Quand le guide « L’Internet sans embrouilles » porte de mieux en mieux son nom

Internet sans embrouilles - couverture

Je rebondis sur un billet du blog de Frédéric Couchet pour signaler la sortie d’une nouvelle version du guide Internet sans embrouilles, un guide réalisé par Science & Vie Junior et la société Calysto et distribué dans le cadre du Tour de France des Collèges à nos chères têtes blondes.

Ce Tour de France des Collèges avait fait couler beaucoup de cyber-encre lors de sa sortie. S’inscrivant dans une "logique DADVSI" et ignorant l’existence du logiciel libre, certains y avaient vu là l’influence des partenaires privés de l’opération (voir à ce sujet la dépêche LinuxFr de l’époque ainsi que notre petit billet d’humeur sur une publi-information de Microsoft adressée aux parents).

Dans ce contexte, on ne peut que se féliciter de constater que la nouvelle version (la très à la mode 2.0) du guide se bonifie d’une double-page sur le logiciel libre (j’en profite pour saluer une fois de plus le travail de l’APRIL directement impliquée dans ces modifications comme en témoignent les remerciements en bas de page). Comme quoi la critique a été constructive et les auteurs à l’écoute.

Vous pouvez parcourir ce guide (et le comparer à sa première version) sur le site officiel de l’opération. Ceci dit on se demande bien pourquoi ce guide n’est disponible qu’au (très insupportable) seul format Flash. Le but n’est-il pas d’en assurer sa diffusion maximale auprès des élèves ?

Internet sans embrouilles - logiciels libres

Toujours est-il que les pages 14 et 15 font plaisir à lire (je vous accorde que faire mention de Framasoft fait également plaisir à lire !).

Internet sans embrouilles - framasoft

Extraits :

Les ordinateurs, Internet et le Web, c’est avant tout l’échange et le partage. Mais quelque chose coince au niveau des logiciels… Impossible, en général, de lire leur contenu et de les modifier, et interdiction de les partager. Heureusement une autre philosophie existe : celle du logiciel libre.

Des développeurs proposent des logiciels libres. Ils sont souvent gratuits, ou moins chers que les autres. Mais surtout, on peut étudier leur fonctionnement. A nous de les copier, de les perfectionner si on a une idée, avant de les remettre en circulation. C’est le partage. Et dans le monde numérique, donner c’est « s’enrichir » ! Car on ne perd rien, et on profite à son tour des améliorations produites par les autres…

Le droit de choisir. Chacun a la droit de choisir entre un logiciel « propriétaire », édité par Microsoft ou Symantec entre autres, et un logiciel libre. Mais actuellement, la plupart des ordinateurs sont vendus avec un système d’exploitation et des logiciels propriétaires des grands éditeurs. On ne peut pas acheter la machine sans eux ! Et du coup, par facilité, on s’en contente.

Internet sans embrouilles - wikipédia

On remarquera également une nouvelle page (la 18) dédiée à Wikipédia, elle aussi tout à fait bienvenue.

Extraits :

Wikipédia compte 4 millions d’articles dont 300000 en français. Elle est écrite par tous ceux qui veulent participer. Elle est gratuite. Elle est libre. Le point sur cette encyclopédie d’un nouveau genre.

Qu’apporte-t-elle de plus ? Cette encyclopédie est fondée sur le principe du partage de la connaissance et de la participation de tous. Chacun peut apporter sa contribution, tout le monde coopère, bref, c’est exactement l’esprit originel d’Internet.

Comment est-elle écrite ? Quelqu’un commence à rédiger un article. En cliquant sur Modifier la page n’importe qui peut modifier ce qui a été écrit ou le compléter. La première version de l’article sur la pomme se résumait à : « La pomme est un fruit » ! Depuis, il a heureusement été bien enrichi par les internautes !

Voilà pour les (grandes) satisfactions.

Pour les (petits ?) bémols on regrettera que pour ce qui est de la musique et du téléchargement cela n’ait pas évolué. Les licences de libre diffusion (telles les Creative Commons) et les sites de musique qui s’en inspirent (Dogmazic, Jamendo…) sont encore passés sous silence. Et je vous laisse juge de cette citation page 13 : « Il est interdit de diffuser de la musique sans payer de droits d’auteur ».

C’est peut-être là encore l’influence des partenaires privés dont la SACEM, Microsoft, Apple et Google (via Live Messenger) qui parviennent encore ça et là à s’immiscer dans le contenu même du guide comme en témoignent les copies d’écran ci-dessous.

  • Microsoft (page 7)

Internet sans embrouilles - microsoft

  • SACEM (page 9)

Internet sans embrouilles - sacem

  • Apple (page 12)

Internet sans embrouilles - apple

  • Google (page 19)

Internet sans embrouilles - google




Un modèle approuvé

01 Informatique Spécial Libre couverture

l’Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre (APRIL) fête ses 10 ans.

L’occasion pour le magazine 01 Informatique de réaliser un numéro « Spécial Libre » et de consacrer toutes ses rubriques à ce phénomène dont l’attrait ne cesse de grandir.

Je me suis permis d’en recopier ci-dessous l’édito du directeur de la rédaction Luc Fayard.

Le dada des chevelus fauchés devenu l’épouvantail de Microsoft : c’est dire si le logiciel libre a changé de look ! Pourtant, il en a mis du temps à s’imposer comme challenger… Ses adeptes furent longtemps considérés comme des farfelus, voire des pirates. Il faut dire qu’ils se baptisaient eux-mêmes « hackers » : « hacker », dans le jargon du libre, cela veut simplement dire coder de manière créative ! Pas de stabilité, pas de sécurité, pas de suivi… Le libre fut accusé de tous les maux. Ici, on le traita de « cancer » ; ailleurs, de « secte ».

Mais au vu de ses atours, beaucoup de positions acquises finirent quand même par se sentir menacées. Finalement, comme le suggère Philippe Davy, notre journaliste expert qui a impulsé ce numéro spécial, c’est peut-être davantage l’attrait du modèle communautaire que la qualité – réelle – de ses réalisations qui a fait le succès du libre. On pourrait s’attarder sur des benchmarks détaillés entre Microsoft Office et Open Office, ou bien entre SAP et ERP 5. On finira, de toute façon, par trouver que les solutions se ressemblent étrangement.

La seule différence réside bien dans le modèle de développement et de contribution à l’innovation. D’un côté, des personnes soudées par l’intérêt économique de leur entreprise. De l’autre, des communautés aux motivations diverses, mais réelles de partage. Là, l’avantage est sans conteste dans le camp de l’open source. L’entreprise, la société sont désormais irriguées de cet esprit collaboratif qui est le vrai signe de la modernité. C’est une démarche juste que de partager les connaissances pour en faire profiter le plus grand nombre. C’est même aujourd’hui, dans un contexte de resserrement des budgets et des délais, une vraie voie de développement. Reste à peaufiner le modèle économique et la qualité des services.

01 Informatique Spécial Libre April




Le logiciel libre (et Framasoft) dans le Libé du 4 novembre

Libération 4 novembre 2006 Logiciel Libre C’est pas tous les jours que l’on voit un grand quotidien national consacrer deux pleines pages au logiciel libre (avec un édito et une présence à la Une titré "Les logiciels font la paix"). C’était dans le Libération du 4 novembre dernier à l’occasion de l’accord (controversé) entre Novell et Microsoft. On pouvait y trouver, outre un article précisant les termes de cet accord, un article expliquant le modèle du logiciel libre et un article "extension du domaine du libre" (Wikipédia, la musique libre…) plus quelques encarts dont une sympathique mention de Framasoft dans la catégorie "Où trouver des logiciels libres" 😉 Libération 4 novembre 2006 Framasoft Petite séance de rattrapage en PDF ci-dessous pour ceux qui n’auraient pas lu les articles (encore disponible sur le site de Libération avant passage aux archives). PS : J’en profite pour adresser mon soutien au journal qui se trouve en pleine tourmente actuellement.




Attention, il y a un risque avec cette clé…

Le principal risque de la Framakey c’est… de l’oublier sur votre PC !

—> La vidéo au format webm

Cette vidéo est un extrait d’EduM@g (6 novembre 2006), issu du site de France 5 Education, qui propose chaque semaine une sélection de produits et outils pédagogiques utiles et pratiques.

On y présente non pas la Framakey mais une dérivée éducative Clé en main (rien d’autre que la Framakey habillée par le CRDP de Paris avec une interface et des liens personnalisés).

J’ai apprécié la qualité de la démonstration dans la limite du temps imparti. Les avantages de ce bureau nomade ainsi que les logiciels libres sont selon moi bien mis en avant (on aurait pu cependant préciser que tout ceci ne concernait que Windows pour éviter la confusion).

Pour en savoir plus sur cette Clé en main, vous pouvez lire cet interview de Framasoft. Dans les commentaires sous l’article on notera que nombreux sont ceux qui, à juste titre, regrettent l’absence de téléchargement direct de la Clé en main. Peut-être n’est-ce qu’une question de temps…




Souffrez-vous vous aussi du syndrome Bayrou ?

Faites ce que je dis ou faites ce que je fais ?

Y aurait-il un embarras, un décalage, un paradoxe, que dis-je un paradoxe une schizophrénie, entre un discours favorable aux logiciels libres et ce qui se trouve effectivement réellement dans nos ordinateurs ?

Sommes-nous nombreux à vanter les mérites du logiciel libre sans mettre nos (belles) théories en pratique ?
Sommes-nous nombreux à faire l’éloge des alternatives libres telles qu’OpenOffice.org, the Gimp ou carrément Linux tout en continuant à utiliser au quotidien Word et Photoshop sous Windows ?

Illustration.

Monsieur Bayrou, assis tranquillement derrière son ordinateur, répond aux questions d’un (cyber)journaliste sur la loi DADVSI[1]. Il nous affirme alors (et une fois de plus, mais je ne me lasse pas de l’entendre) tout le bien qu’il pense des logiciels libres. Son discours est rôdé, c’est une homme politique, candidat à la présidentielle de surcroit. Mais tout d’un coup, le journaliste, malicieux et faussement naïf, trouve une petite faille…

Le journaliste : Je ne fais pas le tour de l’écran pour vérifier que c’est bien des logiciels libres ? Pour vérifier qu’il y a bien une cohérence entre votre discours et vos actes…

François Bayrou : Y’aura, y’aura… Pour l’instant je fais comme tout le monde. Je suis à Microsoft, je suis à Word…

Le journaliste : Donc on est sur une revue d’intention plus que sur une réalité aujourd’hui de…

François Bayrou : Non, non. Ce que vous dites n’est pas sérieux. Et il faut apprendre à être sérieux (je vous dis ça gentiment). C’est pas parce que j’utilise des logiciels que tout le monde utilise parce que je n’ai pas eu le temps de me familiariser avec des logiciels libres (j’ai les bouquins là je peux vous montrer) que pour autant je ne perçois pas les enjeux qui sont derrière tout ça.

Fin de l’épisode et Monsieur Bayrou de conclure son propos, au demeurant fort intéressant, sur la loi DADVSI.

—> La vidéo au format webm

Oui… mais non !

Oui Monsieur Bayrou. Vous semblez effectivement percevoir les enjeux qui sont derrière tout ça et nous aimerions que la classe politique dans son ensemble s’interroge et se positionne plus souvent sur le sujet.

Mais non Monsieur Bayrou, la question de joindre les actes à la parole lorsque le logiciel libre est évoqué est on ne peut plus sérieuse. Vous manquez de temps (et la présence de livres n’y changera rien). Mais surtout vous nous dites, et ça fait mal, que vous faites comme tout le monde en utilisant les logiciels que tout le monde utilise (comprendre donc des logiciels propriétaires).

Comment voulez-vous donc alors que la donne s’en trouve modifiée ? Ne voyez-vous pas que ce que vous balayez d’un revers de la main en critiquant l’attitude du journaliste sont justement les principaux freins au développement du logiciel libre ?

Un effort salutaire et exemplaire

Aujourd’hui le logiciel libre est dans l’air du temps. Il va devenir très vite, hélas, politiquement correct. Mais défendre la planète est aussi politiquement correct. Est-ce pour cela qu’elle s’en trouve en meilleure santé ? Non, parce que les belles théories ne sont globalement pas mises en pratique. Il en va bien etendu de notre propre responsabilité mais il en va aussi de la responsabilité de ceux qui nous dirigent dont nous attendons actes concrets et valeur d’exemple.

Tentez de vous dégager un peu de disponibilité Monsieur Bayrou et osez véritablement le logiciel libre. Au delà de vos livres, vous rencontrerez alors toute une communauté prête à vous aider. Et si votre emploi du temps est vraiment serré, ce que je conçois fort bien, vous pouvez y aller en douceur et par étapes en commençant par exemple par substituer votre Word (et vos .doc) tout en restant sous Windows. Non seulement vos argument en la matière y seront plus convaincants mais vous encouragerez du même coup ceux qui ne bougent pas (et qui s’en excusent exactement comme vous) à en faire de même…

Notes

[1] Ce très court extrait est issu du projet web original PoliTIC’Show : celui d’interviewer longuement et méthodiquement tous les présidentiables (à ce propos la lecture par le journaliste de la biographie de Monsieur Le Pen prise sur Wikipédia devant l’intéressé lui-même est assez caustique).




Bliptv, Paola, Etienne et moi

—> La vidéo au format webm

Bon ben, chose promise chose due, j’ai ouvert un compte sur Blip.tv et de prime abord le service est tout à fait intéressant.

Et… pour l’inaugurer je suis assez fier de présenter « Paola » le tout nouveau clip de… Etienne et moi (le groupe de my lovely sister). C’est le tout nouveau mais c’est aussi le tout premier remarquez.

Il a été réalisé par Martin Geisler et il est sous licence Creative Commons BY-NC-ND.




Piracy it’s a crime

Tranche de vie.

J’habite en Italie (Rome). Quand je loue un DVD au vidéo-club du coin je suis obligé de me taper systématiquement en début de lecture cette annonce (pour le moins agressive et un tantinet démago isn’t it ?) avec bien entendu impossibilité de passer directement au menu.

Je vous ai mis en ligne la version anglaise mais on a aussi la version italienne : "la pirateria è un reato".

Vous ne voleriez jamais une voiture
Vous ne voleriez jamais un sac à main
Vous ne voleriez jamais une télévision
Vous ne voleriez jamais un dvd
Télécharger des films piratés sur internet
C’est du vol
Voler est contre la loi
La piraterie est un délit

Vous voulez que j’vous dise…

<cri>Elle me sort par les trous de nez cette pub contre la piraterie !</cri>

Ah… voilà, ça fait du bien 😉




Que libéreriez-vous si vous aviez 100 millions de dollars ?

Question - Flickr - Betty - CC-BY

C’est la question intéressante posée par Jimbo Wales le fondateur de Wikipédia sur une liste de discussion du projet. Plus précisément voici une traduction du message original.

J’aimerais collecter auprès de la communauté des exemples de travaux qu’on voudrait voir libérés, des œuvres dont nous échouons à proposer un équivalent libre, des travaux dont en théorie on pourrait acquérir les droits et les rendre libres.

Autorisez-vous les rêves les plus fous. Imaginez qu’il existe un budget de 100 millions de dollars destiné à acheter des droits pour les rendre disponibles sous licence libre. Que souhaiteriez-vous voir libéré de la sorte ?

Des banques d’images ? des manuels scolaires ? des archives de presse ? Lâchez-vous, soyez précis, restez dans la généralité, creusez vous les méninges, prenez plaisir à cet exercice.

Il y a peu, quelqu’un qui aurait les moyens de rendre ce rêve possible m’a posé cette question, et il voulait savoir de quoi nous avons besoin, ce à quoi nous rêvons, ce que nous ne pouvons accomplir tout seuls, ou ce qui à nos yeux nous prendrait un temps fou à réaliser par nous-mêmes.

Autrement dit la question n’est pas si anodine et la somme n’est pas si pifométrique que cela puisqu’il se pourrait bien que la Fondation Wikipédia en dispose un jour justement dans ce but !

Rappelons que dans le monde du logiciel libre nous avons un spectaculaire exemple de libération avec l’exceptionnel Blender. Je cite (encore et toujours) Wikipédia.

En juillet 2002, Ton Roosendaal (ndr : son auteur) parvint à négocier le rachat des droits d’auteur de Blender contre 100 000 Euros, en vue de la création d’une Fondation Blender et de la diffusion de Blender sous une licence libre. En une semaine, la communauté des utilisateurs avait déjà rassemblé près de la moitié de la somme.

Toujours est-il que des Copyright Wishlist fleurissent un peu partout du coup, comme sur Slashdot ou bien entendu Wikipédia himself.

Et vous, que proposeriez-vous ?

Illustration : Noch Fragen by *betty* (Flickr CC-BY)

PS : Interdiction formelle de répondre "Firefox" sous peine de faire partir en quenouille les commentaires !