Le logiciel libre est l’arme secrète de Google contre Microsoft

Google Search : Linux

« Quelle est la plus grande menace pour Microsoft : Google ou le logiciel libre ? Les deux mon capitaine, qui plus est lorsqu’ils travaillent main dans la main. » C’est peu ou prou ainsi que débute cette nouvelle traduction[1] issue, une fois n’est pas coutume, du RedmondMag.com (dont on peut saluer la liberté de ton).

Parce que si il est vrai que le logiciel libre fait de plus en plus vaciller le géant c’est peut-être son alliance avec Google qui portera le coup de grâce…

On comprendra au passage pourquoi Google ne serait pas Google sans le logiciel libre et pourquoi le logiciel libre est actuellement tant est si bien soutenu par Google qu’il lui est difficile de le critiquer objectivement.

Screenshot - RedmondMag.Com

L’arme secrète de Google

Google’s Secret Weapon

Glyn Moody – Janvier 2008 – RedmondMag.com

Tout en minimisant sa compétition directe avec Microsoft, le géant de la recherche continue à travailler en silence sur des projets open source pour mettre des bâtons dans les roues de son grand rival.

Quelle est la plus grande menace pour la domination de Microsoft : la firme Google ou l’open source ? La réponse est : les deux, particulièrement lorsqu’ils travaillent main dans la main.

"L’open source est l’outil suprême du capitalisme logiciel" affirme Matt Asay, vice président du développement commercial chez Alfresco Software Inc., une société spécialisée dans la gestion de contenu d’entreprises 1 open source. "Il permet aux fournisseurs de s’adapter finement à leurs clients et à leurs prospects tout en ruinant les efforts de leurs concurrents qui veulent faire payer les licences de leurs propres produits. C’est la tactique qu’a employée Google avec succès et qui a chamboulé le marché des logiciels au tournant du siècle."

Le géant de la recherche prend toujours soin d’apaiser la spéculation faite sur la menace pesante d’une guerre des titans. Lorsque Google a ajouté une application de présentation à sa suite bureautique en ligne, par exemple, le PDG Eric Schmidt a déclaré catégoriquement que ce n’était pas un concurrent de Microsoft Office.

D’autres, comme Raven Zachary, directeur de la recherche open source chez The 451 Group[2], expriment un avis différent. "Il est vital pour Google d’ébranler la domination de Microsoft Office pour promouvoir son offre de suite bureautique en ligne" dit-il. "C’est de la concurrence, point."

Google peut essayer de minimiser cette compétition autant qu’ils veulent en public, en coulisse ils savent très bien que Microsoft a dépensé 6 milliards de dollars pour faire l’acquisition de la société de publicité numérique aQuantive Inc. pour lancer une offensive musclée contre Google sur son propre terrain. Le passé montre que Microsoft ne s’arrête pas tant qu’il ne domine pas le secteur dans lequel il se lance, on peut donc difficilement dire qu’une cohabitation pacifique soit envisageable.

Face à ce problème complexe, la fourmilière de doctorants de chez Google a trouvé la solution parfaite : avoir un outil pour combattre Microsoft sans vraiment en avoir l’air. L’open source se trouve au coeur de leur stratégie.

Ouvert pour affaire

La plupart des gens savent que les vastes cheptels de serveurs de Google, on parle de centaine de milliers de machines, tournent sur des versions personnalisées de GNU/Linux. Moins nombreux sont ceux qui savent également qu’ils font un usage intensif de la principale base de données open source : MySQL.

(Google est) l’exemple d’une entreprise qui n’aurait concrètement pas pu exister telle qu’on la connait avant le développement de Linux ou de l’open source" d’après Jim Zemlin, directeur exécutif de la Linux Foundation, l’organisme qui rétribue Linus Torvalds pour son travail sur le noyau Linux. "S’ils avaient dû s’appuyer sur Microsoft ou Sun non seulement cela aurait été trop cher, mais surtout ils n’auraient pas pu réaliser les modifications nécessaires à la création de leurs services."

Ce dernier point est confirmé par le manager des programmes open source chez Google, Chris DiBona, qui a rejoint la compagnie en août 2004 pour superviser et coordonner les activités open source : "Ce qu’il y a de bien avec l’open source c’est que c’est un peu comme s’il était à vous. Dites vous bien que Google fournit un effort de développement de logiciel énorme, si nous devions nous plier aux restrictions que le code propriétaire nous impose nous ne serions pas capable de développer à ce rythme soutenu."

Google contribue à l’écosystème open source en employant certains de ses meilleurs codeurs.

"Nous les employons parce que les avoir dans nos équipes permet à nos projets d’avancer, ce qui est bon pour nous" ajoute DiBona, "et l’utilisation que nous faisons des projets trace parfois la voie qu’ils peuvent emprunter." Parmi les recrues on trouve de gros poissons comme Andrew Morton, numéro 2 dans le monde Linux, Greg Stein, l’un des directeurs de l’Apache Software Foundation et Jeremy Allison, l’un des leaders du projet Samba qui fournit les services de fichiers et d’impression open source aux clients SMB/CIFS dont Windows fait parti.

Un autre vétéran de l’open source ayant rejoint le vivier de Google est Ben Goodger, ingénieur en chef de Firefox. Les liens entre Google et ce concurrent de plus en plus sérieux d’Internet Explorer sont bien plus profond cependant. Google est le principal moteur de recherche de Firefox, à la fois dans le champ de recherche dédié et sur la page d’accueil par défaut au premier lancement de Firefox.

En octobre 2007 on a appris que l’organisation derrière Firefox, c’est-à-dire la Mozilla Foundation, a empoché 66 millions de dollars en 2006 grâce à ces partenariats avec les moteurs de recherche, ce qui représente une augmentation de 50 millions de dollars par rapport à l’année précédente. Cela signifie que Google, qui est de loin celui qui paie le plus pour ces requêtes, finance concrètement le développement de Firefox et de Thunderbird, le concurrent de Microsoft Outlook développé par Mozilla, et de ce fait affaiblit doucement l’hégémonie de Microsoft sur le marché des navigateurs et des clients de messagerie.

Google a aussi commencé à organiser des rencontres de haut-niveau où des personnes clés du logiciel libre travaillant sur un projet peuvent se réunir et se rencontrer en face à face, ce qui reste quelque chose qui ne se produit que rarement autrement. Par exemple en novembre 2006 des programmeurs importants travaillant sur la distribution Ubuntu (celle qu’installe Dell Inc. sur ces PC grand public tournant sous GNU/Linux) se sont réunis sur le campus de Google, le Collaboration Summit de la Linux Foundation s’y est tenu en juin 2007 et en septembre 2007 les développeurs responsables de Python se sont rencontrés pour travailler sur la version 3 du langage. Python est l’un des trois langages de programmation utilisé intensivement par Google (les deux autres étant Java et C++) et son créateur, Guido van Rossum, travaille également pour Google.

Un amour de vacances

Mais ce ne sont pas que les superstars de l’open source qui bénéficient de l’attention et des bien-faits de Google. En 2005, le géant de la recherche a démarré son programme "Summer of Code" grâce auquel des étudiants en informatique reçoivent un financement de Google pour travailler sur un projet open source pendant leurs vacances d’été. Ce programme donne un coup de pouce à ces projets et augmente leur viabilité en injectant du sang neuf.

Comme le dit Sebastian Kügler du projet d’environnement de bureau KDE (en cours de portage sur Windows) : "C’est la vraie idée derrière Summer of Code : inoculer aux étudiants le virus du logiciel libre, leur donner la chance de grandir dans une communauté comme la nôtre."

Comme l’explique DiBona il y a un autre avantage plus subtil. Grâce au Summer of Code, "Google connait désormais tous les gens travaillant sur les projets dont Google dépend" dit-il. "Ca nous est vraiment utile. Lorsque nous sortons une nouvelle API nous savons qu’il y aura des projets dans le monde open source soit pour l’utiliser soit pour en être client. On peut simplement les appeler et dire "Salut les gars, c’est Google, on est votre ami" et les laisser jeter un coup d’oeil.

Google soutient également les logiciels libres en mettant à disposition son code sous des licences open source (généralement la licence Apache comme c’est le cas par exemple pour la nouvelle plateforme mobile Android). Leur plus grosse contribution jusqu’à maintenant est peut-être Google Gears. "Gears est une extension open source pour votre navigateur qui permet aux développeurs de créer des applications Web qui peuvent fonctionner hors-ligne" explique DiBona. "On aurait pu se contenter de sortir l’extension pour nos applications, mais grâce à l’open source d’autres personnes peuvent l’employer sans crainte, ils savent que personne n’abandonnera cette technologie parce qu’ils la possèdent aussi."

La sortie de Gears dans un format open source encourage une adoption plus large dans la communauté des logiciels libres et au-delà. Si Gears trouve son public et que les utilisateurs ont la possibilité d’utiliser des applications Web hors ligne grâce à leur navigateur, alors le système d’exploitation sous-jacent devient moins important et la main mise de Microsoft sur l’environnement de bureau est affaiblie.

Se battre sur deux fronts

Le résultat de toutes ces initiatives discrètes et distinctes entreprisent par Google pour soutenir l’open source est que Microsoft ne se retrouve pas devant un seul concurrent sérieux mais devant deux qui fonctionnent en collaboration étroite.

"Je pense que cela met le pression sur Microsoft, ils s’y attendaient certes, mais pas aussi rapidement et pas aussi violemment" dit Eric Raymond, auteur d’une analyse des logiciels libres qui fait école "La Cathédrale et le Bazar".

"Ils se disaient sûrement qu’ils avaient le temps pour se préparer avant que Linux n’amène son environnement à maturité, un processus qui ne pouvait qu’être long et douloureux." dit-il. "Et bien ils n’ont pas eu ce luxe, leur main-mise est maintenant attaquée de deux côtés et Google restera une menace suffisamment sérieuse même si l’environnement Linux devait se planter."

De plus, les choses risquent de se corser encore plus à mesure que d’autres entreprises réalisent qu’une manière d’affaiblir Microsoft est de renforcer l’open source. C’est l’un des principaux axes de la stratégie d’IBM depuis presque une décennie, depuis qu’ils ont abandonné leur propre serveur Web et adopté le logiciel libre Apache en 1998.

Depuis ils ont adapté GNU/Linux pour tout leur hardware et fait don de plus de 40 millions de dollars de leur code pour lancer le projet Eclispe pour concurrencer Visual Studio de Microsoft. Plus récemment, l’autre grand rival de Microsoft sur la toile, Yahoo! Inc. s’est joint au club des défenseurs de l’open source en ouvrant les API de ses services, en lançant les Open Hack Days aux Etats-Unis, au Royaume Uni et en Inde et en rachetant Zimbra Inc. qui développe des outils open source de messagerie et de collaboration pour la somme annoncée de 350 millions de dollars.

A l’instar de Google, Yahoo a également engagé certains de ses programmeurs open source les plus importants, comme l’expert de MySQL Jeremy Zawodny et Doug Cutting, l’un des chefs de file dans le domaine des technologies des moteurs de recherche. Cutting travaillera à plein temps sur son système open source Hadoop qu’il décrit sur son blog comme étant "un système de fichiers inspiré de celui de Google et un système de calcul distribué inspiré de celui de MapReduce, là encore de Google."

Tout comme Google a réussi son coup en redirigeant la puissance de l’open source contre Microsoft, Yahoo espère réussir la même chose avec Hadoop. Et évidemment la salve tirée par Yahoo offre en bonus la possibilité de prendre Google pour cible.

Notes

[1] Traduction Olivier et GaeliX pour une relecture Daria from Framalang.

[2] NdT: The 451 Group est un laboratoire d’analyse indépendant spécialisé dans les technologies de l’industrie, en particulier ce qui concerne l’innovation informatique.




Ce qui caractérise les utilisateurs de logiciels libres

Shaymus022 - CC by-saAlors voilà. Nous y sommes. Le logiciel libre est clairement en train de gagner la bataille du desktop. Quelque soit son système d’exploitation, on trouve désormais des logiciels libres de grande qualité répondant à tous les usages de base (web, bureautique, graphisme, multimédia…). Dans le même temps des distributions GNU/Linux toujours plus conviviales arrivent à maturité et les revendeurs ne s’y trompent pas puisqu’ils commencent à en proposer au grand public dans leurs offres d’ordinateurs neufs.

Cependant n’oublions pas la phrase en exergue de ce blog : « …mais ce serait peut-être l’une des plus grandes opportunités manquées de notre époque si le logiciel libre ne libérait rien d’autre que du code ».[1]

En effet, utiliser des logiciels libres c’est non seulement faire des économies, c’est non seulement se retrouver avec plein d’applications qui nous comblent au quotidien mais c’est aussi et surtout adopter certains comportements (et rompre avec d’autres), participer à un mouvement et, osons le mot, faire partie d’une culture.

Une culture qui favorise l’écoute, l’indépendance et l’autonomie. Une culture de coopération et non de compétition. Une culture aux antipodes de certaines logiques et structures politico-économiques qui nous demandent avant tout d’être des consommateurs passifs. Il serait non seulement dommage mais fort dommageable que la nouvelle génération d’utilisateurs fraîchement débarqués du monde Windows, et dont Framasoft se réclame, perde cela de vue…

La traduction que nous vous proposons aujourd’hui brosse le portrait d’un utilisateur de logiciels libres[2] en soulignant neuf caractéristiques qui le distinguent justement de l’utilisateur de logiciels propriétaires.

Parce qu’il en va de la responsabilité de tous que cette précieuse culture ne se dilue pas avec sa démocratisation…

9 traits caractéristiques des utilisateurs de logiciels libres

9 Characteristics of Free Software Users

Bruce Byfield – 9 janvier 2008 – Datamation
(Traduction Framalang : GaeliX et Olivier)

Un système d’exploitation n’est pas qu’un code source, il véhicule aussi une culture. Cet état de fait m’est soudainement revenu à l’esprit au cours des vacances quand plusieurs membres de ma famille et des voisins m’ont assailli de questions sur le dépannage de leurs ordinateurs sous Windows. Bien qu’aucun d’entre nous n’ait eu une véritable formation en informatique, je ne sais presque rien sur Windows, j’ai été en mesure de résoudre les problèmes qui déconcertaient les autres – non pas parce que j’ai la science infuse, mais parce que la culture du Libre dans laquelle je baigne tous les jours m’a rendu plus apte à faire face à ce genre de situation.

Les origines de ces cultures sont plus ou moins évidentes. Windows et d’autres logiciels propriétaires sont les produits du marché commercial du logiciel. Dans cette culture, l’information circule essentiellement dans une seule direction : elle émane du fabricant. L’obsession des éditeurs pour la propriété intellectuelle et la main-mise des revendeurs encourage cette culture à réduire les utilisateurs au rôle de consommateurs aveugles.

En revanche, la culture du Libre a deux origines. La première, c’est la culture Unix, qu’Eric Raymond décrit dans « L’art de programmer sous UNIX », et qui met l’accent sur l’excellence. La seconde est l’ensemble des quatre libertés qui définissent un logiciel libre.

Il est vrai que les utilisateurs finaux sont peu susceptibles de s’intéresser eux-mêmes aux libertés d’étudier ou d’améliorer un programme. Mais l’existence de ces libertés pour les développeurs conditionnent les attentes de tout le monde. En outre, les libertés d’exécuter les programmes et de les redistribuer permet à chacun de s’affranchir d’un des aspects les plus pénibles de la culture propriétaire. En tout cas, ces origines créent des utilisateurs plus actifs et plus exigeants que ceux des logiciels propriétaires.

Ce n’est pas une surprise, ces différences d’origines amènent à des attentes différentes. Il y a certes des exceptions et l’amélioration des compétences de l’utilisateur tend à gommer ces différences. En outre, des logiciels libres comme Firefox et OpenOffice.org sont de plus en plus courants sur des plates-formes propriétaires. Et, de même, la culture propriétaire s’immisce dans le logiciel libre car il devient une grosse affaire.

Pourtant, la plupart du temps, vous pouvez vous attendre à ce que les utilisateurs de logiciels libres diffèrent des utilisateurs de logiciels propriétaires sur un certain nombre de points fondamentaux. Le fait d’avoir conscience de ces différences peut avoir un impact considérable sur votre réussite lors de la commercialisation ou du développement de logiciels.

1. Les utilisateurs de logiciels libres désirent des licences ouvertes et non pas des méthodes d’activation

Des éditeurs propriétaires comme Adobe et Xara qui ont fait l’expérience du portage sous GNU/Linux de leurs logiciels sont arrivés à la conclusion que les utilisateurs de logiciels libres n’iront pas acheter de logiciels commerciaux. Toutefois, comme l’ont prouvé des entreprises comme Red Hat et Mandriva, ces conclusions sont plus le fait d’une incapacité à concevoir de nouvelles méthodes de travail que d’une observation de la réalité. A défaut d’autre chose, les utilisateurs iraient le plus souvent acheter dans le commerce afin d’avoir le confort d’une relation traditionnelle avec un fournisseur.

Toutefois, lorsqu’ils ont ce luxe, les utilisateurs de logiciels libres rejettent les licences propriétaires ou les méthodes d’activation qui restreignent leur liberté de copier et redistribuer le logiciel. Certains peuvent accepter les licences propriétaires si ils ne trouvent pas les mêmes fonctionnalités ailleurs. D’autres peuvent accepter une licence propriétaire pour les logiciels non-essentiels, comme les jeux. Mais, au premier signe d’alternative, ils vont abandonner le produit propriétaire. Et beaucoup, bien entendu, n’accepteront même pas ces compromis temporaires.

Si vous cherchez à vendre quelque chose à la communauté du Libre, ne cherchez pas à faire de l’argent avec le logiciel mais cherchez les services que vous pouvez développer autour du logiciel. Ou pensez-vous que c’est un hasard si le partage de fichiers et de la culture libre ont leurs racines dans la communauté du logiciel libre ?

2. Les utilisateurs de logiciels libres désirent avoir des mises à jour et des corrections de façon régulière

Les systèmes d’exploitation Libres sont conçus pour la gratification instantanée. Vous voulez un nouveau logiciel ? Basculer vers le compte root et en l’espace de cinq minutes, vous l’avez, installé et prêt à être utilisé sans redémarrer la machine.

Cette fonctionnalité basique à pour conséquence les mêmes attentes élevées en ce qui concerne les mises à jour et les correctifs. Dans les logiciels libres, les mises à jour et les correctifs ne sont pas un événement annuel pour le logiciel complet avec des bêta-versions. Ils sont plus proches de l’occurrence quotidienne. Les personnes en charge de la maintenance de ces logiciels prennent cette responsabilité tellement au sérieux que l’on a déjà vu nombre d’entre eux prendre sur leur temps personnel pour s’assurer qu’une correction d’anomalie ou qu’un correctif de sécurité sorte aussi rapidement que possible.

3. Les utilisateurs de logiciels libres désirent travailler comme ils l’entendent

En passant de Windows à GNU/Linux, la première chose que les utilisateurs sont susceptibles de remarquer est le nombre d’options de personnalisation qui sont disponibles ne serait-ce que pour l’apparence et le fonctionnement du bureau. A la limite, ils sont presque enclins à penser qu’il y a trop d’options disponibles. Souvent même ils sont surpris de se retrouver devant plus de possibilités qu’ils n’en auraient espérées.

Ces options sont la conséquence directe du sens du contrôle que le logiciel libre encourage chez ses utilisateurs. Non seulement ils s’attendent à pouvoir utiliser les menus, les barres d’outils ou les raccourcis clavier qui ont leur préférence, mais ils s’attendent de plus à contrôler la couleur, les widgets et même l’emplacement des fonctionnalités du bureau de façon simple et efficace. S’ils font le chemin inverse, passant de GNU/Linux à Windows, ils vont se sentir limités, obligés de faire les choses de la façon dont les développeurs ont voulu qu’ils les fassent, plutôt que de fonctionner uniquement suivant leurs propres préférences.

4. Les utilisateurs de logiciels libres désirent avoir le contrôle de leurs propres systèmes

Pour un utilisateur de logiciels libres, l’un des aspects les plus ennuyeux de Windows XP ou Vista, c’est d’être constamment perturbé par les pop-ups. Le système lui-même vous informe des mises à jours disponibles, des éventuels risques de sécurité et de l’état actuel de votre système. Et il n’est pas inhabituel pour votre éditeur de logiciels d’avoir ses propres messages en plus de ceux émis par Java et plusieurs autres programmes. Pendant ce temps, le système d’exploitation et une ou deux autres briques de base logicielles communiquent et les technologies de verrouillage se mettent à contrôler votre informatique. Parfois, vous avez l’impression d’être interrompu toutes les 30 secondes dans votre travail.

Les gestionnaires de bureau dans les systèmes d’exploitation libres commence à émettre des notifications, mais, jusqu’à présent, elles le sont pour l’ensemble du système. Mais surtout, elles peuvent être désactivées. Les utilisateurs avertis de GNU/Linux ou FreeBSD savent que ce types d’évènements basiques sont consignés dans des fichiers de log où l’on peut les consulter à loisir.

Quant au verrouillage ou aux technologies de surveillance, oubliez les. Beaucoup d’utilisateurs de logiciels libres se méfient des outils de sondage automatiques, même relativement innocents comme le Concours de Popularité Debian ou Smolt, sans parler de tout ce qui leur ôterait le contrôle des mains.

5. Les utilisateurs de logiciels libres aiment explorer

J’ai été en mesure de résoudre deux des problèmes Windows auxquels j’ai dû faire face durant les vacances en un rien de temps. L’un simplement en raccordant le moniteur à la carte vidéo dédiée au lieu de celle embarquée sur la carte mère. L’autre en utilisant un gestionnaire de fichiers à la place des outils dédiés fournis avec le nouveau matériel. Quand je leur ai demandé pourquoi ils n’avaient pas cherché une éventuelle solution, ceux que je dépannais marmonèrent, puis finirent par avouer qu’ils avaient peur d’essayer.

Pour moi, ces réactions incarnent l’impuissance acquise que le logiciel propriétaire encourage habituellement. Avec seulement un nombre limité d’outils visibles sur le bureau – de nombreux profondement enterrés dans plusieurs boîtes de dialogue imbriquées – et la plupart de ces outils ne donnant aucune indication sur la manière dont ils arrivent au résultat – l’utilisateur moyen de Windows n’est pas vraiment incité à apprendre l’administration de son système.

De l’autre coté, sur les systèmes libres, l’exploration est facile. La plupart des configurations, par exemple, se font en utilisant les fichiers texte en clair, que vous pouvez consulter à partir de votre gestionnaire de fichiers. Et puisque l’exploration amène des résultats rapides et probants, les utilisateurs de systèmes d’exploitation libres sont encouragés à explorer et à devenir demandeurs de ce type de fonctionnalités. Mettez-les sur un système Windows et ils vont probablement se plaindre d’être isolés du système, comme s’ils essayaient de faire de la saisie avec des moufles.

6. Les utilisateurs de logiciels libres désirent s’entraider

Les utilisateurs de logiciel libre n’ont rien contre les fichiers d’aide. A vrai dire, ils les aiment. Pour les pages « man » Unix traditionnelles, ils ont les pages d’informations en ligne de commande et l’aide en ligne sur le bureau. Mais ils sont beaucoup moins susceptibles que les utilisateurs propriétaires d’attendre un support technique formel. Au lieu de cela, ce qu’ils attendent ce sont les moyens de s’aider eux-mêmes, pas seulement les fichiers d’aide, mais un accès facile aux fichiers de configuration (de préférence en texte clair, lisible par l’homme), ainsi que les mails, les forums, les canaux IRC où ils peuvent se consulter les uns les autres. Une philosophie du « prend toi en main » est sous-jacente chez presque tous les utilisateurs de logiciels libres. Plus ils les utilisent, plus elles sont ancrées en eux.

7. Les utilisateurs de logiciels libres n’ont pas peur de la ligne de commande

Pour les utilisateurs de Windows, la ligne de commande est une chose effrayante. Et ce n’est pas étonnant, compte tenu de sa pauvreté et des ses limitations ; une nouvelle version était une des caractéristiques promises pour Vista mais elle a été abandonnée. Mais la ligne de commande est beaucoup plus conviviale dans les systèmes d’exploitation libres que dans Windows et de nombreux utilisateurs se familiarisent rapidement avec elle.

Dans presque tous les cas, une commande saisie a plus d’options et de puissance que son équivalent graphique dans le logiciel libre. Les utilisateurs se feront un plaisir d’utiliser l’interface graphique, mais, lorsque sa limite est atteinte, beaucoup basculeront avec autant de plaisir vers la ligne de commande. C’est en partie une attitude de geek, mais la vraie raison est le simple aspect pratique. À moins que les concepteurs d’interfaces arrivent à offrir les mêmes fonctionnalités que la ligne de commande, cela ne changera pas et pour être honnête, peu cherchent vraiment à le faire.

8 Les utilisateurs de logiciels libres apprennent des catégories de logiciels, pas des programmes

Empêchés d’apprendre facilement leur système d’exploitation, les consommateurs de logiciels propriétaires fonctionnent comme s’ils lançaient des sorts – recettes rituelles qui, si elles sont utilisées de façon adéquate, leur donneront les résultats escomptés. Ajouté au fait que les logiciels propriétaires peuvent être coûteux, ils ont tendance à se familiariser avec une suite bureautique, un navigateur Web et un client de messagerie. En conséquence, changer de logiciel peut être traumatisant pour eux.

En revanche, les utilisateurs de logiciels libres se trouvent avoir à la fois la connaissance du système et une sélection de logiciels à expérimenter. Ils peuvent s’arrêter à logiciel précis dans chaque catégorie, mais seulement après avoir expérimenté toutes les autres possibilités. S’ils ont besoin d’une fonctionnalité qui n’est pas prise en charge par le logiciel qu’ils avaient choisi, ils lui trouveront un remplaçant temporaire ou permanent, confiants que les autres fonctionnalités dont ils ont besoin seront dans les deux programmes. Beaucoup plus que chez les utilisateurs de logiciels propriétaires, leur loyauté est provisoire et tributaire de la qualité et de la sélection. Ils n’ont pas cet investissement financier qui enchaîne l’utilisateur de logiciels propriétaires à un fournisseur particulier et ne voient aucune raison de changer cela.

9. Les utilisateurs de logiciels libres désirent avoir accès aux développeurs et aux autres membres de la communauté

La communauté Libre peut se targuer d’être une méritocratie où le statut est le résultat d’accomplissements et de contributions. Comme le statut dépend de ce que vous avez fait récemment, il est moins immuable que dans un environnement classique. Même lorsque des dirigeants naturels existent, ils sont plus souvent considérés comme premiers parmi leurs pairs que comme ayant un contrôle direct sur les autres. Cela signifie que les membres de la communauté ne peuvent pas s’isoler derrière le mur de l’autorité. Les membres de la communauté ont généralement un accès direct aux chefs de projets, généralement via mail et IRC. Et personne parmi les chefs de projet ne s’oppose à cet arrangement.

Même dans les entreprises, les traces de cette structure horizontale existent. Au lieu d’y résister, les gestionnaires intelligents vont l’accepter et ne revendiqueront une place à part qu’en raison de leur position.

Conclusion

Combien de temps ces caractéristiques du logiciel libre vont continuer d’exister, cela est incertain. Au cours des dernières années, une nouvelle catégorie d’utilisateurs de systèmes d’exploitation libres sont apparus: ceux qui ne font que de la bureautique. Dans une hâte de devenir plus ergonomique – ce qui signifie généralement semblable à Windows – il est possible que la culture de l’utilisateur de logiciels libres devienne méconnaissable pour les utilisateurs de longue date dans les prochaines années.

Mais, cela semble peu probable. Principalement car la mouvance « strict utilisateur bureautique » ne peut pas saper la culture du Libre au point d’en faire une niche, isolée, traitée comme un cas particulier. À moins qu’ils ne se contentent de rester dans leur routine, sous un an ou deux, les utilisateurs bureautique devront faire face à un problème qu’ils ne pourront résoudre sans devenir soit plus aventureux soit plus en contact avec la véritable culture libre. Le jour où cela se produira, ils auront fait le premier pas pour s’éloigner de leur statut de consommateurs passifs pour devenir les propriétaires de leurs propres machines.

Bruce Byfield est un journaliste informatique qui écrit régulièrement pour Datamation, Linux.com, et Linux Journal.

Notes

[1] Citation issue du reportage d’Arte Nom de code : Linux.

[2] Crédit photo : Shaymus022 (Creative Commons By-Sa)




Guerre contre l’Empire – épisode 37 – formats ouverts – ODF vs OOXML

C’est toujours un peu la même histoire… Une histoire qui risque bien d’être au cœur politique, économique, écologique et social de ce siècle : un monde non marchand qui cherche à se faire une place dans des espaces toujours plus réduits et convoités par un monde marchand. Une histoire où le logiciel libre a son mot à dire en affirmant, confiant mais lucide, que la route est longue mais la voie est libre

L’épisode du jour c’est la question des formats, véritable ligne de front entre le monde libre et le monde propriétaire. Les enjeux sont en effet plus qu’importants : la transparence, l’interopérabilité et la pérennité de nos données numériques (qui à l’avenir seront presque synonymes de nos données tout court !).

Et pour ce qui est des formats numériques en bureautique alors là c’est carrément la guerre ouverte avec une opposition frontale entre l’OpenDocument et l’Open XML (ou OOXML) de Microsoft. Mais il y a Open et Open. Quand le premier offre de solides garanties le second ne semble être avant tout qu’une manœuvre pour conserver une position dominante de fait (dont le piratage massif de la suite Microsoft Office n’est pas étranger soit dit en passant)[1].

D’un côté le libre et ses arguments et de l’autre le propriétaire dont les arguties pseudo-pragmatiques à court terme chechent à retarder l’échéance pour continuer le plus longtemps possible à engranger des bénéfices (et rassurer les actionnaires). Nonobstant les moyens considérables à disposition de Microsoft pour faire pression sur les structures et pouvoirs en place, l’échéance est pourtant bel et bien inévitable comme nous le rappelle l’article ci-dessous.

Traduit par nos petits activistes de FramaLang[2], il nous vient de Red Hat, société (et distribution) bien connue du monde Linux et très active dans la promotion de l’OpenDocument.

Screenshot - Red Hat Magazine web site

ODF : Le format inévitable

ODF: The inevitable format

T. Colin Dodd – 25 juillet 2007 – Red Hat Magazine

En 1999, un scientifique voulut consulter des données sur les échantillons collectés sur le sol de Mars en 1975 par la sonde Viking. Il souhaitait en effet tester une théorie sur la détection de l’existence de bactéries et de microbes Martiens – en d’autres termes, trouver de la vie sur Mars. Le scientifique pensait qu’il trouverait ce qu’il cherchait quelque part sur un site de la NASA, mais ce ne fut pas si simple. Les données originales avaient été égarées, et lorsque l’on retrouva les énormes bandes magnétiques qui conservaient les données, elles étaient "dans un format si ancien que le programmeur qui le connaissait était mort." Par chance quelqu’un trouva une imposante impression papier de ces données et la compréhension de l’univers par l’humanité se développa un peu plus… Le sentiment tragique qui aurait accompagné la perte de cette connaissance est l’écho des récits de la destruction de la Bibliothèque d’Alexandrie, et probablement ce pourquoi les autodafés sont un signe certain d’une société malade.

Bien sûr, toutes les données perdues ou inaccessibles ne contiennent pas des preuves de la vie sur Mars, et toutes les bribes d’informations n’ont pas besoin de survivre à leur créateur. Beaucoup de documents illisibles ne manqueront jamais, mais une politique publique responsable demande que les documents gouvernementaux – contrats, actes notariés ou enregistrements juridiques qui font autorité pour des décades ou même des siècles – doivent être archivés et accessibles. Quel que soit le cas, quand la donnée est stockée et partagée dans un format ancien ou propriétaire disparu, elle deviendra au fil du temps onéreuse d’accès ou disparaitra entièrement à tout jamais.

Lorsque l’on parle de créer, partager ou stocker numériquement des documents, la technologie qui prévient le dépérissement des formats existe déjà et elle est largement (et de plus en plus) utilisée. Elle s’appelle l’Open Document Format (ODF) et si vous ne l’utilisez pas aujourd’hui, vous le ferez sûrement un jour.

ODF, un langage de description de document basé sur le XML, a été initialement développé en 1999 par StarDivision, et ensuite par le projet OpenOffice.org de Sun Microsystem[3]. Conçu comme une alternative libre aux logiciels de gestion de documents propriétaires, qui dominaient alors le marché, la force motrice soutenant l’ODF était le besoin d’un format de document indépendant d’un éditeur et d’une application, lisible et enregistrable par tous, sans s’encombrer de royalties dues aux licences. Sa promotion se basait sur le fait que le monde des affaires et les contribuables pourraient économiser de l’argent. Un format ouvert créerait une compétition dans la sphère des applications de gestion de documents. Tous les documents pourraient être lus et partagés par quiconque. Rien ne pourrait se perdre à cause du temps ou suite à des changements dans un code propriétaire ou à des exigences de licences. Des sujets de grand intérêt public – données de recensement, données météorologiques, statistiques sur la santé publique, rapports d’enquêtes, enregistrements de tribunaux ou recherche fondamentale scientifique, tous payés par les contribuables, ne seraient plus encodés dans un format unique, propriétaire et fermé, demandant aux citoyens de payer double pour accéder à leurs propres informations. L’utilisation de l’ODF, disent ses partisans, permettrait de garder public les documents publics.

L’OASIS (Organization for the Advancement of Structured Information Standards) a été fondée en 2002 pour standardiser le format, qui a été reconnu par l’Organisation internationale de normalisation (ISO) en 2006[4]. L’Open Document Format Alliance s’est formée en mars 2006 pour promouvoir le format, et défendre le dossier public, légal et politique pour l’adoption de standards ouverts technologiques auprès des gouvernements et des institutions publiques.

"Red Hat était un membre fondateur de l’Alliance ODF et Tom Rabon (Vice-Président Corporate Affairs) est au comité exécutif," déclare Stéphanie McGarrah, ancienne Responsable des Politiques Publiques de Red Hat. "Red Hat travaille avec les autres membres du comité exécutif pour coordonner les efforts dans les discussions avec les gouvernements du monde entier à propos de l’ODF."

Bien que l’ODF ait été lancé avec beaucoup de bon sens, l’élan d’une large adoption a été entravé par l’inertie bureaucratique, les politiques locales, des idées fausses persistantes (renforcées par ses opposants) à propos de la viabilité de l’ODF et les "dangers" de son adoption. La plupart de la peur, de l’incertitude et du doute ont émané d’une source, dont les formats propriétaires constituent la plupart des documents dans le monde.

Les opposants à l’ODF ne peuvent admettre son adoption inévitable, et pratiquent un lobby actif à son encontre. Ce n’est pas que quelqu’un soit contre le format ODF en lui-même, ou trouve une quelconque vraie raison pour remettre en cause sa nécessité. La logique qui soutient l’ODF et la transparence de sa création est presque inexpugnable. Ce sont plutôt les standards ouverts sur lesquels l’ODF est bâti qui sont le plus souvent attaqués. Du point de vue de ses détracteurs, les choses sont bien telles qu’elles sont actuellement. Le « standard » est le leur. Ils ont la main mise sur le "marché" du document, et l’envisagent comme un "territoire" qu’ils ont "conquis" de façon juste. Ils ne peuvent envisager un futur sans lui (ça ne fait pas partie de leur plan stratégique), et tant que tout le monde utilise leurs applications et leurs formats, pourquoi changer ? Les opposants à l’ODF consacrent des ressources considérables à faire du lobbying auprès des législatures et des conseils d’administrations dans une tentative de les convaincre que l’adoption du format ODF limite en fait leur choix et fait du tort à l’efficacité apportée par le marché en "excluant" des éditeurs comme eux. Ils disent que la migration est coûteuse, et soutiennent même que l’adoption de l’ODF limitera l’accès public en encombrant l’environnement avec de trop nombreux formats "incompatibles". Et qui peut réellement croire tous ces "machins libres", d’ailleurs ?

Mais les partisans comme l’Alliance ODF ont leurs propres arguments, et la plupart d’entre eux sont issus de la preuve du contraire, du genre "En fait, c’est l’inverse qui est vrai…".

L’Alliance ODF défend l’idée que – au contraire – les standards ouverts encouragent le choix et la compétition entre fournisseurs en égalisant le terrain de jeu. Le standard est ouvert et disponible librement pour quiconque veut le mettre en oeuvre. Il n’y a pas de compétition autour du format, mais uniquement sur les applications qui l’utilisent. Dans cet univers, c’est la meilleure application qui gagne. L’alliance ODF souligne aussi que la mise en place ou la migration vers l’ODF n’est pas plus compliquée ou plus coûteuse que la mise à jour périodique d’une version à l’autre d’une application propriétaire, et en limitant les besoins de mises à jour futures, des réelles économies peuvent être réalisées avec le temps. À propos de l’accessibilité, Open Office (et les autres applications conformes à l’ODF) sont librement téléchargeables et prêtes à utiliser dès maintenant. Il n’y a pas de problèmes de compatibilité, disent-ils, seulement des problèmes de non coopération.

« Je pense que certains gouvernements ne sont pas au courant de l’ODF, ou n’ont pas les équipes techniques en place pour comprendre la valeur de l’ODF, » explique McGarrah. « Ainsi, c’est le travail de l’Alliance de diffuser ce message auprès des personnes au gouvernement qui prennent ces décisions ».

Mais l’argument irréfutable en faveur de l’utilisation de l’ODF pour les documents publics est le fait que c’est une meilleure affaire pour les citoyens et les contribuables sur le long terme. Utiliser des « standards » fermés, du logiciel propriétaire pour des documents publics est comme acheter le proverbial siège de toilettes à 10 000 $, ou interdire au gouvernement fédéral de négocier de meilleurs prix sur les médicaments auprès des sociétés pharmaceutiques au nom de patients de Medicaid et Medicare, ou essayer de nourrir une armée et reconstruire une zone de guerre en accordant des contrats secrets, non compétitifs et sans appels d’offre. C’est anti-compétitif dans le pire sens.

Malgré l’opposition, l’adoption de l’ODF suit une progression lente mais inexorable, et plus les politiciens prennent conscience de ce problème, plus l’ODF viendra défier l’ubiquité actuelle des formats propriétaires. Faisant un pas de plus en avant, le Japon a récemment demandé à ce que ses ministères passent des contrats avec des éditeurs de logiciels dont les applications sont bâties autour de standards ouverts. Le Brésil, la Pologne, la Malaisie, l’Italie, la Corée, la Norvège, la France, les Pays-Bas, le Danemark, la Belgique, le Commonwealth du Massachussetts, et le gouvernement de l’État de Delhi en Inde ont tous pris des engagements de principe sur l’adoption de l’ODF et, peut-être plus important, reconnaissent la nécessité d’utiliser des standards ouverts. L’Alliance ODF continue à équiper et éclairer les décisionnaires avec l’information et les outils dont ils ont besoin pour faire des recommandations et des politiques de changement, mais personne faisant la promotion de l’ODF ne pense qu’une large adoption est imminente. Cela prendra du temps.

« Ces décisionnaires ont beaucoup d’autres problèmes à gérer (par exemple : santé publique, éducation, transports, pauvreté…) et les décisions technologiques ne sont généralement pas en haut de leurs listes », déclare McGarrah. « Des progrès ont été faits dans une adoption plus large de l’ODF. Plusieurs gouvernements ont adopté l’ODF ou travaillent sur la mise en place du standard, mais il reste encore beaucoup à faire. »

ODF - Liberate your documents

Liens connexes :

Notes

[1] La situation des navigateurs web est similaire. D’un côté des navigateurs qui respectent les standards (tel Firefox) et de l’autre Internet Explorer qui ne les respecte pas et qui par là-même donne des cauchemars à tous les webmasters en les obligeant à d’usantes circonvolutions pour que leurs sites soient également compatibles visibles sur ce navigateur.

[2] Merci à VLI pour la traduction et Daria et Mben pour la relecture.

[3] NDT : suite au rachat de StarOffice par Sun.

[4] NDT : ISO/IEC 26300, Open Document Format for Office Applications (OpenDocument) v1.0.




Pourquoi faire un don à Wikipédia ? (et soutenir la culture libre et ses utopies)

Hamed Masoumi - CC byLorsque j’ai lu cet appel au don de Benjamin Mako-Hill j’ai eu envie de le proposer à traduction à la Dream Team FramaLang. D’abord parce que soutenir Wikipédia en tant que tel est important. Mais également parce que l’angle adopté par Mako Hill me semblait intéressant et sujet à réflexion.

Dans ce mouvement de la culture libre, dont on ne trouve pas de réelle définition, et où Wikipédia représente à la fois la figure de proue et le cheval de Troie, il y aurait donc des utopistes et des pragmatiques. Un peu comme la dialectique révolutionnaires vs réformistes du siècle dernier. Les classiques oppositions Stallman et la Free Software Foundation vs l‘Open Source, les licences des logiciels libres vs les licences Creative Commons, et pourquoi pas GNU/Linux vs Linux, ne s’inscrivent-elles pas en effet dans cette dichotomie ?

Oui (à n’en pas douter) Wikipédia représente bien plus que Wikipédia et oui (peut-être ? sûrement ?) elle constitue un formidable espoir pour les utopistes (dont je suis)[1].

Wikimedia et le mouvement de la culture libre

Wikimedia and the Free Culture Movement

Benjamin Mako-Hill – 11 décembre 2007 – whygive.wikimedia.org
(Traduction Framalang : GaeliX et Daria)

En même temps que les technologies de communication créaient un raz-de-marée dans la connaissance, la créativité et la communication, les créations culturelles sont plus que jamais sévèrement contrôlées et restreintes.
Une évolution plus que rapide du régime du droit d’auteur, fait de l’utilisation, la modification ou la distribution de presque tout document, une propriété exclusive de son créateur. Le « copyright » aujourd’hui est automatisé, étendu et est valable sur plus d’un siècle. Notre culture, aujourd’hui, est propriétaire.

Pour contrebalancer cette tendance, des écrivains, des scientifiques, des musiciens, des artistes, et d’autres encore, ont uni leurs efforts pour demander l’accès à la connaissance et à la création d’un mouvement social pour la culture libre – culture qui est libre comme dans liberté, même si elle ne l’est pas nécessairement dans le prix. Dans la courte vie de la culture libre, Wikipedia s’est positionné comme étant le plus important et le plus méritant des projets de culture libre. Le projet Wikimedia, dont Wikipédia fait partie, offre à quiconque travaille dans un objectif de culture libre un exemple de ce à quoi pourrait ressembler une réussite, des conseils pour la meilleure façon d’y arriver, et l’inspiration pour continuer.

Votre soutien à la Fondation Wikimedia durant la collecte de fonds cette année a donné plus de résultats que le simple financement de la fondation et de ses projets. Il a soutenu et ouvert la voie à un mouvement mondial en faveur de la culture libre qui est déjà beaucoup plus vaste que Wikipedia, Wikimedia, et autres wikis. Le mouvement de la Culture Libre, comme le démontre Wikipédia, offre une vision convaincante de comment nous pourrions améliorer la façon dont nous produisons et consommons l’information tout au long de notre vie.

Culture Libre

En vertu des lois de copyright actuelles, on ne peut pas légalement copier un article pour un ami, faire un remix d’une vidéo, ou chanter Happy Birthday dans un restaurant sans demander une autorisation et, dans la plupart des cas, de payer une licence. Plus embêtant, la plupart des oeuvres culturelles sont soumises au copyright, par défaut, au moment de leur création, à moins qu’il ne soit précisé explicitement que ces œuvres peuvent être utilisées, copiées et modifiées.
Par le biais du droit d’auteur, l’accès aux plus importantes ressources culturelles et universitaires sont bloquées par les « péages » et les restrictions. L’accès légal à la plupart des connaissances et à la culture est cher – et d’un coût prohibitif pour la plupart d’entre nous. La création d’œuvres s’inspirant d’un sujet, ou en étant dérivées – comme l’échantillonnage ou les remixes – est souvent purement et simplement interdite.

Outrés par cette situation, les créateurs et les consommateurs de culture exigent une plus grande liberté de distribuer et de modifier ces biens de consommation dans le cadre du mouvement de la culture libre. Bien que certains leaders du mouvement aient résisté à la déclaration d’objectifs explicites, ils ont constamment placé la culture libre en opposition à l’attitude "hautement protectionniste» du droit d’auteur et de la propriété intellectuelle. La musique, l’art, les connaissances et la culture, nous disent les activistes de la culture libre, doivent être largement accessibles, flexibles dans les conditions et restrictions concernant leur utilisation, redistribution et modification.

Pour partie, le mouvement de la culture libre est constitué d’Utopistes qui imaginent, décrivent et épousent le monde de ce qu’ils ressentent comme étant vraiment la culture libre. Pour ces Utopistes, la culture libre est un aperçu du monde idéal où les connaissances peuvent être utilisées, étudiées, modifiées, construites, distribuées et partagées sans restriction. C’est un monde où les créateurs sont à leur juste valeur et universellement respectés, reconnus pour leur mérite, et rémunérés. Le principal problème que rencontrent ces Utopistes, est que, dans de nombreux cas, ils ne savent pas comment passer de la culture contemporaine – fondée sur l’économie, le droit d’auteur, la propriété, le contrôle et les demandes d’autorisations – à leur monde idéal.

Sentant que l’Utopie n’est pas viable, les pragmatiques de la culture libre préconisent d’essayer d’obtenir le plus possible en réformant le système actuel du copyright et de faire ensuite des améliorations progressives. En particulier, ces pragmatiques estiment que l’idéalisme utopique détruit l’exclusivité de la commercialisation qui aide à soutenir la production de nombreuses oeuvres créatives. Il vaut mieux, disent-ils, se mettre d’accord sur un usage non commercial ou de copie in extenso que de conserver le droit d’auteur par défaut c’est-à-dire «tous droits réservés»

Le mouvement de la culture libre est tiraillé entre le désir de créer un monde de connaissances vraiment libres et le fait, que dans cette optique, pour ces mêmes connaissances, ils ont éliminé tous les systèmes financiers et sociaux viables qui soutenaient la création des oeuvres. Les pragmatiques font des compromis avec cette vision utopique d’un monde libéré pendant que les Utopistes prônent ce qui semble être irréaliste pour beaucoup.

Wikimedia

Wikimedia est un projet de culture libre utopique. Son objectif n’est pas seulement de recueillir des connaissances, son objectif est de le faire librement. Wikipedia a été créée avant de savoir s’il était sûr qu’une encyclopédie libre pouvait exister, serait un succès ou si elle serait mieux que les solutions propriétaires existantes. Son objectif était d’être libre, ouverte et sans restriction. Ironiquement, c’est cet attachement idéaliste qui a conduit à la création d’alternatives et à redéfinir ce qui est possible et réaliste de faire. Dans le monde du Libre, rien ne le prouve mieux que Wikipedia. Rien ne donne, plus qu’elle, l’espoir aux Utopistes de la culture libre.

Wikimedia est importante tout simplement parce qu’elle existe et qui plus est parce qu’elle existe librement. Etant l’un des sites actifs les plus visités, Wikipedia est un endroit incontournable pour tout chercheur ou internaute. C’est souvent la réponse aux questions et à la curiosité de millions de personnes. Ce n’est pas simplement qu’elle a réponse à beaucoup de sujets, c’est plus que cela. Ce n’est plus trop un sujet controversé que de dire que Wikipedia est l’unique ouvrage de référence réellement impressionnant qui ait jamais été produit. Elle est l’un des plus importants ouvrages de culture existant dans le monde. Et qui plus est, elle est gratuite.

Au début de cette année, le comité exécutif de la Fondation Wikimedia a formulé un engagement explicite pour une interconnexion forte entre les objectifs de la culture libre. Par cette résolution, le conseil d’administration de la Fondation Wikimedia a précisé ce qui était évident pour les personnes impliquées dans le projet: Wikipédia a réussi, non pas en dépit du fait que l’encyclopédie est libre, mais justement parce qu’elle est libre. Les projets Wikimedia ont de la valeur précisément parce qu’ils ont aplani les obstacles à la contribution, l’utilisation et la réutilisation.

Fait tout aussi important pour le mouvement libre, Wikimedia a montré l’exemple et a dépeint comment une culture libre pouvait être atteinte. En grande partie à cause de Wikimédia, les wikis – autrefois outils marginaux utilisés par un petit nombre de geeks – sont la technologie de base de la production de culture libre, sur des milliers de wikis et sur des myriades de sujets. Les technologies, les modèles sociaux, les structures de communication, les politiques décisionnelles, les procédures et les systèmes, chacun contribue à l’inspiration et à donner des instructions aux autres personnes de la communauté libre élargie. Dans chacun de ces domaines, les projets Wikimédia fournissent un ensemble de modèles novateurs et de pratiques captivantes, qui ont réussi et qui sont bien documentés.

Faire un don à la Fondation Wikimedia

Alors que Wikipédia est libre d’utilisation et est écrite sans compensation directe pour la grande majorité des contributeurs, faire fonctionner Wikipedia n’est pas sans coûts. Wikipédia est libre comme dans le discours, mais pas gratuit comme dans bière – du moins pas pour la Fondation Wikimedia. Un soutien financier est nécessaire pour alimenter les serveurs, soutenir le développement technologique indispensable, lutter contre les menaces judiciaires, et assurer une communauté saine et productive. Ce travail essentiel est payé par les dons à la Fondation Wikimedia.

Et pourtant, alors que ces dons sont destinés au soutien de Wikimedia et aux membres de ses équipes projet, leur impact sur le mouvement libre est beaucoup plus grand et plus important. Comme symbole visible de la culture libre pour la grande majorité des gens qui n’ont jamais entendu ce terme, Wikimedia est intimement lié à la réussite de la culture libre. Wikipédia ne fournit pas seulement un exemple de la façon dont la culture libre est possible, elle montre comment cela peut être fait. elle montre également que la liberté de la culture – la culture vraiment libre – est meilleure que les solutions propriétaires. Wikipedia a déjà ouvert la voie à la réussite de centaines de projets de culture libre. Son succès dans ses luttes, y compris cet appel à la collecte de fonds, aidera ou pénalisera les perspectives immédiates de l’ensemble du mouvement pour la culture libre.

Alors, s’il vous plaît, rejoignez-moi en faisant un don à la Fondation Wikimedia cette année. Le sort de bien plus que Wikipedia est dépendant de notre générosité.

Notes

[1] Crédit photo : Hamed Masoumi (Creative Commons By)




Culture wants to be free !

Timcowlishaw - CC by-saUne traduction un peu datée mais ô combien actuelle en France à l’heure où Monsieur Sarkozy souhaite simultanément démocratiser la culture et sauver l’industrie musicale (ce qui peut devenir antinomique si l’on s’y prend mal !).

Il s’agit d’un communiqué du Parti Libéral norvégien (que certains classent dans la gauche libérale et qui pesait 6% aux dernières élections locales)[1].

La culture veut être libre !

Culture wants to be free!

The Liberal Party – 16 avril 2007
(Traduction Framalang : VLI, Daria et Yostral)

Congrès du Parti Libéral, 14 avril 2007 : Le Congrès du Parti Libéral (Venstre) a déclaré que les cadres légaux actuels sur les droits d’auteurs ne sont pas adaptés à une société moderne. Les nouvelles technologies donnent aux artistes et aux consommateurs de vastes opportunités, mais créent aussi des défis. L’équilibre entre les demandes des consommateurs, le besoin de la société à l’ouverture et à l’accès à la culture, et le droit des artistes aux revenus et à l’attribution des oeuvres, doit s’améliorer.

La loi sur les droits d’auteurs est dépassée. Une société dans laquelle la culture et la connaissance sont libres et accessibles à tous en termes identiques est un bien commun. Les grands distributeurs et les détenteurs de droits d’auteurs détournent systématiquement et à grande échelle les copyrights, et de ce fait bloquent le développement artistique et l’innovation. Par conséquent, le Parti Libéral veut réintroduire l’équilibre dans la loi sur les droits d’auteurs avec différentes modifications :

Liberté du partage de fichiers : Le développement des techniques a permis la diffusion de la culture, qu’elle soit populaire ou de niche, au travers du globe, avec un coût minime. Nous avons besoin de nouvelles façons de dédommager les artistes et les détenteurs des droits d’auteur, pour rendre le partage de fichiers possible. Les lois et régulations, tant nationales qu’internationales, doivent être modifiées pour réguler uniquement les limitations d’utilisation et de distribution dans un contexte commercial.

Liberté d’échantillonage / reproduction : L’opinion du Parti Libéral est que les lois restrictives actuelles concernant les droits d’auteurs créent une situation difficile pour les musiciens, les producteurs de films, les écrivains et d’autres artistes lorsqu’ils veulent recréer ou retravailler d’anciennes oeuvres ou productions. En principe, ceci est illégal sans le consentement de tous les détenteurs des droits des oeuvres originales. Le Parti Libéral veut simplifier cette situation. La recréation d’anciennes oeuvres devrait être régulée comme un usage juste, et les lois existantes sur le plagiat sont plus que suffisantes pour protéger les droits des détenteurs des copyrights.

Durée de vie des droits d’auteurs plus courte : Actuellement, les droits d’auteurs en Norvège restent valides 70 ans après le décès du détenteur original des droits. Ceci est excessif ; les termes des droits d’auteur doivent être à un niveau qui équilibre mieux l’innovation et la diffusion de la culture. Le Parti Libéral voudrait une durée de vie plus courte sur les droits d’auteur.

Interdiction des DRM : Le Parti Libéral déclare que quiconque a acheté le droit d’utiliser un produit a besoin d’un moyen technologiquement neutre de l’utiliser. Ceci signifie que les distributeurs ne peuvent contrôler comment les citoyens peuvent jouer la musique numérique qu’ils ont légalement achetée. Le Parti Libéral veut prohiber les limitations techniques sur les droits légaux des consommateurs à utiliser librement et distribuer l’information et la culture, connues sous le nom de DRM. Au cas où une interdiction sur les DRM sortirait de la juridiction norvégienne, les produits qui utilisent des technologies de DRM devraient clairement mentionner le périmètre de leur utilisation avant d’être vendus.

Notes

[1] Crédit photo : Timcowlishaw (Creative Commons By-Sa)




De l’inexorable déclin de l’empire musical

Qui est en crise ? La musique ou l’industrie musicale ?

Le second aimerait laisser croire que c’est du premier qu’il s’agit mais j’ai ma petite idée sur la question et cet article du célèbre magazine Rolling Stone traduit par nos soins[1] ne fait que renforcer mon impression.

On notera qu’il n’est pas fait mention des modèles alternatifs que pourraient constituer toutes les initiatives actuelles autour de la musique en libre circulation sous licences Creative Commons ou apparentées. Mais la période est propice et nulle doute qu’il naîtra quelque chose d’intéressant de ce petit chaos dont il est difficile de ne pas rendre l’industrie musicale principalement responsable.

Un système fortement propriétaire et monopolistique opposé à une pratique généralisée du piratage dont sortirait vainqueur un troisième larron qui porterait haut la main les couleurs de la liberté, cela nous vous rappelle rien ?[2]

4 pesos - Libertinus - CC BY-SA

Le déclin de l’industrie du disque

The Record Industry’s Decline

Rolling Stone – Brian Hiatt et Evan Serpick – 19 juin 2007

Les ventes de disques plongent et il n’y a pas d’espoir à l’horizon : Qu’est-ce qui a flanché.

Pour l’industrie du disque, ce fut l’une des rares bonnes nouvelles : le nouvel album de Linkin Park s’est vendu à 623 000 exemplaires au cours de sa première semaine en mai, le meilleur démarrage de l’année. Mais c’est loin d’être suffisant. Au cours du même mois, la maison de disque du groupe, Warner Music Group, a annoncé qu’elle allait se séparer de 400 personnes et sa valeur boursière s’est difficilement maintenue à 85% de son maximum de juin l’année dernière.

Les ventes globales de CD se sont effondrées de 65% pour cette année jusqu’à maintenant et ceci après 7 ans d’une érosion presque constante. Face à un piratage à grande échelle, l’attrait grandissant des consommateurs pour les singles numériques face aux albums qui dégagent plus de marge et d’autres maux, l’industrie du disque a plongé dans un déclin historique.

Les principaux labels se battent pour réinventer leurs modèles économiques, certains se demandent même s’il n’est pas déjà trop tard. "Le business du disque est terminé" dit l’avocat de la musique Peter Paterno, qui représente Metallica et Dr Dre. "Les labels ont des avantages formidables… c’est juste qu’ils ne peuvent pas en tirer de l’argent". Une source haut placée dans l’industrie du disque, qui désire rester anonyme, va même plus loin : "Nous avons un business agonisant. Il n’y aura bientôt plus de grand label."

En 2000, les consommateurs américains ont acheté 785.1 millions albums, l’année passée ils en ont acheté 588.2 millions (un nombre qui regroupe les ventes de CD et les albums téléchargés), d’après Nielsen Soundscan. En 2000, les 10 meilleures ventes d’albums aux Etats-Unis représentaient 60 millions d’exemplaires, en 2006 les 10 meilleures n’en totalisaient plus que 25 millions. Les ventes de musique numérique augmentent, les fans ont achetés 582 millions de singles numériques l’an passé, en hausse de 65% par rapport à 2005 et ont acheté pour 600 millions de dollars de sonneries, mais les nouvelles sources de revenus ne compensent pas les pertes.

Plus de 2000 employés de maisons de disque ont été mis à la porte depuis 2000. Le nombre de majors est tombé de cinq à quatre quand Sony Music Entertainment et BMG Entertainment ont fusionné en 2004 et deux des labels restant, EMI et Warner, ont flirté avec leur propre fusion pendant des années.

Environ 2 700 magasins de musique ont fermé à travers le pays en 2003, d’après le groupe d’étude Almighty Institute of Music Retail. L’année dernière, la chaîne Tower Records (89 magasins), qui représente 2,5% des ventes au détail, a mis la clé sous la porte et Musicland, qui chapeautait plus de 800 magasins sous la marque Sam Goody, entre autres, a fait banqueroute. Environ 65% des ventes de musique se font maintenant dans les magasins généralistes comme Wal-Mart et Best Buy, qui proposent moins de variété que les magasins spécialisés et font moins d’effort pour promouvoir les nouveaux artistes.

Il y a encore quelques années, de nombreux dirigeants de l’industrie pensaient que leurs problèmes pourraient être réglés avec des plus gros hits. "Il n’y avait rien qu’un bon hit ne puisse faire pour ces gens-là" nous confie une source qui a travaillé en étroite collaboration avec les grands patrons plus tôt dans cette décennie. "Ils se rendaient compte que les choses allaient mal et ne faisaient qu’empirer, mais je ne suis pas sûr qu’ils avaient la bande passante pour trouver des solutions. Maintenant, peu d’entres eux sont encore à la tête de ces entreprises."

De plus en plus de patrons de maisons de disque maintenant semblent se rendre compte que leurs problèmes sont structurels : Internet paraît être la rupture technologique ayant le plus de conséquence pour l’économie de la vente de musique depuis les années 20, quand les enregistrements phonographiques ont remplacé les partitions comme centre des profits de l’industrie. "Nous devons collectivement comprendre que les temps ont changé", dit Lyor Cohen, PDG de Warner Music Group USA. En juin, Warner a annoncé un accord avec le site web lala.com qui permettra aux consommateurs d’écouter en ligne l’essentiel de leur catalague gratuitement, en espérant que cela les poussera à payer pour des téléchargements. C’est là la dernière des plus récentes tentatives des majors, qui aurait semblé impensable il y a quelques années :

  • En mai, l’une des quatre majors, EMI, a commencé à permettre à l’iTunes Music Store de vendre son catalogue les protections anti-copies sur lesquels les labels ont insisté pendant des années.
  • Quand YouTube a commencé à montrer des clips sans permission, les quatre labels ont signé des accords de licence plutôt que de lancer des poursuites pour violations de droits d’auteur.
  • Au désarroi de certains artistes et managers, les labels s’obstinent sur des accords avec de nombreux artistes grâce auxquels ils touchent un pourcentage sur les tournées, les produits dérivés, les produits sponsorisés et d’autres sources de revenus sans liens avec la musique enregistrée.

Qui a donc tué l’industrie du disque comme nous la connaissions ? "Les maisons de disque ont créé cette situation elles-mêmes", dit Simon Wright, PDG de Virgin Entertainment Group, qui dirige les Virgin Megastores. Bien que certains facteurs ne relèvent pas du contrôle des labels, de l’avènement d’Internet à la popularité des jeux-vidéo et des DVD, beaucoup dans l’industrie voient les sept dernières années comme une série d’opportunités sabotées. Parmi les plus importantes, disent-ils, se trouve l’incapacité qu’ont eu les labels à gérer le piratage en ligne à son balbutiement en faisant la paix avec le premier service de partage en ligne : Napster. "Ils ont jeté des milliards et des milliards de dollars par la fenêtre en attaquant Napster, c’est à ce moment que les labels se sont tués eux-mêmes", dit Jeff Kwatinetz, PDG de l’entreprise de management The Firm. "L’industrie du disque avait alors une opportunité incroyable. Tout le monde utilisait le même service. C’était comme si tout le monde écoutait la même station de radio. Ensuite Napster a fermé et ses 30 à 40 millions d’utilisateurs se sont tournés vers d’autres services de partage."

Les choses auraient pu être différentes : sept ans auparavant, les grands patrons de l’industrie du disque se sont réunis pour des discussions secrètes avec le PDG de Napster, Hank Barry. Lors d’une rencontre le 15 Juillet 2000, les dirigeants, y compris le PDG de la maison mère d’Universal, Edgar Bronfman Jr., le chef de Sony Corp, Nobuyuki Idei, et celui de Bertelsmann, Thomas Middelhof, se sont réunis avec Barry dans un hôtel à Sun Valley, Idaho et lui ont annoncé qu’ils voulaient conclure des accords de licence avec Napster. "M Idei a commencé la réunion", se souvient Barry, maintenant directeur de l’entreprise de droit Howard Rice. "Il disait que Napster était ce que les clients voulaient."

L’idée était de laisser les 38 millions d’utilisateurs de Napster libres de télécharger pour un abonnement mensuel, à peu près 10$, dont les revenus seraient partagés entre le service et les labels. Mais finalement, malgré une offre publique de 1 milliard de dollars de Napster, les compagnies ne sont jamais parvenues à un accord. "Les maisons de disque devaient sauter de la falaise, mais elles n’arrivaient pas à réunir le courage nécessaire", dit Hilary Rosen, qui était alors directrice de la Recording Industry Association of America. "Beaucoup de gens disent, ‘Les labels étaient des dinosaures et des idiots, c’était quoi leur problème ?’ Mais leurs revendeurs leur disaient, ‘Vous feriez mieux de ne rien vendre en ligne moins cher qu’en magasin’ et ils y avaient des artistes qui leur disaient ‘Ne déconnez pas avec les ventes de Wal-Mart.’ " ajoute Jim Guerinot, qui s’occupe de Nine Inch Nails et Gwen Stefani, "Innover signifiait cannibaliser leur marché principal."

Pis encore, les maisons de disque ont attendu presque deux ans après la fermeture de Napster le 2 juillet 2001 avant de donner leur accord à une plateforme légale de téléchargement, une alternative aux services d’échanges non-autorisés : l’iTunes Music Store d’Apple, qui a ouvert au printemps 2003. Avant cela, les labels ont lancé leurs propres services à abonnement : Pressplay, qui ne proposait au début que Sony, Universal et EMI et MusicNet, qui n’offrait que les catalogues de EMI, Warner et BMG. Ces services ont échoué. Ils étaient onéreux, n’offraient peu ou pas de possibilité de graver des CD et n’étaient pas compatibles avec beaucoup de lecteurs MP3 du marché.

Rosen et d’autres voient cette période entre 2001 et 2003 comme désastreuse pour le business. "C’est à ce moment-là que nous avons perdu les utilisateurs" dit Rosen. "Le peer-to-peer a pris le dessus. C’est à ce moment-là qu’on est passé d’une situation où la musique avait une vraie valeur dans l’esprit des gens à une autre où elle n’avait plus de valeur économique mais uniquement émotionnelle.

A l’automne 2003, la RIAA a lancé ses premières poursuites pour violation des droits d’auteur contre des personnes partageant des fichiers. Ils ont depuis attaqué plus de 20 000 fans de musique. La RIAA maintient que les poursuites sont faites pour passer le message que le téléchargement non autorisé peut avoir des conséquences. "Ce n’est pas fait pour punir" dit le président de la RIAA, Mitch Bainwol. Mais le partage de fichiers ne disparaît pas pour autant, le nombre d’utilisateurs de logiciels de peer-to-peer a augmenté de 4,4% en 2006, avec environ 1 milliard de chansons téléchargées illégalement par mois, d’après le groupe d’étude BigChampagne.

Malgré les maux de l’industrie, les gens écoutent toujours au moins autant de musique qu’avant. Les consommateurs ont acheté plus de 100 millions iPods depuis leur commercialisation en novembre 2001 et l’économie des tournées est florissante, atteignant un record l’année passée avec 437 millions de dollars. Et selon l’organisme NPD Group, l’audimat de la musique enregistrée, que ce soit depuis les CD, les téléchargements, les jeux-vidéo, les radios satellites, la radio terrestre, les flux en ligne ou d’autres sources, a augmenté depuis 2002. Le problème auquel fait face l’industrie est de convertir cet intérêt en argent. "Comment se fait-il que les gens qui font la musique fassent banqueroute alors que l’utilisation des produits explose ?" se demande Kwatinetz de chez Firm. "Le modèle est mauvais."

Kwatinetz voit d’autres compagnies, plus petites, depuis les entreprises de management comme la sienne, qui maintenant fait aussi maison de disque, aux pièces rapportées comme Starbucks, s’inviter. Paul McCartney a récemment abandonné sa longue relation avec EMI Records pour signer avec le jeune Hear Music de Starbucks. Le géant des jeux-vidéo Electronic Arts a aussi lancé son label, utilisant la valeur promotionnelle de ses jeux et le renaissant CBS Records va vendre la musique utilisée dans les émissions de la chaîne CBS.

Accorder des droits sur la musique aux jeux-vidéo, aux films, aux émissions de télévision et aux services avec abonnement en ligne devient une source de revenue grandissante. "Nous nous attendons à devenir un organisme qui accorde des contrats de licence" dit Cohen de Warner, qui en mai a lancé une nouvelle division, Den of Thieves NdT : L’antre des voleurs, dédiée à la production d’émissions de télévision et autres contenus vidéo basés sur ses droits musicaux. Et les maisons d’édition cherchent à augmenter leurs parts dans le business en pleine croissance de la publication musicale qui collecte les redevances liées aux droits d’auteur auprès des radios et d’autres sources. La société qui s’occupe de percevoir les droits liés aux spectacles vivants, ASCAP, annonce des revenus records de 785 millions de dollars pour 2006, en hausse de 5% par rapport à 2005. "Tous les indicateurs sont au vert" d’après Martin Bandier, PDG de Sony/ATV Music Publishing, qui contrôle la publication des Beattles. "La publication de musique va prendre une part de plus en plus importante dans le business" dit-il. "Si je travaillais pour une maison de disque, je serais en train de m’arracher les cheveux. Le monde de l’édition musicale est dans la confusion la plus totale, à la recherche d’une échappatoire.

Presque chaque acteur de l’industrie du disque est touché. "L’un des grands secteurs américains a été durement touché", dit Bainwol de la RIAA, qui accuse le piratage, "depuis les paroliers jusqu’aux accompagnateurs ou aux gens qui travaillent pour les labels. Le nombre de groupes en contrat avec les labels a été sérieusement atteint, en baisse de presque un tiers."

Les temps sont durs pour les employés des maisons de disque. "Les gens se sentent menacés" dit Rosen. "Leurs amis se font virer de tous côtés." Adam Shore, directeur de Vice Records, alors affilié à Atlantic Records, disait à Rolling Stone en janvier que ses collègues vivent une "crise existentielle." "Nous avons de super disques, mais nous ne sommes vraiment pas sûrs que les gens vont les acheter" dit-il. "On a un peu l’impression de perdre la foi."

Notes

[1] Nos soins ce sont nos p’tits gars (et filles) de Framalang of course !

[2] L’illustration est une photographie de Libertinus intitulée 4 pesos issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY-SA.




Open source ? Logiciel libre ? Les deux mon capitaine ?

Gianca - CC by-saNous reproduisons ici un article de la FSF de Stallman expliquant pourquoi de son point de vue il est plus que préférable, sémantiquement parlant, d’utiliser l’expression « logiciel libre » plutôt que « Open Source ».

Chez les francophones le débat est atténué parce que « libre » ne peux également signifier « gratuit » mais aussi parce que le monde de l’entreprise semble avoir adopté « logiciel libre » dans sa grande majorité.

Il n’empêche que cette polémique interne, de celles qu’affectionnent tant la communauté, est loin d’être stérile dans la mesure où elle permet à tout un chacun de mieux se positionner par rapport à sa propre définition d’un logiciel libre ainsi qu’au mouvement qui lui est associé[1].

Par exemple c’est toute l’approche pragmatique Windows de Framasoft qui se trouve interpellée par cette citation de Stallman extraite d’un autre billet blog : « Si vous n’avez pas la liberté pour principe, vous trouverez toujours une bonne raison de faire une exception. Il y aura toujours des moments où, pour une raison ou pour une autre, il y a un avantage pratique à faire une exception. »

Bonne lecture…

Pourquoi l’« Open Source » passe à coté du problème que soulève le logiciel libre

Why Open Source misses the point of Free Software

Richard Stallman – dernière mise à jour : 19 juin 2007
(Traduction : Mathieu Stumpf)

Quand on dit qu’un logiciel est « libre », on entend par là qu’il respecte les libertés essentielles de l’utilisateur : la liberté de l’utiliser, de l’étudier et de le modifier, et de redistribuer des copies avec ou sans modification. C’est une question de liberté, pas de prix, pensez donc à « liberté d’expression » (ndt : « free speech » en anglais), et pas à « bière gratuite » (ndt : « free beer » en anglais).

Ces libertés sont d’une importance vitale. Elles sont essentielles, pas juste pour les enjeux individuels des utilisateurs, mais parce qu’elles promeuvent la solidarité sociale, que sont le partage et la coopération. Elles deviennent encore plus importantes à mesure que de plus en plus notre culture et les activités quotidiennes sont numérisés. Dans un monde de sons, d’images et de mots numériques, le logiciel libre devient de plus en plus nécessaire pour la liberté en général.

Des dizaines de millions de personnes à travers le monde utilisent maintenant le logiciel libre ; les écoles des régions de l’Inde et de l’Espagne enseignent maintenant à tous les étudiants à utiliser le système d’exploitation libre GNU/Linux. Mais la plupart des utilisateurs n’ont jamais entendu parler des raisons éthiques pour lesquelles nous avons développé ce système et bâti la communauté du logiciel libre, parce qu’aujourd’hui ce système et la communauté sont plus souvent décrits comme « open source » (ndt : à code source ouvert) et attribués à une philosophie différente dans laquelle ces libertés sont à peine mentionnées.

Le mouvement du logiciel libre a fait campagne pour la liberté des utilisateurs d’ordinateur depuis 1983. En 1984 nous avons lancé le développement du système d’exploitation libre GNU, pour pouvoir ainsi éviter d’utiliser un système qui refuse la liberté à ses utilisateurs. Durant les années 80, nous avons développé la majeure partie des composants essentiels d’un tel système, tout autant que la GNU General Public License, une licence conçue spécifiquement pour protéger la liberté pour tous les utilisateurs d’un programme.

Cependant, tous les utilisateurs et les développeurs de logiciel libre n’étaient pas en accord avec les buts du mouvement du logiciel libre. En 1998, une partie de la communauté du logiciel libre s’est mise à part et a commencé à faire campagne au nom de l’« open source ». Le terme fut originellement proposé pour éviter une possible incompréhension du terme « logiciel libre » (ndt : « free software ») mais il fut bientôt associé avec des points de vue philosophique complètement différents de ceux du mouvement du logiciel libre.

Certains des partisans de l’« open source » considéraient cela comme « une campagne marketing pour le logiciel libre » qui plairait aux cadres des entreprises en citant les avantages pratiques, tout en évitant les idées de bien ou de mal qu’ils pourraient ne pas aimer entendre. D’autres partisans rejetèrent catégoriquement les valeurs morales et sociales du mouvement du logiciel libre. Quel que fut leur point de vue, pendant leur campagne sur l’« open source » ils ne mentionnèrent ou ne préconisèrent pas ces valeurs. Le terme « open source » devint rapidement associé avec la pratique de ne citer que les valeurs pratiques, tel que faire des logiciels puissants et fiables. La plupart des défenseurs de l’« open source » se sont ralliés à celui-ci depuis, et cette pratique est celle dont ils se servent.

Pratiquement tous les logiciels « open source » sont des logiciels libres ; les deux termes décrivent pratiquement la même catégorie de logiciel. Mais ils représentent des vues basées sur des valeurs fondamentalement différentes. L’« open source » est une méthodologie de développement ; le logiciel libre est un mouvement social. Pour le mouvement du logiciel libre, le logiciel libre est un impératif éthique, parce que seul le logiciel libre respecte la liberté de l’utilisateur. En revanche, la philosophie de l’« open source » considère uniquement les questions pratiques en termes de performance. Cela signifie que les logiciels non-libres sont des solutions sous-optimales. Pour le mouvement du logiciel libre cependant, les logiciels non-libres sont un problème social et migrer vers les logiciels libres est une solution.

« Logiciel libre ». « Open source ». Si ce sont les mêmes logiciels, le nom utilisé pour les qualifier est-il important ? Oui, parce que des mots différents véhiculent des idées différentes. Bien qu’un programme libre avec n’importe quel autre nom vous donnerait la même liberté aujourd’hui, l’établissement de la liberté de manière durable dépend par dessus tout de l’enseignement de la valeur de la liberté. Si vous voulez aider à faire cela, il est essentiel de parler de « logiciel libre ».

Nous, dans le mouvement du logiciel libre, nous ne considérons pas le mouvement « open source » comme un ennemi ; l’ennemi est le logiciel propriétaire. Mais nous voulons que les gens sachent que nous représentons la liberté, alors nous n’acceptons pas d’être incorrectement assimilés aux défenseurs de l’« open source ».

Malentendus courants sur le « logiciel libre » et l’« open source »

Ndt : Le paragraphe suivant traite de l’amalgame qui existe dans le terme « logiciel libre » dans la langue anglaise. En effet, en anglais on parle de « free software », le mot « free » pouvant s’interpréter aussi bien par « libre » que par « gratuit ». En français cet amalgame n’existe pas.

Le terme de « free sofware » souffre d’un problème de mauvaise interprétation : une signification fortuite, « un logiciel que vous pouvez avoir gratuitement » correspond au terme aussi bien que la signification voulue, « un logiciel qui donne certaines libertés à l’utilisateur ». Nous traitons ce problème en publiant la définition de logiciel libre, et en disant « Pensez à la liberté d’expression, pas à la bière gratuite » (ndt : « Think of free speech, not free beer. »). Ce n’est pas une solution parfaite, cela ne peut pas complètement éliminer le problème. Un terme correct non ambigu serait meilleur, s’il n’avait pas d’autres problèmes.

Malheureusement, toutes les alternatives en anglais ont leurs propres problèmes. Nous avons étudié de nombreuses alternatives que les gens nous ont proposées, mais aucune n’est aussi clairement « juste » pour que changer soit une bonne idée. Tous les remplacements suggérés pour « free software » ont des problèmes de sémantique, ce qui inclut « open source software ».

La définition officielle d’un « logiciel open source » (qui est publiée par l’Open Source Initiative est trop longue pour être citée ici) était indirectement dérivée de nos critères pour le logiciel libre. Ce n’est pas la même elle est un peu plus laxiste à quelques égards, en conséquence de quoi les défenseurs de l’open source ont accepté quelques licences que nous considérons inadmissibles par les restrictions qu’elles imposent aux utilisateurs. Néammoins, elle est assez près de notre définition dans la pratique.

Cependant, la signification évidente de « logiciel open source » est « Vous pouvez regardez le code source » et la plupart des gens semble penser que c’est ce que cela signifie. C’est un critère beaucoup plus faible que celui du logiciel libre, et beaucoup plus faible que la définition officielle de l’open source. Elle inclut beaucoup de programmes qui ne sont ni libres, ni open source.

Puisque cette signification évidente d’« open source » n’est pas la signification que ceux qui la préconisent entendent, le résultat est que la plupart des gens se méprennent sur le terme. Voilà comme Neal Stephenson définit l’« open source » :

Linux est la signification du logiciel « open source », simplement que quiconque peut obtenir des copies des fichiers de son code source.

Je ne pense pas qu’il a délibérément cherché à rejeter ou contester la définition officielle. Je pense qu’il a simplement appliqué les conventions de l’anglais pour trouver une signification du terme. L’état du Kansas à publié une définition similaire :

Utiliser le logiciel open source. Le logiciel open source est un le logiciel pour lequel le code source est librement et publiquement disponible, bien que les accords de licence spécifiques changent quant à ce qui est permis de faire avec ce code.

Les gens de l’open source essaient de traiter ceci en renvoyant à leur définition officielle, mais cette approche corrective est moins efficace pour eux qu’elle ne l’est pour nous. Le terme « free software » a deux significations naturelles, l’une d’entre elle est la signification escomptée, ainsi une personne qui aura saisi l’idée de « free speech, not free beer » ne pourra plus dès lors se tromper sur son sens. Ainsi il n’y a aucune manière succincte d’expliquer et de justifier la définition officielle d’« open source ». Cela rend encore pire la confusion.

Des valeurs différentes peuvent amener à des conclusions similaires… mais pas toujours

Les groupes radicaux dans les années 60 avaient une réputation pour le sectarisme : quelques organismes se sont scindés en deux en raison des désaccords sur des détails de stratégie et les deux groupes résultants se sont traités l’un l’autre comme des ennemis en dépit du fait qu’ils aient les mêmes buts et des valeurs de base semblables. La droite a fait grand cas de ceci et a utilisé cela pour critiquer la gauche toute entière.

Certains essaient de déprécier le mouvement du logiciel libre en comparant notre désaccord avec l’open source avec les désaccords de ces groupes radicaux. Ces personnes ne font que reculer. Nous sommes en désaccord avec le camp de l’open source sur les buts et les valeurs de base, mais leurs points de vue et les nôtres mènent dans beaucoup de cas au même comportement pratique, comme développer du logiciel libre.

En conséquence, les gens du mouvement du logiciel libre et du camp de l’open source travaillent souvent ensemble sur des projets pratiques tels que le développement de logiciel. Il est remarquable que de telles différences de point de vue philosophiques puissent tellement souvent motiver des personnes différentes à participer aux mêmes projets. Néanmoins, ces vues sont très différentes et il y a des situations où elles mènent à des actions très différentes.

L’idée de l’open source c’est que permettre aux utilisateurs de modifier et redistribuer le logiciel le rendra plus puissant et fiable. Mais ce n’est pas garanti. Les développeurs de logiciel propriétaire ne sont pas nécessairement incompétents. Parfois il produisent un programme qui est puissant et fiable, bien qu’il ne respecte pas les libertés des utilisateurs. Comment les activistes du logiciel libre et les supporters de l’open source vont réagir à cela ?

Un supporter de l’open source, un qui n’est pas du tout influencé par les idéaux du logiciel libre, dira, « Je suis surpris que vous ayez été capable de faire fonctionner ce programme si bien sans utiliser notre modèle de développement, mais vous l’avez fait. Comment puis-je avoir une copie ? ». Ce genre d’attitude incite des arrangements qui emportent avec eux notre liberté, la menant à sa perte.

L’activiste du logiciel libre dira « Votre programme est vraiment attrayant, mais pas au prix de ma liberté. Je dois donc faire sans. Au lieu de cela je soutiendrai un projet pour développer un remplacement libre. Si nous accordons de la valeur à notre liberté, nous pouvons agir pour la maintenir et la défendre.

Le logiciel puissant et fiable peut être mauvais

L’idée que nous voulons que le logiciel soit puissant et fiable vient de la supposition que le logiciel est fait pour servir ses utilisateurs. S’il est puissant et fiable, il les sert mieux.

Mais on ne peut dire d’un logiciel qu’il sert ses utilisateurs seulement s’il respecte leur liberté. Que dire si le logiciel est conçu pour enchaîner ses utilisateurs ? La fiabilité ne signifie alors uniquement que les chaînes sont plus difficiles à retirer.

Sous la pression des compagnies de film et de disque, les logiciels à usage individuel sont de plus en plus conçus spécifiquement pour imposer des restrictions. Ce dispositif malveillant est connu sous le nom de DRM, ou Digital Restrictions Management (ndt : Gestion Numérique des Droits) (voir DefectiveByDesign.org), et c’est l’antithèse dans l’esprit de la liberté que le logiciel libre vise à fournir. Et pas simplement dans l’esprit : puisque le but des DRM est de piétiner votre liberté, les concepteurs de DRM essayent de rendre difficile, impossible ou même illégal pour vous de modifier le logiciel qui met en application les DRM.

Pourtant quelques défenseurs de l’open source ont proposé des logiciels « DRM open source ». Leur idée est qu’en publiant le code source de leur programme conçu pour restreindre votre accès aux medias chiffrés, et en autorisant d’autres à le modifier, ils produiront un logiciel plus puissant et plus fiable pour limiter le droit des utilisateurs comme vous. Il vous sera alors livré dans des dispositifs qui ne vous permettent pas de le changer.

Ce logiciel pourrait être « open source » et utiliser le modèle de développement open source ; mais il ne sera pas un logiciel libre, étant donné qu’il ne respectera pas la liberté des utilisateurs qui l’utiliseront. Si le modèle de développement open source réussi à réaliser un logiciel plus puissant et fiable pour limiter vos droits, cela le rendra encore pire.

La crainte de la liberté

La principale motivation initiale pour le terme « logiciel open source » est que les idées éthiques du « logiciel libre » rend certaines personnes mal à l’aise. C’est vrai : parler de liberté, de problèmes d’éthique, de responsabilités aussi bien que de commodités, c’est demander aux gens de penser à des choses qu’ils préféreraient ignorer, comme leur conduite est-elle éthique ou non. Ceci peut déclencher un malaise et certains peuvent simplement fermer leurs esprits à cela. Il ne s’en suit pas que nous devrions cesser de parler de ces choses.

Cependant, c’est ce que les dirigeants de l’« open source » ont décidé de faire. Ils se sont figuré qu’en passant sous silence l’éthique et la liberté, et en ne parlant que des bénéfices immédiats de certains logiciels libres, ils seraient à même de « vendre » le logiciel plus efficacement à certains utilisateurs, particulièrement aux entreprises.

Cette approche à prouvé son efficacité, dans ses propres termes. La rhétorique de l’open source à convaincu beaucoup d’entreprises et d’individus à utiliser, et même à développer du logiciel libre, ce qui a étendu notre communauté, mais seulement au niveau superficiel et pratique. La philosophie de l’open source avec ses valeurs purement pratiques, empêche la compréhension des idées plus profondes du logiciel libre ; elle apporte beaucoup de monde dans notre communauté, mais ne leur enseigne pas à la défendre. Cela est bon, tant que les choses vont bien, mais ce n’est pas assez pour instaurer une liberté durable. Attirer des utilisateurs vers le logiciel libre ne fait que leur faire prendre une partie du chemin pour devenir des défenseurs de leur propre liberté.

Tôt ou tard, ces utilisateurs seront invités à retourner vers le logiciel propriétaire pour quelques avantages pratiques. D’innombrables compagnies cherchent à offrir une telle tentation, certaines offrent même des copies gratuites. Pourquoi les utilisateurs refuseraient-ils ? C’est seulement s’ils ont appris la valeur de la liberté que le logiciel libre leur donne, la valeur de cette liberté en tant que telle plutôt que la commodité technique et pratique de logiciels libres spécifiques. Pour diffuser cette idée, nous devons parler de logiciel libre. Une certaine quantité de l’approche « passer sous silence » avec les entreprises peut être utile pour la communauté, mais elle est dangereuse si elle devient si commune que l’amour de la liberté en vient à sembler comme une excentricité.

Cette dangereuse situation est exactement ce que nous avons. La plupart des gens impliqué dans le logiciel libre en disent peu sur la liberté, habituellement parce qu’ils cherchent à sembler « plus acceptables pour les entreprises ». Les distributeurs de logiciel montrent particulièrement ce modèle. Pratiquement tous les distributeurs de système d’exploitation GNU/Linux ajoutent des paquetages propriétaires au système de base libre, et ils invitent les utilisateurs à considérer cela comme un avantage, plutôt qu’un pas en arrière vis-à-vis de la liberté.

Les greffons logiciels propriétaires et particulièrement les distributions non-libres GNU/Linux, trouvent un sol fertile parce que notre communauté n’insiste pas sur la liberté de ses logiciels. Ce n’est pas une coïncidence. La plupart des utilisateurs GNU/Linux furent introduits au système par un discours « open source » qui ne leur a pas dit que la liberté était le but. Les aspects pratiques qui n’impliquent pas la liberté et les discours qui ne parlent pas de liberté vont de pair, l’un favorisant l’autre. Pour surmonter cette tendance, nous avons besoin de plus parler de liberté, pas l’inverse.

Conclusion

Alors que ceux qui préconisent l’open source amènent de nouveaux utilisateurs dans notre communauté, nous, activistes du logiciel libre, devons travailler encore plus pour porter l’attention de ces nouveaux utilisateurs sur les problèmes de liberté. Nous devons leur dire « C’est le logiciel libre et il te donne la liberté ! » plus souvent et plus fort que jamais. Chaque fois que vous dites « logiciel libre » plutôt qu’« open source » vous aidez notre campagne.

Apostille

Joe Barr a écrit un article intitulé Live and let license (ndt : Vivre et laisser licencier) qui donne sa perspective sur cette question.

Le paper on the motivation of free software developers (ndt : le papier sur la motivation des développeurs de logiciel libre) de Lakhani et Wolf dit qu’une fraction considérable est motivée par la perspective que le logiciel devrait être libre. Cela malgré le fait qu’ils ont examiné les développeurs de SourceForge, un site qui ne soutient pas le point de vue qui veut qu’il s’agit d’un problème éthique.

Copyright © 2007 Richard Stallman

Verbatim copying and distribution of this entire article is permitted in any medium, provided this notice is preserved.

La reproduction exacte et la distribution intégrale de cet article est permise sur n’importe quel support d’archivage, pourvu que cette notice soit préservée.

Notes

[1] Crédit photo : Gianca (Creative Commons By-Sa)




Tentations cinématographiques sur internet ou le clic qui pouvait donner mauvaise conscience

Préparez pop-corn, bière et pizza… aujourd’hui, dans ma grande générosité, je vous invite au cinéma !

Mais il s’agit d’un cinéma un peu particulier puisque visible d’un seul clic de souris depuis votre navigateur connecté au Net. Cette lénifiante simplicité d’usage ne peut cependant masquer une réalité plus complexe qui peut mettre à mal votre sens moral…

The Corporation - Make a Donation

Tentation cinématographique 1 : The Corporation ou la tentation du prendre sans donner

Peut-être avez-vous laissé passer en salle cet excellent film documentaire The Corporation coincé qu’il était entre deux Pirates de Caraïbes et trois Spiderman ?

Qu’à cela ne tienne séance de rattrapage pour ne pas mourir idiot.

Il vous suffit de cliquer successivement sur les trois parties ci-dessous. Easy isn’t it ? Mais attention l’entrée est libre mais pas forcément gratuite (sauf si le décidez en ne donnant… rien !).

Voici ce qu’en disait Sébastien Delahaye, le 24 novembre 2006, sur le site des Ecrans (du journal Libération) :

Sorti discrètement fin 2004 sur les écrans français, le documentaire canadien The Corporation s’apprête aujourd’hui à vivre une nouvelle vie. L’un de ses co-réalisateurs, Mark Achbar, également producteur du film, a décidé de mettre en ligne la version complète et gratuite du film. Disponible en utilisant BitTorrent, le documentaire est téléchargeable en cliquant sur ce lien. La qualité est annoncée comme équivalente à celle d’un DVD, et le film profite, en bonus, d’un entretien de 40 minute avec le scénariste du film.

The Corporation est consacré à une critique des multinationales et contient des entretiens avec Noam Chomsky, Michael Moore, Milton Friedman et Naomi Klein. En 2004, le documentaire a remporté le Prix du public du Festival de Sundance. Mark Achbar encourage les internautes téléchargeant le film à faire un petit don, afin de rembourser les frais de production. « Nous avons déjà reçu 635 dollars en contributions. Elles vont de 2 dollars à trois dons très généreux de 100 dollars. Toutes sont très appréciées. »

Du coup on retrouve aussi bien le film sur YouTube que sur Dailymotion d’où est issue cette version sous-titrée française. Et il faut reconnaître que lorsqu’il s’agit de tels documentaires, la piètre qualité d’image n’est pas trop handicapante puisque c’est avant tout l’audio qui est privilégié.

The Corporation – Partie 1

The Corporation – Partie 2

The Corporation – Partie 3

On comprend bien les motivations des auteurs qui, de par le sujet même du film, jugent à juste titre que sa diffusion passe avant son exploitation économique. Mais, tout de même, peut-on tranquillement le regarder sans rien faire (ne serait-ce qu’un mail de remerciement aux auteurs dans un anglais approximatif) alors qu’ils cherchent uniquement à rentrer dans leur frais puis éventuellement trouver des fonds pour un prochain film ?

Pour ce qui me concerne j’ai donné 5 € au nom de Framasoft.

The Corporation - Make a Donation

Tentation cinématographique 2 : Stage6 ou la tentation du voir sans se faire prendre

D’un simple clic depuis votre navigateur lancez dans la seconde, en plein écran, et en haute définition des films en version française comme Les Inflitrés, OSS 117 : Le Caire, nid d’espions, Before Sunset, Miami Vice ou encore Dead Man.

Est-ce possible ?

Réponse : Oui. Cela s’appelle Stage6, et si ça reste en l’état (ce qui m’étonnerait) ça risque de faire autant de bruit dans l’industrie cinématographique que Napster pour l’industrie musicale. Tel YouTube ou Dailymotion il s’agit d’une plate-forme vidéo de plus à ceci près que via un plugin DivX (propriétaire) le streaming est de bien meilleure qualité et permet le plein écran avec un confort plus que correct.

Est-ce légal ?

Réponse : Non (of course !). Mais à la différence du peer-to-peer vous ne risquez a priori absolument rien puisque vous visionnez une simple page web et ne conservez rien sur le disque dur votre ordinateur. Autre différence vous n’êtes pas obligé d’attendre le téléchargement intégral du film puisqu’il se charge en mémoire au fur et à mesure de la lecture.

Ajoutons que vous pouvez proposer le player vidéo intégré sur votre propre site ou blog exactement comme ce que je viens de faire avec Dailymotion et The Corporation. C’est délirant rien que d’y penser mais j’aurais donc pu carrément mettre Les Infiltrés en version française à même ce billet blog si je ne sais quelle mouche m’avait piquée !

Les coupables légaux clairement désignés sont Stage6 qui met (sciemment ?) un certain temps à effacer les fichiers incriminés (c’est tout de même pas compliqué de regarder tous les jours les gros fichiers qui ont été uploadés pour faire le tri) et les membres inscrits qui les mettent sciemment en ligne (dont je me pose la question de la motivation).

Quant aux coupables moraux ce sont vous et moi si vous vous faites spectateur d’un de ces films indûment mis en ligne. Et comme Stage6 est à ma connaissance le premier site à lever quasiment toutes les barrières de la lecture vidéo sur internet (temps, qualité et… peur du gendarme), on se retrouve en quelque sorte seul avec notre conscience. Adieu répression et bonjour éducation…

Un autre coupable ce serait peut-être moi qui sous couvert de faire de l’info se retrouve peut-être indirectement ici à verser dans, argh, l’apologie du crime ?! Pas forcément parce que c’est tout de même intéressant de faire remarquer que la technologie de lecture vidéo sur internet est proche d’une certaine maturité (il n’y manque guère plus que des formats libres). Et puis comme toujours avec ces plate-formes de partage vidéos, musicales ou autres, on n’y trouve pas que des ressources illégales ce qui interdit de jeter le bébé avec l’eau du bain.

C’est du reste avec Route 66, un road movie allemand qu’il est tout à fait légal de visionner puisque sous licence Creative Commons BY-NC-SA (un pionnier du genre !) que je vous invite à découvrir Stage6.

Et l’on est ainsi ramené à la tentation précédente puisqu’ils cherchent aussi à lever des fonds pour réaliser leur prochain film The Last Drug.

Pour ce qui me concerne j’ai là encore donné 5 € à l’équipe du film au nom de Framasoft.

Conclusion

Ce billet aurait aussi pu s’intituler « L’article qui valait 10 € ». C’est d’ailleurs la somme que je demande à ceux qui vont me contacter en privé pour que je leur donne directement les liens Stage6 des films cités ci-dessus 😉