Laissons Google tranquille (mais pas trop)

Evgeny Morozov CC-BY-SA re:publica
Evgeny Morozov CC-BY-SA re:publica

Un article qui « défend » Google sur le framablog… sérieusement ?

Oui : sérieusement. Car ce billet d’Evgeny Morozov ne défend pas Google, ni Facebook ni leurs consorts, mais il incite nos politiques à ne pas céder à la facilité de marteler le colosse de la Silicon Valley en lui imputant tous les maux du monopole actuel, et à s’attaquer au fond du problème : la maîtrise de nos données.

Lionel Maurel (juriste et bibliothécaire connu sous le pseudo Calimaq) parle au travers de son blog des données personnelles, et suit de près les théories qui évoluent d’une vision propriétariste à la perspective de données devenant un commun.

Plutôt que de démanteler les monopoles de GAFAM, la création d’un « commun des données » pourrait couper l’herbe sous les pieds d’argile de ces colosses de manière plus éthique et solidaire.

Et si l’Europe avait le pouvoir politique de rendre cela possible… ?

Pouhiou.

L’Europe a tort de s’attaquer à la hache au géant Google.

par Evgeny Morozov (tumblr).

Traduction : Goofy

C’est le passe-temps favori du continent, et même le Parlement européen ne peut y résister : s’attaquer au moteur de recherche le plus grand du monde. Lors d’un vote récent et largement symbolique, les députés européens ont insisté pour que la recherche Google soit séparée de ses autres services — exigeant, en substance, que l’entreprise soit démantelée.(1)

Ce serait bénéfique pour les détracteurs de Google, mais malheureusement pas pour les citoyens européens. La recherche, comme le secteur du réseautage social dominé par Facebook, semble être un monopole naturel. Plus Google connaît de chaque requête — qui demande quoi, où et et pourquoi — plus ses résultats seront pertinents. Une entreprise qui a organisé, disons, 90 pour cent de l’information du monde fera naturellement mieux que une société qui détient à peine un dixième de cette information.

Mais la recherche n’est qu’une partie du portefeuille tentaculaire d’activités de Google. Les thermostats intelligents et les voitures auto-conduites sont des entreprises d’information, aussi. Tous puisent dans les réservoirs sans fond des données captées par Google, par les capteurs tels que ceux intégrés dans le matériel et les algorithmes. Tous se nourrissent mutuellement.

Les décideurs politiques ne saisissent pas encore le dilemme. Désolidariser la recherche des autres services de Google revient à les couper de leur contexte qui améliore leur précision et leur pertinence. Mais laisser Google opérer comme un monopole naturel revient à lui permettre d’envahir d’autres domaines.

Facebook présente un dilemme similaire. Si vous voulez construire un service autour de votre personnage en ligne — que ce soit pour trouver des musiques nouvelles ou partager des outils électriques avec vos voisins — sa passerelle d’identification est très pratique. Comme il cartographie nos intérêts et nos liens sociaux, Facebook est le gardien de nos réputations et des profils de consommation. Il rend disponible notre identité numérique à d’autres entreprises et lorsque nous interagissons avec ces entreprises, Facebook lui-même en apprend encore plus sur nous.

Étant donné que les données sur notre comportement pourraient détenir la clé pour résoudre les problèmes, de la santé au changement climatique, qui devrait les rassembler ? Et devraient-elles être traitées comme une marchandise et revendues à tous ?

Imaginez que ces données puissent être accumulées par les citoyens qui sont effectivement ceux qui les génèrent, d’une manière qui favorise leur utilisation commune. Donc, une communauté pourrait visualiser ses besoins de voyage précis et organiser des services de bus flexibles et efficaces — ne jamais voyager trop vide ou trop plein – pour rivaliser avec l’entreprise de transport innovante Uber. Les taxis commandés via Uber (dont Google est actionnaire) peuvent maintenant jouer des chansons que les passagers ont déjà « aimées » sur le service de musique en streaming Spotify (Facebook est un allié), une indication de ce qui devient possible une fois que notre identité numérique est au cœur des prestations de services. Mais laisser ces données entre les mains du clan Google-Facebook revient à empêcher les autres de trouver de meilleurs usages.

Nous avons besoin d’un système de données radicalement décentralisé et sécurisé ; personne ne devrait être en mesure d’obtenir vos données sans autorisation, et personne d’autre que vous ne devrait en être propriétaire. Dépouillé de identificateurs de la vie privée compromettants, cependant, ces données devraient être regroupées en une ressource commune. Tout innovateur ou un entrepreneur en herbe — pas seulement Google et Facebook — devrait être en mesure d’accéder à ce pool de données pour construire sa propre application. Cela amènerait une abondance de fonctionnalités et de services jamais vus.

L’Europe a besoin non pas d’un Airbus pour concurrencer le Boeing de Google, mais de milliers d’entreprises agiles qui opèrent sur un pied d’égalité avec les grandes sociétés américaines. Cela n’arrivera pas tant que nous n’aurons pas traité certains types de données dans le cadre d’une infrastructure commune, ouverte à tous. Imaginez le scandale si une grande entreprise achetait tous les exemplaires d’un livre en particulier, n’en laissant aucun pour les bibliothèques. Pourquoi devrions-nous accepter un tel accord avec nos données ?

Water wordscape CC-BY Marius B
Water wordscape CC-BY Marius B.

Les recherches basiques  comme « Qui a écrit Guerre et Paix ? » ne nécessitent pas la sophistication de Google et peuvent être fournies gratuitement. Empêché d’accumuler les données des utilisateurs à des fins publicitaires, Google pourrait toujours fournir des services de recherche de pointe, peut-être de façon payante (pas nécessairement payés par les citoyens). La facture pour trouver des livres ou des articles en rapport avec celui que vous lisez pourrait être acquittée par les universités, les bibliothèques ou même votre employeur.

L’Amérique n’abandonnera pas le modèle actuel de services centralisés, financés par la publicité ; la surveillance d’état a besoin d’eux. La Russie et la Chine ont diminué leur dépendance à Google et Facebook, mais n’ont fait que les remplacer par des équivalents locaux.

L’Europe pourrait mieux faire. Elle dispose d’un minimum de respect de la protection des données. Ses citoyens sont mal à l’aise avec l’avidité de la Silicon Valley. Mais il n’y a aucune raison de revenir à un passé pas si lointain, lorsque les données étaient chères et difficiles à agréger. Les politiciens européens devraient adopter une vision à plus long terme. Le problème avec Google n’est pas qu’il est trop grand, mais qu’il siphonne des données qui ne lui appartiennent pas.

(1) sur la volonté européenne de scinder les activités de recherche du reste lire cet article.

 




Un Internet plus ouvert pour lutter contre le terrorisme.

À l’heure où l’on publie les décrets d’application d’une loi permettant la censure de sites sans passer par le pouvoir judiciaire… À l’heure où le choc émotionnel après les actes barbares est suivi de velléités politiques d’un Patriot Act à la française

…nous avons retrouvé et traduit une déclaration qui date de 2005.

Il y a près de dix ans, 60 chef d’états et le secrétaire général des Nations unies se retrouvaient à Madrid pour un sommet s’inscrivant dans une semaine d’hommages aux victimes des attentats de 2004.

Il y a donc près de dix ans, Kofi Annan, alors secrétaire général de l’ONU y déclarait :

Je dois malheureusement dire que les spécialistes des droits de l’homme, y compris ceux du système des Nations unies, considèrent tous, sans exception, que nombre de mesures qu’adoptent actuellement les États pour lutter contre le terrorisme constituent une atteinte aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales.

Il y a près de dix ans, le sous-groupe Internet de ce sommet formulait une série de recommandations pour lutter contre le terrorisme en tenant compte de ce formidable outil d’expression et d’interconnexion qu’est Internet.

C’était il y a près de dix ans : une éternité en « temps Internet »… Et ce n’a jamais été autant d’actualité.

Pouhiou.

madrid summit on democracy - CC-BY Wendy Seltzer
Madrid summit on democracy – CC-BY Wendy Seltzer

L’infrastructure de la démocratie.

Renforcer l’ouverture d’Internet pour un monde plus sûr.

Source.

Traduction framalang : Narcisse, Tim, Monsieur Tino, audionuma et les anonymes…

Recommandations proposées par le groupe de travail sur Internet du Sommet international sur la démocratie, le terrorisme et la sécurité.

I. Au XXIe siècle, Internet fait partie des piliers d’une société démocratique, parce que les valeurs au cœur d’Internet et de la démocratie sont très proches.
  1. Les fondements d’Internet sont : ouverture, participation et liberté d’expression pour tous, ce qui augmente la diversité et la portée des informations et idées diffusées.
  2. Internet permet de communiquer et de collaborer entre différents pays et différentes croyances.
  3. Internet rapproche des familles et des cultures dispersées à travers le monde, met les citoyens en relation et les aide à créer des sociétés civiles
  4. Internet peut favoriser le développement économique en connectant ses utilisateurs à l’information et à des marchés.
  5. Internet présente des idées et des points de vue différents aux personnes isolées qui pourraient être séduites par la violence politique.
  6. Internet n’échappe pas à la loi et les principes législatifs qui sont appliqués dans le monde réel doivent l’être également aux activités humaines sur Internet.
II. Les systèmes décentralisés — le pouvoir du nombre — peuvent vaincre un adversaire centralisé.
  1. Les réseaux terroristes sont très décentralisés et distribués. Une action centralisée ne peut donc en elle-même lutter contre le terrorisme.
  2. Le terrorisme est l’affaire de tous. Internet nous relie tous. Des citoyens connectés sont la meilleure défense contre la propagande terroriste.
  3. Comme nous l’avons vu à la suite des attaques du 11 mars, la réponse a été spontanée et rapide car les citoyens ont pu utiliser Internet pour s’organiser entre eux.
  4. Comme nous pouvons le constater sur les blogs et les autres médias citoyens, ce sont des discussions ouvertes, entre interlocuteurs dont les avis divergent, qui font émerger la vérité.
III. La meilleure sanction contre l’abus d’ouverture : plus d’ouverture.
  1. Les environnements ouverts et transparents sont plus sûrs et plus stables que ceux qui sont fermés et opaques.
  2. Même si certains services en ligne peuvent être interrompus, Internet est un système planétaire très résistant aux attaques, même les plus sophistiquées et les plus distribuées.
  3. Les interconnexions humaines qui ont lieu via Internet mettent en échec les divisions que les terroristes essayent de susciter.
  4. Le fait qu’Internet soit ouvert peut être exploité par les terroristes, mais tout comme dans les gouvernements démocratiques, l’ouverture réduit les risques d’actes terroristes et augmente l’efficacité des réponses au terrorisme.
IV. La régulation bien intentionnée de l’Internet dans les démocraties en place pourrait menacer le développement des démocraties émergentes.
  1. Le terrorisme ne peut détruire Internet, mais une réponse législative trop zélée face au terrorisme le pourrait. Les gouvernements devraient faire preuve d’une extrême prudence avant d’imposer des modifications des fonctionnalités au cœur d’Internet.
  2. Certaines initiatives gouvernementales qui pourtant semblent raisonnables violent les principes de base qui ont fait le succès d’Internet.
  3. Certains prônent par exemple la fin de l’anonymat, ce qui n’arrêtera certainement aucun terroriste déterminé, mais aura un effet dissuasif sur les actions politiques ce qui aura pour conséquence de réduire la liberté et la transparence. Ainsi par un effet boule de neige inattendu, la restriction de l’anonymat menacera la liberté d’expression, en particulier dans les pays en pleine transition démocratique.
V. En conclusion, nous prions l’ensemble des délégués réunis ici à Madrid de :
  1. Soutenir la cause d’un Internet ouvert, pilier de la démocratie du XXIe siècle et outil essentiel à la lutte contre le terrorisme
  2. Considérer Internet comme un moyen de communication indispensable et investir dans sa consolidation contre les attaques et sa capacité à refonctionner rapidement en cas de dégâts.
  3. Favoriser un accès plus large et plus égalitaire à Internet, en s’employant à réduire la fracture numérique.
  4. Protéger la liberté d’expression et d’association, soutenir la mise à disposition pour tous de moyens communication anonymes.
  5. Résister aux tentatives de gouvernance internationale d’Internet, qui pourraient avoir des conséquences indésirables et vont à l’encontre de la nature démocratique d’Internet : privilégier les initiatives qui partent de la base.



L’open source avec des mots simples.

Wrapped gifts, CC-BY Steven Depolo
Wrapped gifts, CC-BY Steven Depolo

Ah… il n’est pas si loin, le temps des réveillons et des repas de famille. Les retrouvailles, les dîners où l’on découvre sa belle-famille, les conversations qui défont et refont le monde… Seulement voilà, quand on travaille dans l’open source il est une question que l’on redoute particulièrement : « Mais dis-moi, ça consiste en quoi, ton travail, en fait ? »

Quelques fourchettes se posent, quelques nuques se tendent, l’oreille aux aguets. Il faut dire que, chez les Dupuis-Morizeau (notre sympathique famille-témoin qui a pris le relais des « Michus » depuis leur Normandie natale) l’open source relève de la charade…

On sait qu’il s’agit d’informatique. D’une informatique plutôt… « bien », comme ces légumes des AMAP qui ont meilleure presse que ceux des supermarchés. Mais… en quoi est-ce un métier ? Comment peut-on y gagner sa vie ? Est-ce réaliste dans notre monde où l’économie fait loi…?

Voici donc un petit guide pour expliquer le logiciel libre à votre belle-famille, lors de vos prochaines vacances.

Pouhiou.

Comment impressionner sa belle famille

L’open source pour les non-techniciens.

par Brian Proffitt.

Article original paru sur le blog de RedHat

Traduction Framalang : Simon, sinma, lamessen, McKael, goofy, niilos, nilux, Bussy, niilos, r0u, Tim, audionuma, r0u, Diab, et les anonymes…

En repensant à ces dernières vacances, je dois dire qu’au final, c’était plutôt détendu (ce n’est pas toujours acquis lorsque les proches font partie de l’équation.)

Cette année, j’ai passé Noël avec ma belle-famille et c’était la première fois qu’on se voyait vraiment depuis que j’ai commencé à travailler sur le projet oVirt. Tout ce que ma belle-famille savait était que j’avais obtenu un nouveau travail et que je voyageais beaucoup. Ce qui, naturellement, a suscité l’inévitable question : qu’est ce donc que je fais exactement ?

Difficile de répondre à cela aux gens en dehors du monde des TIC. Si je dis à un groupe de confrères, « je suis un animateur de communauté open source », je peux être raisonnablement sûr qu’ils auront au moins compris partiellement. Ils seront certainement encore à côté (de la plaque) dans leurs suppositions (« tu es un de ces hippies ? »), mais au moins on sera sur le terrain de la compréhension.

En-dehors des TIC, non seulement nous ne jouons pas dans la même cour de récré, mais il n’y a même pas une compréhension mutuelle des règles du jeu en cours.

Cette fois, c’est mon beau-père qui a posé la question. Je l’ai aidé à combattre les problèmes de sa machine Windows pendant des années, et il a retenu de nombreuses bonnes pratiques que j’ai essayé de lui transmettre (« ouvre ce genre de courriel et dis adieu à tes données » — ce genre de choses.) Pour expliquer l’open source en général, voilà ce que moi (ainsi que ma femme, par moments) je lui ai dit.

Imagine, ai-je commencé, que tous les logiciels qui tournent sur ton ordinateur sont comme une collection de livres dans une bibliothèque. Certains livres sont neufs, certains sont intéressants, certains ne le sont pas. Mais quels que soient leur sujet, ces livres ont un point commun : ce sont des livres. Ils sont comme ils sont, figés. Les mots inscrits sur les pages sont indélébiles, écrits par les auteurs et ils apparaîtront pour toujours comme ils ont été publiés.

Stockholm Public Library CC-BY Samantha Marx
Stockholm Public Library CC-BY Samantha Marx

De temps en temps, une nouvelle édition du livre peut paraître, en particulier si le livre est populaire. La nouvelle édition contiendra moins de coquilles et peut-être de l’information mise à jour. D’autres auteurs peuvent faire surface et écrire de nouveaux ouvrages, approfondis par rapport aux best-sellers, en complément. Mais tout au long de ce processus, ces livres sont figés à partir du moment où ils sont publiés.

C’est comme ça, disais-je, que la majorité des logiciels sur ton ordinateur fonctionnent. L’ordinateur peut les lire et les utiliser, mais personne, hormis les auteurs ou les éditeurs des logiciels, ne peut les changer.

Maintenant imagine le contenu de ces livres sur un support moins immuable. Par exemple une série de pages web. Le contenu commence de la même manière que pour les livres papiers, mais il est plus simple et plus rapide d’apporter des changements à ce contenu. Pas besoin de ré-imprimer le livre pour corriger « Appelez-moi Iggy ». Maintenant, ajoute à cela que comme tout peut être facilement modifié, tout le monde a le droit de lire un livre, et d’y apporter des changements. Et chacun de ces livres est gratuit.

C’est cela, lui disais-je, le logiciel open source. Il est installé tel quel, mais (si tu le souhaites), tu peux y apporter les modifications qui répondront à tes besoins. Un manuel rassemblant les instructions de réparation de tous les tracteurs au monde peut être réduit en un seul qui concerne seulement les tracteurs qui t’intéressent. Ou bien tu peux corriger toi-même toutes les fautes que tu trouveras dans le livre.

Puis vint l’inévitable question :

« Donc si tu donnes ces livres gratuitement, comment gagnes-tu de l’argent ? »

Eh bien, ai-je répondu, tu te rappelles les livres complémentaires que j’ai mentionnés ? Pense à eux comme des logiciels dont ton entreprise a besoin pour mener à bien son activité. Pour obtenir des logiciels meilleurs, plus efficaces, tu as besoin de les ajuster au logiciel libre de départ. Et ces ajustements, c’est là le plus important, demandent des compétences.

Knowledge experience narrative collaborative CC-BY Howard Lake
Knowledge experience narrative collaborative CC-BY Howard Lake

En effet, même si le logiciel est ouvert, il faut des compétences pour le modifier. De la même manière qu’il en faut pour écrire des livres. Si tu as ces compétences, alors c’est facile : récupérer le logiciel libre, y apporter ses modifications, et c’est parti. Mais ceux qui ont le plus de compétences et de connaissances sont, comme tu t’en doutes, les personnes qui ont écrit ce logiciel en premier lieu. Ainsi elles offriront leur aide à ceux qui en ont besoin. S’il s’agit d’entreprises commerciales, comme Red Hat, SUSE ou Canonical, elles monnaieront leur aide aux clients, ce qui générera un revenu.

Ça a semblé faire tilt.

« Donc toi tu écris les programmes ?»

— Non, étant donné que les gens de la communauté peuvent et vont le faire. Mon travail consiste à rendre le logiciel plus simple à utiliser (comment mieux lire le livre) et à écrire (en aidant à rassembler des procédures et des outils pour écrire des livres plus efficacement). Parce qu’on a besoin d’une certaine forme d’organisation. Donc je trouve des gens intéressés par l’évolution du logiciel et des gens qui trouvent un intérêt à utiliser ce logiciel. Et, comme il y a un intérêt commercial au logiciel, certains me rémunéreront pour faire ça.

De toute évidence, il y a des nuances que je n’ai pas approfondies, comme les licences permissives contre les licences restrictives, la gouvernance et les paramètres. Mais pour le moment, c’est là l’explication la plus efficace que j’ai utilisée pour illustrer l’idée d’open source et de la communauté. Dans cet esprit, n’hésitez pas à l’utiliser ou à l’améliorer.

 




Nouvelles recrues chez Framasoft

Comme vous le savez sans doute, Framasoft à lancé en octobre 2014 une (ambitieuse) campagne « Dégooglisons Internet ».
Cette dernière vise à sensibiliser le public aux dangers d’un web chaque jour plus centralisé.

Faire ce que l’on dit…

Par ailleurs, nous cherchons à démontrer par l’exemple, en proposant à tous des services alternatifs libres dans les mois et années qui viennent.

Enfin, nous souhaitons aussi mettre en œuvre une démarche d’essaimage : il ne s’agit pas de remplacer Google par un autre acteur (Framasoft ou un autre), mais bien de donner à chacun la possibilité d’installer ces propres outils, avec des tutoriels clairs.

Il s’agit là d’un véritable défi pour l’association, notamment en termes techniques.

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Mêlée Dégooglisons CC-BY-SA Simon « Gee » Giraudot

… et dire ce que l’on fait.

En effet, en dehors des questions techniques, Une des faiblesses de Framasoft est de manquer de temps pour bien communiquer non seulement sur ses actions, mais aussi et surtout avec sa communauté.

Notamment, nous avons échoué à gérer l’afflux de nouveaux inscrits sur notre liste participer@framalistes.org, laissant de nombreux bénévoles tout frais, tout beaux, pleins d’énergie, sur une liste où nos membres manquaient cruellement de temps pour les accueillir.

Ce manque se fait d’autant plus sentir depuis qu’Alexis Kauffmann a quitté son poste de salarié (fin septembre 2014) pour créer et animer de nouveaux projets, notamment au travers du collectif Romaine Lubrique, qui vient d’organiser avec succès le premier Festival du Domaine Public.

Bienvenue à Pouhiou et Victor !

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Pouhiou, CC-0 Kaweii

Grâce à vos dons, nous avons pu embaucher une nouvelle recrue en janvier 2015.

L’association a fait le choix d’embaucher un « médiateur », en la personne de Pouhiou, que certains d’entre vous connaissent probablement pour son cycle romanesque des Noénautes (publiés chez Framabook) ou sa websérie pédagogique « Et mon cul, c’est du Pouhiou ? ».

Ses missions seront notamment de :

  • faciliter l’accueil des personnes souhaitant participer activement aux projets de l’association ;
  • coordonner notre groupe de travail Communication (relations presse, supports de communication, etc) ;
  • animer les comptes Framasoft, sur les réseaux sociaux.

Pouhiou, sur un temps partiel et pour une année, vient donc renforcer l’équipe des permanents de Framasoft, composée de Pyg et JosephK, ainsi que de Victor, qui nous a rejoints lui aussi début janvier pour un stage de 3 mois consistant à redévelopper notre outil de gestion de dons.

Bienvenue !

Pour contacter l’équipe, une seule adresse : http://contact.framasoft.org




Apprendre le Web avec Mozilla Webmaker (4)

Si vous avez raté le début : Mozilla Webmaker est un ensemble d’outils ludo-éducatifs qui permettent à chacun de comprendre et de modeler le Web. Dans la boîte Webmaker nous avons trouvé des lunettes à rayons X, un dé à coudre magique et un kit de VJ. Mais tout cela c’est pour ceux qui veulent apprendre. Voici pour terminer notre série de présentations les outils pour aider ceux qui veulent enseigner.

Des outils pour enseigner

Un référentiel de compétences

Il existe dans l’Éducation nationale une série de compétences « informatique et internet » mesurées par les B2i ® (oui, c’est une marque déposée) et C2i selon les différents niveaux (école primaire, collège, lycée, enseignement supérieur)

L’analyse des grilles de compétences à acquérir est ici hors de propos, mais pour l’essentiel ces évaluations portent sur la capacité à utiliser le Web comme outil : lire, écrire, maîtriser l’information, communiquer… une part bien modeste est consacrée à la création de pages web ou à la création de contenu.

Mozilla propose un autre référentiel de compétences, il est également discutable certes, mais il met clairement l’accent sur ce qui manque dans celui de l’éducation nationale : il ne s’agit pas seulement de consommer le Web avec habileté et lucidité, mais d’une invitation à faire le Web, à participer à une ressource commune partagée. 

Cette ressource qui a été baptisé la carte de la littératie web (le choix de cette traduction suggère le parallèle avec l’accès aux savoirs fondamentaux traditionnels). Après la rubrique « Explorer » on trouve « Créer » et « Partager », chaque rubrique est détaillée en compétences diverses. Mais voyez plutôt vous-même, parcourez les détails de la carte de la littératie. C’est une version en constante évolution (oui vous pouvez contribuer à partir de ce wiki).

C’est loin d’être la seule “liste” proposée par Webmaker, mentionnons par exemple ces chemins interactifs entre les étapes d’une acquisition (pas de version française pour l’instant). cliquez sur un élément et vous verrez ceux qui s’inscrivent logiquement dans sa continuité, en amont (que dois-je savoir faire avant) ou en aval (qui puis-je faire ensuite).

Des kits pédagogiques

Tout aussi nombreux sont les « tutoriels », les fiches pratiques qui peuvent servir de guide à l’animateur d’une séance. Voici par exemple, traduites par les bénévoles de Mozfr et modifiables à votre gré, les fiches pratiques pour une série d’activités autour de la sécurité en ligne. Cliquez sur les liens sous les captures d’écran pour aller sur les pages.

kitSecurite1.pngLe sommaire

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La préparation, la discussion initiale entre les participants

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Dans cette étape, les participants sont amenés à remixer une vidéo sur le thème de la vie privée menacée.

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Puis les outils Webmaker sont pris en main pour que les participants découvrent les bonnes pratiques en matière de sûreté

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…et par étapes progressives on en vient à expliquer le mécanisme des cookies et comment surveiller la surveillance en installant Lightbeam.

Une grande quantité de tutoriels et d’idées déjà mises en œuvre concrètement sont disponibles dans la partie events de Webmaker, mais tout cela est en anglais pour l’instant.

Pourquoi des ateliers, des coding goûters et autres initiatives ludo-pédagogiques,

Tous ces outils, ce matériel et ses dispositifs n’ont qu’un intérêt moyen s’ils ne sont pas mis en pratique, et Mozilla tient à ce que des rencontres dans la vraie vie se produisent, que des gens qui veulent apprendre et enseigner le Web se retrouvent pour avancer ensemble, et pas seulement sous forme de cours à distance désincarnés.

Naturellement, Mozilla ne prétend pas avoir inventé l’idée des ateliers d’initiation au code, des expériences sympathiques et pertinentes ont lieu déjà depuis quelques années (ici par exemple). Ce que Mozilla propose en plus c’est une force de proposition à l’échelle mondiale : les ateliers Webmaker ont lieu en ce moment dans toutes les communautés mozilliennes, ce qui démultiplie les échanges de pratiques possibles.  Vous pouvez bien sûr tracer votre chemin, votre usage et construire de zéro votre démarche ludo-pédagogique, mais vous pouvez aussi reprendre et remixer des expériences éprouvées

C’est encore timide et pas si fréquent, mais en France aussi, c’est déjà commencé, on utilise par exemple des outils Webmaker dans la très active Maison du Libre à Brest.

mozilla-webmaker-front2.jpg

À vous de jouer !

Il vous reste maintenant à…

  • vous emparer librement des outils proposés ;
  • contribuer à leur amélioration, le code est évidemment open source ;
  • contribuer à leur traduction, en vous inscrivant sur la liste de Mozfr ;
  • contribuer à leur diffusion en organisant même à petite échelle des ateliers Webmaker. Si vous avez besoin d’un conseil, de l’aide d’un mozillien, voire de bénéficier d’un espace communautaire à Mozilla Paris, contactez-nous.

— et faites-nous part de vos actions et expériences avec Webmaker, nous leur donnerons un écho ici !




Libre comme le loup, et comme ces élèves de 1ère Bac Pro qui sollicitent votre soutien

« Plutôt que je crée, je vends, nous avons choisi je crée et je partage… »

Regroupés au sein de la mini entreprise « TimberWolf Créativ’ », des élèves en 1ère Bac Pro du lycée professionnel Camille Schneider de Molsheim nous proposent un projet tout à fait intéressant autour de la création d’un livre numérique sur le loup en Alsace.

Il s’intitule « Libre comme le loup » (cf cette vidéo). Comme vous pourrez le constater en lisant l’entretien ci-dessous, il n’y a pas que le loup qui est libre ici. Et quand on demande aux élèves ce qu’ils ont déjà retenu de leur expérience à ce stade du projet, le HTML5+CSS3, les logiciels libres et les licences libres font partie des réponses.

Un projet à soutenir, d’autant qu’ils sont en campagne de financement sur Ulule pour couvrir les frais.

Remarque : Framasoft est impliqué dans le projet en accompagnant les élèves dans la création de leur ePub sur des outils et des formats libres. Nous les avons également invités à l’événement Vosges Opération Libre à Gérardmer en mai prochain, que vous pouvez d’ores et déjà noter sur vos tablettes si vous êtes de la région.

Libre comme le loup - Ulule

Interview des élèves porteurs du projet

Bonjour, pouvez-vous présentez succinctement en indiquant quelle fonction vous occupez au sein du projet ?


Je m’appelle Elisabeth, j’ai 16 ans, je suis en 1er Bac Pro Gestion-Administration au LP Camille Schneider de Molsheim et PDG de la mini-entreprise TimberWolf Créativ’. Et voici les responsables des différents services qui sont tous avec moi au lycée :

  • Auriane, DG
  • Arzu, Responsable Technique.
  • Sylvie, Responsable Artistique.
  • Pauline, Responsable Administrative.
  • Mélanie, Responsable Financière.
  • Mélissa, Responsable Marketing au sein de TimberWolf Créativ’

Alors le projet « Libre comme le loup », c’est quoi exactement ?

1620569_1418157165090157_2018577556_n.jpgC’est mettre en place un E-pub sur les légendes alsaciennes en rapport avec le loup afin de faciliter son retour dans nos contrées. Pour faire parler du loup dans nos contrées alsaciennes, nous avons pour projet de réaliser un E-Pub libre écrit sous licence Creative Commons by-SA.

Dans notre E-Pub vous trouverez des légendes alsaciennes oubliées et inconnues sur le loup ainsi que des musiques composées spécialement par notre partenaire La Poupée du Loup, nos dessins et nos énigmes. Une magnifique image de couverture réalisée par l’artiste Jean Linnhoff.

Quelle est la situation actuelle du loup en Alsace ?

Après avoir été éradiqué au début du XXe siècle, il revient chez nous tout doucement. On l’a aperçu à Still et au col du Donon très récemment. Les réactions sont diverses entre les pros-loup et les anti-loup.

Qu’est-ce qu’une « mini entreprise » ? Est-ce ouvert à tous les lycéens ?


C’est une entreprise comme une autre, sauf qu’elle est sous couvert de l’Education nationale, via Entreprendre Pour Apprendre. D’une durée d’un an elle est dirigée par des élèves. Ce type de formation est ouvert à tous mais ne fonctionne vraiment qu’avec une classe solidaire, motivée et qui n’a pas peur de faire des heures sup !

Pourquoi uniquement un ePub et pas également une impression papier ? Est-ce parce que l’ePub propose une autre expérience au lecteur avec de l’interactivité, de la musique, etc. ? Parce que le papier, c’est trop cher ?


Notre E-pub est basé sur un livre papier déjà existant, lui-même créé par la mini-entreprise de l’an passé. L’E-pub apporte une dimension interactive, musicale et visuelle et touche un autre public. Ici le coût n’entre pas en compte, c’est plutôt un choix en rapport avec l’air du temps, l’enseignement des nouvelles technologies en classe de Gestion Administration.

Votre projet s’inscrit sous le signe de la liberté. D’abord pour le loup mais également dans le choix des technologies utilisées (HTML5, CSS3…) et des licences adoptées (CC By-SA). En quoi le « choix du Libre » est-il ici important pour vous ?


La liberté est le maître mot de notre projet : un loup libre, une culture libre pour que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice. Nous souhaitions développer un autre aspect économique, plutôt que je crée, je vends, nous avons choisi je crée et je partage !

La musique, du groupe La Poupée du Loup, est aussi sous licence libre CC By-SA. Ont-ils été faciles à convaincre ?


Nous n’avons eu aucun besoin de les convaincre, ils étaient partants dès le départ et se sont beaucoup investis dans notre E-pub mais également dans l’événementiel au Molodoï.

Vous organisez un week-end à Strasbourg et vous participez à Vosges Opération Libre à Gérardmer. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous organisons un concert avec La Poupée du Loup, Dirty Deep, Les Poches Vides, le samedi 19 avril à partir de 21h avec une entrée à 5€ et un débat le dimanche 20 avril à partir de 14h avec entrée libre sur le thème du retour du loup en Alsace et l’artiste Jean Linnhoff pour un graff.

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Mais nous n’en restons pas là. Nous serons également présents à Vosges Opération Libre avec notre partenaire Framasoft, qui se déroulera le 17 et 18 mai à Gérardmer, pour présenter notre travail. Effectivement ce dernier nous a invité à participer à cet événement pour nous permettre de mettre en avant notre projet et en même temps pouvoir mieux connaître et naviguer dans « le Libre ». Jusqu’à ce jour, nous avions uniquement travaillé avec des logiciels bureautiques sous licence propriétaire et ce projet nous a permis de découvrir une autre facette informatique.

En quoi ce projet s’inscrit bien dans le programme pédagogique de votre classe de 1ère BAC Pro Gestion Administration ?


1026061_1427180937521113_272946299_o.jpgNous quittons le virtuel et le théorique pour entrer dans la réalité avec des actions concrètes. Nous devons tout maîtriser aussi bien l’outil informatique avec HTML5 et CSS3, qui ne font pas partis de notre programme mais que nous avons dû apprendre à maîtriser en toute autonomie. Il a aussi toute la partie économique et de gestion d’une entreprise, à savoir : le management, le marketing, la comptabilité, les tâches administratives et, petit plus, le côté artistique avec Sylvie qui a fait tous les dessins.

Qu’est-ce que vous avez déjà appris à ce stade du projet ?


Le HTML + CSS3, les logiciels libres, les droits d’auteurs… En plus des spécificités de chaque service, nous avons appris que pour être performant, il faut travailler ensemble.


Vous proposez une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule. Quels sont vos besoins ? Et que se passera-t-il si la somme n’est pas atteinte ?


Nous avons besoin de 2 500 € pour financer :

  • Notre week-end loup au Molodoï de Strasbourg
    • Cachet des artistes
    • Défraiement
    • Communication sur l’événement (flyer, affiche, carte postale…)
    • La location du Molodoï
    • La gestion du week-end
    • Les repas pour les intervenants
  • La conception de l’E-Pub qui sera téléchargeable gratuitement mais également vendu sous forme de clé USB :
    • L’achat du support soit la clé USB de 4 Go sur laquelle figurera notre E-Pub + les 3 musiques de la Poupée du Loup + des logiciels Libres de Droit
  • L’enregistrement en studio des musiques (3 jours)
  • Les produits dérivés (Tee-Shirts, Casquettes)
  • Frais de déplacement et d’hébergement :
    • Week-end Vosges Opération Libre, à Gérardmer
    • Déplacements sur Strasbourg (24 élèves)

Et si en fin d’année nous avons réussi à avoir un solde positif, nous reverserons une part de nos bénéfices à une association de défense du loup. Si nous ne les atteignons pas,… nous ne voulons pas y penser… gloups !

Un dernier mot ? Un message à faire passer ?


Soyez libre comme le loup ! Et… aidez-nous 😉

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Apprendre le Web avec Mozilla webmaker (1)

Vite fait, vite lu : ce qui fait la force du Web ouvert, c’est que n’importe qui peut en être un maillon et le construire. Mozilla Webmaker est un ensemble d’outils ludo-éducatifs qui permettent à chacun de comprendre et de modeler le Web.

Le Web permet à chacun d’entre nous d’essayer de nouvelles idées et de les offrir au monde entier, sans avoir à demander la permission à une quelconque autorité. Le rythme rapide de l’innovation nous montre de quoi l’humanité est capable quand de puissants outils sont offerts également à tous.

Mitchell Baker, présidente de la Mozilla Foundation

Chacun doit avoir la possibilité de façonner Internet et son utilisation d’Internet.

principe N°5 du Manifeste de Mozilla

Tout à fait en phase avec ces principes nobles mais certes un peu nébuleux, Mozilla a pris depuis plusieurs années des initiatives concrètes pour amener le plus grand nombre de ses utilisateurs à une meilleure connaissance de ce qu’est le Web. Voici des outils pour apprendre et enseigner.

Utilisez-les, bidouillez-les, inventez-en d’autres !

Pourquoi éduquer au Web

Une génération sans autre proposition que la consommation ?

Il y a presque 30 ans le plan informatique pour tous, malgré tous les défauts et limites matérielles qui devaient conduire à son abandon, a eu le mérite de mettre une génération d’enfants devant des ordinateurs sur lesquels ils s’initiaient à la programmation : dès l’école primaire on apprenait à piloter une « tortue » en logo, puis au collège on s’initiait aux rudiments du BASIC.

On peut penser raisonnablement qu’un petit nombre des enfants d’alors y ont pris goût et sont devenus depuis des acteurs de l’industrie numérique. Et que dire des gamins pour lesquels les portes du Centre international de l’informatique étaient ouvertes dès 1981 ?

Aujourd’hui, quelle occasion ont les enfants et adolescents de mettre les doigts dans le code, de concevoir un contenu pour le Web, d’être autonomes dans leurs usages d’Internet ? Ce n’est maintenant pas avant la classe de terminale scientifique qu’il s’agit d’apprendre à programmer, encore est-ce très clairement lié aux activités mathématiques et scientifiques.

Rien ne leur est proposé pour créer sur le Web, rien ne leur est proposé d’autre que de consommer des contenus dès l’âge tendre. Comment pourraient-ils devenir de utilisateurs conscients et compétents du Web ?

…et tous les autres utilisateurs ?

Aujourd’hui les jeunes ne sont pas les seuls à être privés d’éducation au Web. Que dire de tous ceux qui en maîtrisent à peine l’usage minimum ? De tous les milieux et de tous les âges, y compris dans les métiers dits intellectuels qu’on pourrait croire mieux informés, nombreux sont ceux autour de nous qui confondent un navigateur et un moteur de recherche, qui pensent être protégés de tout par un antivirus et qui ignorent jusqu’à l’existence d’un truc qu’on appelle les logiciels libres.

L’enjeu ?

— C’est la plasticité d’un Web libre et ouvert et sa maîtrise par des utilisateurs conscients. C’est la possibilité pour chacun de comprendre ce qui se passe dans les coulisses d’un site ou d’un service en ligne, d’être conscient des risques de la surveillance généralisée et de la marchandisation de nos profils. C’est la possibilité pour chacun d’être un acteur du Web et d’en tirer le meilleur parti sur tous les plans.

Oui d’accord, j’arrête avec les idéaux, voyons un peu ce que propose Mozilla.

Des outils ludiques pour apprendre

Les lunettes déshabillantes du HTML

Quand j’étais gosse (c’était au millénaire précédent), on pouvait voir dans les magazines des publicités pour un gadget qui ne manquait pas de nous faire fantasmer : des lunettes à rayons X, qui étaient supposées dévoiler des silhouettes sous les vêtements. Je n’ai jamais su si ces promesses alléchantes avaient un quelconque fondement. En revanche, la supervision de Superman, qui ne me faisait guère fantasmer, semble s’être réalisée avec les X-Ray Goggles de Webmaker. Il s’agit ni plus ni moins que de révéler le code source et donc d’apprendre le nom des éléments, attributs et autres balises HTML en se promenant sur la page web, une fois activées les « lunettes ».

Il s’agit d’un script qu’on dépose sur la barre d’outils comme un simple bookmarklet (tiens, pourquoi avait-on perdu de vue les bien pratiques bookmarklets ?). Pour l’utilisateur c’est simplissime et presque amusant. Pour moi le vieux pervers c’est comme si je pouvais regarder sous les jupes… de la page. Mais voici quelques captures d’écran qui vaudront mieux qu’une trop longue description :

Première étape : faire glisser le bookmarklet sur la barre d’outils de son choix

Sur une page qu’on aime bien (celle de connard.pro par exemple) il suffit de survoler et les éléments ou attributs HTML se mettent en couleurs et sont identifiés.

TOUT est désormais modifiable sur la page : textes, images, balises… ici j’augmente l’interligne et j’ajoute des italiques.

…et le plus chouette (mot qui voulait dire trop cool autrefois) c’est que je peux publier le résultat remixé par mes soins et communiquer fièrement l’adresse aux victimes du bidouillage.

Allez vous aussi vous amuser avec les lunettes à rayons X, c’est ici https://goggles.webmaker.org/fr et c’est en français grâce aux contributeurs de MozFr (oui c’est imprononçable, et alors ?)

— Au fait, si vous voulez passer à l’étape supérieure, vu que vous êtes « pro » et que vous regardez tout cela avec un sourire condescendant, essayez donc l’inspecteur (Ctrl+Maj+C) parmi les nombreux outils de développement web inclus dans Firefox (what else ?)

À suivre ! -> la semaine prochaine : Thimble, l’éditeur HTML interactif qui poutre.




data.abuledu.org : 14 000 ressources éducatives libres !

Cette semaine a été officiellement lancé un projet d’envergure : Data, une bibliothèque numérique de ressources éducatives francophones, forte de 14 000 références, libres et adaptées au quotidien des enseignants. Cette réalisation est le fruit d’un travail de longue haleine (la genèse du projet remonte à plus de 10 ans) de la société Ryxéo et de l’association Abulédu-fr, qui a entre autres lancé le site de micro-blogue Babytwit.

Le site data.abuledu.org

Qui peut s’en servir et comment ?

Tout enseignant peut aisément rechercher puis télécharger une ressource depuis le site dédié. Comme celles-ci sont toutes sous licence libre, il n’y a pas de contrainte légale pour leur utilisation en milieu scolaire (et même ailleurs). Pour ceux qui utilisent un tableau interactif, le plugin pour Open-Sankoré permettra une utilisation directe de cette bibliothèque dans votre logiciel de TBI favori.

Pourquoi une nouvelle ressource ?

Au premier abord on peut se demander pourquoi créer une nouvelle bibliothèque de ressources quand d’autres plates-formes de qualité existent, telles Wikimedia. Les plus-values de Data sont importantes :

  • Les ressources disponibles ont toutes été choisies par les contributeurs en fonction de leur intérêt éducatif ;
  • Chaque ressource éducative est référencée selon la norme internationale LOM (Learning Object Metadata), recommandée par le Ministère de l’Éducation Nationale, et accompagnée de champs pédagogiques (les compétences, le niveau du public cible, le domaine d’enseignement, les activités induites…)
  • Data regroupe des ressources éducatives sélectionnées dans des banques existantes mais également créées ou traduites spécialement pour cette bibliothèque numérique. Plutôt que de chercher successivement sur plusieurs sites, chaque enseignant peut ainsi trouver plus facilement une ressource adaptée à la séance pédagogique qu’il prépare.

Vous avez envie de participer à ce projet ?

Plusieurs moyens s’offrent à vous.

  • Tout d’abord, même si le nombre de ressources est déjà particulièrement conséquent pour un lancement, vous êtes bienvenu-e-s pour collecter ou créer des ressources éducatives libres et les ajouter à cette base de données. Grâce à un logiciel libre développé spécifiquement et disponible pour différents systèmes d’exploitation, chacun peut contribuer facilement, la communauté AbulÉdu se chargeant de valider les ressources.
  • Vous pouvez également aider le projet en créant un serveur-miroir, Data ayant été conçu dès le départ pour être facilement dupliqué.
  • Vous remarquerez que data ne comporte aucune publicité. Proposer un tel service a forcément un coût. Vous avez donc la possibilité de soutenir financièrement cette initiative. http://data.abuledu.org/wp/ressources-educatives-libres/
  • Afin de permettre une utilisation aisée de ces ressources, data est interfacé avec les logiciels d’AbulÉdu. Un plugin pour le logiciel libre pour tableaux interactifs, Open-Sankoré, est en cours de développement. Pour compléter la palette d’outils, il manque actuellement une extension pour les suites bureautiques libres (Apache OpenOffice, LibreOffice et bien sûr OOo4kids). Si un développeur a la compétences et l’envie de la développer, qu’il n’hésite pas à se manifester.

Data est une avancée importante pour tous les enseignants francophones qui créent leurs propres cours, car elle leur offre une bibliothèque de ressources riche, pertinente et référencée. N’hésitez donc pas à en parler autour de vous et à le faire découvrir aux enseignants que vous connaissez (donnez-leur un petit flyer )

Le projet Data est soutenu par l’Organisation Internationale de la Francophonie, le Conseil Régional d’Aquitaine, les associations Framasoft, AFUL, CEMEA La Réunion, Aquinetic, April et ABUL et… peut-être vous.