Quand les auteurs Framasoft s’allient pour faire de vous des connards… libres

Simon « Gee » Giraudot et Pouhiou présentent leur nouveau roman illustré sur connard.pro

« Bastards, Inc – Le guide du connard professionnel » n’est ni une bande dessinée, ni un roman… C’est un MOOC-fiction, une espèce de cours en ligne et illustré pour nous apprendre le beau métier d’ingêneur, ces gens qui gagnent leur vie en créant des ouvertures faciles récalcitrantes et des ralentisseurs pervers. L’avant-propos est on ne peut plus clair :

Être un salaud est à la portée du premier venu. Être un connard, par contre, demande rigueur, écoute et une grande capacité de réflexion.

Octave Geehiou, l’auteur fictif de cette masterclass, est en réalité le fruit de la la collaboration entre Gee (Simon Giraudot, auteur des BD Geektionnerd et Superflu) et Pouhiou (auteur de la série de romans feuilletons des NoéNautes). Les comparses se sont rencontrés lors de signatures organisées par leur éditeur, Framasoft, qui promeut les œuvres sous licence libre. Après un an de complotages en catimini, il dévoilent ce « Guide du Connard Professionnel ».


« Chaque épisode sera comme une petite leçon pratique. Textes et images alternent afin d’expliquer de manière aussi détaillée qu’absurde comment emmerder les gens afin de leur faire acheter des écrans de projection… ou du scotch de déménagement » explique Pouhiou, qui scénarise ce graphic novel.

« On a décidé de placer ces épisodes dans le domaine public vivant grâce à la licence CC0 » ajoute Gee, « et de libérer un épisode tous les quinze jours quoi qu’il arrive… mais on compte bien sur l’aide de tous les apprentis bâtards et ingêneuses ».

En effet, en plus de pouvoir télécharger librement chaque épisode, les lecteurs pourront participer en suggérant des « bastardises » et autres « connarderies » aux auteurs… ou en accélérant leur rythme d’écriture. « On publie un épisode un mercredi sur deux. Mais on a mis sur le site connard.pro une petite barre de dons qui déclenchera, une fois remplie, la publication d’un épisode supplémentaire lors du mercredi de repos. Ainsi l’argent donné ne sert pas à libérer le contenu, juste à nous libérer du temps pour le créer plus vite ». Le site connard.pro présente déjà l’avant-propos et la démarche de ces deux « Bâtards en chef ». Rendez-vous le mercredi 22 janvier pour découvrir le premier épisode de ce guide du connard professionnel…

Bastards, Inc - Couverture

Interview

Deux experts de Framasoft joignent leurs efforts pour vous offrir le guide de l’ingêneur libre

Framasoft par sa branche Framabook a une longue tradition de tutoriels et autres guides, que ce soit pour les logiciels, la programmation ou la conduite de projets libres. Un guide de plus alors ? Oui mais celui-ci est en quelque sorte « hors-collection »

Voici ce qu’en dit le magazine en ligne Strat&J :

Le guide du connard professionnel est une formidable opportunité pour valoriser vos compétences dans le segment de la vente en open trading. Une mine de conseils précieux pour le mercaticien débutant et un retour d’expérience profitable pour le senior manager.

Question : Monsieur le dessinateur, la Geekette est-elle toujours la première dame du Geektionnerd ?

Gee : Je comprends votre question, et je suis sûr que vous comprendrez ma réponse. Chacun, dans sa vie personnelle, peut traverser des épreuves, mais ce n’est pas notre cas. La multiplications des projets BD sont des moments joyeux et j’ai un principe, c’est que les affaires publiques se traitent en public dans un exhibitionnisme respectueux de chacun. C’est donc parfaitement le lieu pour le faire (mais pas le moment, on parle des Bastards, là). Je préfère donc que nous poursuivions sur le sujet qui nous intéresse : en l’occurrence, dans Bastards, Inc, le personnage principal est un homme (Octave Geehiou) qui évoluera dans un univers tout à fait machiste où les femmes n’auront qu’un rôle de faire-valoir (toute ressemblance avec des institutions existantes serait bien sûr fortuite). D’ailleurs je vous rappelle que c’est écrit par Pouhiou, et que ça se saurait s’il aimait les femmes.

Question : Euh les gars vous êtes gentils mais qu’est-ce qui vous a pris ? D’où vous est venue l’idée de collaborer et surtout pour faire un truc pareil ?

Gee : Dès le premier tome des Noénautes, Pouhiou a eu l’idée un peu paranoïaque réaliste (il faut bien le dire) qu’il pouvait exister une volonté délibérée d’emmerder gravement les gens de la part d’ingénieurs malveillants, profession imaginaire mais dont les exploits supposés sont terriblement réels et parfaitement néfastes. Tous ceux qui un jour ont vainement cherché la mythique extrémité perdue d’un rouleau de scotch nous comprendront.

Pouhiou : Cette profession a été opportunément nommée : ingêneur. Telle est en tout cas l’activité d’Enguerrand Kunismos dans le cycle des NoéNautes, et bientôt celle d’ Octave Geehiou dans ces sortes de carnets de l’ingêneur que constitue le guide du connard professionnel.

Question : Oui mais avec ça on ne sait toujours pas qui a mis le feu aux poudres…

Pouhiou : Ben le problème quand on fait ses petites affaires dans le domaine public, c’est que certains viennent s’en emparer. En février dernier, alors que je faisais le crowdfunding pour la sortie de #MonOrchide, Simon me dit au détour d’un mail : « Faut vraiment être un connard pour vendre des écrans de projections ».

Gee : Réflexion que je me suis faite pendant une conférence dans le labo où je travaille. Je remarquai alors que la présentation était projetée à même le mur (de couleur blanche unie), et je repensai avec amusement à toutes les fois où j’ai pu voir quelqu’un se battre, impuissant, contre la mécanique systématiquement foireuse d’un écran de projection. L’écran de projection m’apparut alors comme un exemple d’objet à la fois inutile (un bête mur blanc suffit) et néfaste (toujours mal fichu et irritant à utiliser). Ça m’a fait penser aux ingêneurs de Pouhiou, alors on en a discuté et c’est un petit peu parti en sucette, au point qu’on a ouvert un Framapad pour y stocker des idées d’autres objets conçues pour nous emm-nuyer. C’est parti comme ça…

Extrait de Bastards, Inc 1

Question : Et pourquoi vous n’avez pas parlé plus tôt de votre projet ? Vous aviez honte hein c’est ça ?

Pouhiou : Pas du tout nous en sommes au contraire particulièrement fiers, mais il a fallu trouver le ton, le temps, et on a préparé ça pendant un an, en plus de nos activités habituelles… Et en se cachant de nos ami-e-s framasoftiens, histoire de leur faire la surprise dès qu’on serait prêts. Seul PYG a été notre complice, car il a bien fallu nous ouvrir un coin de serveur pour préparer le site. Car oui, c’est encore un projet libre hébergé par Framasoft et grâce à tous ceux qui soutiennent cette asso.

Gee : Ça nous a permis de prendre un peu d’avance et de voir ce qui marchait et ce qui ne marchait pas. Par exemple, j’avais commencé à faire du 100% Inkscape comme le Geektionnerd, mais après quelques épisodes, on s’est rendu compte que ça ne marchait pas, les textes ne ressortaient pas bien (ils sont plus longs que dans le Geektionnerd). Finalement, on a totalement changé la mise en page, seuls les dessins sont faits sous Inkscape. La mise en page est ensuite gérée en LaTeX (what else?) pour les versions téléchargeables, et directement en HTML pour les versions en ligne. Bref, tout ça a demandé du temps, sans parler du fait que Pouhiou comme moi n’en sommes pas à nos premiers projets et qu’il faut aussi trouver un rythme tenable…

Question : Vous avez réussi à ne pas vendre la mèche ?

Gee : Oui, on a vraiment gardé le truc secret jusqu’à la fin. Par contre, moi j’me suis bien amusé à laisser des indices à droite à gauche, comme dans cette interview où je parle d’un projet dont je ne serai pas l’auteur, dans ce petit encart sur mon site perso ou encore dans le dernier article participatif de Pouhiou sur le Geektionnerd.

Pouhiou : Moi c’est en vrai que j’ai eu du mal à tenir ma langue… J’envoie les scénarios à Gee sur un pad, et il me renvoie le réultat par email, dans un zoli pdf fait en LaTeX avec ses dessins… À chaque fois j’explose de rire, je jubile comme un gamin au pied du sapin ! Voir nos conneries prendre forme, ça me donne envie de les partager avec tout le monde ! Sinon les seuls indices que j’ai laissés sont quelques #likeabastard sur twitter… et le compte @Geehiou, pour partager des bastardises en 140 caractères. Mais aujourd’hui nous sommes prêts, dans un grand élan œcuménique et humanitaire, à dispenser nos indispensables lumières aux masses asservies par l’obscurantisme mercantile (en toute modestie, bien entendu).

Question : Bon et ça va se présenter comment, encore un feuilleton ?

Pouhiou : Vu comment notre narrateur, môssieur Octave Geehiou, se la pète… je pense qu’on peut parler d’un cours. Une sorte de MOOC fictionnel. Des paragraphes de textes entrecoupés d’illustrations où il nous expliquera de manière pratique des situations quotidiennes où la malice et l’ingéniosité d’un connard a pourri la vie du plus grand nombre pour enrichir quelques-uns. L’épisode 01 est prévu pour le mercredi 22 Janvier, et on va publier sur un rythme bi-mensuel, un mercredi sur deux à 13h37.

Gee : Le rythme d’une semaine sur 2 devrait être tenable sans flinguer les NoéNautes, le Geektionnerd et Superflu. Mais si vous voulez nous pousser un peu à faire plus, on laisse une petite jauge de dons : lorsque le montant total (fixé à 150€ suite à des calculs hyper-techniques et abscons) est atteint, on publie un épisode supplémentaire le mercredi de « repos » (où normalement il n’y a pas d’épisode). Et comme ce n’est pas nécessairement l’argent qui nous intéresse (enfin, pas que), vous pouvez nous aider à développer la Framajauge.

Extrait de Bastards, Inc 2

Question : Pourquoi ce choix de la licence domaine public vivant, la CC0 ?

Pouhiou : Par pur et simple opportunisme. Le 26 janvier à Toulouse aura lieu la Journée du Domaine Public. On va y annoncer l’élévation de cette nouvelle œuvre dans le Domaine Public Vivant, s’y faire un max de pub, y gagner une renommée internationale (et néanmoins francophone) à la médiathèque José Cabanis… Puis dès le lendemain on recadenassera tout avec des DRM et des copyrights, comme de vilains gougnafiers !

Gee : En fait il n’y a rien de compliqué. Pouhiou a l’habitude de la CC0 qui est son acte militant de « non-violence légale ». Moi, j’ai l’habitude de la CC-By-Sa qui est mon acte militant de « diffusion du Libre ». Lorsque 2 licences sont incompatibles, j’ai pour principe d’utiliser la moins restrictive des deux (de la même manière que je refuserais toute collaboration à une œuvre sous droit d’auteur classique ou sous Nc/Nd, je ne me voyais pas imposer du CC-By-Sa à Pouhiou). Et puis comme dit Pouhiou, je rejoins désormais des noms aussi illustres que Victor Hugo ou Émile Zola dans ce fameux domaine public. Et c’est quand même hyper-classe.

Question : Il y a un problème : votre site n’est clairement pas un site de connards…

Gee : Question de point de vue : en fait, nous avons pratiqué le fameux « Faites ce que je dis mais pas ce que je fais », ce qui est bien une technique de connard. Bon, pour répondre à la question, on a essayé de faire les choses bien : on a mis des boutons de partage (Facebook, Twitter, etc.), mais comme ces boutons posent un grave problème de vie privée (un bouton installé sur un site incorpore du code qui peut tracer l’utilisateur – MÊME si celui n’est pas inscrit sur Facebook et cie), on a trouvé un plug-in qui utilise le principe du « double-clic ». Par défaut, le bouton est inactif (pas de code espion téléchargé, l’utilisateur est tranquille). Un clic, le bouton devient actif (code téléchargé avec l’accord de l’utilisateur donc). Un deuxième clic, le « like / +1 / etc. » est envoyé. Défenseur de la vie privé, likeur invétéré : tout le monde est content !

Pouhiou : Et puis grâce à Framasoft, qui est au courant depuis quelques jours, on a des collaboteurices formidables. Ainsi, une certaine Kinou a dit qu’elle souhaitait nous fouetter former afin que le site devienne accessible, par exemple disponible à l’audio description pour les aveugles. Cela va demander une certaine dose de travail (et de #Facepalm pour elle) mais j’espère qu’on pourra offrir cette « liberté 0 » d’un site qui ne laisse personne sur le carreau.

Question : Si c’est un projet libre, du domaine public, on peut y participer ?

Pouhiou : Oh que oui. On a déjà quelques épisodes d’avance, mais on a surtout très envie d’entendre vos idées… Vous avez déjà eu ce sentiment qu’un objet ou un service était conçu exprès pour vous faire chier ? Ca nous intéresse (c’est notre côté Delarue, mais en moins mort). Bref : vous pouvez partager vos idées par ici http://connard.pro/participation-et-dons/ soyez assuré-e-s qu’on ne piquera que les bonnes /meilleures/.

Gee : De manière générale, toute participation est la bienvenue. Vous pouvez envoyer des idées, des dons (gros don via Paypal ou microdon via Flattr), vous pouvez partager nos bêtises, nous encourager, nous envoyer des putes et de la coke ou simplement nous suivre, ce qui est déjà beaucoup.

Extrait de Bastards, Inc 3

Question : Connard.pro est un spin-off du cycle des Noénautes dessiné par Gee. Vous avez aussi dans les cartons un spin-off de GKND scénarisé par Pouhiou ?

Pouhiou : Monsieur, je ne vous permets pas de fouiller ainsi dans mes cartons ! C’est très personnel, les cartons. J’avoue que, pour l’instant, l’idée ne nous est pas venue… Mais si on devait imaginer quelque chose au débotté, je dirais que les Connards du Corporate Club mériteraient le centre de la scène. Et puis je te collerais du #djendeur dans le lot, juste pour faire plaisir au lobby gaygétarien dont j’ai la carte de membre…

Gee : De toute façon, on est en-va-his de gays (j’en parlais encore hier à Christine…). Bref, on n’y a pas pensé non. Mais si on fait les aventures du Corporate Club, ça risque d’être un peu redondant avec le Guide du connard professionnel, il faudrait plutôt en faire un Cross-Over, façon « La ligue des connards extraordinaires ».

Pouhiou : Par redondant, tu veux dire sporadique…?

Gee : Nan, sporadique, c’est tout ce qui est à la campagne, non ?

Pouhiou : Sinon j’aime bien cette idée de ligue des connards extraordinaires… Ce sera certainement pour le tome 3 😉

Les premières critiques du Guide du connard professionnel sont dithyrambiques :

  • Un modèle économique bâtard pour une idée égotique, pas de doute : on est bien dans le fleuron de la culture Française. — Fox News
  • La plus belle chose qui nous soit arrivée depuis l’arrêté municipal contre les SDF. — Nice Matin
  • À déguster avec quelques bonnes huitres au piment d’Espelette. — CyriI Lignac, MasterChef
  • Vous êtes sûrs que vous voulez pas le label PUR ? Non mais si on vous le met quand même, hein ? — OffreLégaleQuiJustifieNosMillionsDépensés.pointeffère
  • Thyrambique. — La Critique
  • TIQUE ! — La
  • On dirait du Vincent Delerm. — Telerama

Crédit image couverture : version dérivée de Business as usual… (CC By Thomas Leuthard)




Chapitre X — Où malgré ses efforts, Pouhiou triomphe encore

Si l’on sait lire son acte manqué ferroviaire, on devine que Pouhiou n’avait pas vraiment envie de se retrouver au pied du mur, pour boucler coûte que coûte son défi d’écriture. Souhaitait-il au fond prolonger indéfiniment sa trajectoire erratique ? Ne nous penchons pas davantage sur les abysses de sa psyché, on pourrait tomber.

Il a donc d’autant plus de mérite d’avoir terminé réussi malgré lui, après un tour de piste azuréen. On l’imagine le blanc des yeux devenu rouge, les doigts dérapants sur la tablette, une ligne écumeuse adornant la commissure de ses lèvres tandis qu’autour de lui la colloc’ hailletèque en goguette fait tourner les serviettes bouteilles en goinfrant la raclette.

Chapeau (de roue) monsieur Pouhiou pour ce mois d’écriture, de voyage et de militantisme du Libre !

Il va probablement lui falloir une petite période d’ermitage dans une grotte de l’Ariège pour s’en remettre, mais il ne va pas nous lâcher, et c’est tant mieux.

J’irai écrire chez vous épisode 10 : Nice

Dernière ligne droite, dernier arrêt, dernières erreurs, découvertes…. et dernières rencontres. Quand quelque chose s’arrête, tout continue… Après tout, 50 000 mots, c’est juste un chiffre sur un compteur non ?

Fin de mois difficile

Je ne sais si c’est la fatigue ou l’abus de fromage lyonnais, je ne suis même plus capable de regarder correctement l’horaire de mon billet de train Lyon-Nice. Résultat ? Je confonds 11h01 avec 11h39, rate le train, perd le prix de mon billet preums, et doit me racheter un trajet plus long. 70 € de plus sur le budget transports juste à la fin du mois ? Ça fait plaisir ˆˆ. Peu importe, j’écris. Dans le 1er train. Durant ma correspondance, plié sur un banc sncf à Aix en Provence. Dans le 2e train. En arrivant chez Gee. Il me reste plus de 3000 mots par jour à trouver si je veux relever le défi, et force est de croire que je le veux.

Gee, des yeux, un trait et… un ukulélé

Framasoft est un éditeur qui chouchoute ses auteurs. Grace à vos dons et à votre soutien (dont nous avons besoin en ce moment !) Framabook a pu par exemple organiser des dédicaces dans la librairie A Livr’Ouvert à Paris, où Bookynette la libraire distribue les ebooks gratuits, voire les #Smartarded rendus gratuits par les NoéLecteurs. C’est là que j’ai commencé à connaître Simon, alias Gee, l’auteur du Geektionnerd. On a bien vite sympathisé, en se faisant rire (et chanter quand il sort son ukulélé) ; en échangeant aussi, parfois même de manière…. créative. Gee est quelqu’un d’observateur, à l’affût du détail qui tue, ou qui dérange sa fibre militante ; toujours prêt à rire des bêtises de l’humain.

La colloc du bonheur

La colloc où vit Gee, c’est l‘Auberge espagnole en vrai. Avec un poil plus de thunes et de geekerie, car on est dans une colloc de doctorants (quand même). On y parle en anglais, sauf quand Lucile (la douce de Gee au naturel aussi désarmant que son regard perspicace) est par là. On y mate, sur l’ordi-TV réglé en qwerty, les youtuberies de David Armand et des séries à l’humour acide (How not to live your life, metallocalypse). Thijs, le Néerlandais à la mèche rebelle et la barbe rassurante, propose ses jeux de société et danse comme un dieu après quelques verres de vin. Ross, le bogoss britanique, est tellement heureux de rencontrer son premier french veggie qu’on finit par parler grottes (il fait de la spéléo et j’ai été guide dans un des joyaux géologiques de l’Ariège). Clément, le frenchie caféïnomane, organise des raclettes où l’on ne manque pas de vin blanc (un exploit) malgré la deadline de son prochain article…

Les JM2L, l’ultime défi

Aux journées méditerranéennes du logiciel libre, on rencontre du beau monde…. L’inénarrable Véro de Linux Azur qui a passé la journée avec un fouet à pâtisserie suspendu au cou. Le beau Mathieu, déjà bénévole sur le Capitole du Libre, avec qui on se retrouve à Sophia-Antipolis pour mon plus grand plaisir. Thierry Stoehr, Eric de LinuxFr en pleine orga des RMLL de 2014 à Montpellier, Benjamin Bayart toujours drapé d’une dignité goguenarde… Et Hervé le Crosnier.

Je n’ai pas rencontré Hervé le Crosnier. J’étais tellement crevé, évanescent, etc… que ça ne s’est pas fait. #regret. #NextTime. En un mois de route, je ne fais que croiser des gens formidables, intéressants, qui ont chacun-e tant à partager. C’est formidablement prenant pour un introverti comme moi (si, si, je me reconnais là !). J’ai été saisi, accaparé, imprégné par ces échanges. Je peux l’avouer franchement : là, maintenant, il me tarde de rentrer chez moi pour pouvoir faire un peu mon sociopathe misanthrope…

J’ai écrit chez Gee.

Tel une blennorragie en pleine fête de la bière, le suspense n’a eu de cesse que de s’imposer à moi.

 Après une journée de train doublement payé je suis à 44 500 mots. Le vendredi 29, je passe la journée devant ma tablette. Me vide de mes procrastinations quotidiennes et conclus le chapitre 6 avec 47 677 mots (et une overdose de raclette).

Samedi 30 novembre, on tient le stand Framasoft aux JM2L. Pendant que Gee dessine la prochaine planche de SuperFlu, je discute. On rentre à 18h30. Je n’ai pas mangé et j’ai besoin d’une douche, mais là plus moyen de reculer. Chapitre 7. J’écris. Me fais du thé. Suis dans des états pas croyables quand je reviens de l’intérieur sur une scène assez violente qu’on avait éludée. 22 h : je n’écrirai pas plus. Je copie-colle mon texte dans le vérificateur du NaNoWriMo, les doigts croisés.

50 470 mots en un mois : Check.

Je l’ai fait ! PUTAIN MINE DE RIEN JE L’AI FAIIIIIIT !

Sauf que cette fin n’est en réalité qu’un moyen vers le début…

À dans trois jours, donc 😉

— Pouhiou.




Chapitre IX — Où le Philippidès de l’écriture monte sur Lyon, descend du Mont d’Or et parle boutique

Foin des clichés touristico-cuculinaires (rosette-traboules-gastronomie-bouchon-capitale-des-gaules-fourvière-croix-rousse-canuts-guignol-part-dieu), Lyon est une étape importante pour le marathon de notre tapuscribe car il y retrouve la chaleur amicale de Pierre-Yves (le bon-gentil-géant-chauve-et-barbu qui est le cœur battant de la framatrice) et ses potes. Loin d’être en terre inconnue, il est en terrain connu, littéralement chez Framasoft qui a son siège et sa permanence chez Locauxmotiv.

Le voici donc déterminé à mener un ultime contre-la-montre, anticipant déjà sur les classiques d’arrière-saison (relectures, hibernation, rumination sur le tome suivant de la saga…).

J’irai écrire chez vous épisode 9 : Lyon

On pourrait croire que j’ai bouffé du Lyon, mais non : c’était du Mont d’Or. Quoi qu’il en soit, entre de belles rencontres et de grandes discussions, je suis revenu dans la course avec des mots par milliers. Ça tombe bien : nawel approche !

Mon secret d’écrivain ? Le retard SNCF

Départ de Toulouse, revigoré et reposé, mais légèrement culpabilisant. J’ai six jours d’écriture dans les dents : autant dire que le seuil des 50 000 mots paraît loin. Alors je peux arguer qu’avec tous les billets de blog écrits, il y a facilement 10 000 mots de plus. Je peux mégoter : 50 000 mots ne suffiront pas à boucler ce livre III, donc ce seuil ne fait pas sens. Mais, alors que je pars pour Lyon, je me dis que ça le ferait bien. Pour la beauté du geste, atteindre même sur le fil la symbolique barre placée là par Le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley. Saint Christophe, patron des voyageurs, doit m’avoir à la bonne. Comme j’étais bien inspiré dans ce train, il m’a ajouté 1h40 de bonus-retard. J’écris ma plus grosse journée aux côtés d’un pote retrouvé par hasard dans le wagon. La classe américaine, quoi.

Pyg, la fourmi framasoftienne qui aime les cigales

L’enthousiasme de PYG, historique salarié de Framasoft, pour ce « J’irai écrire chez vous » fait chaud au cœur. C’est, je trouve, la personne qui définit le mieux ce qui est au cœur du principe : « Tu vois Pouhiou, même si je sais qu’un don c’est participer, là c’est encore mieux. Car en t’invitant chez moi, à ma table, je participe — même à la marge — à ton processus d’écriture de manière encore plus… personnelle. Je sais que ce qu’on va vivre va t’inspirer à un moment ou à un autre, et j’ai vraiment l’impression que tu m’inclus dans le truc. » Voilà. Pas mieux. C’est ça l’idée. Vous demander de participer… personnellement. Trouver comment appliquer les astuces de Miss Amanda Palmer quand on ne tourne pas en concert. À priori : ça marche.

<— Photo par Ana_Rey licence CC-BY-SA 2.0

J’ai donc écrit chez Pierre-Yves

Pierre-Yves est quelqu’un< de généreux, et cela se voit dans son attention. Il est de ces gens qui tentent d’écouter ce que tu veux dire, et d’y répondre de manière réfléchie, constructive. De ces potes qui ont toujours un gentil mot, une bonne bière et de la belle boustifaille à partager avec toi. Quelqu’un qui sait être là tout en te laissant disponible l’espace dont tu as besoin. J’ai bien écrit chez Pyg. J’ai bouclé le chapitre V qui pourtant au départ me donnait bien du mal. Il me tarde vraiment d’entamer mes premières relectures de décembre car ce livre-là peut être un délire assez casse-gueule… C’est un exercice à la fois exigeant et qui demande beaucoup d’abandon. Mais si ça fonctionne, ce sera redoutable (c’est très dur de ne pas détailler pour ne pas vous spoiler, j’ai l’impression d’être méga flou !).

Boutique Frama et atelier d’écriture

Bon le petit truc pas classe, c’est qu’en m’invitant, ben le Pierre-Yves il s’est retrouvé du boulot qui l’attendait le soir à la maison. Car le soir on a — aussi — parlé boutique : Framasoft. Si Framasoft peut se permettre de payer ses salariés, qui communiquent, animent, refondent l’infrastructure, se tapent l’administratif, accueillent et assurent la technique de sites web tels que noenaute.fr ou geektionnerd.net… C’est grâce à vos dons. Et on a besoin que ça continue, car ces projets on veut les poursuivre, tout en montant ceux qui sont dans les frama-cartons. Par exemple, cet atelier d’écriture qui n’a pas pu se faire à Lyon, ben avec un peu de temps salarié et d’huile de coude, ça pourrait devenir un atelier d’écriture… en ligne. Pour l’instant on en rêve, mais on est pas si loin d’y arriver…

Les copaings d’abord

C’est marrant le nombre de personnes que j’aime à Lyon. Il y a Thomas que j’ai vu sur Toulouse et dans le train. Il y a Muche que je râle d’avoir ratée cette fois-ci. J’ai eu le plaisir de faire goûter mes outrageous cookies à Mathias, avec qui j’aime tant rire… Puis Pyg a organisé une soirée « Mont d’Or ». Le Mont d’Or est un petit fromage serti dans du bois qui, une fois passé au four et posé près de patates chaudes, se partage entre amis avec une bonne bouteille de vin et des chouteurs de rhum. Et là, tu deviens le témoin privilégié d’une bande de potes qui sont juste heureux d’être ensemble. De partager, de revisiter le monde en allant à fond dans la collaboration cuisinière, coquetaillière, philosophique et amicale. Ils sont l’essence du libre sans même s’en rendre compte, la table et les oreilles toujours grandes ouvertes.

Philosophie de l’estomac

Dans sa vidéo The Art of Asking[1], Amanda Palmer se questionne quand elle voit que les gens qui hébergent son groupe pour le couchsurfing du soir se serrent dans une chambre pour LUI faire de la place… Est-ce que je mérite cela ? Comment se fait-il que l’on m’offre autant de choses, qu’est-ce que j’apporte en retour ? Elle trouve bien vite la réponse : elle apporte ce que les gens y trouvent. La possibilité d’échanger avec quelqu’un qui essaie de mettre ses tripes sur la table, qui essaie de s’exprimer avec sincérité. C’est peut-être à ça que ça sert, d’écrire des fariboles… À partager des fromages chauds, des pensées évanescentes et des amitiés.

Photo par traaf licence CC BY-SA 2.0

Déjà se pose la question de partager le livre IV… Mais pour l’instant, j’ai un défi à relever !

À dans trois jours,

— Pouhiou.

Notes

[1] Pour lire la transcription en français, cliquer sur Show transcript en bas à droite et choisir français




Chapitre VIII — Où Pouhiou cherche le sel et 17 200 mots

S’investissant corps et âme pour la cause du Libre, Pouhiou ne pouvait qu’être fidèle au rendez-vous du Capitole du libre à Toulouse, autant dire chez lui ou presque. Dopé par les rencontres, les échanges et l’accueil qu’il y reçoit, il ne perd pas de vue son objectif et pense dans un dernier sprint atteindre l’objectif initial. Mais au fond peu importe, son tour de France du libre, cette expérience d’un nomadisme épuisant, l’aura aussi enrichi d’un réservoir à fictions où sans le savoir encore, il pourra puiser dans le semaines et mois à venir. 

Mais avant le temps de la décantation génératrice, le voici encore dans celui de l’urgence et de l’instantané, comme dans ses ateliers d’écriture où en régulateur improbable d’une liberté qu’il a malicieusement donnée, il frétille à son aise.

J’irai écrire chez vous épisode 8 : Toulouse.

De retour dans ma ville rose. Prononcer villeuh raâzeuh. Alors que je reviens dans mon fief, je ne m’accorde même pas la grâce de passer par mon chez moi… récit d’un repos mouvementé en plein Capitole du Libre.

Viens chez moi j’habite chez ma voisine.

Les lecteurices de #MonOrchide le savent, j’ai eu habité[1] un appartement dans le quartier Saint Aubin, en haut de la rue de la Colombette (célèbre à Toulouse pour ses kébabs épongeant la bière du Café Populaire). À l’époque je suis devenu ami (à coup de cookies, pancakes et soirées tricot) avec ma voisine. Lorsque Claire s’est proposée pour m’héberger lors de mon passage toulousain, j’ai sauté sur l’occasion. Cela fait quelques mois qu’on se loupe, et que tu coup on se manque. Claire est un peu une madame Marquet sans le côté concierge post soixante-huitarde. Geekette qui collectionne les Livres Dont Vous Êtes le Héros, gameuse, à la fois femme-enfant et femme de tête… Parler avec elle, c’est l’occasion d’échanger plein de petits bouts de culture pulp et de pensées hors-piste : j’adore. Et en plus, Claire habite près de l’ENSEITT

Mon 2e Capitole du Libre

Car c’est là, à moins de 100 m de chez Claire que s’est tenu le Capitole du Libre 2013. La très active association Toulibre a, cette année encore, organisé de main de maitre cette édition des rencontres libristes Toulousaines. Avec FraMartin, nous avons eu le plaisir de tenir le stand Framasoft et d’échanger avec un public présent, averti et nombreux. Vous êtes plusieurs à soutenir Framasoft de vos dons, c’est beau de voir toute l’affection que remporte ce réseau. N’hésitez pas à continuer et relayer notre campagne de dons, on en a besoin ! J’ai aussi eu le plaisir de participer au Supplément Week-End de Xavier sur radio FMR pour une interview culture libre où j’aurais été “cash”… Ce qui ne me ressemble pas du tout du tout ! J’ai enfin fait une conférence sur mes romans (qui choisissent d’être libres) où j’ai été surpris par le nombre de participants. À la fin, un certain Jérémie Z posa de belles questions sur la liberté intrinsèque de la création. Et il me donna ensuite de forts bons conseils sur mes diapos (que je n’aime pas non plus) donc profitez de cette présentation, parce que je ne la diffuserai plus 😉

Mes romans ont choisi d’être libres diaporama de Pouhiou Noenaute

Atelier d’écriture collaborative

Faisons une ellipse temporelle discrète sur la soirée du samedi, qui, comme toute soirée toulousaine qui se respecte, a des allures de 3e mi-temps option “aie-lendemain-bobo-ma-tête-elle-a-rencontré-un-pilier-de-ruddeby”. Le dimanche, toujours dans le cadre du Capitole du Libre, j’anime donc un atelier où l’on écrit à plein un épisode « hors série » des NoéNautes. Une dizaine de participant-e-s sont là, et on démarre. Certains veulent écrire et voir ensuite. D’autres veulent se mettre d’accord auparavant. D’aucunes posent des questions au groupe qui est parfois pris dans d’autres ajustements et corrections. C’est foutraque. Diablement organique. Mais le plus incroyable c’est que ça fonctionne. Je me retrouve en monsieur loyal/agent de circulation, tentant ici de nous faire prendre le temps de l’écoute, là d’activer les choix et l’écriture. J’accompagne le mouvement, conseille, questionne. Mais, in fine, c’est la nouvelle qui s’écrit comme elle l’entend, et le résultat m’époustoufle. J’aime animer ces ateliers. Celui d’aujourd’hui à Lyon est annulé (on s’y est pris trop tard, trop peu d’inscrit-e-s), mais si tu as envie d’en organiser par chez toi, je répondrai présent !

la Reine Victoria (photo via Wikimedia Commons) approuve pleinement la démarche libératrice du DIY littéraire

Je n’ai pas écrit à Toulouse

Nope. Pas un mot. J’ai un retard fou mais je suis assez taré pour y croire encore, à ce seuil des 50 k mots. Mais je n’ai pas écrit à Toulouse. J’étais juste trop naze. Tout le samedi, sur le stand de Framasoft, dès qu’une connaissance me demandait « alors, comment ça va ? » je répondais dans un sourire sincère : « épuisé ». J’étais clairement vidé. À Toulouse, je me suis reposé. Ce n’est pas parce que les lieux me sont familiers : je suis allé à Foix, une ville où j’ai vécu des années, et chez mon petit frère. Je crois que c’était juste le moment de faire une pause. Alors entre le stand, la conférence, les soirées arrosées, l’atelier d’écriture, les discussions… je ne dis pas que ce fut de tout repos. Mais il y a moins de pression. Et bizarrement, la même page Wikipédia (spoiler alert : ce lien dévoile certaines de mes recherches) qui ne m’inspirait pas il y a trois jours est depuis devenue un mine de détails croustillants à inclure dans mon chapitre. Je sais bien que je dois faire confiance au roman : il s’écrit quand il le désire et connait son rythme… sauf que cette confiance ne me vient pas hyper naturellement.

Être “vidé”, c’est pas si mal…

Je crois que cette sensation d’être « passé à l’essoreuse » vient aussi du voyage. J’ai l’impression étrange que cette expérimentation me lave, genre ça récure la personnalité au Jex four. Quand tu changes de maison tous les trois jours, quand tu n’es jamais chez toi, il y a des choses qu’il te faut abandonner. Depuis début novembre, je ne sais jamais où se trouve le sel. Je ne sens jamais le même savon, le même shampoing. Les gens vivent tou-te-s à une température différente, je dois m’y adapter. Les heures de repas, de réveil, les ambiances sonores, la fumée, la lumière : cela change à chaque fois. C’était des conforts que je prenais pour acquis. Pour certains je n’avais même pas conscience d’y être attaché. Et, au fur et à mesure de mes pérégrinations, je me rends compte qu’ils importent peu. Que mes points de repère peuvent être utiles, mais ne sont pas indispensables. Qu’on peut se passer de beaucoup de choses, en fait… Je rappelle juste que je n’aurais pas pu lancer une telle aventure d’échanges et découvertes sans Framasoft, et que Framasoft ne peut pas se passer de vos dons et participations pour continuer à répandre du libre parmi les gens.

Ceci étant dit, j’ai 17200 mots à trouver en 6 jours…

Donc vite, on file à Lyon écrire tout ça.

À dans 3 jours,

— Pouhiou.

Notes :

[1] [NdE] Ceci est un passé surcomposé, l’équivalent grammatical d’une délicieuse petite pointe d’accent du midi.




Chapitre VII — Petit couple et grosse fatigue

Là-bas tout au sud au pied des montagnes, là où l’Arget joint l’Ariège, Nelwyn et Kiro ont joint leur vie sous l’œil attendri de Pouhiou, ce grand romantique. Cet épisode est l’occasion d’une pause salutaire pour notre horizontal ludion qui éprouve, et c’est bien compréhensible, une certaine fatigue à force de disperser son énergie entre les rencontres, les déplacements et le défi d’écriture.

Le voilà pourtant déjà prêt à partir à la rencontre des libristes, représentant Framasoft avec un dynamisme sans faille dès aujourd’hui ! Passez le voir et l’encourager, vous lui donnerez son carburant préféré : l’échange.

J’irai écrire chez vous épisode 7 : Foix

C’est un peu de la triche. Je viens de passer trois jours chez mon petit frère. Qui, avec sa chérie, s’avèrent tous deux être des lecteurs des NoéNautes. Mais si j’ai choisi de m’arrêter là, c’est que j’ai une bonne excuse et elle est en forme d’histoire.

Ceci n’est pas leur histoire vraie

Nelwynn est une amie de lycée. On a traversé beaucoup de pérégrinations passionnées durant nos folles jeunesses ariégeoises et toulousaines.

la rue des Grands Ducs à foix

Foix, la rue des Grands Ducs, photo Jean-Louis Venet CC-BY-SA-3.0 via Wikimedia Commons

Kiro est mon cadet de huit ans. Le petit dernier à qui j’ai filé ses premières capotes, son premier magazine de cul (plus le conseil « le pr0n c’est pas comme la vraie vie ») et le « kit de survie du jeune hétéro » (localisation du clitoris + importance des préliminaires = ayé tu as les bases maintenant file te faire ton éducation).
Un jour, alors que Nelwynn était passée à la maison familiale, Kiro salue son départ d’un « Roh ! elle est toujours aussi belle, Nel’. Tu vois j’oserais pas, mais… elle me plaît bien, quoi. » Quelques jours plus tard, c’est à Nelwynn de m’avouer : « Putain ton petit frère, ça fait bizarre. Je l’ai connu ado, mais là il a 20 ans, et… c’est un beau mec, quoi… »

Surtout ne me faites pas ce coup-là.

Au bout de deux ou trois remarques d’un côté et de l’autre, je n’y tins plus : « Mais arrêtez de me faire chier et couchez ensemble, bon sang ! Vous semblez en avoir envie tous les deux ! » Puis, avisé, je modère d’un « par contre, me faites pas le coup de tomber amoureux l’un de l’autre, j’ai aucune envie d’être pris entre deux feux, hein ! »

Résultat ? Près de cinq ans après ils sont toujours ensemble, un beau petit couple de goths geeks qui vivent dans le péché et une jolie maison aux 10 000 statuettes… Mais il y a quelques jours, mon petit frère a demandé la main de ma meilleure amie. Je ne pouvais décemment pas manquer ça. D’où ce bel arrêt sur les hauteurs enneigées de Foix.

J’ai peu écrit chez Kiro et Nel

Honnêtement : je fatigue. Les voyages, les discussions, les rencontres et les idées se bousculent les unes les autres, et tout passe de manière floue comme par la fenêtre d’un train. Qu’on ne s’y trompe pas : j’adore cette expérience. Mais si je commence à me coller la pression, je me bloque et n’écris pas. Du coup je fatigue. Au moment où j’écris ces lignes, je n’ai pas tapé les 1667 mots du jour et je dois en avoir 2200 de retard. J’ai décidé de m’en foutre. Du moins de ne pas laisser l’amusement de ce défi se transformer en une obligation, une tâche, une peine. J’essaie au contraire de profiter des rencontres, qui nourrissent l’écriture de manière très… directe. Je ne peux rien dire sans spoiler, mais plus que les discussions, ce sont les vies des gens qui m’inspirent.

Garder la joie de la découverte.

J’ai peu écrit du chapitre V mais ce que j’ai pu écrire m’a surpris. Plus l’intrigue se resserre, plus certaines choses ressortent des personnages avec une profondeur que je ne leur soupçonnais pas. Je ne veux rien te dévoiler mais j’ai bien envie de te mettre l’eau à la bouche. Genre avec un petit extrait du début :

Il faut que je rassemble mes pensées. Pas facile, quand tu occupes un manoir rempli de télépathes. Mais je dois essayer de remettre un peu d’ordre dans toutes ces calembredaines. Rassembler mes pelotes d’indices, tricoter le fil de l’Histoire pour que se dessine à mes yeux le patron de ce jacquard qui se répète dans le temps

Alors oui : une nouvel narrateurice succèdera à Enguerrand et Cassandre. Oui, après Fulbert puis Enguerrand, un nouveau NoéNaute sera au cœur de l’intrigue de ce roman. Non, l’intrigue ne se déroulera pas en temps réel comme lorsque les romans sont blogués sur 4 mois… Ça donne envie ?

On se voit quand ?

Non parce que tu vas avoir l’embarras du choix ! Les 23 et 24 novembre, je tiens le stand Framasoft avec FraMartin au Capitole du Libre, où je pourrais faire des dédicaces. Avec de superconférences : Benjamin Jean, Jérémie Zimmerman, Benjamin Bayart… et même moi !

Le dimanche, on fait un atelier d’écriture collaborative : un épisode hors série des NoéNautes écrit à plein de mains ! D’ailleurs, on réitère cet atelier dans les locaux Lyonnais de Framasoft le mardi 26 novembre entre 18 et 20h avec Pyg himself. Pense à t’inscrire auprès de pyg chez framasoft point org et à apporter ton ordinateur portable ! Le but sera de faire un joli épisode et de l’élever dans le Domaine Public Vivant. Sinon, on peut aussi se retrouver avec Gee à Nice durant les derniers jours du NaNoWriMo (29 et 30 novembre) à l’occasion des Journées Méditerranéennes du Logiciel Libre, où nous dédicacerons nos fictions libres.

Tant de choses se passent…

C’est limite frustrant de ne pouvoir tout suivre que de loin. C’est un mois admirable pour la culture libre, j’ai l’impression, quand tant de positions bougent, que tant de gens expérimentent… De Ploum qui parle brillamment de financement libre, à Neil Jomunsi qui se lance dans la libre diffusion. De l’amendement sur les locked-books (ebooks fermés par un écosystème ou des DRM) adopté puis aboli en 24h au parlement ; à la Hadopi qui dit que partager des fichiers ne nuit pas à la culture et ne devrait pas entraîner de compensation. Des billets inspirants et inspirés de Thierry Crouzet à cette loi sur le Domaine Public qui représente une opportunité rare…

Tant de choses se passent. Dont une qui me tient à cœur : la campagne pour soutenir Framasoft. Voilà trois semaines que je bats la campagne dans ce but : montrer qu’il faut des lieux numériques où l’on peut abriter et faire grandir de libres expériences. Une auberge du libre, en quelque sorte, où on y trouve forcément bien plus que ce qu’on y apporte, tant les projets se nourrissent. J’espère que cette dynamique pourra perdurer et s’étendre… Et cela dépend de vos soutiens. Alors : « Allons-y ! »

À dans trois jours,

— Pouhiou.




Chapitre VI — Comptes de la vie errante

Écrire, c’est faire des listes.

Depuis longtemps le site echolalie s’adonne aux délices des listes et méta-listes tous terrains, mais la prolifération virale des listes sur Internet et quelques magazines encore en papier est une mode récente. Nous retrouvons ainsi une très archaïque pratique dont certains estiment qu’elle est à l’origine même de l’écriture, et qu’elle répond au besoin de dénombrer. 

C’est ce même besoin peut-être qui a poussé notre ami Pouhiou, le vagabond duraille, à établir une sorte de bilan de ses déplacements et de leur coût financier, de même qu’il fait sans doute quotidiennement le bilan de son travail d’écriture en nombre de mots et de chapitres ou séquences. 

Nous le retrouvons aujourd’hui à Limoges, c’est-à-dire autant chez lui qu’il est possible, parmi ceux qui l’entourent de leur amitié et contribuent ainsi à la création.

J’irai écrire chez vous épisode 6 : Limoges

Limoges est un passage obligé dans mes pérégrinations scripturales. Non pas pour la ville en elle-même (et certainement pas pour les porcelaines !)… Mais parce que j’y retrouve l’ami qui a tant de fois hébergé ma plume… et initié, quelque part ce défi fou.

Je n’ai pas écrit dans le train.

C’était pourtant mon espoir secret. Durant mon voyage, je suis tombé sur une promo SNCF, qui mettait le train au même pris que le co-voiturage. Ce qu’il y a de bien dans le co-voiturage, c’est qu’on y parle. C’est aussi mon problème : quand je parle, je n’écris pas. Voyant la promo, je me suis dit : en préférant le train, je pourrai bosser durant les temps de transports, et gagner ainsi quelques précieux mots. Car voyager tous les trois jours, c’est perdre quasiment une journée d’écriture à chaque fois.

Je n’avais pas prévu que mon voisin de train poserait un magazine sur la tablette que nous partagions. Que ce magazine serait ouvert à l’article « Numérisation des livres : l’enjeu de demain » (ou un truc du genre). Et que je pouffe devant ce titre, pensant au BookScanner de Benjamin Sonntag.

Résultat : 4 heures de train ET de discussions passionnées avec un inconnu dont je n’ai même pas su le prénom.

Étienne, mon ami bulle d’oxygène

À Limoges, il y a Étienne. Étienne, c’est le mec qui m’a appris à dire « et alors ? ». À mettre un peu de légèreté dans la gravitas avec laquelle je prenais la vie. Étienne, c’est le mec à qui je peux dire : « écoute ça fait trois mois que je fais mes recherches, ma structure, etc. là il faudrait que je me mette à taper ma pièce de théâtre, mais c’est la première, et je sais pas, et j’ai peur, et… » Et il va me fermer ma gueule. Me dire de venir dans sa chambre d’étudiant à Nancy. De décompresser.

Bandeau du site http://et-alors.net/

J’ai réussi à entamer l’écriture de Tocante chez lui. Puis j’y re-squatté chez lui, pour la 2e version de cette pièce, pour le théâtre en appartement. J’ai testé le principe des NoéNautes chez lui et Valérie, le fameux « cul de Fulbert » est né alors qu’il m’apprenait à couper du bois. J’ai fini #MonOrchide chez eux, inspiré par les phrases des lecteurs dont une d’Étienne. Je ne pouvais pas ne pas aller écrire chez eux.

J’ai écrit chez Étienne et Valérie

Résumé des épisodes précédents : le dernier jour chez Adrienne, premier jour du chapitre IV, je n’écris que 600 mots. Le jour suivant je n’écris pas dans le train vers Limoges. Le temps d’arriver, de retrouver Étienne et Valérie, manger un morceau ensemble (avec des amies communes), etc. On est déjà le soir. Je m’éclipse devant ma tablette et finalise le billet de blog contant le retour sur Paris. Il est minuit quand je m’attèle enfin au chapitre IV. Je n’en peux plus j’ai les yeux qui partent en couilles d’hirondelle (comme le dirait madame Marquet). Bien, on n’y arrivera pas aujourd’hui, on verra demain. Le lendemain, coup de mou. 2700 mots, presque 2 jours à rattraper, et aucune avance. Il est grand temps d’appliquer ce qu’Étienne m’a appris : le fameux “et alors ?”. Je me promène et j’écris. Je papote avec Étienne, Valérie et leurs proches et j’écris. On regarde United States of Tara et j’écris…

Un chapitre IV jouissif

Tout cela parce qu’au dîner la veille, on échangeait nos madeleines proustiennes. L’odeur du chocolat qui rappelle le papa menant à l’école en vélo, glissant une barre de chocolat dans le cartable avant de laisser l’enfant. Souvenirs, madeleines de Proust… J’ai eu envie de parler de deux collectionneurs de madeleines. C’est un premier jet. Le clavier bluetooth de ma tablette ajoute ses fautes de frappes aux miennes. Il y a beaucoup d’approximations qu’il faudra vérifier, mais pas le temps d’affiner les recherches. C’est un premier jet qui file entre les doigts… en 3 jours le chapitre est bouclé. Mais what a fucking premier jet ! Ça va tout seul, ça va loin, ça me ramène dans “mon” Palais des Papes (j’y ai été guide stagiaire dans une autre vie)… Et j’en profite pour explorer des angles littéraires qui ne devraient pas exister dans toute géométrie qui se respecte. Comme le dirait madame Marquet : ce livre m’espante de plus en plus.

La geste des transports

Mine de rien, ça coûte de la thune, de voyager. Surtout quand t’as pas beaucoup pour entamer le mois. On a commencé à Paris. Afin que je participe à la journée Domaine Public à l’assemblée Nationale, Framasoft m’a payé le billet de train (ce qui est une belle raison de plus de les soutenir de vos dons — et ce sera déductible des impôts en plus).

Mais profitant d’une promo SNCF, j’ai fini d’acheter mes billets de train. Du coup, juste en transports j’en suis à :

  • Paris-Rouen : 22 € (train, parce qu’un covoitureur me lâcha à la dernière minute)
  • Rouen-Brest : 30 € (covoiturage)
  • Brest-Rennes : 12 € (covoiturage)
  • Rennes-Paris : 20 € (covoiturage)
  • Paris-Limoges : 19 € (train)
  • Limoges-Toulouse : 19 € (train)
  • Toulouse-Foix-Toulouse : offert par la région Midi Pyrénées (c’est chou de sa part mais elle ne sait pas que j’use pour cela mes billets Midi-Pyrénées-emploi !)
  • Toulouse-Lyon : 29 € (train)
  • Lyon-Nice : 38 € (train)

Tout cela c’est sans compter les tickets Ratp, les bus à Rouen, Rennes, etc. ni le billet de retour Nice-Toulouse. Bref : 189 € en tout, comme quoi être vagabond ça coûte !

Le conte des comptes.

Qu’à cela ne tienne, j’ai eu des dons. 270 € de dons déjà ce mois-ci. Les deux derniers dons Paypal me touchent particulièrement. Deux personnes qui me connaissent, avec qui on bosse, qui m’ont déjà beaucoup aidé de leurs collaborations et soutiens indéfectibles… Qui en plus me soutiennent de leur argent. C’est un vrai privilège que de pouvoir instiguer ce genre d’échanges, de dynamiques. Alors voilà, tu vois que mes comptes s’équilibrent (plutôt peu que prou, mais bon…) Donc n’hésite pas à soutenir Framasoft qui permet abrite et relaie ce genre de vies, et à venir flattrer mes articles sur NoeNaute.fr (même que sur octobre j’ai touché 10 € 55 de Flattr !)

J’arrête là mes comptes, mon train arrive en gare de Foix…

La cité comtale pour y écrire des contes… Forcément !

À dans trois jours,

— Pouhiou.




Chapitre V — Où Pouhiou use le plancher, démarre le diesel et se souvient qu’écrire c’est pour rire

Ça devait arriver. Comme tout héros de bon road-movie,  Pouhiou repasse sur ses traces et dévoile les dessous des nuits parisiennes du Libre : on y chante du Brel et du Brassens (sans le déclarer à la Sacem !) devant une chouette machine à libérer les livres de leur support matériel.

Mais le plus important c’est tout de même que Pouhiou envisage de renoncer à sa thèse de narratologie, tétanisé tout à coup par la pratique de l’écriture de deux gamins doués : eh oui c’est aussi ça le nanowrimo, redécouvrir qu’écrire est un jeu ! 

J’irai écrire chez vous épisode 5 : re-Paris

Ben oui : retour à la capitale, à mi-chemin de l’aventure. Pas par jacobinisme, mais parce que Paris est au centre des routes. Et qu’on y découvre de merveilleuses personnes.

Chez Adrienne

J’avais rencontré Adrienne sur Toulouse. Sur une conférence « culture libre » à la médiathèque. Lors de mon premier Capitole du Libre l’année dernière. D’ailleurs, cet évènement libriste toulousain aura lieu les 23 et 24 novembre prochains, j’y serai et j’en serai… si vous voulez qu’on s’y retrouve…
Sous un premier abord courtois et modéré, on sent vite que cette illustre wikipédienne a un caractère passionné et un humour pétillant. Néanmoins, si on s’était croisés et appréciés, on n’avait pas vraiment eu le temps de beaucoup échanger. Du coup, quand elle a proposé de m’héberger dans ce romanesque tour de France, je me suis dit que l’occasion était trop belle de découvrir et la personne et son univers.

Des discussions généreuses

Mes aïeux, quelle découverte ! Des soirées de papotages jusqu’à trois heures du matin, où tous les sujets se rencontrent, se répondent. Je ne connais pas, ou mal, le milieu libriste. Adrienne, avec ses nombreuses activités au sein de Wikimédia France, a rencontré tout ce joli monde et m’en a fait visiter une partie, telle une guide bienveillante. On a parlé histoire, littérature, anecdotes familiales, société, éducation, mentalités… J’ai découvert le projet Afripédia qui vise avec pertinence et respect à entrainer le continent africain (et ses cultures) dans cette aventure du savoir encyclopédique partagé… Quand on voit les résultats humains de projets nés du numérique, on ne peut plus dire que « le net, c’est pas de l’IRL, de la vraie vie ». Un peu à l’image de ces partages qui jalonnent mon voyage d’écriture : vrais, intenses, des moments où on est juste contents d’être humains.

Les petits monstres d’Adrienne

Des personnes au caractère vif, épanoui. Deux êtres mus par une vraie soif de découvrir l’autre en échangeant avec lui. C’est très agréable de voir des enfants qui n’essaient pas jouer à faire l’enfant, ou alors avec un second degré bien dosé. Le deuxième soir, j’ai eu droit à un joli cadeau : ils m’ont lu leurs histoires. Le récit fantastique qu’ils écrivent. Ils maîtrisent si bien les codes harrypotteriens (jeune héros découvre son pouvoir / va dans une école / découvre un univers magique et ses castes) qu’ils en jouent avec une aisance folle. Magie élémentaliste, portes dimensionnelles, architecture, moyens de transports, uniformes : tout est pensé, tout fait sens dans une belle unité.

Être le témoin d’un jeu : un privilège.

Jusque dans le style et la narration, leur travail est admirable. L’histoire est écrite avec un vrai sens de la mise en scène. Le premier chapitre débute sur un dialogue pour nous immerger, puis des explications parsèment les descriptions quand le héros découvre/nous fait découvrir le monde imaginaire… Une découverte faite de dialogues et anecdotes qui rendent l’exploration vivante et amusante. les enfants d'adrienne alix racontent leur histoire à pouhiou Le lendemain, juste avant mon départ, ils ont une remarque — à priori anodine — qui me parle terriblement. Je leur dis l’admiration que je porte à leur compréhension/maitrise des codes et à l’inventivité qu’ils y insufflent. Là ils me répondent de manière très naturelle : « mais tu sais, c’est un jeu… » #Blam. Oui, je sais que c’est un jeu. J’ai juste mis 15 ans à me le rappeler. Je peux pérorer, du haut de mes grandes théories de « je n’écris pas, je digère », ou de « je joue avec mes amis imaginaires et ainsi j’écris mes romans »… Eux ils savent déjà, et n’ont eu aucun besoin de rationaliser tout cela dans des addenda (lis ceux de #MonOrchide et tu comprendras).

J’ai aussi écrit chez Adrienne

Non parce que mine de rien, on a bouclé le chapitre III. Un chapitre où j’ai pas mal joué avec des savoirs acquis lors de mes études, souvent en les démontant. Du coup, premier jour du chapitre 4, je n’ai écrit qu’une pauvre page (genre 600 mots). Il y a un schéma qui commence à poindre : débuter un chapitre est long. Une journée de tâtonnements, de recherches, à user un plancher qui n’est pas le mien en faisant les cent pas… Ben oui : je n’ai pas préparé mon roman à l’avance pour mieux le laisser me surprendre. Sauf que cette fois-ci le temps est resserré. Qu’importe, il me faut le prendre pour laisser éclore ces débuts de chapitre. Un démarrage difficile, diesel, suivi de journées d’écritures prolixes, appliquées et prenantes. J’explose de rire quand je me vois tout triste d’écrire la tristesse d’un personnage. Je tergiverse et trépigne lorsque je ne veux pas écrire une scène qui sera horrible dans sa violence minimaliste et déshumanisée…

Les soirées parisiennes

Bon, vu que ça ne sortira pas des internetz, je peux l’avouer : on s’est rendus au Quadrapéro. Les apéros ouverts tenus mensuellement par la Quadrature du Net. Si je veux faire sérieux, je peux dire que cette soirée est l’occasion de faire un point informel et informatif sur tous les sujets liberticides du moment.

Je peux ajouter que découvrir le BookScanner monté par Benjamin Sonntag est un émerveillement, dont on a envie de voir plein de petits émules tourner constamment à plein régime. 

Je peux aussi dire que découvrir Benjamin, parler avec Sylvain, retrouver Lionel ou observer Jérémie en monsieur Loyal… Bref que voir tous ces gens est une joie, un réconfort pour les petits combats qui nous tiennent à cœur et demandent nos énergies. Mais ce serait éclipser que les pizzas coulent à flots (parfois aidées de quelque liqueur) et qu’on peut finir par entendre quelques paroles de Brel et Brassens s’élever dans les voix…

Et, au lendemain de la fête, on part vers Limoges…
À la fois fatigué et empli.

À dans trois jours,

— Pouhiou.




Chapitre IV — Où notre graphomane fait le coup de la panne

Quand Pouhiou s’arrête à Rennes, il y retrouve des connaissances et donc des occasions d’échanges et de découvertes. Le défi d’écriture est en roue libre mais continue sa trajectoire par à-coups : une fois qu’il a négocié un virage délicat, le vaillant écrivain relance la machine et hop, reprend la route.

Si vous souhaitez retrouver les grandes heures de la geste Pouhiouesque, voici le lien magique. Et n’oubliez pas de lui envoyer un petit message d’encouragement @pouhiou.

J’irai écrire chez vous épisode 4 : Rennes (10-13 novembre)

Le mois dernier j’ai participé à Rennes en Biens Communs, pour une conférence, un atelier d’écriture et une rencontre au CGLBT. Il était impensable que je n’y revienne pas.

Les porcs tiquent entre Brest et Rennes.

Dans le covoiturage intensément breton, nous avons repéré les portiques des radars. Ceux qui se sont fait brûler par des bonnets rouges. Ceux qui tiennent encore debout, avec des gendarmes en faction à leurs pieds. C’est marrant, sur la route on a beaucoup parlé de péages. Les péages d’écotaxe, bien sûr, mais aussi les péages pour l’accès à la culture. Payer un livre ou un CD semble normal, j’achète un objet culturel. Un objet auquel je peux accéder gratuitement en bibliothèque (mais je l’achète malgré tout, tiens donc !).

Or, tout notre rapport à l’appropriation des œuvres s’est construit sur ce principe de posséder un objet-support de l’œuvre. Le droit d’auteur, lui même, fut créé pour favoriser les auteurs-éditeur-imprimeurs-libraires (Beaumarchais était en plus de tout cela un industriel papetier).

Et les péages dans nos têtes

Un fichier ne se possède pas : il se transfère par la copie. Du coup, me faire payer pour accéder à un fichier (epub, mp3, avi…) c’est mettre un mur d’argent entre un roman, un album, un film… et moi. Et vu tous les chatons qui trainent sur YouTube, tous les 10 conseils pour… en embuscade sur facebook, toutes les œuvres accessibles par torrents : je vais naturellement aller là où je circule librement. C’est curieux comme peu de créateurs se souviennent qu’avant d’être payé (et pour l’être) mieux vaut être lu, entendu, vu. Que la monétisation d’une œuvre dépendra directement de son rayonnement, et que c’est donc celui-ci qu’il faut favoriser. Le péage, c’est la meilleure solution pour ne pas être payé, en fait… Comme quoi, si les créateurs étaient un peu plus vénaux, stratèges et opportunistes, ils fonceraient vers la culture libre.

J’ai écrit chez Orianne…

J’ai rencontré Orianne au centre gay, lesbien bi et trans de Rennes, lorsque je suis venu y parler culture libérée dans la culture gay. Elle a adoré papoter sur ces sujets. Et elle a fini par me dire : « si tu reviens à Rennes, passe chez moi ! » Orianne est une jeune femme discrète, classieuse, mais d’une espièglerie et d’une sagacité rares. Chez elle, les livres de psycho et les grands classiques côtoient les BD de Buffy (parce que Josh Whedon c’est le bien). Et puis chez elle, j’ai trouvé la meilleure machine de l’univers intergalactique : l’épluche-vide-tranche pommes.

C’est marrant : Orianne et moi on a pris le temps de se respecter, de se laisser geeker l’un-e l’autre… mais on finissait toujours les soirées à parler et refaire le monde.

…enfin presque.

Je sais bien que ça arrive à tout homme à un moment ou à un autre, mais ça fait bizarre : j’ai eu une panne. Mon premier jour à Rennes, je n’ai pas écrit. Ou quasiment pas : une pauvre relecture où, à force de quelques retouches, j’ai ajouté 270 mots au compteur… bien loin des 1667 quotidiens du défi. Alors je sais que je dois me faire confiance. Je sais bien que c’est l’histoire qui m’impose son rythme, et non l’inverse. Toute exigence est futile, toute résistance une perte de temps. Je n’écris pas, je laisse un roman s’écrire, se dévoiler à moi, en un strip-tease excitant et frustrant… Eh ben on a beau savoir tout ça, il reste la croyance que « je maîtrise ». #EpicFail.

L’histoire avait besoin de se nourrir. J’ai fait des recherches. Plein de détails, de jalons, de repères se sont construits. Le roman avait besoin de faire une pause pour prendre forme. Le lendemain, je fais mon quota. les jours suivants je tourne à 2000 mots. Là j’ai hâte de finir ce billet et m’y remettre.

Retrouver les ami-e-s

C’est compliqué de trouver le temps pour tout faire. Écrire les scènes du roman. Écrire ces billets de blog, ce journal de bord. Organiser les trajets et voyager. Parler, échanger avec mes accueillant-e-s. Et retrouver des gens. Mais ça se goupille. Un restau avec Yann, Antonin, Orianne et Camille (la bande du CGLBT de Rennes). Un thé avec miss @Auregann, la wikipédienne qui m’a permis de venir sur Rennes le mois dernier. La découverte de son boss, de ses amis, et de MuséoMix. Puis une soirée finale avec le scooby-gang du CGBLT immortalisée par cette photo.

Ce ne sont pas de simples lecteurices, juste un prénom sur une dédicace. Ce sont des gens avec qui j’ai parlé, bu, refait le monde. Des gens que j’aime et dont je sais qu’illes m’apprécient. Je me demande combien d’auteurs peuvent dire ça… Mais moi, perso, je kiffe !

Et recevoir d’autres dons.

L’épisode 3 de mes aventures a dû donner des idées. J’ai reçu un don par paypal, et un en liquide, de la main à la main. Recevoir un billet comme don, c’est très concret. Étrangement, à ce moment là, le moraliste en moi me dit « tu devrais être gêné ». Ce moraliste croit que ça relève de la mendicité, et la condamne. Ce serait renier l’échange véritable qui sous-tend ces gestes, renier l’envie de soutenir une démarche, une œuvre. J’apporte des histoires : que ce soit celles que j’écris ou celles que je vis et fait vivre, les dons viennent encourager ces histoires à grandir. Croire que ça relève d’une « mendicité immorale » c’est croire que produire des histoires, qu’expérimenter d’autres façons de faire/vivre/interagir n’est pas un « vrai travail ». C’est aussi croire que l’argent salit l’échange, donnant une importance grandiloquente et morale à un simple outil : le fric.

Quand je reçois des dons, je ne suis pas gêné : je suis reconnaissant. Reconnaissant que mes propositions entraînent des élans de générosité. Heureux de voir que le courant est passé, qu’on a envie que ça continue. Comme quand je reçois un mot, un commentaire. Donc : merci. Et si tu veux donner des sous, fais-le à Framasoft. Frama travaille à défendre et soutenir des initiatives aussi tarées que les miennes, parce que ce sont les fous qui changent le monde. Or il est grand temps qu’on apporte un peu plus de Libres dingueries dans nos vies et celles de la famille Michu. Bref : on a besoin de sous pour perpétuer et améliorer les projets en cours, donc n’hésite pas : http://soutenir.framasoft.org !

À dans 3 jours pour conter des soirées parisiennes,

— Pouhiou.