FLOK Society en Équateur : et si cela changeait véritablement la donne ?

Il a été dit dans un article précédent qu’il suffit qu’un pays change ses règles du jeu pour que cela impacte tous les autres. Ce pays sera peut-être l’Équateur et son ambitieux projet FLOK Society.

FLOK est l’acronyme de Free/Libre Open Knowledge Society, la société pour la connaissance libre et ouverte. Le projet est ainsi présenté sur le site de nos amis de Remix the Commons :

Alors que le « Buen Vivir » vise à remplacer l’accumulation aveugle de la croissance économique par une forme de croissance qui profite directement au bien-être du peuple équatorien, le « Buen Saber » vise à créer des communs de la connaissance ouverts qui faciliteront une telle transition ; à travers le projet de recherche Free/Libre Open Knowledge (FLOK), l’Équateur entreprend de refonder son économie en déclenchant une transition nationale vers une société de la connaissance libre et ouverte.

Parmi les actions prévues, il y a la mise en place d’un réseau mondial de chercheurs sur la transition, emmené par Michel Bauwens dont le point d’orgue devrait être une grande conférence internationale organisée sous peu (Jérémie Zimmerman et Bernard Stiegler sont par exemple dans la boucle, parmi les Français).

Nous avons voulu en savoir plus en traduisant cette interview de quelques-uns des ses acteurs.

Remarque : Les vieux lecteurs du Framablog se souviendront peut-être de cette vibrante allocution de président Correa en faveur du logiciel libre (2007 déjà). Et on n’oublie pas que Julian Assange vit actuellement à l’ambassade d’Équateur à Londres depuis juin 2012.

FLOK Society

Comment la société FLOK apporte une approche des biens communs à l’économie de l’Équateur

How the FLOK Society Brings a Commons Approach to Ecuador’s Economy

Bethany Horne – 22 octobre 2013 – Shareable.net
(Traduction : lamessen, baba, lamessen, baba, Asta, Penguin)

Cette année, Rafael Vicente Correa Delgado, président de la République de l’Équateur, s’est intéressé à la communauté indigène sur le thème de « bien gagner sa vie », ou Sumak Kawsay en Kichwa.

J’ai eu récemment le plaisir d’interviewer mes collègues Carlos Prieto del Campo, Xabier Barandiaran et Daniel Vazquez de la société FLOK, un projet en Équateur qui a pour but de créer une société « gratuite, libre, où le savoir est accessible ». Lisez la suite pour découvrir nos plans pour influencer les changements structurels dans le modèle économique du pays, en utilisant le modèle des biens communs.

Bethany Horne : Qu’est-ce qui a inspiré le projet de société FLOK ? Pouvez-vous décrire ses liens avec la décision du gouvernement équatorien d’adopter l’accessibilité au savoir ?

Daniel Vazquez : L’idée d’une société FLOK — une société de « connaissance libre et ouverte » — est directement issue du plan quinquennal stratégique de l’Équateur appelé « Plan de Bonnes Conditions de Vie » (NdT : Plan of Good Living). Il a été publié la première fois en 2009. Une seconde version a été publiée cette année, mais elle n’est pas encore disponible en anglais. Le plan lui-même envisage des pistes pour quitter le modèle économique de l’Équateur, basé sur l’extraction pétrolière, au profit d’un autre basé sur la connaissance ouverte et partagée.

Plus précisement, quelques membres de aLabs, une société de logiciel libre, étaient à Quito (en Équateur) en 2012 quand Julian Assange a demandé asile à l’ambassade équatorienne de Londres. Quand le gouvernement a accepté sa requête, ces personnes ont contacté l’Institut National d’Éducation Supérieure (IAEN de ses initiales espagnoles), qui est en charge de l’étude sur la collaboration universitaire qui informera sur la transition que je viens de décrire. Carlos Prieto, le directeur de l’IAEN, a partagé avec eux les visions du Secrétaire des Sciences, de la Technologie et l’Éducation Supérieure sur le changement de la matrice productive de l’Équateur, ainsi que sa forte conviction selon laquelle l’Équateur doit devenir un « paradis de la connaissance ».

Ce fut le point de départ du FLOK. Nous avons proposé un processus d’étude qui pouvait être mené par un dialogue entre le public équatorien et les communautés scientifiques locales, régionales et internationales. À la fin de ce processus, notre objectif est de créer dix documents « de référence » à partir desquels les règles pourront être définies pour permettre la transition de l’Équateur vers une société de partage et de libre connaissance pour l’industrie, l’éducation, la recherche scientifique, les institutions publiques, les infrastructures, etc.

Je devrais aussi rappeler qu’aux côtés du gouvernement, les initiatives venant de la société civile et les mouvements sociaux en Équateur ont une longue histoire pour ce qui est de la contribution à une société de connaissances communes et ouvertes. Cette aspiration place l’Équateur au sein d’une communauté d’activistes d’Internet, de chercheurs, de hackers, et de commoners de tous types qui ont attendu longtemps de pouvoir s’engager politiquement, socialement et institutionnellement pour inventer une nouvelle économie et une société fondées sur les principes de connaissances communes libres.

Bethany Horne : Pouvez-vous nous en dire plus sur le concept de bien vivre et la façon dont il intervient dans la société FLOK ?

Daniel Vazquez : Le concept de bien vivre comprend l’harmonie, l’égalité, la justice et la solidarité. C’est l’antithèse de l’accumulation de richesses ou d’une croissance économique infinie qui n’est pas mise en commun. Le Plan de Bonnes Conditions de Vie définit le « bien vivre » comme un mode de vie qui permet le bonheur et maintient la diversité culturelle et environnementale. Le Bien Vivre est aussi un concept indigène, connu en Équateur et dans d’autres pays andins sous le nom de Sumak Kawsay, une phrase Kichwa. Pour nous, le Sumak Kasway est un produit de Sumak Yachay, qui signifie bonne connaissance. Une prospérité économique partagée provient du partage des connaissances, des efforts et des technologies. Le Plan de Bonnes Conditions de Vie établit un cadre clair pour une économie de pair à pair, fondée sur le partage de connaissances en Équateur.

Le Plan de Bonnes Conditions de Vie discute aussi explicitement de la révolution de la connaissance et de notre besoin de développer une connaissance ouverte de biens communs. La société FLOK a pour but de développer un plan détaillé qui rendra cette révolution durable à la fois socialement, écologiquement et économiquement, en suivant les principes du bien vivre.

Bethany Horne : Quel est le lien entre le projet de société FLOK et l’approche des biens communs ? Y a-t-il aussi un lien entre les équatoriens et les défenseurs mondiaux du bien commun ?

Xabier Barandiaran : Seule une approche politique et économique construite autour des biens communs peut ouvrir l’espace politique nécessaire pour créer un ensemble de politiques publiques qui réaliseront le pacte politique souscrit dans la constitution équatorienne de 2008. Les biens communs offrent une approche pragmatique de la transformation structurelle que nous devons accomplir dans les vingt cinq prochaines années, du modèle capitaliste au système mondial post-capitaliste.

L’économie et la société équatoriennes correspondent parfaitement au paradigme des biens communs. Il ne sera pas possible de transformer la structure de notre pouvoir actuel, de construire un modèle de société juste et durable, ou de concevoir un nouveau modèle à intégrer dans le marché mondial en utilisant une approche néolibérale, sociale-démocrate ou « développementiste ». Mais ce sera possible en utilisant une approche des biens communs, qui offre une logique post-capitaliste à la transformation.

Il y a aussi une convergence unique entre les objectifs du peuple équatorien, ses combats, notre histoire politique récente et les aspirations et expériences des défenseurs du bien commun mondial. Le projet de société FLOK tire parti de cette convergence extraordinaire. Par exemple, nous permettons aux hackers et aux communautés locales de faire ensemble ce qu’ils font le mieux : partager la connaissance. Nous attendions cette occasion depuis longtemps.

Bethany Horne : Quelle est la prochaine étape du projet de société FLOK ?

Carlos Prieto : Dans un futur proche, nous devons intégrer FLOK au sein du conseil qui oriente la restructuration de la matrice productive de l’Équateur. Michel Bauwens de la fondation P2P nous a rejoint à Quito en temps que chercheur en chef. Il forme actuellement une équipe de chercheurs avec des universitaires de haut rang du monde entier. L’équipe comprend Vasilis Kostakis, un chercheur dans le domaine de la collaboration libre qui a obtenu son doctorat avec Carlota Perez ; Daniel Araya, un éditeur de plusieurs livres universitaires sur l’éducation ouverte et l’apprentissage participatif ; Janine Figueredo, une activiste des biens communs au Brésil qui travaillait précédemment avec l’IADB à Washington et à Paris ; et John Restakis, l’ancien dirigeant de la British Columbia Cooperative Association (Association Co-opérative de Colombie Britannique), qui a étudié les formes les plus avancées, et celles émergentes, de néo-coopératives.

Ces gens vont vite arriver dans le pays pour commencer leurs recherches. En mars, le processus de recherche aura suffisamment avancé pour que nous puissions tenir le sommet prévu.

Bethany Horne : Quel est votre objectif final ?

Carlos Prieto : Après plus de vingt ans de néolibéralisme, nous devons démontrer que le paradigme des biens communs peut nous aider à créer et implémenter de nouveaux modes de production, de circuits de distributions monétaires et de flux. Nous espérons que le projet de société FLOK impactera la possibilité d’un changement structurel et démontrera que le champs de l’économie politique est plus large que ce que voudraient nous faire croire les paradigmes dominants.

Nous comptons créer un réseau mondial de chercheurs , en pair-à-pair, qui produit un ensemble complet de connaissances. Même si les résultats de ce processus de recherche collaborative et de conception participative ne pourra pas être pleinement ou immédiatement partie intégrante du cadre institutionnel équatorien, il fera partie des biens communs comme un plan soigneusement conçu pour ouvrir de nouvelles formes d’économies sociales — une forme qui casse les clôtures imposées par le capitalisme cognitif dans le but de créer un avenir durable.




25 ans du web : Tim Berners-Lee répond aux questions des internautes sur Reddit

Le mythique site communautaire Reddit a une tradition, celle d’inviter régulièrement des personnalités pour une session AMA, acronyme de Ask Me Anything pour « demandez-moi ce que vous voulez ».

On a vu Bill Gates, Madonna et même Obama s’engager ainsi dans le jeu des questions/réponses. Ils donnent généralement une preuve de leur identité en publiant juste avant une photo d’eux contextualisée avec la date et/ou devant un ordinateur (cf image ci-dessous).

Quelle belle surprise de voir débarquer hier soir Tim Berners-Lee en personne, le jour-même de l’anniversaire des 25 ans du web !

Nous avons traduit les meilleurs échanges du « père du WWW ». Drôles parfois mais surtout très intéressants.

Tim Berners-Lee Reddit AMA

Tim Berners-Lee répond à la communauté Reddit

I am Tim Berners-Lee. I invented the WWW 25 years ago and I am concerned and excited about its future. AMA

12 mars 2014 – Tim Berners-Lee – Reddit (AMA)
(Traduction : Peekmo, s0r00t, François, r0u, toto, eve, Noon + anonyme)

Je suis Tim Berners-Lee (alias Timbl). J’ai inventé le WWW il y a 25 ans et je suis préoccupé autant qu’enthousiasmé par son avenir. AMA

Le 12 mars 1989 j’ai envoyé ma proposition pour le World Wide Web. 25 ans après, je suis surpris de voir que tant de grandes réalisations ont été menées à bien, transformant notre façon de parler, partager et créer. Comme nous célébrons aujourd’hui les 25 ans du web (voir webat25.org), je veux que nous tous pensions à son futur et que nous nous demandions comment nous pouvons aider à en faire une vraie plateforme ouverte, sécurisée et créative, disponible à tout le monde. L’idée d’un AMA est un autre grand exemple de la manière dont le Web permet de connecter et de transmettre ce pouvoir à des personnes autour du globe et je suis vraiment enthousiaste à l’idée de répondre à vos questions !

Preuve que c’est moi : http://imgur.com/o16DOPb. Rappelez-vous de parler du web que vous voulez en utilisant #web25.

Reddit : Pensez-vous que dans le (pas si lointain) avenir, nous allons regarder en arrière et qu’alors nous nous estimerons heureux d’avoir été témoins d’un world wide web neutre, libre et non censurée?


Timbl : Je pense que ce scénario est droit devant nous. Je ne le souhaite pas, j’ai espoir. Oui, je peux imaginer cela que trop facilement. Si les internautes ordinaires ne sont pas suffisamment conscients et impliqués face aux menaces, et si quand c’est nécessaire, ils ne descendent pas dans la rue comme pour SOPA, PIPA et ACTA. Tout compte fait, je suis optimiste.

Reddit : Quelle a été l’une des choses pour laquelle vous n’auriez jamais pensé que l’Internet serait utilisé, mais qui est devenue l’une des principales raisons pour laquelle les gens utilisent l’Internet ?

Timbl : Les chatons.

Reddit : Tim, quels autres noms avez-vous envisagé que World Wide Web ?

Timbl : Mine de l’information, la mine d’information, le maillage (NdT : Mine of Information, The Information Mine, The Mesh). Aucun ne sonnait bien. J’ai aimé WWW en partie parce que je pouvais commencer des noms de variables globales avec un W sans entrer en conflit avec d’autres (dans le monde du C) …en fait j’ai utilisé HT pour eux.

Reddit : Edward Snowden, Héros ou méchant ?

Timbl : Parce qu’il

  • n’avait pas d’autre alternative ;
  • a travaillé avec un journaliste pour faire attention à ce qui a été rendu public ;
  • a fourni un avantage global net important au monde.

Je pense qu’il doit être protégé, et nous devons avoir des moyens de protéger des personnes comme lui. Parce que nous pouvons essayer de concevoir des systèmes de gouvernement parfait, ils ne le seront jamais, et quand ils failliront, alors, un lanceur d’alerte pourrait être le seul moyen de sauver la société.

Reddit : Où pensez-vous que le web va finir dans les 25 prochaines années ?

Timbl : C’est à nous d’en convenir. C’est une création artificielle, comme le sont nos lois, et nos constitutions… on peut choisir comment elles fonctionnent. On peut en faire de nouvelles. C’est notre décision.

Reddit : Beaucoup de gens pensent que vos appels pour un web ouvert sont un peu hypocrites compte tenu de votre soutien pour le DRM dans le HTML5. Que leur diriez-vous?

Timbl : Je voudrais leur suggérer l’idée que la question des DRM n’est pas aussi simpliste. Les gens veulent voir de grands films. Les DRM sont pénibles à bien des égards, mais si vous avez utilisé Netflix ou acheté un DVD ou un Blu-Ray, alors les DRM font partie de votre vie. Je suis d’accord pour dire que les DRM sont pénibles à bien des égards, et ne devraient être utilisés que pour les flux à très « grande valeur ». Je voudrais également souligner que le copyright, DMCA et CFAA aux États-Unis sont gravement bancals, et cette question à besoin d’être réglée distinctement de la question des DRM. Répondre à cela m’engagerait dans une discussion très longue et très compliquée, comme je l’ai déjà eu avec de nombreuses personnes. Pas sûr que nous ayons le temps ici. D’autres points incluent la façon dont les navigateurs ont intégré des DRM, ils doivent garder leur part de marché, sans s’inquiéter de savoir si les spécifications HTML rendent la connexion au web plus standard.

Reddit: Que pensez-vous du supposé «Dark Net », les marchés noirs par exemple ? (Silk Road, etc.)

Timbl : C’est une question compliquée. Je ne suis pas un grand expert en la matière. Pour faire simple, il est évident que les activités illégales sont des crimes, sur le web comme en dehors. Mais l’anonymat est compliqué. Nous avons le droit à l’anonymat en tant que lanceur d’alerte ou en étant victime d’un régime d’oppression, mais pas quand on harcèle quelqu’un ? Comment pouvons-nous construire des systèmes techniques/sociaux/judiciaires pour déterminer pour chaque cas particulier quel droit est plus important. Concernant Tor

Reddit : Est-ce qu’il vous arrive de regarder le contenu sur le web aujourd’hui et de vous sentir comme Robert Oppenheimer et sa bombe atomique ?

Timbl : Non, pas vraiment. Le web est un outil pour l’humanité fondamentalement neutre . Quand vous regardez l’humanité vous voyez le bien et le mal, le magnifique et l’affreux. Un outil puissant peut être utilisé pour le bien ou le mal. Les choses qui sont vraiment mauvaises sont illégales sur le web comme elles sont en dehors. D’un autre coté, la communication est bonne chose, je pense que le pire trouve ses origines dans l’incompréhension.

Reddit : Qui étaient vos modèles étant enfant ?

Timbl : Mes parents, qui se sont rencontrés durant la construction du premier ordinateur commercialisé au Royaume-Unis : Le Ferranti Mk 1, et certaines personnes qui travaillaient avec eux, mon professeur de math Frank Grundy, mon professeur de chimie Daffy…

Reddit : quel a été votre premier ordinateur ?

Timbl : J’ai reçu un kit d’évaluation de M6800 en 1976, et construit un groupe de cartes d’extentions 3U. Je les ai mises dans un rack avec une batterie de voiture en fond de panier comme UPS. Le tout soudé à la main sur platine d’essai et programmé en hexadécimal. 7E XX XX était un bond, et 20 XX un saut IIRC relatif. L’affichage était une vieille télé associé à un peu d’électronique et un tas de touches de vieilles calculatrices amoureusement refaites avec des lettres de transfert. Le temps des fleurs…

Reddit : Quelle est votre opinion sur l’augmentation de la surveillance au cœur même du réseau tels que la surveillance de toutes les conversations chats vidéo Yahoo par le GCHQ (quartier-général des communications du gouvernement britannique) ?


Timbl : Je pense que certains cas de surveillance du réseau par des organismes gouvernementaux sont rendu nécessaires pour lutter contre la criminalité. Nous devons inventer un nouveau système de contrôle des pouvoirs qui serait doté de moyen sans précédent pour enquêter et contraindre les organismes qui le font à rendre des comptes au public.

Reddit : Compte tenu de votre travail au WWW Consortium et votre appui à la décentralisation d’Internet, quelle est votre opinion sur le groupe de travail W3C Web Paiements Group et leurs efforts pour normaliser les paiements web en utilisant Bitcoin et d’autres formats numériques ? Quel impact pensez-vous, le cas échéant, que pourrait avoir ces monnaies numériques sur la façon dont la valeur circule sur l’Internet ?

Timbl : Je pense qu’il est important d’avoir plein de façons différentes de faire parvenir de l’argent à des gens créatifs sur le net. Donc, si nous pouvons avoir des interfaces utilisateur de micropaiement qui font qu’il est facile pour moi de payer les gens pour des trucs qu’ils écrivent, qu’ils jouent, qu’ils créent, etc, sur des petits montants, alors j’espère que cela pourrait être un moyen qui permettrait aux gens de réellement faire des affaires sérieusement. Je trouve que Flattr est une démarche intéressante dans cette direction.

Reddit : Auriez-vous imaginé qu’Internet devienne aussi gigantesque ?

Timbl : Oui, j’ai plus ou moins établi la courbe de croissance. Je n’avais pas complètement raison. Il y a 25 ans, j’avais prédit que j’allais être interrogé pour faire cette entrevue sur Reddit la semaine prochaine, mais finalement c’est cette semaine. Bon nous faisons tous des erreurs. (Plus sérieusement, non)

Reddit : Alors que le web a beaucoup avancé au cours de ces 25 dernières années, la plupart des interfaces homme-machines sont restées les mêmes. Mon navigateur web, par exemple, est plus rapide et possède des fonctionnalités différentes, mais il ressemble toujours beaucoup à Netscape Navigator (1994). Avez-vous une idée de la manière dont une interface web pourrait changer d’une façon réellement nouvelle ?

Timbl : C’est une très bonne question. Je n’ai pas de réponse comme ça. Mais pensez à comment, quand vous êtes entouré de pixels si petits que vous ne pouvez pas les voir, une interface puissante pourrait nous permettre d’être créatif ensemble, de ne pas simplement regarder. J’ai appellé cela l’inter-créativité dès le début. Je ne l’ai toujours pas.

Reddit : Pourquoi est-ce que personne ne parle de Robert Cailliau quand on parle du World Wide Web ? Vous ne l’avez pas inventé tous les deux  ?

Timbl : Robert ne l’a pas inventé. Je l’ai inventé tout seul, et l’ai codé sur un NeXT, mais Robert a été le premier converti, et un grand supporter. Il a rassemblé des ressources au CERN, aidé à trouver des étudiants, a donné des conférences. Plus tard, il a aussi écrit du code pour un navigateur pour Mac appelé Samba. De plus, il a déployé beaucoup d’énergie pour convaincre les instances dirigeantes du CERN de ne pas faire payer de droits pour le WWW, ce qui fut adopté en avril 1993.

Reddit : Je n’ai vraiment rien à demander, je voudrais juste vous remercier. Bon… peut-être une question. Quel site faut-il visiter quotidiennement ?

Timbl: w3.org Depuis le début W3C a travaillé dans le web. « Si ce n’est pas sur le web, ça n’existe pas » quand il s’agit de discuter de choses dans les réunions, etc

Reddit : Je ne puis vous remercier assez pour ce que vous avez fait en inventant le web, en l’améliorant et en rendant le contenu et l’information accessibles et utilisables par tous ! Je voulais juste vous dire merci. Je consacre mon temps à concevoir et développer des interactions et des expériences qui soient simples, intuitives et agréables. Je ne sais pas ce que je ferais sans votre travail. Je ne sais pas où le monde en serait sans votre travail. Merci, merci beaucoup !

Timbl : Vous êtes les bienvenus ! Utilisez-le chaque fois que vous le souhaitez … 🙂

EDIT : Je dois m’arrêter maintenant. Je n’ai plus le temps, je dois attraper un avion. Merci les 10e9 pour les questions et… poursuivez la discussion ici, partout avec #web25 et webat25.org.




Conseils pour bien préparer son hackathon autour d’un projet libre

L’équipe d’OpenHatch organise régulièrement des rencontres, ateliers, événements, sprints, hackathons, etc. invitant de nouveaux contributeurs à participer au développement de logiciels libres. Elle nous livre ici le fruit de son expérience.

L’enthousiasme et la motivation sont indispensables mais ne peuvent faire l’économie d’une solide organisation et réflexion en amont. Happy Hacking 🙂

Note : On remarquera que les deux livres cités en référence pour aller plus loin font partie de nos traduction Framabook : Libres conseils et Produire du logiciel libre.

 

OpenHatch team

 

Le guide de l’événement libre in situ

The In-Person Event Handbook

L’équipe OpenHatch – février 2014
(Traduction : Omegax, zak, François, Ju, MrTino, Wan, Asta, François, goofy, amha)

Faire en sorte que votre projet soit prêt pour de nouveaux contributeurs

Il semble que chaque jour apparaisse un nouvel atelier, hackaton ou autre sprint, où des projets open source sont invités à travailler avec de nouveaux contributeurs. À OpenHatch, nous avons nous-mêmes souvent organisé ce genre d’événements ! Nous avons découvert que pour en tirer un profit maximal, il est important de planifier les choses en amont. Expliquer vos objectifs, identifier les tâches appropriées, et tester l’organisation de votre projet sont autant de points indispensables pour aboutir à de belles réalisations et passer un bon moment. Ce travail a grandement amélioré nos expériences, et nous pensons qu’il mérite l’effort significatif qu’il mplique.

Nous avons créé ce guide pour aider les projets open source à se préparer pour ces événements. Nous avons utilisé notre propre projet, l’application web OpenHatch.org, comme un exemple dans ce qui suit. Au bas de la page, vous trouverez des aide-mémoires. Elles contiennent en condensé les conseils dispensés dans ce guide, et peuvent vous aider à monitorer vos progrès durant la phase de préparation de votre projet.

Les sources de ce guide sont libres. Un tas de merci à nos contributeurs. (Vous pouvez contribuer, vous aussi !)

Définir des objectifs

Vous devez être capable de présenter clairement vos objectifs pour l’événement, car cela donne à votre groupe une ambition générale à atteindre. Vous pouvez donc commencer par vous demander :

Quel est l’objectif global de votre projet ?

Il vous faut une réponse courte (un paragraphe ou moins) à cette question que vous pourrez utiliser pour attirer les contributeurs potentiels vers votre projet. Les détails, c’est bien joli, mais vous ne devriez pas avoir besoin d’être trop technique à ce moment là. À de nombreux événements, comme les sprints PyCon, on vous demandera un court résumé à exposer devant tout le monde. Pourquoi ne pas vous y préparer ?

Exemple :

L’objectif de OpenHatch est de rendre les communautés de logiciels libres plus accueillantes pour les nouveaux venus. Pour ce faire, nous fournissons documents et support logistique pour animer des ateliers « Introduction à l’open source », un site web avec des ressources libres, des « missions d’entraînement », un découvreur de talents parmi les bénévoles, et plusieurs autres projets en cours de réalisation.

Que voulez-vous accomplir à cet événement ?

Réfléchissez à ce que vous souhaitez voir spécifiquement réalisé lors de cet événement. Vous pouvez catégoriser ces objectifs selon les différentes parties du projet, si vous en avez plusieurs. Il devrait être spécifié clairement de quelle manière ces actions contribueront au progrès général du projet. Toutefois, il ne s’agit pas de « tâches » — il devrait être toujours nécessaire de diviser ces objectifs pour mieux les atteindre.

Il est utile de les lister en termes d’objectifs « principaux » et « étendus ». Avoir des objectifs principaux réalistes et bien définis vous donne quelque chose à célébrer à la fin de l’événement, tandis que les objectifs étendus ou secondaires vous permettent de prévoir le cas excitant où vous vous retrouviez avec une équipe nombreuse et efficace, capable d’accomplir une tonne de travail.

En général, il vaut mieux avoir trop d’objectifs que pas assez, mais priorisez-les. Lorsque vous arriverez à l’étape du découpage en tâches, prenez le temps de traiter en détail chaque objectif avant de passer au suivant.

Exemple :

  • Faire une nouvelle mission d’entraînement
    • Objectif principal : Choisir une compétence sur laquelle baser une nouvelle mission d’entraînement, et concevoir cette mission. En créer une maquette.
    • Objectif étendu : Implémenter la maquette et la faire tester par des volontaires de l’événement.
  • Faire le ménage dans le suivi de tickets
    • Objectif principal : Passer en revue l’outil de suivi, et étiqueter les tickets selon le « ménage » à y faire. Un bug doit-il être vérifié ? Un patch doit-il être testé ? Une demande de fonctionnalité doit-elle être être rattachée à un jalon ?
    • Objectif étendu : Utiliser ces étiquettes comme guide pour « faire le ménage » . Vérifier les bugs, tester les patches, etc.

Installation du projet

Dans notre expérience, la phase d’installation du projet est l’obstacle majeur à la participation. Nous avons vu (et conduit !) des événements où les participants passaient le plus clair de leur temps à seulement mettre en place leur environnement de développement et faire connaissance avec le projet. Si notre objectif est de permettre à de nouveaux venus de contribuer, tâchez d’estimer le temps qu’il faut pour installer votre projet. Puis trouvez un ami qui n’est pas familier avec votre projet pour voir combien de temps il faut vraiment. Vous pouvez aussi trouver quelqu’un pour vous aider à faire cela dans #openhatch.

Documenter et améliorer le processus à l’avance peut faire économiser du temps et de l’énergie à tout le monde. Si vous savez qu’une partie de votre projet sera inévitablement dévoreuse de temps, assurez-vous que tous les participants savent exactement à quoi s’en tenir.

Toutes les informations ci-dessous devraient être documentées dans un fichier LISEZ-MOI placé à la racine de votre dépôt. Vous pouvez également placer cette information dans une section « Vous voulez participer ? » sur le site web de votre projet, et/ou vous pouvez inclure un lien vers le LISEZ-MOI dans la signature de votre liste de diffusion ou dans la barre de statut de votre canal IRC.

Comment trouver une communauté et des mainteneurs pour le projet

Les informations des contacts devraient être explicitement affichées, étant donné que vous pourriez avoir des contributeurs éloignés ou des contributeurs qui voudraient démarrer en amont de l’événement. Les types d’informations de contacts peuvent inclure :

  • Un lien vers votre mailing-list ;
  • Votre nom de canal et de serveur IRC (avec le lien vers le guide pour installer IRC et le lien vers sa version webchat) ;
  • Les comptes de réseaux sociaux tels que Identi.ca, Twitter ou Facebook si votre projet en possède ;
  • Le contact des mainteneurs du projet, si vous vous sentez à l’aise pour le mentionner.

Si vous avez une préférence pour le type de prise de contact, précisez-le.

Exemple:

OpenHatch laisse en deux endroits des informations de contact que nous essayons le plus possible de garder à jour et en cohérence l’un avec l’autre. Il y a nos informations de contacts dans la documentation, référencées principalement depuis notre répertoire où sont déposés les codes sources, et nos informations de contacts dans le wiki, référencées à partir de la page d’accueil du site web.

La structure du projet

Décrivez la structure de base de votre projet. Quels sont les plus gros composants et où sont-ils situés ? Comment ces composants interagissent-ils ? Puis décomposez chaque partie. Vous n’avez pas à parler de chaque fichier ou sous-dossier de votre projet, mais prenez soin de ne pas prendre pour acquis que chaque nouveau venu comprendra le sens de tel script, ou la manière dont interagissent tels fichiers, ou dans quel langage est programmée telle partie du projet.

Selon la taille et la complexité de votre projet, cela peut être une tâche particulièrement imposante. Chez OpenHatch, nous travaillons toujours à documenter la structure complète du projet. Nous recommandons de commencer par une explication « en vue d’ensemble » de la structure projet – juste assez de détails pour remplir d’une demi-page à une page. Quand vous aurez plus de temps, vous pourrez rentrer dans le détail, en commençant par les parties du projet sur lesquelles les gens travaillent le plus souvent (ou qui sont plus susceptibles de faire l’objet de sprints ou de hackatons). Si vous utilisez d’autres frameworks ou librairies, vous pouvez gagner du temps en mettant des liens vers leur documentation et leurs tutoriels.

Exemple :

Une description d’ensemble de la structure du projet OpenHatch peut être trouvée dans « Project Overview ». Une description de la structure de OH-Mainline (le dépôt derrière notre site web) y est présente.

Comment mettre en place un environnement (« de développement ») local

Pour contribuer à votre projet, les gens ont généralement besoin d’une version locale du projet où ils peuvent faire des modifications et les évaluer. Plus votre guide d’installation/développement est détaillé et clair, mieux c’est.

Voici quelques éléments pour la mise en place d’un environnement de développement à mettre dans votre guide :

  • Préparer leur ordinateur
    • Assurez vous qu’ils connaissent bien les outils de leurs systèmes d’exploitation, comme le terminal / la ligne de commande. Vous pouvez le faire en donnant un lien vers un didacticiel et en demandant aux utilisateurs s’ils le comprennent bien. Souvent, de très bons didacticiels existent déjà, celui d’OpenHatch sur la ligne de commande est disponible ici.
    • Si les contributeurs doivent mettre en place un environnement virtualisé, accéder à une machine virtuelle ou installer un kit de développement en particulier, expliquez-leur comment faire.
    • Donnez la liste de toutes les dépendances nécessaires pour faire tourner le projet, et une explication pour les installer. Fournissez un lien vers de bons guides d’installation, s’il en existe.
  • Téléchargement du code source
    • Donnez des instructions détaillées sur comment télécharger le code source du projet, dont les obstacles et problèmes fréquemment rencontrés.
    • S’il existe plusieurs versions du projet, dites clairement quelle version ils doivent télécharger.
  • Comment voir / tester les changements
    • Expliquer aux contributeurs comment voir et tester les changements qu’ils ont effectués. Ceci peut varier selon ce qu’ils ont changé, mais faites votre possible pour couvrir les changements les plus fréquents. Cela peut être, tout simplement, afficher un document html dans un navigateur, mais ce peut aussi être plus compliqué.

L’installation pourra différer pour chaque contributeur en fonction de leur système d’exploitation. Vous aurez probablement besoin de créer des instructions séparées pour les utilisateurs de Windows, Mac et Linux, dans différentes parties de votre guide. Si vous entendez ne supporter le développement que pour un seul système d’exploitation, assurez-vous que cela soit dit clairement pour les utilisateurs,

Exemple:

Vous pouvez voir comment OpenHatch annonce cela dans son guide d’installation. Les instructions pour tester des changements peuvent être trouvées . Des tâches plus spécifiques peuvent avoir leur documentation additionnelle (par exemple la documentation concernant les différents changements du code).

Contributions et retours

Comment les contributeurs doivent-ils procéder pour amener leurs modifications au projet ? Est-ce qu’ils soumettent une pull request sur Github ? Doivent-ils générer un patch et l’attacher à un ticket sur le système de tickets ? Assurez-vous que cette information est explicitement fournie.

Example :

Le guide d’OpenHatch pour soumettre des changements peut être trouvé ici.

Il est aussi utile d’indiquer aux gens comment ils peuvent faire des retours/signaler des bugs sur le projet. Si votre projet n’a pas de système de suivi de tickets, envisagez d’en créer un. Sur Github, tous les dépôts disposent du système de tickets (bien que vous ayez à l’activer en allant dans Settings puis Features). Il y a beaucoup d’autres systèmes de suivi de tickets.

Si votre projet est de petite taille, vous pouvez ne pas avoir besoin ou ne pas vouloir de systèmes de suivi de tickets. Aucun problème. Le principal est que les contributeurs sachent comment vous remonter des informations.

Example :

Les problèmes avec le projet « Open Source Comes to Campus » peuvent être signalés ici. La plupart des autres problèmes liés à OpenHatch peuvent être signalés .

Les outils tels que le suivi de tickets sont très utiles pour communiquer de manière asynchrone. Ce n’est peut-être pas la solution la plus appropriée lors d’un événement physique. Si vous voulez changer les choses pour l’occasion – comme demander aux participants de vous notifier par IRC les liens vers les nouveaux tickets, pour éviter qu’ils ne passent entre les mailles du filet – assurez-vous de leur en parler !

Vérifiez votre documentation

Vérifiez que cette documentation est complète et effective en la testant auprès de personnes qui n’ont pas participé à votre projet auparavant. Pour chaque sytème d’esploitation, trouvez au moins une personne pour lire votre documentation, tenter d’installer, faire et tester des modifications et participer aux différentes modifications du projet (au choix de votre testeur, ces modifications peuvent être des faux changements ou des vraies tâches). Vérifiez que vos testeurs ont des compétences et/ou une expérience similaire à celle des nouveaux arrivants à votre évènement.

Si vous rencontrez des difficultés pour trouver des personnes pour vous aider, essayez la chaine #openhatch sur IRC.

Assurez-vous que tous les problèmes qui surviennent lors de ce processus de vérification soient intégrés à la documentation. Une fois que la documentation a été vérifiée, ajoutez une ligne au début de votre guide pour annoncer ce qui a été vérifié et quand.

Par exemple :

Instructions de l’environnement de développement testées avec succès sur Ubuntu 12.04 (le 03/10/2013), Mac OS X 10.8 (le 01/10/2013) et Windows XP (en janv. 2005). Vous pouvez consulter cette démarche à OpenHatch ici.

Idéalement, vous devriez vérifer que tout fonctionne : installer, faire des modifications, les tester et les intégrer. Si vous n’avez le temps que pour une seule de ces tâches, nous vous recommandons de vérifier l’intallation. Notre expérience nous a appris que c’est sur ce point qu’émergent la plupart des problèmes.

Définir les tâches des participants

Retournons aux objectifs de l’événement dont nous avons parlé dans la première section. Chaque objectif devrait être décomposé en étapes distinctes qui permettront de l’atteindre. Ces étapes sont les tâches à confier aux participants.

Ces tâches devraient inclure un résumé en anglais simple aussi bien que les informations sur la localisation des modifications (par exemple, quels fichiers ou fonctions sont altérés). Nous recommendons d’inclure une liste des compétences nécessaires (par exemple : compétences en design, Python basique) et des outils (par exemple: Développement sur environnement Mac). Il est aussi utile d’inclure le nombre estimé d’heures que la tâche va prendre, d’étiqueter certaines tâches comme plus ou moins importantes, et de marquer où quelle tâche est dépendante d’une autre.

Cela semble représenter beaucoup de travail mais cela devrait aider vos participants à trouver rapidement et facilement les tâches appropriées pour eux. Etant donné que l’un des objectifs principaux d’un événement en personne est de donner une expérience positive aux participants, nous pensons que cela en vaut la peine.

Créer un système pour suivre les tâches

Nous recommandons l’utilisation d’un wiki ou un document de planification similaire pour garder une trace des tâches. OpenHatch dispose d’un navigateur pour suivre les tâches que nous utilisons pour nos événements. Vous pouvez, si vous le souhaitez, faire un fork et l’adapter à votre projet ou événement ; cependant, nous vous recommandons d’attendre un peu, car nous allons bientôt faire de grosses améliorations. Quelque chose de très simple, comme un etherpad (NdT : ou Framapad), peut également faire l’affaire (ici, un cadre et un service exemple que vous pouvez utiliser).

Préparer les tâches

Pour vous rendre compte du nombre de tâches à préparer, nous vous recommandons de vous baser sur la durée de l’événement et le nombre de participants attendus pour prédire la charge en temps/homme de votre projet. Vous pouvez utiliser les estimations de temps que vous avez faites pour évaluer chaque tâche. Nous suggérons que vous prévoyiez 30% de plus que ce dont vous pensez que vous aurez besoin : il vaut mieux avoir trop que pas assez.

Exemple :

  • Objectif de base : parcourir l’interface et étiqueter les tickets selon le type de résolution nécessaire. Est-ce qu’un bug doit être vérifié ? Est-ce qu’un patch doit être testé ? Une fonctionnalité doit-elle être rattachée à un jalon ?
    • Tâche 1 : étiqueter les problèmes
      • Compétences et outils nécessaires : compétences de base en anglais, connaissance des concepts de vérification, tests, jalons…
      • Temps estimé : ~20 minutes par problème
      • Pour démarrer : prenez connaissance du suiveur de tickets, et comment il affiche les informations. (Voyez cette documentation.) Demandez un accès Administrateur pour pouvoir ajouter des étiquettes au suiveur.
      • Pour chaque problème : lisez la discussion relative à chaque problème, et identifiez où la communauté intervient dans le signalement de ce problème. Si c’est un bug non vérifié, ajoutez le label non vérifié. Si c’est un patch non testé, ajoutez l’étiquette patch non testé, etc. Si c’est une fonctionnalité qui n’est rattaché à aucun jalon, ajoutez l’étiquette jalon nécessaire.
  • Objectif étendu : utilisez les étiquettes comme un guide pour résoudre chaque ticket. Vérifiez les bugs, testez les patch, etc.
    • Tâche 1 : Vérifier les bugs
      • Compétences et outils nécessaires : compétences de base en anglais, et dans l’idéal connaître les machines virtuelles pour effectuer des tests sur plusieurs OS.
      • Temps estimé : 20 minutes par bug (variance élevée).
      • Pour démarrer : téléchargez l’environnement de développement et assurez vous que vous pouvez lancer le projet. Assurez vous que vous avez un compte sur Le suiveur de tickets et que vous savez ajouter des commentaires ou changer les étiquettes.
      • Pour chaque bug : essayez de reproduire le bug. Enregistrez les résultats dans un commentaire, avec des informations concernant le type de l’OS et sa version. Si possible, effectuez le test sur plusieurs navigateurs. S’il y a plusieurs commentaires récents sur les trois OS majoritaires, ajoutez l’étiquette prêt pour test par le mainteneur (NdT : ready_for_maintainer_review).

Quoi qu’il en soit, les participants doivent être rattachés à une tâche correspondant à leurs compétences et à leurs intérêts. Effectuer ce travail préparatoire fera démarrer les participants immédiatement plutôt que de les faire attendre que vous leur suggériez une tâche adéquate. Dans l’idéal, les organisateurs d’événements auront collecté des informations sur les compétences et intérêts des participants bien en amont, donc vous pourrez adapter la liste à votre groupe de contributeurs.

Rendre explicites les étapes de chaque tâche facilite l’entraide entre les participants. En identifiant clairement les compétences et concepts nécessaires, il devient plus facile pour les gens de dire : « Oh, je comprends comment faire ça ! Attends, je vais te montrer ».

Suite

Il est possible que les contributeurs ne puissent pas finir les tâches sur lesquelles ils travaillent pendant l’événement, ou qu’ils veuillent continuer à participer au projet en travaillant sur d’autres tâches. Penser en amont de l’événement à comment vous allez organiser sa suite rend plus facile l’échange d’informations avec les participants et la planification de la direction de votre projet.

Nous recommandons de demander à chaque participant de répondre aux questions suivantes à propos des tâches sur lesquelles ils ont travaillé. Donnez leur cette liste au début de l’événement : cela les aidera à documenter ce qu’ils font. Vous pouvez imprimer cette liste, l’envoyer par mail aux participants, faire un formulaire web, comme vous préférez.

Par exemple :

  • Pour chaque tâche sur laquelle vous avez travaillé, veuillez répondre aux questions suivantes :
    • Sur quelle tâche avez-vous travaillé ?
    • Veuillez documenter brièvement votre workflow. Quelles étapes, dans quel ordre, pourquoi ?
    • Où puis-je trouver le travail que vous avez réalisé pendant l’événement ? Ceci inclut le code, la documentation, les maquettes, et autres choses.
    • Si vous avez créé des comptes pour le projet, veuillez lister les sites et les noms des comptes. Enregistrez le mot de passe dans votre gestionnaire de mot de passes préféré, ou assurez vous que moi ou un autre mainteneur y aie accès.
    • Quels obstacles avez-vous rencontré en travaillant sur cette tâche ? Avez-vous des retours à me faire pour améliorer le processus pour les futurs contributeurs ?
    • Voudriez-vous rester impliqué dans ce projet ? Si oui, dans quelle mesure ?

S’il y a suffisamment d’enthousiasme pour continuer le travail, assurez-vous de rester en contact ! Nous suggérons que vous rassembliez les emails des participants intéressés et que vous les contactiez dans les 48 heures suivant l’événement. Dans votre email, remerciez-les pour leur aide et fournissez des informations sur comment rester dans la communauté par, par exemple, IRC ou des listes de diffusion.

Nous recommendons aussi de prévoir un rendez-vous suite à l’événement. Si vous êtes tous originaires de la même région, essayez de fixer une date après l’événement pour vous et votre équipe au café du coin, à l’espace de coworking, ou à une soirée-projet. Si vous êtes éloignés géographiquement, fixez une date pour vous rencontrer sur IRC ou sur Google Hangout. 2-3 semaines après l’événement est un bon créneau, toutefois cela dépend si vous et vous nouveaux contributeurs êtes très occupés.

Checklists

Merci de votre attention ! Pour vous aider à garder un oeil sur chaque étape, nous avons créé deux checklists pour vous. La version détaillée inclut tous les conseils ci-dessus. La checklist la plus courte inclut les conseils que nous pensons les plus importants. Nous vous recommandons de démarrer avec la cheklist la plus courte. Une fois que vous avez accompli correctement cette checklist, vous pouvez revenir et faire les étapes supplémentaires si vous avez le temps et l’énergie.

Pour voir et/ou imprimer les checklists, se rendre ici.

Remerciements

Merci à tous ceux qui ont contribué ou aidé au projet.

Contributeurs
  • Shauna Gordon-McKeon : maintenance, contenu
  • Ni Mu : design
  • Sheila Miguez : testeuse
  • Asheesh Laroia : testeuse
Pour aller plus loin



À propos du Festival des Communs en mai en Grèce

En mai prochain aura lieu la seconde édition du Festival des Commons à Héraklion sur l’île de Crète.

Nous avons choisi d’en traduire l‘à propos, pour illustrer cette dynamique des biens communs mentionnée dans un billet précédent. Et aussi pour parler un peu de la Grèce de manière positive 😉

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Le Festival des Communs – à propos

The Festival of the Commons – About

(Traduction : Isammoc, GregR, Diin, Scailyna, goofy, KoS)

Le Festival des biens communs (CommonsFest) est une initiative pour promouvoir la connaissance libreet la collaboration peer-to-peer pour la création et la gestion des biens communs. Une philosophie qui s’est propagée à travers les communautés du logiciel libre et s’étend à de nombreux aspects de notre vie quotidienne, tels que les arts, la gouvernance, la construction de machines, d’outils et d’autres marchandises. À travers une exposition, des conférences, des projections et des ateliers, le but du festival est de promouvoir et faire connaître les réalisations de cette philosophie au public et de faire un premier pas vers de plus amples adoptions.

Aujourd’hui, il existe un monde où la liberté de la connaissance et de l’art est une réalité, et où les opinions sont exprimées et débattues librement afin que les décisions soient prisent collectivement. Un monde où le bien commun est plus important que le profit individuel, où il existe un respect des ressources naturelles et de la dignité humaine, un monde où l’argent n’est qu’un moyen de subvenir à nos besoins. Dans ce monde, vous pouvez librement faire pousser ce qui va vous nourrir, remixer une chanson, donner votre avis à propos d’un projet de film, améliorer les plans de conception d’un tracteur, écrire un article d’une encyclopédie, participer à une procédure de décision politique ou assister gratuitement à des cours à l’université. Un monde où vous pouvez construire une maison, subvenir à vos besoins en échangeant des biens et des services avec vos amis.

Au cours des dernières décennies, le développement des communautés du logiciel libre ont ont ouvert de nouvelles voies à la créativité, basées sur la collaboration et l’échange libre de connaissances. Ensuite sont arrivées des communautés ouvertes peer-to-peer qui ont donné l’impulsion pour que soient diffusées ces idées dans de nombreux aspects de la vie en dehors du spectre numérique. Elles témoignent au quotidien que le modèle peer-to-peer peut fournir une gestion plus équitable et plus efficace dans la vie quotidienne.

Ce modèle repose sur un certain nombre de caractéristiques essentielles de ces communautés. Les plus importantes sont le partage et la collaboration autour d’un cadre où chaque participant contribue selon ses capacités et reçoit selon ses besoins, ce qui aboutit à rendre la connaissance disponible à tous pour le bien commun. Une autre caractéristique importante, pour laquelle la création et le développement d’Internet ont joué un rôle clé, c’est que les communautés n’ont pas besoin d’un lieu commun mais peuvent être dispersées aux quatre coins du globe. Ainsi, des personnes de divers endroits peuvent collaborer à un projet commun en communicant par des moyens numériques les uns avec le autres. Travailler dans un processus de prise de décision non hiérarchique s’oppose à la concentration du pouvoir entre les mains de quelques individus avec tous les problèmes que cela implique. Cette méthode d’organisation peer-to-peer (p2p) a créé de nombreux produits caractérisées par le fait de n’être ni privés ni étatiques. On appelle ces productions des « biens communs ». Ces biens communs sont librement accessibles à tous, fondée sur la base d’un ensemble d’autorisations qui régissent leur utilisation, comme les Creative Commons (CC) ou la Licence Publique Générale (GPL).

Il existe de bons exemples de production open source et pair-à-pair au-delà du champ des biens digitaux numériques. comme les machines-outils qui sont proposées par le projet Open-Source Ecology (NdT : Écologie open-source) ou les imprimantes 3D comme Rep-Rap. Des plans libres pour fabriquer son logement tels que WikiHouse ou la prometteuse voiture Wikispeed sont d’autres exemples, de même que les recettes sans brevet pour des boissons comme Free beer (NdT : Bière libre) et OpenCola (NdT : cola-ouvert).

Les efforts pour sauver les semences traditionnelle et pour dépolluer les terrains saturés d’engrais et pesticides chimiques ont développé un réseau de connaissances que tout le monde peut suivre pour satisfaire ses besoins nutritionnels, en respectant l’environnement naturel et le travail humain. Le retour à des manières plus naturelles de construire, couplé à la recherche sur les sources d’énergies renouvelables, a ouvert de nouveaux horizons à la construction de maisons écologiques et en autonomie énergétique,ce qui constitue un pas de plus vers la gestion communautaire équitable et durable. Si on ajoute le mouvement DIY (Do-It-Yourself, Faites-le vous-même NdT) à tout cela, alors on se rend compte de la quantité impressionnante de connaissances accessibles qui peut couvrir une grande part, si ce n’est la totalité, de nos besoins quotidiens.

Tout cela pourrait en fait devenir une proposition d’organisation alternative de la société (finances comprises) car nous pouvons nous rendre compte que l’actuel système de recherche du profit ne satisfait pas les besoins de base de la majorité de la population mondiale. D’autres communautés pourraient nous apporter leur expérience de plusieurs années dans l’élaboration d’un modèle différent et plus performant pour satisfaire leurs besoins. Dans le même temps, nous constatons l’impact des groupes collaboratifs tout autour de cette mouvance qui pourrait définir en quelques mots l’économie sociale et solidaire. Ce sont pour l’essentiel et pour le moment des tentatives expérimentales qui s’accumulent avec le temps, mais qui sont des expériences précieuses de collaboration et de solidarité.

Il est évident que le passage d’une société conduite par le profit vers un système de gestion peer-to-peer ouvert ne peut pas être réalisé en un jour. Mais créons des petites structures de production pour les biens communs, là où les conditions le permettent, afin que les petits ruisseaux deviennent grandes rivières. Nous voulons que le « Festival des biens communs » soit un pas de plus dans cette direction.




Entretien avec le fondateur de Vikidia, l’encyclopédie libre pour les enfants

Vikidia, dans sa présentation la plus simple, est l’équivalent de Wikipédia pour les enfants. Ouvert depuis 7 ans, ce wiki réunit maintenant 16 000 articles et reçoit 600 000 visiteurs uniques par mois pour sa version première en français. Vikidia est détenu par l’association du même nom, avec le soutien de Wikimédia France et est hébergé par Tuxfamily. Des versions ont été ouvertes en espagnol, en italien et en russe.

Ses objectifs, ses bases et son fonctionnement très proches de ceux de sa grande sœur comprennent l’ouverture à la participation des enfants et adolescents pour sa construction et dans la plupart des aspects de son fonctionnement. C’est ce qui se passe effectivement avec une distribution très intergénérationnelle des contributeurs.

Orikrin1998, actif sur ces deux wikis a conduit cette interview d’Astirmays (Mathias Damour), le fondateur de Vikidia et également wikipédien. Celle-là a été complétée et actualisée pour être publiée sur le Framablog.

Vikidia

Entretien avec Astirmays (Mathias Damour)

Orikrin1998 : Bonjour Astirmays, et merci de m’avoir accordé le plaisir de t’interviewer.

Astirmays : Bonjour !

Orikrin1998 : Avant tout, peux-tu te définir tel que tu es dans la vie réelle, ce que tu fais, tes passions …?

Astirmays : J’habite à Annecy, je travaille dans un service chargé de l’application de la réglementation sur l’environnement, et les cours d’eau en particulier. Je profite du lac où je vais me baigner une bonne partie de l’année. Mon travail n’a donc pas de lien avec l’éducation, mais je me suis intéressé à ces questions à la fin et suite à ma propre scolarité.

Orikrin1998 : Comment as-tu découvert Wikipédia et eu envie d’y participer ?

Astirmays : Je me souviens qu’à l’été 2005, j’ai appris ce que sont les bases de fonctionnement de Wikipédia (ouvert à tous) et ça m’a tout de suite paru intéressant. Quelques mois plus tard, j’ai fait quelques modifications sous IP, et je me suis inscrit en janvier 2006, quand j’ai eu l’ADSL, en fait avec tout de suite l’intention d’y participer, peut-être pas massivement, mais disons sérieusement.

Orikrin1998 : Tu es le fondateur de Vikidia ; comment t’es venue l’idée de créer un tel site, et pourquoi ?

Astirmays : J’ai eu connaissance du projet Wikipédia Junior, sans m’y pencher plus que ça en premier abord, je participais à la discussion qui a mené à la création du label “bon article” comme variante d‘“Article de qualité”. En relisant les discussions de Wikipédia Junior et en commençant à y participer, j’ai vu rapidement que le projet n’était pas ce que j’avais imaginé d’abord, et qu’il y avait lieu de créer un wiki “junior” qui ait sa vie propre plutôt qu’une simple sélection d’articles. Certaines références en matière de pédagogie me permettaient de voir en quoi c’était possible de plusieurs points de vue : production de contenu, mode de gouvernance wiki. Un Wikipédia pour enfants pouvait être rapproché de certaines pratiques de classes ou d’écoles plus ou moins répandues, mais qui ont néanmoins fait leurs preuves, comme l’élaboration de ressources documentaires en pédagogie Freinet, l’école de Summerhill en Angleterre, qui fonctionne depuis 90 ans : les élèves et le personnel y tiennent une assemblée chaque semaine où peuvent être votées de nouvelles règles pour l’établissement. Je me suis aperçu par ailleurs que l’idée d’un tel wiki avait déjà été émise, et même mise en œuvre en néerlandais (WikiKids.nl ouvert début 2006) mais que personne ne semblait déterminé à mener un tel projet en Français ou comme projet international au sein du mouvement Wikimédia. Ayant une bonne représentation de ce qu’un tel projet pouvait être, j’ai alors décidé de l’ouvrir sans plus attendre !

Orikrin1998 : Cela a-t-il été dur ? Étais-tu seul au tout début, ou bien des proches ou des futurs vikidiens t’aidaient-ils déjà ?

Astirmays : Du temps, du travail certainement, mais dur, non. Le projet a été investi dès son lancement par un groupe de Wikipédiens, et on a eu la chance qu’ils s’impliquent comme ça, adhérant largement au projet, avec quelques tâtonnements et interrogations au début mais surtout beaucoup d’initiatives. Le lancement de Vikidia a certainement bénéficié de la dynamique du projet auquel il succédait : Wikipédia Junior, et en pratique c’était même pendant quelques mois un bandeau d’évaluation sur la page de discussion de près de 2000 articles de Wikipédia qui permettait d’annoncer ce wiki. On a eu de la chance également que les contributeurs se succèdent sans “trou d’air” important, jusqu’à aujourd’hui.

Orikrin1998 : T’attendais-tu à ce que Vikidia devienne ce qu’il est aujourd’hui ?

Astirmays : Je n’étais pas du tout certain que ça fonctionne, mais je l’espérais à peu près comme ce à quoi il ressemble maintenant, pas dans les détails bien sûr ! S’il y a un décalage par rapport à ce que j’imaginais dans le meilleur des cas, c’est d’une part que du côté participation, c’est régulier mais loin d’être massif, les contributeurs forment une communauté limitée. À l’inverse, je ne pensais pas à la qualité du résultat telle qu’on peut la mesurer notamment à travers les appréciations des lecteurs sur le livre d’or, qui sont maintenant déposées régulièrement.

Orikrin1998 : En ressens-tu de la fierté ?

Astirmays : Certainement oui, comme j’en ai ressenti à mon premier (et seul) article de qualité sur Wikipédia, et comme j’espère qu’en ressentent beaucoup de contributeurs de Vikidia en voyant le produit de leur travail intégré dans cette ressource !

Orikrin1998 : Quelles ont été, quelles sont et quelles seront tes contributions sur Vikidia ? Tiens-tu toujours un rôle de « fondateur », ou bien la masse d’utilisateurs t’a-t-elle supplanté sur ce plan là ?

Astirmays : Je ne suis pas un très gros rédacteur, mais il y a quelques articles dont je suis fier aussi. Quant à mon rôle, la communauté n’est pas si importante qu’on s’y perde ! Chaque contributeur compte. Pour employer un mot que je ne connaissais pas au lancement du wiki, je suis de fait comme un gestionnaire de communauté (« community manager »).

Orikrin1998 : Quels sont les objectifs du site maintenant ? De quel œil vois-tu l’éventuelle insertion de Vikidia dans la fondation Wikimédia ? Les utilisateurs sont nettement partagés sur ce point de vue.

Astirmays : Concernant les objectifs du site, les commentaires laissés par les lecteurs sont assez éclairants, on a beau avoir rédigé une masse déjà considérable d’articles, ils veulent encore plus de contenu, plus de sujets traités !

Après avoir travaillé au projet d’adoption de Vikidia par la Wikimedia Foundation, plusieurs raisons nous ont fait changé notre fusil d’épaule. La communauté Wikimédia internationale était peu réactive sur ce projet, et j’ai vu passer au cours du temps des objections assez radicales, portant par exemple sur la capacité des enfants à une participation constructive ou sur les obstacles légaux et juridiques supposés. Ces objections auraient certainement émergé à nouveau en cas d’avancée de la proposition. Une part des vikidiens voyaient plutôt avec enthousiasme une éventuelle adoption de Vikidia par la fondation qui détient Wikipédia, mais le scepticisme montait également de la part de participants plutôt anciens qui y voyaient un risque de perte de certains aspects de notre fonctionnement, sans avantages décisif en face. Les avantages d’une fusion comme une meilleure visibilité paraissaient moins convaincants au stade de développement où nous en étions arrivés. Enfin la Wikimedia Foundation, quoiqu’elle respecte une autonomie poussée de la communauté de chaque wiki, a selon moi un fonctionnement très centralisé pour tout le reste. Peut-être les grosses organisations qui ont réussi ne sont pas les mieux placées pour développer les innovations suivantes ! On a donc interrompu la démarche de demande/offre d’adoption de Vikidia par la Wikimedia Foundation.

Un sujet annexe devait être pris en compte, c’est l’existence de la version de Wikipédia en Simple English, selon un modèle qui n’a été copié dans aucune autre langue : viser un niveau de langage plus simple tout en se défendant d’être destiné aux enfants, ou bien en maintenant l’ambiguïté sur ce point. Dans l’optique de l’adoption de Vikidia comme projet ayant une vocation multilingue, la présence de Simple English Wikipedia ne facilitait pas la tâche puisque chaque option imaginable avait ses inconvénients ou ses difficultés : par exemple réorienter l’objectif de Simple English Wikipedia (y a-t-il quelque chose de plus difficile que de faire changer d’avis ou même d’identité tout une communauté ?) ou reprendre son contenu qui aurait été une sorte de fork interne à l’organisation… Abandonner le projet d’être adopté par la WMF nous libère sur cet aspect et nous avons décidé simultanément d’ouvrir une version de Vikidia en anglais, qui sera lancée à la fin du mois de février !

Orikrin1998 : Merci d’avoir répondu à ces quelques questions, et bonne continuation sur Vikidia !

Astirmays : Merci à toi, bonne fin d’après-midi !




Pourquoi j’aime être un community manager open source

La fonction, et parfois le métier, de community manager (gestionnaire de communauté en français) est relativement récente dans le paysage numérique.

Récent mais déjà à la mode et à toutes les sauces, parce que tout le monde, même Orange ou la SNCF, aime à dire qu’il est présent sur le réseaux sociaux et dialogue avec sa « communauté ».

Qu’en est-il dans le milieu bien spécifique du logiciel libre où l’existence d’une « communauté » est bien moins un adjuvant marketing qu’une condition de la réussite d’un projet ?

Des réponses parfois redondantes mais souvent vivifiantes 😉

Salvador Moreira - CC by-sa

Que préférez-vous dans votre métier de community manager de projet open source ?

What’s the best thing about being an open source community manager?

Jason Hibbets – 27 janvier 2014 – OpenSource.com
(Traduction : Zizi, alpha, GregR, Omegax, Scailyna, Asta, lamessen, Diin, ttoine + anonymes)

Il y a peu, j’avais dressé la liste des cinq meilleures pratiques pour les community managers en 2014. En ce jour de reconnaissance des community manager (NdT : Community Manager Appreciation Day), nous avons recueilli les réflexions de quatorze grands représentants issus de diverses communautés open source invités à répondre à la question suivante :


Quel est le meilleur aspect du métier de community manager ?


Voici ce qu’ils ont répondu.


Zohar Babin, directeur de la communauté chez Kaltura :

Étant community manager pour un projet open source de grande échelle, et ayant un grand succès commercial, je pense que le plus gros de mon boulot est de rassembler les deux choses que j’aime le plus : les relations humaines et la technologie. Ma responsabilité est d’équilibrer les deux, de garantir une bonne ambiance qui assure une communication harmonieuse, et une visibilité dans un environnement ouvert. Je suis une sorte de « jongleur-scientifique ». Je mesure, analyse et expérimente fréquemment, tandis que la performance quotidienne est purement artistique.

Jono Bacon, community manager pour Ubuntu :

Je pense que les communautés mettent en avant le plus bel atout que l’être humain possède : le sens du partage. Quand les gens collaborent ensemble, ils ont l’opportunité de créer de plus grandes et plus puissantes choses que quelqu’un pourrait accomplir seul dans son coin. Rallier différentes façons de penser et différentes motivations pour créer quelque chose déconcertant de simplicité est complexe. C’est un beau et vivifiant challenge, et quand le résultat de ce travail profite à de vraies personnes, je me dis que gérer une communauté est quelque chose à laquelle j’aimerais consacrer ma vie.

Ben van’t Ende, community manager pour TYPO3

Repérer les opportunités de coopération entre des groupes et des individus, faire correspondre ces initiatives et donner à ces individus la chance de partager leurs compétences au profit d’une communauté pour qu’ils soient appréciés pour leur savoir ou rien que pour leur effort. La plupart des membres d’une communauté veulent partager ce qu’ils savent avec le reste de cette communauté, mais ils ont souvent des difficultés à trouver où exactement aller pour partager leurs idées ou quand faut il le faire. En tant que community manager, vous avez le point de vue qui vous permet d’opérer cette magie, et je trouve ceci vraiment enrichissant.

Britta Gustafson, community manager pour Cydia (et aussi community manager bénévole d’OpenHatch) :

La meilleure chose en étant community manager est de créer le lien entre les personnes qui utilisent un projet et les personnes qui travaillent dessus, en aidant les deux parties à avoir de meilleures informations — ce qui signifie que j’aide à faire de meilleurs projets (et plus joyeux). J’aime me concentrer sur les personnes qui utilisent un projet, parler avec eux, et apprendre ce qu’ils découvrent et ce qu’ils demandent — c’est pratique et puissant de faire attention à la face extérieure et publique d’un projet.

J’apprécie aussi la diversité des tâches que je fais en tant que « community manager » — du support, de la modération, un peu de publicité, un peu de gestion de produit, et toutes sortes d’écrits pour améliorer les choses et les coller ensemble. C’est assez créatif : devoir considérer l’ensemble du projet, comprendre comment le côté technique et le côté social s’assemblent, et être une personne qui fait des connexions et rempli des trous — en identifiant les problèmes intéressants et en trouvant une manière de les résoudre.

Daniel Hinojosa, community manager pour SourceForge :

J’adore écouter les gens, qu’ils utilisent SourceForge ou pas. J’aime entendre parler des difficultés qu’ils rencontrent en écrivant leur code, en développant leur propre communauté, et élaborant des stratégies pour résoudre des problèmes vraiment compliqués. Actuellement, mon but est de comprendre la division qui existe au sein de la communauté des logiciels libres entre publier tôt, et publier souvent (NdT ; release eraly, release often).

David Hurley, community manager en charge de la partie développement de Joomla :

La meilleure chose qui soit pour un community manager, est, sans aucun doute, la communauté. La possibilité qu’il y a de discuter, d’encourager et de permettre à des membres de plus s’engager dans un projet, une idée ou un rêve. J’ai pas mal appris en écoutant les autres partager leurs idées et, en tant que community manager, j’ai le privilège d’aider ces idées à être concrétisées en actions.

Francesca Krihely, senior manager en charge de la relation avec la communauté pour MongoDB :

Lorsque l’on est un community manager, la meilleure chose qui soit, ce sont les gens avec lesquels vous travaillez. Vous êtes amenés à rencontrer des personnes passionnées, intelligentes, stimulantes qui contribuent tout en restituant ce que les communautés dont ils font partie leur ont apportées. J’ai beaucoup de chance de travailler avec une communauté composée d’ingénieurs vraiment doués et intelligents qui sont aussi curieux et réactifs. J’apprécie vraiment lorsque je vois des membres de la communauté avec lesquels j’ai pu travailler pendant des années gagner des prix, lancer leurs entreprises, lever des fonds ou encore inventer leurs propres projets Open Source. C’est un boulot génial que d’aider des personnes brillantes et talentueuses à réussir.

Heathr Leson, Directrice de l’implication de la communauté pour l’Open Knowledge Foundation (elle est aussi membre du conseil d’administration au sein d’Humanitarian OpenStreetMap) :

L’étincelle. C’est cette étincelle qui se produit lorsque vous mettez en lien une personne avec une idée ou un parcours d’apprentissage ou que mettez les personnes en relation puis que vous vous retirez. Ce moment de beauté a lieu lorsque les gens trouvent leur voie ou leur passion avec un soupçon d’encouragement ou d’orientation. À ce moment, vous réalisez que votre travail, permettre l’émergence des prochains contributeurs ou représentants open source est la plus grande source de motivation qui soit.

Vincent Mayers, community manager open source chez inBloom :

Avoir une vision claire de l’avenir est tellement important pour le développement et l’évolution d’un projet open source, et tout le monde a la sienne ! En tant que community manager, j’ai la charge de propager auprès de nos équipes produits et de nos dirigeants la vision des communautés open source, afin que nous puissions l’intégrer dans notre feuille de route (NdT : « roadmap »). J’adore cette contribution venant de tant d’origines différentes. Et aussi, j’adore mon rôle qui combine tant de disciplines : vente, marketing, relations publiques, recrutement, évènementiel, gestion de projet, développement produit et bien sûr, le jonglage.

Angela Oduor, community manager open source chez Ushahidi :

Ce sont les gens qui font tourner le monde. La meilleure chose concernant le fait d’être un community manager à Ushahidi est que je peux être un pont entre la technologie et ces gens.

Nicolas Pastorino, community manager open source chez eZ Publish :

La meilleure chose que j’aime faire en tant que community manager est d’accompagner de l’intérieur un groupe de bénévoles motivés et engagés. Lorsque la mission et les objectifs d’une communauté sont largement partagés, une énergie inégalée est créé, qui converge vers sa réalisation, comme je l’ai rarement vu ailleurs.

Lydia Pintscher, community manager pour KDE :

La meilleure et la pire des choses pour un community manager dans une communauté de bénévoles est que vous ne pouvez forcer personne à faire quoi que ce soit. Vous devez rallier les membres de la communauté à votre cause encore et encore. Cela peut être un véritable défi, mais quand vous les avez enfin recrutés, vous savez qu’ils sont vraiment avec vous parce qu’ils le veulent et qu’ils veulent faire ce qu’ils font.

David Stokes, community manager pour Oracle / MySQL :

La meilleure chose à propos du fait d’être un gestionnaire de communauté MySQL c’est de voir ce que les gens font avec le produit ! Que ce soit une municipalité qui ouvre publiquement l’ensemble de ses données ou un chercheur qui utilise MySQL pour rassembler des données exotiques ou bien même une petite entreprise qui utilise notre système de base de données de manière innovante. Voir un outil aussi basique qu’une base de données être utilisé de millions de manières différentes pour aider des personnes à atteindre leurs objectifs ne me lasse pas de me surprendre.

Andreas Tille, développeur principal pour le projet DebianMed :

Le mieux, c’est lorsqu’il faut apprendre aux nouveaux arrivants comment rejoindre la communauté et abaisser toutes les barrières à l’entrée. Sur DebianMed, on travaille ainsi sur deux programmes : le meilleur tutorat du mois et le parrainage. Plus de détails sur ces thèmes sont accessibles via mes présentations.

Crédit photo : Salvador Moreira (Creative Commons By-Sa)




Lolix, ou la communauté invisible

Logo de Lolix

Lolix est LE site francophone d’offres d’emploi tournant autour du Logiciel Libre. Un site incontournable, au style un peu vieillot certes, mais qui a contenté beaucoup de geeks, de nerds, de barbus, reconnaissants de trouver des entreprises où le libre n’est pas qu’un terme marketing.

Tout récemment, le 5 décembre, Lolix est tombé, après 15 ans de bons et loyaux services. Thom a alors averti LinuxFr dans un journal sobrement intitulé « Lolix » et qui, s’il n’a pas suscité de montagnes de commentaires, a toutefois affolé un peu les moules sur leur bouchot.

À la suite de cela, Rodolphe Quiédeville, l’auteur/mainteneur/modérateur de Lolix a reçu de nombreuses de marques de soutien l’encourageant à continuer avec une campagne de financement participatif. Voyons un peu ce qu’il a à nous raconter de cette histoire…

Bonjour Rodolphe, tu peux un peu te présenter à nos lecteurs ? Car si j’ai appris récemment que c’était toi qui était derrière Lolix et que tu t’es un peu dévoilé dans ton article de blog « Lolix de 1998 à 2013 », on ne peut pas dire qu’on te connaît beaucoup.

On peut dire que je ne suis pas un jeune gnou de la dernière portée, je suis admin/sys tendance DevOps comme on dit aujourd’hui. Je travaille dans l’info depuis 97 et j’ai vite migré vers le libre en 1998 en entrant chez Ecila.
Dans mes activités libristes je suis plutôt tendance Gnu et publie mes travaux en GPLv3, aprilien non pas de la première heure mais fidèle tout de même depuis le siècle dernier. Outre Lolix j’ai aussi été à l’origine de Dolibarr, qui est est né sur le backoffice de Lolix, seule solution à l’époque pour émettre des factures et faire un peu de compta de logiciel libre.
Aujourd’hui je suis Freelance et travaille essentiellement sur des prestations de test de charge de sites webs avec Tsung, en parallèle de missions orientées cartographie. Je contribue tant que faire se peut par des patchs aux outils que j’utilise, ma principale contribution en ce moment étant orientée autour d’OpenStreetMap en tant que contributeur données.

Je vais essayer de ne pas te faire répéter le contenu de ton billet — j’encourage nos lecteurs à aller le lire. Lolix, codé en 1998… Les frameworks ne devaient pas être légion à l’époque. Tu as tout fait à la main ? Ça t’a pris combien de temps ?

Je n’ai pas souvenir qu’il en existait un, en fait il en existait quasi autant que de projets. On a bien essayé de me refourguer celui de LinuxFr à l’époque mais j’ai résisté et oui j’ai tout codé seul, aucune idée du temps que cela a pris. J’ai toujours été adepte du release soon, release often, chaque nouvelle fonctionnalité codée était mise aussitôt en ligne, et je n’ai jamais tenu de compte sur mes heures de travail.

En 15 ans, il y a eu combien d’offres d’emploi déposées ? Combien de CV ? Tu aurais un ordre d’idée ?

Là par contre j’ai des stats, dans la base à ce jour on est à 18639 offres et 17488 CV. Avec respectivement 12 millions et 1,5 millions de consultations depuis le début des stats que j’ai commencé à gérer en 2000.

Tu dis que tu as lu toutes les offres d’emploi. Toutes ? Vraiment ? Ça te prenait combien de temps par jour ?

Oui ça c’est le principe de base, aucune offre ne passe en ligne sans être modérée, ce n’est pas trés fastidieux, avec le temps on prend vite des réflexes et en lecture diagonale tu vois tout de suite si l’offre est cohérente ou pas. En moyenne je n’y passe pas plus de 15 minutes par jour je pense.

Il n’y avait que toi qui modérait les annonces ? Pourquoi ne pas avoir posté une petite annonce de recrutement sur LinuxFr ou autre ?

Oui, Lolix contrairement à Dolibarr est un projet que j’ai plus incarné, j’aurai pu évidemment laisser la modération ouverte (ce qui va probablement évoluer) mais j’ai toujours eu peur de voir Lolix dévier de sa route. Un temps j’avais lancé également joinux.com pour les offres un peu plus borderline, mais cela n’a pas été convaincant, cela brouillait un peu la lecture.

Est-ce qu’il y avait une communauté autour de Lolix quand même ? Un lieu d’échange comme un forum, ou même juste quelques personnes qui venaient boire une bière et coder un peu ?

Non, par ma faute probablement je n’ai jamais fait d’effort pour créer cela. Il faut dire aussi qu’en 2000 avec Lolix SA j’ai essayé de développer une offre commerciale pour générer un revenu, cela n’a pas incité les contributeurs à rejoindre le projet. Et après la fermeture de l’entreprise j’ai été occupé à d’autres activités.

Je crois parler pour bon nombre d’entre nous qui te devons un emploi ou un stage si je dis que l’annonce de la fermeture de Lolix a été un choc. Pour moi, c’était un site qui traverserait vents et marées la tête haute, sans frémir. Est-ce que tu t’attendais un peu à ce que sa fermeture fasse des vagues ?

Pas à cette hauteur c’est évident, mais je ne suis pas naïf au point de penser que cela aurait pu passer inaperçu.

Parlons un peu des vagues. Ce sont « toutes les marques de soutien » qui t’ont incité à faire une campagne de financement participatif pour te permettre de recoder Lolix (nom de code : Lolyx). Tu t’attendais à ça ? Il y en avait tant que ça ?

Non pas autant c’est évident et surtout pas si vite, si la campagne a réussi aussi vite c’est parce qu’elle a aussi été très bien relayée. Ce qui a été également très plaisant c’est de retrouver des gens que j’avais un peu perdu de vue depuis les années.

La campagne de financement, qui a duré 42 jours a atteint le but de 4 200€ en 24h chrono ! C’est pas aussi geek que 42h (même si on peut écrire 42 avec 24), mais c’est classe ! Comment as-tu réagi en apprenant ça ?

Je sautais partout tout simplement 🙂

Soupçonnais-tu une telle communauté invisible[1] derrière Lolix ?

Non, je savais que Lolix était important pour les gens qui l’utilisent régulièrement mais je ne pensais pas que le site pouvait fédérer autant de gens. J’ai été assez étonné aussi de voir une telle diversité dans les gens qui ont participé à la campagne, on n’est pas encore dans un registre de 7 à 77 ans mais on s’en approche.

Pour le coup, tu pourrais peut-être utiliser cette communauté pour t’aider dans la modération des offres d’emploi, non ? Ou le code ?

Pour le code bien évidemment, le code de Lolix a toujours été libre et publié sur Savannah, seulement avec le temps je n’ai plus mis à jour le repo, et ça c’est mal. Lolyx est dès à présent ouvert en tant que projet public sur Gitlab et tout un chacun est libre d’y contribuer.
Pour la modération des offres c’est à l’étude, j’avoue que l’enthousiasme de la campagne m’a donné cette idée d’ouvrir la modération des offres, formellement je ne sais pas encore comment mais je sais déjà que les gens ayant participé au financement auront un traitement de faveur sur ce point.

Est-ce que tu vas ajouter des trucs différents dans la nouvelle version ? Et pourquoi utiliser Python ? Il y a quand même mieux comme langage. Perl par exemple[2].

Oui il y aura des nouveautés, je veux cette nouvelle version déjà plus en phase avec ce qui se fait aujourd’hui en terme d‘API, de responsive design, ou d’OpenData, et il y aura surtout tout ce que j’ai pas encore pensé et qui sera apporté par les contributeurs ingénieux. Après pourquoi Python, parce que Django[3].

Capture d'écran de la deuxième version de Lolix

Un dernier mot ?

15 ans de nouvelles aventures ça fait frémir un peu, mais 15 ans de nouvelles rencontres ça fait rêver !

À l’heure de la mise au propre de cette interview sur le Framablog, la campagne de financement est terminée et a généré plus de 200% de la somme demandée.Toutes nos félicitations à Rodolphe, à Lolix et à tous ceux qui ont contribué à un tel succès !

Notes

[1] Fallait bien que je justifie le titre du billet.

[2] Je voulais au départ publier cette interview un trolldi (le jour où le troll est permis — et encouragé sur LinuxFr —, c’est à dire le vendredi).

[3] Framework web populaire écrit en Python.




Signons l’initiative européenne pour le revenu de base

Interviewée par le passé sur le Framablog, nous accueillons à nouveau Carole Fabre dans nos colonnes pour vous inviter à signer une pétition-votation en faveur du revenu de base.

Si vous adhérez au concept bien entendu, celui d’un revenu versé par une communauté politique à tous ses membres, sur une base individuelle, sans conditions de ressources ni exigence de contrepartie. Ou plus simplement si vous souhaitez que ce sujet soit débattu publiquement et mis dans le futur agenda de nos politiques.

Je me souviens d’une intervention d’Antoine Moreau qui disait que « les licences libres et le revenus de base étaient les deux piliers d’une future révolution ». Utopie ou prophétie ?

Voir aussi cette conférence TEDX Bordeaux de Carole Fabre.

Initiative Européenne - Revenu de Base

Amis du libre,

on sait bien que la route est longue, mais que la voie est libre !
Avec le revenu de base, je vous propose de rendre le chemin un peu moins long… 🙂

Le revenu de base, c’est une somme d’argent donnée mensuellement à tous les citoyens, individuellement, de la naissance à la mort, et sans aucune condition. Pour ceux qui découvrent cette idée, je vous invite à vous renseigner en allant sur le site revenudebase.info.

Vous êtes nombreux à être en route pour porter des valeurs différentes de celles qui sont en train de nous mener droit au mur. Le logiciel libre porte en lui-même une révolution de nos moyens de productions, une réappropriation de nos actes. Créer, partager, améliorer, tous contributeurs, acteurs de nos vies.
Le libre est aussi en train de sortir du code numérique seul, sa philosophie s’étend, de nombreux projets voient le jour où tout est copiable, partageable, améliorable, comme par exemple l’Open Source Ecology Project.

C’est un réel changement de paradigme, de projet de société, de vivre ensemble. Beaucoup d’entre vous travaillent bénévolement pour faire avancer le changement nécessaire, le soir, les week-ends. Beaucoup d’entre vous, si vous n’êtes pas au chômage ou au RSA, travaillent la journée dans des entreprises qui n’ont pas encore amorcé ce cap et qui, hélas, bien souvent, n’ont pas l’intention de le faire. Et il y a quelques chanceux qui ont réussi à trouver à être rémunérés avec leur passion du libre, mais si rares…

Alors, le revenu de base, c’est le booster indispensable pour accélérer la mutation, le levier qui va nous permettre de nous consacrer à fond à nos passions.

Les Suisses, grâce à leur système référendaire, ont obtenu récemment le nombre de signatures suffisantes pour que le revenu de base passe en référendum. Cela va avoir lieu d’ici deux ans.

En Europe, il existe, depuis peu, un système qui se rapproche de la démocratie suisse. Ce sont les Initiatives Citoyennes Européennes, ICE pour le raccourci. Une ICE, pour que le revenu de base soit étudié par les institutions européennes, a démarré au printemps 2013. Si nous atteignons 1 million de signatures avant le 14 janvier 2014, la commission européenne pourra lancer de vastes études tant économiques que sociales pour étudier l’impact du revenu de base dans nos sociétés … et donc à terme l’instaurer rapidement ? Nous l’espérons.

Sachez, que de nombreuses études ont déjà eu lieu à ce sujet, notamment au niveau du financement, vous retrouverez tous les liens sur le site revenudebase.info et sur le site du BIEN (Basic Income Earth Network).

Même si vous n’êtes pas complètement convaincu de cette idée, si vous n’avez pas eu le temps de bien vous renseigner, signez cette pétition-votation pour faire avancer l’idée en Europe et en France.
Plus de 170.000 citoyens européens ont déjà signé, faites-vous aussi entendre votre voix !

Pour signer directement c’est ici : sign.basicincome2013.eu
(le site européen est basicincome2013.eu)

Et comme c’est officiel, vous devez fournir votre identité exacte et même un numéro d’identité. Cela fait peur à beaucoup de monde, nous n’avons pas l’habitude. En général, un simple mail suffit pour signer des pétitions en ligne. Là nous sommes dans un cadre officiel, c’est comme une votation. Tout est hébergé sur des serveurs au Luxembourg, tous est chiffré et les fichiers seront détruits deux mois après la fin de l’ICE. Pas de panique, donc, hein 🙂

C’est sûr, c’est pas gagné encore pour atteindre les 1 million de signatures, mais tout est possible, car en fin de course, bien souvent nous nous réveillons pour signer : )

Et puis c’est bientôt Noël et le Père-Noël, lui-même en personne, a promis de nous aider 😀