Microsoft est mort (et le logiciel libre ne se sent pas très bien ?)

March of the Baby Turtles - Clearly Ambiguous - CC-BY

Encore une traduction (merci Olivier). Celle d’un récent article de Paul Graham au titre choc : Microsoft is dead.

Il nous a semblé intéressant d’abord parce que Paul Graham n’est pas n’importe qui dans le monde de l’informatique. Mais ensuite parce que son point de vue d’américain plongé dans les startups à la sauce web 2.0 tranche singulièrement avec celui d’un européen plongé dans le logiciel libre, comme… moi par exemple ! (sauf à s’appeler Loïc Le Meur ou Tariq Krim mais là n’est pas la question).

Graham propose quatre grandes causes à la mort du géant : Google, Ajax et le Javascript, le haut-débit et Apple. Et d’expliquer en gros que comme les applications de bureau vont toutes finir par migrer sur le web alors on n’aura plus trop besoin de se soucier de son ordinateur du moment qu’il nous fait accéder avec confort à internet. L’exemple emblématique et annonciateur serait alors de consulter ses messages sur Gmail depuis son joli laptop Apple en wi-fi grande vitesse (ce que de nombreux geeks font déjà, j’en ai vu, j’ai les noms !).

Ce qui est notable ici c’est que non seulement le logiciel libre n’est pas cité (ou alors vraiment à la marge), alors que nous sommes (étions ?) nombreux à penser depuis longtemps qu’il est l’un des premiers pour ne pas dire le premier facteur de la chute annoncée du colosse, mais qu’en plus les arguments avancés par Graham font que cela peut également changer la donne pour le logiciel libre lui-même.

En effet force est de constater qu’il est très peu présent dans ce monde encore balbutiant mais en pleine effervescence des applications de bureau taggés web 2.0 accessibles depuis internet. Mais alors, en admettant que la thèse de Graham soit valide, le logiciel libre serait-il lui aussi menacé par cette évolution ? Parce que si il est vrai que l’on arrive à faire des OpenOffice.org en lieu et place de MS Office (et des… GNU/Linux en lieu et place de Windows !), créer un "Gmail libre" me semble hors de portée de la communauté. Poussons le raisonnement jusqu’au bout pour toucher les rives de la science-fiction, entouré de technologies web 2.0 propriétaires finira-t-il par ne rester qu’un Firefox comme logiciel libre phare de nos usages ?

Nous n’en sommes pas encore là. Et à affirmer effectivement que Microsoft soit déjà mort, le macstartupien Paul Graham n’est peut-être pas l’inspecteur idéal pour en désigner seul les coupables[1].

Microsoft is dead - Screenshot

Microsoft is dead

Paul Graham – Avril 2007

Il y a quelques jours j’ai soudainement pris conscience que Microsoft était mort. Je parlais avec un jeune créateur d’une startup de la différence entre Google et Yahoo. Je disais que Yahoo a été empêtré dès sa naissance dans sa peur de Microsoft. C’est la raison pour laquelle ils se sont définis comme une compagnie de média et non une compagnie de technologie. Alors j’ai regardé son expression et j’ai vu qu’il n’avait pas compris. C’est comme si je lui avais dit à quel point les filles aimaient Barry Manilow[2] au milieu des années 80. Barry qui ?

Microsoft ? Il n’a rien dit, mais je pouvais lire que ça lui paraissait invraisemblable que quelqu’un soit encore effrayé par eux.

Microsoft projette son ombre sur le monde du logiciel depuis près de 20 ans, depuis la fin des années 80. Je me souviens qu’avant eux c’était IBM. En pratique j’ai ignoré cette ombre. Je n’ai jamais utilisé de logiciels Microsoft, donc cela ne me touchait qu’indirectement, par exemple dans les spams que je recevais. Et parce que je n’y faisais pas attention je n’ai pas remarqué que cette ombre avait disparue.

Mais elle est partie maintenant, je peux le sentir. Plus personne n’a peur de Microsoft désormais. Ils font toujours beaucoup d’argent, tout comme IBM d’ailleurs. Mais ils ne sont pas dangereux.

Quand est ce que Microsoft est mort et de quoi ? Je sais qu’ils semblaient dangereux jusqu’en 2001 parce que j’avais écrit un article alors sur le fait qu’ils étaient moins dangereux qu’il n’y semblait. Je dirais qu’ils sont mort en 2005. Je sais que lorsque nous avons lancé Y Combinator[3] nous ne nous sommes pas inquiétés de la concurrence de Microsoft quand nous avons fondé les startups. En fait, nous ne les avons même pas invités aux journées de présentation que nous avons organisées pour présenter les startups aux investisseurs. Nous avons invité Yahoo et Google et d’autres entreprises d’internet, mais nous n’avons jamais pris la peine d’inviter Microsoft, pas plus qu’ils n’ont pris la peine de nous envoyer un email. Ils font partie d’un monde différent.

Qu’est ce qui les a tués ? Quatre choses je pense, qui se sont produites en même temps au milieu des années 2000.

La raison la plus évidente est Google. Il ne peut y avoir qu’un seul géant et c’est clairement eux. Google est de loin l’entreprise la plus dangereuse, à la fois dans le bon et le mauvais sens du terme. Microsoft peut au mieux boiter pour essayer de les suivre.

Quand est-ce que Google a pris la tête? Certains diront que c’était en août 2004 lors de leur IPO[4] mais ils ne menaient pas encore la danse à cette époque. Je dirais qu’ils ont pris les commandes en 2005. Gmail leur a donné un avantage décisif. Gmail montrait qu’ils pouvaient faire plus que de la recherche.

Gmail montrait aussi l’étendue des possibilités de ce que vous pouviez réaliser avec un logiciel web si vous tiriez partie de ce qui sera plus tard appelé "Ajax". Et c’est là la deuxième cause de la mort de Microsoft : tout un chacun peut voir que l’informatique de bureau touche à sa fin. Il semble maintenant inévitable que les applications trouveront leur place sur le web, pas les emails uniquement, mais tout, jusqu’à Photoshop. Même Microsoft s’en rend compte maintenant.

Ironiquement, Microsoft sans le vouloir a aidé à la création d’Ajax. Le x de Ajax vient d’objet XMLHttpRequest, qui permet au navigateur de communiquer avec le serveur en fond de tâche tout en affichant une page. (Au départ la seule manière de communiquer avec le serveur était de lui demander une nouvelle page.) Le XMLHttpRequest a été créé par Microsoft à la fin des années 90 parce qu’ils en avaient besoin pour Outlook. Ce qu’ils n’ont pas réalisé alors est que ça s’avérerait utile à beaucoup de gens, en fait tous ceux qui voudraient faire tourner des applications web comme des applications de bureau.

L’autre élément crucial de Ajax est le Javascript, le langage de programmation qui tourne dans le navigateur. Microsoft a vu le danger que représentait le Javascript et a essayé de le maintenir caduque aussi longtemps qu’ils le pouvaient[5]. Mais finalement le monde de l’open source l’a emporté en créant des librairies Javascript qui ont poussé sur les défauts d’Explorer comme un arbre sur du fil barbelé.

La troisième cause de la mort de Microsoft a été l’accès à Internet à haut-débit. N’importe qui le désirant peut avoir une connexion rapide à Internet et plus le tuyau est large moins vous avez besoin du bureau.

Le dernier clou refermant le cercueil a été planté, parmis toutes les raisons, par Apple. Grâce à OSX Apple est revenu d’entre les morts, fait très rare dans le monde de la technologie[6]. Leur victoire est si complète que je suis aujourd’hui surpris quand je tombe sur un PC fonctionnant sous Windows. Presque toutes les personnes que nous finançons chez Y Combinator utilise des portables Apple. Le phénomène était le même dans le public d’une école de startup. Tous les ordinateurs des gens tournent sous Mac ou Linux maintenant. Windows est pour les grand-mères, comme c’était le cas pour les Mac dans les années 90. Non seulement le bureau ne compte plus mais en plus les gens se fichent des ordinateurs avec des logiciels Microsoft.

Je suis heureux que Microsoft soit mort. Ils étaient comme Neron ou Commode[7], diaboliques comme seul l’héritage du pouvoir peut vous le faire devenir. Parce que souvenez vous, le monopole de Microsoft n’a pas commencé avec Microsoft. Ils en ont hérité d’IBM. Le marché du logiciel a été contrôlé par un monopole du milieu des années 50 jusqu’à 2005. Ce qui représente pratiquement toute son existence. L’une des raisons de l’euphorie qui entour le "Web 2.0" est le sentiment, conscient ou pas, que cette ère de monopole pourrait toucher à sa fin.

Evidemment, en tant que hacker, je ne peux m’empêcher de penser à des solutions pour réparer les choses cassées. Y’aurait-il un moyen pour que Microsoft fasse un come-back ? En principe, oui. Pour comprendre comment, pensez à deux choses : (a) La somme d’argent dont Microsoft dispose et (b) Larry et Sergey[8] faisant le tour des moteurs de recherche pour vendre leur idée pour Google pour un million de dollars et se faisant rejeter par tout le monde.

La chose la plus surprenante est que les hackers ingénieux, dangereusement ingénieux, peuvent être achetés pour pas grand chose à l’échelle des entreprises riches comme Microsoft. S’il voulait redevenir un compétiteur, voilà ce qu’il devrait faire :

  1. Racheter toutes les bonnes startups du "Web 2.0". Ils pourraient presque les acheter toutes pour moins qu’ils n’ont dépensé pour Facebook[9].
  2. Les rassembler dans un immeuble dans la Silicon Valley protégé par une enceinte de plomb pour les prémunir de tout contact avec Redmond.

Je me sens à l’aise en proposant cela, parce qu’ils ne le feront jamais. Le plus grand point faible de Microsoft est qu’ils ne réalisent toujours pas à quel point ils craignent. Ils pensent toujours qu’ils peuvent écrire des logiciels en interne. Et ils le peuvent encore, selon les lois du monde de l’informatique de bureau. Mais ce monde a pris fin il y a quelques années.

Je connais déjà les réactions que recevra cet article. La moitié des lecteurs diront que Microsoft est toujours une entreprise qui dégage des bénéfices énormes et que je devrais faire plus attention quand je tire mes conclusions en me basant sur ce que quelques personnes pensent dans notre petite bulle isolée du "Web 2.0". L’autre moitié, les plus jeunes, se plaindront que cette nouvelle date.

Notes

[1] L’illustration est une photographie de Clearly Ambiguous intitulée March of the Baby Turtles issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY.

[2] NdT : Barry Manilow est un compositeur, acteur, producteur et scénariste américain né le 17 juin 1943.

[3] NdT : Y Combinator est une société créée par Paul Graham permettant de fournir un premier financement aux startups.

[4] NdT : IPO pour Initial Public Offering.

[5] Vous n’avez pas besoin de faire un gros effort pour rendre un logiciel incompatible. Tout ce que vous avez à faire est de ne pas fournir trop d’efforts pour corriger les bugs, que vous produisez en quantité généreuse si vous êtes une grande entreprise. La situation est semblable à l’écriture de fausses théories littéraires. La plupart ne tentent pas de les rendre obscures, ils ne font simplement pas l’effort d’être clair. Ça ne serait pas payant.

[6] En partie parce que Steve Jobs s’est fait sortir par John Sculley d’une manière rarement vue au sein du monde de la technologie. Si les dirigeants d’Apple n’avaient pas commis cette bourde ils n’auraient pas eu à rebondir.

[7] NdT : Commode, autre empereur romain considéré comme cruel et arbitraire.

[8] NdT : Larry Page et Sergey Brin sont les fondateurs de Google.

[9] NdT : Facebook est un site web de networking destiné à rassembler les lycéens et les étudiants.




République 2.0 – Le rapport Rocard est en ligne

Guillaume Paumier - CC by-saMichel Rocard vient de remettre son rapport à Ségolène Royal[1] et c’est du lourd !

Il était certes bien accompagné (dont François Pellegrini, Jean-Baptiste Soufron ou encore Aziz Ridouan[2]) mais je suis franchement impressionné par sa capacité à pondre aussi vite un document de 73 pages dense et pertinent (sauf à imaginer qu’il savait depuis longtemps qu’une telle tâche lui serait dévolue). En tout cas c’est aussi ça un politique et on aurait parfois tendance à l’oublier…

Les technologies numériques et internet sont mis à leur juste place, c’est à dire une place essentielle dans le monde d’aujourd’hui et de demain. Analyses et recommandations (au nombre de 94) se succèdent à un rythme effréné.

Surprise, le logiciel libre n’est finalement que peu souvent cité. Il y avait certainement là une volonté consensuelle de ne pas trop crisper les acteurs d’une économie propriétaire classique encore dominante. Du coup sa présence est beaucoup plus implicite qu’explicite. Il n’en demeure pas moins que son modèle et ses valeurs (comme par exemple le souci constant du bien commun) transparaissent un peu partout dans le rapport à commencer par son sous-titre qui donne le ton et la direction “Vers une société de la connaissance ouverte”.

Quand bien même irréaliste, un document que j’aurais bien vu moi sous la forme d’un pacte numérique de Michel Rocard (comme le pacte écologique de Nicolas Hulot) et d’inviter ensuite tous les candidats à se positionner et/ou le signer[3]. Il n’est adressé qu’à Ségolène Royal mais gageons que ceux qui pensaient voter pour elle s’en trouveront confortés.

Rapport Rocard – République 2.0 (pdf, 73 pages, 1,1 Mo)

Bon je vous laisse, je n’en ai pas encore achevé sa lecture…

Notes

[1] Crédit photo : Guillaume Paumier (Creative Commons By-Sa)

[2] François Pellegrini est Maitre de conférences en informatique et co-fondateur des Rencontres mondiales du logiciel libre (RMLL). Jean-Baptiste Soufron est juriste et ancien directeur juridique de la fondation Wikipedia. Aziz Ridouan est Président de l’Association des Audionautes,

[3] C’est un peu ce que tente de faire Candidats.fr avec son questionnaire remarquez.




Mais que fait la police ?

Hospital, Amagasaki - m-louis - CC BY-SA

Deux petites choses et un rappel autour des polices de caractères (en fait on dit plutôt fontes de caractères si j’ai bien compris).

Tout d’abord la sortie du site Open Font Library qui se veut le pendant de l’Open Clip Art Library mais pour les polices. L’objectif est de regrouper des polices librement utilisables puisque dans le domaine public (c’est la condition d’entrée pour être sur le site). Pratique !

Ensuite une sorte de tableau d’équivalence graphique entre les polices Linux et quelques grands classiques du monde Windows et Mac (Arial, Verdana, Georgia,, Courrier New…). Très pratique ![1]

Quant au rappel, c’est pour mettre une nouvelle fois en lumière la police libre DejaVu que nous sommes nombreux à utiliser.[2]

Notes

[1] Surtout pour le linuxien fraîchement débarqué du monde Windows ou Mac.

[2] L’illustration est une photographie de m-louis intitulée Hospital, Amagasaki issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY-SA.




Wikipédia peut-elle rester neutre lorsque l’on touche au logiciel libre ?

NPOV - Linux - WikipédiaImpossible de le louper puisque le bandeau caractéristique apparaît de suite en haut de page, il y a une controverse de neutralité en ce moment sur Wikipédia pour l’article Linux – 1er avril 2007 (l’article Linux aujourd’hui pour comparaison) et par ricochet pour l’article Windows Vista. On notera au passage qu’il est sacrément bien fait cet article Linux mais là n’est pas le propos.

Il semblerait que le passage suivant (mis en copie d’écran ci-dessus) pose problème : « Il (Linux) a également atteint depuis peu une certaine maturité sur le poste de travail grâce aux gestionnaires de bureau que représentent GNOME et KDE ainsi qu’aux succès de logiciels comme la suite bureautique OpenOffice.org ou le navigateur Web Mozilla Firefox. »

Exprimé sur le Framablog, cet extrait passerait totalement inaperçu mais il en va autrement sur Wikipédia dont un utilisateur, Ayadho, a décidé le 28 mars dernier de marquer certaine maturité et succès avec l’étiquette non neutre.

Et un autre utilisateur, Debhian (sic !), de formuler une explication sur la page dédiée à la controverse.

Il est injustifiable de laisser Linux sans une section critiques alors que Windows Vista si. Biensur, les sources écrites par les Linuxiens seront toujours anti-Windows, et les sources ecrites par les Windowsiens seront toujours pro-microsoft et non prises au serieux. Ce n’est plus un problème de sources ou de critiques non-constructives, nous savons bien que Linux a des défauts. Mais le fait est que l’informatique est pro-linux et que Wikipedia fait partit de cette tendance historique. Plus tard, malheuresement, on dira "Wikipedia était à l’image du monde qu’il décrit: pro-linux.". Si ce n’est pas un problème de neutralité ça …

Du coup je suis allé voir l’article Windows Vista – 1er avril 2007 (Windows Vista aujourd’hui) et il est vrai qu’il y a matière à débat puisque, contrairement à l’article Linux, on y trouve une section Critiques (1er avril 2007) plutôt bien fournie se déclinant en Sécurité, Gestion numérique des droits, Contrôle d’accès utilisateur, Comparaisons avec Mac OS X, Abus de position dominante et Prix européen de Windows Vista (rien que ça !).

Bon alors on fait quoi dans ces cas là ? Parce que c’est tout de même difficilement réfutable de dire que Linux a atteint aujourd’hui une certaine maturité et qu’OpenOffice.org et Firefox connaissent un succès croissant qui favorisent le développement de l’OS. Idem pour les critiques portées à l’encontre de Windows Vista qu’il serait selon moi partial de… taire justement. Peut-être que créer une section Critiques aussi pour Linux serait effectivement la solution. Mais ne comptez pas sur moi pour y participer 😉

Au delà de cet épisode symptomatique je me demande dans quelle mesure Wikipédia peut atteindre son objectif de neutralité lorsqu’il est question de logiciel libre et de culture libre dont l’encyclopédie, qu’elle le veuille ou non, est l’une des figures de proue. Je pense en fait que ça lui est encore plus difficile que de régler les problèmes classiques liés aux articles à risques comme islamisme ou homoparentalité.

Quelques éléments (non exhaustifs et subjectifs) censés étayer ma position quand bien même je n’oublie pas que Wikipédia n’est que ce que ses utilisateurs en font :

  • Le contenu de Wikipédia est sous licence de documentation libre (GFDL)
  • L’infrastructure logicielle qui soutient Wikipédia (moteur wiki Mediawiki, serveurs Apache…) est sous licence libre
  • Toutes les sections qui tournent autour du logiciel libre sont en forte expansion dans l’encyclopédie (ainsi, me semble-t-il, la liste des logiciels libres se développent bien plus vite que celle des logiciels non libres).
  • Je n’ai pas la moindre statistique sur le sujet mais il est pour moi évident que nombreux sont les contributeurs de l’encyclopédie sympathisants des logiciels libres (plus nombreux en tout cas que leurs opposants). Du coup mécaniquement et on en revient au point précédent et à l’essor de cette section dans l’encyclopédie.
  • La phrase emblématique de son fondateur Jimbo Wales : « Imaginez un monde dans lequel chacun puisse avoir partout sur la planète libre accès à la somme de toutes les connaissances humaines. C’est ce que nous faisons. »
  • Rien que chez nous, la participation de Wikimédia France (l’association des utilisateurs francophones de Wikipédia) à quasiment toutes les manifestations d’envergure autour du logiciel libre comme Solutions Linux ou les RMLL (sans parler de toutes les manifestations locales de sensibilisation au libre où Wikipédia est rarement absente).
  • Wikipédia presque toujours citée par la communauté lorsqu’elle tente d’expliquer ce qu’est le libre aux néophytes.
  • L’hypothèse, toute personnelle, qui stipulerait que plus le mouvement du logiciel libre est fort, plus l’encyclopédie est forte (et réciproquement).
  • Autre argument (cf les commentaires, enfin j’espère !)

C’est comme ça (et c’est bien comme dirait Nitot), Wikipédia est éthiquement, philosophiquement, économiquement et politiquement en phase avec le mouvement du logiciel libre. Et, difficile de tuer le père, elle aura selon moi toujours du mal à composer avec sa fameuse neutralité de point de vue lorsque les articles toucheront au libre. Pire encore, dans un monde qui résiste et n’accueille pas le logiciel libre et son état d’esprit à bras ouverts, elle sera pour beaucoup, dont je suis, suspectée de verser dans un politiquement correct malvenu (pour ne pas dire irresponsable) si elle se met à décrire les opposants au libre (et ils sont nombreux) avec toute l’objectivité requise.

Peut-on être neutre quand on parle de sa propre famille et des ennemis qu’elle proclame ?




Si tous les pingouins du monde…

(c) Michael Poliza - Cold Roads of Home - small

En furetant sur Flickr je suis tombé sur une photographie absolument charmante.

Elle est sous copyright classique (alors je ne me suis permis d’en reproduire qu’une miniature et un détail). Pour la voir dans son intégralité sous différentes tailles, rendez-vous sur la page dédiée du compte Flickr de son auteur Michael Poliza.

(c) Michael Poliza - Cold Roads of Home - detail

Petite traduction du commentaire de l’auteur laissé sous son image :

C’est par une journée grise et sombre de l’Antarctique, plutôt nuageuse, parfois neigeuse, que nous avons accosté sur île Denco. Le reste de l’équipe se dirigeait vers une colonie de pingouins plus loin vers l’est, mais j’ai aperçu cette autoroute à pingouins, au loin et je me suis rapproché un peu pour prendre une meilleure photo.

Les pingouins font le trajet de l’eau à leur nid, où ils rapportent la nourriture, en haut de la colline, où les prix de l’immobilier sont un peu plus abordables, et avec le temps, ils ont crée ces "autoroutes". Ils ne sont à l’évidence pas très fixés sur laquelle de ces route prendre très précisément, puisqu’avec le temps, tout un réseau de ces profonds chemins a été crée. Ceci se passait à la fin de la saison et donc les chemins ainsi crées étaient assez profonds.

En réalité, Ces petits bonshommes ne se tenaient pas par la main, mais celui qui se trouve sur la droite a fait une pause quand l’autre l’a dépassé sur la gauche, ce à quoi il a réagi en jetant un coup d’oeil pour voir qui osait le dépasser.

La couleur des chemins est probablement un mélange de sable et de rocher et d’autres poussières (saletés) que les pingouins ont semé avec le temps. Comme le sol était gelé à l’époque, les pingouins ont surment récolté la saleté dans des coins sablonneux. La couleur de la neige et de la glace est quelque peu verte et jaunâtre, et due probablement à l’urine et/ou autres apports.

Le manchot papou atteint la taille de 75 cm, je pense donc que ces monticules qu’ils ont crées font à peu près 90 cm de haut.

On peut également la retrouver proposée en fond d’écran sur le site du National Geographic sous le joli titre Cold Roads of Home.

Si ce genre d’images vous intéresse, jetez un oeil sur les autres photographies de Michael Poliza (ou parcourez The Photo of the Day du National Geographic) vous risquez de passer un très agréable moment.

Substituant l’ironie à la poésie, ce sera donc mon billet du premier avril 😉

Si tous les pingouins du monde voulaient se donner la main…




L’autre raison de voter Ségolène d’après Rocard

Sacré Rocard ! Ce n’est pas ce extrait vidéo[1] qui va lui faire baisser sa cote de popularité auprès de la communauté ! Et la parti socialiste a certainement vu juste en lui confiant récemment une mission « sur les enjeux du numérique » [2].

A la question : quelle est pour vous la meilleure raison de voter Ségolène Royal ? Il répond que la meilleure raison de voter socialiste, c’est-à-dire Ségolène, c’est actuellement l’état économique du monde….

C’était somme tout attendu mais ce qui l’était moins c’est qu’il ajoute une autre raison : le… logiciel libre !

Retranscription intégrale du passage :

« Et puis j’ai une raison de plus qui est l’intérêt que j’ai porté au problème du logiciel libre, c’est-à-dire au problème de l’ouverture dans l’émergence d’une société de l’information. L’émergence de l’internet, la multiplication des internautes en très grand nombre et des activités des services que permettent ces nouvelles technologies offrent un champ considérable que les grandes puissances industrielles et financières aujourd’hui voudraient limiter par trop de contrôle, une brevetabilité, qui est un monopole pendant quelques temps, et cela tarirait je crois la fertilité de tout ce champ. Je suis très reconnaissant à l’équipe de campagne de Ségolène d’avoir pris conscience de cela et d’avoir souhaitée qu’un rapport soit fait qui prépare ce qu’elle fera si elle est élue. »

—> La vidéo au format webm

Bien sûr, comme c’est à lui qu’on a confié la mission il en profite pour l’évoquer et donc par là-même se donner un peu d’importance.

Il n’empêche que le téléscopage de l’état du monde et du logiciel libre comme raisons de voter en faveur d’un candidat à l’élection présidentielle, c’est du jamais vu de la part d’un ancien Premier Ministre. C’est également assez révélateur de remarquer que Michel Rocard dont la mission a pour (vaste) titre « les enjeux du numérique » met tout de suite en avant le logiciel libre.

Rocard président ! Rocard président !

😉

Notes

[1] La vidéo est issue du site dédié du parti socialiste.

[2] Michel Rocard s’est vu confier par le PS une mission portant « sur les enjeux du numérique ». Il se penchera sur les thèmes suivants: « Comment relancer l’innovation dans le numérique et le logiciel en France et en Europe ? Comment les technologies de l’information peuvent elles contribuer aux objectifs que le pacte présidentiel s’assigne en matière de réussite éducative ?» Il devra également apporter des réponses à trois questions: « Comment l’informatique (et les logiciels libres) peuvent ils contribuer à la réforme de l’État ? Comment le numérique peut-il revitaliser notre politique culturelle ? Comment préserver l’ouverture, l’innovation, la concurrence, l’interopérabilité dans la société de la connaissance ? ». Ses conclusions seront remises à Ségolène Royal au début du mois d’avril. Par le passé, Michel Rocard a notamment travaillé sur le dossier des brevets logiciels en Europe : il a défendu la non-brevetabilité des logiciels au Parlement européen. (source AFP)




Le projet OpenWater ou le meilleur de la culture libre en milieu universitaire

Voici un exemple emblématique de ce que la culture libre peut produire de mieux. Un exemple emblématique que ce qu’internet et les ressources partagées peuvent apporter. Un exemple emblématique que ce qu’il est désormais possible de faire dans le domaine éducatif avec les nouvelles technologies.

Il s’agit d’une vidéo anglophone distillant quelques précieux conseils pratiques pour obtenir de l’eau potable en cas d’urgence liée à des catastrophes naturelles. Le sujet est grave, l’information utile à tous. Quel meilleur choix alors que celui d’y apposer une licence qui en autorise sans contrainte sa libre circulation[1].

Et mon billet pourrait s’arrêter là.

Bonne projection…

Mon billet pourrait s’arrêter là mais penchons-nous également sur la génèse et l’édition de ce document.

Il s’agit d’un projet collectif universitaire[2] proposé par le professeur David Wiley à ses étudiants. Les consignes, simples et offrant une grande latitude, étaient les suivantes : que le travail réalisé nous apprenne quelques chose, que le travail réalisé soit "cool" (en anglais dans le texte) et (surtout) que le travail réalisé fut impossible à produire sans utilisation massive de ressources libres à disposition sur internet.

Quatre étudiants se sont donc lancés dans l’aventure de ce projet. Et cela a donc donné OpenWater, site présentant le résultat de leur travail avec bien entendu la vidéo (sous différents formats dont le format source pour les futurs éventuels remixs).

Le résultat est tout à fait remarquable, tout comme il est tout à fait remarquable que plus des trois-quarts du contenu de cette vidéo proviennent de ressources existantes sous licences Creative Commons pêchées sur des sites comme Internet Archive (vidéo), Flickr (photo) ou Magnatune (musique). Le dernier quart, contenant principalement les démonstrations visuelles et techniques de purification d’eau, est le seul original puisque réalisé à l’occasion par l’équipe du projet.

Assurément un document à diffuser et à montrer aux professeurs, aux élèves et à tous ceux qui, souvent influencés par la pression médiatique des lobbyistes du copyright, n’appréhendent pas forcément tout le potentiel actuel d’internet.

Je sais pas vous mais moi ça me rend bien enthousiaste tout ça 😉

PS1 : On trouve deux autres productions d’élèves au défi du professeur Wiley : un site de découverte et d’information sur l’usage des blogs et des wikis en éducation et un site d’aide à l’entretien d’embauche.

PS2 : Et si on se lançait dans le premier remix de la vidéo en en proposant le sous-titrage en français ?

Notes

[1] En l’occurrence il s’agit de la Creative Commons BY-NC-SA.

[2] En l’occurrence il s’agit de l’Instructional Technology at Utah State University.




Misonéisme !

0.008..chop - by odegaard - Creative Commons BY

Étymologie : Du grec miso- (contre) et néo (nouveau).

Attitude qui consiste à rejeter toute innovation, tout changement.[1]

Ces enfants trouvent que leurs parents font preuve de misonéisme.

Synonymes : néophobie
Dérivés : misonéiste[2]

Notes

[1] D’après le Wiktionnaire.

[2] L’illustration est une photographie de odegaard intitulée 0.008..chop issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY.