Le code issu de Venus est-il meilleur que celui de Mars ?

LoosePunctuation - CC byLe code informatique écrit par des femmes serait-il plus « utile » que celui des hommes ?

C’est en tout cas ce qui ressort de ce récent article d’un blog du Wall Street Journal.

Il serait en effet mieux documenté et par là-même plus facilement exploitable par d’autres développeurs[1].

L’occasion d’évoquer aussi peut-être dans les commentaires la problématique de l’écart des sexes dans le secteur informatique en général et dans la communauté du logiciel libre en particulier…

Les hommes écrivent du code provenant de Mars, et les femmes du code plus utile venant de Vénus.

Men Write Code from Mars, Women Write More Helpful Code from Venus

Rebecca Buckman – 6 juin 2008 – The Wall Street Journal
(Traduction Framalang : GaeliX et Burbumpa)

Nous savons tous que les hommes détestent demander leur chemin. Apparemment, ils détestent tout autant indiquer les directions dans le code informatique.

Emma McGrattan, première vice-présidente en ingénierie de la société Ingres spécialisée en bases de données, l’une des femmes développeuses les plus cotées de la Silicon Valley, insiste sur le fait qu’hommes et femmes ne codent pas de la même façon. Les femmes sont plus sensibles et plus attentives à ceux qui pourraient utiliser leur code ultérieurement. Elles parsèment leur code, vous savez, ces lignes d’instructions qui donneront naissance à d’astucieuses applications et programmes, de commentaires et consignes, expliquant avec précision pourquoi elles ont écrit leur code de cette façon là.

Le code devient alors une sorte de « feuille de route » pour ceux qui voudraient le modifier ou l’étendre par la suite, ajoute McGrattan, irlandaise de souche ayant rejoint Ingres en 1992.

Les hommes, d’un autre côté, n’ont pas les mêmes motivations. Souvent, « ils essayent de montrer combien ils sont intelligent en produisant du code cabalistique » dit-elle sur le blog Business Technology. « Ils essayent de dissimuler des choses dans le code », et ne laissent pas de consignes claires pour les futurs utilisateurs. McGrattan se targue de pouvoir, dans 70% à 80% des cas, déterminer à partir d’un morceau de code s’il a été écrit par un homme ou par une femme.

Par souci de rendre le code d’Ingres plus facile à utiliser et dépourvu de genre sexuel, McGrattan a aidé à la mise en œuvre de nouveaux standards de programmation au sein de la société. Elle demande aux développeurs d’inclure un certain nombre de commentaires précis avant chaque portion de code, expliquant ce que chacun fait et pourquoi; les développeurs doivent aussi fournir un historique détaillé de chaque changement effectué. Ces règles s’appliquent aussi bien aux employés d’Ingres qu’aux membres de la communauté Open Source qui participent au code des produits Ingres.

Il y a grand besoin de modifier le code à haute teneur en testostérone chez Ingres car seulement 20% des ingénieurs sont des femmes, précise McGrattan, la plupart d’entre elles ayant des postes liés à l’assurance qualité ou à l’adaptation à un nouveau pays et non à la programmation de haut vol.

Elle s’est donnée comme mission d’intéresser plus de femmes aux carrières dans le développement. Mais « cela s’avère très difficile » conclut-elle.

Notes

[1] Crédit photo : LoosePunctuation (Creative Commons By)




De Linux et de l’opportunité d’une synchronisation des distributions

Voici une traduction[1] un peu technique mais qui illustre bien la problématique de la démocratisation de GNU/Linux.

Elle fait suite à la proposition récente de Mark Shuttleworth (Monsieur Ubuntu) de synchroniser les cycles et donc les sorties des principales distributions Linux (outre Ubuntu il cite celles de Red Hat, Novell et Debian ainsi que le noyau, GNOME/KDE, X et OpenOffice.org). Histoire que tout ce petit monde avance groupés, ce qui d’après lui simplifierait la vie de tout le monde à commencer par celle des utilisateurs.

Mais Ryan Paul du site Ars Technica n’est visiblement pas tout à fait de cet avis. Au ce serait bien si… de Mark Shuttleworth il répond avec des arguments précis qui évoquent souvent le quotidien collaboratif d’un développeur de logiciels libres (en particulier tout ce qui touche à la gestion de versions). Et lorsque l’on est, comme moi, utilisateur mais non développeur de logiciels libres, c’est culturellement fort enrichissant.

On notera qu’à la suite de sa proposition et du vif débat suscité, Shuttleworth a précisé voire nuancé son propos quelques jours plus tard sur son blog.

Copie d'écran - Ars Technica

Pourquoi Linux n’est pas encore prêt pour des cycles de parution synchronisés

Why Linux isn’t yet ready for synchronized release cycles

Ryan Paul – 21 mai 2008 – ars technica

Le fondateur d’Ubuntu, Mark Shuttleworth a répété son appel aux développeurs des principaux logiciels libres et des distributions Linux pour une synchronisation des développements et des cycles de publication. Il avance que l’adhésion fidèle et universelle à un modèle de parution régulier encouragerait la collaboration entre les projets, assurerait aux utilisateurs l’accès aux dernières nouveautés des applications populaires et ferait de la plateforme Linux une cible plus stable et prévisible pour les vendeurs de logiciels.

Shuttleworth souhaite organiser les principales sorties en trois vagues distinctes, chacune formant un ensemble cohérent. La première vague concernerait les composants fondamentaux comme le noyau Linux, le compilateur GCC, les boîtes à outils graphiques comme GTK+ et les plateformes de développement comme Python et Java. La deuxième vague apporterait les environnements graphiques et les applications tandis que la troisième vague serait composée des distributions.

Bien qu’un cycle de sortie unifié rendrait plus aisée la création d’une distribution Linux, ce concept apporte d’importantes difficultés et n’est que peu gratifiant pour les développeurs de logiciels. Pour parvenir à une synchronisation à grande échelle comme Shuttleworth le souhaite, certains logiciels libres devraient radicalement changer leur modèle de développement actuel et adopter une nouvelle approche qui ne sera pas viable pour nombreux d’entre eux.

Comprendre les cycles de sorties réguliers

Un cycle de sorties régulier nécessite de sortir de nouvelles versions à une fréquence donnée. Le processus de développement pour les projets qui emploient ce modèle implique en général une planification des fonctionnalités prévues et ensuite une implémentation maximale jusqu’à ce que le projet gèle le code lorsque l’échéance approche. À partir de ce moment là, les fonctionnalités qui ne sont pas terminées sont reportées. On se concentre alors sur la correction des bogues et sur l’assurance qualité jusqu’à la date butoir, quand le logiciel est officiellement sorti.

Ce modèle fonctionne bien pour de nombreux projets, en particulier pour l’environnement GNOME. Mais, une conséquence de ce modèle est que les développeurs doivent travailler par incrémentation et il décourage les modifications de grande ampleur, celles qui nécessiteraient plus de temps que n’en offre le cycle. Parfois cet intervalle n’est simplement pas suffisant pour ajouter au code principal et tester des changements d’architecture importants qui sont incubés en parallèle en dehors de l’arbre principal du code.

Quand cela se produit, les développeurs doivent se demander si les avantages de la nouvelle fonctionnalité compensent les effets néfastes de la régression (comme avec l’adoption de GVFS dans GNOME 2.22 par exemple). Ils doivent parfois décider de retirer des fonctionnalités à la dernière minute ou de repousser la date de sortie pour améliorer la stabilité. Ce sont des choix difficiles à prendre et, comme le reconnaît Shuttleworth lui-même, faire ces choix demande beaucoup de discipline.

Même si des cycles réguliers peuvent convenir à certains projets, tenter d’imposer l’adoption de cette approche à tous les projets et ensuite les faire correspondre universellement pourrait gravement endommager le processus de développement. Si les projets deviennent dépendants de la synchronisation, alors un retard à n’importe quelle étape aurait des conséquences sur toutes les autres étapes. Chaque projet subirait alors une pression énorme pour tenir les délais et ce serait néfaste pour le programme et ses utilisateurs finaux.

L’utilisation des branches pour faciliter des sorties régulières

D’après Shuttleworth, de bons outils, en particulier des systèmes de contrôle de version possédant de bonnes capacités de création de branches et de fusion, peuvent rendre ce problème obsolète. Il se réfère spécifiquement à Bazaar, un système de contrôle de version mis au point par Canonical qui s’intègre à la plateforme de développement Launchpad de l’entreprise. J’ai beaucoup testé Bazaar durant ces deux dernières semaines en cherchant des technologies de contrôle de version distribuées et je ne peux qu’être d’accord avec l’argument de Shuttleworth.

Bazaar rend très facile le portage du flot continu de petits changements, du tronc vers les branches, où les fonctionnalités importantes sont développées, afin que ces fonctionnalités puissent être fusionnées sans accroc dans la branche principale quand elles sont achevées. En utilisant cette approche, où la majeure partie du développement est faite dans des branches, le code du tronc est naturellement et systématiquement plus robuste qu’il ne le serait autrement. Shuttleworth va même plus loin encore et théorise que lorsque cette approche est employée en parallèle à des tests automatisés le code du tronc est toujours prêt à être sorti à n’importe quel moment.

« Un ensemble de tests complet vous permet d’être plus ouvert aux gros ajouts au tronc parce que les tests assurent les fonctionnalités que les gens ont avant l’ajout. Un ensemble de tests agit comme un champ de force, il protège l’intégrité du code dont le comportement était connu le jour précédent face au changement perpétuel. » écrivait ainsi Shuttleworth sur son blog.

« La plupart des projets que je finance maintenant ont adopté une politique de tests avant ajout. Les ajouts au tronc sont gérés par un robot qui refuse de valider l’ajout s’il ne satisfait pas à tous les tests. Vous ne pouvez pas discuter avec un robot ! Ce que je trouve beau là-dedans c’est que le tronc est toujours dans un état publiable. Ce n’est pas complètement vrai ; on peut toujours faire un peu plus d’assurance qualité avant de sortir quelque chose, mais vous avez cette garantie que l’ensemble de tests est toujours satisfait. Toujours. »

Les ensembles de tests et les très bons systèmes de contrôle de version peuvent simplifier le développement et améliorer la qualité du code, mais ils ne sont pas la panacée. Shuttleworth surestime largement la capacité de ces outils à pallier aux problèmes associés aux sorties régulières. Des bogues surgiront toujours quand de grosses nouveautés sont fusionnées au code existant et parfois ces bogues nécessitent un report de la date de sortie. Si les développeurs ne peuvent ou ne veulent pas faire cela, la qualité du logiciel s’en retrouvera forcément affectée.

Ubuntu 8.04 est le parfait exemple de la voie à ne pas suivre

Pas besoin de chercher très loin pour constater la baisse de qualité résultante d’un engagement sans compromis à un cycle de sorties régulières. Prenez l’exemple de la dernière version d’Ubuntu. Shuttleworth vante Ubuntu 8.04 comme l’exemple d’une gestion plus intelligente des sorties et soutient que cela démontre la capacité des développeurs à s’en tenir à un programme strict.

« 8.04 LTS représente pour nous un grand pas en avant dans notre conception de la gestion d’une sortie. Pour autant que je sache, jamais une sortie de cette envergure ne s’est faite exactement le jour prévu jusqu’à maintenant, dans le monde des OS propriétaires ou des OS libres. » commente Shuttleworth sur son blog. « Nous avons non seulement démontré que l’on peut préparer une version LTS dans les 6 mois impartis, mais cela prouve également que l’on peut s’engager par anticipation sur un tel cycle LTS. Félicitations aux preneurs de décisions techniques, aux responsables versions et à toute la communauté qui a calqué nos efforts sur le but fixé. »

Ubuntu 8.04, qui est parue le mois dernier, est une version avec support à long terme (LTS pour Long Terme Support), ce qui signifie qu’elle sera maintenue trois ans pour la version Desktop et 5 ans pour la version serveur. Depuis le début, Shuttleworth affirmait aux utilisateurs que la qualité et la fiabilité seraient les mots d’ordre pour la 8.04 et qu’elle serait faite pour durer. Malheureusement, la version n’a pas atteint ces objectifs et est sortie avec quelques bogues importants. Le problème le plus frustrant que nous avons relevé dans notre test d’Ubuntu 8.04 est la configuration défectueuse de PulseAudio, qui affecte à la fois les fonctionnalités audio et vidéo.

Un léger retard aurait permis de résoudre les problèmes de ce genre avant la sortie, mais ce n’est jamais arrivé, peut-être parce que l’engagement de faire la sortie à temps l’a emporté sur l’engagement de la qualité. Mais certains diront qu’une version défaillante n’est pas un problème parce que les bogues peuvent être réparés par des petites mises à jour après sa sortie.

« Les grands déploiements attendent la première ou la deuxième version consolidée de toute façon » fait noter Shuttleworth en réponse à un commentaire sur ton blog (NdT : La sortie de Ubuntu 8.04.1 est prevue pour le 3 juillet). Je me doute que je ne suis pas seul à avoir pensé aux Service Packs de Microsoft en voyant cette remarque. Mais une version officielle n’est-elle pas censée être un gage de qualité ? Si les sorties sont basées sur des jalons arbitraires posés sur une chronologie plutôt que sur une réelle amélioration, alors elles perdent leur sens ou leur pertinence pour les utilisateurs finaux.

D’autres approches

Les cycles de sortie devraient être flexibles et les développeurs devraient pouvoir en ajuster la durée pour qu’ils collent à leur activité. Selon les projets, la culture de développement et les buts peuvent être très différents, les stratégies de publication sont par conséquent différentes. L’appel de Shuttleworth en faveur d’une synchronisation reflète une forme d’incapacité à reconnaître la valeur et la profondeur de la diversité dans la communauté du logiciel libre. Des distributions qui visent des publics différents et qui ont des priorités différentes pourraient ne pas rentrer dans le même moule que les distributions généralistes comme Ubuntu. On retrouve également des logiciels libres multi-plateformes, comme le navigateur Web Firefox par exemple, qui réunissent beaucoup d’utilisateurs sur d’autres systèmes d’exploitation et qui peuvent avoir d’autres priorités que la fréquence de sortie des distributions Linux.

Je tiens à dire quand même que je ne rejette pas catégoriquement les idées de Shuttleworth. Même si je suis vraiment contre une approche descendante et centralisée de la planification des sorties synchronisées je pense qu’il y pourrait y avoir des bénéfices à tirer d’un meilleur alignement du calendrier de quelques distributions principales qui partagent déjà des buts, une technologie et une méthodologie similaires.

La simultanéité des sorties est déjà à l’ordre du jour (Fedora 9, Ubuntu 8.04 et OpenSolaris 2008.05 ont toutes vu le jour à quelques semaines d’intervalle) et je suis convaincu que de meilleurs résultats sont atteignables si on laisse cette tendance se développer d’elle-même. Encourager trop d’interdépendance créerait des risques sévères, on parle d’un domaine où une planification consciencieuse et un calendrier gravé dans la roche seraient à l’origine de plus de problèmes qu’ils n’en résolvent.

Aaron Seigo, développeur KDE, est l’un des détracteurs ayant exprimé des inquiétudes convaincantes et perspicaces au sujet de la proposition de Shuttleworth. Seigo met à plusieurs reprises en avant que le genre de synchronisation que souhaite Shuttleworth améliore l’efficacité d’intégration au dépend de l’efficacité des développeurs, une concession qu’il décrit comme contre-productive car c’est dans le développement que se trouve le richesse des logiciels.

« Mark parle de processus en flux tendu, mais seulement du point de vue de l’intégration ; il existe aussi des processus en flux tendu dans le développement et définir le cycle de développement à l’aune du cycle de sorties, surtout s’il n’est pas bon, érode la fluidité du flux de développement », écrit Seigo sur son blog. « Il ne faut pas oublier que c’est le processus de développement qui fait toute la valeur d’une distribution Linux. La distribution rend cette valeur accessible à grande échelle et crée un autre type de valeur ajoutée par-dessus (le support, le marketing, etc.) mais c’est le développement, pas l’intégration, qui est la source primaire de valeur. Il devrait alors être évident que le processus de développement n’est pas quelque chose qu’on peut prendre comme ça à la légère. »

Seigo propose une alternative qui faciliterait la synchronisation en aval sans nécessiter de synchronisation ou de chamboulement en amont. D’après lui, les distributions devraient gérer par elle-mêmes les sorties en créant leurs propres branches et en tenant compte des contraintes de leurs propres cycles.

« Puisqu’il y a cette volonté en aval pour des cycles de parution synchronisés… pourquoi est-ce que l’aval ne prendrait pas en charge les sorties ? Pourquoi attendre que les tarballs soient livrées devant leur porte pour mettre en place une équipe de publication ? » s’interroge Seigo. « Pourquoi ne pas demander à la communauté d’intégration (les vendeurs de systèmes d’exploitation en gros) de coordonner leur efforts pour créer une branche en vue d’une sortie à un moment donné, moment qu’ils définissent eux-mêmes, et travailler avec l’amont pour la stabilisation de cette branche ? Plutôt que d’espérer que l’amont fasse ce qu’ils désirent, pourquoi ne peuvent-ils pas regrouper un tas de gars des communautés de chez Novell, Red Hat, Debian, Mandriva, MacOS et Microsoft, de chez Canonical ou encore de chez n’importe qui qui voudrait s’impliquer et offrir un vrai processus sérieux de sortie par lequel l’amont pourrait s’intégrer naturellement ? »

Les suggestions de Seigo sont plus viables que les propositions de Shuttleworth. Elles permettraient aux distributions Linux de bénéficier des avantages pratiques de la synchronisation dont bénéficieraient également les utilisateurs finaux sans avoir à bouleverser ou synchroniser le développement en amont. Cela engendrerait cependant un coût additionnel et un défi nouveau pour les distributeurs et leur ferait porter le poids de la gestion des sorties. Seigo assure que si les distributeurs veulent vraiment des sorties synchronisées en aval autant que ça ils seront prêts à accepter cette charge supplémentaire et trouveront un bon moyen pour y parvenir.

Il est bien probable que cette discussion dure pendant encore quelques temps à mesure que les acteurs principaux pèsent le pour et le contre. La communication a déjà fait avancer le débat de bien des manières et a déjà fait émerger des alternatives attirantes et des variations de la proposition initiale. Le résultat final pourrait avoir des implications importantes sur la gestion des sorties par les logiciels libres et les distributions, mais pour l’instant aucune des idées proposées n’est suffisamment mature pour être appliquée à grande échelle.

Notes

[1] Traduction : Olivier – Relecture : Daria – Café : Framalang.




Firefox : Et 1, et 2, et 3.0 !

Le titre de ce billet est inversement proportionnel aux qualités de la très attendue nouvelle version de Firefox (d’autant que ce n’est pas forcément le moment d’abuser des références footballistiques). J’aurais peut-être mieux fait de choisir un plus classique Firefox 3, très bientôt sur vos écrans !

Toujours est-il que demain (soir) c’est donc la sortie officielle et planétaire de Firefox 3.0. Un évènement majeur qui méritait bien un passage en revue détaillé des principales nouveautés.

Et comme on n’avait pas envie de réinventer la roue, il s’agit d’une nouvelle traduction Framalang (Yonnel, relecture assurée par Olivier et Yostral).

Firefox 3

Petit guide de Firefox 3

Field Guide to Firefox 3

Deb Richardson – 12 juin 2008 – Dria.org

Nous y voilà. Firefox 3 sera lancé dans très peu de temps. Avant cet événement tant attendu, les membres de la communauté Mozilla ont beaucoup écrit à propos des nouvelles fonctionnalités et des améliorations que vous allez voir avec ce navigateur. Les nouvelles fonctionnalités sont pour certaines énormes et innovantes et pour d’autres si subtiles que vous ne les remarquerez peut-être pas avant de vous dire que l’utilisation de Firefox est d’une certaine manière plus simple et plus performante. La gamme des fonctionnalités améliorées est tout aussi large, des pans entiers de traitement des données ont été repris à zéro, alors que des fonctionnalités ont été légèrement modifiées ou redéfinies dans de petites proportions. Globalement le résultat est la version de Firefox la plus rapide, la plus sûre, la plus légère et la plus facile à utiliser qui soit. Nous espérons qu’il vous plaira.

Voici la liste des fonctionnalités traitées dans ce guide :

Gestionnaire de modules complémentaires

Firefox 3

Le gestionnaire de modules complémentaires dans Firefox 3 a été étendu pour inclure un nouvel onglet "Catalogue" où vous pouvez voir les modules complémentaires recommandés, en chercher de nouveaux, voir les descriptions et les notes, mais aussi installer des modules complémentaires d’un simple clic. Le gestionnaire de modules complémentaires est maintenant complètement intégré au site addons.mozilla.org (AMO), ce qui rend plus facile que jamais la recherche et l’expérimentation de nouvelles extensions et de nouveaux thèmes pour votre navigateur.

Pour en savoir plus Get Add-ons in Firefox 3 de Madhava Enros.

Marque-pages

Firefox 3

Firefox 3 introduit de nouvelles fonctionnalités pour les marque-pages qui les rend beaucoup plus faciles à utiliser, plus utiles en général et beaucoup plus utiles pour les cancres de l’organisation. Les trois principales fonctionnalités sont les étoiles de marque-pages, les tags de marque-pages et les dossiers de marque-pages intelligents.

Les étoiles sont une façon facile et rapide de marquer une page en un simple clic. Les tags sont une façon d’ajouter "plus" d’informations à un marque-page, ce qui vous permet de les organiser de manière beaucoup plus flexible qu’avec les dossiers à l’ancienne. Les dossiers intelligents sont les "recherches sauvegardées" qui sont automatiquement mis à jour quand vous ajoutez de nouveaux items qui correspondent à cette recherche dans vos marque-pages.

Pour en savoir plus Firefox 3: Bookmarks de Deb Richardson.

Feuilles de style (CSS)

Firefox 3

Un grand nombre d’améliorations pour les CSS ont été apportées à Firefox 3 dont le support de : inline-block et inline-table, font-size-adjust sur toutes les plate-formes, la pseudo-classe :default, les soft-hyphen HTML (­) (barre de césure semi-automatique), la propriété ime-mode, la valeur pre-wrap de l’attibut white-space, ainsi que la mise à jour dynamique des sélecteurs tels :first-child, :only-child, :last-child et :empty. Le Mozilla Developer Center a une liste complète et une documentation pour tous les changements de CSS de Firefox 3, que vous trouverez ici : CSS improvements in Firefox 3.

Pour en savoir plus Some new CSS features in Firefox 3 de David Baron.

Support des profils de couleurs

Firefox 3

Firefox 2 n’inclut pas le support des profils de couleurs, donc le navigateur interprète les couleurs du mieux qu’il peut, sans adaptations spéciales selon le système ou les profils de couleurs personnalisés. Firefox 3 supporte parfaitement les profils de couleurs, ce qui donne une gamme de couleurs plus riche et plus vivante affichée par le navigateur. Toutefois, pour nombre de raisons, le support des profils de couleurs est désactivé par défaut, il doit être activé dans les préférences du navigateur. Il est probable que dans une future version de Firefox, cette fonctionnalité sera activée par défaut, ce qui devrait faire plaisir à tous les photographes et graphistes.

Pour en savoir plus Firefox 3: Color profile support de Deb Richardson.

Gestionnaire de téléchargements

Firefox 3

Le gestionnaire de téléchargements a pas mal changé pour Firefox 3 et peut maintenant, comme on nous l’a souvent réclamé, mettre les téléchargements en pause et les reprendre, manuellement ou automatiquement. Parmi les autres changements, on note l’ajout d’un indicateur de statut de téléchargement dans la barre de statut en bas de fenêtre, la possibilité de faire une recherche dans les fichiers téléchargés, un affichage amélioré des fichiers qui inclut des informations plus détaillées et la possibilité de retourner sur la page originale du téléchargement par un clic droit sur le fichier dans le gestionnaire de téléchargements.

Pour en savoir plus Download Manager in Firefox 3 de Madhava Enros.

Rendu des polices et des textes

Firefox 3

Lorsque les développeurs de Mozilla ont décidé d’incorporer le sous-système Cairo et de repartir de zéro pour une nouvelle couche graphique, ils ont aussi décidé de retravailler complètement le système qui affiche le texte dans le navigateur. Le résultat est que Firefox 3 supporte mieux le crénage des polices, les ligatures, les textes internationaux, les ligatures partielles, les indices pour afficher les caractères, l’anti-crénelage, les types et la sélection de polices. Firefox 3 représente un énorme pas en avant dans le support des polices et le rendu des textes et les développeurs de Mozilla travaillent déjà sur de nouvelles améliorations pour les versions futures.

Pour en savoir plus Firefox 3: Fonts and text de Stuart Parmenter et Deb Richardson.

Zoom plein écran

Firefox 3

Le zoom a été complètement retravaillé pour Firefox 3 et inclut maintenant à la fois le zoom plein écran et le zoom texte seulement.

Le zoom plein écran agrandit à l’échelle la mise en page et la structure de la page tout en permettant de garder parfaitement le contrôle sur la taille du contenu affiché. Par contre, le zoom uniquement sur le texte laisse les images et la mise en page telles quelles.

Une fonctionnalité nouvelle et extrêmement utile du zoom de page est que Firefox garde maintenant automatiquement en mémoire le niveau de zoom que vous avez réglé site par site. Une fois que vous agrandissez (ou que vous réduisez) une page d’un site, Firefox s’en rappellera et restaurera ce niveau de zoom la prochaine fois que vous vous rendrez sur toute page qui fait partie de ce site.

Pour en savoir plus Full Page Zoom de Seth Bindernagel.

Historique

Firefox 3

Firefox 3 rend l’historique du navigateur incroyablement utile. Non seulement l’historique est une source essentielle d’information pour la nouvelle barre de navigation intelligente, mais il a été amélioré de plusieurs autres façons. L’historique garde maintenant les favicons des sites (des petits logos identifiants) ainsi que les autres données de localisation, pour rendre beaucoup plus aisées la recherche et l’identification des entrées de l’historique. Le panneau d’historique et le menu ont aussi été modifiés et une toute nouvelle bibliothèque d’historique a été ajoutée à la bibliothèque de Firefox (autrefois le gestionnaire de marque-pages). Dans l’ensemble, Firefox 3 a fait passer l’historique d’occasionnellement utile à absolument essentiel dans l’usage quotidien du navigateur.

Pour en savoir plus Firefox 3: History de Deb Richardson.

Canvas HTML

Firefox 3

L’implémentation du canvas HTML de Firefox 3 a été améliorée et comprend maintenant une interface expérimentale d’affichage du texte. Cette interface est décrite en détail dans l’article Dessiner avec canvas du Mozilla Developer Center (MDC). Une autre nouveauté est le support des méthodes de transformation transform() et setTransform() dont la documentation fait partie du fantastique Tutoriel canvas du MDC. La performance en deux dimensions de canvas a également été améliorée, le résultat est plus rapide sur toutes les plate-formes.

En voici deux excellents démonstrations : John Resig’s Processing.js et Aza Raskin’s Algorithm Ink.

Pour en savoir plus HTML Canvas in Firefox 3 de Vlad Vukicevic.

Support UTF-8 dans la barre de navigation

Firefox 3

Ceux qui utilisent principalement le web US-ASCII ne remarqueront peut-être pas un des gros changements de la barre de navigation de Firefox 3 : le support multi-octets de l’UTF-8. C’est une très grande victoire en termes d’accessibilité, parce que les URI en langue non-ASCII étaient du code machine illisible dans Firefox 2, alors que maintenant dans Firefox 3 ils sont interprétés comme des polices lisibles.

Pour en savoir plus Firefox 3: UTF-8 support in location bar de Gen Kenai.

Protection contre les malwares

Firefox 3

Les "malwares" sont notre appellation pour les sites web qui essaient d’installer des logiciels non souhaités ou encore faire des choses non autorisées sur votre ordinateur. Firefox 3 garde une trace de tous les sites sur lesquels ont été vus des malwares et vous protège en les bloquant avant même que les pages ne soient chargées pour s’assurer que votre ordinateur ne courre jamais un risque. Vous pouvez ignorer les avertissements si vous le voulez, c’est votre navigateur, après tout, mais nous espérons que cette sécurité supplémentaire aidera à protéger les utilisateurs et à rendre le Web plus sûr pour tous.

Pour en savoir plus Mal-what? Firefox 3 vs. Bad People de Johnathan Nightingale.

Interface microformats

Firefox 3

Les microformats sont des formats simples, avec des données ouvertes, construits sur des standards existants. Firefox 3 inclut une nouvelle interface de microformats (API) qui peut être utilisée pour construire des greffons, mais sinon ils ne sont pas montrés dans l’interface utilisateur de Firefox 3.

Pour en savoir plus Use the new microformats API in Firefox 3 extensions du site d’IBM et Where are the microformats in Firefox 3? de Mike Kaply.

Support des applications web hors connexion

Firefox 3

Firefox 3 implémente des événements online et offline selon la spécification 1.0 des applications Web WHATWG. Cela signifie que les développeurs Web peuvent créer de nouvelles applications Web qui fonctionneront dans Firefox même quand l’ordinateur n’est pas connecté. Dans le mode "offline", les données d’une application Web sont stockées localement sur votre ordinateur qui est ensuite synchronisé avec le serveur quand la connexion est rétablie.

Pour en savoir plus Online and offline events, Offline resources in Firefox et Firefox 3: Offline App Demo de Mark Finkle et Offline Web Applications de Robert O’Callahan.

Gestionnaire de mots de passe

Firefox 3

Dans Firefox 3, les fonctionnalités du gestionnaire de mots de passe sont significativement améliorées et beaucoup mieux pensées. La boite de dialogue qui vous demande si vous voulez que Firefox sauvegarde un mot de passe est complètement remplacée, au lieu d’un pop-up auquel vous êtes forcé(e) de répondre avant que le login ait réussi, Firefox 3 donne le choix d’enregistrer un mot de passe donné grâce à une barre d’information qui se déroule depuis le haut de l’écran après que vous ayez entré votre mot de passe. Cette barre d’information n’est pas modale, vous pouvez donc continuer à utiliser le web normalement sans avoir à la supprimer préalablement. Cette barre restera jusqu’à ce que vous lui disiez que faire ou que vous quittiez le site sur lequel vous êtes.

En plus, le gestionnaire de mots de passe vous offre la possibilité de filtrer et de rechercher ce qui rend significativement plus facile de trouver et de gérer les mots de passe pour des sites particuliers. Ces changements sont relativement subtils, mais si vous avez des centaines de mots de passe stockés au bout du compte ces petits changements peuvent faire une énorme différence.

Pour en savoir plus Firefox 3: Password Management de Deb Richardson.

Améliorations de performance

Firefox 3

Firefox 3 est la version la plus rapide et la plus légère de Firefox à ce jour. Les tests de vitesse montrent une amélioration d’un facteur 2 à 4 par rapport à Firefox 2 et d’un facteur 9 par rapport à Internet Explorer 7. Les tests d’utilisation mémoire montrent que Firefox est 2 fois plus efficace que Firefox 2 et 4,7 fois plus efficace que IE7. L’accent a vraiment été mis sur les performances pour cette version et d’incroyables efforts ont été consacrés à l’obtention de ces chiffres.

Pour en savoir plus Firefox 3 Memory Usage de Stuart Parmenter.

Protection contre le phishing

Firefox 3

En plus de la nouvelle protection contre les malwares qui a été ajoutée à cette version, Firefox 3 protège également mieux contre le phishing. Les sites identifiés comme phishing sont maintenant bloqués tout de suite, avant même que les pages ne soient chargées, pour que votre navigateur ne soit jamais en danger. Firefox 2 chargeait la page, mais vous prévenait que c’était un site identifié comme dangereux en le mettant en gris et en affichant un message d’avertissement. La méthode de Firefox 3, qui correspond au comportement de protection contre les malwares, est plus sûre et vous expose à globalement moins de risques.

Pour en savoir plus Mal-what? Firefox 3 vs. Bad People de Johnathan Nightingale.

Plugins

Firefox 3

Les plugins sont de petits programmes de tierce-parties qui peuvent être ajoutés à Firefox pour gérer du contenu que Firefox ne gère pas lui-même. Sans le plugin Flash, par exemple, vous ne pourriez pas regarder des vidéos de YouTube. Firefox 3 propose une nouvelle fonctionnalité faisant partie du gestionnaire de modules complémentaires remanié que vous pouvez utiliser pour voir, activer et désactiver tout plugin que vous avez installé. Vous pouvez aussi utiliser l’affichage des plugins pour visiter la page d’origine du plugin (si elle est spécifiée) en faisant un clic droit sur le nom du plugin et en sélectionnant "Visiter la page Web".

De la même façon que d’autres greffons de Firefox 3, si un plugin est détecté comme contenant une vulnérabilité, Firefox le désactivera automatiquement et vous dira où obtenir une version à jour. C’est une amélioration de sécurité significative pour Firefox qui auparavant n’avait aucun moyen pour vous dire que vous aviez installé des plugins dangereux.

Pour en savoir plus Firefox 3: Plugins de Deb Richardson.

Bouton d’identification de site

Firefox 3

S’assurer que les utilisateurs sont en sécurité, à l’abri et protégés lorqu’ils naviguent sur le web est l’un des plus grands défis pour les concepteurs de navigateurs. Firefox 3 présente une nouvelle fonctionnalité de sécurité extrêmement importante, connue sous le nom de bouton d’identification de site. Ce bouton remplace et s’appuie sur l’omniprésente icône de "cadenas" qui était depuis si longtemps le premier indicateur de sécurité utilisé par les navigateurs. Plutôt que d’afficher simplement un petit cadenas quelque part, Firefox trouve tout ce qu’il peut sur le site que vous visitez et rend ces informations facilement accessibles grâce à un bouton à l’extrêmité gauche de la barre de navigation.

Firefox 3

Le bouton peut être dans une des trois couleurs – gris, bleu ou vert – et affiche le nouveau message d’identification de site quand on clique. Le message inclut une icône correspondante "Passport Officer" en gris, bleu ou vert et affiche un sommaire des informations disponibles sur l’identité du site. Maintenant, au lieu d’avoir un seul indicateur de l’état de cryptage (le cadenas), Firefox 3 vous fournit beaucoup plus de renseignements sur un large panel de niveaux de sécurité et de situations.

Pour en savoir plus Firefox 3: Site Identification button de Deb Richardson.

Barre d’adresse intelligente

Firefox 3

Dans Firefox 3 la barre d’adresse a été complètement refondue de manière extrêmement excitante. Surnommée affectueusement "AwesomeBar" (NdT : "Barre Géniale"), la nouvelle barre d’adresse intelligente vous laisse utiliser le champ d’URL de votre navigateur pour faire une recherche sur un mot clé dans votre historique et vos marque-pages. Vous n’avez plus à vous souvenir du nom de domaine de la page que vous cherchez, la barre d’adresse intelligente affichera les URL, les titres de pages et les tags de vos marque-pages et de votre historique correspondants à ce que vous tapez (même en plusieurs mots !) et trie les résultats selon un algorithme qui combine la fréquence et la nouveauté.

Les résultats montrent également les favicons des pages, les titres en entier, les URL et si vous avez marqué ou tagué le site précédemment. Alors que le passage de Firefox 2 à Firefox 3 peut être un petit peu dérangeant pour certains, une fois que vous aurez utilisé la barre d’adresse intelligente un moment vous vous demanderez comment vous faisiez pour vivre sans.

Pour en savoir plus AwesomeBar is awesome de Deb Richardson ainsi que ce petit screencast de Mike Beltzner.

Onglets

Firefox 3

Les onglets n’ont pas tant changé que ça entre Firefox 2 et 3 sauf en ce qui concerne l’ajout de nouvelles animations de défilement doux. Lorsque vous faisiez défiler votre barre d’onglets dans Firefox 2, les onglets changeaient un à un. Cela rendait le défilement un petit peu haché et brouillon. Avec le défilement doux, il est beaucoup plus facile de comprendre le mouvement et où les onglets vont. Cela se voit très clairement avec un film de démonstration, j’en ai donc créé un rapide, que vous pouvez voir ici : Smooth tab scrolling (.swf).

Thèmes

Firefox 3

Un des premiers buts du rafraîchissement visuel de Firefox 3 était de mieux intégrer le navigateur sur chaque plate-forme, tout en conservant une identité visuelle et une présence uniques. Firefox 2 ressemblait plus ou moins à la même chose sous Windows, Mac et Linux, mais ce n’est pas le cas de Firefox 3. Il y a quatre nouveaux thèmes distincts pour Firefox 3 – un pour Linux, Mac OS X, Windows XP et Windows Vista – et le changement touche chaque aspect de l’application. Chaque bouton, fenêtre, onglet, icone et boite de dialogue s’intègre maintenant à la plate-forme native, ce qui donne l’impression que Firefox fait naturellement partie de l’environnement de votre ordinateur.

Pour en savoir plus Firefox 3 Themes de Alex Faaborg et Firefox 3 for theme developers de Gavin Sharp..

Flux vidéo et audio

Firefox 3

Firefox 3 comprend une page améliorée de prévisualisation de flux qui détecte et affiche maintenant le contexte à côté des entrées de blog associées. De plus, Firefox 3 peut associer les podcasts vidéo avec une application, les podcasts audio avec une autre et tous les autres types de flux avec une troisième. Ces modifications sont relativement subtiles, mais fantastiquement utiles une fois que vous commencez à en tirer avantage.

Pour en savoir plus Firefox 3 and enclosures de Will Guaraldi.

Support des contrôles parentaux de Vista

Firefox 3

Windows Vista inclut des contrôles parentaux qui vous aident à gérer ce que vos enfants ont le droit de faire sur l’ordinateur. Firefox 3 inclut le support de ces contrôles parentaux, le gestionnaire de téléchargements est informé des situations où le contenu est bloqué par des proxys et les téléchargements bloqués déclenchent maintenant les bons messages de l’interface pour indiquer ce qui s’est produit. Cette fonctionnalité n’est disponible que sur la plate-forme Vista et sera développée et améliorée dans les futures versions de Firefox.

Pour en savoir plus Firefox 3: Parental controls de Jim Mathies et Mark Finkle.

Gestion des protocoles par des applications web

Firefox 3

La gestion des protocoles par des applications web est une nouvelle fonctionnalité de Firefox 3 qui donne plus de puissance aux applications web. Lorsque vous cliquez sur un liens avec un protocole spécifique Firefox peut maintenant envoyer les informations de ce lien à une application Web définie si cette application web dispose de cette fonctionnalité. Par exemple, les liens "mailto:" peuvent maintenant être gérées par une application web comme Yahoo! mail à la place du client de messagerie par défaut de votre ordinateur. Parmi d’autres protocoles actuellement supportés, on trouve "webcal:", "tel:" et "fax:".

Les développeurs qui sont intéressés par l’ajout du support de protocoles par des applications web devraient lire l’article Gestionnaires de protocoles web du Mozilla Developer Center.

Pour en savoir plus Firefox 3: Web protocol handlers de Mark Finkle.

Conclusion

Et voilà, un large tour du propriétaire (en aucun cas exhaustif) des nouvelles fonctionnalités et des améliorations de Firefox 3, des gestionnaires de modules complémentaires à la gestion de protocoles par des applications Web. Presque toutes les parties du navigateur ont été améliorées d’une manière ou d’une autre.

Firefox 3 a été développé sur approximativement trois ans en définitive et des milliers de développeurs, de designers, de localisateurs, de testeurs, de marketeurs et d’auteurs de documentation y ont contribué autour du monde. Le navigateur Firefox est produit par une des plus grandes communautés open source du monde et nous en sommes tous extrêmement fiers et enthousiastes d’enfin le mettre entre les mains de millions de gens.

Si vous ne l’avez pas encore fait vous devriez aller sur le site du Firefox Download Day pour aider à établir un nouveau record du monde Guinness. Une fois que c’est fait, rendez-vous sur le Mozilla Party Central pour trouver ou organiser un événement. Nous espérons que vous nous rejoindrez tous pour aider à fêter la sortie du meilleur Firefox de tous les temps.

Cet article (et ses copies d’écran) sont sous licence Creative Commons By-Sa.

Firefox 3 - Download Day

Cette dernière illustration est extraite de l’opération Download Day 2008 qui vise lors de la sortie de Firefox 3 à établir un nouveau record du monde Guinness du logiciel le plus téléchargé en 24h. J’avoue ne pas être un grand fan de ce type de marketing à l’américaine. Par contre parcourir la carte du monde de ceux qui se sont déjà enregistrés pour participer a quelques chose de fascinant. Ainsi ils sont déjà 61 au Tadjikistan. United Colors of a Free Software World en quelque sorte…




1 heure de votre temps pour écouter Eben Moglen

Vous avez une petite heure devant vous ? Vous ne le regretterez pas.

Il s’agit de Software and Community in the Early 21st Century, une intervention d’Eben Moglen à la Conférence Plone d’octobre 2006 à Seattle.

Nous avons mis un petit bout de temps à la traduire puis la sous-titrer[1] mais cela valait vraiment le coup parce que Eben Moglen est à n’en pas douter l’un des meilleurs orateurs de la communauté du logiciel libre. Et cette conférence, certainement l’une des plus intéressantes qu’il m’ait été donné de voir, ne fait que le confirmer.

De quoi cela parle-t-il ? De logiciel bien sûr mais aussi et surtout de liberté. Si je devais expliquer pourquoi j’ai commencé Framasoft il y a quelques années je pourrais aisément fournir cette ressource en guise de première voire d’unique réponse…

Notes

[1] Un énorme merci à toute l’équipe Framalang pour ce travail collectif de longue haleine (dont Daria, Don Rico, GaeliX, Jessminder, Yostral et notre sous-titreur Xavier Marchegay).




Plus qu’une simple histoire d’argent

L’un des gros challenges qui nous attend est le développement de la culture du don, qui nécessite souvent de quitter certaines habitudes héritées de la culture du gratuit (entretenues par une économie classique qui ne nous voit pas autrement qu’en simple consommateur).

Dans ce contexte cette petite histoire a peut-être valeur d’exemple pour ne pas dire de symbole. Quand l’excellent lecteur audio Amarok intègre l’excellent site musical Magnatune dans son logiciel, il le fait spontanément, parce qu’il pense que c’est un plus pour ses utilisateurs. Mais quand Magnatune s’aperçoit alors que ça leur apporte des visiteurs mais aussi des sous puisque ces visiteurs achètent des titres, alors il décide spontanément lui aussi de faire quelque chose en retour…

Une traduction LVI pour Framalang.

Copie d'écran - Magnatune

Donner de l’argent pour l’Open Source

Giving money to open source

John Buckman – 28 avril – Magnatune (blog)

Il y a un an et demi, l’excellent lecteur de musique sur GNU/Linux Amarok a ajouté un support étendu pour Magnatune. Le programmeur, Nikolaj Hald Nielsen, a fait cela de sa propre initiative, simplement parce qu’il trouvait que ce serait une chose élégante à inclure dans son lecteur de musique favori, et parce qu’il appréciait Magnatune et la philosophie derrière son business model.

J’aime vraiment Amarok, et je me suis alors engagé à offrir 10% du produit des ventes de Magnatune apportées par Amarok. J’étais aussi tellement content de la qualité du travail de Nikolaj, que je l’ai embauché, et maintenant il passe 50% de son temps pour Magnatune, et je le paie pour qu’il passe les 50% restant pour Amarok.

Je suis vraiment très heureux d’annoncer que les utilisateurs d’Amarok ont acheté une belle quantité de musique sur Magnatune. Ils peuvent écouter gratuitement la musique depuis Amarok, et les albums en streaming apparaissent dans Amarok comme si c’était de la musique en local, et ils peuvent facilement acheter la musique dans différents formats ouverts.

Jusqu’ici, Amarok a apporté 11 557 $ de ventes de musique sur Magnatune !

Ce matin, j’ai fait de bon coeur une donation de 1 155,70 $ à Amarok.

J’ai également fait la même offre à Rhythmbox, un autre bon lecteur de musique pour Linux, et je vais bientôt leur envoyer un don. Leur support intégré pour Magnatune est lui aussi excellent, et je l’ai personnellement utilisé pour écouter notre propre musique issue de Magnatune.

Rhythmnox est installé par défaut dans la toute récente et ultra-populaire Ubuntu 8.04.

Mark Shuttleworth, la force derrière Ubuntu, a récemment déclaré ceci :

« Je suis particulièrement ravi que nous supportions Magnatune, qui a imaginé un très bel avenir pour l’industrie de la musique, Le problème avec l’industrie de la musique n’est pas les musiciens ; ça n’est pas la musique ; et ce ne sont pas les téléchargements. Ce sont les compagnies de disques. Alors, avoir une compagnie de disques qui dise : Il y a une autre manière de travailler semble être quelque chose de positif que nous pouvons soutenir. Et ça, c’est super ! »

J’ai parlé au programmeur qui est derrière le support de Magnatune pour Rhythmbox, et il prévoit d’y ajouter un tas de fonctionnalités cet été. Cool !




Quand Jacques Attali nuance son propos sur le logiciel libre

Jacques Attali, venu à l’AG du Syntec Informatique (le 5 juin dernier à Paris) faire le point sur sa fameuse Commission, semble n’avoir qu’un seul remord : celui de ne pas avoir assez insisté sur « l’importance de l’industrie du logiciel » (logiciel libre inclus ou exclu ?).

Et de préférer désormais l’expression logiciel ouvert ou open source à celui de logiciel libre dont il n’aime pas le mot libre : « ce n’est pas vrai, c’est pas plus libre qu’un autre, l’école libre elle n’est pas libre, elle est privée ».[1]

—> La vidéo au format webm

Un commentaire à chaud ?

Notes

[1] Source Vidéo : Dailymotion – Luc Fayard (InfoTechArt.com)




Microsoft Office 2007 désormais gratuite pour tous les enseignants

Copie d'écran - OfficePourLesEnseignants.frIl fallait s’y attendre, la suite bureautique propriétaire Office 2007 de Microsoft est désormais proposé gratuitement à tous les enseignants (ils ne disent pas gratuit mais téléchargeable sans frais ou accessible à tous mais c’est du pareil au même).

C’est annoncé en Une du Café Pédagogique dont j’ai déjà eu l’occasion de pointer les relations plus qu’étroites avec Microsoft.

Du coup sur le très ambitieux site de l’opération on apprend, entre autres choses intéressantes, qu’un forum dédié sera hébergé par le Café Pédagogique.

Il n’y a pour le moment que deux messages d’ouverture et de bienvenue sur ce forum. Ils ont été rédigés par un membre fondateur de l’association Projetice dont, désolé pour la répétition, j’ai déjà eu l’occasion de pointer les relations plus qu’étroites avec Microsoft.

Il n’y a pas à dire ils sont bien organisés…

« Que cache une offre aussi importante ? » demande le Café Pédagogique à Eric le Marois, Directeur Education & Recherche chez Microsoft France. Réponse de l’intéressé : « Rien ».

Bon, je retourne en cours (en salle informatique pour être plus précis, équipée de la suite bureautique libre OpenOffice.org pour être encore plus précis) et m’en irai poster un billet plus complet quand la cloche aura sonné.




La voie négative du Net-Art par Antoine Moreau

Lorsqu’Antoine Moreau prend sa plume pour nous parler d’Art Libre c’est encore de l’Art Libre quand bien même le sujet central de cet article soit l’Art à l’heure d’Internet.

C’est avec plaisir que nous lui ouvrons nos modestes colonnes histoire de partager sa réflexion. Parce qu’il est doux et peut-être salutaire d’entendre parler de forme gracieuse de don à une époque où l’Art peut se perdre dans sa marchandisation baigné dans une Culture qui ne serait plus que de l’entertainment.

L’illustration est une photographie de N. Frespech sous licence Art Libre issue du projet Echoppe Photographique. où les visiteurs sont invités à commander une photographie en laissant un texte dans un formulaire. Il s’agit ici de la Commande 1712 : Chirac en prison. Commandée le 22-11-2007 par Coralie Fonck et reçue le 04-12-2007.

Chirac en prison - Frespech - Licence Art Libre

La voie négative du Net-Art

Un texte d’Antoine Moreau paru dans la revue Terminal, n°101, Printemps 2008.

Que peut être le Net-Art en suite d’une histoire de l’Art traversée par la négation ? Nous tenterons de montrer qu’il est une pratique précise et sensible du réseau des réseaux en intelligence avec son écosystème. Nous ferons la distinction entre « l’Art sur le Net », le « Net-Art » et « l’art du net ». Il s’agira de montrer que le Net-Art, en réalité, n’est pas autre chose que l’art du net : une pratique à la fois ordinaire et éclairée de l’internet. Celle-ci a le souci de la beauté intrinsèque du réseau, elle en observe les qualités qu’on trouve dans les principes fondateurs de l’internet et dans ceux du logiciel libre.

Net-Art : Niet-Art ?

Commençons par une observation : il y a des artistes, reconnus comme tels, qui font de l’art sur le réseau internet. Ils font de l’art avec le net, pour le net et par le net. Ils sont qualifiés de « Net-Artistes ». Les oeuvres créées s’inscrivent dans le lieu où elles évoluent, elles sont très souvent interactives et n’existent que dans le « réseau des réseaux »[1].
En quoi relèvent-elles du « Net-Art » ? Ne persiste-t-il pas, dans ce lieu bouleversant qu’est l’internet, une A.O.A.C. (« Appellation d’Origine Artistique Contrôlée ») qui donne à penser que le Net-Art est le fait d’artistes reconnus comme tels et produisant de l’art lui-même reconnu comme tel ?
Qu’est-ce que le Net-Art en suite du ready-made de Duchamp, de l’exposition du vide de Klein ou des sculptures sociales de Beuys ? De quelle nature est la qualité artistique avec l’internet ? De quelle qualité pouvons-nous parler après qu’on ait pu déceler l’art contemporain comme étant un « Art sans qualités »[2] ?

Nous n’avons pas l’intention de nier aux oeuvres qualifiées de « Net-Art » leur indéniable intérêt. Nous voulons simplement tenter de comprendre comment et pourquoi il y a de l’art par et pour le Net. Que serait-il juste de qualifier de « Net-Art » ? Nous allons commencer par prendre en compte trois constats :

– Premièrement : selon Hegel, l’art est quelque chose de révolu[3]. Après avoir accompli sa tâche, à travers les différentes étapes de son histoire, l’activité artistique laisse la place à d’autres types de productions de l’esprit. Ainsi, la philosophie est, d’après le philosophe de la fin de l’histoire, seule capable désormais de penser l’humanité et d’en former le dessein. Non pas qu’il n’y ait plus d’art possible, mais que c’est à la pensée elle-même de réaliser ce que l’art ne peut plus atteindre.

– Deuxièmement : selon les artistes eux-mêmes, le non-art est l’accomplissement ultime de l’art. Non pas l’avènement de l’iconoclasme, mais de l’art lui-même quand « l’art, c’est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art » selon la formule célèbre de Robert Filliou[4]. Ce n’est pas la négation de l’art, mais sa voie négative qui, par un mouvement dialectique, affirme l’art par excellence comme étant l’art de vivre.

– Troisièmement : selon certains observateurs de l’art contemporain, l’art se trouve aujourd’hui « à l’état gazeux »[5]. Disséminé dans toutes activités possibles, il est nulle part et partout à la fois. En fait, selon nous, sa présence est aussi réelle que son absence est manifeste, car la dissolution de l’art dans la réalité n’est pas la disparition réelle de l’art. La réalité de l’art qui nous est contemporain n’est pas tant dans sa « forme formée » que dans sa « forme formante ». Plus que jamais, pour reprendre le mot de Léonard de Vinci, l’art est « causa mentale ». Il est une production de l’esprit qui forme. Il est formant. Sa forme est une formation de l’esprit et l’opération qu’il réalise est la transformation de notre perception où « ce sont les regardeurs qui font le tableau » comme a pu l’observer Marcel Duchamp[6].

Ce que peut être le Net-Art.

En prenant en compte l’état contemporain de l’art, nous pouvons maintenant envisager le « peut-être » du Net-Art selon trois axes. Notre approche sera dialectique, nous allons procéder à chaque fois par « affirmation, négation et négation de la négation »[7].

1/ Le Net-Art c’est l’art qui se pratique par et pour l’internet. Ce n’est pas de l’Art sur le Net.

Affirmation : Une forme d’art sur le réseau internet est une forme d’art visiblement. Une oeuvre plastique qui se trouve sur le Net est déclarée artistique car elle présente toutes les apparences convenues de l’Art reconnu comme tel. Ce sont, par exemple, toutes formes que l’on voit sur les sites web d’artistes et tous types d’objets présentant des qualité artistiques apparentes.?
Négation : Ces objets d’art ne sont pas du Net-Art. Ils ne sont pas faits par et pour le réseau internet. Ils sont en visibilité sur la surface de la Toile[8] mais ne font pas partie de la réalité du réseau. Pour qu’une oeuvre puisse être déclarée « Net-Art », il lui faut être conçue spécialement par et pour le réseau. L’oeuvre de Net-Art n’existe que dans la réalité réticulaire. Sa matière n’est pas seulement numérique, elle fait partie intégrante du flux « on-line » du réseau. C’est le fait des artistes reconnus comme tels et qui investissent l’internet comme champ d’exercice artistique.?
Négation de la négation : Il ne suffit pas que les oeuvres soient du Net-Art pour être véritablement du Net-Art. Elles sont qualifiées ainsi car elles sont réalisées par des artistes qui utilisent le Net pour faire de l’Art. Mais ce sont, la plupart du temps, toujours des objets d’Art selon les critères dévolus aux oeuvres matérielles, quand bien même ils seraient véritablement produits avec le matériau réticulaire et conçues spécialement pour le Net. Dans les faits, il ne suffit pas de réaliser des objets d’Art pour le Net pour que ces objets soient, selon nous, qualifiés de « Net-Art ».?
Pour qu’une forme d’art soit du net-art (nous ne mettons pas de majuscules[9]) il lui faut intégrer ce qui fait la nature même de l’internet et être en intelligence avec l’esprit qui lui a donné corps. Disons-le d’une formule simple : le net-art c’est l’art du net.

2/ Le net-art c’est l’art du net. Ce n’est pas le Net-Art.

Qu’est-ce que le net-art entendu comme « art du net »?
Nous qualifierons de « net-art », toutes formes d’actions et de créations conformes à la forme de l’internet. Ces formes d’actions et de créations peuvent être qualifiées de net-art si et seulement si elles observent les protocoles ouverts de l’internet et les respectent. En effet, l’internet doit son existence à des protocoles ouverts et qui en ordonnent l’architecture et les transports (Web, e-mail, usenet, FTP, IRC, etc.). Basé sur la suite de protocoles TCP/IP[10], l’internet permet ainsi l’accès à tous les ordinateurs quelles que soient leurs particularités. Grâce à ses standards ouverts,[11] l’internet est devenu un réseau non propriétaire et qui a vocation universelle. Il est ouvert à tous, il est fait par tous et pour tous : c’est cela même la réalité du réseau internet, son corps, son esprit.?
C’est la raison pour laquelle nous avançons que c’est l’observation des protocoles du net et le respect des standards ouverts qui va déterminer la qualité artistique des formes. Cette qualité artistique ne se situe pas seulement dans des effets purement formels qui, en surface, font semblant d’art. Elle est dans la prise en considération de l’écosystème du réseau. Cette prise en compte, par tout auteur, du mode d’existence de l’internet peut produire des oeuvres artistiques dans la tradition de l’histoire de l’art, mais aussi des oeuvres qui n’ont pas, à priori, les qualités artistiques pour s’y inscrire. Le net-art (l’art du net) n’est pas le seul fait des artistes reconnus comme tels de la même façon qu’il n’est pas seulement une fabrique d’objets d’art reconnus comme tels.

Le net-art c’est l’art de se conduire dans et avec le net. C’est aussi l’art de conduire le net au mieux de sa forme. Toute technique qui sera en phase avec la réalité de son « moteur » et pas seulement, comme dans de nombreuses oeuvres reconnues comme étant du Net-Art, un formalisme esthétiquement convenu.?
L’esthétique dont il s’agit avec le net-art, tel que nous en proposons la définition, est une esthétique qui procède d’une éthique[12]. Nous entendons cette esthétique comme « es-éthique ». C’est à dire une forme de connaissances et de pratiques qui procède de l’esprit du net et qui précède la mise en forme des objets s’y rattachant. Il s’agit d’une esthétique qui conserve à l’art sa puissance d’action quand, nous l’avons vu, l’art avait été jugé « chose révolue » par ailleurs[13]. Aussi, l’es-éthique du net-art est-il, selon nous, l’esprit de l’art et l’art de l’esprit à l’ère du numérique et de l’internet. La pensée est en forme et forme le dessein d’un art toujours présent quand bien même il aurait pu être révolu à un moment de son histoire.

Par exemple : une simple forme de communication (e-mail, forum de discussion, mailing-list, IRC, etc) peut avoir les qualités de net-art si elle observe la netiquette, c’est à dire l’étiquette du net qu’on trouve dans la Request For Comment n°1855.[14] La netiquette participe de l’es-éthique du réseau des réseaux.?
Pour les formes que les pratiques artistiques investissent ordinairement (textes, images, sons, etc), le net-art (c’est-à-dire : l’art du net) consistera à créer en utilisant des formats ouverts. Ainsi, une page web sera écrite en HTML ou un autre langage comme le PHP et qui tient compte des normes du W3C[15]. Elle n’utilisera pas de codes qui ne permettent pas sa visualisation par n’importe quels logiciels de navigation web. Tout format propriétaire et donc fermé sera honni pour la simple raison qu’ils contredit l’internet en son sens même, en sa forme même, en son art même.?
Il en est de même avec les droits d’auteur que nous allons aborder plus loin dans la partie consacrée au copyleft. Mais avant cela, voyons l’infini du net-art.

3/ Le net-art c’est l’art qui s’offre infini. Ce n’est pas un objet fini.

De la même façon qu’on ne peut confondre un objet d’art avec l’objet même de l’art, on ne peut se méprendre sur la finalité de l’objet de net-art. Inachevé par nature[16], celui-ci n’a pas de fin. Nous le savons par ailleurs, l’objet de l’art ne s’achève jamais dans la fabrication d’un objet d’art, mais il excède son inscription dans la matière. L’objet de l’art passe à travers l’objet d’art fini pour ainsi ne pas choir et être clos dans sa définition.
Le net-art est par excellence un art en flux et en suspens. Il se fait, après qu’il ait été conçu à un moment « t » de son invention, en interaction avec le découvreur qui l’agit sur la Toile. Il n’y a pas d’arrêt sur l’objet, il y a un objet sans fin dont la finalité n’est pas tant l’objet lui-même que ce qui est poursuivi à travers sa production : l’art infini..
Aussi, nous pouvons dire qu’il n’y a pas d’objets de net-art en réalité, mais que l’objet de l’art se manifeste avec l’internet, par et pour l’internet, à travers certaines formes conformes à l’esprit de l’internet. Ces formes ne sont pas l’expression d’un « conformisme » mais manifestent le souci d’être en intelligence avec la forme du net. D’être en phase avec le réseau comme le surfeur peut l’être avec la vague qui le transporte. C’est la raison pour laquelle nous disons que ces formes d’art forment la forme du réseau, qu’elles participent à sa bonne santé, à sa vie. Une vie suspendue entre la naissance et la mort, une vie infinie, non achevée encore dans une supposée maturité, signe avant-coureur de sa fin et de sa destruction..
Ce qui fait la vitalité du net-art, ce en quoi le net-art est vivant et vrai dans sa forme, c’est son immaturité. Cette immaturité du net-art nous l’entendons au sens où Gombrowicz a pu faire comprendre la forme où l’art et la vie sont au mieux de leur forme : ce moment « t » où le temps est suspendu dans la grâce de ce qui advient sans laisser prise au temps, sauf l’éternité.

En effet (…) un postulat erroné veut qu’un homme soit bien défini, c’est à dire inébranlable dans ses idéaux, catégorique dans ses déclarations, assuré dans son idéologie, ferme dans ses goûts, responsable de ses paroles et de ses actes, installé une fois pour toutes dans sa manière d’être. Mais regardez bien comme un tel postulat est chimérique. Notre élément, c’est l’éternelle immaturité[17].

Cette « éternelle immaturité », un présent, un don, une réalité sensible et active du temps imprenable où le net-art est offert aux affects et va se laisser former et transformer à l’infini.
Sans doute le moment est-il venu alors de présenter le copyleft, principe actif de cette immaturité formante que le net-art, quand il est l’art du net, met en pratique.

Le copyleft, principe actif de l’art du net.

Nous voulons maintenant creuser l’élément plastique du net-art. Et ceci en étendant la notion de plasticité non seulement aux arts visuels, mais à tout type d’art qui fait forme et à toute forme quand elle est aussi explosion de la forme[18]. Non pas dans l’intention de détruire la forme, mais dans celle d’en renouveler la puissance plastique grâce à toutes les altérations possibles issues de l’ouverture.
Les droits d’auteurs sont en première ligne car le net-art plastique les droits d’auteurs. Le net-art c’est l’explosion du moteur à création. Non pas, faut-il le préciser encore une fois, sa destruction, mais la remise en forme de sa puissance de transport comme de sa beauté formelle et mécanique.

Explication : le net-art ne peut faire l’économie des droits d’auteurs. L’internet n’est pas, par la vertu du numérique et de la technologie, une zone de non-droit. Dura lex sed lex[19], le droit s’applique, même sur l’internet. Pour qu’une oeuvre soit qualifiée de net-art, il lui faut respecter aussi le droit des auteurs. Mais comment faire, quand le droit d’auteur interdit la copie, la diffusion et la transformation des oeuvres ? Car si nous observons bien l’es-éthique du réseau, comme nous l’avons vu avec les standards ouverts, une oeuvre de net-art devra être librement accessible, copiable, diffusable, transformable et devra interdire, en outre, l’appropriation exclusive.

Liberté d’étudier, de copier, de diffuser, de transformer et interdiction d’appropriation exclusive, ces principes sont également ceux du logiciel libre mis en place avec le projet GNU[20] de la Free Software Foundation[21] en 1984 et formalisés dans une licence juridique, la General Public License[22]. C’est ce qu’on appelle le « copyleft ». Loin d’être une négation ou un déni des droits des auteurs, le copyleft en reformule la pertinence en fonction des pratiques et des matériaux.

Du logiciel libre à l’art libre il n’y a eu qu’un pas. Celui-ci a été franchi à notre initiative lors des rencontres Copyleft Attitude[23] qui ont eu lieu à Paris en 2000. Elles ont donné naissance à la Licence Art Libre[24], directement inspirée par la General Public License. Il s’agissait d’appliquer les principes du copyleft à tout genre de création.

L’intention est d’ouvrir l’accès et d’autoriser l’utilisation des ressources d’une oeuvre par le plus grand nombre. En avoir jouissance pour en multiplier les réjouissances, créer de nouvelles conditions de création pour amplifier les possibilités de création[25].

Là aussi, il s’agit d’un mouvement dialectique qui procède d’une négation de la négation. Le plasticage de l’art opéré par le copyleft, n’est pas sa destruction, mais sa remise en forme. Un retournement de situation quand les matériaux sont des immatériaux, quand la rareté de l’oeuvre d’art est en profusion et quand la forme est formée par des affects qui la reforment à l’infini.

Mieux : le net-art est un art par excellence pour la raison qu’il réalise cette forme qui est le signe même de l’apparition de l’art dans l’histoire : la forme gracieuse.

Négation de la pesanteur, si ce n’est un don du ciel, c’est un art qui ne doit pas paraître en être un, un art dissimulé. Le seul effort qu’il faut faire consiste à le cacher, car montrer qu’il s’agit d’un art serait le meilleur moyen d’étouffer la grâce[26].

Le net-art, une forme gracieuse.

En poursuivant l’intuition que nous avons eue il y a quelques années et qui considère que « l’oeuvre, c’est le réseau »[27], nous pouvons dire que l’internet est lui-même, par nature, une forme gracieuse. Une forme d’art, cela va sans dire.
Cet « état de grâce » propre au net se trouve également dans le logiciel libre et l’art libre car la mise à disposition, par un auteur, de données sur le réseau procède d’une beauté certaine du geste. Cette beauté du geste n’est pas gratuite, le copyleft ne s’oppose pas au commerce, elle est précisément gracieuse. Elle n’est pas non plus gratuite au sens d’arbitraire, elle est justifiée par l’éthique, l’es-éthique. Il s’agit bien d’une forme de pratiques et de productions de l’esprit qui posent la grâce comme condition d’exercice.

Ainsi, la kharis notion de la grâce antique circule entre objet et sujet. Cette idée de beauté (qui n’apparaît que tardivement dans la gratia latine) domine toute la conception grecque de la kharis. Comme faveur, la beauté est ce qui est offert aux regards – ou aux oreilles – des tiers : toute beauté est don généreux. Ce qui est remarquable dans cette notion de kharis, c’est sa capacité à exprimer en même temps une propriété des êtres (leur séduction allant jusqu’au kharisma), l’action de ces charmes sur autrui, l’état de plaisir de qui le perçoit et la gratitude ressentie pour cette faveur. Tel est « l’état de grâce »[28].

Nous affirmons, en suite de Winckelmann[29], inventeur de l’histoire de l’art et qui a su pointer le moment de sa naissance et de sa renaissance, qu’il y a art quand il y a forme gracieuse, beauté du geste et dons. Le moment où l’artiste est doué de dons, ceux qu’il donne en retour sous formes gracieuses à travers des productions librement offertes comme abandon de toute pesanteur[30].
Des données numériques qui sont librement accessibles, copiables, diffusables et transformables selon le copyleft, procèdent de cette liberté qui fait, non seulement la beauté du geste, mais rend l’art possible et existant. Lorsque cette liberté disparaît, l’art disparaît également et la forme gracieuse avec lui.

L’art, qui avait reçu la vie de la liberté elle-même, devait nécessairement, avec la perte de cette liberté, décliner et mourir au lieu même de sa plus belle floraison[31].

Ainsi, le moment politique de la naissance de l’art aura été celui où la grâce aura pu prendre forme librement. La première fois dans la Grèce antique et la deuxième fois, à la Renaissance au XVe et XVIe siècles avec la redécouverte de l’art grec classique et de sa forme gracieuse.

Nous posons qu’une troisième naissance et renaissance de l’art est à l’oeuvre, aujourd’hui, à l’ère de l’internet et du numérique. Cette re-renaissance de l’art se fait avec l’art libre selon les principes du copyleft. Le net-art, tel que nous l’avons défini, en est l’exercice par excellence car il procède d’une forme gracieuse de dons, de données et de libertés.

Antoine Moreau, « La voie négative du Net-Art », mars 2007, un texte écrit pour la revue Terminal n° 101, Printemps 2008.
Copyleft : ce texte est libre, vous pouvez le copier, le diffuser et le modifier selon les termes de la Licence Art Libre.

Bibliographie :

  • BLONDEAU Olivier, LATRIVE Florent, Libres enfants du savoir numérique, anthologie du « Libre » préparée par, L’Éclat, 2000.
  • BOURGEOIS Bernard, Le vocabulaire de Hegel, Ellipses, Paris 2000.
  • BRUAIRE Claude, La dialectique, PUF, Paris, 1985.
  • CLAVERO Bartolomé, La grâce du don, anthropologie catholique de l’économie moderne, Albin Michel, Paris, 1996.
  • COMETTI Jean-Pierre, L’Art sans qualités, farrago, Tours, 1999.
  • COUCHOT Édomond, HILLAIRE Norbert, L’Art numérique, comment la technologie vient au monde de l’art, Flammarion, Paris, 2003.
  • FOURMENTRAUX Jean-Paul, Art et Internet, les nouvelles figures de la création, CNRS Éditions, Paris 2005.
  • GOMBROWICZ Witold, Moi et mon double, Gallimard Quarto, 1996.
  • HÉNAFF Marcel, Le prix de la vérité, le don, l’argent, la philosophie, Éditions du Seuil, Paris, 2002.
  • HIMANEN Pekka, L’Éthique hacker et l’esprit de l’ère de l’information, Exils, 2001.
  • MALABOU Catherine, La plasticité au soir de l’écriture. Dialectique, destruction, déconstruction. Éditions Léo Scheer, 2005
  • MICHAUD Yves, L’art à l’état gazeux, Hachette, Paris, 2004.
  • PERLINE, NOISETTE Thierry, La bataille du logiciel libre, La Découverte, Paris, 2004.
  • POMMIER Édouard, Winckelmann, inventeur de l’histoire de l’art, Gallimard, 2003.

Webographie :

Notes

[1] Une base de données importante de Net-Art sur le site rhizome.org : (page visitée le 05/03/07)

[2] J.P. COMETTI, L’Art sans qualités, farrago, Tours, 1999.

[3] « L’art n’apporte plus aux besoins spirituels cette satisfaction que des époques et des nations du passé y ont cherchée et n’ont trouvé qu’en lui . L’art est et reste pour nous, quant à sa destination la plus haute, quelque chose de révolu. Il a, de ce fait, perdu aussi pour nous sa vérité et sa vie authentique. » HEGEL, Cours d’esthétique, Tome 1, Aubier, Paris, 1995-1997, p. 17 & 18, cité par B. BOURGEOIS, Le vocabulaire de Hegel, Ellipses, Paris 2000, p. 12.

[4] Cité par S. JOUVAL, « Robert Filliou : "Exposition pour le 3e oeil" », Robert Filliou, génie sans talent, catalogue d’exposition, Musée d’art moderne de Lille, 6 décembre 2003 au 28 mars 2004, Éditions Hatje Cantz 2003, p. 8.

[5] Y. MICHAUD, L’art à l’état gazeux, Hachette, Paris, 2004.

[6] Marcel Duchamp, Duchamp Du signe, écrits, Flammarion, 1975, p. 247.

[7] Formule rappelée par Marx dans un lettre polémique adressé à Proudhon. MARX, Misère de la philosophie, cité par Claude BRUAIRE, La dialectique, PUF, Paris, 1985, p. 8.

[8] Nom donné au World Wide Web.

[9] Pour la raison que le net n’est pas une marque, c’est un nom commun et que l’art aujourd’hui n’a plus les qualités de l’Art.

[10] Ensemble de protocoles de communication utilisé par l’internet (page visitée le 10/10/06)

[11] « On entend par standard ouvert tout protocole de communication, d’interconnexion ou d’échange et tout format de données interopérable et dont les spécifications techniques sont publiques et sans restriction d’accès ni de mise en œuvre. » Journal Officiel n° 143 du 22 juin 2004 : loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique (référence NOR: ECOX0200175L). Définition trouvé dans : Titre Ier (De la liberté de communication en ligne), Chapitre Ier (La communication au public en ligne), Article 4. Sur le site formats ouverts, (page visitée le 10/10/06)

[12] P. HIMANEN, L’Éthique hacker et l’esprit de l’ère de l’information, Exils, 2001.

[13] C’est la raison pour laquelle nous parlons de « l’esprit du net » qui, comme pour l’art, ne saurait être réduit à sa seule technicité ou matérialité. L’internet, plus qu’une intelligence matérialisée est une spiritualité pratique (c.f. P. HADOT, Exercices spirituels et philosophie antique, Albin Michel, 2002).

[14] « Les règles de la Nétiquette », RFC 1855, traduction Jean-Pierre Kuypers, sur le site UCL/SGSI Infrastructures des réseaux du système d’information (SRI) (page visitée le 13/02/07)

[15] Le consortium qui se porte garant de l’interopérabilité du Web (page visitée le 13/02/07)

[16] Par la nature même du numérique, sa matérialité de fait.

[17] GOMBROWICZ, Moi et mon double, Ferdydurke, introduction à « Philidor Doublé d’enfant », Gallimard Quarto, 1996, p. 338.

[18] # « Rappelons que selon son étymologie – du grec plassein, modeler – le mot « plasticité » a deux sens fondamentaux. Il désigne à la fois la capacité à recevoir la forme (l’argile, la terre glaise par exemple sont dites « plastiques ») et la capacité à donner la forme (comme dans les arts ou la chirurgie plastiques). Mais il se caractérise aussi par sa puissance d’anéantissement de la forme. N’oublions pas que le « plastic », d’où viennent « plastiquage », « plastiquer », est une substance explosive à base de nitroglycérine et de nitrocellulose capable de susciter de violentes détonations. On remarque ainsi que la plasticité se situe entre deux extrêmes, d’un côté la figure sensible qui est prise de forme (la sculpture ou les objets en plastique), de l’autre côté la destruction de toute forme (l’explosion). » C. MALABOU, La plasticité au soir de l’écriture. Dialectique, destruction, déconstruction. Éditions Léo Scheer, 2005, note de bas de page p. 25 et 26.

[19] La loi est dure mais c’est la loi.

[20] GNU is Not UNIX, projet de la Free Software Foundation qui formalise le logiciel libre avec la licence GNU/GPL. (page visitée le 23/02/07).

[21] FSF.org (page visitée le 23/02/07).

[22] Licence libre copyleft pour les logiciels

[23] Avec des artistes regroupés autour de la revue Allotopie (page visitée le 14/02/07)

[24] Rédigée par Mélanie Clément-Fontaine et David Geraud, juristes et Isabelle Vodjdani et Antoine Moreau, artistes.

[25] Extrait du prologue de la Licence Art Libre 1.2.

[26] Éd. POMMIER, Winckelmann, inventeur de l’histoire de l’art, Éditions Gallimard, 2003, p. 59.

[27] Citée dans le numéro spécial Artpress, l’Art et la Toile, « Internet all over ? » novembre 1999, N. HILLAIRE, p. 9 et Éd. COUCHOT, N. HILLAIRE, L’Art numérique, comment la technologie vient au monde de l’art, Flammarion, Paris, 2003, p. 72.

[28] M. HÉNAFF, Le prix de la vérité, le don, l’argent, la philosophie, Éditions du Seuil, Paris, 2002, p.326.

[29] Éd. POMMIER, Winckelmann, inventeur de l’histoire de l’art, Gallimard, 2003.

[30] Nous sommes là également proche du moment mystique décrit par Simone WEIL, La pesanteur et la grâce, Plon, Agora, 1988.

[31] J.J. WINCKELMANN, Histoire de l’art de l’Antiquité, Darmstadt, 1982, cité et traduit par Éd. POMMIER, idem.