Créatifs Culturels et Mouvement du Logiciel Libre

Riza - CC byLes Créatifs Culturels vous connaissiez ? Moi non, jusqu’à cet été où quelqu’un est venu m’en parler avec une certaine passion pour ne pas dire une passion certaine[1].

De quoi s’agit-il exactement ? L’expression n’est pas forcément heureuse mais ce serait une nouvelle catégorie sociologique regroupant des personnes dont la première caractéristique est d’ignorer qu’elles en font partie !

Viennent ensuite les caractéristiques de fond et, comme souvent, Wikipédia est ton ami :

« Les Créatifs Culturels auraient en commun de favoriser la faible dépendance vis-à-vis des modes de consommation industrialisés, de chercher à favoriser le développement personnel et spirituel, de remettre l’humain au cœur de la société, de refuser les dégradations environnementales, notamment celles induites par l’exploitation des ressources naturelles et de rechercher des solutions nouvelles aux problèmes personnels ou sociaux (par exemple sans fausse antinomie entre engagement et vie personnelle). »

Cette absence d’antinomie entre engagement et vie personnelle, ce serait ce qui les distingue des Bobos (selon Sauveur Fernandez sur Novethic.fr) :

« Les Bobos et autres Nonos ont une réelle part de sincérité, mais sont pétris de contradictions, car encore au premier stade de sensibilisation. Viennent ensuite les consom’acteurs avec des degrés plus ou moins fort d’implication. Puis les alternatifs, c’est à dire les personnes qui s’impliquent réellement dans leurs engagements qu’ils essaient de vivre concrètement. Ils sont à la fois consom’acteurs et citoyens engagés, mariant à la fois la connaissance et la pratique concrète. Ils représentent, en fait, l’ensemble des gens sensibles à l’éthique, au social, à l’environnement. Ce sont eux les créatifs culturels, même s’ils n’aiment pas trop ce terme, le trouvant un peu trop "mode" ou "gadget". »

Ekopedia se montre quant à lui un peu plus précis voire engagé :

« Ce terme désigne une famille sociologique occupant une part importante des populations occidentales : 17% en France et 25% aux Etats-Unis. Il est la traduction de l’américain cultural creatives, créé par le sociologue Paul H. Ray et la psychologue Sherry Ruth Anderson.

Le courant porté par les créatifs culturels, ou "créateurs de culture", est perçu par les sociologues comme l’avènement d’une nouvelle culture. Elle serait d’après ces deux chercheurs «la manifestation d’une lente convergence de mouvements et de courants jusqu’alors distincts vers une profonde modification de notre société», l’éveil d’une civilisation post-moderne, aussi importante que celle qui, il y a cinq cents ans, marqua la fin du moyen-âge.

Les créateurs culturels vivent d’ores et déjà dans un système de valeur et de comportement nouveaux : mode de consommation fondé sur le respect et la reconnaissance de la valeur de l’environnement (consommation d’aliments biologiques, utilisation de la médecine naturelle), conscience des valeurs féminines (place des femmes dans la sphère publique, coopération et préoccupation par rapport à la violence), prédominance de l’être sur l’avoir et le paraître, quête humaine tournée vers l’intérieur et l’extérieur (connaissance de soi, ouverture aux autres, dimension spirituelle), implication individuelle et solidaire dans la société, dans le social avec une dimension locale, ouverture culturelle (respect des différences et de la multiculturalité). »

Déjà 17% en France… Et comme ils n’ont pas encore conscience de leur appartenance, on peut envisager des évolutions socio-économiques intéressantes le jour où ils réaliseront leur force potentielle et agiront véritablement ensemble. Sinon c’est le marketing qui récupèrera tranquillement tout ça.

Soit. Mais deux modestes petites questions en passant.

La première est d’interroger le concept même de Créatifs Culturels. Est-ce un groupe socio-culturel pertinent, qui représente réellement un phénomène palpable et durable ?

Personnellement, à parcourir quelques liens sur le sujet, je dois avouer que j’ai eu très souvent l’impression d’en être (sauf lorsque l’on insiste trop sur le côté spirituel ou développement personnel qui dérive parfois sur du new-age de mauvais aloi). Et puis, ça fait plus chic dans les diners mondains de se débarasser de l’étiquette péjorative de Bobo pour arborer fièrement celle de Créatif Culturel 😉

La seconde question est plus originale mais en relation avec le sujet principal de ce blog. En admettant que le concept soit valide, y aurait-il une quelconque affinité entre les Créatifs Culturels et le mouvement du logiciel libre ?

Vous me direz que cela oblige à définir le mouvement du logiciel libre, ce qui est déjà une difficulté en soi. Mais, admettons qu’on adhère peu ou prou à ce qui sous-tend cette citation de Stallman : « Le mouvement du logiciel libre est un mouvement social », peut-on alors envisager des convergences et autres synergies entre les deux mouvements (dans la manière d’appréhender l’économique et le relationnel par exemple) ?

En fait il me faudrait un peu plus de temps pour me pencher sérieusement sur la question (procrastination quand tu nous tiens !). Piteux et confus, je m’aperçois donc que je n’ai donc pas rempli la promesse du titre de mon billet. Ce qui ne m’empêche pas d’attendre avec impatience… vos propres réponses dans les commentaires !

Ce qui est à mon avis presque certain c’est que si un Créatif Culturel (digne de ce nom) se met à s’intéresser de près ou de loin à l’informatique il se tournera naturellement et effectivement vers les logiciels libres. À la différence du Bobo qui lui adoôore les logiciels libres mais souffre encore du syndrome Bayrou 😉

Notes

[1] Crédit photo : Riza (Creative Commons By)




Framabook passe à la télé

Lors des dernières RMLL à Mont de Marsan, j’ai été invité par Gilles Gouget (Divergence FM) à présenter notre petite collection de livres libres Framabook lors de la couverture de l’évènement par Divergence Numérique et la chaîne FreeNewsTV.

—> La vidéo au format webm

L’occasion de faire un peu de comm’ autour de ce projet qui nous tient à cœur et dont nous vous reparlerons bientôt puisque de nouveaux volumes sont dans les starting-blocks.

L’occasion aussi de rappeler les volumes déjà édités :

PS : N’hésitez pas à faire suivre l’info parce qu’en attendant de voir arriver les framabooks dans les grandes librairies, on compte avant tout sur le bouche à oreille du net 😉




Let’s play with Google Insights Search

Google Insight Search - Linux - Monde

Vous voyez la carte ci-dessus ? Elle correspond à la distribution mondiale de recherches Google sur le mot-clé « linux » ces douze derniers mois.

Les dix premiers pays sont les suivants :

Google Insight Search - Linux - Monde - Pays

Et les dix premières villes sont les suivantes :

Google Insight Search - Linux - Monde - Villes

Ces informations proviennent de Google Insights Search, nouveau service d’analyse des requêtes des internautes mis à dispositon par Google (et ne concernant donc que les requêtes effectuées via le moteur Google).

Il fait suite, en l’améliorant, au service Google Trends que j’avais utilisé dans un précédent billet pour évoquer l’évolution de certaines distributions GNU/Linux.

L’idée c’est de comparer et contextualiser certaines requêtes dans le temps et dans l’espace mais aussi par rapport au nombre total des toutes les requêtes effectuées.

Linux en France

Pour illustrer mon propos conservons l’exemple « linux » mais cette fois-ci restreint au territoire français (toujours pour les douze derniers mois, ce qui est bien entendu paramétrable).

La première chose qui est proposée c’est une courbe d’évolution dans le temps considéré (ici donc pour « linux » en France c’est à peu près stable).

Google Insight Search - Linux - France - Graphique

Puis la repartition région par région :

Google Insight Search - Linux - France

Avec le détail des dix premières régions :

Google Insight Search - Linux - France - Régions

Que signifient ces chiffres à droite (qui n’apparaissent que si vous êtes connecté à un compte Google, eh oui, on a rien sans rien) ?

La première région étant la Franche-Comté (bravo pour elle !) elle est automatiquement affublée de la centaine. Cette première place veut dire, si j’ai bien compris, que parmi toutes les requêtes Google effectuées en France, c’est dans cette région que la proportion de recherches « linux » est le plus grande. Notez que cela ne nous indique pas la proportion (ou pourcentages) de requêtes « linux » par rapport à toutes les requêtes Google faites depuis la Franche-Comté sur la période (qui doit être bien faible de toutes les façons). Toujours est-il que c’est la Franche-Comté qui donne le la (le 100) et les autres régions qui suivent en conséquence.

Je me trompe peut-être mais du coup je lis qu’il y a environ un tiers de chercheurs Google « linux » en moins en Midi-Pyrénées (65) et quasiment moitié moins en Alsace (52). Au risque de me répéter on peut donc affirmer que selon Google il y aurait deux fois plus de chercheurs « linux » en Franche-Comté qu’en Alsace.

Ce qui ne signifie nullement qu’il y aurait deux fois plus de postes sous GNU/Linux en Franche-Comté qu’en Alsace parce qu’on peut très bien imaginer qu’un jour une région soit tellement à la pointe Linux qu’elle n’ait plus besoin de faire des recherches sur le terme générique « linux » (mais plutôt sur « bash », « emacs » ou que sais-je encore).

Sinon, on a aussi les villes :

Google Insight Search - Linux - France - Villes

Dans la mesure où Google ne prend pas uniquement le mot-clé « linux » en considération mais référence également les requêtes connexes qui contiennent ou non ce mot-clé, il nous est proposé deux tableaux.

Le premier tableau est constitué du top ten des requêtes associées au mot-clé « linux » (là encore si vous avez un compte Google vous aurez la possibilité d’avoir plus de dix résultats en téléchargeant le fichier CSV associé à votre recherche) :

Google Insight Search - Linux - France - top requêtes

Le second tableau est constitué des requêtes associées au mot-clé « linux » ayant connu le plus forte hausse sur la période étudiée (Breakout signifie que la hausse dépasse 5000% !) :

Google Insight Search - Linux - France - requêtes en hausse

À la lecture de ces tableaux on peut supputer par exemple qu’Ubuntu est bien la reine des distributions en France (mais que Mandriva n’est pas morte), que les linuxiens ont de plus en plus envie de jouer sur leur ordi et que l’Eeepc (sous Xandros) a bien été le phénomène annoncé.

Digne de confiance ?

Bon, c’est bien gentil tout ça mais l’outil est-il fiable ? Telle est la question qui en fait n’aura pas de réponse. D’abord parce que la localisation via notre adresse IP n’est pas d’une rigueur absolue. Et ensuite parce que Google garde jalousement ses données et ses algorithmes de calculs.

La seule chose qu’il soit possible de faire c’est de taper des requêtes dont vous les résultats sont attendus afin de vérifier si l’outil est conforme à votre prévisions. Ainsi si l’on tape « marée » (en France) ce sont bien les régions de la côte atlantique qui apparaissent en premier.

Ce n’est pas très scientifique tout ça mais plusieurs exemples du même acabit m’ont fait supposer que globalement Google Insights Search donne des tendances plausibles.

Je pense néanmoins que des pays encore peu connectés peuvent venir fausser certains résultats car on se retrouve alors proportionnellement avec des internautes locaux pionniers et donc à mon avis plus technophiles que la moyenne. Et puis il y a aussi la question des langues, des alphabets différents, etc. N’hésitez pas à apporter d’autres bémols dans les commentaires.

En tout cas fiable ou pas, je suis sûr que de nombreux marketeux vont prendre d’assaut l’outil pour affiner leurs prochaines campagnes commerciales !

Quelques exemple d’un monde libre qui se cherche

Ces précautions d’usage étant posées, on peut faire mumuse avec l’outil, d’autant qu’il est permis de comparer plusieurs requêtes entre elles.

Quelques distributions GNU/Linux

Comparons mondialement Ubuntu, Fedora, Mandriva, OpenSuse et Debian. On retrouve bien la suprématie actuelle d’Ubuntu (aucune idée de la signification du 84 derrière Ubuntu, par contre je pense là encore qu’on peut supposer qu’Ubuntu est environ dix-sept fois plus recherchée que Mandriva).

Google Insight Search - Distros - Monde

Au niveau des trois pays de tête ça donne :

  • Cuba, Italie, Indonésie pour Ubuntu
  • Sri-Lanka, Inde, Taïwan pour Fedora
  • Russie, République Tchèque, Biélorussie (et France cinquième) pour Mandriva
  • République Tchèque, Russie, Allemagne pour OpenSuse
  • Cuba, Biélorussie, République Tchèque pour Debian.

Si l’on se restreint à la France, ça bouge un peu puisque par exemple Mandriva s’en sort mieux face à Ubuntu.

Google Insight Search - Distros - France

La petite guerre des suites bureautiques

J’ai tenté de comparer les suites bureautiques MS Office et OpenOffice.org (comparaison difficile en raison des différentes appellations)

Dans le monde (avec l’Allemagne et la France qui se classent premières pour « open office ») :

Google Insight Search - Office - Monde

Et en France :

Google Insight Search - Office - France

On s’en sort bien sur ce coup là 😉

Open Source vs Free Software

Comparons les requêtes « Open Source » et « Free Software ». On constate tout d’abord que « Open Source » est plus demandé que « Free Software ». Va-t-il finir par s’imposer ?

Google Insight Search - FLOSS - Monde

Ce sont plusieurs villes indiennes (Delhi en tête), Djakarta et Singapour qui remportent la palme des recherches « Free Software ». Alors que les villes « Open Source » sont San Francisco, encore Delhi, puis Milan, Amsterdam, Washington, Sydney, Londres. Il y a clairement là une différence géographique (et éventuellement sociale).

En France cela ne sera à rien de comparer car « Free Software » est remplacé par « Logiciel Libre ». Du coup on obtient ceci :

Google Insight Search - FLOSS - France

Et tant qu’on y est pourquoi ne pas comparer « Richard Stallman » et « Linus Torvalds ». De notoriété mondiale équivalemente, vous constaterez avec moi que Stallman est très populaire dans les pays d’Amérique Latine tandis que Torvalds a une forte côte dans les contrées occidentales.

À vous de jouer

Fin de mon petit tour de manège avec Google Insights Search. J’en appelle aux commentaires pour nous signaler vos propres requêtes que vous aurez jugées intéressantes à communiquer.




Marta, ti amo !

VideoMarta.com

Vivant en Italie depuis quelques années, impossible de ne pas vous présenter VideoMarta.com quand bien même vous ne maitrisiez pas forcément la langue de Dante.

Animée par la jeune Marta (et deux autres étudiants derrière la caméra), il s’agit d’un vidéo-blog ou v-log qui aborde de manière simple et compréhensible ce qui touche aux nouvelles technologies et à internet. Et force est de constater qu’elle y arrive fort bien avec qui plus une petite touche culture libre qui n’est pas revendiquée mais juste là parce qu’elle apporte quelques chose d’objectif à l’information traitée (ce qui manque souvent parfois chez nous soit dit en passant).

La mise en scène est invariable et minimaliste : Marta, chez elle, avec un montage dynamique qui la voit apparaitre en différents endroits de son appartement sa chambre. Marta n’en rajoute pas. Elle n’est pas maquillée à outrance et ne prends pas la pose pour faire plaisir à la caméra. Elle est naturelle et concentrée sur son sujet. Le tout fonctionne très bien et finit paradoxalement pas lui conférer un certain charme pour ne pas dire un charme certain (faut dire que la musique propre à la langue italienne y est peut-être aussi pour quelque chose).

Succès mérité en tout cas de l’autre côté des Alpes[1], notamment parmi les jeunes internautes (et on ne s’en plaindra pas !).

Les thèmes abordés sont nombreux et variés[2]. Voici quelques exemples aux titres évocateurs : Du daguerréotype à Flickr, La dissection d’un PC, La connaissance sur Internet (Wikipédia inside) ou encore Le monopole Google.

Comme cela a déjà été dit, le Libre est évoqué un peu partout (par exemple lorsque Marta pointe la présence ou non d’une licence Creative Commons lorsque l’on souhaite faire usage d’une photo sur Flickr), mais on trouve quelques vidéos qui en parlent directement, comme celle sur Firefox, ou sur les Distributions Linux.

Pour illustrer mon propos je n’ai pas pu résister à l’envie de vous dupliquer les deux vidéos suivantes (co-écrites avec l’aide du LUG du coin, en l’occurrence celui de Turin).

La VideoMarta sur GNU Linux :

—> La vidéo au format webm

La VideoMarta sur Les alternatives à MS Office :

Et si Marta donnait quelques idées à la blogosphère francophone ?

Notes

[1] Voir aussi le reportage de RAI 3 sur Marta et ses acolytes qui fait office de making-off.

[2] Il y a un accès direct à toutes les vidéos via le groupe YouTube de notre chère Marta.




Le bilan positif de Linux à Assemblée Nationale est-il passé inaperçu ?

Tux à l'Assemblée Nationale - François Schnell - CC-by

Les lecteurs réguliers du Framablog sont certainement déjà au courant : il y a un an on nous annonçait l’arrivée de GNU/Linux à l’Assemblée Nationale[1] ainsi présenté sur le site officiel de la noble institution :

« Un équipement micro-informatique standard est mis à la disposition de chaque député, dans son bureau à l’Assemblée nationale. Chaque député dispose de deux postes micro-informatiques configurés avec des logiciels libres (Linux pour le système d’exploitation et Open office pour la suite bureautique). »

Un an après, il était légitime de dresser le bilan d’une opération à haute valeur symbolique. Ce qui fut fait et bien fait notamment par le CIO qui a eu l’excellente idée de réaliser des entretiens vidéos de trois députés.

Extraits de l’interview du député des Alpes Maritimes Rudy Salles :

« La raison pour laquelle on est passé d’un système à l’autre, je ne crois pas qu’il y avait un mécontentement vis-à-vis de Windows, sincèrement je ne le crois pas; mais il y avait la volonté peut-être de n’être pas sous la coupole d’un monopole comme Windows, et d’essayer justement le logiciel libre. C’était un peu une décision politique à l’époque, qui a été assumée d’ailleurs par quasiment tous les groupes de l’assemblée nationale. Et donc les services ont fait des prouesses pour passer d’un système à l’autre en quelques mois. On est arrivés l’année dernière, non seulement on avait un nouveau système informatique, l’Assemblée Nationale était en chantier partout, ça a été un tour de force que d’arriver à faire fonctionner tout ça. Et je dois dire que les services s’en sont pas mal sortis, même s’il y a eu quelques ratés au démarrage, mais enfin, finalement, l’un dans l’autre, à part les quelques semaines de démarrage un peu difficiles, et de réaménagement dans les bureaux etc., on peut dire que le passage s’est fait de façon très correcte..

Il a été moins compliqué que ce que l’on pouvait penser. On ne perd pas totalement ses repères. Il y a évidemment une présentation différente, mais on peut dire que les grandes fonctionnalités, on les retrouve assez vite. Alors c’est vrai que l’on change un peu ses habitudes, mais vous savez, quand vous passez de Windows XP à Vista, ou à un autre système, finalement là aussi vous étes obligés d’évoluer et de changer un peu vos habitudes. Donc ça, ça s’est fait assez rapidement. Les services, d’ailleurs, informatiques de l’Assemblée mettaient à disposition des députés et des collaborateurs des stages de formation, et bien nous avons fait le bilan de ces stages de formation, il n’y a eu quasiment personne qui est venu aux stages de formation, parce que finalement tout le monde s’en est sorti tout seul.

Sur nos impôts. Et je peux vous dire qu’à l’intérieur des membres du bureau de l’Assemblée Nationale, il y avait un certain nombre de gens qui étaient plutôt réservés sur le Logiciel Libre, et qui étaient plutôt attachés à Windows, par tradition, je dirais, par pratique, et qui finalement se sont rendus compte qu’à l’usage nous avions les services les mêmes, équivalents, parfois mieux, parfois moins bien, mais à la marge; en tout cas au moins équivalents. Mais surtout quand on a fait les comptes, 500 000 euros moins cher, là ça commence à compter et tout le monde se rend compte que nous avons eu probablement raison de prendre cette décision il y a quelques années. »

Extraits de l’interview du député des Landes Alain Vidalies :

« La vérité c’est que même ceux qui n’étaient pas des férus d’informatique, pour qui c’était un outil essentiellement, ont vite appris. Ca a été bon uniquement des sigles différents qui sont apparus pour nous, bon, système d’exploitation Kubuntu qui apparait tout d’un coup. Mais dans la pratique aujourd’hui, avec le recul, je peux dire que ça a été, y compris pour quelqu’un qui n’était pas très attentif à ces questions-là, en tant qu’utilisateur, pour mon travail parlementaire aujourd’hui, je suis complètement satisfait de ce nouveau système. Et je pense que ceux qui réfléchissent, je pense à des collectivités locales, ou peut-être à des entreprises, à la difficulté de passer sous Linux, n’ont aucune crainte à avoir, parce que je suis un témoin privilégié du fait que quelqu’un qui remplissait toutes les conditions pour être un utilisateur dérouté, est en fait aujourd’hui un utilisateur parfaitement satisfait.

Et il faut pas penser que le temps de Windows c’était un temps merveilleux; il y avait aussi beaucoup de problèmes, de bugs, et il y en a pas plus aujourd’hui qu’avant, et même plutôt moins d’ailleurs, statistiquement. »

Cela fait non seulement plaisir à entendre mais cela nous est également d’une aide précieuse lorsqu’il s’agit d’essayer de parler alternatives libres à un public non averti. « J’ai le même système d’exploitation que mon député à l’Assemblée », peut-on lui dire malicieusement pour aiguiser sa curiosité.

Toujours est-il que voici donc ma sélection de liens qui ont évoqué ce premier anniversaire plutôt réussi :

Et c’est là que selon moi le bât blesse : au delà du double cercle des informaticiens et de la communauté du logiciel libre, il semblerait que l’information n’ait intéressée… personne !

Cette affirmation péremptoire est à vérifier mais une simple recherche Google sur bilan linux assemblée nationale laisse perplexe. Aucun grand média qu’il fut papier ou même en ligne (Rue89, Mediapart, etc.) n’a jugé bon d’en parler dans ses colonnes.

Il y a bien sûr des choses plus importantes de part le monde mais c’était tout de même possible de sacrifier, disons, un article parmi mille lié aux Jeux Olympiques pour nous relater l’évènement non ?

Notes

[1] Crédit photo : Tux monitoring the french "Assemblee Nationale" par François Schnell sous licence Creative Commons BY.




Largage de liens en vrac #5

Filtran - CC byNouveau largage de liens logiciels, pas mal orienté web mais c’est la tendance du moment. Si vous en connaissez certains n’hésitez pas à nous dire tout le bien (ou tout le mal) que vous pensez d’eux dans les commentaires[1].

Rappel des épisodes précédents : 1, 2, 3 et 4.

  • Go-OO! : Une version d’OpenOffice.org qui viendrait combler certains manquent de l’édition originale (lire cette dépêche DLFP, et ses 400 commentaires, pour de plus amples informations)
  • Elgg : Grosse évolution pour ce logiciel web vous permettant de créer votre petit réseau social.
  • SoundManager 2 : Du JavaScript pour jouer agréablement de l’audio dans vos pages web.
  • AtMail Open : Propose de faire comme Gmail mais en open source. Dommage que la version commerciale s’en approche beaucoup plus.
  • Frog CMS : Un CMS simple et épuré qui pourra convenir aux petits projets web.
  • FreeMat : Catégorie Sciences. Vous connaissez MATLAB ? Alors c’est assez proche mais en version libre.
  • Slam Soccer 2006 : Un jeu de football au look BD qui semble amusant et convivial.
  • Alliance P2P : Ou comment se constituer un petite réseau P2P entre amis basé sur la technologie Bittorrent (et échapper à Big Brother !)
  • XBMC Media Center : Un Media Center pour organiser et jouer tous ses fichiers multimédias (audio, vidéo, photos…). Belle interface.
  • SQL Buddy : Pour les spécialistes, un outil d’administration en ligne de vos bases MySQL.
  • SPAW Editor : Un éditeur WYSIWYG pour pages web qui semble tenir la route.
  • openWYSIWYG : Le même que le précédent mais en mieux ?
  • InDefero : Ni plus ni moins que l’ambition de cloner GoogleCode le service d’hébergement Google de projets open source (en utilisant Git et non Subversion).
  • Epiware : Gestion de documents en ligne avec version "open source" et version "professionnelle".
  • Mixxx : Un logiciel de mixage pour les Masters DJ pour tout OS.
  • Flare : En ActionScript et en sortie Flash, une bibliothèque pour la visualisation web de données. Le plus simple est de voir les demos assez convaincantes ma foi.
  • Protochart : Même fonction que le logiciel précédent mais en JavaScript cette fois. Là encore c’est assez jolie en sortie.
  • Clipperz : Un service en ligne pour centraliser tous ses mots de passe. Le truc intéressant (et sécurisant) c’est que contrairement à l’habitude du web 2.0 on peut télécharger le code pour l’installer sur son propre serveur.
  • Screenie : Permet de réaliser de très jolie copies d’écran avec effet miroir et 3D.
  • Reddit : Vous souhaitez faire votre propre Digg ou Slashdot ? Bonne nouvelle puisque Reddit est passé au libre.
  • Lundi Matin : Un nom plutôt sympa pour une application francophone en ligne de gestion d’entreprise.
  • Laconica : Un logiciel de microblogging (comme Twitter) mais en version libre cette fois. Bien expliqué sur le Site du Zéro et sur DLFP.
  • HTML Purifier : Un filtre pour rendre votre code HTML plus propre (comprendre plus respectueux des standards). Intègre également un éditeur WYSIWYG et se décline en plugins pour des CMS comme Drupal ou WordPress.
  • Google Contacts : Comme nous sommes quelques uns à jongler entre Thunderbird et Gmail pour la messagerie, je signale cette extension permettant de synchroniser les contacts.
  • 5 Ways to Screencast Your Linux Desktop : Comme son nom l’indique, présentation de 5 outils (Istanbul, Wink, Xvidcap, vnc2swf, Recordmydesktop) permettant de faire du screencast sous Linux.
  • OpenStomp : Un peu de hardware avec ce Guitar Stomp (pédale d’effet guitare) qui se veut open source et bientôt en production.
  • Windows now open source : Une dernière petite curiosité pour conclure, les distributions GNU/Linux qui font tout pour ressembler à Windows.

Notes

[1] Crédit photo : Filtran (Creative Commons By-Sa)




Argent, logement et enfants selon Richard Stallman

À questions personnelles classiques d’un fort troublé Frédéric Couchet de l’APRIL[1], réponses quelque peu inattendues de Sir Richard Stallman.

« Pour moi il parait tout à fait dégueulasse d’avoir des enfants (…) C’est une limitation dans la vie et je n’ai pas envie d’être lié comme ça à n’importe quoi, sauf peut-être le mouvement du logiciel libre qui vaut la peine. »

« Je n’ai pas envie d’une maison parce que ceux qui possèdent une maison à Boston apprennent à détester la neige. Parce qu’il doivent nettoyer les chemins et pour ça ils détestent la neige, moi j’aime la neige et je ne veux pas changer cette émotion. »

—> La vidéo au format webm

Ce n’est pas pour prendre la défense du Monsieur mais, vu que ce n’est pas sa langue maternelle, il n’est pas certain qu’il ait tout à fait compris la définition commune du mot dégueulasse.

Un peu comme Jean Seberg à la fin d’À bout de souffle

Notes

[1] Entretien avec Richard Stallman donné le dimanche 27 janvier 2002 par Frédéric Couchet et Loïc Dachary. Réalisation vidéo de Lionel Allorge (téléchargement au format mpg).




Chérie, j’ai partagé le Wi-Fi !

Open-Mesh

Je dois avouer que mes connaissances en wi-fi ne dépassent pas le niveau de la mer mais ce n’est pas une raison pour ne pas en parler surtout quand il s’agit d’une traduction !

La traduction[1] en question est un peu technique mais elle est surtout là pour annoncer qu’il existe des solutions libres (et peu onéreuses au niveau matériel) pour déployer un réseau wifi maillé et partager internet en mutualisant quelques connexions.

J’en veux pour meilleure preuve l’installation récente au Marché Biron, au coeur des puces de Paris Saint-Ouen, d’un déploiement ambitieux « qui n’exploite que des technologies open source pour constituer un réseau maillé wifi afin de couvrir une grande surface pour un faible coût ». Pour en savoir plus je vous invite vivement à parcourir l’article Toonux et Entreprise Transparence déploient un réseau wifi communautaire 100% open source au Marché Biron.

Comme dirait Léo Ferré, c’est extra ! Oui mais il y a un hic (outre la question de la nocivité du wi-fi), ainsi que nous le rappelle Bluetouff sur son blog dans un billet intitulé : La riposte graduée menace le wifi des particuliers comme des professionnels.

« Tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes s’il n’y avait pas la menace de l’HADOPI qui entend que nous posions des dispositifs de filtrage visant à empêcher tout téléchargement « illicites »… Le problème de la responsabilité en cas d’avertissement se pose donc : qui est responsable ? « La personne qui partage sa bande passante » souhaite répondre l’HADOPI, sur le seul principe qu’elle semble reconnaître « une ip, un coupable ».

Si tel était le cas, ce serait bien là la fin de l’aventure des réseaux mesh communautaires et ouverts pour servir les intérêts de maisons de disques et quelques ayants-droit dont une bonne partie ne paye même pas d’impôts en France. »

Il faut bien que les professionnels (industries du disque, fournisseurs d’accès internet, etc.) gagnent justement leur croûte. Il n’empêche qu’une société qui stigmatise voire interdit le partage dans un nombre croissant de secteurs d’activité n’est clairement pas une société en bonne santé…

Copie d'écran - DailyWireless.org

La révolution Open-Mesh

The Open-Mesh Revolution

Sam Churchill – 11 mars 2008 – DailyWireless.org

Il y a un an de cela le relais Wifi Meraki à 50$ était une petite révolution, une solution parfaite pour combler le fossé numérique. Puis Meraki a vu son prix augmenter et le boîtier bon marché s’est vu amputé de presque toutes ses fonctions (FAQ). La version de base ne permet plus maintenant la facturation, l’authentification des utilisateurs, le contrôle de l’accès ou l’affichage d’une page d’accueil personnalisée. Il vous faudra débourser 100$ par appareil pour retrouver la plupart des fonctionnalités auparavant gratuites. Meraki impose maintenant des publicités au travers de leurs services hébergés.

Voilà qui a vraiment énervé beaucoup de monde.

Beaucoup d’entreprises, comme Net Equality (appartenant maintenant à One Economy), employaient le Meraki pour fournir, gratuitement ou à bas prix, un accès Internet à des foyers aux revenus modestes. Ce changement de direction les a laissés en plan.

C’est là que Michael Burmeister-Brown intervient, il est le co-fondateur de Net Equality et le développeur du logiciel Dashboard qui permettait une gestion rapide, simple et peu coûteuse de douzaines, voire de centaines de relais Merakis.

Aujourd’hui Michael Burmeister-Brown a annoncé un nouveau produit et une nouvelle entreprise créés pour combler le vide laissé par Meraki : Open-Mesh.

Open-Mesh fait tout ce que faisait le Meraki original et même plus :

  • C’est pas cher. Les relais Wifi Open-Mesh coûtent 49$ l’unité ou 39,95$ (quantité : 20);
  • C’est sans publicité. Open-Mesh fait la promesse de ne jamais imposer de publicité sur vos réseaux. Vous décidez du contenu que vous voulez afficher;
  • C’est 100% open-source et déployé sur OpenWRT. Vous pouvez modifier tout ce que vous désirez ;
  • Vous pouvez re-flasher le firmware si vous voulez;
  • Grâce au système de gestion Dashboard vous administrez votre réseau et suivez les alertes et le mappage librement. Vous pouvez configuer l’ESSID, la page d’accueil, les mots de passe et la bande passante allouée à vos réseaux;
  • Les dispositifs s’auto-configurent. C’est simple de créer un réseau de quartier ou d’appartement. Vous n’êtes pas forcé d’utiliser leur système de gestion si vous ne voulez pas.

Contrairement à Meraki et FON leur architecture est 100% open source. Vous pouvez flasher le firmware si vous voulez, mettre une nouvelle page d’accueil ou utiliser leur logiciel libre de gestion (voir ci-dessous)… ou pas.

Open-Mesh

Les petits mini-routeurs (49$) sont livrés pré-flashés avec ROBIN, le firmware open source de maillage. Vous n’avez qu’à le brancher et il est prêt à l’emploi. Pas de configuration requise.

Vous en branchez un sur votre connexion Internet et rajoutez d’autres mini-routeurs là où vous voulez étendre la couverture Wifi (chaque routeur devrait être situé à moins de 30 mètres d’un autre routeur). Ils marchent bien avec Covad parce que Covad supporte le partage du Wifi mais d’autres fournisseurs d’accès sont également compatibles. Open-Mesh n’a aucun lien commercial avec les fournisseurs d’accès Internet.

Le routeur est livré avec une antenne 2dbi et un câble ethernet pour le connecter à votre ligne xDSL ou à votre ordinateur. Le chipset Atheros utilisé est le même que dans le Meraki.

Open-Mesh

ROBIN (ROuting Batman INside) est un projet de maillage de réseau open source déployé par dessus OpenWRT. Il utilise l’algorithme de routage BATMAN (Better Approach to Mobile Ad-hoc Networking) pour les réseaux maillés ad-hoc multi-sauts.

Quel est le modèle économique d’Open-Mesh ?

« Nous n’essayons pas de nous enrichir », répondait Michael Burmeister-Brown lors d’un entretien téléphonique avec DailyWireless. « Nous espérons que d’autres entreprises et d’autres constructeurs utiliseront le logiciel open-source ROBIN dans leur matériel » explique-t-il.

La mission d’Open-Mesh est d’aider le sans-fil communautaire, l’éducation et les pays émergents à utiliser les réseaux sans fils maillés open-source. Simple. Bon marché. Sans publicité. A monter soi-même.

Douce équité. L’heure est peut être venue pour cette idée.

Notes

[1] Merci à Olivier, Daria et Siltaar pour la traduction Framalang 🙂