« Vous êtes trop cons, je laisse tomber ! »

Nils Geylen - CC by-saDans notre récent billet Du choix risqué du logiciel propriétaire et étranger pour sa défense nationale, nous avions évoqué le cas de Conficker, ce ver informatique qui a récemment affecté (et infecté) bon nombre d’ordinateurs sous Windows.

Carla Schroder a fait sa petite revue de presse autour du sujet[1] et… les bras lui en sont tombés ! À dire vrai, elle en a carrément gros sur la patate. Tout y passe : les journalistes, les militaires, les sociétés d’antivirus, les clients de Microsoft et bien sûr ce « système d’exploitation de merde ».

Ce qui nous donne, vous l’aurez compris, un article coup de gueule et coup de sang un « brin » polémique qui ne manquera pas de faire réagir dans les commentaires[2].

J’abandonne. Windows ou la preuve que les gens sont trop cons pour utiliser des ordinateurs.

I Give Up. Windows Is Proof That People Are Too Stupid To Use Computers.

Carla Schroder – 12 février 2009 – LinuxToday Blog
(Traduction Framalang : Olivier et Don Rico)

Et trop cons ou faux-culs pour reconnaître en Windows l’échec qu’il est vraiment. S’il s’agissait de n’importe quel autre type de produit, on l’aurait banni de tous les pays du monde depuis des lustres. Pour parler de la dernière attaque virale affectant Windows, le ver Conficker, la BBC prend son ton nonchalant habituel, ne le décrit comme un ver spécifique à Windows qu’au bout de plusieurs paragraphes, cite des vendeurs d’antivirus comme si leur avis avait un quelconque intérêt, alors que ce ne sont que des nuisibles, pour finir par rejeter la faute sur les utilisateurs :

« Le ver se répand par les réseaux peu sécurisés, les cartes mémoires et les PC qui ne sont pas à jour (…) Microsoft a fait son travail en protégeant les ordinateurs familiaux, mais le ver continue sa progression dans les entreprises qui ont ignoré la mise à jour (…) Bien sûr, le vrai problème vient des utilisateurs n’ayant pas appliqué le correctif sur leurs ordinateurs », ajoute-t-il.

Veuillez m’excuser, il faut que j’aille me défouler sur quelque chose.

BIEN SÛR que c’est la faute des utilisateurs. Ils continuent à utiliser le pourriciel le plus cher et le plus mal conçu de tout le Système solaire. Mais ses défauts incurables ne leurs sont pas imputables. Abandonnez aussi l’idée que ces utilisateurs puissent être secourus par Linux, nous ne voulons PAS qu’ils utilisent Linux. « It is impossible to make anything foolproof, because fools are ingenious » (NdT : « Il est impossible de concevoir un produit infaillible, car les idiots sont ingénieux » Jeu de mots sur foolproof, infaillible et fool, imbécile).

Quand on parle de logiciels malveillants, ce sont des logiciels malveillants pour WINDOWS, PAS des logiciels malveillants pour les ordinateurs

Les armées américaine et anglaise sont mises à mal par des logiciels malveillants pour WINDOWS. Pas des logiciels malveillants pour ordinateurs, des logiciels malveillants pour WINDOWS. Chers journalistes, prenez note. C’est un fait de la plus haute importance. Je sais à quel point vous détestez les faits et les recherches, je vous l’apporte donc sur un plateau. Ne me remerciez pas. Même Wired, dont on attend pourtant mieux, s’est fendu de ces quelques lignes, du mauvais journalisme de première classe :

« La progression rapide d’un ver au sein du réseau de la Défense donne des sueurs froides aux ingénieurs informaticiens du ministère de la Défense. L’utilisation des clés USB, des CD, des cartes mémoire et de tout autre support de stockage est donc prohibée sur leurs réseaux pour essayer d’enrayer la progression du ver. »

À aucun moment l’article ne fait mention de Windows ou de Microsoft. Ça nous a bien fait marrer quand la Royal Navy a mis Windows sur ses sous-marins il y a tout juste quelques semaines. Mais la plaisanterie a assez duré :

« Le ministère de la Défense a confirmé aujourd’hui qu’il a été victime d’un virus ayant causé l’arrêt d’un "petit nombre" de serveurs de la Défense dont, en particulier, le réseau d’administration des bâtiments de la Royal Navy. »

Ils minimisent évidemment le problème, ne vous faites pas de bile, ce n’est rien de grave, circulez il n’y a rien à voir. Après tout, les têtes nucléaires sont à jour avec le SP4 ou une autre connerie du genre. Et là non plus personne n’évoque le mot tabou Windows.

Des avions de chasse cloués au sol par une infection bénigne, sans importance

Celle-là, elle est à se tordre :

« Des avions de chasse français n’étaient pas en mesure de décoller après que des ordinateurs militaires ont été infectés par un virus… Les appareils étaient dans l’incapacité de télécharger leur plan de vol après que les bases de données ont été infectées par un virus Microsoft malgré une alerte donnée quelques mois auparavant. »

Et là encore le problème est minimisé : « L’échange d’informations a été affecté, mais aucune donnée n’a été perdue. C’est un problème de sécurité que nous avions déjà simulé. » Il faut reconnaître que le reporter a eu le courage de dire Microsoft et Windows. Mais malheureusement c’est encore l’utilisateur qui est pointé du doigt.

Microsoft ameute les troupes !

Je vous ai réservé la meilleure histoire pour la fin. Je n’invente RIEN ! Microsoft elle-même, la plus grosse entreprise de logiciel, connue pour les milliers de milliards de dollars qu’elle a engrangé dans ses coffres-forts, qui dépense des milliards de dollars pour le développement de Windows mais dont les codeurs ne parviennent pas à se sortir de ce pétrin, offre donc une récompense :

Microsoft ameute les troupes pour choper Conficker
« Dans un effort coordonné à l’échelle mondiale pour venir à bout de ce que les experts désignent comme ce qui pourrait être le pire logiciel malveillant, des grands noms de l’industrie, du monde universitaire et des services de police joignent leurs efforts dans la chasse au ver Conficker… Microsoft coordonne des actions visant à arracher la tête du ver – offrant une récompense de 250 000 dollars à quiconque pourrait fournir des informations menant à l’arrestation et à la condamnation des responsables de la propagation de Conficker sur Internet. »

Vous devez vraiment lire cet article, on le croirait extrait du Journal des aberrations. Il nous conte comment cette ligue d’experts s’est mise en branle pour combattre ce ver : vendeurs d’antivirus, services secrets, ICANN, Verisign et les universités. Voici la chute de l’histoire :

« Conficker utilise la fonction Autorun de Windows – celle qui lance automatiquement les CD-Rom ou les DVD quand on les insère dans l’ordinateur.
Autorun facilite la vie des utilisateurs, mais désactiver AutoRun, c’est enquiquinant, d’après Nazario. »

Enquiquinant ? J’ai bien lu ? ENQUIQUINANT ???

Je ne sais pas trop, je suis tiraillé entre l’envie d’utiliser un langage peu châtié et celle de me mettre à pleurer. J’imagine alors que Conficker n’est « qu’un léger désagrément ». Et j’imagine que s’ils finissent pas attraper et punir les auteurs de Conficker, les 36 millions d’autres vers Windows, chevaux de Troie Windows et autres logiciels malveillants Windows disparaîtront tous.

Personne ne rejette la faute sur Microsoft

Faut-il donc être un petit génie pour comprendre que « Tiens, si j’arrête d’utiliser ce système d’exploitation de merde je n’aurai plus ces problèmes ! Tiens, peut-être que le fabricant mérite bien un petit procès pour avoir fait subir au monde cette bouse, une bouse qui a engendré des milliards de dollars de dégâts et qui a mis en danger la sécurité publique ! »

Pensez-vous. Après avoir vu le même scénario se répéter des centaines de fois au cours des 13 dernières années, tout ce qu’on peut en conclure, c’est que :

  • Les journalistes sont des crétins.
  • Les militaires sont des crétins.
  • L’industrie des antivirus n’est qu’un énorme parasite qui se satisfait bien de son inefficacité.
  • Les clients de Microsoft sont des crétins.
  • Tout le monde est corrompu… des corrompus bon marché qui plus est.

La seule hypothétique lueur d’espoir que nous ayons, c’est que les milliers de vers Windows vont se mettre en guerre les uns contre les autres et détruiront chaque machine Windows sur Terre. Mais le remède ne serait que de courte durée, car même après un holocauste nucléaire Windows la première chose que les gens feraient serait de se relever, de s’épousseter et d’essayer de redémarrer leur machine pour voir si ça ressuscite leur système.

Notes

[1] Pour comparer, voici une revue de presse francophone (by Google) parlant de Conficker. Est-ce mieux décrit que ce qu’évoque Carla ?

[2] Crédit photo : Nils Geylen (Creative Commons By-Sa)




Les droits d’auteur pour les nuls (dont certains nous gouvernent)

Marfis75 - CC by-saMaître Eolas vient de nous pondre un excellent billet intitulé Les droits d’auteurs pour les nuls.

Les nuls en question, ce sont d’abord vous et moi, qui trouveront là l’occasion de découvrir, parfaire ou mettre à jour leurs connaissances sur le sujet. Mais ce sont aussi et surtout ceux qui nous gouvernent et qui s’apprêtent à faire voter une loi scélérate (n’ayons pas peur des mots), à savoir la loi Création et Internet (ou Hadopi)[1].

Arguant de mon « droit de courte citation sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source » (ce qui est déjà fait ci-dessus), je n’ai pu résister à vous en recopier les derniers paragraphes.

Deux mots pour conclure, comme disent les avocats qui en ont encore deux cent à dire : d’une part, la protection des œuvres de l’esprit, et le droit de leurs auteurs de les exploiter commercialement est pour moi tout à fait légitime. Permettre à un artiste de vivre de son art est normal et sain pour la vie artistique. Je ne suis pas en guerre contre les droits d’auteur. J’émets simplement des doutes sur la réalité de l’étendue du préjudice que les ayants-droits prétendent subir à cause du téléchargement par des particuliers (télécharger une œuvre ne fait pas obstacle à l’acheter par la suite pour l’avoir en meilleure qualité ou bénéficier des bonus, et rien ne permet d’affirmer que ceux qui ont téléchargé une œuvre l’aurait acheté s’ils avaient été mis dans l’impossibilité de se la procurer de cette façon), et constate que le conservatisme de cette industrie qui espère arrêter le court du temps et de la technologie plutôt que faire face aux défis que représentent l’évolution de la technique est proprement suicidaire. Nous sommes en 2009, et l’industrie musicale commence tout juste à proposer légalement des titres au format largement compatible, ayant semble-t-il compris la bêtise que constituaient les mesures techniques de protection qui protégeaient surtout contre l’écoute du morceau.

Car, et c’est là ma deuxième observation, rappelez vous ce que je vous ai dit. Le droit d’auteur est apparu pour protéger les auteurs contre les éditeurs qui s’enrichissaient sur leur dos, puis contre les producteurs de spectacle et les interprètes qui faisaient de même. Le combat des ayant-droits aujourd’hui présente une grande nouveauté : il oppose les ayant-droits à leur public, qui ne s’enrichit pas sur leur dos. Les musiciens insultent ceux qui apprécient leur musique en les traitant de voleurs, les réalisateurs font de même avec ceux qui apprécient leur film en les traitant de dealers.

Je ne suis pas expert en marketing, mais qu’il me soit permis d’émettre des doutes sur la viabilité de cette attitude, et même de sa simple rationalité.

Quelle est la différence entre la loi DADVSI et cette loi Hadopi qui s’invite trois ans plus tard à l’Assemblée ? Aucune, ou presque, du côté du législateur, qui n’a semble-t-il pas retenu la leçon. Par contre on sent bien que la « société civile » est plus impliquée, comme l’illustre justement cette intervention qui sort du champ des défenseurs du logiciel libre et sa culture.

Quitte à faire momentanément le dos rond, il y a de quoi être optimisme pour l’avenir…

Notes

[1] Crédit photo : Marfis75 (Creative Commons (By-Sa)




Quand Serge Soudoplatoff nous parle d’Internet

Quand Serge Soudoplatoff nous parle d’Internet (et des mutations organisationnelles qu’il engendre) c’est non seulement accessible au grand public mais c’est surtout tout à fait passionnant.

Très à l’aise devant son auditoire, Serge Soudoplatoff réussit la gageure de partir un peu dans tous les sens (avec exemples, citations et anecdotes à l’appui) tout en restant cohérent avec sa ligne directrice.

Une intervention de 45 minutes donnée le 4 juillet 2008 au CEDAP et intitulée : « Comment Internet change nos organisations »

—> La vidéo au format webm

Pour en savoir plus sur l’auteur, rendez-vous sur son blog et en attendant voici une courte et caustique présentation telle qu’elle apparait sur AgoraVox.

Serge Soudoplatoff est vraiment né le 27 décembre 1954 par une longue nuit d’hiver. Les loups hurlaient dans la steppe. Sa mère, bretonne, lui apporta le goût du beurre et son père, russe, celui de la vodka. Cela perdure.

Après des études très primaires, qui devinrent vite secondaires, c’est en passant à Paris dans la rue de la Montagne Ste Geneviève en septembre 1973 que, la porte étant ouverte, il entra par hasard dans une prestigieuse école française. A sa sortie, trois ans plus tard, il se dirigea vers la cartographie, confondant dessiner le monde et le changer. Après 5 ans de recherches et de voyages à l’Institut Géographique National, il décida de quitter le traitement de l’image pour s’intéresser à celui de la parole dans un centre de recherche français, et américain, d’un grand constructeur d’ordinateurs. Après 5 ans de voyages et de recherches à IBM, il décida que la parole à une dimension ne valait pas mieux que l’image à deux, et se résigna à ne plus traiter que des problèmes ponctuels, en devenant directeur d’un centre de recherche en informatique dans une grande SSII. Après 5 ans à Cap Gemini Innovation, il alla mettre en réseau le monde de la recherche et celui des entreprises dans une association, le Cercle pour les projets Innovants en Informatique. C’est là qu’il comprit le passage de l’information à l’innovation, l’articulation entre l’informatique et la sociologie et la psychologie.

Ceci le fit bizarrement atterrir à la direction de l’innovation de France Telecom, où il s’est employé pendant trois ans à rendre concrètes les profondes mutations qu’engendre le monde Internet.

Il a finalement décidé de se muter lui-même en devenant fondateur d’une entreprise en essaimage de France Telecom, Highdeal, puis en créant Almatropie, dédiée à convaincre de l’importance d’Internet.




Du choix risqué du logiciel propriétaire et étranger pour sa défense nationale

Army.mil - CC byLe blog de Libération, animé par le spécialiste maison des questions militaires Jean-Dominique Merchet, nous informe aujourd’hui que nos armées ont été attaquées par un virus informatique.

En effet la Marine nationale, ayant son réseau sous Windows, a récemment été infectée par le ver informatique Conflicker (qui exploite une faille du serveur de ce système d’exploitation), jusqu’à, semble-t-il, empêcher certains avions Rafales de décoller[1].

Sachant que Microsoft avait identifié le problème et averti dès le mois d’octobre ses clients de la nécessité d’effectuer des mises à jour pour s’en prémunir, Jean-Dominique Merchet a raison de pointer là l’inquiétante négligence des services informatiques du Ministère.

Par contre il est passé complètement à côté de la question bien plus fondamentale de confier son informatique à un éditeur étranger de logiciels propriétaires. Qui plus est quand il s’agit de Windows dont on connait les problèmes de sécurité, qui plus est quand on travaille dans le domaine hautement sensible de la Défense nationale.

Heureusement certains commentaires sous son billet ne se sont pas privés de le lui rappeler, commentaires qui se trouvent être comme synthétisés par cette intervention lue sur LinuxFr et que je me suis permis de recopier ci-dessous :

Un ver s’attaque à la Marine française

URL d’origine

Patrick_g – 5 février 2009 – LinuxFr (Journal)

Conficker est le nom d’un ver qui infecte les machines sous Microsoft Windows. Il s’attaque au processus SVCHOST.EXE et il permet d’exécuter du code à distance. Un truc sérieux donc mais, hélas, pas inhabituel dans le monde merveilleux de Windows.

Ce qui est plus inhabituel en revanche c’est qu’il semble que ce ver ait réussi a se propager au sein du réseau informatique de la Marine Nationale (Intramar). L’isolation du réseau a été décidée mais elle a été trop tardive et des ordinateurs de la base aérienne de Villacoublay et du 8ème régiment de transmissions ont été infectés par la bestiole.

Sur ce lien on peut même lire que le 15 et le 16 janvier les chasseurs Rafale de la Marine Nationale qui devaient exécuter une mission n’ont pas pu décoller car ils étaient dans l’incapacité de télécharger les données de leur vol !

A priori Microsoft n’est pas coupable de négligence car un correctif pour la faille de SVCHOST.EXE avait été mis à disposition le 23 octobre 2008. Cette infection est donc entièrement la faute des administrateurs du réseau Intramar qui n’ont pas appliqué les correctifs et qui ont donc indirectement provoqué un gros "couac" dans la capacité de défense du pays.

Les questions qui se posent à la suite de cet épisode sont bien entendu les suivantes :

  • Comment est-il possible qu’une fonction aussi critique que le réseau informatique de la Marine nationale dépende d’un système d’exploitation propriétaire fourni par une firme étrangère ?
  • Comment est-il possible de choisir un système d’exploitation à la réputation sécuritaire plus que douteuse et dont il est impossible de relire le code source pour le vérifier ou l’améliorer ?
  • Comment les administrateurs d’un réseau militaire sensible peuvent-ils laisser leurs serveurs non patchés pendant des mois alors que le danger a été signalé et le que le correctif a été mis à disposition ?

Il y a quelque chose de pourri au royaume de la Royale…

Notes

[1] Crédit photo : Army.mil (Creative Commons By)




L’Angleterre se pose la question du Libre dans l’éducation

Superbomba - CC by-saAprès Barack Obama et l’Open Source, voici une autre traduction émanant de la BBC, autour du Libre et l’éducation cette fois.

C’est un plaisir non dissimulé de voir un tel grand média s’intéresser à la question et lui donner ainsi un fort coup de projecteur dans l’opinion (avec analyses, témoignages, perspectives… du vrai travail de journaliste en somme, tout simplement). Mais c’est également une belle satisfaction de constater la maturité du discours et de l’évaluation du logiciel libre chez la Perfide Albion[1].

Il me tarde de voir pareille situation traverser la Manche. Puissent tous les articles connexes de ce blog modestement y contribuer…

La question du Libre dans l’éducation

Open source question for schools

Andrew Miller – 26 janvier – BBC News
(Traduction Framalang : Daria, Olivier, Don Rico)

Andrew Miller se demande si les logiciels Open Source ne pourraient pas aider les écoles à mieux gérer leur budget.

Au salon British Education Training and Technology, BETT 2009, un rapide coup d’œil suffisait pour se convaincre, par la dimension de l’évènement, que les technologies de l’éducation bénéficient d’un budget plus que conséquent.

Sachant que les logiciels Open Source disponibles gratuitement et librement couvrent l’essentiel des exigences du programme national, on peut se demander pourquoi les écoles n’y ont pas plus recours, avec une économie potentielle de plusieurs millions de livres à la clé.

Comme leur nom le suggère, les logiciels Open Source sont des logiciels communautaires et leur code source est ouvert à tous. N’importe qui peut modifier le logiciel selon ses besoins et ensuite partager ces modifications avec tout le monde.

En entendant parler de logiciel Open Source, nombreux sont ceux qui pensent Linux – le système d’exploitation alternatif disponible sous différentes distributions comme Ubuntu, openSUSE ou Fedora.

Linux propulse les serveurs depuis longtemps, mais l’Open Source touche à toutes sortes de projets. Le navigateur Web Firefox et la suite bureautique OpenOffice en sont de bons exemples.

Promotion ouverte

Dans le secteur de l’éducation, seule une poignée de technophiles, agissant de leur propre initiative, font la promotion des logiciels Open Source et les utilisent pour employer au mieux leur budget technologie.

Les critiques accusent Becta – une agence gouvernementale qui supervise les acquisitions de toutes les technologies pour les écoles – de n’avoir pas assez œuvré à la promotion des logiciels Open Source.

Peter Hughes, responsable des accords d’acquisition au Becta, a assuré à la BBC que Becta sera plus actif dans ce sens.

« En tant qu’organisation, on nous a principalement reproché de ne pas avoir présenté comme il se devait les solutions Open Source et de trop favoriser les solutions propriétaires, comme celles de Microsoft. Nous avons tenu compte de ces critiques et, dans l’exercice de nos conseils en matière de stratégie et de distribution de la technologie dans l’éducation, nous avons tenté de rester impartiaux dans les avis que nous émettons pour aider les écoles à faire les meilleurs choix », a-t-il indiqué.

Fin 2008, le Becta a collaboré avec l’organisation gouvernementale des services d’acquisition OGCBuying.Solutions pour approuver 12 fournisseurs, lesquels ont en commun la capacité à équiper les écoles avec des logiciels Open Source.

Le Becta considère la désignation de Sirius comme un « grand pas en avant » et comme un message envoyé à la communauté : « Nous prenons les logiciels Open Source au sérieux ».

John Spencer, chef du développement commercial de Sirius, a confié à la BBC que l’Open Source est encore trop méconnu, pas seulement dans les écoles, et que Linux souffre d’un problème d’image.

« Beaucoup d’établissements scolaires sont restés bloqués en l’an 2000, quand il est devenu évident que la connaissance de l’outil informatique deviendrait une nécessité, mais depuis ils n’ont rien fait. Ils ont peur d’avancer en terrain inconnu, et il ne s’agit pas seulement de Linux mais également de Vista et d’Office 2007. Les bons professeurs chercheront toujours à aller de l’avant mais ils sont si occupés qu’ils préfèrent souvent s’en tenir à ce qu’ils connaissent », a précisé Mr. Spencer.

Sirius a déjà installé des logiciels libres dans beaucoup d’établissements au Royaume-Uni.

Dans le cadre d’un projet mené à Twickenham, on autorise les portables et ultra-portables appartenant à l’établissement ou aux élèves à démarrer sur le réseau pour leur donner accès aux fichiers et aux programmes dont ils ont besoin.

« Le réseau coûte moitié moins que ce que RM peut proposer et les économies d’énergie réalisées permettent au système de s’autofinancer en moins de 3 ans », affirme Mr. Spencer

Le temps de la compétition

Une autre initiative du Becta est centrée sur le site opensourceschools.org.uk, lancé fin 2008. Il a pour objectif de fournir des informations essentielles et des conseils aux professeurs pour une bonne utilisation des logiciels Open Source.

Cependant, le Becta émet quelques réserves.

« Nous voulons que les professeurs se rendent compte qu’ils peuvent, et doivent, considérer les logiciels Open Source comme une alternative solide », a déclaré Mr. Hughes.

« Les établissements doivent malgré tout bien se renseigner. Les mises en garde à l’égard de l’Open Source sont aussi nombreuses qu’à l’égard des logiciels propriétaires. »

Et que pensent les grosses entreprises informatiques des logiciels Open Source qui marchent sur leurs plate-bandes ?

Steve Beswick, le directeur de l’éducation pour Microsoft Royaume-Uni, a déclaré à la BBC que même si les logiciels Open Source peuvent, sur la valeur nominale, permettre des économies, il faut se méfier des coûts cachés, pécuniaires et autres.

« Beaucoup de monde est habitué à utiliser les outils Microsoft, et il faut donc re-former les gens à l’utilisation des solutions Open Source, ce qui peut avoir un coût élevé », affirme-t-il.

« Pour faire le bon choix, les établissements colaires et les universités doivent avoir toutes les informations en main. »

M. Beswick a prétendu que Microsoft n’est pas opposé à l’Open Source, et cite leur « engagement en faveur l’interopérabilité » démontré par le support du format Open Document Format dans le Service Pack 2 d’Office 2007.

Il a aussi mentionné le travail que Microsoft a réalisé en acquérant IIS, son logiciel de serveur phare, pour travailler avec le langage PHP.

Le ministre de l’Éducation, Jim Knight, s’est fait l’écho du point de vue de Becta. Dans une déclaration, il a annoncé : « Les établissements scolaires et les universités doivent maîtriser les tenants et les aboutissants du problème pour faire le bon choix – qu’il se porte vers l’Open Source ou le propriétaire –, et doivent être conscients du coût total de la solution adoptée, en n’oubliant pas le support à long terme et la formation. Je pense que c’est le rôle du Becta de travailler avec les fournisseurs de logiciels, aussi bien Open Source que propriétaires, afin que les écoles et universités puissent tirer au mieux parti des logiciels pour appuyer l’enseignement et l’apprentissage. »

Et du côté de la communauté Open Source alors ?

Gerry Gavigan, le président du consortium Open Source, a dit à la BBC que l’adoption des logiciels Open Source ne pouvait que passer par un changement des mentalités.

« Les coûts de la formation continue ne disparaissent pas simplement grâce au passage des logiciels propriétaires aux logiciels gratuits et Open Source. En revanche, les coûts associés aux formations induites par les mises à niveau encouragées ou forcées par une tierce partie ne sont plus d’actualité », a-t-il indiqué.

On parle aussi fréquemment du problème du verrouillage technologique, une des explications principales, pour les défenseurs de l’Open Source, à la domination prolongée de Windows.

« L’un des paramètres qui n’est pas toujours pris en compte dans le calcul des contrats d’achat de logiciels sont les coûts à long terme résultant des licences ou du verrouillage technologique », a déclaré Mr. Gavigan.

Mr. Gavigan admet que la gratuité des logiciels Open Source leur a parfois nui.

« Annoncer que vous avez essayé de régler un problème en dépensant des sommes faramineuses a plus d’impact sur votre public que de dire que vous avez utilisé une solution gratuite. D’après une croyance malheureuse, si ça ne coûte rien, ça ne vaut rien », a-t-il déploré.

Le monde connecté

Quoiqu’il en soit, certaines écoles se mettent aux logiciels Open Source. Le lycée Highworth, à Ashford, propose à la fois des logiciels propriétaires et des logiciels Open Source à ses étudiants.

L’administrateur réseau de l’école, Marc Blake, a confié que bien qu’il soit important que les élèves connaissent des alternatives à Windows, il convient de reconnaître qu’ils vivent dans un monde dominé par Microsoft.

Mais il a annoncé à la BBC que d’importantes économies pourraient être réalisées en utilisant des alternatives Open Source.

« Nous proposons à la fois Office 2003 et OpenOffice, de sorte que les clients aient le choix. J’estime que 98% des clients choisissent Microsoft Office à la place d’OpenOffice, mais au moins ce choix existe », a précisé Mr. Blake.

« La seule mise à jour vers Office 2007 de toute l’école nous coûterait environ 27000£, mais ce montant n’inclut pas le coût de remise à niveau des utilisateurs ni les mises à jour des documents associés ou du matériel pédagogique. Acquérir l’équivalent de Moodle (logiciel libre d’e-apprentissage) pour nos 1200 étudiants nous aurait coûter plus de 3000£ par an. Pour ce prix-là on n’a pas le support professionnel, mais si on est prêt à faire ce sacrifice, c’est beaucoup d’argent économisé », a-t-il ajouté.

Avant d’adopter Linux, Mr. Blake s’inquiétait de la compatibilité de certaines des plus récentes technologies du Web. Ses inquiétudes se sont envolées puisque son établissement a maintenant plusieurs Asus EeePC fonctionnant sous Linux qui sont utilisés majoritairement pour les projets Web 2.0.

Cette année au BETT, un nombre non négligeable de logiciels pédagogiques ont fait le grand saut vers le Web 2.0 pour s’assurer une compatibilité avec toutes les plateformes.

L’utilisation de l’Open Source pourrait permettre aux écoles de réaliser d’importantes économies, mais cela implique un gros investissement en temps, en recherche et en formation. Mais allier logiciels commerciaux et logiciels Open Source, comme le fait le lycée Highworth, peut permettre une réduction des coûts tout en donnant le choix aux étudiants.

Voilà un bon point à faire figurer sur le bulletin scolaire des écoles.

Notes

[1] Crédit photo : Superbomba (Creative Commons By-Sa)




Barack Obama sera-t-il un président Open Source ?

Acaben - CC by-saScott McNealy, PDG de Sun, vient tout juste d’être chargé par la Maison Blanche d’élaborer une étude sur l’Open Source. L’occasion pour la BBC d’évoquer dans un récent article la question d’une éventuelle « gouvernance Open Source » de la nouvelle administration américaine, en interrogeant aussi bien l’intéressé que Michael Tiemann (de l’OSI et de Red Hat).

Quelques citations extraites de l’article, traduit par nos soins, pour vous mettre en appétit[1] : « C’est par un accident de l’histoire que les standards propriétaires se sont si tôt et si fortement imposés, entraînant des dépenses colossales dans le budget gouvernemental (…) La philosophie de la démocratie américaine n’est pas simplement par le peuple et pour le peuple, mais aussi avec le peuple (…) Errol Louis décrit M. Obama comme notre premier président Open Source, un dirigeant désireux de voir tout un chacun se demander comment, quand et où s’impliquer. Il a remarqué que la stratégie popularisée par les entreprises de logiciels, qui consiste à donner à d’autres une application pour qu’ils l’améliorent, a maintenant été transposée dans le domaine politique. »

Appels à une gouvernance Open Source

Calls for open source government

Maggie Shiels – 21 janvier 2009 – BBC News
(Traduction Framalang : Goofy, Don Rico)

Le secret d’une gouvernance plus économe et plus sûre consiste à passer par des technologies et logiciels Open Source.

Cette proclamation vient d’une des figures les plus respectées parmi les entrepreneurs de la Silicon Valley, le cofondateur de Sun Microsystems Scott McNealy.

Il a révélé qu’on lui avait demandé de préparer un rapport sur cette question pour la nouvelle administration.

« Intuitivement, il est évident que l’Open Source est moins coûteux et plus efficace que le logiciel propriétaire », a-t-il déclaré.

« L’Open Source ne vous réclame pas de verser le moindre centime, ni à Microsoft, ni à IBM ou Oracle, pas la moindre somme à une quelconque entreprise de logiciels propriétaires. »

Améliorations

M. McNealy a déclaré à la BBC qu’il voulait s’assurer que le gouvernement ne serait pas pieds et poings liés à un fournisseur unique ni à une entreprise particulière.

« Le gouvernement devrait préconiser des applications basées sur des références Open Source pour améliorer la sécurité, gagner en qualité logicielle, baisser les coûts, augmenter la fiabilité – tous les bénéfices inhérents aux logiciels Open Source. »

Le langage de programmation Java créé par Sun Microsystems est un produit Open Source qu’utilisent des milliards d’appareils comme les téléphones portables et les ordinateurs. Au lieu d’être une application payante sous copyright, le logiciel Open Source est généralement disponible pour tous, sous une licence qui permet l’usage gratuit et sans restriction, et son code est ouvert à tous pour être consulté, copié et adapté gratuitement.

L’idée sous-jacente, c’est que grâce aux contributions d’un grand nombre de gens, une application va s’améliorer à pas de géant et conserver toute sa pertinence. Un rapport de XMG, société de recherche en technologie globale, mentionne que les entreprises « s’intéressaient aux avantages des logiciels Open Source » en raison du « coût prohibitif » des logiciels propriétaires.

« Des dépenses colossales »

Le président Obama a déclaré être prêt à scruter le budget « ligne par ligne » pour éliminer les dépenses inutiles, mais jusqu’à présent n’a donné aucune indication précise sur la manière dont il comptait procéder.

L’Initiative Open Source (ou OSI) est pleinement solidaire des propositions de M. McNealy, qui constituent à leurs yeux une des solutions majeures que le nouveau président ne peut pas se permettre d’ignorer.

« Scott a tout à fait raison de souligner les avantages qui ont été démontrés tant et plus », confirme Michael Tiemann, le président de l’OSI.

« C’est par un accident de l’histoire que les standards propriétaires se sont si tôt et si fortement imposés, entraînant des dépenses colossales dans le budget gouvernemental. »

Selon M. Tiemann, même si quelques départements utilisent déjà des technologies Open Source, on estime que globalement les sommes perdues dans les logiciels propriétaires se monteraient « à plus d’un trillion de dollars par an » (NdT : soit un million de millions de dollars).

Il a déclaré que le coût minimum pour les États-Unis est de « 400 milliards de dollars, estimation basse. »

« Passer à l’Open Source réduira les coûts et augmentera la productivité, » ajoute M. Tiemann, qui est également vice-président de Red Hat, le prestataire de solutions technologiques Open source leader sur le marché international.

« C’est le genre de changement dont nous avons besoin si nous espérons voir un jour le gouvernement réformer ses capacités opérationnelles et maîtriser ses dépenses. S’ils n’y parviennent pas, c’est encore un coup d’épée dans l’eau. Étant donné l’état actuel des marchés des capitaux, nous ne pouvons plus nous permettre d’en rester au status quo », a-t-il déclaré.

L’Alliance pour les Solutions Libres (Open Solutions Alliance) a estimé que la crise économique actuelle « va conduire à adopter de plus en plus des solutions libres, en raison de leur flexibilité, de leur extensibilité et de leur faible coût. »

Dans le même temps la société de recherche Gartner a bien prévenu que les bénéfices escomptés de l’Open Source ne seraient pas au rendez-vous sans une saine gestion.

« N’espérez pas économiser systématiquement de l’argent avec un logiciel Open Source (OSS), ou avec une quelconque technologie sans une gestion financière efficace », a déclaré l’analyste Mark Driver.

Microsoft et Oracle ont ouvert aux développeurs le code de quelques-uns de leurs logiciels et protocoles.

« Un président Open Source »

Reste à savoir jusqu’à quel point le 44ème président sera réceptif à l’idée de développer les travaux de la nouvelle administration avec les standards Open Source ?

« Le concept d’Open Source est en passe de devenir sous-jacent dans presque tout ce que qu’entreprend l’administration, » a déclaré Michael Tiemann de l’OSI.

« La philosophie de la démocratie américaine n’est pas simplement par le peuple et pour le peuple, mais aussi avec le peuple. »

Il souligne que nous avons déjà vu à l’œuvre l’attachement à cet esprit d’ouverture dans la campagne électorale du président Obama.

« Je pense que nous allons à présent assister à une meilleure acceptation du modèle Open Source dans l’esprit des gens, en Amérique et dans le monde entier. »

Errol Louis, du quotidien New York Daily News, semble d’accord.

Il décrit M. Obama comme « notre premier président Open Source, un dirigeant désireux de voir tout un chacun se demander comment, quand et où s’impliquer. »

Il a remarqué que la stratégie popularisée par les entreprises de logiciels, qui consiste à donner à d’autres une application pour qu’ils l’améliorent, a maintenant été transposée dans le domaine politique.

Bien entendu, le nouveau site Web change.gov se présente comme un portail pour une «gouvernance interactive » et une « démocratie Open Source. »

« Superviser »

M. McNealy a déclaré qu’un nouveau poste de haut responsable de l’information (CIO) était nécessaire pour mener un changement de fond en comble.

Il a ajouté que le CIO devrait avoir « un droit de veto, le droit d’éliminer tout matériel, logiciel ou application en réseau qui affecterait le réseau fédéral. Il ou elle devrait avoir un pouvoir véritable, celui de superviser vraiment et de prendre des mesures effectives à l’encontre de ceux qui ne se conformeraient pas à l’architecture globale. C’est ce que font toutes les entreprises mais que ne fait pas le gouvernement », a-t-il conclu.

M. Tiemann a estimé au contraire qu’un poste de CIO serait « du gaspillage de pouvoir exécutif ».

« Connaissant comme je les connais la structure et la nature du gouvernement fédéral, je ne peux croire à l’intérêt de nommer un CIO qui aurait à imposer sa voix par-dessus des départements qui, indépendamment des obstacles matériels, ont souvent du mal à collaborer. »

« Nommer un CIO reviendrait seulement à créer un poste improductif pour les quatre prochaines années », a déclaré M. Tiemann.

Notes

[1] Crédit photo : Acaben (Creative Commons By-Sa)




Logiciel libre et éducation : quand le Royaume-Uni montre le chemin…

Kifo - CC by-saOn s’active de l’autre côté de la Manche. Preuve en est cette fort bienvenue nouvelle initiative de l’agence britannique Becta, à savoir l’ouverture récente du très prometteur site Open Source Schools dédié, comme son nom l’indique, aux logiciels libres à l’école.

Ce site est l’une des conséquences du rapport Becta Microsoft Vista et Microsoft Office 2007, rédigé il y a un an, que nous avions traduit cet été. Ses conclusions étaient limpides et il en allait selon nous de la responsabilité des autres pays si ce n’est d’adopter la même posture tout du moins de se poser les mêmes questions en évaluant sérieusement la pertinence des produits Microsoft mais surtout des alternatives libres[1].

On pouvait notamment lire ceci en page 34 § 6.11 :

Au cours des douze prochains mois Becta prendra un certain nombre de mesures pour encourager un choix plus efficace dans le cadre d’un usage éducatif. Ce travail inclura la publication d’un programme de travail dont le but sera de :

– fournir plus d’informations sur le site de Becta sur ce qu’est un logiciel libre et quels sont ses avantages pour l’éducation en Grande-Bretagne;

– compléter la base de recherche actuelle qui recense les usages des logiciels libres dans le secteur éducatif et identifier des déploiements modèles de logiciels libres. Cela engloberait également l’esquisse d’un tableau national des usages des logiciels libres dans les écoles et les universités;ourceschools-montre-la-voie-a-suivre

– travailler avec la communauté du logiciel libre pour établir un catalogue en ligne des logiciels libres appropriés pour l’usage dans les écoles de Grande-Bretagne. Parmi les informations disponibles on retrouvera les moyens d’obtenir une assistance dédiée à ces logiciels et comment contribuer à leur développement futur. Ce catalogue sera publié sous une licence Creative Commons afin que les fournisseurs puissent le modifier pour leur propre usage;

– donner des indications aux sociétés de services en logiciels libres pour qu’elles puissent efficacement participer dans de nouvelles structures compétitives et pour qu’elles puissent proposer des logiciels libres via la structure de fournisseurs existante de Becta.

Le site Open Source Schools est donc clairement l’une des concrétisations de ce rapport. Nous vous proposons ci-dessous la traduction du communiqué de presse mis en ligne pour l’occasion sur le site du Becta :

Un service de support pour les établissements scolaires qui utilisent des logiciels libres

Support for schools on using open source software

Becta – 13 janvier 2009
(Traduction Framalang : Don Rico)

Les établissements scolaires peuvent à présent trouver des conseils sur un nouveau site communautaire leur permettant de mieux savoir en quoi l’utilisation de logiciels libres pourrait leur être avantageuse.

Le site Open Source Schools propose des ressources pour montrer en quoi les logiciels libres peuvent profiter à l’enseignement et à l’apprentissage, favoriser l’implication des élèves et des parents, faciliter la gestion des informations et des ressources, et simplifier l’administration de l’établissement.

On y accorde une place centrale à une série d’études de cas sur la mise en place et le développement des logiciels libres dans le milieu scolaire. On y trouve aussi des forums où proviseurs, enseignants, techniciens informatiques et d’autres encore peuvent partager leur expérience de ce modèle alternatif d’acquisition, de distribution et de développement de logiciel. Le site met en exergue des blogs qui traitent des logiciels libres dans l’éducation, des actualités et des liens vers des sites de développeurs de logiciels Open Source.

Ce site s’inscrit dans un projet soutenu par Becta, qui vise à faire connaître les logiciels libres.

Promenons-nous quelques instant sur Open Source Schools

On remarquera tout d’abord que le site est sous Drupal (avec inscription autorisant l’OpenID) mais on remarquera surtout que la licence par défaut est la Creative Commons By-Sa. Droit d’usage, de copie, de distribution, de modification, droit d’exploitation commerciale… autrement dit une licence qui offre à ses utilisateurs les mêmes droits que les licences des logiciels libres (et qui est donc approved for free cultural works).

Il y a un forum, un annuaire sélectif de logiciels libres (où l’on recense la crème de la crème sans oublier la spécificité éducative), et des études de cas (qui sont autant de témoignages d’expériences réussies susceptibles d’influencer positivement les collègues),

Une attention toute particulière a été donnée à l’entrée About OSS (à propos du logiciel libre). Outre une page d’accueil conséquente nous expliquant ce qu’est un logiciel libre, on y trouve également une dizaine d’autres articles abordant des sujets comme la pertinence du logiciel libre en milieu scolaire, le logiciel libre et la gratuité, la différence entre logiciel libre et web 2.0, une information sur les licences, etc.

Parmi ces articles Becta negotiations with Microsoft explique calmement et sereinement entre autres pourquoi il y a des problèmes avec la politique de licences et d’interopérabilité des produits Microsoft (rappelant au passage l’existence du fameux rapport), pourquoi le Becta s’en est plaint auprès de l’Office of Fair Trading, et pourquoi le Becta pousse à ce que Microsoft adopte réellement le format ODF.

On notera enfin que l’on ne craint pas (dans la colonne de droite) de référencer des fils d’actualités de sites ou blogs non institutionnels qui évoquent l’actualité du logiciel libre et sa culture.

Quant à la page About Us (qui sommes-nous ?), il nous a semblé qu’elle méritait elle aussi sa petite traduction :

Notre initiative Open Source Schools Community a pour but de sensibiliser les établissements scolaires aux logiciels libres (LL), de les aider à les adopter, à les utiliser et à les développer. De nombreux établissements ont déjà compris en quoi les LL étaient bénéfiques à leur stratégie TIC. Ce projet s’attachera donc à faire partager leur expérience (appuyée par des exemples de mise en pratique des LL réussie dans d’autres secteurs, aux personnels de l’éducation dans leur ensemble) parmi lesquels enseignants, décisionnaires et spécialistes des technologies de l’information.

Open Source Schools est un projet qui doit durer deux ans et qui bénéficie du soutien de Becta. L’objectif étant qu’au terme de cette période la communauté comptera suffisamment de membres actifs pour qu’elle se suffise à elle-même.

Notre site se veut un site d’information objectif visant à montrer quels avantages les LL peuvent apporter à l’apprentissage, à l’enseignement et aux infrastructures scolaires. Notre projet consiste à développer et à soutenir une communauté de pratiques impliquant ceux qui utilisent déjà les LL, accueillant et apportant de l’aide aux nouveaux membres qui souhaitent découvrir le potentiel des LL.

Notre but est de créer un site Internet centré sur l’éducation et dont le contenu sera dicté par les besoins de la communauté – on y répondra aux questions, fournira des conseils sur mesure, ouvrira les perspectives, encouragera les contributions et les débats au sein de la communauté, et donnera les moyens à ceux qui le souhaitent de prendre des décisions en ayant toutes les cartes en main et de devenir des utilisateurs confiants des LL qui répondront à leurs besoins. Pour commencer, il s’agit de développer des ressources avec l’aide de défenseurs chevronnés des LL, en les encourageant à partager leur expérience avec les nouveaux membres désireux de s’initier aux logiciels libres.

Nous sommes là pour compléter des initiatives déjà existantes de la communauté du logiciel libre au sein des établissements scolaires et ailleurs. Nous mettons à disposition un annuaire de logiciels libres et fournisseurs de services dans le domaine des LL, ainsi que des cas d’études de mises en pratique réussies fournis par la communauté, en mettant l’accent sur les bénéfices concrets qu’apportent les LL aux établissements.

Bien qu’il existe déjà une grande quantité d’informations disponibles, le cœur de ce projet consiste à développer une communauté de pratique en ligne rassemblant ceux qui souhaitent découvrir les solutions qu’offrent les logiciels libres pour améliorer l’apprentissage et l’enseignement dans les écoles, et en faire profiter la vie des établissements.

Impressionnant non ? Surtout si l’on envisage ce site tout jeune comme une sorte de version 1.0 sujet à de futures améliorations mais surtout de futures collaborations. Le souci d’accueillir les nouveaux entrants est bien là, tout comme celui de le rendre autonome via une communauté à construire.

Du coup la participation des acteurs éducatifs (enseignants, administrateurs, techniciens) est clairement encouragée. D’abord en permettant à quiconque de commenter et de poster dans les forums sans inscription (et avec modération a posteriori) mais également en invitant les visiteurs à s’inscrire pour rejoindre l’équipe constituée, s’impliquer et bonifier eux-mêmes le site de leur propre contenu

En un mot comme en cent : c’est bien pensé tout ça, chapeau bas le Becta !

Sauf que inévitablement on en vient à se poser la question de la situation française. Comparaison n’est pas raison, mais y aurait-il chez nous quelque chose qui ait l’ambition de ressembler de près ou de loin à ce que nous proposent ici nos amis anglais ?

La réponse à cette question fera l’objet d’un prochain billet où, contrairement à l’habitude, nous irons au delà de simple constat alarmant pour être source de concrètes propositions…

Notes

[1] Crédit photo : Kifo (Creative Commons By-Sa)




Un exemple de cinéma libre (au sens des logiciels libres)

Zara - CC by-saQu’est-ce qu’un « film libre » ? Est-ce qu’une œuvre cinématographique qui interdit la modification et la commercialisation (typiquement sous licence Creative Commons By-Nd) peut encore se considérer comme tel alors même qu’elle assure pourtant le « minimum syndical » de la libre circulation ? On pourrait alors penser qu’il suffit de lever ces clauses (typiquement avec une licence Creative Commons By-Sa) par avoir à faire avec certitude à du « cinéma libre ». Mais là encore ça peut coincer car quid d’une telle œuvre qui ne fournirait pas ses « sources » (rushes en haute définition, musiques, textes…) ? Le logiciel libre n’a pas le monopole de la liberté mais si l’on se réfère uniquement à la définition donnée par les fameuses quatre libertés du logiciel libre (dont deux nécessitent le code source) alors non nous ne sommes toujours pas en présence d’un « film libre ».

C’est pourquoi, au delà de ses qualités artistiques intrinsèques[1], nous avons trouvé intéressant d’évoquer le film anglophone « en construction » Valkaama en traduisant le billet dédié du blog des Creative Commons (et en ajoutant la bande-annonce ci-dessous). L’occasion de rappeler qu’en France nous avons Ralamax Prod qui tente de faire quelque chose de similaire avec leur projet de film sous licence Art Libre Varsovie-Express.

Les sources du film libre Valkaama disponibles en téléchargement

Files seeded for Valkaama, "open source movie"

Michelle Thorne – 16 janvier 2009 – Creative Commons Blog
(Traduction Framalang : Don Rico)

Les fichiers sources de Valkaama, tout nouveau « film Open Source » collaboratif filmé à Cracovie, en Pologne, ont été mis en ligne. Tim Baumann, son réalisateur, a choisi de de procéder à toute la post-production de ce long métrage de façon ouverte, avec l’aide de bénévoles, qu’ils soient amateurs ou professionnels.

Nous publions sur cette page toutes nos sources audio et vidéo afin de vous donner la possibilité de les utiliser comme matière de base. Si vous souhaitez participer à ce projet, en nous aidant à terminer le film, en créant des montages, en proposant une nouvelle bande-annonce, ou si vous voulez publier quoi que ce soit en rapport avec Valkaama, veuillez nous contacter.

Valkaama est une comédie dramatique qui se déroule en Suède et en Finlande, tournée par les élèves d’une école de théâtre et des amateurs venus de Cracovie et ses environs. On y suit les pérégrinations de deux jeunes gens très différents l’un de l’autre, que le destin pousse sur la route de Valkaama. Leurs chemins finissent par se croiser, mais ils ne se rendent pas compte combien leur voyage est déjà déterminé par leurs passés respectifs.

Les films open-source et à contenu libre restent rares. Valkaama est un des premiers films à être distribué gratuitement, et à garantir en outre l’accès libre à tous les matériaux sources utilisés et créés au cours de sa production. Ce projet est placé sous des licences Creative Commons By-Sa 3.0 afin d’assurer une utilisation et réutilisation très souple du matériau produit. À presque chaque texte, image et vidéo, ainsi que qu’à tous les médias téléchargeables, est associé une licence. Les licences sont même parfois incluses dans les fichiers médias eux-mêmes.

Remixez bien !

Notes

[1] Crédit photo : Zara (Creative Commons By)