Ă noter : cet article bĂ©nĂ©ficie dĂ©sormais d’une version audio .
Merci Ă Sualtam, auteur de
lectureaudio.fr pour cette contribution active.
Quatre livres d’un coup, c’est parce que tu t’ennuyais pendant le confinement ?
Loin de lĂ . Ăa fait un moment que le projet de publication de ces recueils est envisagĂ©, mais il a fallu du temps pour le concrĂ©tiser. Avant cela, la rĂ©daction a durĂ© pratiquement huit ans. Câest une compilation de textes Ă©crits mensuellement depuis 2011 jusquâĂ fin 2018, que jâappelle Qitâa, textes courts dans lâunivers Hexagora .
Des quoi ? Ăa veut dire quoi, ce mot « Qitâa » (quitte Ă dĂ©couvrir un nouveau mot, je tente ma chance) ? Et lâunivers « Hexagora », câest oĂč ? Un peu Ă gauche au fond de la galaxie, ou bien dans le trĂšs lointain siĂšcle des aventures dâErnaut  ? Chuis perdu dans lâespace-temps lĂ âŠ
Le terme en lui-mĂȘme vient dâune technique de calligraphie persane qui procĂšde par dĂ©coupe, pour dĂ©couvrir le dĂ©cor cachĂ©. Ce sont des textes courts (entre 12 000 et 30 000 caractĂšres) qui donnent Ă voir le monde au XIIe siĂšcle tel que je me le reprĂ©sente Ă partir de la documentation scientifique disponible, que jâappelle lâunivers Hexagora . Chacun dâeux offre lâoccasion de dĂ©couvrir la vie de personnages de second plan des romans dâErnaut, de son enfance Ă lui, ou de tout autre individu de cette pĂ©riode que je peux relier plus ou moins directement Ă ce lieu et cette Ă©poque.
Hexagora, un univers presque familier. DĂ©tail dâune copie de la Tabula Rogierana de Al Idrisi prĂ©sentant la mĂ©diterranĂ©e et ses abords (avec le sud en haut), avec translittĂ©ration des termes arabes, rĂ©alisĂ©e en 1929 par Konrad Miller, Ă partir dâune copie de lâoriginal de 1154. – Domaine public – Source Wikimedia
Cela fait plus de quatre-vingt rĂ©cits dans ces quatre volumes et jâai dĂ©passĂ© la centaine publiĂ©e sur mon site Hexagora .
Un tel volume mâest nĂ©cessaire pour embrasser le projet de brosser de façon romanesque un monde, celui des Croisades dans la seconde moitiĂ© du XIIe siĂšcle, dans sa complexitĂ© et pouvoir montrer des phĂ©nomĂšnes au long cours tels que la diffusion de motifs culturels ou les mĂ©tamorphoses dâune sociĂ©tĂ© mosaĂŻque. Je me rends dâailleurs compte que jâai Ă peine commencĂ© Ă aborder le premier point, malgrĂ© le volume dĂ©jĂ Ă©crit. Avec les enquĂȘtes dâErnaut, qui sont un point dâentrĂ©e plus traditionnel, de roman dâenquĂȘte, cela fait dĂ©sormais 8 tomes, qui me permettent en quelque sorte de poser les bases.
Attends⊠en huit tomes, tu as juste « posé les bases » ? Tu veux réécrire la Comédie Humaine ?
Au moins, oui. Et si je nây arrive pas, jâinvite quiconque en a lâenvie de se joindre Ă moi (lâavantage du libre, CC BY SA en lâoccurrence , il nây aura pas Ă attendre 70 ans aprĂšs ma mort pour ça). TrĂšs sĂ©rieusement, mon ambition en terme de fresque humaine est similaire Ă celle de Balzac, sauf que je ne cherche pas Ă dĂ©peindre une partie de la sociĂ©tĂ© qui mâest contemporaine, pour la rendre intelligible. JâespĂšre plutĂŽt faire rĂ©sonner une altĂ©ritĂ© qui nous a prĂ©cĂ©dĂ© pour inciter Ă raisonner sur le prĂ©sent. Tout en fournissant des arguments pour rĂ©flĂ©chir Ă nos constructions mĂ©morielles et nos reprĂ©sentations culturelles, essentiellement historiques.
Lâangoisse de la page blanche, cette inconnue de certains auteurs⊠Les 16 volumes de La ComĂ©die Humaine, CC BY SA Scartol – Source Wikimedia
Quand j’ai commencĂ© Ă lire des Qit’a, je m’attendais Ă des nouvelles. Et en fait non. Finalement, c’est quoi, un Qit’a ?
Mon envie Ă©tait dâouvrir des fenĂȘtres et de donner Ă voir le paysage depuis un autre point de vue, avec un autre rythme de parcours. Il nây a donc pas de schĂ©ma rĂ©dactionnel traditionnel, certains Qitâa peuvent avoir une exposition, des pĂ©ripĂ©ties, un climax puis une rĂ©solution, mais je ne me suis jamais senti liĂ© par cette promesse. Chaque texte a suivi sa propre logique et ne rĂ©pondait quâĂ lâenvie que jâavais de traiter de la vie dâune personne, dâun lieu, dâun objet ou dâune anecdote, voire de me lancer un dĂ©fi du type de ceux proposĂ©s par lâOulipo (comme par exemple mâinterdire un son ou une conjonction) histoire de mâaguerrir en tant quâĂ©crivain.
Jâavais le souhait de proposer de rentrer dans un univers fictionnel par un autre biais que les rĂ©cits habituels, avec une structure gĂ©nĂ©rale plus organique. Chaque partie a une cohĂ©rence interne propre, mais peut se joindre Ă une autre, voire plusieurs, et engendrer ainsi un ensemble qui vaut plus que la simple addition, par la richesse des interactions. ProcĂ©der ainsi par touches, fractions, destins Ă©voquĂ©s, me semble plus riche dâun point de vue humain. Plus Ă©vocateur aussi, car il laisse suffisamment de part dâombre pour laisser Ă chacun et chacune la possibilitĂ© de construire. En soi-mĂȘme et au-delĂ , en devenant crĂ©ateur ou crĂ©atrice.
Donc, ma mĂšre qui a lu les trois premiers tomes d’Ernaut, mais qui n’aime pas les nouvelles pourrait lire les Qi’ta ? (je ne sais pas dire ce qu’elle n’aime pas dans les nouvelles hein :))
La possibilitĂ© lui en est offerte, du moins, Ă©ventuellement sans devoir payer pour voir. Mais si elle a apprĂ©ciĂ© la plongĂ©e dans un monde reconstituĂ©, elle devrait apprĂ©cier dâen parcourir certains chemins de traverse. Il y a une cohĂ©rence globale qui offre une expĂ©rience dâimmersion trĂšs vaste, quâapprĂ©cient souvent les lecteurs et lectrices de romans historiques. Par exemple, chaque section est datĂ©e et placĂ©e gĂ©ographiquement prĂ©cisĂ©ment, de façon Ă permettre une reconstruction diffĂ©rente de ma proposition littĂ©raire.
LâidĂ©e nâest pas de dĂ©velopper des spin-offs ou de faire des produits dĂ©rivĂ©s, qui peuvent parfois apparaĂźtre comme une façon de rallonger la sauce voire dâexploiter un filon, mais bien de nourrir une vision la plus large possible, en sâattachant Ă des Ă©lĂ©ments singuliers et subjectifs qui ont une validitĂ© et une importance Ă©gale vis-Ă -vis du tout.
Ces recueils inaugurent une nouveautĂ© : tu proposes une nouvelle façon de considĂ©rer l’Ă©crivain, qui ne passe pas par le droit d’auteur. Mais pourquoi est-tu si fĂąchĂ© avec le droit d’auteur ?
Jâai en effet demandĂ© Ă ĂȘtre publiĂ© sans contrat, et Ă ne pas toucher de rĂ©munĂ©ration liĂ©e aux ventes, ce qui est possible vu que tout est sous licence libre (jâai suivi en cela le chemin de David Revoy avec GlĂ©nat ). Parce que le terme mĂȘme de « droit dâauteur » est une imposture. Le « droit dâauteur » et son corollaire, le contrat dâĂ©dition, ne font que perpĂ©tuer un modĂšle Ă©conomique qui ne fait pas vivre les crĂ©ateurs et crĂ©atrices. En vingt ans, le revenu moyen des Ă©crivains a Ă©tĂ©, en moyenne (et donc en tenant compte de la starification de certains auteurs dĂ©sormais multimillionnaires), divisĂ© par cinq (voir la prĂ©sentation dâOlivia Guillon aux Ătats GĂ©nĂ©raux du Livre en 2019 ou le rapport Racine ).
Beaumarchais, Ă lâorigine du droit dâauteur, Ă©tait aussi Ă©diteur, papetier⊠Il a conçu le droit dâauteur comme le riche industriel quâil Ă©tait. «Beaumarchais, le grand corrupteur, commença Ă spĂ©culer avec gĂ©nie sur les Ă©ditions et Ă combiner du Law dans lâĂ©crivain » – Sainte-Beuve Jean-Marc Nattier, Portrait de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1755) – Domaine public – Source Wikimedia
En outre, ce terme essentialise la notion de propriĂ©tĂ© intellectuelle, qui constitue une autre supercherie et fait envisager son existence comme seul horizon pour ceux-lĂ mĂȘme qui devraient ĂȘtre les plus critiques sur ces notions : les artistes.
Alors, certes, je nâai pas de modĂšle Ă©conomique Ă opposer (en dehors du don qui ne fonctionne pas en littĂ©rature, du moins pas Ă ma connaissance), mais je suis certain que celui que lâon me propose est frelatĂ©.
Jâai bien plus confiance dans les travaux de Bernard Friot et du RĂ©seau salariat pour me tirer de la situation dâindigence dans laquelle je suis dĂ©sormais que dâun Ă©ventuel succĂšs de librairie qui nâadviendrait que si je passais sous les fourches caudines dâune industrie qui nâa su jusquâĂ prĂ©sent que mâexploiter, Ă dĂ©faut dâarriver Ă me prolĂ©tariser (dans le sens que lui donne Bernard Stiegler, Ă savoir me dĂ©possĂ©der de mes savoir-faire).
Au delĂ du droit d’auteur, tu expliques souvent dans tes interventions qu’Hexagora est un contre-pied Ă une certaine narration de l’Histoire, comme on peut la trouver dans le roman national. Est-ce que tu peux dĂ©finir ce terme pour notre lectorat et expliquer en quoi ton travail est diffĂ©rent ?
Lâhistoire et la mĂ©moire sont deux outils politiques au service des vainqueurs. La recherche historique est scientifique, mais on crĂ©e Ă partir de ce matĂ©riau une narration qui donne Ă voir ce qui sert le pouvoir en place, ce qui est pertinent pour les catĂ©gories sociales les plus riches et influentes. Bourdieu dirait que les possesseurs du capital symbolique le plus consĂ©quent cherchent Ă le perpĂ©tuer. Le roman national rĂ©pond Ă ce besoin, Ă la fois de normalisation, en imaginant un rĂ©cit fondateur unificateur, mais aussi en insistant sur les valeurs que lâon souhaite renforcer et vanter chez ses concitoyens. Câest un moyen de contrĂŽle par le bornage et la dĂ©finition des horizons culturels.
Jâai dĂ©diĂ© ces recueils à « la mĂ©moire des exclus de la MĂ©moire », tous ces sans-grades, ceux « qui ne sont rien », ceux qui ne font pas lâHistoire, mais dont lâhistoire a tant Ă nous apprendre. Je raconte leurs vies parce quâils nous ont prĂ©cĂ©dĂ©s sur cette planĂšte, ont vĂ©cu, ont fait des choix, des erreurs, des enfants, des rĂȘves⊠Je mâefforce de les Ă©voquer, dans leur plĂ©nitude, subjectivement, sans juger par avance leurs actes, et de voir en quoi ils peuvent mâapprendre Ă devenir un meilleur ĂȘtre humain. Par ce lien, qui me fait, en tant quâanimal social, et que je cherche Ă distinguer par-delĂ les siĂšcles.
On a longtemps envisagĂ© les couches populaires en dehors de lâhistoire, Ă tel point quâelles servaient Ă montrer lâaspect cyclique du temps par leurs activitĂ©s. Miniatures extraites du psautier de FĂ©camp, vers 1185, Koninklijke Bibliotheek, ms. 76F13, La Hague – Domaine public
Alors, bien sĂ»r, je ne prĂ©tends certes pas dĂ©politiser le sujet, bien au contraire, mais jâapporte une vision diffĂ©rente, je fais entendre une mĂ©lodie chorale distincte des trompettes de la renommĂ©e. Je parle des 99% qui ont Ă©tĂ© systĂ©matiquement mis de cĂŽtĂ© dans les grandes narrations et la mise en avant des « grands hommes » et de leurs « extraordinaires destins ». Je fais de façon romancĂ©e un travail analogue Ă celui quâa fait Howard Zinn, dans « Une histoire populaire des Ătats-Unis » ou plus rĂ©cemment Michelle Zancarini-Fournel dans « Les luttes et les rĂȘves ». Câest Ă relier avec ce que les chercheurs Ă©tudient dĂ©sormais, depuis trĂšs peu de temps, sous le concept dâhistoire par le bas .
Bourdieu, Zinn, tout ça est trĂšs contemporain. Justement, qu’est-ce qui dans ces Qit’a ou plus largement dans la pĂ©riode que tu explores pourrait selon toi faire Ă©cho Ă notre Ă©poque actuelle ?
Il me semble que tout pĂ©riode historique ou prĂ©historique possĂšde quelque chose Ă nous apprendre, que ce nâest quâune question de regard. Nous pouvons en extraire directement des concepts pour repenser le politique contemporain. TrĂšs rapidement, dans mon cas, je pense par exemple Ă la notion de communs, dont Pierre Dardot et Christian Laval montrent la vigueur dans les pĂ©riodes qui mâoccupent, ou de la dĂ©mocratie, dont Francis Dupuis-DĂ©ri dĂ©montre lâexistence dans lâorganisation paysanne mĂ©diĂ©vale, bien diffĂ©rente de celle quâon Ă©voque habituellement, de la GrĂšce archaĂŻque. On peut aussi Ă©voquer la notion de libre arbitre, qui nâaurait pu nous paraĂźtre aussi naturelle en Occident sans les penseurs du catholicisme mĂ©diĂ©val. Nous sommes littĂ©ralement pĂ©tris de notions dont les alĂ©as historiques permettent dâen comprendre les ressorts, les enjeux, les impasses.
Difficile dâĂȘtre un Ă©crivain naĂŻf aprĂšs Pierre Bourdieu
Dans un second temps, il existe aussi une leçon Ă tirer du rapport Ă ces sujets, et de la façon dont la mĂ©moire que nous construisons de ces Ă©vĂ©nements (ou que lâon nous propose par les institutions telles que lâĂ©cole), de ces moments qui nous ont construit en tant que citoyen et personne. Comment nous avons Ă©tĂ© nourris, comment nous nous appareillons intellectuellement en nous basant sur des rĂ©cits qui rendent compte de ces pĂ©riodes.
TrĂšs prosaĂŻquement, lâidĂ©e de bĂątir Hexagora est nĂ©e suite aux dĂ©clarations du pouvoir prĂ©sidentiel amĂ©ricain, lorsquâil parlait de « croisade contre le terrorisme ». Au-delĂ de lâapparente incongruitĂ© des mots ainsi accolĂ©s (faire une guerre religieuse Ă un concept), jâai eu envie de dĂ©construire les termes qui Ă©taient ainsi employĂ©s, et de proposer aux lecteurs de retourner aux origines, vu que câĂ©tait la pĂ©riode que jâĂ©tudiais depuis lâuniversitĂ©. Ceci mâest apparu avec dâautant plus dâĂ©vidence que la pratique dâopposition armĂ©e dĂ©signĂ©e sous lâappellation terrorisme y Ă©tait nĂ©e, avec une secte ismaĂ©lienne alors dĂ©signĂ©e sous le terme de Nizarites, quâon appelle communĂ©ment assassins .
Chez Framasoft, il y a la Team Meme, il y a aussi la Team Chauve, connue pour faire plusieurs pages pleines de mots compliquĂ©s, Ă propos des trucs plus compliquĂ©s encore. On sait que tu en fais partie, et ça se voit dans tes textes… Est-ce que cela ne rend pas ton Ćuvre inaccessible aux gens du commun ?
Je ne le crois pas. Oui je ne renĂącle pas Ă lâusage dâun subjonctif imparfait ou dâun mot peu usitĂ© tel que principicule , (qui me semblerait dâailleurs tout Ă fait adaptĂ© Ă une large diffusion ces jours-ci). Pour autant, cela demeure accessible aux curieux, je crois, et je ne mâaventure pas trop dans un style alambiquĂ© ou expĂ©rimental. Je cherche Ă faire du roman populaire. Mais par ce terme, je fais rĂ©fĂ©rence Ă des gens comme Hugo, Dumas, Balzac ou Dickens. Gabriel Chevallier est lui aussi considĂ©rĂ©, avec « Clochemerle », comme un grand Ă©crivain populaire, et on ne peut pas dire que son style soit pauvre et son rĂ©cit simpliste.
Nul nâest prophĂšte en Framasoft
Je suis toujours attristĂ© de voir que pour beaucoup de promoteurs de la culture, vouloir faire populaire, cela signifie bĂȘtifier (il y a une vision descendante, trĂšs hiĂ©rarchique de la culture, je renvoie lĂ -dessus aux travaux de Franck Lepage ). Pour ma part, je pense que, bien au contraire, cela veut dire faire la passerelle, avec une pratique exigeante qui ne soit pas dĂ©daigneuse dans sa forme, vers des savoirs trĂšs pointus auxquels les gens nâont souvent pas accĂšs physiquement. Ou pour lesquels ils nâont pas le temps ou la formation nĂ©cessaire pour en exprimer la quintessence. On agit lĂ un peu en tiers de confiance.
Je suis un adepte de la reconstitution historique, qui me semble ĂȘtre une excellente illustration de ce que peut ĂȘtre de lâĂ©ducation populaire dans sa pratique la plus noble. Jâai vu des gens de milieu trĂšs modeste, nâayant aucune formation universitaire, sâenthousiasmer Ă la lecture dâouvrages de mĂ©tallurgie mĂ©diĂ©vale plutĂŽt spĂ©cialisĂ©s et en parler ensuite avec passion, de façon simple, transmettant ce goĂ»t pour un sujet qui pourrait paraĂźtre rĂ©barbatif Ă des enfants, des curieux, des badauds, lors dâĂ©vĂ©nements ou de rencontres. Dâun savoir froid, ils ont fait un objet culturel vivant, qui a su animer lâintĂ©rĂȘt pour lâhistoire dans le cĆur du public. Du savoir qui sâanime devient lien, symbole.
Neuf questions, c’est peut-ĂȘtre dĂ©jĂ assez pour exploser le maximum de mots possibles dans une interview… Un mot de la fin ?
Edwy Plenel, dans un article rĂ©cent citait beaucoup Marc Bloch, historien et rĂ©sistant, Ă propos de sa critique des Ă©lites conçue aprĂšs la dĂ©faite de la seconde guerre mondiale, pendant lâOccupation. Ce remarquable scientifique qui a Ă©tĂ© Ă lâorigine dâun changement de paradigme dans les pratiques de recherche en histoire, a rĂ©sumĂ© en une phrase ce qui mâa motivĂ© toutes ces annĂ©es Ă continuer Ă rendre perceptible ce que pouvait ĂȘtre le monde des Croisades, dans le 3e quart du XIIe siĂšcle. Ces quelques mots accueillent les visiteurs sur mon site depuis bien longtemps :
Le passĂ© lointain inspire le sens et le respect des diffĂ©rences entre les hommes, en mĂȘme temps quâil affine la sensibilitĂ© Ă la poĂ©sie des destinĂ©es humaines.
– Marc Bloch, « Sur la rĂ©forme de l’enseignement », note rĂ©digĂ©e pour les Cahiers Politiques , 1944.