Campagne Framapad Etherpad : Encore un petit effort, voire plus si affinités !

Framapad Ulule

Lancée le 11 juin dernier, notre campagne Framapad/Etherpad n’est plus très loin d’atteindre l’objectif fixé.

Nous en sommes ainsi à l’instant t à 85 % pour quelques 315 contributeurs (que l’on remercie à nouveau vivement pour leur adhésion et leur soutien au projet).

Cela a cependant tendance à ralentir ces derniers jours. Alors nous renouvelons notre appel à participation et relais de notre campagne. D’avance merci (si ça n’est déjà fait).

Comme il est dit dans la FAQ, si nous dépassons notre objectif de 10000€, nous créerons un fonds de soutien à Etherpad qui permettra de financer de futurs développements. La moitié de la somme supplémentaire reviendra à ce fonds, l’autre à Framasoft, qui rendra compte de son utilisation.

En plus du lien direct vers notre page de campagne sur Ulule, vous pouvez partager les deux vidéos suivantes :

Présentation télé de la campagne par Alexis Kauffmann (aKa) lors de l’émission 56Kast #30 de Nolife (avec Erwan Cario et Camille Gévaudan des Ecrans de Libération et Véronique Boukali de Romaine Lubrique).

Notre parodie de La Chute (oui, nous aussi) telle que promise par Luc Didry sur Twitter lorsque la jauge a atteint 50%.

Parodie Chute

Existe aussi avec des sous-titres en anglais.




Le guide « Autodéfense courriel » de la FSF traduit en français par l’April et Framasoft

Reset The Net

L’April et Framasoft ont le plaisir d’annoncer la mise en ligne de la version française du guide « Autodéfense courriel » de la Fondation pour le Logiciel Libre. Cette dernière vient en effet d’annoncer la mise en ligne de traductions de son guide « Email Self-Defense » dont la version française a été assurée par l’April et Framasoft[1]. Le guide est désormais disponible en 7 langues en attendant d’autres traductions.

L’objectif du guide est de montrer à tout le monde que dans un monde de surveillance généralisée le chiffrement des courriels est nécessaire et accessible. Comme le disait récemment Edward Snowden « adopter le chiffrement est la première mesure efficace que tout le monde peut prendre pour mettre fin à la surveillance de masse ».

Le guide de la Fondation pour le Logiciel Libre est disponible en :

Outre le guide, une infographie est également disponible.

« Les traductions de ce guide le rendent accessible aux lecteurs non-anglophones. Cet effort a été possible par la mobilisation de bénévoles de l’April et de Framasoft pour la version française, nous les remercions chaleureusement » a déclaré Frédéric Couchet, délégué général de l’April.

-> Le guide « Autodéfense courriel »

L’image en illustration est sous licence CC-By et nous vient de Journalism++.

Notes

[1] Les personnes qui ont participé à la traduction sont Diab, Asta, rigelk, marc, simon, Guillaume/gyom, Régis Desroziers (r0u), Christian, Seb, Pierrick, goofy, Thérèse.




Free Software, Free Society : la conférence TEDx de Richard Stallman avec slides !

Dans le billet présentant « La route est longue mais la voie est libre », ma propre conférence TEDx à Genève en avril dernier, j’avais évoqué la présence (intimidante) de Richard Stallman qui intervenait lui aussi ce jour-là.

Outre le fait que c’était sa première conférence TED, l’originalité venait aussi du fait que c’était la toute première fois qu’il utilisait des diapositives. Et certaines sont particulièrement signifiantes et savoureuses 😉

Pour réaliser les slides, les organisateurs avait mis la veille à sa disposition deux étudiants graphistes (à gauche sur mon horrible selfie). Bravo pour leur patience et leur courage, parce que Stallman fut, as usual, particulièrement pointilleux ce jour-là 😉

Alexis Kauffmann - Selfie - Richard Stallman

Appel à participation : La conférence est donc en anglais. Nous invitons les lecteurs à la transcrire sur un pad. Ensuite nous la traduirons et la soumettrons à Stallman pour approbation avant sous-titrage officiel (car tout écrit de Stallman est sous licence CC By-Nd). Merci

Alexis Kauffmann (aKa)




Éolienne urbaine sous licence libre, par Aeroseed

Aeroseed - Ulule

Lors de l’événement Vosges Opération Libre, nous avons eu le plaisir de rencontrer Théophile, du bureau d’étude vosgien Aeroseed, qui a récemment développé les plans d’une micro-éolienne libre présentée à cette occasion à Gérardmer.

Convaincu par le modèle open source de l’innovation, Aeroseed a décidé de proposer un financement participatif pour la construction de son éolienne urbaine, via la plateforme Ulule.

Il est assez rare de voir de jeunes ingénieurs prometteurs se lancer dans ce type de modèle de co-financement pour leurs projets, et particulièrement dans un secteur aussi compétitif que l’énergie renouvelable. Mais passer par une plateforme de financement participatif a un double avantage : d’abord, il s’agit de lever des fonds en toute transparence pour des projets avec un fort impact social, ensuite le fait de réussir une telle levée de fonds, en mobilisant l’attention du public, permet aussi de valider l’intérêt social du projet. Le pari est déjà en partie gagné puisque depuis peu de jours, ce projet d’éolienne en est à 124% de l’objectif initial. Mais en réalité, c’est parce qu’une seconde étape est visée, encore plus ambitieuse : normaliser l’éolienne et même produire des kits.

Pour en savoir plus, nous avons interviewé Théophile…

Aeroseed - Logo

Christophe Masutti (Framasoft) : Bonjour Théophile. Alors, AeroSeeD, c’est qui ? c’est quoi ?

Théophile Bresson : AeroSeeD, c’est un bureau d’étude industriel spécialisé en simulation numérique (fluide, thermique et résistance des matériaux). Il a été créé grâce à la volonté de monsieur Vincent Mauvady d’industrialiser la micro-éolienne que j’ai inventée il y a 7 ans.

AeroSeeD à donc deux activités parallèles :

  1. Un service de recherche et développement au service des entreprises régionales, nationales et internationales ;
  2. Un projet de micro-éolienne à axe vertical à voilure tournante sous licence libre.

Peux-tu présenter le projet de micro-éolienne en quelques mots ?

Ce projet de micro-éolienne est le fruit d’une succession d’étapes étalées dans le temps :

  • 2007 : l’idée a germé suite à une discussion entre amis.
  • de 2007 à 2010 : début des calculs de recherche et d’optimisation pour caractériser les performances de l’éolienne.
  • mi-2010 : étude de marché et création de la société AeroSeeD pour porter ce projet jusqu’à son industrialisation
  • de 2010 à 2012 : demande de subvention auprès des différents organisme publics (rencontre avec l’ancien vice-président du Conseil Régional, Agence de Mobilisation Économique du Conseil régional, CCI, pôle de compétitivité, divers services du Conseil Régional, ISEETECH…) pour un partage des risques sur la validation de l’éolienne grâce à un prototype.
  • 2012 : La grande désillusion ; Lorraine terre d’innovation mon œil ! Les personnes étaient toutes très enthousiastes, mais nous n’avons au final pas reçu 1 € (euro) d’aide. Il faut savoir que rien que le dépôt de brevet en France nous aurait couté 10 000€, une protection européenne 50 000€ et une protection monde est de l’ordre de 200 000 à 500 000 €.
  • mi-2012 : discussion avec David Vantyghem (association GOALL) à propos des licences libres. Changement de stratégie, abandon du brevet et choix de la licence libre.
  • 2013-2014 : tels des aventuriers, nous avons eu à défricher le terrain de la licence libre dans le domaine de l’open hardware pur !
  • de 2010 à 2014 : développement du prototype grâce aux outils du bureau d’étude (CAO, outils de calcul par éléments finis)
  • début 2014 : fabrication du prototype mécanique ; jusque-là, AeroSeeD a dû tout financer en fonds propre grâce à son activité de bureau d’étude.
  • Enfin, arrive mi-2014 à nous avons décidé de lancer un appel à don pour :
    • 1ere étape : nous aider à financer la partie automatisme et mise sur mât du prototype
    • 2ème étape (20 000 €) : nous permettre d’envisager la conception d’un kit aux normes pour le proposer aux écoles, hackerspaces et autre bidouilleurs sans oublier les pays émergents.

Peux-tu en dire plus à propos de l’impact économique et l’intérêt pour les populations ?

L’éolienne AeroSeeD vient combler un vide technologique de la production d’énergie à partir du vent dans les zones urbaines.

Elle a été conçue et optimisée pour que son rendement soit le maximum possible en présence de vent tournant. Situation dans laquelle les éoliennes actuelles, quelles qu’elles soient, ne produisent pas ou avec des rendements très médiocres.

Notre éolienne n’est par contre pas concurrente des micro-éoliennes à axe horizontal dans les milieux très bien dégagés comme les grandes plaines ou les zones côtières. En effet les éoliennes conventionnelles (axe horizontal) sont alors parfaitement capables de produire efficacement.

Finalement, pourquoi avez-vous décidé de placer votre projet en Open source / libre ?

La réponse est multiple :

  • impossibilité de trouver des financements ne serait-ce que pour le dépôt de brevet.
  • impossibilité pour une petite structure d’envisager la défense de ce brevet face à des entreprises internationales (américaines, japonaises, chinoises…)
  • La possibilité de pouvoir relocaliser l’emploi en France grâce à l’ouverture de l’idée. Exemple : une petite entreprise X de Lorraine qui n’aurait pas pu produire et vendre ce type d’éolienne si nous avions déposé un brevet, se voit maintenant dans la possibilité de le faire.
  • La capacité de ne plus envisager un concurrent comme une entité à abattre mais plutôt comme un partenaire. En effet, il peut être à l’autre bout de la France ou du monde et participe donc à l’augmentation du marché en faisant connaître ce produit. Il peut être proche de chez nous et développer une activité connexe de service (type éolienne communicante) que nous proposons directement à nos clients (via une commission). L’entreprise peut même être dans la région messine et vendre la même éolienne, c’est alors une présence motivante et qui nous permet, par réaction, de faire évoluer le produit plus rapidement.

Quelle(s) licence(s) libre(s) comptez-vous utiliser et pourquoi ?

Les licences libres autorisent légalement et encouragent la copie, l’étude, la modification et la redistribution des logiciels et des modèles de conception (plan mécanique 2D et 3D, dessin, notice, schéma électronique…). Nous avons choisi des licences libres incluant une clause de Copyleft. Ces licences libres imposent aux contributeurs qui vont distribuer gratuitement ou vendre des produits dérivés de diffuser à leur tour leurs travaux sous les mêmes licences libres. Par exemple, les licences de la Free Software Foundation pour les logiciels, manuels, notices, documentations, articles, publications, dictionnaires, les licences TAPR et CERN pour la conception matérielle (dessin industriel, plan, schéma…), les licences Art Libre et Creative Commons Attribution – Partage dans les mêmes conditions pour les œuvres artistiques ou de divertissement (roman, dessin artistique, musique, effet sonore, vidéo, photographie, animation…).

La plupart de ces licences incluent aussi une clause de défense contre les entreprises qui utiliseraient des brevets pour attaquer notre antériorité, en leur interdisant toute commercialisation des produits dérivés.

Vous faites appel aujourd’hui à un financement sur Ulule : qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

Ce choix a été motivé par la cohérence de la licence libre avec l’appel à don, mais également par ce manque de financement auquel nous avons fait face. Cet appel à don a également eu pour effet de nous retourner une véritable étude du marché fiable et quantifiable. Nous avons eu un retour quantitatif de personnes non seulement suffisamment intéressées par notre projet pour faire un don, mais en plus qui souhaitent être tenues au courant de la date de sortie des kits car ils souhaitent en acheter.

Rétrospectivement, le financement participatif était pour nous le meilleur choix.

En avez-vous déjà parlé avec vos partenaires industriels habituels? Ils en pensent quoi ?

Nos partenaires industriels n’ont pas été mis au courant de manière systématique. On pourrait parler de discussion sélective avec des personnes intéressées qui sont accessoirement nos partenaires. Ils envisagent cette stratégie de la licence libre avec intérêt non sans appréhension. Il est vrai que ce mode d’action est radicalement différent du mode protectionnisme qui nous est proposé par le brevet, et qui nous est infusé pendant nos études.

Pour ma part il s’est agit d’un véritable reboot cérébral avec mise à jour du firmware… 😉

Sur le long terme, pensez-vous créer une communauté d’utilisateurs/contributeurs autour de ce projet d’éolienne ?

C’est exactement notre volonté depuis fin 2012

Existe-t-il d’autres projets open source hardware dans la Région Lorraine ? Pensez-vous faire un rapprochement ?

Il y a la FoldaRap, une imprimante 3D open source pliante qui est commercialisée à Folschviller, un projet de four verrier, un standard téléphonique avec un ERP et de la visioconférence, conçu et commercialisé par des Vosgiens.

Il y a aussi des projets uniquement logiciels comme par exemple un logiciel d’aide à la saisie au clavier développé au laboratoire LITA à Metz, le logiciel d’hébergement d’images Lutim.

Il existe certainement plein d’autres projets libres à détecter.

Avez-vous d’autres projets en stock ?

Oui, notamment dans le domaine de la production d’algues, mais pour l’instant nous souhaitons voir aboutir ce projet d’éolienne avant de tenter l’aventure du libre sur nos autres projets.

Merci et bonne chance !

-> Éolienne urbaine : Une source d’énergie renouvelable sous licence libre




Mes données dans un nuage ? — Oui mais le mien

Plutôt que de se résigner à l’usage de services en ligne n’offrant aucune garantie réelle de confidentialité, Frank Karlitschek a décidé de ne pas se contenter de prêcher la bonne parole mais de passer à l’acte en élaborant (avec d’autres) un projet qui remporte un succès grandissant : un logiciel libre et open source de stockage de données. En revenant sur l’historique du projet ownCloud, il nous rappelle au passage les clés de la réussite (ne perdons pas de vue la proportion importante de projets open source qui n’aboutissent jamais) : développement collaboratif du code ouvert, prenant appui sur des outils et choix techniques ayant déjà une large base de développeurs, flexibilité, compatibilité multi-plateforme…

Cet article donne quelques indications plus précises sur les technologies mises en œuvre qui peuvent laisser perplexe le lecteur non développeur, mais la démarche et la philosophie de l‘open source y apparaîtront pour tous avec clarté. L’enjeu, c’est de rendre à l’utilisateur le contrôle de ses données.

Au fait, Framasoft dispose depuis un an de son propre ownCloud [1], pourquoi pas vous ?

Pourquoi j’ai créé OwnCloud et l’ai rendu open source

par Frank Karlitschek, fondateur de ownCloud et mainteneur de l’architecture globale du projet.

Article original : Why I Built OwnCloud and Made It Open Source Traduction Framalang : Asta, r0u, KoS, Wan, Omegax, goofy, Diab

Il y a 4 ans, j’étais au CampKDE à San Diego, je donnais une conférence sur la protection des données, mettant en garde le public sur les risques pour leur vie privée auprès des fournisseurs de cloud – en particulier Dropbox. « — Eh bien fais-le toi-même », m’a-t-on dit. Bien sûr, j’avais déjà créé des choses dans le passé, alors bien sûr, j’ai dit que j’allais le faire. Et c’est là que j’ai commencé mon odyssée, en premier lieu pour me protéger moi-même, mes amis et mes collègues de l’espionnage des gouvernements et d’autres méchants, et plus tard – quand j’ai vu l’intérêt croître dans le monde – pour concevoir un projet concret et efficace.

je n’avais pas envie d’envoyer mes données à un service tiers pour qu’il les stocke on ne sait où

Évidemment, je devais décider d’un certain nombre de choses avant de commencer, notamment ce que je voulais que fasse le logiciel, quelle plateforme de développement utiliser, comment le structurer et bien sûr il fallait que je lui trouve un nom : ownCloud (NdT : littéralement, « le nuage qu’on possède »).

Mes amis et moi avions besoin d’un moyen de synchroniser nos images, nos documents et même nos vidéos en passant d’un appareil à l’autre (au lieu d’utiliser une clé USB), nous voulions aussi partager ces fichiers avec nos amis et nos proches. À l’époque, Dropbox devenait très populaire, mais je n’avais pas envie d’envoyer mes données à un service tiers pour qu’il les stocke on ne sait où. Je voulais créer une plateforme que mes amis puissent utiliser sur les espaces de stockage qu’ils avaient déjà, à la différence du cloud, pas seulement pour synchroniser et partager, mais aussi une plateforme assez flexible pour qu’on puisse y créer des applications.

Bien sûr ownCloud allait être open source.

Je faisais déjà partie de la communauté open source, mais ce n’est pas la seule raison. En faisant de l‘open source je concevais un code qui serait complètement transparent (et donc aurait peu de risques de comporter des « portes dérobées » pour entrer dans mes données). De plus je pouvais compter sur un grand nombre de personnes animées des mêmes convictions pour m’aider à créer ownCloud, je n’étais donc pas tout seul. Et je pouvais réutiliser les technologies d’autres projets. Comme SABREDAV, qui est le framework que nous utilisons pour la communication WebDAV du serveur (CalDAV, CardDAV et WebDAV sont tous utilisés par ownCloud), et nous utilisons aussi jQuery. Nous avons également utilisé csync pour les capacités de synchronisation bi-directionnelle du client de bureau et Qt pour l’interface utilisateur multi-plateforme. Je n’ai pas eu à réinventer la roue une fois de plus, je n’ai eu qu’à assembler ce qui existait déjà pour que tout fonctionne.

Mais comme je l’ai déjà dit, je savais ce que je voulais : ownCloud devait être plus qu’une « app ». Bien sûr, stocker les données d’une manière sûre et sécurisée est une chose importante. Mais en fin de compte, les gens veulent faire quelque chose de leurs données, alors j’ai voulu ajouter davantage de fonctionnalités à travers les applications ownCloud. Les applications sont des extensions qui peuvent implémenter des fonctionnalités telles que la détection de virus, la journalisation des accès et des changements de fichiers, le versionnage, le chiffrement, l’édition de fichiers et bien d’autres choses. Ce genre d’intégration du stockage de fichiers avec d’autres services est essentiel pour le développement futur.

Je voulais que mon projet soit flexible, de sorte que les gens puissent s’appuyer sur ownCloud (et beaucoup l’ont fait, avec une application type « Google News », un streamer de vidéos, un lecteur de musique, un calendrier – et plus encore) et que ownCloud puisse s’intégrer dans de nombreux environnements. Par exemple, n’importe quel client WebDAV devait pouvoir accéder à ownCloud dès le départ et le concept d’applications internes est là aussi depuis le début du projet.

Bien entendu, nous sommes plus avancés à présent — il y a des API de partage et d’administration, des API internes pour les applications utilisant OCS, il existe des bibliothèques pour mobile (que nous avons rendues open source) et qui permettent l’intégration à d’autres applications mobiles, une base de données clés-valeurs pour un usage général de stockage de données, de synchronisation, et davantage encore. Ensuite, il y a l’intégration de systèmes de stockage externe comme FTP, S3, SWIFT, CIFS, iRODS et beaucoup d’autres. Mais même à l’époque où nous avons commencé, les intentions étaient claires – construire quelque chose d’assez flexible pour que les gens puissent créer des solutions auxquelles nous n’avions pas pensé.

Et c’est justement ça, la puissance de l‘open source.

Nous (ma communauté grandissante et moi) avons évalué différentes options pour trouver la bonne technologie qui pourrait tourner sur chaque plateforme, du micro serveur jusqu’à des clusters de serveurs, qui aurait toutes les fonctionnalités et serait connue d’un grand nombre de développeurs. C’est pourquoi nous avons opté pour PHP et JS pour la partie serveur, C++ pour la synchronisation des Clients, Objective-C pour iOS et Java pour Android.

Il y avait plusieurs critères architecturaux à remplir dès le départ : multiplateforme, facilité d’extension, support des infrastructures, haute disponibilité basée sur les composants les plus largement utilisés. Donc, nous avons choisi PHP, pour cibler la pile « LAMP » (Linux / Apache / MySQL / PHP) qui est la plus répandue et éprouvée des plateformes permettant tout cela.

C’est également un projet open source et PHP est disponible gratuitement, facile à trouver, et multiplateforme (variantes Windows et Linux, IIS, Apache et autres serveurs Linux). Il bénéficie d’une communauté massive de développeurs dont beaucoup sont très expérimentés. Enfin, c’est un langage facilement accessible pour la communauté. Avec tout ça, c’était une évidence.

Franck Karlitschek le créateur de ownCloud

« L‘open source est la seule solution pour un stockage de données réellement sécurisé »

Comme j’ai commencé ce projet par une conférence sur la sécurité et la confidentialité, il était essentiel d’avoir la meilleure sécurité possible pour les API. J’ai choisi un chiffrement SSL fort pour toutes les API WebDAV et REST. L’authentification est faite via la méthode basique, qui est très simple et facile à gérer. On peut également utiliser SAML, fourni au travers de son implémentation Shibboleth. En complément OAuth et l’authentification à deux facteurs sont disponibles, et nous profitons même de la flexibilité de ownCloud pour intégrer un backend personnalisé, en utilisant des jetons à la place des mots de passe standards.

Je suis convaincu que le stockage de fichiers n’est pas seulement un service web ou une infrastructure informatique de plus. C’est là où les gens et les entreprises stockent et gèrent leurs données les plus importantes. C’est pourquoi il est essentiel de le rendre aussi sécurisé que possible. Avec un logiciel propriétaire, vous ne pouvez jamais être sûr qu’il n’y a pas une porte dérobée ou d’autres problèmes de sécurité. L’open source est la seule solution pour un stockage de données réellement sécurisé. Voilà ce que j’ai fait et pourquoi je l’ai fait. J’ai mis à ce travail toute ma passion pour l‘open source et il a aussi demandé beaucoup de soin !

Notes

[1] Tiens par exemple, vous voulez de quoi imprimer de chouettes posters qui expliquent ce qu’est le logiciel libre ? C’est par là




Un abécédaire libre et contributif par et pour les enfants

Nous saluons aujourd’hui une initiative exemplaire qui conjugue les démarches auxquelles nous sommes attachés : un projet éducatif à destination des enfants d’écoles primaires et de leurs enseignants, qui les fait participer et aboutir à un ouvrage qui sera utile à d’autres… car placé en licence libre ! Avec Éric que nous interviewons ici, une équipe de contributeurs petits et grands convaincus que la culture libre, c’est bien d’en parler, mais c’est encore mieux de la créer et de la diffuser !

Une Interview d’Eric Querelle aka Odysseus

Bonjour, Odysseus… qui se cache derrière ce pseudo homérique ?
Je suis professeur de néerlandais dans l’enseignement secondaire belge. Je griffonne à mes heures perdues, lorsque l’occasion se présente ou lorsque j’ai une idée. Au départ ce choix de pseudo n’était pas guidé par Homère mais par le vaisseau d’Ulysse… 31 dont j’étais un grand fan. Ce qui donne une idée approximative de mon âge 😉

Il me semble que tu n’en es pas à tes débuts dans l’illustration d’ouvrages libres à destination des plus jeunes, qu’est-ce qui t’intéresse dans ce genre de réalisations ?
En effet, depuis quelque temps j’écris et illustre en amateur de petites histoires pour enfants que je propose en téléchargement. Ainsi, 4 petites histoires sont déjà disponibles : Petit Vénusien raconte l’histoire d’un extra-terrestre qui a un besoin urgent, Bonne nuit Doudou Lapin, une histoire très très courte, Ne pleure pas Monsieur le Loup qui évoque la phobie des ongles coupés et Super Héros, une histoire déclinée en deux versions qui aborde le thème du cauchemar.

Pour le reste, je dessine au gré de mes envies et de mes idées ou propose d’autres bidules comme un petit jeu de dominos ou une lecture de 12 fables de La Fontaine, par exemple.

Ce goût des histoires et celui du dessin se combinent bien. La simple idée de savoir — et de voir — que ceux-ci sont utilisés, exploités de manière individuelle, en classe et sur AbulEdu est un très beau cadeau, une belle récompense.

De manière plus générale, l’école est pour moi le lieu le plus adéquat pour faire découvrir et assimiler ces notions de partage, de respect, de diffusion et de valorisation du bien commun.

Comment est né ce projet d’abécédaire ?
Ce projet est né sur Babytwit, une plateforme libre de microblogging proposée par l’association AbulEdu-fr à destination principale des écoles primaires. Jonathan Tessé mainteneur de la plateforme et animateur Tice dans la région dijonnaise a lancé l’idée et un groupe de personnes ultra-motivées s’est rapidement formé pour la concrétiser. Quatre mois après, nous y voilà ! 🙂

Lien direct en cliquant sur l’image de couverture – PDF 14,1 Mo

couverture abécédaire libre

Ce sont les enfants de diverses écoles qui t’ont envoyé des phrases cocasses pour chacune des lettres. Ça t’a compliqué la tâche ?
Oui, six groupes-classes ont participé à ce projet et leur implication a été maximale. L’idée que je me faisais au départ était celle d’un travail tranquille et je m’attendais à des phrases simples du genre « L’éléphant est près de l’étang ». C’était sans compter l’imagination débordante des enfants coachés par des professeurs gonflés à bloc qui ont pris un plaisir malin à me pousser dans mes derniers retranchements :

En faisant du xylophone, Baba Yaga et son yorkshire dévorent un yaourt au Xérès accompagné d’yeux de yéti et d’ailes de xylocope.

Un plaisir vite partagé et chaque nouvelle phrase était une vraie belle surprise !

E comme Elephant

J’ai eu également l’immense plaisir de rencontrer une classe (celle de Bordeaux). Ça a vraiment été un moment très intense : j’étais venu avec mes dessins déjà réalisés, beaucoup de questions ont été posées par les enfants (qui m’appelaient Odysseus car ils ne savaient rien d’autre que mon pseudo), des remarques adorables… et puis planait aussi ce sentiment inexplicable de rencontrer en chair et en os des personnes que l’on « connaît » uniquement virtuellement.

Concrètement, les 6 classes participantes se sont partagées les lettres de l’alphabet. Lorsque leurs phrases étaient prêtes, elles me les transmettaient via le groupe dédié #abécédaire. Les phrases étaient commentées. Il m’est très souvent arrivé de devoir faire des recherches (pour des mots comme : xylocope, Baba Yaga, urubu…). Je leur montrais le dessin ou un extrait de celui ci pour maintenir un certain suspense. J’avais des retours satisfaits ou quelquefois des remarques du genre « son nez est trop gros » ou « le bouc est trop petit », « son nez n’est pas assez crochu » ou encore « ta hyène on dirait un ours » :-D.

Bref un véritable suivi de la part des enfants. Dans toutes les classes, un travail de fond pédagogique a été réalisé quant au contenu (la recherche lexicale), la forme (ne pas dépasser 140 caractères)… et le fonctionnement du microblogging, ses codes. Cela a largement dépassé le simple cadre de l’alphabet.

La licence « art libre », c’est important pour toi ? Est-ce que ça signifie que toutes les écoles primaires peuvent se servir librement de cet abécédaire ?
Oui, et j’en ai pris conscience lors d’un événement précis : il y a quelques années j’ai posé sur mon blog de l’époque un dessin intitulé « Bulle spéculative » déjà sous licence Art Libre car j’avais découvert cet univers via Framasoft. J’ai reçu un mail d’un certain Antoine Moreau qui était à la recherche d’une bulle pour son texte de Paule et Paul qu’il publiait dans un petit livret sur l’Art. C’était la première fois qu’on me demandait l’autorisation d’utiliser un dessin. Quelques semaines plus tard, j’ai reçu dans ma boîte aux lettres ledit livret avec une partie de mon dessin (rien que la bulle). Je découvrais et vivais ce fameux : « Copyleft: cette œuvre est libre, vous pouvez la copier, la diffuser et la modifier selon les termes de la Licence Art Libre  ».

Aussi, je suppose (et espère) que quelqu’un qui copie, diffuse, modifie, utilise mes dessins l’apprécie et je considère donc cela comme une reconnaissance.

L’abécédaire est sous Licence ArtLibre 1,3 (LAL 1,3) Avec la Licence Art Libre, l’autorisation est donnée de copier, de diffuser et de transformer librement les œuvres dans le respect des droits de l’auteur. Loin d’ignorer ces droits, la Licence Art Libre les reconnaît et les protège.

Elle en reformule l’exercice en permettant à tout un chacun de faire un usage créatif des productions de l’esprit quels que soient leur genre et leur forme d’expression. Si, en règle générale, l’application du droit d’auteur conduit à restreindre l’accès aux œuvres de l’esprit, la Licence Art Libre, au contraire, le favorise.

L’intention est d’autoriser l’utilisation des ressources d’une œuvre ; créer de nouvelles conditions de création pour amplifier les possibilités de création. La Licence Art Libre permet d’avoir jouissance des œuvres tout en reconnaissant les droits et les responsabilités de chacun. La licence complète est à lire ici.

Cela signifie donc effectivement que les écoles primaires et toute personne intéressée par cet abécédaire peuvent le télécharger et l’imprimer librement. Je mets également toutes les sources à disposition (images brutes, .png, .svg, le document .odt et le .pdf) pour permettre à qui le souhaite de « jouer » avec les dessins, personnaliser l’abécédaire en supprimant les phrases pour une activité de classe par exemple ou en colorisant les images.

Une version en couleurs est prévue ?
Oui, au départ, nous étions partis pour une version colorisée. Mais impossible à réaliser en quatre mois de temps. Tenant absolument à donner aux enfants un résultat concret de leur travail avant la fin de l’année scolaire, nous avons laissé la colorisation de côté pour nous concentrer sur un produit fini en noir et blanc.

Dans l’idée de garder l’idée de travail collectif, j’ai donc lancé un appel à l’aide à la colorisation et quelques personnes se sont vaillamment lancées dans l’aventure. Cela avance bien, très bien même. Mais comme plus on est de fous plus on rit, cet appel reste tout à fait d’actualité.

Déjà un autre livre pour enfants en projet ?
J’ai quelques idées mais j’ai souvent besoin d’un certain temps pour les laisser percoler. Mais il m’arrive aussi d’avoir l’idée qui tombe de je-ne-sais-où.

Alors, un livre en projet, pour le moment non. Mais qui sait ? Peut-être demain…

Au fait, si des gens (une école, des particuliers…) veulent te remercier par un don financier ?
C’est une option que je n’envisageais pas car je ne propose évidemment pas mes histoires dans ce but et puis cela me rendait plutôt mal à l’aise.

Cependant, pour le faire moi-même aussi quelquefois pour d’autres projets, je peux comprendre que l’on souhaite ou préfère soutenir un projet financièrement . Alors si les gens tiennent vraiment à me remercier, me soutenir pour mes histoires de cette manière pourquoi pas ?

Merci Éric, et à bientôt !

Liens

Dans les coulisses de l’abécédaire

  • Phrases : Les phrases ont été généreusement imaginées par les élèves des classes :
    • Bibliosaigebib : Atelier informatique en bibliothèque, près de Bordeaux
    • maternelle gilly : Classe de GS de maternelle, Près de Dijon
    • les gribouilloux : Classe de MS GS de maternelle, près de Reims
    • cm1 curie : Classe de CM1, près de Bordeaux
    • brossocm : Classe de CM1 près de Nancy
    • cm1 teacher : Classe de CM1 à Pacé, près de Rennes
  • Dessins : Eric Querelle aka Odysseus
  • Polices de caractère : DejaVu Sans – Liberation Sans – Bromine Regular Font – Thickhead Regular Font



Geektionnerd : Crowdfunding Etherpad

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Vous pouvez retrouver :

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




La surveillance de la NSA révélée par Snowden : un an après, on récapitule ?

Faire le point sur un an de révélations que nous devons à Snowden permet de comprendre comment nous sommes passés peut-être définitivement dans l’ère de la défiance. Quand la machine ubiquiste de surveillance de masse nous considère tous comme des suspects potentiels, nous ne pouvons faire autrement que de soupçonner à priori le plus vertueux des opérateurs téléphoniques ou des fournisseurs d’accès à l’internet d’être bon gré mal gré un complice de la NSA et de lui remettre les clés de nos vies privées, de nos engagements politiques etc. sans même parler de l’espionnage des grands de ce monde .

Cette liste tire sa force accusatrice de sa sècheresse factuelle. Chaque élément y est toutefois documenté par un lien (en anglais en général) vers un article de presse en ligne.

65 choses sur la surveillance par la NSA que nous savons maintenant mais que nous ignorions il y a un an

Article original sur le site de l’Electronic Frontier Foundation

par Nadia Kayyali et Katitza Rodriguez

Traduction Framalang : hack, Diab, teromene, r0u, Thérèsegoofy, mrtino

Voilà un an que le journal The Guardian a publié pour la première fois le Foreign Intelligence Surveillance Court order, révélé par Edward Snowden, ex-sous-traitant de la NSA. Le document démontrait que la NSA avait mené des opération de surveillance généralisée sur des millions de personnes innocentes. Depuis lors, toute une vague de révélations choquantes, de divulgations, d’aveux partiels des autorités gouvernementales, d’appels aux lois qui garantissent la liberté de l’information, et de poursuites judiciaires, a déferlé sans interruption. Pour l’anniversaire de cette première révélation, voici 65 choses sur la surveillance par la NSA que nous savons maintenant mais que nous ignorions il y a un an.

1. Nous avons vu un exemple des décisions de justice qui autorisent la NSA à récolter potentiellement tout appel téléphonique aux USA – ce qui veut dire qui vous appelez, qui vous appelle, quand, pendant combien de temps et quelquefois même où.

2. Nous avons découvert les diaporamas en Powerpoint de la NSA qui détaillent comment est menée la récolte « en amont », par la collecte d’informations captées directement dans l’infrastructure des opérateurs de télécoms.

3. La NSA a conçu une vaste « drague du Web » en s’assurant qu’elle peut intercepter non seulement les communications d’une cible lorsqu’elle fait partie d’une communication mais aussi celles qui « concernent une cible, même si la personne ciblée ne participe pas à une communication ».

4. La NSA a confirmé qu’elle recherche des données collectées selon les clauses de la section 702 des amendements à la FISA (FISA Amendments Act) pour avoir accès sans mandat aux communications des citoyens des USA, grâce à ce que le sénateur Ron Wyden a appelé « le vide juridique de la recherche via porte dérobée ».

5. Même si la NSA a déclaré de façon répétée qu’elle ne ciblait pas les citoyens des États-Unis, ses propres documents montrent que les fouilles de données menées sous l’égide de la section 702 sont conçues pour déterminer avec un degré de confiance de 51% seulement si la cible est étrangère.

6. Si la NSA n’établit pas l’origine étrangère d’une cible, elle ne va pas arrêter d’espionner cette cible pour autant. Au lieu de ça, la NSA va présumer que la cible est étrangère tant qu’elle ne peut être « identifiée positivement comme une personne des États-Unis ».

7. Un audit interne de la NSA révélé par une fuite a donné les détails de 2776 violations de règles ou de décisions judiciaires en une seule année.

8. Les hackers de la NSA ciblent les administrateurs systèmes, indépendamment du fait que ces administrateurs systèmes peuvent eux-mêmes être totalement innocents de tout acte répréhensible…

9. La NSA et la CIA ont infiltré des communautés de jeu en ligne comme World of Warcraft et Second Life pour récolter des données et mener leur surveillance.

10. Le gouvernement a détruit des preuves dans des procès pour espionnage intentés par l’EFF contre la NSA. Comble de l’ironie, le gouvernement a également prétendu que les clients de l’EFF avaient besoin de ces preuves pour établir la recevabilité de leur plainte.

11. Le directeur du renseignement national, James Clapper, a menti au Congrès lorsqu’il a été interrogé directement par le sénateur Ron Wyden pour savoir si la NSA était en train de rassembler des données de quelque nature que ce soit sur des millions d’habitants des USA.

12. Microsoft, comme d’autres sociétés, a collaboré étroitement avec le FBI afin de permettre à la NSA de « contourner le chiffrement pour avoir accès aux données des utilisateurs ».

13. Pendant la seule année 2013, le budget du renseignement était de 52,6 milliards de dollars — ce chiffre a été révélé par la fuite d’un document, et non par le gouvernement. Sur ce budget, 10,8 milliards de dollars ont été attribués à la NSA. Cela équivaut approximativement à 167 dollars par personne résidant aux Etats-Unis.

14. La Cour fédérale de la surveillance et du renseignement (Foreign Intelligence Surveillance Court) a rendu des décisions qui autorisent la NSA à partager des données brutes — non expurgées des informations permettant d’identifier les personnes — avec le FBI, la CIA et le Centre national de lutte antiterroriste (National Counterterrorism Center).

15. Conformément à un protocole d’accord (memorandum of understanding), la NSA partage régulièrement des données brutes avec Israël sans en expurger les informations personnelles permettant d’identifier les citoyens des USA.

16. Les divulgations de Snowden ont montré clairement que l’administration Obama avait induit la Cour suprême en erreur à propos de questions clés dans le procès intenté par l’ACLU à la NSA pour espionnage, Clapper v. Amnesty International, ce qui a conduit à un renvoi de l’affaire pour manque de preuves.

17. La NSA « a pénétré le système de communication interne d’Al Jazeera ». Les documents de la NSA font état de ce que « les cibles sélectionnés avaient un “fort potentiel en tant que sources de renseignement” ».

18. La NSA a utilisé des cookies soi-disant anonymes de Google comme balises de surveillance, aidant ainsi à pister les utilisateurs individuels.

19. La NSA « intercepte “des millions d’images par jour” – dont environ 55 000 “images de qualité suffisante pour la reconnaissance faciale” » et les traite avec de puissants logiciels de reconnaissance faciale.

20. Le programme de reconnaissance faciale de la NSA « peut maintenant comparer les photos des satellites d’espionnage avec les photos personnelles interceptées prises en extérieur, pour déterminer leur localisation ».

21. Bien que la réforme de la NSA se soit essentiellement focalisée sur la Section 215 du PATRIOT Act, et que la plupart des magistrats aient également poussé à réformer la Section 702 du FISA Amendments Act, certains des pires espionnages de la NSA ont été effectués conformément au décret 12333, que le président Obama pourrait abroger ou modifier dès aujourd’hui.

22. La NSA a collecté les informations de localisation des téléphones mobiles des citoyens des USA durant deux ans sous couvert d’un projet pilote ayant pour but de voir comment pourraient être analysées de telles informations dans ses énormes bases de données.

23. Au cours du seul mois de mars 2013, la NSA a rassemblé 97 milliards de renseignements en provenance de réseaux informatiques du monde entier, dont 3 milliards de renseignements des réseaux propres aux USA.

24. La NSA a ciblé Tor, un ensemble d’outils qui permet aux internautes de naviguer sur le net de manière anonyme.

25. Le programme MUSCULAR de la NSA infiltre des liens entre les data centers mondiaux des sociétés technologiques comme Google et Yahoo. De nombreuses sociétés ont répondu à MUSCULAR en chiffrant le trafic sur leur réseau interne.

27. Le programme XKEYSCORE analyse les courriers électroniques, les conversations en ligne et l’historique de navigation de millions de personnes n’importe où dans le monde.

28. À travers BULLRUN, la NSA sabote les outils de chiffrement auxquels se fient les utilisateurs ordinaires, les entreprises et les institutions financières, cibles ou non, dans un effort sans précédent visant à affaiblir la sécurité des utilisateurs d’Internet, vous y compris.

28. L’opération Dishfire a collecté 200 millions de textos par jour à travers le globe, qui peuvent être utilisés pour extraire des informations intéressantes sur vous : localisation, contacts, données de carte de crédit, appels manqués, alertes d’itinérance (qui indiquent que vous franchissez une frontière), cartes de visite électroniques, informations sur vos paiements par carte, alertes aux voyageurs, et renseignements sur vos réunions.

29. À travers l’opération CO-TRAVELER, les États-Unis collectent des informations de localisation provenant de relais de téléphonie mobile GSM, d’émetteurs Wi-Fi et de concentrateurs GPS, qui sont ensuite analysées en fonction du temps pour déterminer entre autres avec qui une cible voyage.

30. Un mémo de 2004 intitulé DEA – The “Other” Warfighter (DEA – « l’autre » combattant) montre que la NSA et la DEA « profitent d’échanges réciproques d’information ».

31. Quand la DEA agit sur les renseignements que sa division « Opérations spéciales » reçoit de la NSA, ils cachent la source de l’information à travers une « construction parallèle », une mascarade recréant une enquête imaginaire destinée à cacher la source de l’indice, non seulement au défenseur, mais à la Cour. Il s’agit de faire en sorte qu’aucun tribunal ne rende de décision sur la légalité ou la finalité de l’usage qui sont faits des données de la NSA dans les enquêtes ordinaires.

32. Le produit de la surveillance de la NSA finit régulièrement entre les mains de l’IRS (NdT : le fisc des États-Unis). Tout comme la DEA, l’IRS utilise la « construction parallèle » pour dissimuler l’origine de l’indice.

33. Même le Conseil de surveillance de la vie privée et des libertés civiles (Privacy and Civil Liberties Oversight Board), dont les membres sont triés sur le volet par le président des États-Unis, a recommandé que le gouvernement fasse cesser la collecte massive des enregistrements téléphoniques autorisée par la section 215 [NdT : du PATRIOT Act], cette collecte étant inefficace, illégale, et probablement anticonstitutionnelle.

34. La NSA a des projets pour infecter potentiellement des millions d’ordinateurs en y implantant des malwares dans le cadre du programme Tailored Access Operations (opérations d’accès personnalisé).

35. La NSA a eu un contrat secret de 10 millions de dollars avec la société de sécurité RSA pour créer une « porte dérobée » dans ses produits de chiffrement, largement utilisés par les entreprises.

36. « Dans le cadre d’une proposition visant à salir la réputation de ceux dont l’agence pense que les discours incendiaires radicalisent les autres », la NSA a surveillé leurs accès aux contenus pornographiques et rassemblé d’autres informations d’ordre explicitement sexuel.

37. La NSA et ses partenaires exploitent les applications mobiles, comme le jeu populaire Angry Birds, pour accéder à des informations privées sur les utilisateurs comme la localisation, l’adresse personnelle, le genre, et plus encore.

38. Le Washington Post a révélé que la NSA récolte « des centaines de millions de carnets d’adresses provenant de comptes personnels de courriel ou de messagerie instantanée du monde entier, dont beaucoup sont des citoyens des USA ».

Beaucoup de révélations de Snowden ont concerné les activités de la NSA à l’étranger, ainsi que les activités de certains des plus proches alliés de la NSA, comme son homologue britannique le GCHQ. Certaines de ces activités ont été des entreprises coopératives. En particulier, les « Cinq Yeux » – les États-Unis, la Nouvelle Zélande, l’Australie, le Royaume-Uni et le Canada – se communiquent mutuellement les données concernant leurs citoyens, constituant ainsi des failles susceptibles de saper la législation nationale.

39. La NSA a versé à son homologue britannique, le GCHQ, 155 millions de dollars ces trois dernières années « pour sécuriser l’accès aux programmes de collecte du renseignement britannique et les influencer ».

40. The Guardian a rapporté ceci : « Sur une période de six mois en 2008, [le GCHQ] a collecté les l’images de webcam – y compris une quantité importante de communications explicitement sexuelles – de plus d’1,8 millions de comptes utilisateurs Yahoo à l’échelle mondiale. »

41. Le GCHQ a utilisé des logiciels malveillants pour compromettre des réseaux appartenant à l’entreprise belge de télécommunications Belgacom.

42. Les principales entreprises de télécommunications, y compris BT, Vodafone, et Verizon business ont fourni au GCHQ un accès illimité à leurs câbles de fibre optique.

43. Le GCHQ a utilisé des attaques DDoS et autres méthodes pour interrompre les communications des Anonymous et de LulzSec, y compris les communications de personnes qui n’étaient accusées d’aucun délit.

44. La station Bude du GCHQ a surveillé des dirigeants de l’Union européenne, de l’Allemagne et d’Israël. Elle a également ciblé des organisations non gouvernementales comme Médecins du monde.

45. Partenaires de la NSA aux antipodes, les services de l’Australian Signals Directorate, ont été impliqués dans des violations de communications entre avocat et client couvertes par le secret professionnel, remettant en question un principe fondamental de notre système de justice pénal commun.

46. Les agents du renseignement australien ont espionné les téléphones mobiles du cabinet ministériel indonésien et du président Susilo Bambang.

47. En 2008, l’Australie a offert de partager les données brutes concernant ses citoyens avec ses partenaires du renseignement.

48. Le CSEC a aidé la NSA à espionner les dirigeants politiques durant le sommet du G20 au Canada.

49. Le CSEC et le CSIS ont été récemment réprimandés par le juge d’une cour fédérale pour l’avoir induit en erreur dans une demande de réquisition faite il y a 5 ans, à propos de l’utilisation des ressources des Cinq Yeux pour pister les Canadiens à l’étranger.

Ironie du sort, certaines opérations de la NSA ont ciblé des pays qui avaient collaboré directement avec l’agence en d’autres circonstances. Et certaines semblaient simplement non indispensables et disproportionnées.

50. Les documents de la NSA montrent que tous les gouvernements ne sont pas transparents sur leur propre niveau de coopération avec la NSA. Comme le rapporte The Intercept : « Peu de dirigeants élus ont connaissance de cet espionnage, voire aucun ».

51. La NSA intercepte, enregistre et archive chaque communication de téléphone mobile des Bahamas.

52. La NSA a surveillé les communications téléphoniques d’au moins 35 chefs d’États.

53. La NSA a espionné des diplomates français à Washington et aux Nations Unies.

54. La NSA a piraté les réseaux de l’entreprise chinoise Huawei et volé les sources de son code.

55. La NSA a posé des mouchards dans les ambassades de l’Union européenne à New York et à Washington. Elle a copié des disques durs dans les bureaux de l’UE à New York, et a mis sur écoute le réseau informatique interne des ambassades de Washington.

56. La NSA a collecté les métadonnées de plus de 45 millions d’appels téléphoniques italiens sur une période de 30 jours. Elle a également entretenu des stations de surveillance à Rome et à Milan.

57. La NSA a stocké les données d’approximativement 500  millions de connexions des systèmes de communication allemands chaque mois.

58. La NSA a collecté les données de plus de 60 millions d’appels téléphoniques espagnols sur une période de 30 jours, fin 2012 et début 2013, et a espionné des membres du gouvernement espagnol.

59. La NSA a collecté les données de plus de 70 millions d’appels téléphoniques français sur une période de 30 jours, fin 2012 et début 2013.

60. The Hindu, sur la base de documents de la NSA, a rapporté que « Sur une liste exhaustive des pays espionnés par les programmes de la NSA, l’Inde est en cinquième place. »

61. La NSA a pénétré le compte officiel de courriel de l’ancien président mexicain Felipe Calderon.

62. D’après The Guardian : « La NSA a, pendant des années, systématiquement écouté le réseau des télécommunications brésiliennes et et a intercepté, collecté et stocké sans discrimination les courriels et enregistrements téléphoniques de millions de Brésiliens ».

63. La NSA a surveillé les courriels, les appels téléphoniques et les textos de la présidente brésilienne Dilma Rousseff et de ses plus proches collaborateurs.

64. Les agences du renseignement allemand ont coopéré avec la NSA et ont implémenté le programme de la NSA XKeyscore, tandis que la NSA était en train d’espionner les dirigeants allemands.

65. Le quotidien norvégien Dagbladet a rapporté que la NSA a acquis des données sur 33 millions d’appels de téléphones mobiles norvégiens sur une période de 30 jours.

Il ne fait aucun doute que les relations internationales qu’Obama s’était engagé à restaurer, de même que la confiance du peuple des États-Unis dans le respect de sa vie privée et de ses droits constitutionnels, ont été sapées par la surveillance tous azimuts de la NSA. Mais un an après, le gouvernement des USA aussi bien que les gouvernements d’autres pays n’ont pas pris les mesures nécessaires pour faire en sorte que cette surveillance cesse. C’est pourquoi chacun doit se mobiliser – contactez votre député, rejoignez Reset the Net, et apprenez comment la loi internationale s’applique à la surveillance états-unienne aujourd’hui.

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