iPhone 3G : tout ce qui brille n’est pas or

Inottawa - CC byLa communauté du Libre perd parait-il souvent son sens critique lorsqu’il s’agit de promouvoir et défendre le logiciel libre, mais ce n’est rien à côté des adorateurs de l’église Apple dont la lumière est tellement forte qu’elle réussit même à aveugler des geeks venus de l’Open Source.

Tel un lendemain de fête où nous aurions la gueule de bois, cette traduction issue du site de la Free Software Foundation vient fort à propos nous rappeler que nous ne vivons pas forcément dans le meilleur des mondes possibles…[1]

5 raisons d’éviter l’iPhone 3G

5 reasons to avoid iPhone 3G

Johns – 10 juillet 2008 – FSF.org
(Traduction Framalang :Olivier, Goofy et Don Rico)

Les 5 bonnes raisons d’éviter l’iPhone 3G :

  • L’iPhone ferme complètement la porte aux logiciels libres. Les développeurs doivent payer une taxe à Apple qui se retrouve seul à décider de ce qui peut être installé ou non sur les téléphones des utilisateurs.
  • L’iPhone approuve et soutient les Mesures Techniques de Privation (MTP, ou DRM en anglais pour Digital Rights Management).
  • L’iPhone révèle votre position et permet à d’autres de vous suivre à la trace à votre insu.
  • L’iPhone est incapable de lire les formats qui ne sont pas bardés de brevets ou de MTP comme Ogg Vorbis et Theora.
  • L’iPhone n’est pas le seul choix possible. De meilleures alternatives existent sur le marché et elles respectent votre liberté, ne vous espionnent pas, savent lire les formats libres et sont compatibles avec les logiciels libres, comme le FreeRunner par exemple.

« Voici le téléphone qui a changé les téléphones à tout jamais », disait M. Jobs.

On ne saurait être plus d’accord ! Non content d’avoir fait entrer les logiciels propriétaires et les Mesures Techniques de Privation (MTP) dans vos foyers, ce vautour de Jobs s’est maintenant mis en tête de glisser les MTP et les logiciels propriétaires jusque dans vos poches.

Ce n’est pas pour rien que la lumière des projecteurs a été braquée sur l’aspect visuel de l’iPhone. Ce n’est pas pour rien qu’il est si important aux yeux d’Apple d’avoir créé un produit si bien conçu qu’on n’en voit pas les coutures… au point que vous ne pouvez même pas changer la batterie de votre propre téléphone.

Apple, grâce à son savoir-faire en marketing et en design, crée l’illusion que le simple fait d’acheter un produit Apple fait de vous un membre d’une communauté alternative. Mais la technologie qu’ils emploient est délibérément choisie pour maintenir les gens isolés dans leur petite cellule numérique dont Apple est le seul et unique gardien. Si votre fond de commerce repose sur ceux qui paient pour avoir le privilège d’être enfermés, il vaut mieux que la prison ressemble à une prison dorée et que les barreaux ne soient pas trop visibles.

Une seconde, enfermés ? Prison ? C’est un téléphone. Ne va-t-on pas un peu trop loin ?

Malheureusement, non. Ceux qui vont trop loin, ce sont Jobs et Apple. L’iPhone représente une attaque contre des valeurs ancestrales et fondamentales, le droit que nous avons de contrôler ce que nous possédons plutôt que d’être contrôlés par ce que nous possédons, le droit de communiquer et de partager librement avec d’autres, et ce dans le respect de notre vie privée.

L’iPhone sait passer des appels, mais ce n’est pas qu’un simple téléphone. C’est un ordinateur à tout faire, un ordinateur plus puissant que ceux qui trônaient sur nos bureaux il y a tout juste quelques années. C’est également un appareil de repérage, et comme tous les téléphones propriétaires disposant de la fonction GPS il peut transmettre votre position sans que vous n’en sachiez rien.

En novembre 2007, 3,3 milliards d’êtres humains dans le monde possédaient déjà un téléphone mobile et ce nombre continue de croître rapidement. Pour nombre d’entre eux, le téléphone devient leur ordinateur principal. Ils en ont un besoin vital pour communiquer et le gardent sur eux en permanence. De toutes les technologies qui pourraient se retourner contre leurs usagers, celle-ci se révèle une des plus inquiétantes.

Mais il y a une différence majeure entre l’iPhone et les anciens ordinateurs à tout faire : l’iPhone est défectueux, il a été créé ainsi. En théorie il est capable de faire fonctionner toutes sortes de programmes, mais les logiciels et les fichiers qu’il peut lire sont limités par les MTP qu’Apple a nommées FairPlay – ironique n’est-ce pas ?

FoulPlay

(NdT : nous avons gardé le titre original du paragraphe pour qu’il fasse sens avec le « FairPlay » d’Apple, on pourrait le traduire par « Antijeu »)

Les MTP implantées par Apple surveillent votre activité et vous dictent ce que vous avez le droit de faire ou pas. Vous n’êtes pas en droit par exemple d’installer un logiciel qu’Apple n’aurait pas approuvé. Cette restriction vous empêche d’installer des logiciels libres, des logiciels que vous êtes libre de partager, copier et modifier comme le souhaitent leurs auteurs.

Les logiciels libres nous ont apporté des choses passionnantes pour l’ordinateur de bureau, des choses telles que le système d’exploitation GNU/Linux, le navigateur Web Firefox, la suite bureautique OpenOffice.org, le serveur Web Apache qui se cache derrière la majorité des sites Web sur Internet. Pourquoi voudrions-nous acheter un ordinateur qui outrepasse son rôle pour faire obstruction à la liberté de ces créateurs ?

Mais ce système n’est pas la seule action déloyale d’Apple. Les iPhones ne peuvent plus être activés qu’en magasin, bien qu’aux États-Unis la loi stipule que les consommateurs ont le droit de déverrouiller leur téléphone et d’utiliser l’opérateur de leur choix.

Montrer du doigt (et, non, nous ne parlons pas de l’écran tactile)

Jobs voudrait nous faire croire que toutes ces restrictions sont nécessaires. Il prend un air compréhensif et compatissant lorsque nous nous en plaignons et dit qu’elles ne lui plaisent pas non plus. D’après lui, Apple doit les implanter pour notre bien, pour la sécurité de tout le réseau téléphonique et pour nous permettre l’accès à toute la musique et à tous les films que nous voulons.

Mais cela fait maintenant un an et demi que Jobs, sous la pression du public, a pris clairement position contre les MTP et en faveur de la liberté. Et c’est un peu à reculons qu’il a autorisé une poignée de fichiers à être libérés de leurs MTP sur iTunes, mais il n’a par contre pas touché au fait qu’il faille les acheter sur la plateforme propriétaire et infectée de MTP qu’est iTunes. Depuis, il n’a absolument rien fait pour transformer ses paroles en actes concrets. Il continue d’imposer des MTP à travers ses entreprises cinématographiques. Et à présent il les porte aussi sur les logiciels pour téléphones mobiles. On se rend bien compte désormais que ce discours n’était qu’un stratagème pour amadouer l’opposition.

En vérité, des milliers de créateurs de logiciels, de musique et de contenu multimédia désirent partager leur travail plus librement. C’est ironique – avec un i comme inadmissible – car le système d’exploitation d’Apple, OS X, est en grande partie construit sur les bases posées par des personnes qui ont eu la volonté de mettre leur travail librement à la disposition de tout le monde pour qu’il puisse être copié, modifié et amélioré. Quand on laisse aux gens la liberté de bricoler, créer et innover, il en ressort des créations passionnantes et utiles. Certains ont déjà écrit leurs propres logiciels libres pour les plateformes mobiles. Le réseau téléphonique ne s’est toujours pas effondré.

Nous savons que Jobs craint la concurrence, ce pourquoi il fabrique toutes ces menaces et ces excuses. C’est une décision purement économique, et c’est le genre d’économie que nous ne pouvons encourager. Jobs souhaite que l’iPhone vous restreigne car il veut votre argent, et accroître son contrôle est un moyen d’y parvenir. Il veut tirer de vous le maximum et vous en rendre le moins possible tout en maintenant ses coûts au minimum. Il tente d’empêcher les gens d’écrire des logiciels pour l’iPhone pour conserver le contrôle sur les possibilités de l’iPhone. De tels logiciels pourraient corriger les défauts volontaires de l’iPhone, lire des formats alternatifs, montrer aux utilisateurs ce qui est vraiment envoyé par leur téléphone à ceux qui le surveillent ou même empêcher la transmission de ces informations.

À nous de prendre notre futur en main

Heureusement, il nous sera bientôt possible de jouir d’un ordinateur mobile qui sait aussi téléphoner sans avoir à vendre notre liberté à Apple, Microsoft, Blackberry ou qui que ce soit d’autre. Le Neo FreeRunner est un téléphone libre prometteur, développé en coopération avec la communauté mondiale qui est aussi derrière le système d’exploitation GNU/Linux. Ce sont des créateurs qui veulent partager leur travail et qui veulent que vous – comme tous les autres – puissiez faire ce qu’ils ont fait : vous appuyer sur le travail de vos prédécesseurs pour créer de nouveaux appareils qui vous donnent le contrôle.

Jobs s’est lui aussi appuyé sur le travail de ses prédécesseurs, à la différence que lui a fait le choix de couper les ponts pour éviter que d’autres personnes fassent de même. Ses clients se rebiffent : d’après les chiffres d’Apple, en octobre 2007, plus de 250000 iPhones sur les 1,4 millions vendus ont été débloqués par leurs utilisateurs. Jobs pense que cette tendance doit être stoppée plutôt qu’encouragée.

Nous avons le choix. Le FreeRunner n’est pas encore aussi abouti que l’iPhone et il n’est pas aussi beau. Mais en termes de potentiel, le fait qu’il soit soutenu par une communauté mondiale et non par une compagnie avide, malhonnête et obscure lui donne des années-lumière d’avance. Nous pouvons abandonner notre liberté et notre argent pour quelque chose d’attirant en apparence ou bien dépenser un peu plus d’argent, conserver notre liberté et montrer notre soutien à un meilleur modèle économique. Si nous voulons ramener la notion d’éthique dans l’économie, nous devons encourager de telles initiatives. Nous nous construirons un meilleur futur en enrichissant les entreprises qui nous respectent plutôt que celles qui s’en prennent à notre liberté.

Notes

[1] Crédit photo : Inottawa (Creative Commons By)




L’informatique doit-elle rester un simple outil à l’école ?

Laihiu - CC byIl y a un réel débat actuellement qui traverse l’Éducation Nationale autour de la « culture informatique » à transmettre à nos enfants. Pour les uns, on donne une culture à travers l’utilisation des outils (savoir se servir de la messagerie, du traitement de texte…) et c’est ce qui est proposé actuellement, notamment avec le B2i. Pour les autres cela ne suffit pas et il faut un enseignement en tant que tel, comme il y a un cours de français ou de mathématiques. J’en suis,(même si après il convient de voir avec précision ce que l’on met dedans).

Jean-Pierre Archambault, que le monde du libre éducatif français connait bien, fait clairement partie lui aussi de la deuxième catégorie comme en témoignent les deux articles que nous avons choisi de reproduire ci-dessous[1].

Rappelons que Xavier Darcos a dans l’intervalle finalement reporté sa réforme du lycée. Le module informatique dont il est question dans ces deux articles se trouve donc lui aussi suspendu aux futures décisions.

L’acquisition par les lycéens des fondements de la science informatique…

URL d’origine : Médialog (décembre 2008)

Le Ministre de l’Éducation nationale, Xavier Darcos, a annoncé le 21 octobre dernier, lors d’un point d’étape sur la réforme du lycée, qu’un module « Informatique et société numérique » sera proposé en classe de seconde à la rentrée 2009. Nous nous félicitons de cette initiative qui correspond à un besoin profond de la société du XXIème siècle dans laquelle l’ordinateur, l’informatique et le numérique sont omniprésents.

L’informatique irrigue la vie quotidienne de tout un chacun. Elle modifie progressivement, et de manière irréversible, notre manière de poser et de résoudre les questions dans quasiment toutes les sciences expérimentales ou théoriques qui ne peuvent se concevoir aujourd’hui sans ordinateurs et réseaux. Juristes, architectes, écrivains, musiciens, stylistes, photographes, médecins, pour ne citer qu’eux, sont tout aussi concernés.

L’informatique s’invite également au Parlement. Ainsi, on s’en souvient, en 2006, la transposition de la directive européenne sur les Droits d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information (DADVSI), suscitait des débats complexes dans lesquels exercice de la citoyenneté rimait avec technicité et culture scientifique. S’il fut abondamment question de copie privée, de propriété intellectuelle, ce fut sur fond d’interopérabilité, de DRM (Digital rights management), de code source… La question est posée des représentations mentales, des connaissances incontournables qui permettent d’être un citoyen à part entière.

Par ailleurs, il y a de plus en plus d’informatique dans la société, mais les entreprises ont du mal à recruter les informaticiens qualifiés dont elles ont besoin, et cela vaut pour l’ensemble des pays développés. Le Syntec, la chambre syndicale des sociétés de service en informatique et des éditeurs de logiciels, se plaint du manque d’attractivité chez les jeunes pour les métiers de l’informatique.

Il y a donc pour le système éducatif, au nom de ses missions traditionnelles, un enjeu fort de culture générale scientifique et technique qui passe par une discipline scolaire en tant que telle, en complémentarité avec l’informatique outil pédagogique, de plus en plus présente dans les autres disciplines.

Répondant à une commande du Recteur Jean-Paul de Gaudemar, qui pilote la mission sur la réforme du lycée, le groupe « Informatique et TIC » de l’ASTI (Fédération des Associations françaises des Sciences et Technologies de l’Information) et l’EPI (Enseignement public et informatique) ont élaboré, pour ce module « Informatique et société numérique », une proposition de programme qui se veut contribution constructive. Elle comprend de l’algorithmique et de la programmation, la représentation des informations, l’architecture des ordinateurs et des réseaux, et vise également à ce que les élèves aient une idée plus globale de ce qu’est l’informatique.

Un chantier institutionnel majeur s’ouvre qui vise l’acquisition par les lycéens des fondements de la science informatique au service de leur compréhension et de leur action dans la société numérique : une ardente obligation !

Maurice Nivat
membre correspondant de l’Académie des Sciences
Jean-Pierre Archambault
président de l’EPI

Culture informatique et culture numérique

URL d’origine : EPI (décembre 2008)


L’année 2008 se termine qui a vu l’EPI prendre de nombreuses et diverses initiatives en faveur d’un enseignement disciplinaire de l’informatique au lycée. Nous pouvons donc exprimer notre satisfaction de la création à la rentrée 2009 d’un module « informatique et société numérique » en classe de seconde. Cette décision, annoncée le 21 octobre dernier par le Ministre de l’Éducation nationale, Xavier Darcos, correspond aux exigences de la société dans laquelle nous vivons. Elle s’inscrit dans une vision globale de l’informatique éducative. L’enjeu est clair, conforme aux missions traditionnelles de l’École : former l’homme, le travailleur et le citoyen de la société numérique.

Sur le plan économique, le défi est majeur. Lors de la table ronde organisée par notre association à l’occasion du salon Educatice 2008, Gérard Berry a souligné la différence essentielle qui existe entre la « consommation » et la « création » d’informatique. Il a rappelé que, dans le monde, plus de 30 % de la R&D était consacré à l’informatique (la France est en deçà). Il a posé la question de savoir si notre pays se destinait à utiliser des produits conçus et réalisés par d’autres. Dans cette même table ronde, Gilles Dowek a rappelé que les sciences physiques étaient devenues une matière scolaire car elles sous-tendaient les réalisations de la société industrielle (mécanique, électricité…). Or le monde moderne « se numérise » à grands pas. Ce qui a valu, et vaut toujours pour la physique, vaut aujourd’hui pour l’informatique (et ses fondamentaux : algorithmique, programmation, théorie de l’information, architecture des matériels et réseaux). Lors du récent Forum Mondial du libre, Roberto Di Cosmo indiquait qu’« écrire un programme » et « bien écrire un programme » étaient deux choses fort différentes ! Or l’on sait que le lycée est à la fois un moment de la vie et un lieu où naissent bien des vocations…

Il est bien connu que nous avons toujours considéré qu’un enseignement de l’informatique en tant que tel était indispensable et complémentaire de l’utilisation de l’informatique dans les autres disciplines. L’informatique est objet d’enseignement et outil pédagogique, mais aussi facteur d’évolution des autres disciplines, dans leur « essence », leurs objets et leurs méthodes, comme dans les enseignements techniques et professionnels ou dans les sciences expérimentales avec la simulation. L’informatique est aussi bien sûr outil de travail personnel et collectif de la communauté éducative dans son ensemble, par exemple avec les ENT. Ces différents statuts loin de s’opposer se renforcent mutuellement.

La culture informatique, scientifique et technique, est une composante nécessaire de la culture numérique.

Le citoyen éclairé participe aux débats de société sur le nucléaire ou les OGM. Pour cela il dispose d’un appareillage conceptuel que les enseignements des sciences de la vie et de la terre et des sciences physiques lui ont donné. Dans la société numérique, il doit pouvoir intervenir pleinement dans des problématiques comme les « droits d’auteurs et droits voisins dans la société de l’information » ou droits et libertés. Ce sont des domaines compliqués (interopérabilité, DRM, code source, adresse IP…), inaccessibles si l’on ne s’est pas approprié le noyau de connaissances stables et transmissibles qui sous-tendent la société numérique, si l’on ne s’en ait pas fabriqué une représentation mentale opérationnelle. Cela vaut également pour les usages des objets du quotidien qui intègrent de plus en plus des ordinateurs et de l’information numérique.

Répétons-le, en matière de formation solide et durable, la simple utilisation « spontanée » d’outils ne suffit pas. Il ne faut pas faire un sort particulier à l’informatique. Maîtriser sa langue maternelle, acquérir la culture mathématique nécessaire sont des processus longs où les élèves apprennent des notions que l’humanité a mis des siècles à élaborer. Les notions de lettre, mot ou nombre sont des abstractions difficiles pour un jeune enfant. Et pourtant… La culture scolaire au lycée est aussi faite de probabilités, de fonctions… et d’algorithmique, programmation, information, réseaux. Et, bien entendu, faut-il le répéter, la pédagogie impose de s’appuyer sur l’environnement des élèves, leurs pratiques du numérique, pour mieux les dépasser.

L’on entend parfois dire que, l’informatique ayant beaucoup changé en vingt ans, des concepts enseignés il y a vingt ans n’auraient plus cours aujourd’hui. Bizarre. Le monde bouge plus vite que les fondamentaux de la connaissance scolaire. C’est la nécessaire loi du genre. Le théorème de Pythagore est vieux de 25 siècles, ce qui n’empêche pas les collégiens d’encore l’étudier de nos jours ! Socrate et Platon n’ont pas été rendus caducs par Descartes et Kant. Molière est toujours très actuel car universel et « éternel ». La programmation est partie intégrante de l’informatique, moyen irremplaçable pour comprendre l’intelligence de la science informatique et outil pertinent pour les autres disciplines. Si elle s’enrichit en permanence, pour autant, du point de vue de la culture scolaire en classe de seconde, elle n’a pas vieilli.

L’EPI a été auditionnée par le groupe d’experts ministériel pour l’élaboration du module « Informatique et société numérique » pour la classe de seconde. La rencontre a donné lieu à des échanges riches et approfondis. L’EPI, association d’enseignants, se propose d’« accompagner », à sa manière et avec sa spécificité, la mise en œuvre du module de seconde. Avec l’objectif qu’il soit une « belle » réussite pérenne.

En attendant, bonnes fêtes de fin d’année à toutes et à tous.

Jean-Pierre Archambault
Président de l’EPI

Notes

[1] Crédit photo : Laihiu (Creative Commons By)




De l’évidence du choix Microsoft à l’Éducation Nationale

Outre la question des formats, le problème avec les sites de vidéos en ligne c’est qu’on ne sait jamais trop bien d’où provient la ressource et sous quelle licence est autorisée la diffusion (quand elle est autorisée !). Toujours est-il que je suis tombé sur une vidéo qui s’apparente fort à un reportage de promotion interne de Microsoft dans le secteur éducatif.

La société nous présente là en effet sa solution ENT-E dans le cadre des Espaces numériques de travail (ENT) qui commencent à se déployer un peu partout dans les académies.

Il y a aurait beaucoup à dire sur ces ENT, à commencer par rappeler qu’on en parle depuis plus de cinq ans, mais ce sera l’objet d’un futur billet. En attendait je vous laisse juge de la manière dont Sylvain Geron, Manager Éducation et Recherche chez Microsoft France, nous vend le sien :

Concrètement l’ENT-E c’est un portail web qui permet au chef d’établissement, à l’élève, à ses parents d’échanger entre eux des contenus. Par exemple le professeur peut mettre des contenus relatifs à un TP sur internet, l’élève peut les préparer depuis chez lui, peut poser des questions, le parent peut suivre le travail de l’élève, regarder ses notes… Le chef d’établissement peut faire des statistiques sur les notes ou vérifier les taux de présence des différents élèves dans l’établissement. Finalement l’ENT-E permet à toutes ses catégories de personnes de se retrouver ensemble autour de l’élève sur internet.

Puis une voix off qui tourne brillamment autour du pot du logiciel libre :

Microsoft propose aux collectivités territoriales une solution adaptée à leurs besoins grâce à un code spécifiquement développé pour créer un ENT. La preuve en est la mise à disposition gratuite de ce code spécifique, la possibilité de modification et de distribution dans les académies.

Et Sylvain Geron d’ajouter :

L’ENT-E s’appuie sous le code qui a été développé sur des briques de bases des produits Microsoft, et bien évidemment plus de gens utiliseront l’ENT-E plus les produits Microsoft sous-jacents seront utilisés.

Cela va sans dire mais cette franchise vous honore…

Mais ce qui a provoqué la rédaction de ce billet c’est l’ultime intervention que nous devons à Claudine Colomina, conseillère pour les TIC à l’académie de Montpellier, qui répondait visiblement à la question du choix Microsoft :

Pourquoi Microsoft ? Heu… Le problème ne s’est… on en a souvent discuté… le problème ne s’est absolument pas posé dans l’Académie. Il était évident que l’on voulait travailler sur des outils pérennes, sur du solide, que nous n’avions pas d’équipes de développement qui nous permettaient de travailler sur du libre par exemple, qu’il fallait un suivi dans toutes les activités, dans tout ce que l’on allait construire. Et il n’a jamais été question d’envisager un autre partenariat qu’avec Microsoft pour ce faire.

Et voici enfin la vidéo dont il est question dans tout ce billet :

Si un enseignant initié de Montpellier (ou d’ailleurs) passe par là, nous le remercions par avance des précisions qu’il pourrait apporter, parce que cette histoire « d’équipes de développement permettant ou non de travailler sur du libre » ne me semble pas très claire…

Edit du lundi 12 janvier : « L’initié » est bien intervenu en la personne de Benjamin Clerc qui précise dans les commentaires : « Je suis dans l’académie de Montpellier, chargé de mission à la Matice. Cette vidéo date … Mme Colomina est à la retraite depuis plus d’un an et c’est bien une solution libre qui a été retenue dans l’académie de Montpellier (en relation avec les académies de Bordeaux, Orléans et Lille), basée sur e-sup portal. »




Largage de liens en vrac #10

ClickFlashPhotos - CC byPremier largage 2009 qui, de l’aveu même de son auteur, n’est pas forcément un grand cru quand bien même vous soyez tout de même susceptible d’y trouver chaussure à votre pied si vous n’êtes pas trop difficile en ce début d’année qui le sera d’après les experts[1].

  • Myst OnLine : Uru – Live : La sage Myst fut un jeu mythique de la fin du siècle dernier. Sa version en ligne passe en Open Source d’abord parce que le projet est un échec commercial mais aussi pour voir si la communauté réussira à s’organiser pour ne pas le laisser mourir et le faire renaître de ses cendres.
  • sIFR lite : sIFR est un JavaScript permettant l’affichage de n’importe quelle typographie sur son site via le plugin Flash. Cette version allégée et simplifiée pour séduire certains webmasters pressés.
  • Lilina : Un joli aggrégateur de flux RSS en ligne qui marche sur les plate-bandes de Google Reader.
  • Greenshot : Un logiciel pour faire de la copie d’écran sous Windows.
  • FireTorrent : Une extension qui permet d’intégrer à Firefox toute la gestion des téléchargements de fichiers bittorrents. Vous n’avez alors plus à vous munir d’un client bittorrent pour partager vos fichiers.
  • Dictionnaire Le Littré : Le grand dictionnaire de la langue française d’Émile Littré accessible directement que l’on soit sous Windows, Mac ou Linux.
  • Agile Carousel : Un très esthétique plugin jQuery permettant de faire défiler des images dans une page web.
  • Ketarin : Un soft permettant de surveiller les mises à jour de vos logiciels en ligne (directement ou via le site FileHippo). Il y a un exemple avec CDBurnerXP mais sincèrement j’ai pas tout compris donc si quelqu’un veut ajouter quelques précisions dans les commentaires, il est le bienvenu !
  • Numpty Physics : Un jeu qui s’inspire du jeu vraiment sympa Crayons Physics (voir la vidéo en accueil pour bien comprendre comme ça marche) en utilisant le moteur 2D libre Box2D engine (pour la version compilée Windows c’est directement ici).
  • WindowsPager : Windows n’a pas, comme Linux, la possibilité de gérer plusieurs bureaux virtuels, heureusement que WindowsPager est là pour combler le trou.
  • OpenSource FLV Player : Comme son nom l’indique, tout petit lecteur libre de vidéo au format Flash.
  • VortexBox : D’après le site LifeHacker, VortexBox transforme vos vieux PC en jukebox (c’est-à-dire serveur) musical.
  • Browser Security Handbook : Signalons enfin ce guide très complet réalisé par Google (et sous licence libre Creative Commons By-Sa) sur les problèmes de sécurité et de respect des standards des navigateurs web (pour résumé ce sont globalement Firefox et Chrome qui arrivent en tête, sauf que Google est un peu juge et partie sur ce coup-là).

Notes

[1] Crédit photo : ClickFlashPhotos (Creative Commons By)




Quand l’album de Nine Inch Nails bouscule toute l’industrie musicale

Notsogoodphotography - CC byOn risque d’en parler longtemps. Imaginez-vous en effet un album de musique sous licence Creative Commons, disponible gratuitement et légalement sur tous les sites de partage de fichiers, et qui arrive pourtant en tête de meilleurs ventes 2008 sur la très fréquentée plate-forme de vente en ligne Amazon !

Voilà une nouvelle qui fait du bien et qui va à l’encontre de bon nombre d’idées reçues véhiculées notamment par certaines pontes de l’industrie culturelle (et leurs amis politiques). Une véritable petite bombe en fait, surtout en temps de crise. Les mentalités et les comportements évoluent et cela bénéficie indirectement aux logiciels libres qui sont « gratuits » ou « payants » selon que vous décidez ou non de soutenir le logiciel libre considéré[1].

Nine Inch Nails : l’album MP3 sous licence Creative Commons s’est vendu comme des petits pains

NIN’s CC-Licensed Best-Selling MP3 Album

Fred Benenson – 5 janvier 2009 – Creative Commons Blog
(Traduction Framalang : Don Rico)

L’album de Nine Inch Nails (NIN) diffusé sous licence Creative Commons, Ghosts I-IV, a fait un bon nombre de gros titres.

Pour commencer, l’opus a été salué par la critique et récompensé par deux nominations aux Grammy Awards, ce qui atteste la qualité musicale de cette œuvre. Mais ce qui nous emballe vraiment, c’est le formidable accueil qu’a reçu cet album chez les adeptes de musique. En plus d’avoir généré plus d’un 1,6 million de dollars de gains pour Nine Inch Nails dès la première semaine et d’avoir atteint la première place du classement de Billboard dans la catégorie musique électronique, Ghosts I-IV figure à la quatrième place des albums les plus écoutés de 2008 sur Last.fm, fort de 5 222 525 écoutes.

Mais le plus enthousiasmant, c’est que Ghosts I-IV a été l’album MP3 le plus vendu en 2008 sur la plateforme de téléchargements de MP3 d’Amazon.

Songez un peu à ce que ça signifie.

Les fans de NIN auraient pu utiliser n’importe quel réseau de partage de fichiers pour télécharger légalement l’album entier, puisqu’il est sous licence Creative Commons BY-NC-SA. Beaucoup l’on d’ailleurs fait, et des milliers continueront à le faire. Alors pourquoi les fans prendraient-ils la peine de payer des fichiers identiques à ceux qui sont disponibles sur les réseaux P2P ? On peut d’abord l’expliquer la facilité d’accès et d’utilisation des pages de téléchargements de NIN et d’Amazon. Mais il y a aussi le fait que les fans ont compris qu’acheter des fichers MP3 allait directement profiter à la musique et à la carrière d’un groupe qu’ils apprécient.

La prochaine fois qu’on tentera de vous convaincre que produire de la musique sous licence Creative Commons entamerait les ventes de musique numérique, souvenez-vous que Ghosts I-IV a prouvé le contraire, et soumettez cet article à votre interlocuteur.

Notes

[1] Crédit photo : Notsogoodphotography (Creative Commons By)




Maximum respect for the Ubuntu french team

Voici une petite interview de Christophe Sauthier, président de la french LoCo team à savoir l’association Ubuntu-fr, réalisée début décembre à Mountain View (oui, oui, chez Google) lors du récent Ubuntu Developer Summit, UDS chez les initiés.

Il a beaucoup impressionné l’assemblée, c’est-à-dire ses petits camarades ubunteros venus du monde entier pour l’occasion, avec ses 4000 visiteurs de la récente Ubuntu Party de Paris à la Villette (d’ailleurs il est désormais surnommé 4K, c’est vous dire). Il évoque également tous les avantages de devenir Masters of the Universe (MOTU) chez Ubuntu et son souci de faciliter la tâche et l’accueil des nouveaux contributeurs.

PS : C’est en anglais mais comme c’est un français qui parle anglais on comprend encore mieux que d’habitude 😉

—> La vidéo au format webm

Si jamais il vous venait l’envie d’en savoir plus sur Christophe Sauthier et son rôle au sein d’Ubuntu, vous trouverez ci-dessous un entretien paru dans la lettre hebdomadaire Ubuntu n°121 (7 au 13 décembre 2008) sous licence GNU FDL.

Entretien avec huats, leader de l’équipe d’Ubuntu-fr

Qui es-tu ? Où habites-tu ? Que fais-tu dans la vie ?

Je m’appelle Christophe Sauthier et mon pseudo IRC est huats. J’ai 31 ans, j’habite à Toulouse et je vis en couple. Je travaille pour une société de service (makina corpus) qui travaille exclusivement dans le monde de l’open-source. Je suis impliqué dans tout ce qui est formation, assistance, migration à Ubuntu, ainsi que sur certains dévelopements en PHP (Drupal) ou Python (Plone). Je suis impliqué directement dans Ubuntu en tant que président de la LoCo française. Mon autre rôle dans la communauté est de coordonner les tutorats des MOTU, dont le but est d’aider les nouveaux venus dans le monde du développement pour Ubuntu. J’essaye aussi d’être actif au niveau développement en aidant au packaging de quelques applications, essentiellement autour de l’environnement GNOME.

Comment es-tu entré dans le monde de Linux et d’Ubuntu ?

Il y a très très longtemps (quelque chose comme 1996), j’avais demandé son avis à quelqu’un au sujet d’un script Perl sur lequel je bossais (un CGI pour site web en l’occurence) et il m’avait dit : « Si tu veux coder un peu en Perl, fais-le sous Linux. Tu peux faire comme ça pour l’installer… » Ça a été mon premier contact avec Linux. À cette époque, j’utilisais surtout Suse et Debian. Et puis un beau jour, je tombe sur quelque chose basé sur Debian, mais qui n’avait pas encore de nom. C’est devenu Ubuntu. C’était en 2004, et depuis ce jour, Ubuntu est l’unique distribution que j’utilise.

Comment as-tu démarré avec la communauté française ?

Je faisais depuis un moment quelques traductions pour des logiciels (essentiellement dans GNOME) et je suis tombé un jour sur un billet du wiki de la LoCo française qui mentionnait des projets sur le point d’être lancés. L’un d’eux était l’organisation d’entretiens (puis leur traduction) avec quelques membres clés de la communauté. Ce projet a évolué plus tard en diverses choses comme BehindUbuntu.

Qu’est-ce qui t’a amené à prendre la tête de la LoCo française ?

Après cette première expérience dans la communauté française, j’ai décidé de rester dans les parages, fréquentant différents chats IRC francophones, ou passant de temps en temps sur les forums. C’est là que j’ai vu la campagne pour vendre des t-shirts pour la LoCo. Ma première pensée a été « j’en veux un ! », et ma deuxième « je suis sûr que je peux les aider à organiser ça »… après avoir commandé le mien, j’ai pris contact avec le gars qui s’occupait de ce projet, et il y avait tellement de boulot que mon coup de main a été le bienvenu… Il s’est trouvé que Yann (le gars que j’avais contacté) était le président de la communauté française, et après pas mal de discussions, il m’a dit qu’un coup de main serait bien utile aussi pour le développement du site web. Il m’a demandé de montrer que je pouvais aider en codant un module pour PunBB (le forum que nous utilisons). J’ai pris en charge de plus en plus de choses dans la LoCo, et quand le président a décidé de passer la main, on m’a demandé si je me sentais de relever le défi : monter une nouvelle équipe, avec une nouvelle organisation. C’est ainsi que je suis devenu le président d’Ubuntu-fr, et que j’ai essayé de changer l’organisation en me basant sur le concept de «travail d’équipe».

Quels sont les défis dans la gestion d’une grande LoCo? Comment votre LoCo fait-elle pour communiquer et couvrir un si grand territoire ?

Il y a de nombreux défis, mais c’est aussi un boulot passionnant. Le premier défi est, bien sûr, d’en faire le maximum tous les jours. Il y a beaucoup de sollicitations et nous ne pouvons satisfaire tout le monde, même si nous essayons. A la fin, certains peuvent croire que nous ne sommes concentrés que sur un domaine et que nous nous fichons des autres. En fait, nous manquons tout simplement de main-d’oeuvre et de temps, et pour le montrer, nous communiquons de plus en plus au travers d’un blog pour les rapports. Ce blog fait partie du Planet francophone et donc tout le monde peut y accéder. Mais nous ne voulons pas seulement nous limiter au blog, nous essayons d’être aussi transparents que possible sur les décisions prises. Environ une fois par mois, nous tenons une réunion publique sur IRC. Nous essayons de nous occuper de chaque aspect de notre communauté : nous parlons des actions passées (depuis la dernière réunion), des actions en cours, et de celles à court et moyen terme. Nous consacrons aussi du temps à répondre aux questions et tout le monde peut proposer un nouveau sujet de discussion. Je pense que cette transparence intéresse les gens, ainsi à la dernière réunion, environ 60 personnes étaient présentes.

Comment la LoCo française est-elle organisée? Est-elle centralisée ou décentralisée ?

C’est un mélange. Il y a bien sûr un groupe de personnes qui forme le noyau de la LoCo, mais avec la nouvelle organisation de l’équipe, ce groupe s’est quelque peu agrandi. Le but est que chaque personne ait une vue d’ensemble de tout ce qui se passe dans la LoCo, ou du moins qu’elle en sache autant que possible. De cette manière, si quelqu’un se désiste, il est plus facile de le remplacer. Autour du noyau, il y a un plus grand cercle d’individus qui sont plus particulièrement investis dans un ou deux domaines. Ce deuxième groupe peut être considéré comme plusieurs équipes vouées à un domaine en particulier. Donc, pour résumer : un noyau de moins de 10 personnes, qui mène des activités de groupe indépendantes les unes des autres. Chaque équipe a une grande liberté d’action, même si nous aimons être tenu au courant des décisions importantes.

Parfois, les communautés connaissent des périodes creuses, pendant lesquelles la motivation ou la participation peuvent retomber. Comment fait la communauté française pour remédier à cela ?

Je pense que nous avons également eu un tel épisode, mais son effet a été amoindri par les changements d’organisation que j’ai mentionné plus tôt. C’était perceptible lorsque les principaux protagonistes de la communauté ont ralenti un peu, mais il n’y a pas eu de gros ralentissement de nos activités. C’est le signe distinctif des communautés les plus importantes, qui peuvent s’autogérer sans dommage majeur… Tant que cela ne dure pas trop longtemps bien sûr… Depuis, la communauté est revenue sur les rails, et elle très active. Les séances que nous avons eu dans tout le pays pour Intrepid, ainsi que l’évènement de Paris avec plus de 4000 visiteurs dans le week-end en sont de bons exemples. Puisque nous ne voulons plus ralentir, nous avons lancé quelques petits projets qui devraient nous aider à aborder des sujets qui nous intéressent. Cela devrait nous aider à maintenir la croissance de notre communauté. Il y a quelques projets qui m’ont donné envie de m’investir dans la communauté, donc vous pouvez imaginer que j’y suis très attaché. Nous avons le sentiment que, de cette façon, nous pourrons compenser une décroissance, ou un ralentissement de la participation en ajoutant de nouveaux centres d’intérêts dans lesquels s’impliquer.

Quels sont les projets de la LoCo à court et long terme ?

Je dirais continuer le travail actuel que nous avons juste initié : compléter les diverses équipes (certaines sont encore un peu floues, ou commençent seulement à prendre forme). Par exemple, il n’y avait pas vraiment d’équipe de développement web, puisque nous nous contentions de réunir les ressources au besoin. Aujourd’hui, un groupe de personnes très talentueuses travaille sur divers aspects de l’utilisation à long terme, pas seulement à la demande. C’est nécessaire si nous voulons pouvoir continuer à innover. Donc pour le court terme, cela signifie trouver une nouvelle apparence pour l’ensemble des sites ubuntu-fr (site web, documentation, forum et planet), utiliser au mieux notre nouveau site web (drupal), et donner à nos éditeurs les droits pour plusieurs équipes (celles de kubuntu ou d’edubuntu). Nous espérons être capables de faire ceci dans les prochains mois. Pour le long terme, nous voulons vraiment continuer nos efforts de diffusion d’Ubuntu en France, ce qui demande l’organisation de sessions supplémentaires dans tout le pays (en continuant sur notre lancée après tous les évènements accompagnant la sortie d’Intrepid). Nous souhaitons aussi organiser des colloques réguliers, où les gens pourront se rencontrer physiquement plutôt qu’à travers IRC. Cela permettrait d’aider les novices à ressentir une appartenance à la communauté. Cela pourrait aussi se traduire par des ateliers de débuggage, des ateliers de documentation (comme un atelier de débuggage mais pour vérifier la documentation disponible), ou même quelques ateliers de traduction. Enfin, nous essaierons de définir une réelle politique pour la participation aux évènements pour permettre aux gens de rencontrer l’équipe personnellement pour poser des questions et obtenir des réponses.

Une des idées que vous avez évoquées avec le conseil de la communauté est le jumelage. Qu’est-ce que c’est? L’avez-vous déjà mis en pratique?

Le jumelage des LoCo peut prendre plusieurs significations. Celle qui me tient à coeur est l’aide qu’une communauté importante, comme la communauté française, peut apporter aux plus modestes. Cette aide pourrait être de l’expérience, ou l’organisation de campagnes à grande échelle, ou même des dons pour les aider à lancer leurs évènements. C’est quelques chose à laquelle notre équipe a du faire face à ses débuts, et sans l’implication financière de quelques membres, nous n’aurions jamais pu faire autant de choses. Comme la communauté française est plus puissante maintenant, cela pourrait être une bonne chose d’aider les autres équipes à se lancer. En fait, c’est plutôt proche des concepts clés qui menèrent à la création de Ubuntu-eu il y a quelques années. Ubuntu-eu est un effort commun pour partager l’hébergement de leur site web. Depuis, plusieurs communautés ont trouvé un hébergement à cet endroit, ce qui est clairement une aide fort utile pour les équipes les plus récentes. Pour revenir au processus de jumelage, nous avons commencé à travailler un peu sur le sujet, avec la communauté tunisienne, mais nous n’avons pas avancé beaucoup dans le processus par manque de temps. Je suis sûr que nous travaillerons bientôt à nouveau là-dessus.

L’équipe française Ubuntu a organisé une Ubuntu Party à laquelle ont participé 4000 personnes. Pouvez-vous la décrire ? Comment l’avez-vous préparé ? Combien de temps cela a-t-il pris?

Cet évènement, qui a eu lieu à Paris, était un mélange de tous les différents types d’atelier qu’on peut avoir : installation, nouvelle version, conférence… C’est pourquoi on peut simplement l’appeler un “atelier Ubuntu”. On prépare cet évènement tous les 6 mois, pendant le week-end, un mois à peu près après la sortie d’une nouvelle version. Pendant l’atelier, les gens viennent pour avoir une installation d’Intrepid ou parce qu’ils ont des problèmes avec leur installation. On a aussi présenté plus de 14h de conférences, et un atelier débuggage…une station de radio a même émis depuis l’Ubuntu Party pendant tout le week-end. L’équipe préparait cet évènement depuis la fin du précédent (c’est-à-dire début juin), donc on a assisté au résultat de 6 mois de travail par l’équipe toute entière. Certains travaillaient sur la communication (les médias et le public visé), d’autres sur les besoins matériels de l’évènement, et d’autres sur les conférences. Maintenant, on fait l’analyse de cet évènement, ce qui nous aidera à préparer le suivant en mai 2009.

Que fais-tu dans ton temps libre ?

À part mes activités LoCo, je fais aussi du développement pour Ubuntu. Même si je sais que cela est lié a notre communauté, je considére cela clairement comme une activité à part. Cependant, je fais aussi pas mal de sport : du basketball et de la randonnée dans les Pyrénées (les montagnes près de chez moi). À part cela, j’aime cuisiner pour mes amis. D’ailleurs, je pense qu’il y a clairement un point commun entre cuisiner pour les autres et participer à des activités liées aux logiciels libres…




Putain de saloperie de Windows Vista de merde !

Stephmcg - CC byC’est un titre qui claque ça non ? (et qui se dégage facilement du flot des flux RSS) Il est spécialement dédié à celui qui aura entré texto cette expression dans un moteur de recherche et qui sera arrivé jusqu’ici. Courage, vous avez toute ma compassion.

Bon, il faut quand même que je vous dise lâchement, avant que Thierry de Vulpillières de Microsoft France ne me poursuive en diffamation, que ce morceau de prose flamboyante n’est pas de moi. Mais cela reste dans la maison car cela provient d’un autre prof, Jérôme (une vraie poucave le aKa), et devant les élèves qui plus est, et même que c’est sur le site de Libération !

Son petit témoignage « j’vide mon sac car ça fait du bien » sur l’arrivée d’un tout nouveau tableau numérique interactif (TNI) dans la classe serait savoureux si l’expérience n’avait pas viré au cauchemar[1] pour son auteur !

Eh oui, ça marche sous XP mais ça marche plus sous Vista. Encore un bahut qui n’a pas pris la peine de lire le rapport Becta dont voici un petit extrait pour rappel : « Les machines sous Vista pourraient ne fonctionner qu’avec une autre version d’une application voir même seulement avec des produits différents. Cela peut être source de confusion si le personnel ou les élèves doivent travailler avec les deux systèmes d’exploitation. Il pourrait aussi être nécessaire de dupliquer le travail pour certaines leçons ou pour certains projets pour les adapter à Windows Vista et Windows XP. » (p.19 – § 4.31)

Ou encore : « Le mélange des systèmes d’exploitation peut très bien se faire dans les écoles ou le réseau informatique fonctionne déjà avec plusieurs systèmes d’exploitation comme Windows, Mac et Linux quand cette mixité est adaptée. Nous recommandons cependant que les écoles et universités ayant un parc informatique cohérent sous Windows XP faisant l’acquisition de systèmes avec Vista préinstallé exercent, lorsque c’est possible, leur droit du choix du système d’exploitation et maintiennent la cohésion de leur installation avec Windows XP. » (p.19 – § 4.31)

Et je ne vous parle même pas de logiciels libre pour une fois. Non, juste du fait que strictement personne en haut lieu n’a cru bon de mettre en garde les établissements scolaires comme l’a fait le Becta en Angleterre. Du coup les collectivités territoriales arrosent aujourd’hui les lycées avec Vista pour justement aboutir à des magnifiques parcs informatiques hétérogènes, avec tous les problèmes qui vont avec (dont cette magnifique illustration n’est certainement pas un cas isolé).

Comme quoi ça sert le lobbying !

Quand le prof devient grossier…
19 décembre 2008 – Blog de Libération

Notes

[1] Crédit photo : Stephmcg (Creative Commons By)




Largage de liens en vrac #9

Meanest Indian - CC byBon ben c’est bientôt Noël, les bons baisers de Fort-de-France, tout ça… Dans ma besace, et comme c’est désormais devenu une tradition, j’ai tous les liens logiciels deliciousés depuis un bon gros mois. J’aurais pu les sortir un à un en prenant soin de les étudier méticuleusement mais faute de temps j’ai tout vidé en vrac à même le sol (c’est assez joli dans la neige remarquez). Ce serait bien le diable si vous ne trouviez pas au moins une chaussure à votre pied dans le tas[1].

  • Oxite : Commençons par la toute fraîche plate-forme CMS/Blog de… Microsoft. C’est bien entendu fait avec les technos de la maison (ASP et .NET) et avec la licence libre maison mais ne boudons pas notre plaisir car c’est tout de même un bonne nouvelle de la part de ceux qui affublaient hier encore le logiciel libre de noms d’oiseaux comme cancer ou pire encore communiste !
  • OpenXML Document Viewer : Dans le même ordre d’idée, c’est-à-dire toujours chez Microsoft, signalons cette extension Firefox capable a priori de lire les document sous le controversé format de la suite MS Office l’OOXML (.docx, etc.). La sortie est en HTML, donc c’est plus un convertisseur qu’un viewer. Une extension pour le navigateur libre concurrent (et bientôt, semble-t-il, la lecture/écriture native de l’ODF dans MS Office), jusqu’où n’est-on pas prêt à aller pour, au choix, assurer l’interopérabilité ou… ne pas perdre la guerre des formats !
  • Ecofont : Il fallait y penser, une police de caractère écologique parce qu’il y a des trous blancs dedans (et donc on use moins d’encre vous me suivez). Écologique et logique que le choix se soit porté sur une licence libre. Signalons en passant que l’Open Font Library commence à être vraiment bien fourni.
  • FUSBi : Acronyme de Free USB Installer, permet d’installer sa distribution GNU/Linux bootable sur une clé USB. Sauf que attention, pas n’importe quelle distribution, les seules véritablement libres selon la FSF ce qui donne ici : gNewSense, UTUTO, Dynebolic, BLAG and GNUstep.
  • Kiwix :  : Un logiciel pour utiliser Wikipedia sans connexion Internet. Pour la version française il vous faudra 2 Go d’espace mais c’est somme toute logique vu la dimension prise par l’encyclopédie (dans tous les sens du terme). Pratique aussi pour lutter contre la fracture numérique.
  • Tiny Tiny RSS : Un aggrégateur de flux RSS en ligne qui pourrait bien devenir le Google Reader killer du libre. Tout comme Piwik avec Google Analytics, il est fort important de disposer d’outils libres marchant sur les plate-bandes de Google.
  • Abiword : Belle mise à jour (avec l’intégration de l’OOXML de Microsoft par exemple) pour cet adorable petit traitement de texte qui a su trouver sa place dans PLLM (Paysage du Logiciel Libre Mondiale), surtout si vous trouvez qu’OpenOffice.org est trop pataud par rapport à vos modestes besoins.
  • Songbird : Autre très belle mise à jour, rien moins que la 1.0 (toujours très important de passer le seuil psychologique du 1.0 pour un logiciel). iTunes a désormais un réel concurrent libre. Et que même qu’il sait en faire beaucoup plus et se marie à merveille à grands coups d’extensions avec Firefox (celle que je préfère affiche l’article Wikipédia de la musique du moment). Bref, mériterait un billet à lui tout seul.
  • OpenGoo : Toujours dans la série émouvante des 1.0 (et toujours dans les concurrents potentiels à Google, ici Google Docs), signalons donc la mise à jour de cette suite bureautique en ligne qui commence à faire son trou.
  • Elgg : Et pour en finir avec les mises à jour majeures, celle de Elgg (1.2) qui devient très certainement la meilleure solution actuelle pour faire son propre site en réseau social (propose peu ou prou la même chose que Facebook, tout du moins les fonctions basiques).
  • Multi Theft Auto : Je connais pas bien mais à ce que j’ai compris c’est open source et ça permet de jouer à plusieurs à Grand Theft Auto : San Andreas (GTA : SA). Les adeptes s’y retrouveront (mais ils peuvent aussi laisser un commentaire pour dire ce qu’ils en pensent).
  • LoseThos : Rien moins qu’un système d’exploitation complet ne dépassant pas les 20 Mo et mis par son auteur dans le domaine public. Ne tourne que sur les IBM PC x86_64. Didactiquement c’est un formidable jouet pour les développeurs en herbe puisque vous avez d’office tous les droits sur tout 😉
  • XMind : Un logiciels pour faire du mind mapping (ou carte heuristique) qui semble assez puissant si l’on en juge par la présentation du site officiel.
  • Kaltura : Se veut être un peu le YouTube du libre (mais je peux me tromper) avec de plus des fonctions d’édition collectives a priori intéressantes. Collabore déjà avec Wikipédia et est proposé comme extension sur Drupal, WordPress ou Mediawiki.
  • OpenProj : Un outil de planification de projet, concurrent direct de solutions propriétaires comme Microsoft Project.
  • CockingIT : Même fonction que le logiciel précédent mais en plus simple et sexy (Ajax inside) et surtout en ligne.
  • Animata : De la création d’animation tout à fait originale et semble-t-il simple d’accès (non disponible sous Linux).
  • Translate.Net : Un logiciel qui se connecte aux plus populaires des services de traduction en ligne pour vous proposer plusieurs résultats et vous faciliter la tâche.
  • OTRS : Pour l’entreprise, un logiciel de gestion de tickets simple et efficace. Dans la même catégorie, j’ai noté également SiT! (à bien prononcer).
  • Cloud (gOS) : Un OS hybrique entre GNU/Linux (Ubuntu avec Enlightenment) et l’informatique dans les nuages à base principalement d’applications Google. Candidat aux netbooks, et très sexy sur le papier (voir la présentation diaporama sur le site). Fait beaucoup parler de lui sur le toile anglophone en ce moment.
  • Instalinux : Je ne connaissais pas. Permet de se faire, étapes par étapes, une image ISO d’un CD d’installation personnalisée de GNU/Linux à commencer bien entendu par le choix de la distribution (Ubuntu, Fedora, OpenSUSE, etc.)
  • Conky : Pour les geeks (et d’ailleurs que pour Linux), permet de faire afficher de manière très clair et agréable sur votre bureau plein d’informations systèmes.
  • Ubuntu Eee : Ubuntu sur votre Eee PC. Fort bien fait et téléchargeable puis installable directement à partir d’une clé USB.
  • Appnr : Pour installer des programmes sous Ubuntu, Synaptic c’est très pratic sauf que c’est tout de même assez frustre. Ici tout se fait à partir du web avec copies d’écrans et tout le tralala.
  • Go-oo : Le saviez-vous chers amis ubunteros ? Il y a un peu de Go-oo dans votre OpenOffice.org.
  • Toutou Linux : Basé sur Pupy Linux (lire par exemple ce test plus qu’enthousiaste), cette mini, moins de 100 Mo, distribution Linux est tout sauf un gadget. Il faudra aussi en reparler (ne serait-ce que parce qu’on tient un excellent candidat pour les machines soit-disant obsolètes de l’Education Nationale).
  • pure:dyne : Une distribution GNU/Linux spécialement dédiée aux artistes-hackeurs (et je sais qu’il y en a ou qui souhaitent le devenir). Il va sans dire qu’il y a plein d’outils pour l’audio et la vidéo dedans.
  • LotoEduc : Création de cartes de loto éducatives (qui ne devrait pas tarder à se trouver dans l’annuaire Framasoft, non, mais !).
  • Xerte Project : Nous vient de l’Université de Nottingham. Pour créer des applications web éducatives en Flash (un peu comme Mathenpoche en fait). Les démos sont assez impressionnantes de qualité graphiques comme seul Flash peut le proposer actuellement (et malheureusement).
  • Sage : On ne parle pas peut-être pas assez de ce logiciel de mathématiques capable de rivaliser, excusez du peu avec Magma, Maple, Mathematica et Matlab réunis !
  • ClamXav : Enfin une déclinaison Mac pour le célèbre outil anti-virus issu du monde du libre.
  • simpleCart : Si vous souhaitez créer une boutique en ligne pour quelques produits, et si ni le JavaScript ni Paypal ne vous pose problème, alors c’est certainement la meilleure des solutions (avec un look tout de suite très pro, ce qui fait jamais de mal quand on veut que les visiteurs deviennent aussi clients).
  • SimplePie : Une solution super élégante pour aggréger des flux RSS dans vos sites web (avec extensions pour WordPress, Drupal, Joomla, etc.).
  • GameJS : Un moteur de développement de jeu 2D en JavaScript. Le Tetris en exemple est fort bien fait.
  • today’s timetable : Toujours du JavaScript en code libre, une très esthétique (et valide W3C) frise chronologique pour vos sites.
  • WysiHat : Un éditeur WYSIWYG en JavaScript. Une petit demo pour bien comprendre.
  • Vfront : Vous voulez un truc plus sexy-web-2.0-ajax que PhpMyAdmin pour gérer vos bases SQL ?
  • Blackbird : Une console en JavaScript sur vos pages web. C’est très joli et en plus ça doit certainement servir à quelque chose !
  • The Beta (tbeta) : Popularisé par l’iPhone, les écrans tactiles sont en pleine évolution. Le libre n’est pas en reste.

Notes

[1] Crédit photo : Meanest Indian (Creative Commons By)