La Clé du Routard

Abraao - VinceDeg - CC-by-nc-nd

La Framakey voyage bien.

Nous nous en étions rendus compte à l’occasion des Jeux Olympiques de Pékin. La voici qui se promène aujourd’hui à bicyclette dans toute l’Amérique Latine[1].

Au départ il y a ce message de argh0 posté le 6 octobre dernier sur les forums d’Ubuntu-fr et titré : 20 000 bornes (à peu près) à vélo… J’emmène un netbook ?

« Amis Ubunteros, votre avis m’intéresse…

Voilà, je pars mercredi soir, pour une dizaine de mois, parcourir l’amérique latine à vélo, ce qui fait, si mes calculs sont bons, dans les 20000 bornes. Bon. Normal quoi.

Je me tate quelque peu sur le matos informatique. Je pourrais ne pas en prendre, à l’ancienne. Et puis, le poids, c’est l’ennemi du cycliste.

Mais sinon j’envisage l’éventuelle possibilité de prendre un netbook. Comme ça, je pourrai taper directement mon journal de bord avant de le mettre sur mon blog et stocker/retoucher mes photos (reflex numérique). C’est pas pour internet, pasque bon les bornes wi-fi ça m’étonnerai que ça coure la pampa. L’eee PC 901 m’a pas trop l’air mal. Mais si vous avez d’autres idées je suis preneur. Peut-on vraiment écrire avec un clavier de netbook 8′ ? A l’essai, c’est infernal, mais peut-être s’y habitue-t-on…

Merci de vos réponses ! »

Comme la grouillante communauté Ubuntu-fr est toujours prête à conseiller et participer au débat (ce qui, soit dit en passant, n’est pas pour rien dans le succès de cette distribution GNU/Linux en francophonie), il s’en est suivi un certain nombre d’interventions pour presqu’autant de propositions.

La question méritait effectivement attention : est-il opportun d’emporter un ordinateur avec soi (fut-il mini) lorsque l’on s’apprête a effectuer une telle épopée à vélo ? Pas si sûr. Mais alors, comme nous le suggère kimented il peut être judicieux d’emporter avec soi une Framakey, toujours prompte à brièvement et gentiment squatter un poste Windows qui traîne.

Le temps passa sans plus de nouvelles de argh0 jusqu’à mercredi dernier :

« C’est parti, je suis au Brésil, j’ai déjà avalé mes 700 premiers kilomètres (trop facile).

Alors, j’ai suivi vos conseils, et j’me suis fait une chtite Framakey. Et c’est vraiment tip top, exactement ce qu’il me fallait, donc merci beaucoup pour le conseil ! Emmener un netbook aurait été une grosse connerie. Donc voilà, j’arrive dans un cyber, bam je balance mon Firefox portable avec tous mes raccourcis et mdp et je laisse aucune trace. Gimp Portable est génial, en plus assez léger (genre je fais tourner Gimp et Firefox en même temps avec 200Mo de RAM, pour dire). »

On ne va pas bouder notre plaisir de rendre ainsi service à l’autre bout du monde, d’autant que le mouvement habituel (voire « naturel ») va plutôt de Framasoft vers Ubuntu-fr et non l’inverse 😉

Bon, c’est bien beau l’auto-congratulation mais ceci n’empêche pas notre ami d’ajouter :

« Par contre c’est horrible de retourner sous Windows après un peu plus d’un an d’Ubuntu. »

Horrible certes mais bien moins que de rester chez soi dans la pollution urbaine à lire avec une pointe de jalousie non dissimulée les péripéties de ce beau voyage sur le blog dédié L’Amérique Latine rurale à vélo : une aventure trépidante et à pédales de VinceDeg !

PS : Nous sommes preneurs de tout témoignage autour de la Framakey, aussi bien en tant qu’utilisateur comme ici qu’en tant que développeur/intégrateur lorsque vous réutilisez nos briques pour l’adapter à vos besoins. C’est malheureusement presque toujours un peu par hasard que l’on apprend de telles initiatives alors même qu’elles sont importantes aussi bien pour mesurer la pertinence de notre travail que pour le moral des troupes 😉

Notes

[1] L’illustration, sous Creative Commons By-Nc-Nd, est elle-même issue du blog de VinceDeg.




Il faut lire Internet & Création de Philippe Aigrain

Law Keven - CC by-saLa loi Création et Internet (Hadopi) est aujourd’hui devant le Sénat. Alors que, faute à la crise économique, de nombreux autres projets de loi ont été sagement repoussés, celle qui nous concerne ici suivra la procédure d’urgence : le texte ne sera ainsi débattu qu’une fois, au lieu de deux, par chaque assemblée.

L’urgence ne s’imposait pas, sauf à vouloir que nos élus ne se penchent pas trop dans le détail sur ce projet de loi. Mais quitte à se placer coûte que coûte en situation d’urgence, alors il y a bien quelque chose à faire : lire le nouveau livre de Philippe Aigrain Internet & Création dont le sous-titre annonce un ouvrage qui va justement se risquer à lever le point d’interrogation : « Comment reconnaître les échanges hors marché sur internet en finançant et rémunérant la création ? ».

Parce que n’en déplaisent aux défenseurs radicaux de cette loi qui ont la caricature d’autant plus facile qu’ils sentent que leurs monopoles se fissurent, Philippe Aigrain n’est pas un « anarchiste numérique ». Au contraire, prolongeant son travail quotidien à la Quadrature du Net, il tente ici de réconcilier partisans et détracteurs en exposant clairement la situation et ses enjeux et en avançant des propositions concrètes et argumentées[1].

Extrait (p.12) :

« Avec ce rapport, nous tentons une gageure : parler à presque tous, installer un cadre commun qui ne suppose pas de se mettre d’accord sur tout pour explorer ensemble les voies du possible. Lecteurs, il vous faut cependant consentir à de petits efforts. Si vous êtes sincèrement convaincus qu’un individu qui met un fichier numérique représentant une œuvre à disposition des usagers d’un réseau pair à pair est un pirate (celui qui s’empare par la violence des biens d’autrui) et que les œuvres saignent lorsqu’on les partage, nous ne vous demandons pas d’abandonner ces croyances. Acceptez cependant de lire la prose de ceux qui ont une autre vision de ces activités. Considérez leurs propositions et le soin qu’elles mettent à préserver ce à quoi vous tenez : la reconnaissance et la récompense de ceux qui contribuent à la création ; l’organisation des filières qui permettent à certaines formes d’œuvres d’exister ; l’accès de tous à la culture. Si au contraire vous pensez qu’à l’âge d’internet, la gestion collective ne sert plus à rien et qu’il suffit de laisser faire les échanges universels pour que les ressources nécessaires aux activités créatives se répartissent mieux qu’aujourd’hui, nous ne vous demandons pas de changer d’avis.Mais lisez avec soin ce qui suit, et demandez-vous si les solutions qui y sont esquissées ne garantissent pas ce qui est pour vous l’essentiel : le développement des activités propres à internet, leurs libertés constitutives, la coopération de tous à la production d’un objet commun. »

Le détail des propositions mentionnées ci-dessus est donc contenu dans ce livre. C’est assez technique parfois mais sortir de l’anathème pour changer de paradigme ne s’improvise pas !

Oui la situation actuelle est intenable et non démocratique et il convient d’en faire son deuil. Oui un mécanisme de financement mutualisé (une « licence globale » revue et corrigée pour ceux qui se souviennent de la tout aussi contestée loi DADVSI) est souhaitable et permettrait non seulement de libérer les échanges hors marché entre individus mais également d’avoir un impact positif sur l’économie générale de la création.

En voici le plan tel qu’il apparait dans l’introduction (p. 5-6) :

« L’introduction rappelle le contexte des débats actuels. Elle défend la nécessité d’envisager ensemble la liberté de certains types d’échanges sur internet et la mise en place d’une nouvelle source de financement et de rémunération de la création. Le deuxième chapitre discute des échanges hors marché entre individus sur internet, montre l’intérêt qu’il y aurait à les reconnaître comme légitimes et propose de les délimiter précisément. Le troisième chapitre discute de l’état des mécanismes de financement et de rémunération de la création. Il souligne la crise qu’ils traversent et défend l’intérêt de les compléter par une redevance payée par les usagers d’internet. Le quatrième chapitre compare différentes formes de financements mutualisés pouvant être envisagées. Sur la base de cette comparaison, il défend l’intérêt d’un mécanisme de licence accordant des droits d’usage aux individus. Le cinquième chapitre analyse les différents cadres juridiques applicables, des licences collectives étendues aux licences légales. Il analyse chacun des mécanismes du point de vue de leur compatibilité avec les traités internationaux et le droit européen. Le sixième chapitre discute les paramètres fondamentaux du mécanisme (œuvres incluses dans le mécanisme, droits et obligations des usagers, montant de la redevance, relation avec d’autres dispositifs). Le septième chapitre répond à certains arguments qui ont été avancés contre la libération des échanges hors marché entre individus sur internet ou contre la mise en place d’un financement mutualisé. Le huitième chapitre discute de la répartition du produit de la redevance entre médias, entre fonctions pour chaque média et entre contributeurs. Le neuvième chapitre analyse les modes d’observation des usages permettant une répartition juste des ressources collectées. Enfin, la conclusion esquisse quelques pistes pouvant conduire à l’introduction du mécanisme proposé. »

Merci à Philippe Aigrain pour ce document qui tombe à point nommé et apporte beaucoup au débat. Merci également d’avoir choisi l’éditeur InLibroVeritas et opté pour une licence Creative Commons (la by-nc-nd) permettant la mise à disposition dans son intégralité du format numérique du livre. Mais comme pour le projet Framabook nous vous invitons à acheter le livre (pour la modique somme de 10 €) pour soutenir la démarche et faire en sorte que de plus en plus de ressources de qualité suivent ce modèle original de diffusion.

Lire ce livre vous donnera peut-être comme moi l’étrange impression de faire partie de ces pionniers qui, à tâtons, avancent lentement mais sûrement dans le sens de l’Histoire. Une Histoire qui, nous le savons bien, a connu son lot de rendez-vous manqués. Ne prenons pas plus de retard et saisissons ici tout de suite l’occasion d’être à l’heure 😉

PS : Joli coup de projecteur, on pourra également lire l’article Internet : du piratage au partage que Libération consacre ce même jour à ce même livre en ne cachant pas sa sympathie pour les propositions contenues dans l’ouvrage !

Notes

[1] Crédit photo : Law Keven|http://flickr.com/photos/66164549@N00/2487291985/] (Creative Commons By-Sa)




Sur la place des grands hommes du logiciel libre

À ces quelques noms, la communauté du logiciel libre reconnaissante !

Vous ne serez pas forcément d’accord avec le choix de l’auteur[1] mais nous sommes aussi là pour en discuter dans les commentaires 😉

PS : Le titre est un peu provocateur eu égard à un récent billet sur les femmes et le logiciel libre, d’autant qu’il y a bien une femme dans le lot. On pourra également remarquer qu’il n’y a pas beaucoup de non américains.

Copie d'écran - Free Software Magazine

Les héros du logiciel libre : de Stallman à Google, les figures emblématiques grâce à qui tout est devenu possible.

Free software heroes: from Stallman to Google, a list of inspiring individuals who made everything possible

Tony Mobily – 15/06/2008 – Free Software Magazine

Dans chaque domaine, on trouve un certain nombre d’acteurs majeurs qui ont consacré beaucoup de leur temps aux idées auxquelles ils croyaient. Tous nous rappellent qu’il revient à chacun d’entre nous de changer la donne et d’écrire l’histoire. Leur travail touche un grand nombre de personnes et peut avoir une influence extraordinaire sur notre façon de voir et de percevoir le monde.

Le monde du logiciel libre compte lui aussi ses héros. Vous connaissez déjà sans doute bon nombre d’entre eux; et si ce n’est pas le cas, il est fort probable que vous utilisiez tous les jours le fruit de leur travail.

Le but de cet article est à la fois de leur rendre hommage et d’offrir un résumé à ceux qui découvrent l’univers du logiciel libre.

Quelques figures emblématiques

Richard Stallman

Richard Stallman. Pour RMS, difficile de savoir par où commencer. C’est lui qui a initié le projet GNU, composante majeure du système d’exploitation GNU/Linux, en 1983 (vous lisez bien : mille neuf cent quatre-vingt trois !), et fondé la Free Software Foundation en 1985. C’est également lui qui a écrit le compilateur C GNU, oui, l’outil permettant de transformer le langage de programmation en code exécutable. Il consacre la majeure partie de son temps à l’action politique et à la promotion du logiciel libre. Pour avoir une idée de ce que dévouement veut dire, lisez son blog et consultez son agenda de voyages plus que surchargé.

Pamela Jones. Encore un bel exemple de dévouement : Pamela Jones est l’auteure de Groklaw, le site qui a sans doute sauvé GNU/Linux et le logiciel libre en général des griffes de SCO et de Microsoft. Pamela Jones est quelqu’un d’époustouflant : ces trois dernières années, elle a signé un millier d’articles, et une grande partie d’entre eux sont des papiers très fouillés qui ont eu un écho retentissant dans toute l’industrie des nouvelles technologies.

Linus Torvalds

Linus Torvalds. C’est lui qui a codé Linux, le noyau, sans lequel les applications GNU ne pourraient fonctionner. Le noyau de Linus, qui est arrivé à point nommé, a été distribué sous licence GPL (établie par Richard Stallman) en 1991. Linux est une composante essentielle du projet GNU/Linux.

Mark Shuttleworth

Mark Shuttleworth. C’est le fondateur de Canonical, la société qui a créé la distribution Ubuntu Linux. La version abrégée de la biographie de Shuttleworth est simple : il a gagné une fortune en vendant Thawte (qui fabriquait des certificats numériques) à VeriSign. Il a ensuite suivi le programme d’entraînement des cosmonautes Russes et est allé dans l’espace. À son retour, il a fondé Canonical afin de créer Ubuntu Linux, que l’on peut considérer comme la plus populaire et la plus innovante des distributions GNU/Linux destinées aux utilisateurs finaux.

Larry Page - Sergey Brin

Larry Page et Sergey Brin. Les créateurs de Google. Indépendamment de la grosse faute d’orthographe que cache ce mot (NdT : Le terme exact est googol, qui définit le nombre 10 suivi de cent zéros), vous en avez sans doute entendu parler : on tape quelques mots sur leur page Web, et l’on obtient comme par magie une liste pertinente de pages qui s’y rapportent… jetez-y donc un coup d’œil à l’occasion ! Bien que Google ne soit pas une entreprise qui se consacre au logiciel libre, et qu’une bonne partie de leurs logiciels soient au contraire sous licence propriétaire, ils ont néanmoins produit une quantité importante de logiciels libres et (plus important encore) contribué à la création de standards ouverts facilitant l’usage des logiciels libres (par exemple OpenSocial – en opposition à Facebook, ou Android – en opposition à l’iPhone et à Windows Mobile).

Matthew Szulik - Bob Young

Bob Young et Matthew Szulik. Bob Young est le fondateur de Red Hat, une des entreprises de logiciel libre connaissant le plus de succès. Sous la direction de Young, Red Hat s’est imposée comme la distribution GNU/Linux la plus implantée dans le domaine des serveurs. Les contributions de Red Hat au noyau Linux et au logiciel libre en général sont innombrables. Matthew Szulik a pris la succession de Young à la tête de Red Hat et a accru le succès de l’entreprise. Plus important encore, Szulik aurait eu un dîner célèbre (mais qui n’a jamais été avéré) avec Steve Ballmer, le PDG de Microsoft, qui aurait tenté de le convaincre de signer avec Microsoft un accord compromettant concernant les brevets. Szulik a refusé, même si un tel accord se serait révélé fort lucratif pour Red Hat. Le signer aurait causé un tort immense au monde du logiciel libre.

Jimmy Wales

Jimmy Wales. C’est le créateur d’un autre site dont vous avez dû entendre parler : Wikipédia. Inutile que je vous fournisse un lien : tapez ce qui vous passe par la tête dans Google (voir ci-dessus : c’est le moteur de recherche sympa dont je vous parlais un peu plus tôt), et il y a de fortes chances qu’une ou plusieurs pages de Wikipédia apparaissent dans les résultats… La technologie sur laquelle est basée Wikipédia est disponible sous une licence libre (GPL). C’est bien ça – la licence créée par Richard Stallman (voir plus haut). Même si Wikipédia en soi n’est pas un logiciel libre, c’était une des premières fois (voire la toute première) qu’on appliquait la philosophie du libre à un domaine ne relevant pas de la technique. Et depuis, son succès est énorme.

Lawrence Lessig

Lawrence Lessig. Il est à l’origine des licences Creative Commons, grâce auxquelles les artistes peuvent distribuer leurs œuvres sous des licences fonctionnant selon les principes du Libre.

Tim Berners Lee

Sir Tim Berners-Lee. L’inventeur du Wold Wide Web (NdT : L’Internet comme on le connaît aujourd’hui) Il a préféré mettre gratuitement ses spécifications (HTTP et HTML) à la disposition de tous plutôt que de demander à des entreprises et à des développeurs de se conformer à des accords inacceptables afin de respecter des termes soi-disant non-discriminatoires. Sans lui, l’Internet pourrait être aujourd’hui la chasse gardée de protocoles propriétaires de l’acabit de MSN ou AOL, et en proie au chaos. Et quand je dis chaos, je pèse mes mots.

Blake Ross

Blake Ross. C’est celui qui, alors qu’il était encore adolescent (en 2003), s’est rendu compte que le mouvement du Libre disparaissait du paysage des navigateurs parce qu’aucun navigateur libre et léger n’était disponible. Il a donc initié un fork de Mozilla et créé un autre logiciel dont vous avez sans doute entendu parler : Firefox. La suite, vous la connaissez. En fait, c’est une suite qui totalise 25% de parts de marché, résultat impressionnant sachant qu’il faut télécharger et installer volontairement sa copie de Firefox, contrairement à ce qui est livré directement avec Windows.

Dries Buytaert

Dries Buytaert. L’inventeur de Drupal, l’un des meilleurs CMS (Système de gestion de contenu) disponibles à l’heure actuelle. (Oui je sais, je ne suis pas objectif, puisque je suis un des développeurs de Drupal.) La plupart des internautes n’utilisent pas Drupal, mais nombreux sont ceux qui fréquentent des sites construits avec cet outil.

Keith Packard

Keith Packard. C’est l’instigateur du projet XOrg, un fork de XFree86. Grâce à lui, GNU/Linux possède aujourd’hui un sous-système graphique d’une qualité extraordinaire. Dans un entretien, qui date de 2003, Keith Packard explique en partie comment cet épisode s’est déroulé. À noter qu’au moment de l’entretien, rien n’était encore acquis, et XOrg n’était encore plus ou moins qu’une « idée ». À présent, c’est une réalité solide dans le monde du Libre.

Bram Cohen

Bram Cohen. Le petit génie de la mathématique qui a créé BitTorrent. À contre courant de la tendance générale, il a mis à disposition gratuitement les spécifications de son protocole. BitTorrent est depuis un outil crucial pour le logiciel libre, car il rend possible le téléchargement de distributions qui ne cessent de se développer. D’autres (cf : la RIAA) ne voient pas du même œil le potentiel de ce protocole.

Michael Tiemann

Michael Tiemann. Il a fondé Cygnus en 1989. Cygnus Solutions fut une des premières tentatives de « monétiser » le logiciel libre. Tiemann a aussi codé le compilateur C++ GNU et travaillé sur le compilateur et débogueur C GNU, deux logiciels d’une importance cruciale sans lequel le monde des nouvelles technologies ne serait pas le même.

Le monde s’ils n’avaient pas été là

À quoi ressemblerait le monde si ces personnages clé avaient préféré embrasser une carrière de plombier ? On pourrait avancer que si ça n’avait pas été eux, d’autres s’en seraient peut-être chargé. Mais dans le cas qui nous intéresse, c’est bien ce « peut-être » qui interpelle (soulevant la question plus théorique de la liste des « ça s’est joué à pas grand chose »).

Sans Pamela Jones, nombreux sont ceux (et j’en fais partie) qui pensent que le procès de SCO contre Linux aurait pu beaucoup plus mal se finir. Sans Stallman, le mouvement du Libre serait loin d’être aussi solide et organisé. Sans Shuttleworth, une distribution GNU/Linux propriétaire aurait pu prédominer sur le marché (ce qui était en train de se profiler, petit à petit, avec Linspire). Sans Larry Page et Sergey Brin, pas de Google. Pas de Summer of Code. Pas d’Android. Pas d’OpenSocial, la liste est longue comme le bras. Sans Bob Young et Matthew Szulik, pas de chef de file bien défini sur le marché des serveurs GNU/Linux, ou, pis encore, Red Hat aurait pu céder à la pression de Microsoft et signer un accord désastreux sur les brevets. Sans Jimmy Wales, pas de Wikipédia. Sans Lawrence Lessig, des milliers d’œuvres d’art ne seraient pas disponibles sur le World Wide Web. Et d’ailleurs, sans Sir Tim Berners-Lee, il n’y aurait même pas de World Wide Web. Sans Blake Ross, vous n’auriez sans doute pas d’autre choix que d’utiliser Internet Explorer pour aller sur Internet. Sans Dries Buytaert, Drupal n’existerait pas. Sans Keith Packard, nous serions coincés avec le XFree86 monolithique que nous connaissions avant, plus ou moins libre mais pas vraiment.

Sans eux, en gros, le monde serait aujourd’hui bien plus gris.

Faire partie du club, ça vous tente ?

À la lecture de cet article, vous voyez sans doute où je veux en venir : tous ces acteurs du Libre sont des gens brillants, dévoués et prêts à consacrer une grande part de leur vie à l’amélioration du monde dans lequel nous vivons.

Un des aspects formidables des logiciels libres, c’est qu’il s’agit d’un monde sans barrières. Peut y entrer qui veut. Votre nom pourrait bien figurer un jour dans cette liste. Pour y parvenir, il suffit de fournir une somme de travail phénoménale et de nourrir une immense passion pour le domaine, quel qu’il soit, auquel vous la consacrez.

Quant à moi, je ne figure pas dans cette liste, même si je crois en rêver depuis toujours. Je fais de mon mieux au sein de Free Software Magazine, et chaque fois que la lassitude ou le manque d’inspiration me saisissent, je pense à ceux qui ont rendu possible l’existence de cet univers, et m’efforce d’en faire autant, et aussi bien.

À notre niveau, nous n’apporterons pas forcément à l’édifice des pièces aussi majeures que celles de Sir Tim Berners-Lee, Richard Stallman ou Pamela Jones, mais rien ne nous empêche d’essayer.

Notes

[1] Traduction Don Rico sous l’œil avisé de Burbumpa et Olivier.




À imprimer en salle des profs et plus si affinité et volonté

Les logiciels libres, un enjeu pour l'éducation - Raphaël Neuville (N'autre École)

Raphaël Neuville, enseignant documentaliste, vient de publier dans la revue trimestrielle de la CNT éducation N’Autre École, un article intitulé « Les logiciels libres, un enjeu pour l’éducation » (sous licence GNU FDL et disponible en pdf ci-dessous).

Nous en faisons l’expérience tous les jours, il n’est jamais facile d’expliquer synthétiquement le logiciel libre à un public non averti. Sur quatre pages claires et bien présentées, la défi est tant est si bien relevé que nous suggérons aux collègues de l’imprimer pour l’afficher en salle des profs, de préférence le plus près possible de la machine à café.

Le papier contient de plus une initiative originale, celle de proposer un modèle de « motion » (à adapter comme bon vous semble) qui, votée en conseil d’administration serait un geste fort non seulement auprès de l’ensemble du personnel de l’établissement scolaire mais également auprès de l’administration et des collectivités locales prescriptrices de logiciels et de matériels informatiques.

La voici recopiée ci-dessous.

Les logiciels libres, un enjeu pour l'éducation - Raphaël Neuville (N'autre École)

Exemple de motion pour établissement scolaire

L’éducation aux TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’éducation) constitue aujourd’hui une mission à part entière des établissements scolaires.

Afin de mettre cet enseignement en conformité avec l’esprit de service public qui prévaut dans l’Éducation nationale, nous souhaitons inscrire le collège X dans une logique d’utilisation, de promotion et de développement des logiciels libres en application de l’accord cadre conclu entre le ministère de l’Éducation nationale et l’AFUL.

Un logiciel libre est « un logiciel dont la licence dite libre donne à chacun le droit d’utiliser, d’étudier, de modifier, d’améliorer, de dupliquer, et de donner ledit logiciel ».

Pourquoi utiliser en priorité ces logiciels libres ?

  • tout d’abord parce que leur diversité et leur qualité permet aujourd’hui de répondre à tous les besoins d’un établissement scolaire (navigateur internet, suite bureautique, traitement et retouche d’image, dessin, PAO…) ;
  • développés selon les principes de la coopération et de la recherche libre, dans une logique non-marchande, ils répondent aux exigences de neutralité commerciale du service public d’éducation telles que définies par le Code de l’Éducation (article L. 511-2) et la circulaire sur le Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire ;
  • conçus pour fonctionner avec le maximum de matériel, peu gourmands en ressources, ils sont une réponse aux difficultés de financement du parc informatique dans les écoles et peuvent prolonger la durée de vie des matériels utilisés ;
  • régulièrement mis à jour et perfectionnés, ces logiciels restent performants et en phase avec les dernières évolutions technologiques ;
  • fonctionnant selon des standards « ouverts », ils sont compatibles avec toutes les autres plate-formes, y compris propriétaires ;
  • accessibles à tous gratuitement, ils rendent possible une égalité d’accès aux technologies de l’information et de la communication, permettant aux élèves de retrouver chez eux un environnement utilisé en classe et contribuant ainsi à lutter contre la fracture numérique.

En conséquence, nous déclarons tout mettre en œuvre pour faire de l’utilisation et du développement des logiciels libres une priorité du collège.




Quand le Becta aide Microsoft à devenir un meilleur élève

Riot Jane - CC byQuand on se donne les moyens d’avoir une politique publique sérieuse, cohérente et indépendante en matière de technologies de l’information et de la communication pour l’éducation (TICE) alors on obtient des résultats.

La preuve par l’exemple en Angleterre avec le très crédible interlocuteur Becta (organe principal de conseil et stratégie TICE du gouvernement britannique) qui vient d’obtenir quelques avancées significatives de la part de Microsoft en particulier du côté de l’interopérabilité et des licences spécifiques à l’éducation.

Ces problèmes d’interopérabilité et de licences des logiciels Microsoft sont une évidence en milieu scolaire. Encore fallait-il le dire. Ce qui fut fait et bien fait l’année dernière par le Becta d’abord en déposant plainte auprès de conseil de la concurrence locale et ensuite en publiant son fameux rapport Microsoft Vista and Office 2007, actions qui ont justement poussé Microsoft à venir s’assoir aujourd’hui autour de la table.

Précisons que ce fameux rapport a été récemment traduit par nos soins mais le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas eu l’écho qu’il méritait chez nous. D’abord parce que Framasoft n’a clairement pas les épaules assez larges pour monter seul au créneau. Mais ensuite parce qu’en l’absence d’un Becta, ce n’est malheureusement pas l’école qui pousse Microsoft à s’adapter à ses besoins mais bien Microsoft qui continue à contraindre l’école française à s’adapter à ses produits et ses logiques économiques.

Précisons également que nous n’en sommes qu’au stade des déclarations d’intention et qu’en attendant les changements effectivement promis par Microsoft, le Becta préconise d’en rester aux édifiantes conclusions de son rapport, à savoir tout simplement de ne pas passer à Windows Vista et Microsoft Office 2007 en l’état actuel des choses.

Précisons enfin qu’il sera être d’autant plus facile de ne pas passer à MS Office 2007 que la suite bureautique libre OpenOffice.org est sur le point de sortir sa fort attendue version 3.

Vous trouverez ci-dessous une traduction du communiqué que le Becta a mis en ligne pour l’occasion[1].

Becta se réjouit de l’avancée importante des discussions avec Microsoft

Becta welcomes substantial progress in discussions with Microsoft

Communiqué du Becta – 16 septembre 2008 – becta.org
(Traduction Framalang : Yostral et Don Rico)

Becta s’est aujourd’hui réjoui de l’avancée importante des discussions avec Microsoft au sujet de la plainte de Becta auprès de Office of Fair Trading (OFT) (NdT : équivalent du Conseil de la concurrence) concernant l’interopérabilité et les accords d’exploitation de ses licences en milieu scolaire.

Becta travaille de concert avec Microsoft pour trouver des solutions aux différents problèmes concernant l’interopérabilité au sein de son produit Office 2007. Becta estime qu’une interopérabilité efficace est une composante importante de l’infrastructure technologique nécessaire à l’amélioration de l’éducation, qu’elle facilite les liens entre l’école et la maison, et répond au problème de la fracture numérique.

Microsoft a annoncé récemment son intention de fournir un support natif au format OpenDocument (ODF) dans Office 2007. Écoles et universités seront ainsi plus libres d’utiliser une gamme élargie de logiciels. Becta travaillera en collaboration avec Microsoft afin d’évaluer les améliorations apportées, et, en tant qu’acteur de ces recherches, fournira au secteur de l’éducation des conseils toujours d’actualité quant à leur développement.

Microsoft revoit également ses accords d’exploitation scolaire à la lumière de la nouvelle Stratégie d’Exploitation Technologique que Becta a publié récemment. Microsoft introduira un nouveau programme de licence pour les écoles, initialement comme pilote pour tous les établissements scolaires, dans à peu près six mois, parallèlement aux accords d’exploitation actuels. Becta continuera sa collaboration avec Microsoft pour garantir les bénéfices du nouveau programme et assurer sa mise en application effective.

Becta estime que l’engagement clair de Microsoft pour une réelle interopérabilité et l’introduction d’un programme pilote de licence est une excellente nouvelle pour les établissements scolaires.

Michel Van der Bel, vice président du département Secteur Public International de Microsoft, a déclaré :

« Nous comprenons que le problème de l’interopérabilité était un des facteurs clés à la base de la plainte déposée par Becta en octobre 2007 auprès de l’OFT. Il me tarde de poursuivre notre collaboration avec Becta pour garantir qu’avec la mise en place du support natif d’ODF dans Microsoft Office 2007 nous répondons aux exigences du secteur de l’éducation.

Nous revoyons nos accords d’exploitation scolaire à la lumière des développements dans la politique de l’éducation et des problèmes qu’a soulevé Becta. Nous présenterons de nouveaux accords d’exploitation conçus pour apporter la flexibilité exigée par la nouvelle Stratégie d’Exploitation Technologique. »

Stephen Crowne, Directeur Général de Becta, a commenté :

« Je salue l’annonce récente de Microsoft concernant le support natif de l’ODF dans Office 2007, et me réjouis des échanges très positifs que nous avons eu avec eux au sujet de leur engagement quant à sa mise en œuvre effective. Écoles et universités seront ainsi plus libres d’utiliser une gamme élargie de logiciels. Nous continuerons à travailler de concert avec Microsoft et le reste de l’industrie afin de maximiser les bénéfices de l’ICT (NdT : TIC) pour nos institutions scolaires.

Je me réjouis également de l’intention qu’a Microsoft d’introduire de nouveaux accords d’exploitation conçus pour donner plus de choix et de flexibilité aux établissements scolaires afin de répondre aux besoins de leurs élèves.

Ce sont des avancées très positives, qui répondent à nos préoccupations concernant les accords actuels.

La politique que Microsoft est en train d’adopter va dans le sens des grands objectifs que nous nous sommes fixés au travers de la nouvelle Stratégie d’Exploitation Technologique. »

La nouvelle direction prise par Microsoft concernant les licences : pourquoi est-ce important ?

Le Royaume-Uni va introduire un nouveau système de licences mis en place par Microsoft, qui abroge l’obligation pour les établissements scolaires ayant signé des accords de souscription de payer Microsoft afin d’acquérir des licences pour des systèmes utilisant des technologies concurrentes. Pour la première fois, les établissements ayant souscrit des accords de souscription de licence Microsoft pourront donc décider pour quelle part de leur parc informatique ils veulent acquérir des licences.

Quels bénéfices les établissements vont-ils en tirer ?

Les écoles ayant choisi le programme de licences pilote pourront décider de ne plus payer de frais de licences Microsoft pour leurs Macs ou leurs ordinateurs sous Linux sur lesquels ne tourne aucun logiciel Microsoft. Les ordinateurs fonctionnant avec des produits Open Source, tel que OpenOffice.org, ne seront également plus soumis aux frais de licences Microsoft. Point important, ces écoles pourront aussi refuser de payer une licence pour des produits tels que Vista sur des machines incapables de les faire fonctionner. Les établissements auront également désormais la possibilité d’acquérir des licences en fonction du nombre d’utilisateurs plutôt que sur le nombre de PC, ou bien une combinaison des deux.

Pourquoi un programme pilote ?

Le but de ce programme pilote est de mettre en place des dispositions qui donneront davantage de choix et de souplesse aux établissements scolaires pour répondre aux besoins de leurs étudiants. Le programme pilote donnera à Becta la possibilité de voir dans quelle mesure ces nouvelles dispositions apportent des solutions concrètes aux préoccupations que nous avons préalablement identifiées.

Quelles sont les répercussions pour les établissements, et que doivent-ils faire à présent ?

Dans l’immédiat, en attendant les modifications des accords d’exploitation de licences de Microsoft et la sortie de la nouvelle version d’Office 2007, nous conseillons aux établissements scolaires de s’assurer qu’ils possèdent les licences requises et renouvèlent leurs accords lorsque nécessaire. Ils devraient ensuite attendre les recommandations détaillées que leur fournira Becta lorsque le programme pilote de convention de Microsoft sera mis en place et que la sortie du Service Pack 2 d’Office 2007 sera imminente. Ces recommandations devraient être disponibles à la fin 2008.

Suite à ces changements d’accords de licence, les établissements paieront-ils moins cher leurs logiciels ?

Si Becta a pointé du doigt des problèmes liés aux licences, ce n’était pas dans le but d’obtenir une réduction des coûts, mais pour que les établissements ayant signé un accord de souscription puissent choisir pour quelle part de leur parc informatique ils souhaitent acquérir des licences. Cette démarche gagnant en souplesse grâce au programme pilote, les établissements devraient pouvoir optimiser le rapport entre services obtenus et budget investi. Les remises sur les achats en gros que Microsoft applique aux produits destinés au marché des établissements du Royaume-Uni sont régies par un Memorandum of Understanding (MoU) (NdT : Protocole d’accord) que Becta négocie à part.

Comment les établissements ayant signé des accords de souscription peuvent-ils réduire leurs frais ?

L’accord de souscription de Microsoft en vigueur à l’heure actuelle (Convention pour l’Education) n’est ni plus ni moins qu’une convention « tout ou rien », aussi les établissements se retrouvent-ils souvent à payer des produits Microsoft dont ils n’ont pas l’utilité. Grâce à la nouvelle convention, les établissements seront libres de choisir les systèmes sur lesquels tourneront des produits Microsoft, les produits pour lesquels ils souhaiteront acquérir une licence, et pourront ainsi éventuellement réduire leurs coûts.

Pourquoi « éventuellement » réduire leurs coûts – en toute logique, si j’achète moins, cela me coûte moins ?

Pas forcément. Dans sa convention pilote, Microsoft stipule que les tarifs pour une acquisition de licences à l’unité destinées à une partie du parc informatique d’un établissement seraient plus élevés d’environ 10% que ceux appliqués en cas d’acquisition de licences pour la totalité du parc. Si vous parvenez à moduler vos besoins en licences Microsoft de façon à les réduire de plus de 10%, vous économiserez de l’argent. Au-delà de ce pourcentage, plus vous les réduirez, plus vous économiserez chaque année.

Cette nouvelle licence de souscription « flexible » est-elle approuvée par Becta ?

Non. Becta n’approuve aucun produit vendu sous licence logicielle par un fournisseur. De notre point de vue cependant, ces nouveaux accords constituent une avancée positive en comparaison des modalités d’acquisition de licences ayant motivé la plainte que nous avons déposée en octobre 2007 auprès de l’Office of Fair Trading (OFT). L’OFT, en tant qu’autorité chargée de la réglementation de la concurrence, a été averti des modifications proposées, et livrera ses propres conclusions concernant ces questions. Pour l’heure, l’OFT n’a pris aucune décision concernant la plainte déposée par Becta.

Becta fournit-elle assistance et conseil aux établissements ne souhaitant pas utiliser de logiciels Microsoft ou refusant de « faire un mix des deux » ?

Oui, Becta indique la marche à suivre aux établissements, qui peuvent obtenir une large gamme de logiciels grâce à notre Software Licensing Framework (NdT. : Accord-cadre pour les licences logicielles). Un nouvel accord-cadre prévu spécialement pour l’éducation, établi en collaboration avec OGCbuying.solutions, remplacera notre accord-cadre actuel en octobre 2008. Nous fournissons aussi des conseils basés sur des recherches publiées au sujet des logiciels Open Source à l’école. Il est prévu que nous développions ce rôle de conseil, dans le cadre de notre participation au Schools Open Source Project (NdT : Projet pour les logiciels Open Source à l’école), qui vise à soutenir la communauté d’établissements utilisant ou envisageant d’utiliser des logiciels Open Source.

Au regard de ces changements, Becta déconseille-t-elle toujours aux établissements de passer à Vista et Office 2007 ?

Dans un rapport publié en janvier 2008, nous déconseillions le passage à Vista et Office 2007. Une des raison majeures à cela était l’absence de support natif du format de fichiers ODF dans Office 2007. Lorsque que le support natif de l’ODF sera disponible dans la suite bureautique de Microsoft, nous mettrons à jour nos recommandations concernant l’interopérabilité. En attendant, nos recommandations à ce sujet demeurent inchangées.

Avez-vous retiré votre plainte déposée auprès de l’OFT concernant les termes et les conditions d’acquisition de licences de la Convention pour l’éducation ?

Ces nouveaux accords sont à nos yeux une avancée très positive, et nous en avons fait part à l’OFT. Nous n’avons néanmoins pas retiré notre plainte. Nous estimons que sur le long terme, les intérêts des établissements scolaires et du marché des technologies de l’information et de la communication au sens large seront mieux servis par une régulation de l’OFT concernant les problèmes de licences importants que nous lui avons soumis. L’OFT nous a confirmé que l’étude de la plainte déposée par Becta en octobre 2007 était toujours en cours.

Qu’en est-il du traitement de la plainte par la Commission européenne ?

Suite à la plainte déposée par Becta auprès de l’OFT au sujet de l’interopérabilité, la Commission européenne (CE) a annoncé son intention de se pencher davantage sue les problèmes d’interopérabilité des produits Microsoft. Pour l’heure, l’OFT a reporté son examen des éléments de notre plainte relatifs à l’interopérabilité, et Becta a fourni ses éléments à charge à la CE, afin que celle-ci intègre au dosseir les problèmes d’interopérabilité que nous avons dénoncé. Nous avons informé la CE des récentes annonces de Microsoft concernant leur intention de remédier à ces problèmes d’interopérabilité avec les documents ODF dans MS Office 2007, mais c’est à la CE de décider de la marche à suivre.

Dans quelle mesure cette annonce affecte la Convention d’accord signée avec Microsoft en avril et qui doit courir jusqu’en décembre 2010 ?

Le Protocole d’accord concerne les remises sur les prix en gros pour les établissements scolaires et ne sera soumis à aucune modification.

La nouvelle convention porte exclusivement sur les établissements scolaires. Certains de ces changements auront-ils des répercussions sur les universités et d’autres institutions de l’enseignement supérieur ?

Les universités et les autres institutions d’enseignement supérieur bénéficient d’un accord de souscription de licences de Microsoft à part (portant le nom de « Convention Campus »), basé sur le nombre d’enseignants travaillant à temps plein dans l’institution. Microsoft continuera à proposer cette convention à cette catégorie d’utilisateurs. Concernant l’interopérabilité, universités et institutions d’enseignement supérieur devraient elles aussi bénéficier de l’amélioration de l’interopérabilité pour les documents que Microsoft s’est engagé à fournir dans Office 2007.

Notes

[1] Crédit photo : Riot Jane (Creative Commons By)




Edvige, Hadopi, Paquet Télécom… se non è vero, è ben trovato !

Dreammaker182 - CC by-saFichier Edvige, Loi Hadopi, Paquet Télécom… Il y a une sorte de mail viral qui circule en ce moment sur le réseau français, certains allant même jusqu’à se demander si l’association « Parents pour la Société de l’Information et de la Communication » (PSICO) existe réellement (les mêmes en gros qui acceptent les valises virtuelles bourrées de dollars issues du Nigéria).

Je le recopie ici parce que comme disent mes amis italiens : « se non è vero, è ben trovato ! »

Il ne manquait plus que l’interdiction du logiciel libre comme cancer de la nouvelle économie marchande (permettant qui plus est de contourner les protections et les surveillances) et nous avions la totale 😉

Ce qui m’offre l’occasion de rappeler au passage l’existence de la Quadrature du Net, véritable balise éclairante pour moi (pour nous ?) sur tous ces sujets parfois complexes et techniques mais fondamentaux pour l’avenir de nos sociétés numériques c’est-à-dire, qu’on le veuille ou non, de nos sociétés tout court ![1].

Lettre ouverte au Président de la République Nicolas Sarkozy

Un communiqué de l’association « Parents pour la Société de l’Information et de la Communication » (PSICO)

Nous nous permettons de nous adresser à vous à la veille de l’adoption par le Parlement de la loi dite « Paquet Telecom » pour soutenir votre politique de la manière la plus vigoureuse.

Etant parents de jeunes consommateurs, nous faisons comme vous le constat que l’Internet devient une zone de non-droit et qu’il convient d’y mettre de l’ordre. Tout doit être mis en oeuvre afin que nos enfants respectent les oeuvres protégées par le droit d’auteur et ne nuisent en aucun cas aux intérêts des artistes, des industries culturelles, des opérateurs de télécommunications et des investisseurs qui sont la source même du progrès économique de notre pays.

Aussi nous soutenons les mesures promulguées par le projet de loi :

1 – Mise en place par les industriels et les opérateurs de télécommunication d’une police privée dotée de moyens de surveillance du réseau adaptés à la menace qu’ils subissent.

2 – Généralisation sur tous les ordinateurs personnels des citoyens français de logiciels d’écoute permettant à cette police de vérifier à distance la légalité des usages.

3 – Encouragement de la diffusion de dispositifs anti-copie sur tous les produits numériques et pénalisation de auteurs de logiciels qui pourraient permettre de les contourner.

4 – Rappel à l’ordre des contrevenants par un courriel d’avertissement suivi de mesures graduelles de répression par les agents de l’Etat.

5 – Pénalisation des auteurs de logiciels permettant éventuellement l’échange non sécurisé d’oeuvres soumises au droit d’auteur.

En tant que parents responsables, nous avons décidé de nous mobiliser, non seulement pour montrer à nos enfants le bienfondé de ces mesures, mais aussi pour faire tout ce qui est en notre pouvoir pour favoriser leur pleine et entière application. C’est pourquoi, notre association entend :

1 – Mettre en place une permanence téléphonique pour conseiller et venir en aide aux parents d’enfants contrevenants.

2 – Editer des manuels en ligne permettant aux parents de vérifier le bon fonctionnement des mesures de protection et d’écoute sur les ordinateurs de leurs enfants.

3 – Mobiliser nos enfants pour qu’ils fassent connaître les faits délictueux de leur camarades à notre cellule de recoupement de l’information.

4 – Transmettre les cas constatés aux services de l’Etat, en particulier au service du fichier Edvige pour les enfants de plus de 13 ans.

5 – Effectuer une veille citoyenne et un suivi sur l’application de la loi afin que, dans le respect de l’Egalité républicaine, tous les contrevenants subissent effectivement les conséquences de leurs actes délictueux.

Ainsi, nous Parents, unis avec les industriels de la culture et les services de l’Etat, nous réussirons ramener l’ordre sur le réseau et à éduquer nos enfants dans le respect de la Création, de la Culture, du Commerce et du Droit. Ainsi nous aurons contribué à ce que la Technologie reprenne la place qu’elle n’aurait jamais du quitter, celle du contrôle de l’application de nos valeurs fondamentales !

Soyez certain, Monsieur le Président de la République de notre soutien entier et inconditionnel.

Pour l’Association des Parents pour la Société de l’Information et de la Communication (PSICO), son Président, Adolf Bit-Torride

Notes

[1] Crédit photo : Dreammaker182 (Creative Commons By)




Lessazo ou le rayon de soleil musical sous Licence Art Libre

Hamed Saber - CC byLe groupe Lessazo, c’est JosephK qui vient de me le faire découvrir et qu’il en soit ici chaleureusement remercié parce qu’il s’agit selon moi d’une véritable perle de la culture libre francophone.

Voici ce qu’on peut lire sur le site officiel : « Les oeuvres musicales proposées sont sous Licence Art Libre. Vous avez ainsi la liberté de copier, diffuser et transformer les œuvres sous conditions de garantir ces mêmes libertés. Cette licence permet d’appliquer les principes essentiels à la création artistique. » Comme dirait l’autre, c’est leur choix et on ne s’en plaindra pas 😉

Avec l’album « Soleil d’hiver »[1], vous voici en effet parti pour un beau voyage de plus de deux heures entre l’Afrique et le France. Un voyage qui… mais cessons séance tenante le bavardage et découvrons ensemble, par exemple la chanson « Ikaso (la maison tremble) »[2] :

Ou encore « Moussa » :

Les voici rapidement présentés dans ce reportage vidéo de Rue Léon TV :

—> La vidéo au format webm

Rendez-vous au prochain concert…

Notes

[1] Crédit photo : Hamed Saber (Creative Commons By)

[2] L’album « Soleil d’hiver » est en vente chez 12 BD Production (qui propose d’autres sélections musicales sous Licence Art Libre soit dit en passant).




Musique : Brad Sucks et Jamison Young

Grâce aux pionniers du logiciel libre, grâce aux errances de l’industrie du disque, grâce à des sites web comme Dogmazic, Jamendo, Magnatune ou Opsound, grâce à des licences comme l’Art Libre et les Creative Commons, et enfin et surtout grâce aux… artistes de plus en plus nombreux à participer à l’aventure, le mouvement pour une musique alternative en libre diffusion est désormais lancé et bien lancé.

La qualité, la diversité mais également un certain état d’esprit (perdu depuis les années soixante ?) sont en effet déjà au rendez-vous alors même que, à mon humble avis, nous n’en sommes encore qu’au début d’une sorte de nouveau paradigme musical.

Bien que je ne sois pas, loin de là, un spécialiste (et puis le goûts, les couleurs, tout ça…), je compte puiser de temsp en temps dans cette diversité pour vous présenter ma petite sélection subjective du moment. Avec, culture Framasoft oblige, le choix assumé de se restreindre aux licences qui ne proposent ni clause non commerciale (ND) ni clause non dérivable (ND), autrement dit uniquement des oeuvres approved for free cultural works.

Merci à ces artistes d’oser de telles licences qui nous permettent d’user de leurs œuvres avec un grand degré de liberté. Mais que ceci ne nous empêche surtout pas de communiquer avec eux, de leur dire tout le bien que l’on pense de leur travail, etc. et éventuellement de les soutenir d’une manière ou d’une autre pour entretenir le cercle vertueux.

Brad sucks

Brad Sucks est présent sur Wikipédia. Je ne sais si c’est un gage de qualité mais c’est la musique qui m’accompagne en ce moment sur mon iPod trafiqué sous Rockbox. On notera que son premier album était sous CC-By-Nc-Sa alors que le dernier Out of It est sous CC-By-Sa.

« A lot’s changed since I started putting music on the Internet way back in 2001. Artist-endorsed free downloads were shocking. Flexible pricing was still an untested novelty. It was rare to find source files from artists and sharing music wasn’t encouraged by new artists. Recently I was asked if I’d do anything different this time around and I honestly couldn’t imagine why I’d do things different. The only reason I, a dude who made an album by himself in a country basement, has had any sort of success is because people took it upon themselves to share my music with their friends. They remixed it, they used it in their videos, they played it on their podcasts, they included it in software and games and it took on a life of its own. » Brad Sucks – CC blog

Jamison Young

Jamison Young j’aime bien aussi (je suis très fort pour introduire les artistes je trouve !). Une de ces chansons, Memories Child, a été choisie pour être dans le film The X-Files: Regeneration, comme quoi on peut être sous Creative Commons et dans la B.O d’un blockbuster américain…

  • Jamison Young – site officiel
  • Jamison Young sur Dogmazic et Jamendo,
  • Interview de Jamison Young sur le blog des Creative Commons (en)
  • Vidéo : Crush de l’album Shifting Sands Of A Blue Car sous CC-By

« I licensed the songs from the album “Shifting Sands Of A Blue Car” under a Creative Commons Attribution license. When I look at the amount of self published art that is used commercially compared to published content and then look at how much quality self published content is available online, less restrictions for my music makes more sense for me. Also, a lot of home creators that use a song might want to use the content in conjunction with a services like youtube or myspace, and who can say if these services are a commercial or non-commercial from the user of the contents point of view. » Jamison Young – CC blog