Geektionnerd : Journée mondiale 2013 contre les DRM

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Source : Journée internationale contre les DRM – édition 2013 (April)

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Interview de Tristan Nitot dans le tout nouveau Mozilla Space Paris

Tristan Nitot a eu la gentillesse de bien vouloir m’accueillir vendredi dernier dans les nouveaux locaux de Mozilla à Paris.

J’en ai profité pour lui poser quelques questions non seulement sur le lieu et son actualité mais également sur le Conseil de national du numérique dont il fait partie, sans oublier une dernière petite question Framasoft pour la route…

Télécharger la vidéo au format WebM (si problème avec le player, son trop bas par exemple) 34 Mo.

Transcript

Tristan Nitot, bonjour !

Bonjour.

Merci de m’accueillir au tout nouveau « Mozilla Space Paris ».

Oui, qui n’est pas officiellement inauguré, c’est une première.

Alors peux-tu m’en dire plus ? Là je viens de visiter, je reconnais que c’est assez spectaculaire. Vous êtes dans de bonnes conditions, donc on espère que les bonnes conditions vont amener du bon code 😉

C’est ce qu’on espère aussi, et de la bonne collaboration avec la communauté.

Donc en fait en gros, l’espace est divisé, il est dans Paris centre, dans le IXème arrondissement, limite IIème, sur les grands boulevards, et l’objectif c’est d’une part d’accueillir la communauté. Il y a un grand espace communautaire comme tu as pu le voir où on va pouvoir recevoir la communauté Mozilla mais aussi recevoir des projet autour du logiciel libre et du Web, pour des conférences, des hackathons, ce genre de choses.

Donc vraiment est un lieu communautaire pour les deux grand piliers de Mozilla à savoir le logiciel libre et le Web. Et en plus de ça, évidemment, accueillir des employés dans des conditions qui sont vachement sympas avec des supers bureaux, des grands écrans, des fauteuils hyper ergonomiques… d’excellentes conditions de travail parce qu’on veut embaucher les meilleurs développeurs. Si vous êtes un très bon développeur et que vous aimez le logiciel libre, vous connaissez Python ou JavaScript c’est pour vous careers.mozilla.org c’est ouvert et il y en a un paquet.

C’est noté. Malheureusement, moi j’ai un petit peu raté ma vocation J’ai fait prof de maths.

Moi je ne suis pas développeur non plus…

Ma fille est à Montréal en informatique pour information… Évidemment pour Framasoft c’est important, vous mettez en avant l’aspect communautaire et vous souhaitez des ponts, des liens, beaucoup plus forts que par le passé parce que vous pouvez enfin les accueillir. J’imagine que c’est aussi bien pour soutenir les associations et la communauté que pour faire avancer les projets Mozilla.

Oui, bien sûr, il y a une partie du Web qui est commerciale et ça c’est bon ça marche bien, merci, mais il y a également toute une partie qui est plus dans la gratuité, le partage… C’est ça aussi qu’on cherche à promouvoir. Nous on a la chance de pouvoir le faire et donc on veut attirer plus de gens vers Mozilla mais aussi donner un coup de main à des associations, je ne veux pas citer de nom parce que c’est pas encore fait, mais des gens qu’on pourrait accueillir et à qui on pourrait prêter nos locaux pour peu qu’ils soient vraiment bien alignés avec Mozilla : partage, gratuité, Web.

C’est aussi une manière de marque votre différence par rapport à d’autres. Et puis j’imagine que si vous repérez des très très bons développeurs dans la communauté, vous pouvez aussi les recruter à l’occasion 😉

Ah bah, ça ne peut pas faire de mal oui…

Au niveau de l’actualité globale de Mozilla, Firefox OS, son Marketplace, les choses avancent j’ai l’impression…

Oui, ça bouge super bien. Cette semaine les premiers téléphones viennent de sortir, chez geeksphone notre partenaire qui fait des téléphones pour développeur (déjà dépassé par le succès soit dit en passant). C’est une une préversion du logiciel, mais enfin ça va permettre aux développeurs d’avoir un téléphone entre les mains et de tester leurs applications, donc ça bouge.

Puis à côté de ça il y a la Marketplace qui avance, Firefox OS qui approche de la version finale puisque dans un certain nombre de pays, en particulier on parle d’Espagne, de Pologne… il va y avoir des lancements de Firefox OS sur des téléphones dans ces pays-là entre juillet et septembre. Donc si on voit des développeurs dans les couloirs, ils ont un petit peu les cernes là, parce qu’une bonne partie de Firefox OS est développée ici à Paris en particulier tout ce qui est interface utilisateur.

J’en appelle à une autre de tes casquettes. Tu fais partie du Conseil National du Numérique, ça ne fait pas longtemps. J’ai vu qu’il y avait un rapport qui était sorti. Quelle première expérience tires-tu de ces quelques semaines et puis est-ce que vous avez l’impression de peser dans le débat public ?

On espère bien. On a travaillé dans un premier temps à marche forcée sur la neutralité du net parce que c’est vraiment un sujet chaud. La ministre, avant même que la reconstitution du Conseil National du Numérique (CNN) soit effective, a dit : « dès que c’est fait je veux qu’ils travaillent sur la neutralité du net avec un agenda très court ». Et puis moi, en tant que citoyen du numérique et activiste, je me suis retrouvé là, heureusement surpris de faire parti du CNN, et on m’a dit « on cherche des volontaires qui vont dormir un peu moins le soir pour travailler sur la neutralité du net ». J’ai alors levé les deux mains parce que c’est formidable pour moi qui suis très préoccupé par le sujet de pouvoir contribuer à conserver l’Internet tel qu’il est, c’est-à-dire ouvert. Et la neutralité du net c’est ça, c’est permettre à tout le monde de participer au net sans avoir à signer des deals avec des gros fournisseurs d’accès qui vont vous favoriser au dépend d’autres.

Donc la neutralité du net c’était super important, j’étais ravi de participer à ça. On a remis un avis assorti d’un rapport. On a récemment fait à la Cantine une soirée débat autour de la neutralité du net. On continue à pousser ça. On espère que ça va devenir une loi aussi rapidement que possible. On ne sait pas encore quelle forme ça pourrait prendre. On a fait des propositions de changer une certaine loi, on veut que la France soit un des premiers pays à transcrire la neutralité du net dans sa loi et ce le plus haut possible, éventuellement quasiment constitutionnel quoi. Vraiment dire que la neutralité du net ça ne se négocie pas, ça fait partie des grands principes de la France. Et ça ce serait génial.

D’accord, on compte sur vous 🙂 Et un dernier mot par rapport à notre propre actualité à Framasoft. On a spectaculairement mis à jour notre page d’accueil. L’idée était de dégager 3 axes, on avait tellement de projets, on s’est dit : « mais est-ce qu’on ne peut pas un petit peu les regrouper ? » Donc l’axe historique « logiciel libre » , l’axe « culture libre » et l’axe « services libres », le cloud libre. Qu’est-ce que tu penses, graphiquement, et de cette évolution de Framasoft ?

Ah moi je trouve ça génial. J’ai beaucoup souri en voyant les pingouins sortir de l’eau en gif animé 🙂 C’est beaucoup plus aéré, c’est vraiment sympa. C’est peupleLà qui a fait ça, c’est ça ?

Sandra…

Ah je ne connais pas son nom… Ben écoute, bravo Sandra en tout cas, super boulot, c’est très clair, c’est vachement sympa et je suis très content de voir vos services du cloud être mis plus avant. Nous on est fan et grands utilisateurs de Framadate chez Mozilla. Au lieu d’un service bien connu plein de publicités…

Avec deux « o » dans le nom.

On taira le nom… C’est bien, continuez, c’est génial.

Merci Tristan.

Y a pas de quoi.




Geektionnerd – DRM et HTML5

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Source : Levée de boucliers contre l’arrivée des DRM au sein du HTML5 (Numerama)

Voir aussi la réponse de Cory Doctorow à Berners-Lee, traduite sur le Framablog : la guerre du copyright menace la santé d’Internet


Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Soutenons le projet « Vidéo en Poche » des cinémas Utopia

« Venir avec sa clé USB pour la faire remplir au cinéma, ça me rappelle quand ma maman allait chercher du lait dans sa bouteille alu. »

Nous n’avons pas attendu l’arrivée du projet Vidéo en Poche pour aimer fréquenter les salles du réseau Utopia. Il n’empêche que cette initiative originale mérite notre attention et notre soutien à plus d’un titre. Un (passionnant) entretien avec son père fondateur Rodolphe Village.

PS : Framasoft sera présent le 26 mai à Utopia Toulouse pour une rencontre autour des licences libres et du modèle innovant de production et de diffusion cinématographiques, après la projection du film sous licence Creative Commons « Le Cosmonaute ».

Vidéo en Poche

Bonjour Rodolphe, peux-tu te présenter succinctement ?

Bonjour Alexis. Après avoir erré sur les bancs des facs de science et de lettres de Toulouse où j’ai appris notamment à projeter des films, j’ai rejoint les cinémas Utopia en 1999 lors de l’ouverture d’Utopia Bordeaux. Depuis 2003, l’ouverture d’Utopia Tournefeuille, je suis basé à Toulouse. Entre autres, je m’occupe de la communication pour les salles Utopia, la publication de ce qu’on appelle la « gazette », le site Internet, et je suis à l’origine du projet Vidéo en Poche.

Et peux-tu nous nous présenter également le réseau des cinémas Utopia (en insistant éventuellement sur la notion de réseau que l’on aime bien à Framasoft) ?

Utopia est un petit réseau de salles indépendantes (à Avignon, Bordeaux, Montpellier, Saint-Ouen l’Aumône, Toulouse et Tournefeuille), non subventionnées, qui ne vendent pas de pop corn, ne passent pas de pub devant les films, et sont politiquement engagées dans le débat public, d’où l’importance de leur indépendance financière vis à vis du pouvoir politique.

Une vertu essentielle de ce réseau est de faire la démonstration qu’on peut être viables économiquement sans passer des blockbusters, mais que pour cela il y a un travail important à fournir pour valoriser des films plus exigeants et moins connus. Le fonctionnement du réseau est un mélange efficace d’autonomie de ses membres et de mise en commun de ressources (ce qui permet par exemple d’avoir plus de poids auprès des distributeurs), et nous avons entamé depuis deux ans un processus de transformation en SCOP (coopératives) des sociétés qui le composent.

Il arrive aux cinémas Utopia de programmer des événements spéciaux autour des enjeux sociaux d’Internet. Peux-tu nous en donner quelques exemples (avec peut-être de prochaines dates à nous signaler) ? Et pourquoi tout ceci t’intéresse ?

Cet intérêt est du à la découverte des enjeux démocratiques du logiciel libre, aux alentours de 2006, les points d’orgue ayant été la projection de Revolution OS (dont on a fait le sous-titre), la venue de Richard Stallman en 2007, et la venue de Jérémie Zimmermann en 2008. Ces éléments on nourri une réflexion sur le rôle que nous pouvions jouer dans ces évolutions de la société.

En 2009, durant les débats à l’Assemblée sur Hadopi, nous avons publié au travers de l’association ISF (que nous avons créée) un communiqué expliquant pourquoi nous nous opposions à ce projet de loi : Hadopi, la stratégie de la rupture entre les créateurs et leur public (cette prise de position fut d’ailleurs mentionné dans l’hémicycle par Christian Paul). C’est alors que nous avons commencé à réfléchir au moyen d’être force de proposition dans cette bataille de tranchées car nous ne nous reconnaissions pas dans les politiques soutenues par l’industrie culturelle.

En septembre 2009, fut organisée à Bordeaux une petite expérience où on proposait aux gens de venir avec leur clé USB pour acheter une copie sans DRM au format ouvert Matroska de Non au Mc Drive, film de Frédéric Chignac, qui était une réflexion sur l’implication locale citoyenne. Ce fut un succès, un tiers des spectateurs était venu avec leurs clés USB, ce qui nous a motivé pour élaborer un dispositif qui permettrait de rationaliser une telle diffusion des films, et qui allait s’appeler Vidéo en Poche…

C’est alors que nous avons été rattrapés par les questions des libertés liées à l’informatique, la numérisation des salles de cinéma arrivant à grands pas en raison de la sortie d’Avatar fin 2009 qui vit UGC décider de passer très rapidement au numérique (c’était le dernier grand groupe qui résistait encore à la numérisation). Nous avons alors publié un texte en mars 2010 qui tentait de pointer les dangers de la manière dont la numérisation des salles s’effectuait : Les salles indépendantes seront-elles les « dindons de la farce » numérique ? (texte mis à jour en 2011 à l’occasion de sa publication sur OWNI).

En Juillet 2010 nous avons participé aux RMLL en donnant une conférence sur ces questions : Cinéma numérique, concentration des média ou diversité culturelle, enjeux du déploiement et perspectives de développement. Nicolas Bertrand participait à cette conférence et allait proposer un sujet de thèse CIFRE que nous finançons depuis janvier 2011, et dont l’objectif est de développer des outils libres pour le cinéma numérique (il travaille actuellement avec les projets Avconv et Videolan). C’est également durant cette édition des RMLL que nous avons lancé Vidéo en Poche, le démarrage dans l’ensemble du réseau ayant eu lieu en septembre 2010, au moment de la mise en place d’Hadopi, ce qui nous avait valu une couverture presse importante.

Depuis, on organise régulièrement des événements autour des problématiques liées au numérique. Deux soirées importantes auront lieu à l’occasion du THSF 2013 à Toulouse. Les auteurs dUne contre-histoire de l’Internet, Jean-Marc Manach et Julien Goetz, viendront présenter leur film le 6 juin. Et le 26 mai aura lieu la première projection française (on fait le sous-titre) du film The Cosmonaut, où il sera question de conquête spatiale avec Serge Gracieux et de licences libres avec le réseau Framasoft (le film est distribué en CC BY-NC-SA). Le film sera disponible au même moment en Vidéo en Poche.

The Cosmonaut

Alors Vidéo en Poche c’est quoi exactement ?

C’est très simple, vous pouvez venir avec votre clé USB dans les salles membres du réseau, et repartir avec les films du catalogue que vous souhaitez, au format ouvert Matroska, sans DRM, pour 5€ par film (3€ HT reviennent à l’ayant-droit). J’aime beaucoup le commentaire suivant d’un internaute : « Venir avec sa clé usb pour la faire remplir au cinéma, très écologique, on vient avec son contenant. Ça me rappelle mon village quand ma maman allait chercher du lait dans sa bouteille alu. » Je vous renvoie à la description de Vidéo en Poche sur le site.

C’est assez simple, mais les implications sont multiples : favoriser la suppression des DRM (ce qui n’est pas une mince affaire dans le cinéma), promouvoir des films peu connus à des prix raisonnables (pas évident non plus en raison des prix pratiqués dans le DVD pour ces films), avoir une répartition juste et transparente pour les ayant-droits (là non plus c’est pas vraiment habituel dans le secteur), et faire valoir la salle comme lieu privilégié de l’intermédiation. Ce dispositif a pu voir le jour car nous n’étions en concurrence directe ni avec le DVD, ni avec la VOD, et l’on s’appuyait sur un réseau de salles qui avait déjà un pouvoir de négociation auprès des ayant-droits.

Vidéo en poche repose sur une application libre. Peux-tu nous en dire plus ?

Pour mettre ce dispositif en œuvre, nous avons financé le développement d’un logiciel libre par la société toulousaine Objectif Libre, qui permet de diffuser les contenus en P2P dans les salles du réseau, de gérer localement les copies lors des ventes via une interface graphique, de comptabiliser les copies sur un site internet consultable par les salles et les ayant-droits, et qui automatise la facturation. Cela permettait à la fois de rassurer les ayant-droits sur le contrôle des ventes, et de rajouter facilement des points de vente. Le logiciel fonctionne sur GNU/Linux Ubuntu, ce qui permet de promouvoir le logiciel libre chez les exploitants, d’avoir une procédure simple d’installation, et de ne pas être vulnérable aux virus.

Il n’y a pas de « borne » Vidéo en Poche (ni de plateforme de téléchargement sur Internet) et c’est un choix assumé. Pourquoi ?

D’abord parce que l’on pense que le conseil, le rapport humain dans les échanges culturels sont essentiels pour promouvoir les films que l’on propose. C’est en partie ce rôle de conseil qui justifie que l’on puisse vendre des copies, qui valorise ces contenus dématérialisés. Et pour une question pratique, il suffit d’un ordinateur pour installer ce logiciel, cet ordinateur pouvant servir à autre chose, alors qu’une borne aurait supposé des investissements plus lourds à la fois pour le développement de la solution matérielle, mais plus dommageable encore pour les points de vente, ce qui aurait pu être un frein au développement du réseau.

Presque deux ans après son lancement Vidéo en Poche se porte bien ?

Les résultats montrent qu’il y a un réel potentiel, plus de 8000 copies ont été vendues de cette manière et on observe une augmentation de 60 % des ventes entre 2011 et 2012. D’autre part, on sent que la question des DRM commence à faire son chemin auprès des petits distributeurs, on fait petit à petit la démonstration qu’il n’ont pas à craindre leur suppression. Nos résultats sont suffisants pour dire que ce n’est pas rien, mais on est loin de représenter une alternative suffisante aux canaux traditionnels.

Nous sommes dans cette période où il va falloir faire croitre le réseau. Pour l’instant seules les salles Utopia vendent régulièrement, car on communique de manière conséquente, sachant très bien qu’on ne créé pas une nouvel usage facilement. Les autres salles ont plus de mal, on aurait besoin d’un réseau plus étendu pour bénéficier d’un effet positif dans la communication pour ces salles. Ce dispositif n’est qu’un outil, c’est par les efforts collectifs décentralisés qu’il donnera pleinement ses fruits, nous n’avons pas de budget lié à la communication, tout repose sur les salles, et sur le bouche à oreille.

Viramundo

Le tout dernier film que vous proposez s’appelle « Viramundo ». Il est original à plus d’un titre je crois.

La profession s’agite régulièrement autour de ce qu’on appelle la chronologie des médias, les exploitants s’arc-boutant contre un assouplissement de ces règles, les ayant-droits étant partisans d’un assouplissement. Suite à des discussions avec l’ARP, nous avons vu là l’occasion de faire valoir les vertus de Vidéo en Poche sur ces questions en participant à une expérimentation à l’échelle européenne de sortie de films en simultané en salles et en vidéo. Le premier film proposé par l’ARP est Viramundo, un documentaire sur Gilberto Gil et son travail de par le monde pour le partage, l’échange culturel et la réconciliation. Il y est notamment question de la signification du terme africain Ubuntu (que vous connaissez bien), le film correspondait très bien avec ce que l’on essaye de faire.

Il se trouve donc qu’on propose Viramundo jusqu’au 7 mai (le film sortant le 8 en salles), en avant première en Vidéo en Poche, aux côtés des géants Orange et iTune ! (on propose le film en HD, sans DRM, moins cher que la concurrence sans pour autant sacrifier la remontée de recettes pour le distributeur) pas mal non ?

Par contre, en raison de cette « attaque » à la chronologie des médias, les exploitants n’ont pas programmé le film qui ne sort à ma connaissance principalement qu’au Cinéma des Cinéastes et dans le réseau Utopia, ce qui met en difficulté le distributeur du film qui a pris ce risque.

Et la sortie de ce film marque également l’arrivée de Paris dans le circuit Vidéo en Poche au Cinéma des Cinéastes.

L’ARP étant en charge du Cinéma des Cinéastes, ce fut également une opportunité pour avoir dans le réseau une première salle parisienne (c’est important en France d’être à Paris), et qui plus est une salle à l’image forte dans la profession en termes de diversité culturelle.

Et pour conclure, je crois que tu as un appel à faire…

Oui c’est un appel à contribution pour nous aider à développer le réseau. Si vous connaissez une salle près de chez vous que vous aimez bien, causez-leur à l’occasion de Vidéo en Poche. Ce sera mille fois plus efficace de voir que ça intéresse leurs spectateurs, plutôt que tous les coups de fil qu’on pourra passer. Merci !

Vidéo en Poche - Logo




En avant la musique libre ! Interview de Martin

Avant d’être un outil, le logiciel est une création de l’esprit. Et pour les programmeurs les plus inspirés, le code peut s’apparenter à une création artistique. Il est donc logique que la défense et la promotion du logiciel libre soient assez vite allées de pair avec la volonté de rendre libres d’autres créations de l’esprit, d’autres domaines artistiques.

La culture, bien vite, a exploré cette nouvelle façon d’aborder l’échange des créations de l’esprit… La musique a été un des premiers domaines où des expériences libres ont eu lieu à grande échelle. Martin, un tout jeune étudiant qui a conçu le site Framazic, nous parle du tournant culturel pris par l’association Framasoft.

— Pouhiou

Framablog : Tu as proposé le site Framazic lors d’un projet de stage… À quel besoin voulais-tu répondre avec ce projet ?

Le but principal de Framazic est de faire découvrir la musique libre, aussi bien d’un point de vue théorique que pratique.

  • Théorique, parce qu’il est important d’expliquer ce qu’est et ce que n’est pas la musique libre. Il y a encore trop de confusion entre musique libre (c’est à dire sous licence libre), musique libre de droits (dans le domaine public) et musique sous licence de libre diffusion. Faire la différence entre de la musique libre et libre de droits est essentiel pour comprendre comment fonctionne la culture libre : la licence libre ne signifie pas que le musicien perd le contrôle de ses œuvres, mais bien qu’il décide d’encadrer leur diffusion ;
  • Pratique, puisque l’on propose une liste de plateformes, labels, etc. où l’on vous souhaite de dénicher la perle rare !

En tout cas, l’objectif de Framazic n’était pas de créer une plateforme d’hébergement de musique, mais bien de mettre à disposition une porte d’entrée vers la musique libre.

Malgré tout, tu as proposé ce site culturel à une association qui a « Soft », donc « logiciel », dans son nom… Tu ne craignais pas le refus ? Ce fut bien reçu ?

En réalité, ce n’est pas moi qui ai eu l’idée de Framazic. C’est un projet qui traînait dans les cartons de Framasoft depuis bien longtemps, et que j’ai repris et adapté à ce que je voulais qu’il devienne. Certes Framasoft est né du logiciel libre, mais la perspective « Culture libre » n’est pas nouvelle et a mûri progressivement. Le projet Framabook est un bon exemple à ce titre : partie des manuels de logiciels libres, la collection s’est vite étendue à la BD, à l’essai, et même récemment au roman. Cependant là où Framazic fait figure d’exception dans le réseau de projets, c’est que c’est le premier consacré uniquement à la culture libre.

Donc pour répondre à la question, bien sûr que ce fut bien reçu !

J’imagine que tu as suivi la sortie de Framazic avec intérêt… Quel accueil a-t-il reçu ? Es-tu content des résultats obtenus, de ce qu’ils apportent… ?

J’ai été très agréablement surpris en voyant que des sites d’information comme PcInpact, Écran.fr et d’autres avaient repris l’information. On a aussi eu droit à 5 pages dans le Linux Essentiel d’octobre-novembre. De manière générale, le projet a été très bien reçu. Les commentaires et témoignages que l’on a pu recevoir étaient très encourageants. Ça fait réellement plaisir de voir que Framazic a pu être utile pour d’autres personnes, surtout quand on s’est beaucoup investi pour le créer.

Le libre est né en même temps que le logiciel. Pour la musique (et les autres créations artistiques), c’est différent : un marché, un écosystème et des règles de fonctionnement existaient déjà… Est-ce que le libre a une chance dans le monde culturel ?

Je l’espère ! Précisons que la musique libre ne s’est pas créée à partir de rien : les pratiques d’échange et de mise à disposition existent depuis bien longtemps. L’avantage de la musique libre c’est d’offrir un cadre légal, pratique et clair à la diffusion. On en voit toute son utilité avec la diffusion numérique.

Je pense que tout le monde peut se retrouver dans la musique libre, les artistes, « petits » comme « grands », les mélomanes et les diffuseurs. Même si la musique libre implique un changement radical de modèle de diffusion, je pense qu’elle pourra trouver sa place. Mais là où tu as raison, c’est que le système médiatique est très fermé. Ça peut être un frein, mais il y a d’autres moyens de se faire connaître. La musique libre n’est pas l’œuvre de quelques illuminés marginaux. Il y a, je pense, un début de mouvement de masse. Par exemple, Jamendo a réussi à percer dans le grand public. Je vous invite à faire un tour sur framazic.org pour plus de détails sur tous ces points.

Entre nous, ton premier coup de cœur culturellement libre, c’est quoi ?

En musique, j’avais découvert Tryad il y a quelques années. Un grand classique en matière de musique libre, qui m’a fait entrer dans ce monde. Je l’écoute encore régulièrement. Je suis resté très attaché à ce collectif d’artistes. C’est d’ailleurs pour ça que les trois premières chansons de la compilation de Framazic sont de Tryad. Je pense que c’est un bon exemple pour montrer ce que de bons musiciens peuvent faire arriver à faire en musique libre.

Crédit photo : Julien Reitzel CC-by-sa




Framasoft, un coup d’œil sur la communauté – Interview aKa

Dans cette semaine consacrée à l’accueil et aux nouveautés déjà là et imminentes, prenons un temps pour faire le point sur la communauté qui irrigue littéralement Framasoft de son énergie active. Car au-delà de l’association et des outils web, Framasoft est avant tout une communauté… Alexis, notre éleveur de lolcats plus connu dans les bas-fonds du Web sous le sobriquet de aKa, nous parle de ces gens de l’ombre qui œuvrent tant et tant pour partager librement et faire de la culture libre un idéal en marche, résolument.

— Pouhiou


Framablog : Comment une communauté s’est-elle construite autour de Framasoft ? Quels outils aviez-vous il y a dix ans ?

Il y a dix ans j’avais ma bite, mon couteau et Internet. Aujourd’hui Internet est toujours là (même si on le menace), le couteau a un peu changé de forme mais il a toujours la même fonction, quant au reste pas la peine de s’appesantir dessus.

Mais tentons de répondre plus sérieusement à la question de la communauté. Le phénomène est assez classique dans le Libre : petit à petit des gens sont venus me rejoindre parce qu’ils trouvaient que ce que j’avais initié était original et intéressant. De là à parler de « communauté »…

Disons que c’est un mot pratique, à la mode et connoté positivement mais il me serait assez difficile d’en définir les contours. Toute personne qui a un jour participé de près ou de loin à nos projets peut avoir la carte de membre (qui n’existe pas). J’irai même plus loin en élargissant à toute personne qui promeut et diffuse le Libre d’une manière ou d’une autre, ce qui fait du coup une bien vaste communauté 😉

J’imagine qu’aujourd’hui les moyens de communication ont changé… Mon petit chat m’a dit que tu gazouillais beaucoup ?

J’y suis allé un peu à reculons sur les réseaux sociaux mais c’est vrai que, pour ce qui concerne le microblogging, j’ai fini par me prendre au jeu, aussi bien pour le compte Framasoft, que je gère, que pour mon compte personnel, que je gère aussi (étonnant, non ?). Le compte Twitter de Framasoft vient de dépasser les dix mille abonnés soit dit en passant et il n’y a pas que des lolcats dedans !

Tu peux me faire un portrait-type du contributeur / de la contributrice ? Qu’ont en commun ces personnes qui donnent de leur temps et de leur savoir-faire sur un projet ?

Le dénominateur commun c’est de penser que le Libre au sens large apporte quelque chose à la société actuelle. Pour ce qui est du portrait-type, la question est difficile puisque je n’ai souvent d’elle ou de lui que les traces écrites de son travail et de sa communication autour du travail (d’ailleurs parfois on ne devinera jamais si c’est « elle » ou « lui » derrière son pseudo). Pour en savoir plus il faudrait aller plus loin dans l’intime et nous sommes des gens pudiques nous Môssieur ! Heureusement il y a les rencontres dans la vraie vie, avec des vrais verres de bière autour d’une vraie table, qui autorisent parfois certains confidences…

D’ailleurs, peut-on dire qu’il y a une communauté Framasoft, ou une communauté par projet ? (framalang, framabook, github, framalibre, etc.)

Là aussi cela dépend où l’on place le curseur. Disons que Framasoft c’est un peu comme l’Europe, et les projets les pays qui composent l’Europe. Ah zut, on me dit dans l’oreillette que l’Europe va mal actuellement et que j’aurais pu trouver une autre métaphore.

À quoi faut-il faire attention pour conserver le soutien d’une communauté ? Qu’est-ce qui te semble indispensable quand tu chapeautes un groupe de contributeur-trice-s ?

Bonne ambiance et pertinence sont les deux mamelles d’une communauté qui va vivre heureuse, avoir beaucoup d’enfants et continuer à nous soutenir. Il convient bien moins de « chapeauter » que d’être présent, à l’écoute, reconnaître le travail des autres, et communiquer son enthousiasme.

Exercice difficile… sans démagogie, qu’est-ce qu’on ne dit pas assez à la FramaCommunauté ?

Ce n’est pas difficile du tout et ça n’est pas démagogique : on ne lui dit pas assez souvent… qu’on l’aime <3 ! Parce que venir bénévolement (et parfois anonymement) se joindre et donner un peu de son temps libre à un projet libre, c’est précieux et généreux.




Réformons le copyright à coups de masse pour le réduire en miettes !

Zacqary Adam Green est un réalisateur étasunien pour le moins libre. Non content d’être au parti pirate new-yorkais, il dirige le projet Plankhead, une organisation/collectif/vaisseau pirate produisant de l’art libre. Sa vision du copyright est radicale : c’est, pour lui, un système inadapté.

En posant la question d’ordre pratique, le fameux “et qu’est-ce que tu vas faire ?”, il démontre à quel point les licences libres sont des outils légaux qui peuvent se rapprocher des vœux pieux.

Il est amusant de voir que ceux que l’on traite d’utopistes, de doux rêveurs, sont ceux qui font le plus preuve de pragmatisme. Cet article, ancré dans le concret, permet de bousculer les idées préconçues sur les licences Creative Commons. Il permet de pousser la réflexion jusqu’au bout : et si la loi était en fait inadaptée à protéger/soutenir les créateurices ? Et si la dématérialisation des productions de l’esprit reléguait la législation de la propriété intellectuelle à des pratiques d’un autre âge, d’une autre économie…?

Tant de pragmatisme, ça laisse rêveur… non ?

(Pouhiou)

Réformons le Copyright. À coups de masse. Pour le réduire en miettes.

Let’s Reform Copyright. With A Sledgehammer. Into Smithereens.

Zacqary Adam Green – 16 avril 2013 – Licence CC-0
(Traduction Framalang : Penguin, ZeHiro, Garburst, goofy, peupleLà, Pouhiou, Asta, Garburst, Neros)

Il y aurait bien des manières de réformer le monopole du copyright afin de résoudre certains des problèmes qu’il pose. C’est politiquement faisable. Mais à long terme, il va vraiment falloir l’abolir complètement.

Les Creative Commons ont été l’une des meilleures tentatives pour résoudre les problèmes posés par le monopole du copyright. Les Creative Commons font un excellent travail en incitant les personnes qui créent à envisager différemment le monopole du copyright et plus particulièrement ce que d’autres peuvent faire de leur travail. Malheureusement, il y a comme un gros problème. Le voici, résumé en une image :

CC Guide Fr - peupleLà

C’est le problème que pose toute loi basée sur le monopole du copyright : elle ne protège que les personnes qui ont les moyens d’engager une poursuite judiciaire. Si vous avez l’argent, si vous avez le temps, et si vous êtes prêts à passer des années à supporter le stress et les absurdités de la procédure, alors vous pouvez profiter des avantages du monopole. Sinon, c’est une fumisterie.

Malgré tous les beaux débats que les Creative Commons ont lancés, je reste persuadé qu’une seule de leurs licences est vraiment utile : la CC0, celle qui place tout votre travail dans le domaine public. J’adore la CC0 en fait. C’est pour moi une technique anti-piratage très efficace : il est littéralement et matériellement impossible aux gens de faire quoi que ce soit d’illégal avec mon travail.

À moins d’être une grosse multinationale (ou un individu extrêmement riche), l’expérience que vous aurez avec une licence basée sur le copyright ne sera guère différente de celle que vous aurez en plaçant votre œuvre dans le domaine public. Vous serez livré complètement à la merci des autres, à leur envie d’être – ou non – des blaireaux avec vous. Si votre œuvre est dans le domaine public, alors ceux qui téléchargent votre travail, s’en régalent à fond, et ne vous reversent pas un centime bien qu’ils en aient les moyens… ces gens-là sont de sombres connards. Utiliser sciemment votre chanson du domaine public dans un show télévisé de grande écoute, et ne pas même vous proposer une part des énormes profits générés ? Des crevards. Revendre votre œuvre sans même vous en créditer ? Connards de crevards de putains de connards.

Inutile de rendre la connerie illégale. En fait, la plupart des tentatives pour rendre la connerie illégale causent tellement de dommages collatéraux aux libertés civiles que ça n’en vaut même pas la peine.

Mais ne pourrions-nous pas étendre les bénéfices du monopole du copyright jusqu’au plus crève-la-faim des artistes en réformant le système juridique ? Que se passerait-il si déposer une plainte n’était pas aussi cher, aussi chronophage, et aussi inaccessible ?

Bien, tout d’abord, je voudrais vous demander comment diable vous avez prévu de faire ça. Peut-être que nous ne devrions pas démocratiser la possibilité de lancer des poursuites judiciaires les uns contre les autres. Peut-être est-ce une bonne chose que déposer une plainte et se lancer dans un procès soit une procédure d’une telle stupidité, d’une telle lourdeur bureaucratique, que ça vous ronge l’âme : parce que déposer une plainte est une manière plutôt stupide de régler des différends. Face à cette lenteur du système judiciaire, son côté ardu, il est tellement plus intéressant d’essayer de parler entre nous, plutôt que de chouiner pour que l’État abatte son marteau sur les gens que nous n’aimons pas. S’entendre à l’amiable, hors des tribunaux, est censé être plus plaisant.

Voilà pourquoi on devrait pouvoir faire disparaître totalement le monopole du copyright. Il nous incite à ne pas discuter. Pourquoi ne pas laisser les humains interagir et faire ainsi naître des règles de savoir-vivre pour l’accès et la réutilisation d’œuvres d’art ? Pourquoi créer des armes légales et s’en menacer mutuellement, au lieu de simplement agir en adultes et se parler ?

On ne se parle plus, toi et moi, humanité. Tu ne me rappelles jamais.

MISE à JOUR 26/04 – Suite à la traduction de cet article dont le ton provocateur et l’argumentation radicale suscitent le débat, nous vous invitons à parcourir le point de vue contradictoire de Calimaq sur son blog : Jeter les Creative Commons avec l’eau du Copyrright ?




Framasoft rembobine, bientôt l’avance rapide

C’est la semaine FramAccueil. Une semaine où, chaque jour, on vous présentera un peu plus les coulisses de notre nouvelle page d’accueil. Car revenir sur cette présentation de toute la galaxie Framasoft, c’est surtout revenir sur plus de 10 ans d’aventures clavistes et AFK, de sites et outils web, de travail collaboratif au service du Libre au sens large. Avec la nouvelle page d’accueil de Framasoft, toute la galaxie Frama est accessible en quelques roulements de molette.

Cette semaine est l’occasion pour nous de mieux communiquer sur l’ensemble des services proposés, grâce à vos dons, à vos apports, à notre travail commun. De faire le point sur le présent avant de mieux se tourner vers l’avenir.

Nous avons donc demandé à Christophe, le président de l’association, de répondre à quelques questions pour faire l’historique de l’association et de ses projets…

— Pouhiou

Framablog : Christophe, quand on entre dans l’association Framasoft, il y a toujours quelqu’un pour dire : « Tu vas voir : avant de connaitre tous les projets qui existent et de comprendre tout ce qui s’est fait, t’en as au moins pour un an. » Tu confirmes ?

Après un an et demi de présidence, j’en suis encore là. À ma décharge, je précise que certains framasoftiens sont beaucoup plus anciens que moi dans l’asso… Ce que d’aucuns pourraient voir comme une pléthore d’activités est en réalité le reflet du foisonnement Framasoftien. Au fil des rencontres, Alexis a su tisser des liens plus ou moins solides avec d’autres acteurs du Libre, et il a su aussi attirer des volontaires qui ont collaboré activement à certains projets plus que d’autres, ou ont pris en charge un projet en particulier, et se sont ainsi intégrés petit à petit dans le cercle associatif.

Une expression qui est longtemps restée pour décrire Framasoft était : « un réseau à géométrie variable ». C’était et c’est toujours plus ou moins le cas : qu’on adhère ou non aux valeurs de Framasoft, qu’on soit un acteur du libre, un ardent défenseur ou parfaitement ignorant de la différence entre Gnome et KDE ou entre les licences GNU GPL et BSD, il est toujours possible de participer à l’un des projets de Framasoft.

Les années aidant, nous devons aux donateurs comme à la bonne santé des projets une certaine stabilité dans nos objectifs, et c’est tout un projet de structurer Framasoft autour de projets phares… avec tout ce que cela comporte comme risques, puisque un projet mis en valeur peut très bien s’avérer complètement inutile face à l’avancement inexorable du Libre dans bien des domaines.

L’idée est donc désormais de structurer les activités autour de trois grands piliers d’une éducation populaire au Libre : le logiciel, la culture et les services.

Framablog : Pour savoir comment nous en sommes arrivés là, partons du début. Ca veut dire quoi Framasoft ? Il paraît qu’au départ, c’est une bande de potes ?

Si on comprend tous que le « soft » fait référence aux logiciels, il est plus difficile de savoir d’où vient la racine « Frama » que l’on retrouve en préfixe à tous les projets. Framasoft était au départ un petit catalogue en ligne qui était hébergé comme une rubrique du site Framanet (pour FRAnçais et MAthématiques en IntraNET), co-animé par Alexis Kaufmann et Caroline d’Atabekian(1), tous deux enseignants du secondaire. Fin 2001, Framasoft est devenu un site à part entière, axé sur les logiciels libres et proposant un annuaire collaboratif. Depuis lors, l’annuaire a toujours été une activité centrale de Framasoft, mais il était devenu de plus en plus évident que le Libre ne se résume pas à des logiciels(2).

Quand, en 2004, l’association (loi 1901) fut créée, il y avait déjà beaucoup de contributeurs. L’annuaire dépassait déjà largement les seuls logiciels libres disponibles sous Windows, mais concernait les trois grands systèmes d’exploitation du marché. Pour structurer la communauté ainsi formée et permettre davantage de dialogue non seulement entre contributeurs mais aussi avec le grand public découvrant le libre, le forum Framagora fut créé et nombreux sont ceux qui, tout comme moi, ont découvert et intégré Framasoft grâce à ce forum. Et c’est « seulement » en 2005 que le projet d’un DVD-Rom compilation de logiciels libre (aujourd’hui FramaDVD) et le projet Framakey sont nés.

Le premier reprenant l’idée de The Open CD a été créé par un groupe d’étudiants, encadrés par Pierre-Yves (alias Pyg) et le second que le même Pierre-Yves menait. Ceci amorça la dynamique que nous connaissons aujourd’hui, qui se caractérise par plusieurs projets avec des communautés autour. Celles-ci s’entrecroisent, et grâce à elles, c’est aux frontières des projets que l’innovation se fait.

Dans le slogan « la route est longue mais la voie est libre », je n’ai jamais vu cette longueur comme le chemin de croix harassant vers la libération quasi-théologique de l’informatique, mais au contraire comme une suite infinie de choix possibles vers une ligne d’horizon.

Framablog : Et des projets avortés, ou qui sont tombés en désuétude… genre le « cimetière Framasoft »… il y en a ?

Je ne veux pas éluder la question, mais regarder en arrière n’est jamais quelque chose de productif. Nous sommes des bénévoles et, à ce titre, si nous donnons du temps à Framasoft, ce n’est pas pour être nostalgiques. À vrai dire, des projets avortés, il y en a tous les jours : tout ce que nous aimerions faire et ce que nous n’avons pas le temps ni les moyens (humains surtout) de réaliser. Il arrive très souvent que nous dépensions beaucoup d’énergie pour rien.

Malgré l’enthousiasme de la communauté, le projet Framavion n’a jamais vraiment décollé.

C’est le lot de n’importe quel projet associatif et communautaire. Par exemple, nous aimerions développer davantage le projet Framaphonie, les services Cloud que nous proposons peuvent toujours être améliorés, et notre annuaire…. là je ne dis rien pour l’instant parce qu’il se trouve que nous avons la solution !

Framablog : Du coup, aujourd’hui, quels sont les projets qui enthousiasment le plus la communauté ?

Là encore il est difficile d’établir une hiérarchie. Certains projets ne nécessitent pas forcément une grande communauté et sont pourtant très célèbres, comme Framadate. Donc il faut décrire les choses non en termes de productivité mais en termes de rapport entre le nombre de contributeurs et la dynamique journalière (le nombre d’actions par contributeur). De ce point de vue, le groupe Framalang qui s’occupe de traduire des textes, le plus souvent anglophones, est de loin celui qui a une activité très soutenue… et comme il utilise Framapad pour travailler, et le Framablog pour produire des textes à destination du public, on voit ici nettement les interactions entre les projets.

Le projet Framabook aussi connaît de l’activité ces temps derniers. C’est invisible pour le public, mais la production d’un livre représente beaucoup d’heures de la part des membres, en particulier la relecture d’un ouvrage. Donc ici, ce n’est pas en termes de dynamique qu’il faut envisager les choses mais en termes d’heures travaillées. Tout comme le Framablog, qui exige une veille soutenue de l’ensemble de la sphère du Libre, ou le développement de la Framakey qui mobilise de temps à autre Pierre-Yves durant de longues heures pour l’adapter à un projet de partenariat.

Framablog : Est-ce qu’on peut dire un mot sur les FramaTrucs de demain ?

C’est bien simple : nous en avons plein les cartons. Mais ce qui est certain, c’est que le déballage ne peut se faire qu’à partir du moment où nous aurons structuré… allez je lâche le nom de code : Framalibre !

Quelques logos à l’étude pour les projets à venir

(1) Caroline d’Atabekian ne tardera pas à fonder le plus important portail collaboratif des enseignants de Lettres, le WebLettres, dont la naissance est évoquée dans ce billet .

(2) L’ouvrage Histoires et Cultures du Libre (Coll. Framabook, 2013) se veut être une illustration de l’immensité des domaines concernés par le Libre.

* * *

Crédit photo : Musée de l’air et de l’espace de San Diego