Wikipédia et éducation : un exemple de réconciliation 3/6

Cet article fait partie du dossier Wikipédia et éducation : un exemple de réconciliation.

C’est la traduction du témoignage d’un éditeur de Wikipédia ayant aidé les étudiants à atteindre leur objectif, à savoir la quête de l’Article de Qualité, qui est ici présentée.

Copie d'écran - Wikipédia - Témoignage wikipédien

Wikipédia et université : Murder, Madness and Mayhem ?

Wikipedia and academia: Murder, Madness and Mayhem?

EyeSerene – 14 avril 2008 – Wikipédia
(Traduction Framalang : Olivier)

Quand l’idée a été soulevée de mettre sur pied une équipe d’éditeurs spécifiquement dédiée à l’obtention du label Article de Qualité, nous sommes entrés en contact avec le Wikiprojet Murder, Madness and Mayhem (NdT : Meutre, Folie et Chaos, MMM) pour ce que nous pourrions appeler notre première mission. Deux réactions antagonistes sont alors nées en moi. Je me suis exclamé « magnifique ! » mais une voie plus sceptique murmurait « hum… pourquoi pas ». La première émane de ma foi dans « le rêve », la deuxième de mon expérience sur le terrain du travail sur Wikipédia.

Je crois avec ferveur en la vision de Wikipédia ainsi résumée « Imaginez un monde dans lequel chacun puisse avoir, partout sur la planète, libre accès à la somme de toutes les connaissances humaines. C’est ce que nous sommes en train de faire » (Jimmy Wales). Évidemment, certains avertissements sont de rigueur, peut-être que l’adjectif « vérifiable » devrait être ajouté ici !, mais derrière tous les articles de groupes de musique méconnus, d’écoles primaires et d’épisodes des Simpson, le rêve se poursuit. Les gens instruits sont des gens libres et autonomes et une longue route a été tracée depuis le temps où le savoir et l’éducation n’étaient réservés qu’à une petite élite… mais il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

Peut-être sommes nous de doux rêveurs à croire qu’une encyclopédie peut changer le monde, mais pour moi l’important n’est pas là. C’est le concept sous-jacent qui me motive. Et si les gens, indépendamment de leur race, de leur religion, de leur emplacement géographique ou quoi que ce soit d’autre pouvaient s’unir comme nous le faisons ici ? Et si ils pouvaient s’affranchir des frontières, des gouvernements et des contraintes sociales pour communiquer et collaborer les uns avec les autres de manière constructive et créer quelque chose qui est infiniment plus grand que la somme de ses parties ? Je pense alors qu’il serait très difficile de convaincre un public ainsi informé et lié que tel groupe ou telle nationalité est en fait leur ennemi, alors qu’une longue expérience personnelle leur affirme le contraire. Le fait que Wikipédia soit banni ou restreint dans certaines parties du monde et chez certains régimes politiques en dit long sur la peur que peut engendrer ce simple concept « d’information en accès libre ».

Évidemment, et quand bien même tous ceux qui comme moi tiennent à la crédibilité de notre encyclopédie aiment à penser que le savoir que nous mettons à disposition est vraiment utile, nous devons aussi tenir compte de tous ces articles de groupes de musique méconnus, d’écoles primaires ou d’épisodes des Simpson. Mais sous bien des aspects c’est ce qui fait la force de notre modèle.La force magnétomotrice, un article technique qui capte une audience relativement faible et spécialisée, est classé dans la catégorie des articles à étoffer même s’il existe dans l’encyclopédie depuis bientôt quatre ans. L’article Les Simpson fait quant à lui l’objet de modifications permanentes, il s’est largement étoffé et se décline aujourd’hui dans plus de soixante langues (alors qu’on ne trouve que six localisations de la force magnétomotrice). Si nous acceptons le fait que Wikipédia est plus qu’une encyclopédie, nos articles sur la pop-culture font clairement parti de notre succès. Ils participent à la collaboration et aux interactions sociales au-delà des continents et des océans et peut-être que ce sont ces articles qui reflètent le mieux la vision de Wikipédia.

La crédibilité culturelle de Wikipédia n’est plus à démontrer. Vous voulez savoir quel docteur a pris la suite de Patrick Troughton (NdT : dans la série TV Docteur Who) ? Vous voulez connaître le nom de la maison de Harry Potter ? Où irons-nous alors en priorité ? J’aimerais cependant que Wikipédia soit également reconnu comme une source académiquement acceptable. On sait bien désormais que Wikipédia constitue la première étape de n’importe quelle recherche pour la majorité des étudiants, et ce dès le secondaire. On peut débattre du bien-fondé de cette habitude, mais en tant qu’étudiant planchant en fin d’étude sur la diffractométrie de rayons X, j’aurais certainement apprécié en 1989 avoir cette ressource primaire, quand bien même l’article en lui même n’aurait évidemment pas été suffisant.

Wikipédia ne peut pas se substituer à une recherche bibliographique, vous devez quand même lire les bons articles et les bons journaux. Il ne peut pas vous enseigner une matière non plus, nos articles ne sont pas écrits dans cette optique, bien qu’ils soient assez complets pour qu’un lecteur néophyte puisse comprendre de quoi il en retourne. Si vous attendez ceci de Wikipédia (que tout le travail soit déjà fait ou qu’il vous enseigne une matière), vous vous trompez lourdement sur les buts de Wikipédia. Mais le fait est que notre encyclopédie a été, est et restera certainement toujours utilisée ainsi. Cependant combien d’étudiants comprennent véritablement la différence entre se rendre sur leur source d’information en ligne préférée pour vérifier la réponse à une question de quizz sur le nombre de test centuries que Andrew Strauss a inscrit (la réponse est 12 au fait) et citer cette information dans la biographie d’un joueur de cricket ?

C’est là, pour moi, la fascinante dichotomie du Wikiproject Murder Madness and Mayhem de Jbmurray. Il faut avouer qu’on a commencé à s’habituer à ce que notre encyclopédie ou nos articles soient tournés en ridicule par le monde universitaire et, même si ce n’est pas toujours de gaieté de cœur, il nous faut bien reconnaître que leurs critiques ne sont pas infondées. Wikipédia a la réputation de ne pas respecter l’expertise auto-proclamée et les arguments des experts sont rarement pris au sérieux. Du fait de l’anonymat des éditeurs et de l’impossibilité de vraiment connaître les références de la personne de l’autre côté du modem je ne vois pas comment il pourrait en être autrement… mais devoir étayer chaque affirmation par une source vérifiable a sans aucun doute repoussé des éditeurs qui autrement auraient apporté une contribution importante à notre effort.

De nombreux universitaires, indignés d’être traités de la sorte par des gens qu’ils ne connaissaient pas ou qu’ils ne respectaient pas (intellectuellement s’entend !), se sont retirés du projet avec dégoût, résolus à ne jamais plus employer Wikipédia et à ne plus jamais en encourager l’usage non plus.

J’ai également souvenir d’un incident où l’auteur d’un livre cité dans un article a tenté de corriger l’article, mais sa modification a été refusée par des éditeurs qui se sont servis de son propre livre pour justifier le rejet. Frustré, il répondit en substance « C’est moi l’auteur de ce foutu texte que vous citez à tort, je sais de quoi je parle ! », mais ça ne l’a pas beaucoup aidé. D’un autre côté, pourquoi en tant qu’éditeurs devrions-nous accepter aveuglément ce que nous dit un « expert » auto-proclamé ? N’est-ce pas ce qui fait en partie la vision de Wikipédia ? Nous ne nous contentons pas (ou nous ne devrions pas nous contenter) de donner les faits… idéalement nous fournissons aussi des sources afin que tout un chacun puisse vérifier ces faits. On retombe sur « l’accès libre à l’information » !

Mon enthousiasme pour le projet novateur de Jbmurray, l’espoir qu’il est possible non seulement d’améliorer notre encyclopédie (ce qui me tient à cœur) en aidant les élèves dans leurs études, mais aussi de renforcer sa crédibilité et peut-être même de recruter de nouveaux accrocs à Wikipédia éditeurs, a donc été quelque peu tempéré par les expériences qu’ont eu de nombreux universitaires avec nous. Évidemment, Jbmurray n’était pas exactement un novice sur Wikipédia et il était déjà au courant des particularismes, voire même parfois des absurdités, qui maintiennent notre effort sur de bons rails, mais cela ne préfigurait en rien du succès de son projet.

Côté technique, j’avais de gros doute qu’on puisse ne serait-ce qu’approcher le grade d’Article de Qualité pour chaque article du projet. Malgré ce que peuvent en dire les critiques, rédiger un Article de Qualité est un processus complexe et rigoureux qui demande une grande disponibilité, beaucoup d’énergie et, oserais-je le dire, de l’expertise (pas seulement sur le sujet de l’article mais aussi sur les critères strictes des Articles de Qualité). Le seul moyen d’atteindre ce but était que la FA-Team collabore étroitement avec Jbmurray et les éditeurs de MMM.

J’ai tiré de mon expérience sur Wikipédia la conclusion que pour certains éditeurs le principe de la collaboration restera à tout jamais un mystère. Et pourtant il n’y a rien de bien sorcier si tout le monde y met de la bonne volonté. C’est évident que si les éditeurs sont traités avec respect, approchés de manière ouverte et amicale, remerciés pour ce qu’ils font de bien et réprimandés (poliment !) lorsqu’ils se trompent, ils répondront alors positivement dans la plupart des cas. Que ce soit sur Internet ou dans la vraie vie, certains sembleront toujours génétiquement incapables de formuler des encouragements ou de recevoir des critiques, mais ces personnes poussent à bout la patience de la communauté et finalement abandonnent le navire.

Bien que nous baignons dans un monde virtuel, nous avons à faire avec des personnes bien réelles avec des émotions bien réelles au bout de la connexion, alors pourquoi devraient-elles être traitées plus durement que si nous les rencontrions dans notre bureau, notre salle de classe ou au bar… et au nom de quoi devrions nous fermer les yeux sur de tels agissements ? Wikipédia s’auto-gère assez bien, ce qui profite à la collaboration, et comme le note Jbmurray ceci peut déboucher sur une synergie qui vous permet de croire que notre vision est vraiment à notre portée. Il soulève ici un corolaire très intéressant, un corolaire qui touche à la critique universitaire. Lorsque la collaboration existe (et en déformant les paroles bibliques, lorsque deux éditeurs ou plus s’unissent au nom de Wikipédia…), de grandes choses peuvent se produire.

Mais lorsque l’on permet aux articles de se morfondre dans leur médiocrité, et cela arrive encore trop souvent pour des articles techniques, ésotériques ou académiques, c’est notre réputation qui s’en retrouve entachée. Au bout du compte, tout ce que l’on obtient alors est de l’antagonisme, qu’il représente aussi bien le « contraire de la synergie » que la « caractérisation de la réaction des personnes qui accèdent à ces articles ».

Grâce au soutien universitaire de Jbmurray, aux encouragement et aux conseils techniques de la FA-Team, les rédacteurs étudiants de MMM ont produit un impressionnant travail de fond, fait d’autant plus remarquable que beaucoup n’avaient jamais édité dans Wikipédia avant ce travail. Dans un certain sens nous poussons ici plus loin encore qu’à l’accoutumée les capacités de la communauté à travailler dans la même direction, puisque, contrairement à nous wikipédiens, les éditeurs de MMM ne sont pas ici de leur plein gré mais parce qu’ils y sont obligés, de leur succès dépendent leurs notes ! Voilà qui les pousse à collaborer encore davantage pour atteindre leur but, mais c’est une motivation autre que celle qui anime d’ordinaire nos éditeurs volontaires.

Je ne suis pas naïf au point d’imaginer que tous les wikipédiens adhèrent à l’idéal de Wales, chaque éditeur a sa propre motivation et certaines sont moins louables que d’autres. Quoiqu’il en soit, si on met de côté ceux qui sont là pour, par exemple, créer des articles vaniteux ou pour faire de la publicité pour leur commerce, le résultat final est le même et encore une fois, c’est la collaboration de tant de personnalités différentes pour aboutir à un but commun qui me donne espoir et qui me fait croire à la mission de Wikipédia.

La collaboration n’est pas toujours simple (si c’était le cas, des groupes comme le Comité d’Arbitrage et des pages comme l’Appel aux commentaires seraient largement superflus) et dès le début certains des éditeurs de MMM ont dû se frayer un chemin dans le méandre des révisions des articles, prenant alors potentiellement le risque de déclencher de nouvelles guerres d’édition ou pire encore. Ils y sont très bien parvenus grâce à leur propre envie d’apprendre et grâce à la bonne volonté dont ont fait preuve les éditeurs réguliers qui n’étaient pas familiers avec ce projet et ces objectifs, sachant que la différence entre le premier essai timide d’un nouvel éditeur et l’acte de vandalisme est parfois difficile à discerner.

Alors, sur quoi va déboucher cette expérience MMM ? On en aura évidemment une meilleure idée quand elle aura déjà un peu de vécu, mais on peut espérer que les étudiants la trouveront enrichissante et instructive, qu’ils en retiendront plus que juste les notes qu’ils recevront. Scolairement parlant, comme l’écrit Jbmurray, ils devraient en tirer une meilleure compréhension de la nécessité d’étayer leurs informations avec des sources vérifiables et ils devraient aussi mieux percevoir les limitations d’une encyclopédie en temps que ressource. Wikipédia ne peut être, même dans le meilleur des cas, que le point de départ d’une recherche approfondie. Le projet a peut-être aussi posé les bases d’un modèle qui aura du succès dans le monde universitaire.

Cela ne fait aucun doute, de nombreuses personnes parmi les éditeurs sont hautement qualifiées dans leur domaine et dans le partage de leurs connaissances dans ce domaine au sein même de l’encyclopédie, contribuant à améliorer le niveau global de Wikipédia. Mais la sempiternelle question de la couverture du sujet reste toujours en suspens dans la communauté (ou plutôt chez ceux qui s’intéressent plus particulièrement à la qualité des articles). Nous pouvons imposer des règles et des critères pour les Bons Articles ou pour les Articles de Qualité mais, en tant que non-experts, comment être surs qu’un article est complet et précis ? Nous pouvons utiliser les sources mentionnées et vérifier les références, mais sans un expert à disposition nous devons nous reposer sur l’article lui-même pour obtenir ces informations.

D’une manière générale notre travail est satisfaisant, car même en tant que non-experts quelques recherches nous permettent de juger de la profondeur (ou du manque de profondeur) de la couverture d’un article. Mais comme l’a prouvé cette expérience, les conseils d’experts sont inestimables. Pour résumer, nous avons besoin des universitaires car apparemment leurs étudiants ont besoin de nous.

Naturellement, des mises en garde sont de rigueur. Si certains experts ne voient en Wikipédia que frustration et antagonisme, c’est principalement car ils n’ont pas à l’esprit la spécificité de Wikipédia, à savoir sa communauté et ses lois. Même si la grande majorité des éditeurs supposera la bonne foi, le respect se gagne. C’est seulement en lisant les règles de Wikipédia et en faisant l’effort de vous y tenir que vous gagnerez ce respect qui donnera du poids à vos opinions et vos propositions. Quelle crédibilité peut-on accorder à universitaire étranger débarquant dans un séminaire en imposant ses propres pratiques et en faisant fi des convenances et traditions locales ?

Pourquoi devrions nous alors accepter ce genre de comportement ? Comme Jbmurray le fait remarquer, la capacité à développer une idée et de la défendre avec ardeur a moins de valeur sur Wikipédia que la capacité à négocier un consensus… et de se retirer avec élégance si ce consensus ne va pas dans notre sens, même lorsque les autres éditeurs ont ponctuellement clairement tort (ce qui arrive inévitablement avec une communauté de cette dimension). Mais à long terme, est-ce vraiment important ? Le consensus peut évoluer, et un article peut toujours être revu une semaine après, un mois après, une année après…

L’incapacité chronique de certains universitaires et experts à réaliser que Wikipédia n’est pas l’extension de leur faculté et qu’elle n’est pas par conséquent sous leur autorité, que notre mission est simplement de reproduire ce qui a déjà été publié par des sources vérifiables (vérifiabilité, pas vérité), et que leurs compétences dans un domaine ne les dote pas nécessairement de la capacité à bien faire dans d’autres domaines, a sans aucun doute affecté les relations dans les deux sens. Cependant le monde académique a beaucoup à y apporter, si l’on ne se trompe pas sur ce qu’est Wikipédia (et encore plus ce qu’elle n’est pas ou ce qu’elle ne prétend pas être). C’est ce que démontre le projet MMM de Jbmurray où tout le monde est au final gagnant.

El Senor Presidente - Accueil Wikipédia - 5 mai 2008

Les autres articles du dossier

  • 1/6 – Introduction
    Un projet pédagogique « de qualité ».
  • 3/6 – Le projet vu par un éditeur de Wikipédia
    Le point de vue d’un éditeur de Wikipédia, membre de « l’équipe des Articles de Qualité », ayant accompagné et soutenu les étudiants pendant la durée de leurs travaux.
  • 6/6 – Liens connexes
    Une sélection de liens francophones autour de Wikipédia et l’éducation.



Wikipédia et éducation : un exemple de réconciliation 5/6

Cet article fait partie du dossier Wikipédia et éducation : un exemple de réconciliation.

C’est la traduction d’un article qui part de notre exemple de projet pédagogique réussi pour effectuer une courte analyse des relations entre Wikipédia et l’éducation qui est ici présentée[1].

Copie d'écran - Wikipédia - Bilan et perspectives

Des écoles et des universités à l’origine de contenu de qualité

Featured content from schools and universities

Jbmurray et Tony1 – 9 mai 2008 – Wikipédia
(Traduction Framalang : Olivier et Jean)

Les relations entre Wikipédia et le système éducatif peuvent parfois être paradoxales. Les expériences récentes de deux projets universitaires aux destinées diamétralement opposées en sont le parfait exemple. Comme le relate le Signpost daté du 14 avril 2008, le projet MMM alias Murder, Madness, and Mayhem (NdT : Meurtre, Folie et Chaos) a fourni trois Articles de Qualité et huit Bons Articles au cours du semestre universitaire. Parmi ces articles se trouve le tout premier exemple de contenu de qualité créé dans le cadre d’un examen académique, un article sur le roman guatémaltèque El Señor Presidente qui a eu les honneurs de la page d’accueil du 5 mai 2008.

Dossier Wikipédia - College graduate students - CC byA l’opposé, ces derniers jours nous ont fourni un contre-exemple d’intégration de Wikipédia à un cursus universitaire. L’histoire a déjà fait couler beaucoup d’encre sur le forum des administrateurs : un professeur d’économie internationale (NdT : « Global Economics ») a demandé à ses étudiants d’envoyer leurs travaux sur Wikipédia, mais ils ont pour la plupart étaient rapidement effacés, fusionnés ou redirigés. Parmi les soixante-dix articles nouvellement créés, environ la moitié a été effacée et beaucoup ont été fusionnés ou redirigés, seuls sept ont à peu près survécu dans leur forme originale et un seul (sur le trafic d’organes) n’est pas affublé d’une étiquette demandant des changements. Reste maintenant à savoir si les projets futurs ressembleront à Murder, Madness and Mayhem et sauront éviter les écueils de la tentative de notre professeur de « Global Economics ».

Historique des projets pédagogiques sur Wikipédia

Ces deux extrêmes ne sont pas les premiers projets éducatifs dans Wikipedia. Au cours des cinq dernières années plus de soixante-dix initiatives semblables sont apparues sur la page Wikpedia:School and university projects. À leur origine, des institutions aussi diverses que l’université de Yale ou l’université de Tartu, en Estonie sur des sujets allant de l’immunologie à la Rome antique. Il est très probable que pour chaque projet déclaré, plusieurs autres ont lieu sans déclaration formelle. Il y a deux ans de cela, le Signpost titrait Nette augmentation des projets pédagogiques sur Wikipédia. En effet, de plus en plus d’universitaires et de professeurs valorisent les contributions de leurs étudiants à Wikipédia et on estime que ce mouvement est en augmentation. Les professeurs et les étudiants peuvent trouver des conseils et de l’aide sur la page WikiProject Classroom Coordination.

Tous ces projets ne visaient pas l’obtention du grade de contenu de qualité, Wikipédia peut contribuer à l’apprentissage des étudiants de bien d’autres manières. La structure et les buts des expériences d’apprentissage menées sur Wikipédia sont aussi nombreux et variés que les projets eux-mêmes, de l’écriture d’un article ou d’une série d’articles à la découverte « du chaos et de la joie de l’édition collaborative » (Université de Hong Kong) et « se familiariser avec Wikipédia en tant que communauté et comme puits de connaissances » (Université de l’Idaho).

Créer du contenu de qualité

Dossier Wikipédia - Students in computer lab - CC by-saQue peuvent apporter les écoles et les universités à Wikipédia ? L’un des objectifs de l’encyclopédie est de fournir des articles de qualité professionnelle et les Articles de Qualité sont définis comme « des exemples de ce que nous pouvons produire de mieux ». L’innovation qu’introduit Murder, Madness, and Mayhem repose sur son objectif revendiqué d’accroître le nombre d’Articles de Qualité. D’autres écoles ou d’autres universités peuvent-elle marcher dans les pas de ce projet ?

Il faudrait au moins trouver un moyen d’éviter que la débâcle des suppressions multiples se reproduise. Dans le cas du projet « Global Economics » on en est arrivé à envisager dans les discussions le blocage de pans entiers d’adresses IP appartenant aux universités. Comme le montrent de telle réactions radicales, lorsque la relation entre université et Wikipédia échoue, cela est perçu comme une perturbation dans Wikipedia, quant aux professeurs (et leurs étudiants) l’expérience doit être toute aussi frustrante. Même dans les cas plus favorables, on peut citer l’exemple de l’université de Washington-Bothell qui a eu les honneurs de CNN ainsi que d’autres média, la relation n’est pas toujours facile. Pour reprendre les mots d’un article d’ArsTechnica : Un professeur remplace les partiels par des contributions à Wikipédia, bonjour les dégâts !.

Les deux parties doivent y mettre du leur. À propos des évènements récents, l’éditeur Noble Story a déclaré : « Aucun projet pédagogique n’arrivera peut-être jamais à reproduire le succès du projet MMM, mais nous pouvons au moins les encourager à essayer ».

Les clés du succès

En tant que coordinateur de Murder, Madness, and Mayhem, je pense que la réussite du projet tient à plusieurs facteurs qui ne doivent pas être sorciers à reproduire. Il n’y a en effet aucune raison pour laquelle un projet futur ne pourrait pas imiter notre succès, et contribuer à des articles qui illustrent le meilleur de Wikipédia tout en fournissant aux étudiants une expérience d’apprentissage enrichissante. Il n’y a aucune raison pour laquelle un travail éducatif ne devrait pas conduire à la production d’un contenu de qualité. Voici quelques principes qui pourront améliorer vos chances de succès :

  • L’enseignant doit déjà avoir de l’expérience avec Wikipédia, nous parlons ici d’expérience en tant qu’éditeur, avec toutes les frustrations et récompenses qui vont avec, comme par exemple de voir vos modifications annulées ou de voir apparaître un bandeau « Cet article ou cette section doit être recyclé ».
  • L’enseignant doit être prêt à participer au travail sur Wikipédia au moins autant que ses étudiants, voire beaucoup plus. L’encyclopédie est un lieu d’interaction et de négociation permanentes, l’instigateur du projet ne peut pas simplement observer ce qui se passe et attendre que les étudiants s’adaptent.
  • Le projet doit être inscrit sur la page des projets pédagogiques et tous les Wikiprojets et bulletins communautaires concernés devraient en être informés. Nous vous recommandons fortement de démarrer un nouveau Wikiprojet pour votre propre projet afin que ses objectifs et ses méthodes soient totalement explicites et transparents.
  • Il faut donner du temps au projet, probablement un semestre entier. N’importe quel écrit sérieux est le fruit d’un processus dynamique et continu de ré-écriture. Et ceci est plus évident encore sur Wikipédia que partout ailleurs. Un Article de Qualité, voire juste un Bon Article, passera par de très nombreuses révisions, plusieurs centaines très probablement. Il faut que les étudiants soient témoins de ce processus, cela fait partie de leur apprentissage et pourrait les amener à modifier leur façon d’aborder la rédaction.
  • Les objectifs du travail universitaire à fournir doivent être bien définis et compatibles avec ceux de Wikipédia. Alors qu’on accorde une importance conséquente aux « travaux inédits » dans le milieu académique, Wikipédia fait la part belle aux capacités de recherche et de rédaction. Le projet devrait prendre en compte l’état des articles existant dans Wikipedia, et non dupliquer du contenu déjà présent.
  • Les étudiants doivent être prêts à travailler à partir de textes rédigés par d’autres, à éditer et retravailler des ébauches ou des articles incomplets plutôt que de croire que leur travail est de commencer à partir de rien.
  • Les étudiants doivent être prêts à voir leur texte modifié par d’autres personnes, à négocier avec ces mêmes personnes et à tirer profit de l’environnement collaboratif de l’encyclopédie.

Pour compléter ce dernier point : une idée plus controversée suggère que les étudiants débutent immédiatement dans l’arène (plutôt que de commencer à travailler leurs articles dans leur espace utilisateur, hors-ligne, en dehors du site ou sur un autre wiki), afin de s’imprégner tout de suite des conventions qui ont cours sur Wikipédia en profitant immédiatement des conseils (et peut-être des critiques) des autres éditeurs.

Viser l’Article de Qualité

Créer un Article de Qualité n’est pas chose aisée, il existe cependant différentes manières de simplifier une tâche complexe. Une classe devrait garder à l’esprit les points suivants pour avoir une chance raisonnable de réussir dans cette entreprise :

  • Commencez tôt. Commencer avec une page « Le saviez-vous… ? » (le sujet a été abordé dans le « Dispatches » de la semaine dernière) n’est pas forcément une mauvaise idée pour lancer la machine.
  • Commencez avec de bonnes sources. Il est tentant de commencer avec ce qui est facilement disponible. Mais toute information qui est issue d’uns source peu fiable devra être recherchée à nouveau, doublant ainsi le temps et l’effort nécessaires.
  • Utilisez la bibliothèque. Ne négligez pas le système de prêt entre bibliothèques. Wasted Time R ne plaisante qu’à moitié quand, dans ses conseils pour écrire un article sur l’Histoire il dit : « Trouvez des sources en dehors de Google, vous serez un pionnier ! ». Et cela ne s’applique pas qu’à l’Histoire.
  • Commencez avec des références précises. Chaque fois qu’une citation est ajoutée, elle devrait contenir tous les détails bibliographiques , avec numéros de pages, et on devrait pouvoir distinguer clairement ce qui est directement cité, et ce qui ne l’est pas. Chaque imprécision ou confusion qui se glisse devra être corrigée plus tard, ce qui fera plus que doubler le temps et les efforts nécessaires.

Murder, Madness, and Mayhem a eu beaucoup de chance en attirant très tôt l’attention de la FA-Team, une équipe d’éditeurs expérimentés dont le but est d’aider les nouveaux utilisateurs à améliorer leurs articles pour obtenir le grade d’Article de Qualité. Sans leur aide nous n’aurions jamais atteint notre ambitieux objectif. Mais, sans jeter le discrédit sur les efforts et l’implication de la FA-Team, ce n’est pas non plus leur rôle de s’assurer que n’importe quel groupe organisé et préparé aux efforts nécessaires de la recherche en amont, attirera l’attention d’autres collaborateurs qui apporteront leurs conseils sur le respect des conventions de style ou du droit d’auteur.

Même les articles issus du projet récent « Global Economics » ont reçu énormément d’attention et de contributions. L’énergie dépensée pour donner des avis et des conseils a été extraordinaire, sans parler des efforts d’édition et de mise en forme des articles eux-mêmes, pour tenter de sauver quelque chose de ce qui, globalement, demeure une expérience décevante.

Autre contenu de qualité

Dossier Wikipédia - Université de la Colombie Britannique - RosegardenLes contenus de qualité de Wikipedia s’étendent bien au delà des Articles de Qualité, pour englober des domaines qui sont utiles à des niveaux et sujets particuliers d’études. Les listes de qualité comprennent moins de texte d’explications, mais doivent être soigneusement étudiées et incluses dans le contenu existant dans l’encyclopédie. Les images de qualité peuvent être un projet idéal pour les étudiants en photographie. Et les étudiants en musique ou les étudiants ingénieurs du son pourront trouver dans la rigueur du processus de vérification des sons de qualité un test stimulant de leurs capacités.

L’avis des étudiants

Le 5 mai 2008, le travail des étudiants du projet MMM, Eecono, Katekonyk, Mfreud et de la FA-Team a eu les honneurs de la page d’accueil, ce qui leur a valu ce jour-ci la visite de dizaines de milliers de visiteurs du monde entier. Une belle récompense pour leur dur labeur comme le souligne Mfreud (Monica Freudenreich) :

J’ai investi tellement d’énergie dans la rédaction et l’amélioration de cet article que je suis vraiment fière du résultat final. Quand je le relis, j’ai même du mal à croire que j’y ai contribué. Les dissertations que je rends finissent en général dans un :classeur qui restera bien rangé sous mon lit ou alors dans un coin de mon disque dur pour ne jamais être ré-ouvertes. La page sur Wikipédia sera consultée et servira certainement à quelqu’un. Je dois dire que je suis quasi-certaine que la bibliographie référence quasiment tout ce qui a été publié en anglais sur le sujet. Si quelqu’un cherche à approfondir El Señor Presidente tout est là et je trouve que c’est vraiment incroyable !

Les éditeurs les plus actifs de Mario Vargas Llosa et de The General in His Labyrinth nourrissent également l’espoir qu’à terme leur article aura les honneurs de la page d’accueil. En réponse à des commentaires sur les pages du comité de relecture et des propositions d’Articles de Qualité, un étudiant a écrit « Le fait qu’ils aient obtenu le grade d’Article de Qualité me rend vraiment jaloux… mais ça me motive ! », après que ses camarades de classe aient atteint leur but. Nous espérons que tous ces Articles de Qualité réalisés par le projet MMM grâce aux efforts des étudiants, encourageront d’autres projets d’écoles et universités à leur emboiter le pas.

El Senor Presidente - Accueil Wikipédia - 5 mai 2008

Les autres articles du dossier

  • 1/6 – Introduction
    Un projet pédagogique « de qualité ».
  • 3/6 – Le projet vu par un éditeur de Wikipédia
    Le point de vue d’un éditeur de Wikipédia, membre de « l’équipe des Articles de Qualité », ayant accompagné et soutenu les étudiants pendant la durée de leurs travaux.
  • 5/6 – Le projet vu comme un bon exemple d’usage pédagogique de Wikipédia
    Au delà de cet exemple, quelles sont les clés de la réussite d’un projet éducatif intégrant Wikipédia.
  • 6/6 – Liens connexes
    Une sélection de liens francophones autour de Wikipédia et l’éducation.



La migration OpenOffice.org vue par un proviseur de lycée

Snow Kisses Sky - CC byD’ordinaire ce sont les enseignants qui viennent à la barre témoigner de l’intérêt de substituer la suite propriétaire MS Office de Microsoft par la suite bureautique libre OpenOffice.org (sachant que tout est fait par la partie adverse pour ralentir le mouvement).

D’où l’intérêt d’avoir ici la chronique objective d’un proviseur de lycée[1], qui nous explique ses motivations et dresse un premier bilan de l’opération. Travaillant dans un établissement scolaire qui a effectué il y a deux ans la même migration, je me suis reconnu sans peine dans son récit.

Quant à la conclusion, elle est à graver dans le marbre : « Le poids des habitudes et du nombre pèse alors fortement, incitant par souci d’efficacité, dans un monde et dans un domaine où le temps l’emporte sur les principes, à une comparaison technique en défaveur des logiciels libres. Dans notre métier, le temps et la récurrence sont facteurs de réussite ; il convient, me semble-t-il, au regard de l’importance et de la légitimité des enjeux, d’attendre et de persévérer… »

Logiciels libres au Lycée Français International de Pékin

URL d’origine du document (EPI)

Stéphane Sachet – Pékin, le 14 janvier 2009

Paradoxe et pléonasme en deux mots, déjà toute la complexité de la relation à l’informatique s’impose à nous.

Mais restons plus pragmatique, pourquoi et comment avons-nous basculé, au Lycée Français International de Pékin, vers les logiciels libres.

Pour fixer rapidement le contexte, l’établissement en gestion directe de l’AEFE, scolarise environ 1 000 élèves, de la petite section à la terminale, répartis sur trois sites.

Préparant un plan de mise à niveau de l’équipement informatique sur 3 ans, nous avons réalisé en janvier 2008 une enquête auprès des personnels pour identifier et préciser leurs besoins et leurs attentes relatives à l’outil informatique. À cette occasion nous les avons interrogés sur leur capacité à utiliser, dans le cadre professionnel, des logiciels libres et si oui, avec quel accompagnement.

Ce questionnement pose à la fois la question de l’utilisation d’outils commerciaux au sein d’un établissement scolaire mais aussi celles de la compétence technique et de l’engagement des personnels par rapport au TICE.

Pour l’équipe de direction, trois objectifs étaient clairement identifiés : éthique, juridique et financier.

  • Éthique, il va de soi que notre mission et les valeurs de l’école française nous engagent à former des élèves, mais des élèves libres de choisir, on peut même aller jusqu’à espérer, que s’il y a choix il y a réflexion… prémisse de la pensée.
  • Juridique, car tout personnel de direction sait qu’à l’épreuve de la réalité, nos moyens limités et le développement rapide de l’informatique peuvent aboutir à des solutions pirates et par conséquent à un risque juridique bien réel.
  • Financier, le coût d’achat des licences pèse bien sûr et de manière significative sur notre budget.

75 % des personnels se déclaraient être prêts à utiliser des logiciels libres, sous réserve pour une partie d’entre eux de pouvoir bénéficier, en interne de formations à ces logiciels.

La décision fut donc prise au printemps 2008 de basculer vers les logiciels libres sur les trois sites et pour tous les personnels, enseignants, administratifs, en installant durant l’été et à l’occasion du remplacement et de l’extension de nos réseaux la suite open office comprenant entre autres, OpenOffice.org Writer, OpenOffice.org Cal et OpenOffice.org Base.

Six mois après cette mise en oeuvre, que peut-on en dire ? Quels sont les écueils et les contraintes ?

En premier lieu, de façon prévisible, une période d’adaptation technique s’impose. Celle-ci permettant d’appréhender et de maîtriser les différences fonctionnelles d’utilisation entre les logiciels Microsoft et OpenOffice, temps proportionnel à la fréquence d’utilisation et au degré d’autonomie des utilisateurs.

En second lieu, vient la nécessité de mettre à jour pour les enseignants leurs bases de documents et de supports informatiques en relation avec la découverte et la maîtrise progressive des compétences informatiques, compétences clairement définies à cet égard par le B2i.

Enfin, se posent les problèmes d’une part, de communication entre utilisateurs, les logiciels libres n’étant pas majoritairement partagés entre partenaires institutionnels et d’autre part, les problèmes de continuité de pratique, les personnels et les élèves utilisant bien souvent à la maison des logiciels Microsoft, logiciels qu’ils ont découverts et appris à utiliser… à l’école !

Sur le plan technique la conversion des fichiers est assez simple à résoudre, en modifiant quelques habitudes à l’enregistrement.

S’agissant de la comparaison, il me semble que du moins pour la suite OpenOffice.org l’ergonomie et les fonctions avancées souffrent d’une fonctionnalité un peu moins grande. J’en veux pour exemple le publipostage ou le suivi de corrections sous Open office.org Writer ou encore les formules et les renvois sur OpenOffice.org Cal encore peu opérationnels pour les utilisateurs souvent autodidactes que nous sommes dans l’éducation.

Le poids des habitudes et du nombre pèse alors fortement, incitant par souci d’efficacité, dans un monde et dans un domaine où le temps l’emporte sur les principes, à une comparaison technique en défaveur des logiciels libres.

Dans notre métier, le temps et la récurrence sont facteurs de réussite ; il convient, me semble-t-il, au regard de l’importance et de la légitimité des enjeux, d’attendre et de persévérer…

Stéphane Sachet
Proviseur au Lycée Français International de Pékin

Notes

[1] Crédit Photo : Snow Kisses Sky (Creative Commons By)




Quand Serge Soudoplatoff nous parle d’Internet

Quand Serge Soudoplatoff nous parle d’Internet (et des mutations organisationnelles qu’il engendre) c’est non seulement accessible au grand public mais c’est surtout tout à fait passionnant.

Très à l’aise devant son auditoire, Serge Soudoplatoff réussit la gageure de partir un peu dans tous les sens (avec exemples, citations et anecdotes à l’appui) tout en restant cohérent avec sa ligne directrice.

Une intervention de 45 minutes donnée le 4 juillet 2008 au CEDAP et intitulée : « Comment Internet change nos organisations »

—> La vidéo au format webm

Pour en savoir plus sur l’auteur, rendez-vous sur son blog et en attendant voici une courte et caustique présentation telle qu’elle apparait sur AgoraVox.

Serge Soudoplatoff est vraiment né le 27 décembre 1954 par une longue nuit d’hiver. Les loups hurlaient dans la steppe. Sa mère, bretonne, lui apporta le goût du beurre et son père, russe, celui de la vodka. Cela perdure.

Après des études très primaires, qui devinrent vite secondaires, c’est en passant à Paris dans la rue de la Montagne Ste Geneviève en septembre 1973 que, la porte étant ouverte, il entra par hasard dans une prestigieuse école française. A sa sortie, trois ans plus tard, il se dirigea vers la cartographie, confondant dessiner le monde et le changer. Après 5 ans de recherches et de voyages à l’Institut Géographique National, il décida de quitter le traitement de l’image pour s’intéresser à celui de la parole dans un centre de recherche français, et américain, d’un grand constructeur d’ordinateurs. Après 5 ans de voyages et de recherches à IBM, il décida que la parole à une dimension ne valait pas mieux que l’image à deux, et se résigna à ne plus traiter que des problèmes ponctuels, en devenant directeur d’un centre de recherche en informatique dans une grande SSII. Après 5 ans à Cap Gemini Innovation, il alla mettre en réseau le monde de la recherche et celui des entreprises dans une association, le Cercle pour les projets Innovants en Informatique. C’est là qu’il comprit le passage de l’information à l’innovation, l’articulation entre l’informatique et la sociologie et la psychologie.

Ceci le fit bizarrement atterrir à la direction de l’innovation de France Telecom, où il s’est employé pendant trois ans à rendre concrètes les profondes mutations qu’engendre le monde Internet.

Il a finalement décidé de se muter lui-même en devenant fondateur d’une entreprise en essaimage de France Telecom, Highdeal, puis en créant Almatropie, dédiée à convaincre de l’importance d’Internet.




Écoquille et Grand Ménage : un peu d’écologie sous Creative Commons

Seier - CC byAu hasard de mes fils RSS, je suis tombé sur les « Écoquilles », un concept original de maisons écologiques, dont je vous invite à parcourir le site du projet pour en savoir plus et éventuellement vous faire une idée de sa viabilité. En gros il s’agit d’une sorte de coquille de bateau en bois renversé (à comparer avec les containers étudiants par exemple). Parmi les problèmes rencontrés, il y a la législation qui n’aime pas trop les toits arrondis à ce que j’ai compris. Nous leur souhaitons bonne chance en tout cas[1].

On peut lire ici que le concept de l’Écoquille est mis à disposition de tous selon les termes de la licence Creative Commons By-Nc-Sa. Quand il y aura des plans plus détaillés sur leur site (j’imagine que cela ne saurait tarder) on pourra donc potentiellement construire sa propre Écoquille si cela nous chante (et si cela chante aussi aux pouvoirs publics !).

J’ai également noté le guide Le Grand Ménage – Recettes écologiques et économiques pour l’entretien de la maison dont voici un extrait de la présentation.

Le but de ce livret est de nous faire partager une expérience. Partager. Voilà un bien joli mot.

Au mois de juin 2005, Raffa, écologiste convaincue, eut une merveilleuse idée : créer son propre « blog », pour transmettre ce qu’elle avait appris et nous donner envie, à nous aussi, de nous occuper de notre planète au quotidien.

Nous nous sommes penchés sur l’état de nos placards encombrés de produits chimiques, pour la plupart dangereux : un pour le lavage des sols, un pour le lavage des vitres, un pour les plaques de cuisson, un pour les WC, un pour la salle de bain, un pour… Ce douloureux inventaire à la Prévert sonnait comme un appel au secours, une urgence de premier plan. Il n’était plus possible de continuer ainsi.

Ce livret est disponible en téléchargement sur le site des auteurs mais également en livre. Il est placé sous licence Creative Commons By-Nc-Nd. Un peu dommage pour le coup cette clause de non modification qui interdit de s’emparer du guide pour le modifier, alors que c’est typiquement un sujet qui appelle amélioration au cours du temps. On notera également que seules les versions PDF sont disponibles et non les fichiers sources.

Il n’empêche que voilà deux exemples intéressants d’usage des Creative Commons dans le champ écologique. En connaissez-vous d’autres ?

Notes

[1] Crédit photo : Seier (Creative Commons By)




Du choix risqué du logiciel propriétaire et étranger pour sa défense nationale

Army.mil - CC byLe blog de Libération, animé par le spécialiste maison des questions militaires Jean-Dominique Merchet, nous informe aujourd’hui que nos armées ont été attaquées par un virus informatique.

En effet la Marine nationale, ayant son réseau sous Windows, a récemment été infectée par le ver informatique Conflicker (qui exploite une faille du serveur de ce système d’exploitation), jusqu’à, semble-t-il, empêcher certains avions Rafales de décoller[1].

Sachant que Microsoft avait identifié le problème et averti dès le mois d’octobre ses clients de la nécessité d’effectuer des mises à jour pour s’en prémunir, Jean-Dominique Merchet a raison de pointer là l’inquiétante négligence des services informatiques du Ministère.

Par contre il est passé complètement à côté de la question bien plus fondamentale de confier son informatique à un éditeur étranger de logiciels propriétaires. Qui plus est quand il s’agit de Windows dont on connait les problèmes de sécurité, qui plus est quand on travaille dans le domaine hautement sensible de la Défense nationale.

Heureusement certains commentaires sous son billet ne se sont pas privés de le lui rappeler, commentaires qui se trouvent être comme synthétisés par cette intervention lue sur LinuxFr et que je me suis permis de recopier ci-dessous :

Un ver s’attaque à la Marine française

URL d’origine

Patrick_g – 5 février 2009 – LinuxFr (Journal)

Conficker est le nom d’un ver qui infecte les machines sous Microsoft Windows. Il s’attaque au processus SVCHOST.EXE et il permet d’exécuter du code à distance. Un truc sérieux donc mais, hélas, pas inhabituel dans le monde merveilleux de Windows.

Ce qui est plus inhabituel en revanche c’est qu’il semble que ce ver ait réussi a se propager au sein du réseau informatique de la Marine Nationale (Intramar). L’isolation du réseau a été décidée mais elle a été trop tardive et des ordinateurs de la base aérienne de Villacoublay et du 8ème régiment de transmissions ont été infectés par la bestiole.

Sur ce lien on peut même lire que le 15 et le 16 janvier les chasseurs Rafale de la Marine Nationale qui devaient exécuter une mission n’ont pas pu décoller car ils étaient dans l’incapacité de télécharger les données de leur vol !

A priori Microsoft n’est pas coupable de négligence car un correctif pour la faille de SVCHOST.EXE avait été mis à disposition le 23 octobre 2008. Cette infection est donc entièrement la faute des administrateurs du réseau Intramar qui n’ont pas appliqué les correctifs et qui ont donc indirectement provoqué un gros "couac" dans la capacité de défense du pays.

Les questions qui se posent à la suite de cet épisode sont bien entendu les suivantes :

  • Comment est-il possible qu’une fonction aussi critique que le réseau informatique de la Marine nationale dépende d’un système d’exploitation propriétaire fourni par une firme étrangère ?
  • Comment est-il possible de choisir un système d’exploitation à la réputation sécuritaire plus que douteuse et dont il est impossible de relire le code source pour le vérifier ou l’améliorer ?
  • Comment les administrateurs d’un réseau militaire sensible peuvent-ils laisser leurs serveurs non patchés pendant des mois alors que le danger a été signalé et le que le correctif a été mis à disposition ?

Il y a quelque chose de pourri au royaume de la Royale…

Notes

[1] Crédit photo : Army.mil (Creative Commons By)




L’Angleterre se pose la question du Libre dans l’éducation

Superbomba - CC by-saAprès Barack Obama et l’Open Source, voici une autre traduction émanant de la BBC, autour du Libre et l’éducation cette fois.

C’est un plaisir non dissimulé de voir un tel grand média s’intéresser à la question et lui donner ainsi un fort coup de projecteur dans l’opinion (avec analyses, témoignages, perspectives… du vrai travail de journaliste en somme, tout simplement). Mais c’est également une belle satisfaction de constater la maturité du discours et de l’évaluation du logiciel libre chez la Perfide Albion[1].

Il me tarde de voir pareille situation traverser la Manche. Puissent tous les articles connexes de ce blog modestement y contribuer…

La question du Libre dans l’éducation

Open source question for schools

Andrew Miller – 26 janvier – BBC News
(Traduction Framalang : Daria, Olivier, Don Rico)

Andrew Miller se demande si les logiciels Open Source ne pourraient pas aider les écoles à mieux gérer leur budget.

Au salon British Education Training and Technology, BETT 2009, un rapide coup d’œil suffisait pour se convaincre, par la dimension de l’évènement, que les technologies de l’éducation bénéficient d’un budget plus que conséquent.

Sachant que les logiciels Open Source disponibles gratuitement et librement couvrent l’essentiel des exigences du programme national, on peut se demander pourquoi les écoles n’y ont pas plus recours, avec une économie potentielle de plusieurs millions de livres à la clé.

Comme leur nom le suggère, les logiciels Open Source sont des logiciels communautaires et leur code source est ouvert à tous. N’importe qui peut modifier le logiciel selon ses besoins et ensuite partager ces modifications avec tout le monde.

En entendant parler de logiciel Open Source, nombreux sont ceux qui pensent Linux – le système d’exploitation alternatif disponible sous différentes distributions comme Ubuntu, openSUSE ou Fedora.

Linux propulse les serveurs depuis longtemps, mais l’Open Source touche à toutes sortes de projets. Le navigateur Web Firefox et la suite bureautique OpenOffice en sont de bons exemples.

Promotion ouverte

Dans le secteur de l’éducation, seule une poignée de technophiles, agissant de leur propre initiative, font la promotion des logiciels Open Source et les utilisent pour employer au mieux leur budget technologie.

Les critiques accusent Becta – une agence gouvernementale qui supervise les acquisitions de toutes les technologies pour les écoles – de n’avoir pas assez œuvré à la promotion des logiciels Open Source.

Peter Hughes, responsable des accords d’acquisition au Becta, a assuré à la BBC que Becta sera plus actif dans ce sens.

« En tant qu’organisation, on nous a principalement reproché de ne pas avoir présenté comme il se devait les solutions Open Source et de trop favoriser les solutions propriétaires, comme celles de Microsoft. Nous avons tenu compte de ces critiques et, dans l’exercice de nos conseils en matière de stratégie et de distribution de la technologie dans l’éducation, nous avons tenté de rester impartiaux dans les avis que nous émettons pour aider les écoles à faire les meilleurs choix », a-t-il indiqué.

Fin 2008, le Becta a collaboré avec l’organisation gouvernementale des services d’acquisition OGCBuying.Solutions pour approuver 12 fournisseurs, lesquels ont en commun la capacité à équiper les écoles avec des logiciels Open Source.

Le Becta considère la désignation de Sirius comme un « grand pas en avant » et comme un message envoyé à la communauté : « Nous prenons les logiciels Open Source au sérieux ».

John Spencer, chef du développement commercial de Sirius, a confié à la BBC que l’Open Source est encore trop méconnu, pas seulement dans les écoles, et que Linux souffre d’un problème d’image.

« Beaucoup d’établissements scolaires sont restés bloqués en l’an 2000, quand il est devenu évident que la connaissance de l’outil informatique deviendrait une nécessité, mais depuis ils n’ont rien fait. Ils ont peur d’avancer en terrain inconnu, et il ne s’agit pas seulement de Linux mais également de Vista et d’Office 2007. Les bons professeurs chercheront toujours à aller de l’avant mais ils sont si occupés qu’ils préfèrent souvent s’en tenir à ce qu’ils connaissent », a précisé Mr. Spencer.

Sirius a déjà installé des logiciels libres dans beaucoup d’établissements au Royaume-Uni.

Dans le cadre d’un projet mené à Twickenham, on autorise les portables et ultra-portables appartenant à l’établissement ou aux élèves à démarrer sur le réseau pour leur donner accès aux fichiers et aux programmes dont ils ont besoin.

« Le réseau coûte moitié moins que ce que RM peut proposer et les économies d’énergie réalisées permettent au système de s’autofinancer en moins de 3 ans », affirme Mr. Spencer

Le temps de la compétition

Une autre initiative du Becta est centrée sur le site opensourceschools.org.uk, lancé fin 2008. Il a pour objectif de fournir des informations essentielles et des conseils aux professeurs pour une bonne utilisation des logiciels Open Source.

Cependant, le Becta émet quelques réserves.

« Nous voulons que les professeurs se rendent compte qu’ils peuvent, et doivent, considérer les logiciels Open Source comme une alternative solide », a déclaré Mr. Hughes.

« Les établissements doivent malgré tout bien se renseigner. Les mises en garde à l’égard de l’Open Source sont aussi nombreuses qu’à l’égard des logiciels propriétaires. »

Et que pensent les grosses entreprises informatiques des logiciels Open Source qui marchent sur leurs plate-bandes ?

Steve Beswick, le directeur de l’éducation pour Microsoft Royaume-Uni, a déclaré à la BBC que même si les logiciels Open Source peuvent, sur la valeur nominale, permettre des économies, il faut se méfier des coûts cachés, pécuniaires et autres.

« Beaucoup de monde est habitué à utiliser les outils Microsoft, et il faut donc re-former les gens à l’utilisation des solutions Open Source, ce qui peut avoir un coût élevé », affirme-t-il.

« Pour faire le bon choix, les établissements colaires et les universités doivent avoir toutes les informations en main. »

M. Beswick a prétendu que Microsoft n’est pas opposé à l’Open Source, et cite leur « engagement en faveur l’interopérabilité » démontré par le support du format Open Document Format dans le Service Pack 2 d’Office 2007.

Il a aussi mentionné le travail que Microsoft a réalisé en acquérant IIS, son logiciel de serveur phare, pour travailler avec le langage PHP.

Le ministre de l’Éducation, Jim Knight, s’est fait l’écho du point de vue de Becta. Dans une déclaration, il a annoncé : « Les établissements scolaires et les universités doivent maîtriser les tenants et les aboutissants du problème pour faire le bon choix – qu’il se porte vers l’Open Source ou le propriétaire –, et doivent être conscients du coût total de la solution adoptée, en n’oubliant pas le support à long terme et la formation. Je pense que c’est le rôle du Becta de travailler avec les fournisseurs de logiciels, aussi bien Open Source que propriétaires, afin que les écoles et universités puissent tirer au mieux parti des logiciels pour appuyer l’enseignement et l’apprentissage. »

Et du côté de la communauté Open Source alors ?

Gerry Gavigan, le président du consortium Open Source, a dit à la BBC que l’adoption des logiciels Open Source ne pouvait que passer par un changement des mentalités.

« Les coûts de la formation continue ne disparaissent pas simplement grâce au passage des logiciels propriétaires aux logiciels gratuits et Open Source. En revanche, les coûts associés aux formations induites par les mises à niveau encouragées ou forcées par une tierce partie ne sont plus d’actualité », a-t-il indiqué.

On parle aussi fréquemment du problème du verrouillage technologique, une des explications principales, pour les défenseurs de l’Open Source, à la domination prolongée de Windows.

« L’un des paramètres qui n’est pas toujours pris en compte dans le calcul des contrats d’achat de logiciels sont les coûts à long terme résultant des licences ou du verrouillage technologique », a déclaré Mr. Gavigan.

Mr. Gavigan admet que la gratuité des logiciels Open Source leur a parfois nui.

« Annoncer que vous avez essayé de régler un problème en dépensant des sommes faramineuses a plus d’impact sur votre public que de dire que vous avez utilisé une solution gratuite. D’après une croyance malheureuse, si ça ne coûte rien, ça ne vaut rien », a-t-il déploré.

Le monde connecté

Quoiqu’il en soit, certaines écoles se mettent aux logiciels Open Source. Le lycée Highworth, à Ashford, propose à la fois des logiciels propriétaires et des logiciels Open Source à ses étudiants.

L’administrateur réseau de l’école, Marc Blake, a confié que bien qu’il soit important que les élèves connaissent des alternatives à Windows, il convient de reconnaître qu’ils vivent dans un monde dominé par Microsoft.

Mais il a annoncé à la BBC que d’importantes économies pourraient être réalisées en utilisant des alternatives Open Source.

« Nous proposons à la fois Office 2003 et OpenOffice, de sorte que les clients aient le choix. J’estime que 98% des clients choisissent Microsoft Office à la place d’OpenOffice, mais au moins ce choix existe », a précisé Mr. Blake.

« La seule mise à jour vers Office 2007 de toute l’école nous coûterait environ 27000£, mais ce montant n’inclut pas le coût de remise à niveau des utilisateurs ni les mises à jour des documents associés ou du matériel pédagogique. Acquérir l’équivalent de Moodle (logiciel libre d’e-apprentissage) pour nos 1200 étudiants nous aurait coûter plus de 3000£ par an. Pour ce prix-là on n’a pas le support professionnel, mais si on est prêt à faire ce sacrifice, c’est beaucoup d’argent économisé », a-t-il ajouté.

Avant d’adopter Linux, Mr. Blake s’inquiétait de la compatibilité de certaines des plus récentes technologies du Web. Ses inquiétudes se sont envolées puisque son établissement a maintenant plusieurs Asus EeePC fonctionnant sous Linux qui sont utilisés majoritairement pour les projets Web 2.0.

Cette année au BETT, un nombre non négligeable de logiciels pédagogiques ont fait le grand saut vers le Web 2.0 pour s’assurer une compatibilité avec toutes les plateformes.

L’utilisation de l’Open Source pourrait permettre aux écoles de réaliser d’importantes économies, mais cela implique un gros investissement en temps, en recherche et en formation. Mais allier logiciels commerciaux et logiciels Open Source, comme le fait le lycée Highworth, peut permettre une réduction des coûts tout en donnant le choix aux étudiants.

Voilà un bon point à faire figurer sur le bulletin scolaire des écoles.

Notes

[1] Crédit photo : Superbomba (Creative Commons By-Sa)




La douce musique de Maya Filipic

Independentman - CC byLe punk hardcore (de préférence californien), c’est pas mal mais c’est pas l’idéal si vous souhaitez tranquillement écouter un peu de musique tout en vous livrant à une activité intellectuelle intense, comme par exemple la rédaction de votre blog quotidien (quand bien même ce ne soit pas véritablement intense).

Dans ce cas précis, la délicatesse du piano de l’album Between two worlds de Maya Filipic (Creative Commons By-Nc-Nd) me convient mieux et je tenais à vous le faire partager[1].

Extrait 1 : « Stories from Emona I » (télécharger au format OGG)

Voici la traduction de la courte présentation de l’artiste sur Jamendo :

Née à Ljubljana, en Slovénie, Maya a toujours grandi auprès d’un piano. Lorsque à l’âge de 8 ans elle est entrée au conservatoire, elle savait déjà jouer du piano et du violon, mais s’est aperçue dès le début que le piano était pour elle le meilleur moyen de s’exprimer.

Elle s’est initiée à la composition au début de ses études, et a commencé très tôt à composer et interpréter ses propres mélodies. Mais ce qui l’intéresse le plus dans la musique reste l’improvisation.

Très vite, elle s’est rendu compte que l’enseignement académique ne répondait pas à ses attentes, et bien qu’ayant consacré deux tiers de sa vie à l’apprentissage du piano, elle a interrompu ses études à la faculté de musique au bout de deux ans. Elle aspirait à être plus qu’un pianiste jouant de façon machinale, formé pour finir enseignante dans un conservatoire pour le restant de ses jours, en appliquant le style que lui auraient inculqué ses professeurs. Cette perspective ne correspondait pas à sa façon de concevoir la musique.

Après une période passée à voyager de par le monde, à parfaire ses connaissances, à dévouvrir de nouveaux lieux et de nouvelles façons d’appréhender la vie, elle a commencé à intégrer ses expériences à sa musique. Dans son premier album, elle tente d’exprimer les sentiments que lui inspire de revenir sur le moment charnière où son ancienne façon de voir les choses à cédé la place à la nouvelle. D’où le titre, « Between two worlds ».

Extrait 2 : « Stories from Emona II » (télécharger au format OGG)

PS : Comme c’est de la Creative Commons et que c’est susceptible de bien se marier avec des images, on ne s’étonnera pas de commencer à la retrouver sur pas mal de vidéos YouTube dans le plus pur esprit de la Remix Culture chère à Larry Lessig.

Notes

[1] Crédit photo : Independentman (Creative Commons By)