Logiciels libres et éducation : la BBC s’y met aussi

Amerune - CC byRestons en Angleterre pour évoquer l’ouverture d’un récent et prometteur projet de la BBC autour du logiciel libre et de l’éducation : le BBC Learning Open Lab (dont nous avons traduit la présentation ci-dessous). On notera qu’ils préfèrent utiliser le terme « Open Source », ce qui leur permet alors d’englober sous ce vocable non seulement les logiciels mais tout ce qui va « autour » : technologies, formats, licences et contenus.

Ils ont raison de faire ces associations. Et j’aurais presque envie d’y ajouter les pratiques voire même la culture commune.

Or c’est notamment là que pour le moment « ça coince un peu » chez nous en France. Si l’influence disproportionnée d’un Microsoft n’avait pour conséquence que de retarder le déploiement de l’alternative libre qu’est OpenOffice.org, ce serait certes contrariant (perte de temps, d’énergie…) mais ce serait non critique. Après tout il ne s’agit que de remplacer un outil par un autre, fut-il libre.

Si par contre cela aboutissait à ce que le modèle et les mentalités « propriétaires » perdurent ou pire se renforcent (comme on peut le voir actuellement sur le site Educnet qui a décidé de ne pas modifier ses édifiantes présentations) alors là oui, effectivement, cela pourrait devenir à la longue plus problématique[1].

Je résume rapidement le petit tour britannique réalisé par le Framablog au cours de ces derniers mois. L’école se bouge avec le Becta qui est capable de pondre un rapport lucide sur Vista et MS Office, d’engager des discussions sur les formats bureautiques (en face à face avec Microsoft) et les formats associés aux tableaux numériques, et de créer un site ambitieux d’enseignants autour du Libre. Ajoutez-y donc également aujourd’hui la BBC et le politique qui pointe le bout de son nez, et vous obtenez le portrait d’un pays en mouvement qui semble se poser les bonnes questions et agir en conséquence.

Je ne désespère pas de vous parler d’une contrée plus proche la prochaine fois…

À propos du BBC Learning – Open Lab

About BBC Learning – Open Lab

(Traduction Framalang : Don Rico)

Le BBC Learning – Open Lab est le fruit d’une collaboration entre BBC Learning, BBC Future Media and Technology et BBC Backstage.

Le terme « Open Source » (OS) désigne la technologie, les logiciels et le contenu que tout un chacun est libre d’utiliser, adapter, améliorer et redistribuer librement. La licence appliquée à l’Open Source est différente de celle qui s’applique au « logiciel propriétaire ». Le logiciel propriétaire est toujours accompagné d’un accord de licence qui en restreint l’utilisation et interdit de le modifier, de le copier et de le distribuer gratuitement.

Le BBC Open Lab est un espace où vous pouvez vous créer un réseau et collaborer avec d’autres utilisateurs en mesure de vous faire profiter de leurs compétences et de vous aider dans un domaine que vous connaissez peut-être mal. Utilisez ce site pour accéder aux derniers matériaux Open Source mis à disposition par la BBC, visionner des projets modèles, partager des idées et des informations concernant l’Open Source, lire des billets de blogs publiés régulièrement, obtenir aide et conseils. Vous êtes enseignant, vous avez trouvé un outil en ligne qui ne correspond pas tout à fait à vos attentes ? Postez un commentaire sur Open Lab afin de partager vos idées de modifications et d’améliorations, et voyez si la communauté peut vous aider.

Travaillant en partenariat avec BBC Backstage, notre but est de soutenir l’engagement de la BBC envers l’ouverture et de…

  • Soutenir le développement de code, d’applications et de projets libres d’utilisation et axés sur l’éducation.
  • Encourager les enseignants, les développeurs et les étudiants à innover grâce à la création et à la distribution d’outils et de contenus ouverts.
  • Faciliter la communication intersectorielle depuis le primaire jusqu’à l’enseignement supérieur, en encourageant la transmission du savoir et la culture de pratiques et de réflexions novatrices.
  • Contribuer à l’essor de l’Open Source au Royaume-Uni.
  • Fournir des ressources pédagogiques nouvelles : backstage.bbc.co.uk/openlab

Notes

[1] Crédit photo : Amerune (Creative Commons By)




Le débat britannique traversera-t-il la Manche ?

Hamed Masoumi - CC byL’article que nous vous proposons aujourd’hui n’a rien d’original en soi. Il doit en exister de similaires partout dans le monde sachant qu’en plus le mouvement ne fait que commencer. Il nous a semblé pourtant intéressant de le traduire dans un contexte où la France semble prendre du retard sur le sujet.

Nous sommes en Angleterre, pays que le Framablog visite souvent en ce moment, le parti conservateur, dans l’opposition, demande aux travaillistes au pouvoir de réduire (voire plafonner) ses dépenses publiques en matière de TIC et d’envisager des solutions « Open Source » pour y arriver.

Il est bien sûr question de jeu politique et, surtout, d’économies de gros sous en période de crise. Mais la question de l’interopérabilité est évoquée (se donner un « langage commun ») ainsi que celle de l’accès des petites sociétés de services en logiciels libres aux marchés publics jusqu’ici l’apanage des grands groupes.

Pour rappel le système politique britannique actuel est fondé sur le bipartisme, avec à droite les Conservateurs (appelés aussi « Tories ») et à gauche les Travaillistes (ou « Labor Party ») actuellement au pouvoir avec Gordon Brown, successeur de Tony Blair[1].

Le parti conservateur britannique envisage de plafonner les dépenses TIC du gouvernement

Tories consider IT contract cap

27 janvier 2009 – BBC News
(Traduction Framalang : Don Rico et Goofy)

Le parti conservateur britannique envisage sérieusement d’imposer un plafond de 100 millions de livres au buget TIC du gouvernement afin d’éviter les gouffres financiers comme celui qu’a connu le système informatique du National Health Service (NdT : le système de santé public).

Au lieu de confier des contrats de longue durée à de grosses entreprises de TIC, les députés Tories souhaitent ouvrir les appels d’offres à de plus petites sociétés proposant des logiciels « Open Source ».

Un rapport rédigé à l’intention du Shadow Chancellor George Osborne (NdT : membre de l’opposition chargé des questions économiques au sein de son parti) avance que les économies potentielles pourraient atteindre 600 millions de livres.

D’après les Tories, les Travaillistes auraient dilapidé des milliards dans des projets TIC « catastrophiques ».

Le Shadow Chancellor est en train d’examiner ce rapport, que lui a remis le docteur Mark Thompson, professeur de la Judge Business School à l’université de Cambridge, dans le cadre des préparatifs détaillés du projet de gouvernement auquel travaillent les conservateurs.

« Moderniser le gouvernement »

« Le parti conservateur est tourné vers l’avenir », a déclaré Mr. Osborne. C’est nous qui avons ouvert le débat sur l’utilisation des logiciels libres au sein du gouvernement, et je me réjouis que le docteur Mark Thompson nous ait soumis ces recommandations détaillées.

« Ces propositions n’ont pas pour seul objectif la limitation des dépenses. Il est surtout question de moderniser le gouvernement, de rendre les services publics plus novateurs et de les améliorer. »

Il a déclaré vouloir recueillir les avis du public et de l’industrie des TIC sur ces propositions.

Les conservateurs accusent le gouvernement d’avoir dilapidé des milliards de livres dans des projets TIC calamiteux, comme par exemple le système de dossiers médicaux informatisé du National Health Service, dont le coût initialement prévu à 2 milliards de livres a explosé pour en atteindre 12, et qui depuis le début accumule les retards.

Le Committee on Public Accounts (NdT : équivalent de la Cour des comptes) a récemment émis des doutes quant au respect de la date butoir, fixée à 2015.

Ces dernières années, le gouvernement a revu à la baisse certains projets TIC. En 2006, il a mis au rancart un projet de plusieurs milliards de livres visant à déployer un nouveau système centralisé pour le registre national d’identité, préférant le laisser en l’état et conserver l’ensemble des renseignements sur trois bases de données séparées déjà existantes.

Mais selon les conservateurs, on pourrait économiser des millions supplémentaires en abandonnant les pratiques actuelles du gouvernement consistant à confier les projets TIC à un petit nombre de grosses entreprises.

« Ouvrir la concurrence »

Dans son rapport, le docteur Thompson plaide en faveur d’un système d’appels d’offres TIC « ouvert », où l’on consulterait un plus grand nombre d’entreprises, y compris des start-ups innovantes.

Il recommande l’adoption des formats de données ouverts et standards au sein du gouvernement, afin de créer un « langage » commun pour les systèmes TIC de l’État.

Cela aurait pour conséquence de réduire les coûts des acquisitions de licences et d’affranchir les corps gouvernementaux de contrats monopolistiques de longue durée, indique-t-on dans le rapport.

« Cela signifie que le gouvernement du Royaume-Uni n’aurait plus jamais contraint à signer un contrat pour des logiciels dépassant les 100 millions de livres. Finis les gouffres financiers informatiques », y ajoute-t-on.

D’après le docteur Thompson, son rapport « explique comment le gouvernement peut économiser des centaines de millions de livres chaque année en instaurant un processus plus ouvert de passation de marchés publics pour les TIC, ce qui impliquerait de donner leur chance aux logiciels libres. »

Et d’ajouter : « Cela n’a rien de sorcier. Il s’agit de créer un système de passations de marchés publics moderne et efficace. Partout dans le monde, des gouvernements et des entreprises utilisent des logiciels libres, et nous-même ici au Royaume-Uni pourrions faire beaucoup plus que ce que nous faisons actuellement. »

Notes

[1] Crédit photo : Hamed Masoumi (Creative Commons)




Musique, industrie et industrie musicale

Notsogoodphotography - CC byNous le savions déjà : « musique » et « industrie musicale » sont deux entités distinctes. La révolution numérique n’a fait que nous le rappeler mais en apportant un petit quelque chose en plus : la possibilité pour le premier de ne pas être obligé d’en passer forcément par le second pour exister. Surtout si cette industrie musicale renonce à s’adapter et préfère mettre son énergie à chercher des mesures coercitives pour ramener ses clients dans le droit chemin de la rassurante situation d’avant (qui n’est déjà plus).

Et si nous commencions par prendre conscience des évolutions avant que d’envisager une éventuellement réconciliation ?

La traduction de ce court extrait du blog de Seth Godin y participe modestement.[1].

Musique vs L’Industrie Musicale

Music vs. the music industry

Seth Godin – 13 février 2009 – Blog
(Traduction Framalang : Claude le Paih)

Quelques extraits d’une interview sur le futur de l’industrie musicale. J’abordais une industrie spécifique, mais je pense que cela peut être généralisé.

L’industrie musicale privilégie surtout l’aspect « industrie » et moins l’aspect « musique ». C’est le meilleur moment de l’histoire de la musique si votre rêve est de distribuer autant de musique que possible à un maximum de personnes, ou si votre objectif en tant que musicien est d’être écouté par une large audience. Il n’y a jamais eu une telle époque auparavant. Donc si votre intérêt est la musique, c’est génial.
Mais si votre intérêt penche vers le côté industriel et ses limousines, ses acomptes, ses juristes, son polycarbonate et ses vynils, c’est tout simplement horrible. Le changement actuel étant que les personnes persistant à vouloir garder le monde tel qu’il était avant, seront de plus en plus contrariées par la nouvelle donne, ce qui peut aller jusqu’à la perte de leur emploi. Ceux qui veulent inventer un nouveau cadre, de nouvelles de règles du jeu, un nouveau paradigme, n’en reviennent pas de leur bonne fortune et réalisent combien ils sont chanceux que le monde de l’industrie ne remarque pas une telle opportunité…

Je définis une tribu comme un groupe de personnes partageant une culture, un but, une mission commune, et aussi souvent un leader commun. Il y a des tribus de gens, sortant parfois des sentiers battus, qui se sentent en phase parce qu’ils veulent repenser l’industrie musicale. Il y a ainsi la tribu de ceux qui suivent Bruce Springsteen et paient des sommes déraisonnables pour l’écouter en concert et comparer les titres.
Cela n’a plus rien à voir avec les anciennes habitudes des labels musicaux occupés à conquérir de l’espace commercial à la radio et dans les magasins de disques. L’industrie musicale a désormais besoin de se redéfinir et d’œuvrer à la recherche, l’interconnexion et la direction de tribus d’individus désirant suivre un musicien et se connecter avec ceux qui souhaitent en faire de même…

Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, vous écoutiez une chanson car « tous les autres » l’écoutaient aussi. C’est la définition de la pop music. À cette époque, nous définissions « les autres » comme des personnes de notre université ou des gens écoutant la radio WPLJ[2].
Aujourd’hui, « les autres » ne sont pas définis par le lieu de résidence ou la radio écoutée. Ils sont définis par le segment vertical ou horizontal du monde auquel vous vous connectez. Je peux écouter Keller Williams[3] parce que ma tribu connaît des Deadheads désenchantés[4]. N’ayant plus de nouveau Grateful Dead à écouter, nous écoutons Keller Williams : c’est de la pop music pour nous. Il n’est pas populaire chez les jeunes du collège qui n’ont jamais entendu parler de lui, n’est-ce pas ? Ainsi vous vous retrouvez avec une multitude de niches qui sont autant de manières différentes de regarder le monde…

Le tout numérique est en train de surpasser le CD, et une fois le mouvement amorcé cela va de plus en plus vite. Le plus intéressant pour moi est de connaître celui qui contrôlera la programmation musicale (NdT : la playlist). S’il y a une quantité infinie de musique offerte (et dès que la quantité de musique excède le temps disponible d’une vie, elle est infinie !), quelqu’un sera-t-il assez influent pour me suggérer quoi écouter ? Ce quelqu’un sera-t-il payé pour me le dire ou bien paiera-t-il pour me le dire ? La question reste pour le moment ouverte mais les réponses sont dans toutes ces niches. Qui sont les personnes influentes et comment se diffusent cette influence ?
L’analogie que j’aime donner est que si vous êtes un écrivain et qu’Oprah Winfrey[5] vous appelle, vous ne dites pas : « combien allez vous me payer pour participer à votre show et présenter mon livre ? » En fait, si vous le pouviez, vous paieriez pour collaborer avec Oprah.
Pendant très longtemps, l’industrie musicale a eu deux grandes idées : d’un côté, payer pour passer sur Clear Channel[6] ou MTV, de l’autre, faire payer pour écouter sa musique en concert ou sur votre chaîne Hi-Fi. Ces temps sont tous en train de se diluer actuellement. « Si je suis le directeur des programmes de ma propre radio, que devient mon bakchich ? »[7].

Notes

[1] Crédit photo : Notsogoodphotography (Creative Commons)

[2] Radio populaire aux USA

[3] Keller Williams est un chanteur américain un peu « décalé »

[4] Les Deadheads sont des fans du groupe Grateful Dead

[5] Oprah Winfrey est l’animatrice du célèbre talk-show qui porte son nom

[6] Clear Channel est un groupe de médias américains possédant de nombreuses radios et télévisions

[7] Bakchich ou payola dans le texte




Largage de liens en vrac #12

Marcelo Alves - CC by-saDites, vous n’avez pas mieux à faire que de venir fouiner par ici ? En plus c’est comme d’habitude, des logiciels non testés, mal classés et de qualité disparate.

Non, franchement, vous devriez plutôt parcourir notre magnifique dossier sur Wikipédia ou alors, je ne sais pas moi, acheter un framabook pour l’offrir à votre ami(e) déçu(e) de n’avoir rien reçu(e) à la Saint-Valentin.

Vous êtes toujours là ? Bon ben tant pis pour vous. On aura tenté de vous dissuader mais c’était sans compter sur votre légendaire entêtement[1].

  • GimpPhoto : « GimPhoto is GIMP modification with new menu layout, great selection of plugins, and many additional resources for more professional look and feel as digital photo retouching and image editing application package. » Est-ce clair ou je traduis ? En tout cas c’est du GIMP dans sa dernière version 2.4.3, avec toujours cette idée fixe de séduire les photoshopeurs, à comparer (dans les commentaires ?) avec Gimpshop (dont le site a subi une invasion de sauterelles pubs ces derniers jours). Tant qu’à parle de GIMP voici 50 tutoriels (en anglais).
  • Flowplayer : Des lecteurs pour lire les vidéos .flv en streaming flash, il en existe pas mal (et même en libre) mais celui-là, sous GPL, est peut-être le meilleur qu’il m’ait été donné de voir (comme ça, a priori). Tout est configurable et la version playlist a vraiment de la gueule.
  • Chevreto : Un script espagnol prometteur pour proposer à vos internautes une site pour déposer facilement et très joliment (Ajax inside) vos images, qu’elles proviennent de votre ordi ou du Net (+ redimensionnement à la volée). Pourrait donc devenir le ImageShack du libre en quelque sorte.
  • Burning Mill Express : Pour Windows only, un logiciel de gravure (CD, DVD, ISO…) qui semble bien réalisé. Je ne suis vraiment pas un spécialiste, quelqu’un peut nous dire ce qu’il vaut pa rapport à la concurrence libre sur cet OS ?
  • AribaWeb : Un framework pour nous faire de puissantes applications Web en Ajax et tout le toutim. Si vous arrivez à nous pondre un Gmail du libre avec, merci de nous prévenir dans les commentaires.
  • Dicts.info : C’est pas du libre mais c’est bien pratique. Des tonnes de dictionnaires pour traduire un peu dans toutes les langues (par exemple de l’estonien au coréen). Typiquement le genre de sites qui attend que les gens viennent pour nous coller de la pub mais évitons le procès d’intention…
  • iPodME : Celui-là je ne sais pas trop si il mérite le référencement mais bon… il s’agit de convertir ses vidéos pour son iPod (sources disponibles mais j’ai pas vu la licence). Que pour Windows avec .NET dedans (c’est bien ce que je vous disais).
  • Twitter sur Pidgin : Pour suivre Twitter (mais aussi Identi.ca) sur le célèbre logiciel de messagerie instantané. L’occasion de rappeler les liens vers le compte Framasoft de Twitter et Identi.ca (nos derniers tweets sont dans la colonne de droite de cette page du reste).
  • Open Web Messenger : Application de chat en ligne permettant à vos visiteurs de discuter avec vos techniciens, commerciaux ou tout autre intervenant, sous licence Eclipse.
  • Lavoisier : Une bien belle police Open Source signalée par theClimber.
  • 10 obscure Linux applications you need to try : À ne lire que si vous êtes geek, admin et sous GNU/Linux (et que vous comprenez l’anglais mais, bon, si vous répondez aux trois premiers critères le quatrième devrait naturellement suivre).

Notes

[1] Crédit photo : Marcelo Alves (Creative Commons By-Sa)




Projet de loi Création et Internet : l’April s’insurge et appelle à la mobilisation

Qualifié, malheureusement à juste titre, de DADVSI 2, le projet de loi « Création et Internet » (ou Hadopi) vient de chauffer aux oreilles de l’April. Il faut dire qu’il y a de quoi et le rapporteur (et benjamin) de l’UMP Franck Riester d’en prendre pour son grade.

Je vous laisse, je dois contacter mon député…

Riposte graduée : le rapporteur s’oppose à l’interopérabilité, l’April appelle à la mobilisation

URL d’origine du document

APRIL – 23 février 2009 – Communiqué de presse

Trois ans après DADVSI, le gouvernement et la majorité semblent n’avoir rien retenu des débats sur l’interopérabilité[1] et le logiciel libre. Lors de l’examen du texte « Création et Internet » en commission des lois de l’Assemblée nationale, le rapporteur UMP Franck Riester s’est opposé à l’interopérabilité des moyens de sécurisation imposés par le projet de loi, au motif que l’interopérabilité empêcherait le libre choix de l’utilisateur ! L’April s’insurge et appelle chacun à contacter son député pour l’alerter.

Véritable DADVSI 2, le projet de loi « Création et Internet » déjà validé par le Sénat est actuellement programmé à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Après un examen en commissions, le texte sera examiné en séance à partir du 10 mars 2009.

L’essentiel du projet de loi est bien d’échafauder une nouvelle autorité administrative – l’Hadopi[2] – qui aura pour but de faire une répression de masse sur la base de relevés informatiques. Mais il prévoit également d’imposer aux titulaires d’un accès à Internet des « moyens de sécurisation » visant à empêcher que leur connexion soit utilisée pour commettre des infractions.

« On ignore tout de la nature de ces moyens de sécurisation : on ne sait pas ce qu’ils font, ni où ils s’installent, et quelle est la maîtrise que l’utilisateur pourra en avoir, » déplore Alix Cazenave, responsable des affaires publiques de l’April. « Qu’ils ne fassent pas le jeu d’éditeurs pratiquant la vente liée serait un minimum ! » L’April a d’ailleurs été reçue par des députés de tous les groupes pour leur faire part de ses questions et de ses inquiétudes[3].

Pourtant sur la question précise de l’interopérabilité, les députés Jean Dionis du Séjour (Nouveau Centre) et Patrick Bloche (Socialiste, Radical et Citoyen) se sont heurtés à un refus catégorique du rapporteur, motivé par un argument que nul n’aurait imaginé : il est simplement défavorable à l’interopérabilité[4] ! Il s’est de même opposé à ce que l’abonné soit exonéré de sa responsabilité lorsqu’il n’existe pas de moyens de sécurisation adaptés à sa configuration. L’April avait pourtant, dès le 6 mars 2008[5], alerté le conseiller juridique de la ministre de la culture sur le risque que comporte ce genre de mesures pour l’interopérabilité et le logiciel libre. À l’époque déjà, aucune réponse n’avait été apportée quant à la nature de ces moyens de sécurisation, le conseiller Henrard se contentant d’affirmer que la loi créerait le marché (sic).

« Ce que Franck Riester ne comprend pas, c’est que l’interopérabilité est le libre choix des consommateurs. On se croirait de retour en 2006 avec le benjamin de l’époque, Laurent Wauquiez, qui avait au moins eu l’honnêteté de reconnaître son incompétence[6]. En 2005, la SACEM voulait nous faire changer nos licences[7] ; Franck Riester voudrait-il nous obliger à changer de système d’exploitation ?», s’interroge Frédéric Couchet, délégué général de l’April.

« Monsieur Riester est la preuve qu’il reste encore à l’Assemblée nationale des députés opposés à l’interopérabilité et au logiciel libre[8]. Il soutient un dispositif qui va, une fois de plus, pénaliser sans aucune justification les auteurs et utilisateurs de logiciels libres, les mettant dans une situation d’insécurité juridique absolument inacceptable. Le groupe UMP a décidément bien choisi son rapporteur : tout comme cette loi, il nie la réalité technique, protège des intérêts particuliers et souffre d’un archaïsme affligeant » s’insurge Benoît Sibaud, président de l’April.

Comme pour DADVSI, l’urgence est déclarée. Comme pour DADVSI, ce texte est annoncé comme le remède miracle contre le téléchargement non autorisé d’œuvres en peer-to-peer. Comme pour DADVSI, des mesures « techniques » de contrôle d’usage sont imposées. Comme pour DADVSI, l’interopérabilité est méprisée. Comme pour DADVSI, le logiciel libre est ignoré, et ses utilisateurs menacés.

C’est pourquoi, comme pour la loi DADVSI, l’April appelle tous les citoyens attachés au logiciel libre à contacter leurs députés[9] et à les alerter afin qu’ils s’opposent à cette nouvelle menace. Elle les invite également à écrire au rapporteur Riester pour lui demander de revenir sur ses positions inacceptables.

Notes

[1] rappelons au passage l’article 7, adopté le 16 mars en seconde délibération à l’unanimité, faisant de la France le premier pays d’Europe à véritablement défendre activement l’interopérabilité, première mondiale saluée Outre-Atlantique. Communiqué du 18 avril 2006 « Projet de loi "DADVSI" : à contre-courant, le Sénat rejette l’interopérabilité et prône la brevetabilité du logiciel ».

[2] Haute Autorité pour la diffusion et la protection des œuvres sur Internet, créée à partir de l’Autorité de régulation des mesures techniques de la loi DADVSI.

[3] Notamment les porte-paroles des groupes Nouveau Centre (NC), Socialiste, Radical et Citoyen (SRC), Gauche Démocratique et Républicaine (GDR), ainsi que par la rapporteure pour avis (UMP) de la commission des affaires culturelles. Elle doit également être auditionnée par le rapporteur pour avis (UMP) de la commission des affaires économiques.

[4] Extrait du compte-rendu n°28 de la réunion de la commission des lois, mercredi 18 février 2009, séance de 9h30 : — Art. L. 331-30 (nouveau) du code de la propriété intellectuelle : Liste des moyens de sécurisation efficaces : La Commission adopte un amendement du rapporteur précisant les consultations auxquelles la HADOPI devra procéder avant de rendre officielles les spécifications fonctionnelles des moyens de sécurisation et supprimant l’établissement d’une liste officielle de ces spécifications. Elle est ensuite saisie d’un amendement de M. Jean Dionis du Séjour précisant que les moyens de sécurisation devront être interopérables et mis à la disposition des consommateurs gratuitement. – M. le rapporteur : Les moyens de sécurisation mis en place ne sauraient être gratuits, à l’image des logiciels de contrôle parental, mis à la disposition des consommateurs à titre payant, même si leur prix est modique. – M. Jean Dionis du Séjour : J’accepte de supprimer de mon amendement la condition de gratuité. – M. le rapporteur : J’en viens au second objet de l’amendement : l’interopérabilité. Je n’y suis pas favorable. Il faut laisser au consommateur sa totale liberté de choix en fonction de son système d’exploitation. L’interopérabilité n’est pas nécessaire pour les consommateurs et elle est trop contraignante pour les éditeurs de logiciels. La Commission rejette l’amendement, puis adopte deux amendements du rapporteur, le premier visant à préciser que la HADOPI établit une liste labellisant les moyens de sécurisation, le second de nature rédactionnelle. Elle rejette ensuite, par cohérence, un amendement de M. Patrick Bloche précisant que les moyens de sécurisation devront être interopérables et mis à la disposition des consommateurs gratuitement.

[5] Voir le compte rendu de la réunion avec Laurent Ladouari et Olivier Henrard.

[6] « Nous devons reconnaître honnêtement les limites de nos compétences techniques – certains d’entre nous en ont apporté la preuve, moi le premier hier soir – sur des sujets extrêmement techniques comme le MP4 ou les fichiers MP3. » – Laurent Wauquiez, député UMP benjamin de l’AN sous la XIIème législature, porteur de la partie civile de l’amendement Vivendi, lors de l’examen du DADVSI. Franck Riester est « benjamin du groupe UMP et troisième plus jeune député de l’hémicycle » selon ce portrait.

[7] « Vendredi 18 novembre 2005, au ministère de la Culture, le SNEP et la SCPP déclarent aux auteurs de Logiciel Libre : « Vous allez changer vos licences. » La SACEM ajoute : « Vous allez arrêter de publier vos logiciels. » Et se déclare prête à « poursuivre les auteurs de logiciels libres continuant de divulguer leur code source » – Extrait du communiqué de presse de la FSF France du 25 novembre 2005.

[8] Contrairement au prédécesseur de Franck Riester sur la 5ème circonscription de Seine-et-Marne, Guy Drut, UMP lui aussi, qui a été un des questeurs à l’origine de la migration vers le logiciel libre du poste de travail des députés français.

[9] Pour une liste des députés, leurs fiches individuelles et leurs coordonnées, voir également le Mémoire Politique disponible sur le wiki de la Quadrature du Net.




L’allégorie du pingouin de l’Antarctique

Un pingouin inlassablement poursuivi par des orques (jeu ou danger ?) et qui vient trouver refuge sur le zodiac des hommes ! Belle métaphore non ?!

—> La vidéo au format webm

TsavenNava, qui a uploadé la vidéo sur YouTube, précise qu’il n’en est pas l’auteur (en se dédouanant par la même occasion de cette pénible bande sonore). Elle lui a été donnée, l’été dernier, par le chef de la station de recherche de Vernadsky en Antarctique.

PS : Au fait s’agit-il d’un pingouin ou d’un manchot ? Et de quelle famille exactement ? Y a-t-il des spécialistes dans la salle ?




« Vous êtes trop cons, je laisse tomber ! »

Nils Geylen - CC by-saDans notre récent billet Du choix risqué du logiciel propriétaire et étranger pour sa défense nationale, nous avions évoqué le cas de Conficker, ce ver informatique qui a récemment affecté (et infecté) bon nombre d’ordinateurs sous Windows.

Carla Schroder a fait sa petite revue de presse autour du sujet[1] et… les bras lui en sont tombés ! À dire vrai, elle en a carrément gros sur la patate. Tout y passe : les journalistes, les militaires, les sociétés d’antivirus, les clients de Microsoft et bien sûr ce « système d’exploitation de merde ».

Ce qui nous donne, vous l’aurez compris, un article coup de gueule et coup de sang un « brin » polémique qui ne manquera pas de faire réagir dans les commentaires[2].

J’abandonne. Windows ou la preuve que les gens sont trop cons pour utiliser des ordinateurs.

I Give Up. Windows Is Proof That People Are Too Stupid To Use Computers.

Carla Schroder – 12 février 2009 – LinuxToday Blog
(Traduction Framalang : Olivier et Don Rico)

Et trop cons ou faux-culs pour reconnaître en Windows l’échec qu’il est vraiment. S’il s’agissait de n’importe quel autre type de produit, on l’aurait banni de tous les pays du monde depuis des lustres. Pour parler de la dernière attaque virale affectant Windows, le ver Conficker, la BBC prend son ton nonchalant habituel, ne le décrit comme un ver spécifique à Windows qu’au bout de plusieurs paragraphes, cite des vendeurs d’antivirus comme si leur avis avait un quelconque intérêt, alors que ce ne sont que des nuisibles, pour finir par rejeter la faute sur les utilisateurs :

« Le ver se répand par les réseaux peu sécurisés, les cartes mémoires et les PC qui ne sont pas à jour (…) Microsoft a fait son travail en protégeant les ordinateurs familiaux, mais le ver continue sa progression dans les entreprises qui ont ignoré la mise à jour (…) Bien sûr, le vrai problème vient des utilisateurs n’ayant pas appliqué le correctif sur leurs ordinateurs », ajoute-t-il.

Veuillez m’excuser, il faut que j’aille me défouler sur quelque chose.

BIEN SÛR que c’est la faute des utilisateurs. Ils continuent à utiliser le pourriciel le plus cher et le plus mal conçu de tout le Système solaire. Mais ses défauts incurables ne leurs sont pas imputables. Abandonnez aussi l’idée que ces utilisateurs puissent être secourus par Linux, nous ne voulons PAS qu’ils utilisent Linux. « It is impossible to make anything foolproof, because fools are ingenious » (NdT : « Il est impossible de concevoir un produit infaillible, car les idiots sont ingénieux » Jeu de mots sur foolproof, infaillible et fool, imbécile).

Quand on parle de logiciels malveillants, ce sont des logiciels malveillants pour WINDOWS, PAS des logiciels malveillants pour les ordinateurs

Les armées américaine et anglaise sont mises à mal par des logiciels malveillants pour WINDOWS. Pas des logiciels malveillants pour ordinateurs, des logiciels malveillants pour WINDOWS. Chers journalistes, prenez note. C’est un fait de la plus haute importance. Je sais à quel point vous détestez les faits et les recherches, je vous l’apporte donc sur un plateau. Ne me remerciez pas. Même Wired, dont on attend pourtant mieux, s’est fendu de ces quelques lignes, du mauvais journalisme de première classe :

« La progression rapide d’un ver au sein du réseau de la Défense donne des sueurs froides aux ingénieurs informaticiens du ministère de la Défense. L’utilisation des clés USB, des CD, des cartes mémoire et de tout autre support de stockage est donc prohibée sur leurs réseaux pour essayer d’enrayer la progression du ver. »

À aucun moment l’article ne fait mention de Windows ou de Microsoft. Ça nous a bien fait marrer quand la Royal Navy a mis Windows sur ses sous-marins il y a tout juste quelques semaines. Mais la plaisanterie a assez duré :

« Le ministère de la Défense a confirmé aujourd’hui qu’il a été victime d’un virus ayant causé l’arrêt d’un "petit nombre" de serveurs de la Défense dont, en particulier, le réseau d’administration des bâtiments de la Royal Navy. »

Ils minimisent évidemment le problème, ne vous faites pas de bile, ce n’est rien de grave, circulez il n’y a rien à voir. Après tout, les têtes nucléaires sont à jour avec le SP4 ou une autre connerie du genre. Et là non plus personne n’évoque le mot tabou Windows.

Des avions de chasse cloués au sol par une infection bénigne, sans importance

Celle-là, elle est à se tordre :

« Des avions de chasse français n’étaient pas en mesure de décoller après que des ordinateurs militaires ont été infectés par un virus… Les appareils étaient dans l’incapacité de télécharger leur plan de vol après que les bases de données ont été infectées par un virus Microsoft malgré une alerte donnée quelques mois auparavant. »

Et là encore le problème est minimisé : « L’échange d’informations a été affecté, mais aucune donnée n’a été perdue. C’est un problème de sécurité que nous avions déjà simulé. » Il faut reconnaître que le reporter a eu le courage de dire Microsoft et Windows. Mais malheureusement c’est encore l’utilisateur qui est pointé du doigt.

Microsoft ameute les troupes !

Je vous ai réservé la meilleure histoire pour la fin. Je n’invente RIEN ! Microsoft elle-même, la plus grosse entreprise de logiciel, connue pour les milliers de milliards de dollars qu’elle a engrangé dans ses coffres-forts, qui dépense des milliards de dollars pour le développement de Windows mais dont les codeurs ne parviennent pas à se sortir de ce pétrin, offre donc une récompense :

Microsoft ameute les troupes pour choper Conficker
« Dans un effort coordonné à l’échelle mondiale pour venir à bout de ce que les experts désignent comme ce qui pourrait être le pire logiciel malveillant, des grands noms de l’industrie, du monde universitaire et des services de police joignent leurs efforts dans la chasse au ver Conficker… Microsoft coordonne des actions visant à arracher la tête du ver – offrant une récompense de 250 000 dollars à quiconque pourrait fournir des informations menant à l’arrestation et à la condamnation des responsables de la propagation de Conficker sur Internet. »

Vous devez vraiment lire cet article, on le croirait extrait du Journal des aberrations. Il nous conte comment cette ligue d’experts s’est mise en branle pour combattre ce ver : vendeurs d’antivirus, services secrets, ICANN, Verisign et les universités. Voici la chute de l’histoire :

« Conficker utilise la fonction Autorun de Windows – celle qui lance automatiquement les CD-Rom ou les DVD quand on les insère dans l’ordinateur.
Autorun facilite la vie des utilisateurs, mais désactiver AutoRun, c’est enquiquinant, d’après Nazario. »

Enquiquinant ? J’ai bien lu ? ENQUIQUINANT ???

Je ne sais pas trop, je suis tiraillé entre l’envie d’utiliser un langage peu châtié et celle de me mettre à pleurer. J’imagine alors que Conficker n’est « qu’un léger désagrément ». Et j’imagine que s’ils finissent pas attraper et punir les auteurs de Conficker, les 36 millions d’autres vers Windows, chevaux de Troie Windows et autres logiciels malveillants Windows disparaîtront tous.

Personne ne rejette la faute sur Microsoft

Faut-il donc être un petit génie pour comprendre que « Tiens, si j’arrête d’utiliser ce système d’exploitation de merde je n’aurai plus ces problèmes ! Tiens, peut-être que le fabricant mérite bien un petit procès pour avoir fait subir au monde cette bouse, une bouse qui a engendré des milliards de dollars de dégâts et qui a mis en danger la sécurité publique ! »

Pensez-vous. Après avoir vu le même scénario se répéter des centaines de fois au cours des 13 dernières années, tout ce qu’on peut en conclure, c’est que :

  • Les journalistes sont des crétins.
  • Les militaires sont des crétins.
  • L’industrie des antivirus n’est qu’un énorme parasite qui se satisfait bien de son inefficacité.
  • Les clients de Microsoft sont des crétins.
  • Tout le monde est corrompu… des corrompus bon marché qui plus est.

La seule hypothétique lueur d’espoir que nous ayons, c’est que les milliers de vers Windows vont se mettre en guerre les uns contre les autres et détruiront chaque machine Windows sur Terre. Mais le remède ne serait que de courte durée, car même après un holocauste nucléaire Windows la première chose que les gens feraient serait de se relever, de s’épousseter et d’essayer de redémarrer leur machine pour voir si ça ressuscite leur système.

Notes

[1] Pour comparer, voici une revue de presse francophone (by Google) parlant de Conficker. Est-ce mieux décrit que ce qu’évoque Carla ?

[2] Crédit photo : Nils Geylen (Creative Commons By-Sa)




Plus de 100 vidéos autour du Libre avec Framatube et Blip.tv

La cola de mi perro - CC byFramatube, contraction pas forcément heureuse mais en tout cas signifiante de Framasoft et YouTube, a récemment franchi le cap symbolique des 100 vidéos (104 pour être précis), presque toutes en français ou sous-titrées, offrant par là-même un catalogue « spécialisé » qui pourra être utile à toute personne souhaitant s’informer et diffuser la « culture » et « l’état d’esprit » du logiciel libre, pris au sens large (et nébuleux) du terme.

Bien que toujours considéré en version bêta, nous le faisons aujourd’hui « sortir de l’ombre » pour vous le présenter plus en détail[1].

En version courte et flash

Si vous êtes un lecteur ou un webmaster pressé, et que le format flash ne vous fait pas peur, vous pouvez tout de suite visiter cette page pour avoir l’occasion de toutes les visionner d’un coup à même notre lecteur embarqué (dont vous obtiendrez le code pour en faire de même sur votre propre site si d’aventure vous le souhaitiez). Vous pouvez également sauter tout notre « inutile verbiage » pour accéder directement à une petite sélection bien sentie de ce que l’on pourrait tout aussi improprement qualifier de « Web TV du Libre » du réseau Framasoft.

Mais, comme nous le verrons ci-après, il est aussi possible (et conseillé) de se rendre sur notre compte hébergé par blip.tv.

Le choix blip.tv

À l’origine il s’agissait de stocker et d’archiver les vidéos présentées sur le Framablog. On avait commencé par les héberger sur nos propres serveurs mais par souci de charge (et d’économie de moyens) on a préféré externaliser le service en ouvrant donc un compte sur la plate-forme blip.tv.

Soit dit en passant ce point de départ explique également le caractère quelque peu éclectique de la sélection. Il n’y a pas eu volonté méthodique de référencer toutes les vidéos évoquant le logiciel libre francophone. Cela s’est fait petit à petit en fonction des sujets mis en ligne sur le blog.

Toujours est-il que pourquoi blip.tv et non pas YouTube ou Dailymotion ?

Pour plusieurs raisons à cela.

  • Blip.tv reconnait et sait convertir le format libre Ogg Theora, on peut donc uploader directement dans ce format.
  • Au delà du streaming en flash, blip.tv propose explicitement le téléchargement, non seulement au format flash (.flv) mais aussi au format d’origine, donc pour ce qui nous concerne le Ogg. Ceci permet aux visiteurs qui ne possèdent pas le plugin flash de ne pas être pénalisés.
  • Blip.tv fait mention explicite de la licence des vidéos (lorsque l’on met en ligne une vidéo, il est en effet proposé un champ spécifique où figure par exemple toute la panoplie des Creative Commons).

À ma connaissance, tout ceci est absent des YouTube et autres Dailymotion. Même si l’un (voir ce billet) comme l’autre (site en Ogg dédié au projet OLPC) ont fait quelques progrès récemment. Le plus choquant restant l’absence de mention des licences qu’il aurait été facile d’inclure mais qui aurait alors posé quelques cas de conscience aux utilisateurs, quitte à ce qu’ils choisissent finalement de ne pas uploader la vidéo (ceci expliquant donc cela et aboutissant au fait qu’on trouve un nombre hallucinant de vidéos diffusées illégalement sur ces plate-formes).

Et puis il y a aussi tout ce qui tourne autour de quelque chose que l’on pourrait appeler la confiance. Les « Termes de services » contractés en vous inscrivant à la plate-forme sont plutôt clairs chez blip.tv (voir plus bas) et plutôt confus chez les autres (et je ne vous parle même pas des affres actuelles des utilisateurs, quelque part un peu naïfs, de Facebook). YouTube a ainsi récemment, et sans crier gare, fait apparaitre un moteur de recherche interne à même son lecteur embarqué (quand on passe la souris dessus, c’est très pénible à l’usage). Cela reste gentillet mais que se passera-t-il si un jour ils décident de mettre quelques secondes de pub au démarrage ? Ce sera assurément le pactole avec toutes les vidéos YouTube qui traînent sur des millions de blogs (et, même si ce n’est pas très « courtois » ce genre de petites manipulations doit être certainement prévues dans le « contrat que personne ne lit »). J’ajoute que sur blip.tv, on ne vient pas nous dire « Essayez YouTube dans un autre navigateur Web, téléchargez Google Chrome ».

Sur blip.tv, on lit plutôt ceci :

Nous croyons que le fruit de votre dur travail doit vous appartenir. Quand vous mettez en ligne sur blip.tv vous nous donnez le droit de distribuer votre vidéo tant que vous ne choisissez pas de la supprimer de notre système. Vous n’avez à nous céder aucun droit d’exclusivité, et nous ne vendrons pas votre œuvre, ni ne ferons de la publicité pour celle-ci sans votre autorisation expresse.

Mais surtout cela :

Nous sommes des adeptes convaincus des licences copyleft, telle que Creative Commons les propose. Nous incitons tout le monde à examiner les licences Creative Commons et à les adopter. Chaque vidéo publiée sous licence copyleft enrichit la création collective de façon significative.

Nous vivons à une époque que les historiens qualifieront de démocratisation de l’expression. Tandis qu’autrefois la production et la diffusion des médias étaient concentrées en quelques mains, maintenant elles sont partout : chacun peut proposer un spectacle, une ressource éducative, une expertise. Les contraintes traditionnelles imposées par les coûts de production élevés et la distribution restreinte n’existent plus : maintenant n’importe qui disposant d’une caméra et d’un ordinateur peut produire du contenu vidéo, la seule contrainte est celle qu’imposent les limites de la créativité humaine. Les utilisateurs de blip.tv ont démontré que de telles limites n’existaient pas.

Nous pensons que la libération des moyens de production est une des des choses les plus importantes qui soit arrivée dans l’histoire récente. Elle permet à tout le monde de créer la prochaine comédie géniale, de partager la réalité de la vie quotidienne par-delà les différences culturelles, d’échanger des points de vue politiques et des ressources éducatives. C’est une très bonne chose, et nous nous consacrons à élargir encore cette démocratisation d’une façon qui respecte toujours les droits à la propriété intellectuelle, sur une plateforme où chacun puisse se sentir à l’aise.

Nous sommes pour une nouvelle économie de l’abondance. Il n’est plus dans l’intérêt de quiconque de mettre des chaînes aux médias, de les attacher à un site Web particulier, ou d’être pieds et poings liés à des métadonnées. Nous ne construisons pas un jardin entouré de murailles, nous travaillons activement à faire tomber les murailles pour permettre la libération et le partage ouvert des médias et des contenus des médias sur le Web.

À comparer avec la philosophie générale de la prochaine loi « Internet et Création »…

Merci pour eux donc. J’aurais pu aussi évoquer le fait qu’avec blip.tv vous pouvez dans le même mouvement uploader chez eux mais aussi sur le beau projet qu’est Internet Archive, mais, bon, j’arrête là, on pourrait croire que je suis un VRP de blip.tv 😉

Framatube chez blipt.tv : petit mode d’emploi illustré

Comme cela a été mentionné plus haut, vous pouvez lire les vidéos ou les embarquer via notre lecteur flash disponible sur cette page. Mais se rendre directement sur notre compte blip.tv et y feuilleter le catalogue offre plus d’informations et d’options.

Voici comment se présente une page vidéo sur notre compte blip.tv. Il s’agit en l’occurrence du récent clip Firefox in Motion (découvert of course chez Tristan Nitot).

Copie d'écran - Framatube - Blip.tv

On notera que l’on peut donc embarquer les vidéos une par une plutôt que la « télévision » entière.

Simple et pratique. Sans oublier que vous pouvez vous abonner au flux Framatube de différentes façons :

Firefox 3.1 et sa nouvelle balise vidéo

Nous avons évoqué la prochaine version de Firefox, que nous attendons en version stable avec impatience, dans deux récents billets : Quand Mozilla participe à la libération de la vidéo et Building the world we want, not the one we have.

Retenons que nous pourrons alors lire les vidéos au format Ogg directement dans Firefox sans avoir besoin du moindre plugin. Il suffira, pour le webmaster, d’insérer quelque chose qui ressemblera, en version minimaliste, au code (en HTML 5) suivant :

 <video> <source src="http://framasoft.blip.tv/ma-super-video.ogg"></source> </video> 

(Pour de plus amples informations lire par exemple ce billet de Laurent Jouanneau)

Autrement dit, toutes « nos » vidéos disponibles au format Ogg sur blip.tv pourront être reprises directement par les autres sites, sans passer par la case flash et sans nécessiter de téléchargement pour le visiteur sous Firefox 3.1. Plutôt intéressant non ! Imaginez-vous par exemple, muni de votre Framakey et sa version portable de Firefox 3.1, montrant à votre assistance médusée quelques vidéos issues de Framatube se lançant directement depuis la navigateur, ça peut faire son petit effet…

Intérêt de Framatube

Outre l’avantage pour ce blog, et par extension pour tout le réseau de sites et de projets Framasoft, de proposer des vidéos qui ne tirent pas sur ses serveurs (mais sur celui de blip.tv), il n’est pas forcément inintéressant d’avoir ainsi centralisé de nombreuses ressources vidéos francophones autour du logiciel libre (ressources que nous comptons bien continuer à mettre à jour, voir plus bas le paragraphe qui invite à y participer avec nous).

  • Le visiteur y trouvera matière à s’informer et se tenir au courant de l’actualité francophone en la matière (s’abonner au flux RSS peut être alors judicieux).
  • Le webmaster y puisera les vidéos de son choix dans le format de son choix et participera ainsi à la diffusion du contenu de Framatube, c’est-à-dire « le logiciel libre et son état d’esprit ».
  • Le « conférencier » y cherchera quelques ressources pour une intervention publique (pris au sens large, ça peut être tout aussi bien un éducateur, un associatif sur un stand, un atelier de LUG, un cinéma indépendant, etc.).

Il y aurait également un intérêt « sociologique », mais je marche sur des œufs là, en frisant la condescendance. Mon sentiment de prof, c’est que l’on se retrouve avec toute une catégorie d’internautes, appelons-la « génération YouTube », qui lisent peu (ou en tout cas vite et surtout pas trop long) mais consomment beaucoup de vidéos. Les mêmes, en gros, qui passaient beaucoup de temps devant la télévision avant l’avènement d’Internet. Il y a peut-être moyen ici d’arriver à les toucher pour leur proposer ponctuellement autre chose que les clips people et autres vidéogagueries à la chauffeur de buzz pour les sensibiliser à « nos » problématiques de libertés numériques (qui finissent par devenir des libertés tout court).

Une petite sélection

Vous trouverez la liste de toutes les vidéos, non seulement dans le player mais surtout sur notre compte blip.tv.

Dans la mesure où certaines vidéos n’ont pas pu, faute de temps, être présentées ici, dans la mesure où certains lecteurs du Framablog sont de nouveaux lecteurs (bienvenus, l’abonnement au flux RSS fait office de carte de fidélité), nous vous en proposons ci-dessous une petite sélection, bien entendu non exhaustive, puisque comme cela a été dit nous dépassons désormais la centaine.

Qu’il me soit permis de remercier vivement au passage le travail de JosephK qui aura patiemment converti la quasi-totalité des vidéos au format Ogg.

Conférences « ça, c’est du lourd ! »
  • Michel Serres – La révolution culturelle et cognitive engendrée par les nouvelles technologies
  • Thierry Stœhr – Et les formats ouvœrts
  • Benjamin Bayart – Internet libre ou Minitel 2.0 ? Vous ne l’avez pas encore vue ?
  • Richard Stallman – Parce qu’il faut bien en avoir vue au moins une !
  • Eben Moglen – Le logiciel et la communauté (ma préférée, vous ne l’avez pas encore vue ?)
  • Tim Morley – Espéranto et logiciel libre
Politique (ou apparenté)
  • [Obama et l’Open Source|http://framatube.org/media/cnn-obama-et-lopensource – Le modèle bottom-up et la référence au livre La cathédrale et le bazar
  • Citation de Jacques Attali – Révélatrice ?
  • Michel Rocard – À propos de Ségolène et… des logiciels libres !
  • Jérôme Relinger – PC et adjoint au Maire du 13e arrondissement de Paris
  • François Bayrou – Sa pertinente et éloquente vision des deux mondes
Communauté
  • Ubuntu – Christophe Sauthier, président de l’association francophone
  • Linux à Perpignan – Un exemple exemplaire de diffusion territoriale du logiciel libre
Free Culture
Éducation
Vu à la télé
Pause publicitaire
Les inclassables
Framasofteries

Voilà, c’est déjà pas mal ! Et n’oubliez pas bien entendu de vous rendre régulièrement sur les sites qui non plus diffusent mais directement produisent des vidéos. Je pense par exemple au dépôt de l’APRIL, à Kassandre, Ralamax ou encore Lprod (à compléter dans les commentaires).

Participer au projet Framatube

Si vous trouvez ce projet un tant soit peu pertinent et utile, vous êtes cordialement invité à vous joindre à nous. Nous sommes toujours en sous-effectif chronique (et toujours contents de faire de nouvelles rencontres). Pour ce faire il suffit de nous envoyer un message.

Ce ne sont pas les besoins qui manquent en effet. Il conviendrait d’abord d’améliorer les descriptions souvent trop succinctes des vidéos (il manque ainsi presque systématiquement pour le moment la mention de la source) mais également d’exercer un travail de veille pour évaluer les vidéos « candidates », sans oublier les éventuelles tâches techniques de conversion, montage, etc.

Merci de votre attention, de votre éventuelle participation et n’hésitez pas à nous proposer, dans les commentaires, des vidéos non référencées susceptibles de venir grossir le rang de notre canal (quitte à ce qu’elles ne soient pas en français mais tellement intéressantes que ça vaille le coup de déclencher la « procédure Framalang » de transcription, traduction, sous-titrage).

Notes

[1] Crédit photo : La cola de mi perro (Creative Commons By)