Noir Désir et l’Hadopi : Soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien ?

J’écoutais tout à l’heure la dernière chanson d’un groupe qui a bercé ma jeunesse : Noir Désir. Elle a été mise en ligne gratuitement en novembre 2008 sur le site officiel du groupe avec cette présentation : « La chanson Gagnants/Perdants a été enregistrée par Noir Désir, en réaction au contexte actuel, politique et humain dans toute l’acception du terme. Impossible d’attendre pour la mettre à disposition. »

Nous étions alors en pleine crise économique. Nous y sommes toujours du reste.

Comment vous dire… j’aime beaucoup ce morceau. La mélodie me berce et les paroles me touchent (voir ci-dessous). Et pour tenter de raccrocher ce billet à l’ensemble du blog, on pourrait extrapoler et y voir également une sombre description du climat ambiant contre lequel se bat le logiciel libre et sa culture.

Mais… car il y a un mais.

Si j’avais écouté cela à 20 ans, j’y aurais certainement pleinement adhéré, en ressentant à l’écoute des accents de sincérité, vérité et… liberté.

Il se trouve que j’en ai 20 de plus. Mais il se trouve aussi et surtout que, depuis, le numérique et l’Hadopi sont passés par là. Et pour de très nombreux artistes c’est un peu comme si ils avaient soudainement perdu leur virginité.

Noir Désir est sous contrat avec Universal via son label Barclay. Noir Désir « appartient » donc quelque part à une major du disque (même si certains se souviennent peut-être de la spectaculaire intervention de Bertrand Cantat aux Victoires de la Musique 2001).

Est-ce à dire qu’ils ont vendu leur âme au diable ? Certes non.

Mais ces classiques discours de contestation, portés depuis des décennies par un certaine musique, ont désormais peut-être plus de mal à passer…

Gagnants / Perdants (Bonne nuit les petits)

Noir Désir – novembre 2008

Tous ces beaux jeux inventés, pour passer devant les premiers
Pour que chacun soit écrasé, s’il refuse encore de plier
Les dégâts, les excès, ils vont vous les faire payer
Les cendres qui resteront, c’est pas eux qui les ramasseront

Mais les esclaves et les cons qui n’auront pas su dire non
Nous on ne veut pas être des gagnants
Mais on n’acceptera jamais d’être des perdants

Pimprenelle et Nicolas, vous nous endormez comme ça
Le marchand de sable est passé, nous on garde un oeil éveillé
Ô la peur, ô le vide, ô la victoire des avides
Faut pas bouger une oreille, toutes sortes de chiens nous surveillent
Pas un geste, une esquisse, sinon on tourne la vis
Nous on n’a rien à gagner
Mais on ne peut plus perdre puisque c’est déjà fait

Toi qui viens de loin d’ici, avec ta peau et tes os
On t’a parlé du paradis, on t’a menti, tout est faux
Ô mon ami, ô mon frère, tout ce nerf perdu pour la guerre
Tu vas voir tout l’amour qui traîne au fond du discours
Dis, t’en veux des papiers ? dis, tu l’as vu mon palais ?
T’auras rien, c’est ainsi
C’est pas fait pour les perdants, le paradis

Il y a la chair à canon, il y a la chair à spéculation
Il y a la chair à publicité, enfin il y a tout ce que vous aimez
Vous et moi on le sait, le spectacle est terminé
Pourtant c’était presque idéal, c’était loin du féodal
Oh maintenant c’est foutu, ça fait joli dans ton…
Fort intérieur c’est gênant
De rejoindre comme ça la cohorte des perdants

Il faut pas se faire d’illusions, mais c’est mieux debout pour l’action
Et pour nos âmes, c’est égal, Dieu n’est pas dans la bataille
Ô messieurs les décideurs, de toutes parts, de tous côtés
Sachez que profond dans nos coeurs, on n’arrête pas le progrès
Sous l’iris, sous la peau, sous les ongles et dans l’étau
On pourra toujours refuser
De devenir les premiers ou les derniers

Pas de leaders triomphants
On ne sera jamais des gagnants ni des perdants




Framasoft et moi, il y a 7 ans de cela

Flashback. Un visiteur m’a tout récemment rappelé l’existence d’un vieil entretien totalement oublié que j’avais donné au site MoteurZine en mars… 2002 ! Et il a accompagné le lien d’un énigmatique petit smiley malicieux.

Je suis allé voir, j’ai lu, j’ai pris un coup de vieux, et j’ai compris le pourquoi du smiley 😉

À l’époque Framasoft venait à peine de naître, j’étais tout seul dessus et j’éditais à la main l’ensemble des pages statiques du site sous, aïe pas taper, Dreamweaver ! J’étais également rédacteur au Café pédagogique, c’est vous dire…

Il y a certains passages et références « un peu » datés, où je pense me faire gentiment chambrer dans les commentaires. Mais il y en a d’autres que j’assume encore fièrement plus de sept ans après.

Dans la mesure où fort heureusement je ne suis désormais plus seul du tout, je me suis dit que ça pouvait peut-être intéresser quelques uns de ceux qui depuis ont participé de près ou de loin à l’aventure Framasoft.

Copie d'écran - Framasoft - mars 2002

Interview d’aKa en mars 2002 pour MoteurZine

URL d’origine du document

Moteurzine : Bonjour. Est-ce que vous pouvez, avant tout, vous présenter à nos lecteurs ?

aKa : Alexis Kauffmann, 33 ans, professeur de mathématiques à Bobigny, animateur TICE (Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement) dans le 93, et rédacteur au Café Pédagogique.

Pour ce qui est d’Internet, j’ai vu de la lumière un soir de novembre 1996, j’y suis entré et pour ainsi dire toujours pas ressorti.

Comment est né le site Framasoft.net ?

Le site dérive d’un autre site Framanet.net (pour FRAnçais et MAthématiques en intraNET) dont la webmistress Caroline d’Atabekian, enseignante en lettres, était et reste une partenaire professionnelle. L’idée principale était d’expérimenter des séquences pédagogiques en pages web via le réseau local de notre établissement scolaire tout en présentant ce travail à nos pairs via Internet. Et comme on ne roule toujours pas sur l’or à l’Éducation Nationale, nous étions bien contents de trouver toutes sortes de petits outils gratuits pour l’élaboration de ses séquences et/ou la maintenance du site.

Las de devoir les rechercher à chaque nouvelle installation, on a décidé de les regrouper et d’en faire une branche à part entière de Framanet. Et puis la branche a fleuri et a décidé, en novembre 2001, de voler de ses propres ailes (sic !) pour adopter le nom de domaine Framasoft.net.

Il n’y avait donc rien de « prémédité » même s’il est indéniable que depuis je me suis pris au jeu.

Pourquoi avoir choisi le domaine Framasoft.net et non pas le domaine en .com ou en .org ?

J’imagine qu’à l’époque je devais penser que le .net tournait autour d’Internet, le .com lorgnait vers le commercial et le .org avait une dimension collective. Et comme je n’étais pas nombreux au début…

Combien de personnes sont impliquées dans ce site ?

C’est un peu une question piège car justement je ne suis toujours pas très nombreux !

S’il fallait comparer le site à une organisation politique, il y aurait les membres du bureau exécutif élus par cooptation (à savoir… Moi !), les militants (principalement des collègues de Seine-Saint-Denis qui rédigent des notices ou me pondent des articles de temps à autres) et enfin la joyeuse cohorte des sympathisants (tous les internautes qui m’envoient infos, remarques et critiques).

Et pourtant je m’obstine, au risque de leurrer les visiteurs, à présenter Framasoft comme « la participation d’une équipe d’enseignants à un Internet associatif » et à m’exprimer à la première personne du pluriel. Il y a là comme un souhait en fait (j’en profite donc pour lancer un appel). Et peut-être aussi que cela me rassure psychologiquement car il n’est humainement pas possible d’avoir fait ça tout seul sur ses heures perdues en si peu de temps !

Qu’est ce qui vous a amené à vous intéresser au monde du logiciel libre et plus particulièrement, le monde du logiciel libre sous Windows (d’ailleurs, n’est-ce pas complètement contradictoire !?) et à l’exprimer sur un site ?

Il y a des jours où l’errance nocturne sur le réseau a du bon. « En utilisant les logiciels libres, non seulement on effectue des économies spectaculaires pour le matériel, non seulement on se libère des logiques que tentent d’imposer les grandes multinationales de l’informatique, mais, en plus, on se met en relation avec l’un des foyers les plus vivants de la société qui est en train de se créer, celle de l’intelligence distribuée », ai-je eu juste le temps de lire un soir de fin de millénaire avant de piquer du nez.

Non le logiciel libre ne se résumait pas à Linux dont ce dernier n’en devenait qu’un exemple (mais quel exemple !). Non le logiciel libre et le logiciel gratuit ne naviguaient pas dans les mêmes sphères, l’un me parlant d’argent et l’autre de liberté. Oui le modèle était pertinent pour l’éducation. Oui il y avait également là un extraordinaire potentiel « d’extension du domaine du libre ».

Pour ce qui est de l’apparent paradoxe, je vous présente l’éditeur vidéo Virtual Dub (une application libre tournant sur le système d’exploitation propriétaire Windows) et l’outil de correction de textes français Correcteur 101 (une application propriétaire tournant sur le système d’exploitation libre Linux).

Le « tout libre » est sûrement une belle idée mais il ne résiste pas à la réalité actuelle du grand public qui, et je suis le premier à le regretter, n’est visiblement pas encore prêt à lâcher son Windows. Mais en attendant, et cela minimisera du même coup le phénomène du piratage, faisons tourner ce système d’exploitation avec un maximum de logiciels libres !

Votre site est composé de trois grandes parties : l’annuaire de logiciels libres et gratuits, l’annuaire de logiciels libres, l’annuaire de liens autour du libre. Vous pouvez nous en dire plus dessus ?

Des pont naturelles peuvent les relier mais dans mon esprit ces trois parties sont bien distinctes et indépendantes.

Ceci dit, à bien y réfléchir, il pourrait également y avoir là comme une « invitation au voyage » :

  • Étape 1 : Je fais rapidement mes emplettes sur le Net en transitant par l’annuaire de logiciels libres et gratuits sous Windows.
  • Étape 2 : Mais pourquoi donc cette constante distinction entre libre et gratuit ? Allons-y voir d’un peu plus près en visitant quelques sites de l’annuaire autour du libre.
  • Étape 3 : Intéressant après tout ce concept du logiciel libre. Quel est donc l’état de l’existant sous Windows ? Et hop, un petit détour par l’annuaire de logiciels exclusivement libres.

Votre annuaire référence de nombreux logiciels « libres ». Mais, qu’est ce qui vous différencie par rapport à un site comme Telecharger.com ?

Télécharger.com est un excellent site qui possède une base de plus de 10.000 logiciels pour une audience mensuelle de 2.000.000 visites qui parcourent à peu près 20 millions de pages (source Cybermétrie, décembre 2000). C’est une sacrée différence qui pourrait déjà clore le débat !

Sinon je dirai que nous sommes plus Windows et moins boîte de Pandore, plus incisifs et moins consensuels, plus libres et moins propriétaires, plus indépendants et moins regardants sur nos stock-options, plus sobres et moins lourds à charger, ou encore plus éducation et moins publicité.

En fait je pense qu’il y a un espace pour ces deux types de sites qui ne se présentent visiblement pas dans la même catégorie.

Mais j’allais oublier une ultime et définitive différence : chez nous les âpres négociations de rachat par Vivendi Universal ont échoué !

Qu’est ce qui a été le plus difficile dans la mise en place de cet annuaire ?

La découverte de la non extensibilité du temps…

Aujourdhui, combien passez-vous de temps quotidiennement, hebdomadairement à entretenir et développer votre annuaire ?

Cette découverte m’a donc contraint à faire certains sacrifices. Mais demandez à ma femme, elle sera certainement plus objective que moi ! (mais demandez-lui gentiment car c’est un sujet sensible entre nous…)

Quelle est l’architecture logiciel et matériel derrière le site Framasoft ?

Encerclé par les sites dynamiques à la sauce ASP ou mieux PHP, le dinosaure Framasoft résiste encore et toujours à l’envahisseur en ne proposant que du HTML pur.

Il a été développé sous un très célèbre et… propriétaire éditeur WYSIWYG (Dreamweaver pour ne pas le nommer, donnez-moi l’équivalent sous Linux et je change illico de plate-forme !). Et il a opté pour un hébergement payant (Amen.fr) afin d’offrir un temps de chargement réduit à ses visiteurs.

Votre site ne comporte ni bandeaux, ni zone payante. Il est donc totalement libre et gratuit comme les logiciels que vous présentez. Est-ce une solution viable à moyen / long terme ?

Ces absences de bandeaux et de zones sont revendiquées. Et comme il m’est difficile de ne pas glisser une citation dans le moindre de mes écrits, j’ajouterai que « c’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup ».

Ceci dit il faut pouvoir assumer ce choix. Et même si je reconnais bien volontiers que parfois de petites idées mercantilistes me trottent furtivement dans la tête (après tout il y a un service rendu), je me reprends vite en pensant à la dynamique du monde du libre et en étant content d’y apporter mon humble et modeste contribution (justement parce qu’il y a un service rendu !).

Pour ce qui est de la viabilité la réponse est simple puisque je ne suis lié par aucun contrat. Il est bien évident que le jour où, après une illumination mystique, je m’en irai passer un an dans un ashram en Inde, Framasoft s’en trouvera quelque peu déstabilisé.

Combien d’internautes vous visitent quotidiennement ? Cela fait combien de pages vues ?

Environ 2.000 visiteurs pour 10.000 pages lues… oups, vues. (source Xiti)

Qui vous amène le plus de visiteurs ? Pourquoi ?

Je constate depuis quelques temps une certaine stabilité : 40% d’accès direct, 40% via les moteurs de recherche et 20% de liens sur site. Je n’ai pas trop de commentaires à faire si ce n’est qu’il semblerait qu’il y ait là une certaine fidélisation corroborée par le fait que le mot-clé en tête de tous les moteurs est… Framasoft. Sinon sur la moyenne des 400 visiteurs qui nous viennent d’autres sites, cela se divise pour moitié de sites éducatifs et pour l’autre de sites généralistes (tels les surprenants et dynamiques annuaires du gratuit du Net).

Quelle a été votre méthode pour développer votre visibilité dans les outils de recherche ? sur Internet ?

Il n’y a pas vraiment eu de méthodes. Des annonces dans des listes de profs où j’étais abonné, quelques messages personnels cullotés à des webmestres dont j’appréciais le site, plus le bouche à oreille, et un jour vous vous apercevez que quelques sites pointent vers le votre. Du coup vous possédez le précieux sésame, vous avez un « indice de popularité ». La terre promise n’est plus loin, elle approche, elle arrive : vous êtes référencé sur… Google ! Après vous pouvez aller vous coucher, ça tournera tout seul !

Quels sont vos projets à moyen / long terme pour Framasoft ?

Ma préoccupation du moment, c’est de trouver un hébergeur « compréhensif » car l’accroissement du nombre de visiteurs est apparemment proportionnelle au prix du forfait et cela devient alors problématique de faire dans le bénévolat tout en perdant de l’argent.

Sinon il n’y a pas vraiment de projets mais peut-être un souhait : obtenir une petite reconnaissance de la part de la communauté du libre francophone.

Pour terminer, pouvez-vous nous dire quel est votre site Internet préféré et pourquoi ?

Tiens, c’est curieux je ne m’étais encore jamais posé la question !

La raison vous dirait à n’en pas douter Google car sa disparition m’obligerait à reprendre des cours de recherche sur le Net ! Et la passion pencherait sûrement vers les sites que j’ai dédié à mes deux filles. Mais là point d’url c’est mon jardin secret…

Alexis, merci d’avoir pris de votre temps de répondre à ces questions.




Je suis libre, tu es livre, elle est libre

Prof de maths, je suis un (petit) fonctionnaire de l’état français. Chaque année à la rentrée scolaire, je reçois ma « roadmap » (comprendre mon emploi du temps) qui, au jour et à l’heure près, sera toujours la même, semaine après semaine, jusqu’aux prochaines vacances d’été. Ces fameuses vacances que d’aucuns nous envient et que nous sommes des millions à prendre au même moment.

La vie de ma sœur est à bien des égards plus libre que la mienne. On peut s’en rendre compte en parcourant son premier roman, Nos mots croisés, qui, pour ne pas être directement autobiographique, nous révèle beaucoup de son histoire et de sa personnalité.

Ce roman n’est pas sous licence libre, contrairement à tous les livres de la collection Framabook que j’anime. Que peut-on en conclure ? Rien, si ce n’est que la liberté est toute relative.

Dois-je le préciser ? Ce court préambule n’avait pour objet que de tenter maladroitement de justifier la présence de ce petit clip (auto)promotionnel ci-dessous, au demeurant fort sympathique.

J’ai bien essayé de refuser en arguant que ça allait râler parmi les fidèles, et que de toutes les façons le Framablog ne correspondait pas au « cœur de cible » du roman. Elle m’a répondu que c’était du n’importe quoi, qu’elle le visitait bien elle mon foutu blog (contrairement à moi qui ne visite pas le sien), que je ne voulais pas la soutenir et que puisque c’était comme ça elle allait retenir sa respiration jusqu’à ce je place sa vidéo en ligne.

(Soupir)

J’espère que vous ne me tiendrez pas rigueur d’avoir cédé, tiraillé que j’étais entre la cohérence éditoriale du Framablog et le souci de conserver un semblant de quiétude familiale.

PS : Ceci étant dit, je l’ai lu son bouquin et j’ai été sincèrement épaté par la qualité de la plume et la finesse du style. Je vous le recommande, en toute… subjectivité bien sûr !




Le logiciel libre européen est-il politiquement de gauche ?

Celesteh - CC byL’April se félicite du succès rencontré par l’initiative du Pacte du Logiciel Libre au lendemain des élections européennes. Bravo pour la mobilisation, c’est effectivement une bonne nouvelle que d’avoir 34 députés issus de 7 pays différents signataires de ce Pacte (même si on pourra m’objecter que cela représente à peine 5% des 736 députés que totalise l’assemblée).

Mais c’est moins la quantité que la qualité des ces élus qui a retenu mon attention.

On dit souvent que le logiciel libre n’appartient à aucun parti ou courant politique. On dit également que le vieux clivage gauche-droite n’est plus forcément pertinent à l’aube de ce nouveau millénaire. On dit enfin que le mouvement écologiste ne doit pas (ou plus) être classé à gauche.

Il n’empêche que si vous regardez dans le détail la liste de ces 34 députes, vous serez peut-être comme moi frappé par la parenté commune de ces élus[1].

Le voici reproduit ci-dessous, accompagnés par des liens Wikipédia donnant de plus amples informations sur les partis auxquels ils appartiennent (j’y ai appris plein de choses personnellement) :

Au final, et à une exception britannique près, il n’y en a que pour « la gauche », prise au sens large (du centre-gauche, aux socialistes, en passant par les verts).

De là à en conclure qu’il n’y a que la gauche qui manifeste un intérêt assumé pour le logiciel libre en Europe, il n’y a qu’un pas que j’hésiterais cependant à franchir.

Et vous ?

Notes

[1] Crédit photo : Celesteh (Creative Commons By)




Le Mozilla Service Week nous attend en septembre

Woodley Wonderworks - CC byMême si elle y réussit fort bien, la mission de Mozilla dépasse celle de nous proposer un navigateur et quelques autres logiciels de qualité. C’est écrit noir sur blanc dans leur Manifesto : « nous créons des communautés qui s’impliquent pour rendre l’utilisation d’Internet meilleure pour chacun de nous ».

L’initiative Mozilla Service Week (que nous avons traduit par « Semaine d’Entraide Mozilla »), qui aura lieu en septembre prochain, s’inscrit dans la droite ligne de cette démarche.

Certains s’étonneront peut-être de voir Mozilla aller au delà du logiciel et faire, pour ainsi dire, « dans le social ». Je pense au contraire que c’est non seulement louable mais nécessaire. Ici on utilise sa notoriété, son influence, son impact et son marketing au service d’une action qui demande une implication forte de la part des participants[1].

Lorsque vous vous rendez sur le site de la campagne, deux choix s’offrent à vous : Je souhaite aider et J’ai besoin d’aide. À comparer avec la récente opération Microsoft : Combattre la faim en téléchargeant Internet Explorer 8.

Faites la différence : La semaine d’entraide Mozilla !

Be the Difference: Mozilla Service Week!

Mary Colvig – 15 juin 2009 – The Mozilla Blog
(Traduction Framalang : Poupoul2)

Mozilla lance aujourd’hui la toute première Semaine d’Entraide Mozilla. Dans la semaine du 14 au 21 septembre 2009, nous demandons au gens de se rapprocher et de faire la différence en utilisant le Web pour améliorer leur communauté. Mozilla est une communauté qui a une mission de rendre le Web meilleur pour tout le monde. Lorsque des membres de notre communauté décident de lancer une action, ils ont la capacité de faire une sérieuse différence.

Nous recherchons des gens qui souhaitent partager, donner, s’engager, créer et collaborer en donnant leur temps et leur talent à des organisations caritatives publiques locales, à des ONG ou à ceux qui ont besoin de leur aide. Notre objectif est de soutenir des initiatives comme :

  • Enseigner aux séniors l’usage du Web
  • Montrer aux ONG comment utiliser les réseaux sociaux pour agrandir leur base d’adhérents.
  • Installer un réseau sans fil dans une école
  • Créer des tutoriaux sur les réseaux d’ordinateurs de bibliothèques
  • Récupérer et ré-utiliser du matériel pour un centre informatique local
  • Aider une ONG à mettre à jour son site Web ou sa base de données
  • Et plus encore…

Chacun devrait avoir la possibilité d’apprendre comment utiliser Internet, d’y avoir un accès facile, et d’avoir une bonne expérience lorsqu’il est connecté. Aussi, si vous avec du talent pour l’écriture, la conception, la programmation ou le développement, ou tout savoir faire technique associé, rejoignez La Semaine d’Entraide Mozilla ! Mais Mark Surman (Directeur exécutif de la Fondation Mozilla) affirme également : « Nous invitons les gens à s’impliquer de manière active avec Mozilla, même s’ils ne savent pas coder, tester ou localiser. Cela permet à tout un chacun d’avoir l’impression de contribuer à construire un Internet meilleur. » Ensemble nous pouvons faire du Web un endroit meilleur pour tout le monde !

Durant les semaines à venir, la Semaine d’Entraide Mozilla sera disponible dans de nombreuses langues et avec des partenaires supplémentaires, grâce à l’aide de la communauté Mozilla.

Pour en savoir plus sur comment faire la différence en vous portant volontaire ou en écoutant les besoins de votre organisation, rendez-vous sur mozillaservice.org. Vos compétences Internet, peu importe que vous soyez novice ou utilisateur avancé, peuvent changer la vie des gens et rendre le Web meilleur pour chacun.

Suivez-nous sur Twitter pour infos et mise à jour.

Notes

[1] Crédit photo : Woodley Wonderworks (Creative Commons By)




Un vidéo-clip réalisé avec 4 816 photos sous licence Creative Commons By-Sa

« You Came Out » est le dernier single du groupe electro We Have Band.

Le joli clip de cette chanson a été réalisé en stop motion, succession d’images fixes légèrement déplacées les unes des autres pour donner l’impression d’un mouvement saccadé caractéristique.

Pour que le procédé fonctionne bien, il convient de proposer beaucoup de photographies par unité de temps. Ici on a donc un clip de trois minutes pour exactement… 4 816 photographies.

Elles ont toutes été regroupées sur un compte Flickr dédié et ont été placée, riche idée, sous licence Creative Commons By-Sa.

Ce qui donne d’un coup près de cinq milles photos qui viennent enrichir la culture libre 😉

—> La vidéo au format webm

Cette vidéo a été réalisée par David Wilson, en collaboration avec Fabian Berglund et Ida Gronblom (de l’agence Wieden + Kennedy), et produite par Blinkink. Un intéressant making-of du clip est également disponible.




Quand Daniel Cohn-Bendit souhaite libérer la politique !

Nicolas Patte - CC by-nc-ndQu’un Daniel Cohn-Bendit, dans la foulée de son succès électoral aux européennes, signe aujourd’hui une longue tribune dans Le Monde ayant pour titre Faisons passer la politique du système propriétaire à celui du logiciel libre, c’est tout simplement énorme !

On remarquera qu’il ne prend pas vraiment la peine, par la suite, dans le corps de l’article, d’expliquer clairement le pourquoi du comment d’un tel choix de titre, avec son « étrange » référence à l’opposition propriétaire vs logiciel libre.

On a bien la citation suivante :

Les idées, pas plus que les personnes, n’appartiennent pas à quelqu’un. Elles ont vocation à circuler librement, à se propager et à évoluer aux contacts des autres.

Et puis surtout celle-là :

Alors, à la lancinante question du « qu’allons-nous faire », je réponds que nous allons continuer à briser la logique du « système propriétaire » qui domine notre vie politique nationale, tant au niveau global qu’au niveau local, tant par l’Europe qu’à l’occasion des élections régionales. Plus que jamais, nous allons promouvoir la notion de « logiciel libre » appliquée à la politique et à la société.

Mais c’est à peu près tout, explicitement parlant.

Du coup c’est à comprendre entre les lignes, et nul doute que cela intriguera plus d’un lecteur…

Le logiciel libre et sa culture sont définitivement sortis du maquis[1].

Notes

[1] Crédit photo : Nicolas Patte (Creative Commons By-Nc-Nd)




Mon compte Facebook sait-il que je n’ai plus de toit ?

Hrvoje Go - CC byOn n’y pense pas toujours mais en France près de la moitié des « foyers » n’est toujours pas connectée à Internet. Et que se passe-t-il si on n’a carrément pas de foyer ?

Doit-on renoncer à la « vie numérique » ? Pas forcément, mais on imagine sans peine les difficultés rencontrées.

C’est l’objet d’un récent reportage du Wall Street Journal. On peut se passer de télé, de radio, de journaux mais plus difficilement d’Internet, nous dit l’un des protagonistes. A fortiori quand on l’utilisait « comme tout un chacun » avant notre mise à la rue. A fortiori quand la crise est désormais susceptible d’atteindre plus encore les jeunes et les classe moyennes précarisées[1].

Dans la rue et sur Facebook : sans-abri mais branché sur le Web

On the Street and On Facebook: The Homeless Stay Wired

Phred Dvorak – 30 mai 2009 – Wall Street Journal
(Traduction Framalang : Cheval Boiteux, Tyah, Don Rico)

M. Pitts n’a pas d’adresse postale. Mais il a un ordinateur et anime un forum sur Internet.

Comme la plupart des habitants de San Francisco, Charles Pitts a une vie en ligne. M. Pitts, 37 ans, a un compte sur Facebook, MySpace et Twitter, il anime un forum Yahoo, lit les journaux en ligne et garde le contact avec ses amis par courriel. Le plus difficile pour lui, c’est d’organiser sa vie numérique depuis son lieu de résidence : sous un pont d’autoroute.

« Pas besoin de télé, pas besoin de radio, même pas besoin de journaux papier », explique M. Pitts, poète amateur à la casquette violette et au blouson en polaire jaune, qui dit être SDF depuis deux ans. « Internet, par contre, c’est indispensable. »

L’exemple de M. Pitts démontre à quel point les ordinateurs et l’Internet ont imprégné la société. Il y a quelques années, certains craignaient qu’une « fracture numérique » sépare ceux qui ont accès aux nouvelles technologies et les autres. Les plus démunis n’ont certes pas les moyens de s’offrir un ordinateur et un accès à Internet. Pourtant, de nos jours aux États-Unis, même ceux qui n’ont pas de toit ressentent la nécessité d’avoir une adresse électronique.

La ville de New-York a installé quarante-deux ordinateurs dans cinq des neuf foyers qu’elle gère et projette d’équiper les quatre autres dans le courant de l’année. Environ la moitié des 190 autres foyers de la ville permettent d’accéder à un ordinateur. Selon le président de Central City Hospitality House, une association à but non lucratif de San Francisco, la moitié des visiteurs utilisant ces huit ordinateurs sont des sans-abri. Il y a une telle demande pour l’accès à ces postes que leur temps d’utilisation est limitée à 30 minutes.

D’après le personnel des foyers, le nombre de sans-abri équipés d’un ordinateur portable, qui reste faible, est en augmentation. SF Homeless (NdT : Sans-Abri de San Francisco), forum créé il y a deux ans, compte 140 membres. On y trouve les dates et horaires des réunions pour les logements sociaux et des informations provenant de groupes similaires actifs au Nouveau-Mexique, en Arizona, et dans le Connecticut. Il est complété par un blog qui propose des sondages en ligne sur la vie dans les foyers.

Les prix de plus en plus bas des ordinateurs et l’accès gratuit à Internet alimentent ce phénomène, ainsi que la maîtrise de l’outil informatique de plus en plus généralisée au sein de la population. Pour répondre à une offre d’emploi ou faire une demande de logement, les démarches se déroulent de plus en plus souvent en ligne. Selon certains membres d’associations d’aide aux sans-abri, la crise économique va jeter à la rue de nombreuses personnes issues de la classe moyenne habituées à l’Internet.

Âgé de 29 ans, Paul Weston se destine à une carrière de programmeur. Son Powerbook Macintosh, nous confie-t-il, est pour lui un véritable « canot de sauvetage » depuis qu’il a dû s’installer dans un foyer après avoir perdu son poste de réceptionniste d’hôtel en décembre dernier. Installé dans un magasin Whole Foods qui propose un accès Internet gratuit, M. Weston cherche du travail et écrit un programme informatique qu’il espère réussir à vendre. Il a envoyé des courriels aux élus de la ville pour demander l’amélioration des conditions de vie dans les foyers.

Lisa Stringer, qui dirige une formation où l’on apprend aux SDF et aux habitants défavorisés à chercher un emploi et à se servir de l’outil informatique, explique que certains de ses étudiants, alors qu’ils ne savent ni lire ni écrire, économisent pour se payer un ordinateur. « Dans la société actuelle, posséder un ordinateur signifie qu’on est à la page et connecté », analyse-t-elle. Il lui arrive parfois de conseiller vivement à ses étudiants sans-abri d’attendre que leur situation se soit stabilisée avant d’acheter un portable.

Avoir une vie en ligne lorsqu’on vit dans la rue exige une grande détermination. L’électricité et l’accès à Internet sont des denrées rares. S’ajoutent à ces difficultés les menaces telles que la pluie et le vol.

Robert Livingston, 49 ans, trimballe son portable Asus partout depuis qu’il a perdu son logement en décembre dernier. Homme soigné qui dépense une partie de son allocation mensuelle de 59 dollars chez le coiffeur, M. Livingston raconte qu’il a démissionné d’un poste d’agent de sécurité l’année dernière, et qu’il n’a pas réussi à retrouver du travail à cause de la crise.

Lorsqu’il s’est rendu compte qu’il allait devenir SDF, M. Livingston a acheté un sac à dos robuste pour ranger son matériel, un cadenas pour son casier du foyer et un compte Flickr Premium à 25 dollars pour diffuser ses photos numériques.

Il y a peu, installé dans un café où les clients peuvent parfois profiter de la connexion sans fil, M. Livingston montrait fièrement sa page personnelle, qui propose des liens pour des leçons de chinois.

M. Livingston affirme que son ordinateur l’aide à rester en lien avec la société et à garder son humanité. « Être dans la rue, c’est effrayant », nous confie-t-il. « Sur Internet, je suis sur un pied d’égalité avec tout le monde. »

Pour Skip Schreiber, philosophe amateur de 64 ans qui vit aujourd’hui dans une camionnette, le plus gros défi pour rester connecté, c’est l’électricité. M. Schreiber était chauffagiste avant que le stress et une dépression liés au travail ne le mettent sur la touche il y a quinze ans.

Pour son 60ème anniversaire, il a puisé dans sa pension d’invalidité mensuelle pour s’offrir un ordinateur portable, branché sur la batterie de son véhicule, et a appris seul à s’en servir. « J’aimais le concept d’Internet », explique M.Schreiber, « cette source illimitée d’opinions et de réflexion ».

Récemment, M. Schreiber a changé de machine pour un Mac parce que celui-ci consomme moins. Quand il le peut, il coupe le ventilateur et l’antenne WiFi, et rafraîchit son portable en le posant sur un chiffon humide. Grâce à ces astuces, affirme-t-il, il réussit à faire durer sa batterie jusqu’à seize heures, à condition de proscrire les vidéos.

Dans sa camionnette où s’entassent caisses à outils, matériel électrique et couchage, M. Schreiber nous montre le contenu de son disque dur, qui comprend l’intégralité des codes civil et pénal de la Californie, ou encore des fichiers sur des penseurs tels que Thomas d’Aquin ou le psychologue Philip Zimbardo. M. Schreiber explique que les écrits sur le comportement et les aspirations des hommes l’aident à mieux appréhender son sort.

« Nul ne se conçoit comme un sans-abri », déclare-t-il. « Nous faisons nos choix au mieux, selon ce qui nous est donné. »

Michael Ross produit lui-même son électricité, grâce à un groupe électrogène installé à l’extérieur de sa tente jaune et bleue. Depuis un an, M. Ross assure la surveillance d’un parking où est entreposé du matériel de construction, grâce à un accord passé avec le propriétaire. M. Ross, qui n’a que sa pension de vétéran pour survivre, estime être SDF depuis une quinzaine d’années.

Sous la tente, ce cinquantenaire taciturne possède un laptop HP pourvu d’un écran de 17 pouces et d’un espace de stockage de 320 Go, ainsi que quatre disques durs externes supplémentaires d’une capacité totale de 1000 Go, l’équivalent de 200 DVDs. M Ross adore les films. Il en loue certains en ligne, sur Netflix et Blockbuster, et en télécharge d’autres grâce à une connection Ethernet à la bibliothèque publique de San Francisco.

L’autre soir, M. Ross s’est installé sur son sac de couchage pour regarder un épisode des X-Men, obligé d’écouter au casque pour couvrir le vacarme du groupe électrogène. Lorsqu’il se rend en ville, il emporte tout son matériel avec lui par sécurité. Son sac-à-dos est plein à craquer de cordons et de gadgets électroniques emballés dans du papier-bulle. Selon M. Ross, le poids ne lui pose pas problème.

M. Pitts, le poète qui vit sous un pont, retient de tête une liste d’endroits où il peut recharger sa batterie et se connecter à l’Internet, endroits parmi lesquels on trouve un coin peu fréquenté d’une des gares de la ville et des cafés équipés du WiFi, dont les patrons tolèrent que l’on s’y installe pour longtemps et avec beaucoup de sacs.

Expulsé de son appartement il y a deux ans, M. Pitts raconte : « Je me suis dit que mon existence et ma vie ne s’arrêtaient pas parce que je n’avais plus de toit ».

Il s’est alors acheté un portable Toshiba. Lorsque celui-ci a rendu l’âme, il l’a remplacé par un Dell d’occasion. Le mois dernier, l’écran du Dell s’est cassé. À présent, pour consulter son courrier électronique et participer à son forum consacré aux problèmes des sans-abri, il se sert des ordinateurs des bibliothèques et des campus universitaires, ou encore d’un portable caché par un de ses copains derrière le comptoir d’un café.

Ayant appris il y a un mois que le Dalaï Lama devait venir en viste dans une soupe populaire des environs, M. Pitts est allé sur Wikipédia faire une recherche sur le chef spirituel bouddhiste et a copié le texte de l’article sur son iPod pour le lire au lit, sous le pont qui l’abrite. « Sous ma couverture, à l’abri d’une bâche plastique, j’apprends des tas de trucs sur le Dalaï Lama. »

M. Pitts compte bientôt réussir à économiser assez d’argent pour se racheter un ordinateur. Il espère pouvoir en trouver un à moins de 200 dollars.

Remarque : Sur le site d’origine du Wall Street Journal, on trouve un diaporama avec une dizaine de photographies « en situation » des personnes citées dans l’article.

Notes

[1] Crédit photo : Hrvoje Go (Creative Commons By)