. En effet, la même musique est disponible gratuitement ! Demandez d’ailleurs à ceux qui achètent leur musique en ligne pourquoi ils ne téléchargent pas sur The Pirate Bay. Dans la plupart des cas, la réponse sera « Pour soutenir l’artiste ».

C’est donc un non-sens de parler de mendicité alors que nous sommes déjà dans cette situation. Le paiement est déjà volontaire. Ce que je reproche c’est que l’incitation à payer est extrêmement négative (on nous menace, on nous insulte, on détruit la notion du partage) alors qu’avec le prix libre, l’incitant est positif (payez comme vous le voulez, autant que vous pouvez pour soutenir l’auteur et l’aider à diffuser son art auprès de ceux qui ne peuvent pas payer). D’ailleurs, l’expérience In Rainbows de Radiohead ou les Humble Bundles prouvent amplement que l’incitant positif est commercialement bien plus rentable que le négatif ! De plus en plus d’artistes le comprennent. D’ailleurs, aujourd’hui même, Moby vient d’annoncer la disponibilité gratuite de son dernier album via Bittorrent…

26. Si tu pouvais changer quelque chose à Bitcoin ou Flattr, ce serait quoi ?

À Bitcoin, ce serait la facilité d’utilisation. J’y avais réfléchi et je pense que beaucoup de gens se penchent dessus. Cela va prendre du temps et, aujourd’hui, c’est vraiment le problème le plus critique (la sécurité étant notamment affaiblie par la complexité de Bitcoin). Avec Flattr, j’ai quelques idées mais j’en discute justement avec l’équipe de Flattr. Du coup, je vais garder la surprise 😉

29. …et la valeur fluctuante du Bitcoin ? Elle ne te gène pas ? Le bitcoin qui passe de 150 à 300 € en une semaine, t’en penses quoi ?

Que l’euro fluctue beaucoup par rapport à mes bitcoins 😉 Plus sérieusement, il faut garder à l’esprit que la valeur qui importe c’est celle du moment où on dépense ses bitcoins. J’ai découvert que pizza.be et pizza.fr acceptaient les bitcoins. Du coup, c’est moins la valeur en euro du bitcoin qui importe que le prix de la pizza. Plus il y aura de sites acceptant les bitcoins, moins on se préoccupera de la valeur en euros.

Ceci dit, c’est aussi une excellente leçon d’économie. Je suis de l’avis de Rick Falkvinge qui estime que Bitcoin va complètement révolutionner la société.

J’entends beaucoup dire que le problème de Bitcoin, c’est qu’il est inégal. Que les premiers arrivés sont les plus riches. Mais, historiquement, ça a toujours été comme ça. La plupart des fortunes de France remontent à la noblesse d’empire. Les riches n’ont jamais rien fait qu’hériter des situations qu’ils ont parfois fait fructifier. Mais c’est facile de devenir encore plus riche quand on est déjà riche. Bitcoin n’est, malheureusement, pas un outil social. En revanche, je suis persuadé qu’il va justement permettre l’émergence de nouveaux paradigmes sociaux. Je pourrais vous en parler pendant des heures 😉

Crédit photo Antanacoins licence CC BY-SA 2.0.

61. Tu expérimentes Patreon, ça fonctionne ? Et Gittip alors, pourquoi tu n’es pas convaincu ?

Patreon est très brouillon. Le site est à la limite de l’incompréhensible et le modèle de versement rend les charges très lourdes. Pour certains dons de 1$, je n’ai reçu que 40 centimes ! C’est quand même dérangeant surtout que j’ai suggéré plusieurs fois des améliorations mais je n’ai jamais eu de réponse. Patreon bénéficie de l’aura de son créateur, Jack Conte, mais, au contraire de Flattr, je le trouve très mal géré, mal pensé. J’espère qu’ils vont s’améliorer.

À l’inverse, Flattr est très bien léché mais ne bénéficie pas de l’aura d’un artiste renommé. De plus, Flattr n’est pas dans la Silicon Valley et, blasphème absolu, n’est pas en dollars !

Quand à Gittip, j’ai testé mais je n’ai tout simplement pas compris l’intérêt. Flattr et Patreon tente chacun de résoudre un problème clair. Je n’ai pas perçu le problème que Gittip tentait de résoudre. Je trouve plus simple de faire un don par Paypal/Bitcoin que par Gittip. Ceci dit, j’ai un compte sur Gittip et peut-être que cela va s’améliorer.

28. Comment perçois-tu l’évolution de ces solutions de financements alternatifs dans les prochains mois/années ?

Tout comme on a observé une explosion des acteurs du crowdfunding (Kickstarter, Ulule, Kisskissbankbank, etc), je pense qu’on va voir une explosion des solutions de micro-financement. Et puis qu’un filtre va se faire. C’est assez logique. Je prédis par contre de plus en plus de sites qui vont accepter les bitcoins et qui vont même en faire leur monnaie courante. En effet, le problème pour un européen sur Patreon, c’est que tout se fait en dollars. Il est donc dépendant du cours du dollar. Pour un américain sur Flattr, il est en euros. Pour le reste du monde, les deux situations sont problématiques. Je pense qu’on va observer graduellement un mouvement vers le bitcoin comme étalon de la monnaie internet.

J’ai également prédit, dans une petite fiction appelée « Le blogueur de demain », l’arrivée d’outils de financements à l’échelle individuelle. On va en arriver à un niveau où chacun pourra faire sa comptabilité et ses petits projets personnels directement en ligne. Un voyage avec des amis ? Un repas de Noël en famille ? L’achat d’une voiture en couple ? Le budget sera établi sur un service en ligne et l’argent sera directement dessus.

Au final, de moins en moins d’argent transitera par les banques. On paiera directement avec son smartphone et on achètera des cartes de crédit prépayées. La notion même de « salaire » va s’effilocher. Les gens seront de plus en plus auto-entrepreneurs et travailleront au coup par coup.

Ce scénario peut se révéler idyllique, chacun ayant plus de temps pour les projets qui lui tiennent à cœur, l’argent perdant de l’importance, tout comme il peut être apocalyptique s’il est nécessaire de travailler 80h par semaine pour se payer de quoi manger. C’est la raison pour laquelle je suis un fervent supporter du revenu de base : avec un revenu de base et une indépendance vis-à-vis des banques, le net sera un véritable outil de libération sociale.

33. Selon toi, quelles sont leurs principaux inconvénients et freins à l’adoption ?

Je suis toujours surpris de voir que des gens éduqués, des intellectuels, refusent d’acheter en ligne par simple crainte irrationnelle de « l’arnaque ». Il y a un réel souci à ce niveau. Parfois, des lecteurs me disent qu’ils veulent me soutenir mais ils n’ont pas de carte de crédit, ils n’ont pas d’argent en ligne. J’avoue que, au 21e siècle, c’est tout de même un frein à l’utilisation de beaucoup de services.

La France est spécialement en retard par rapport à la Belgique. En Belgique, toutes les banques sont entièrement accessibles en webbanking depuis des années et il est possible de faire gratuitement, en un seul clic, un virement vers n’importe quel compte en banque européen (zone SEPA). Lorsque j’entends des Français qui me disent devoir se rendre au guichet pour effectuer un virement ou des suisses me dire qu’effectuer un virement vers la Belgique coûte 10-15 € (ce qui me semble illégal selon l’accord SEPA), j’en reste effaré. J’ai l’impression que nous ne vivons pas dans la même époque. C’est une des raisons qui rendent les USA si attirants pour les sociétés web : un système bancaire unifié, une langue quasi-unique.

D’une manière générale, c’est très difficile d’expliquer un modèle basé sur Flattr et Bitcoin à une personne pour qui acheter un livre sur Amazon relève de la témérité absolue ou de la science-fiction. Peut-être que je vais parfois un peu trop vite en besogne mais il ne faut pas sous-estimer la vitesse à laquelle peut se produire un changement total de mentalités. Il y a un point de non-retour où, tout d’un coup, l’opinion bascule. Aujourd’hui encore, le net est relativement « accessoire » dans la société actuelle. Beaucoup pointent du doigt qu’il est moins important que ce que les geeks disent. C’est vrai. Mais je prédis qu’il sera beaucoup plus important dans le futur que tout ce qu’on peut imaginer.

42. Un petit mot de la fin ?

mmmh Aka m’a promis plusieurs fois d’intégrer Flattr sur le Framablog. S’il ne le fait pas, la prochaine fois ça se règlera à coup de frites dans les narines, une fois.

ploum regarde vers le haut