Participons au financement d’une fonctionnalité de GIMP !

Jehan est un contributeur actif de l’excellent logiciel libre d’édition et de retouche d’image GIMP. Il se propose ici de développer la fonctionnalité « peinture en miroir » et s’en explique (fort bien) ci-dessous.

Il ne demande pas la lune mais quelques deux mille euros. Parce qu’il a besoin de temps et que le temps c’est souvent de l’argent.

Non, logiciel libre ne veut pas dire gratuit, et comme le rappelle François Elie, le logiciel libre est gratuit une fois fois qu’il a été payé (en temps et/ou en argent). L’avantage ici c’est qu’on le paye une seule fois et qu’il s’en va direct dans le pot commun.

L’occasion également de mettre en avant le projet (français) Open Funding, nouvelle et prometteuse plateforme de financement participatif du logiciel libre.

GIMP Peinture Symétrique

Proposition de Financement Participatif de Peinture Symétrique dans GIMP

Jehan – 16 septembre 2013

URL d’origine du document

Salut à tous,

comme vous vous en souvenez peut-être, je suis un des développeurs de GIMP. Je propose ce jour de co-financer une fonctionnalité qui m’intéresse, et qui intéresse apparemment d’autres personnes, d’après ce que j’ai pu voir: la peinture en miroir (ou plus largement « symétrique »).

Introduction

Sur la liste de diffusion de GIMP et ailleurs, j’ai vu plusieurs personnes demandant du financement collaboratif pour améliorer GIMP. J’ai donc décidé d’appliquer l’idée et de tester la viabilité du financement collaboratif pour améliorer du Logiciel Libre.

Notez que je suis un développeur avec un bon passif et partie de l’équipe principale du programme. Cela signifie qu’en cas de financement, j’implémenterai la fonctionnalité complète et m’arrangerai pour qu’elle soit intégrée dans le logiciel final. Ce ne sera donc pas un énième fork qui disparaîtra dans quelques années, mais une fonctionnalité faite pour durer.

La Fonctionnalité

Proposition

Implémentation d’un fonctionnalité de peinture en symétrie/miroir instantanée dans GIMP.

Description

GIMP est l’un des principaux outil de traitement d’image multi-usage et multi-platerforme (Windows, OSX, Linux, BSD…). Pour la peinture en particulier, certaines fonctionnalités manquent. L’une d’elle est de pouvoir dessiner en symétrie instantanée.

À l’heure actuelle, les seule possibilités sont soit de dessiner des formes très simples, soit d’utiliser des filtres ou plug-in après coup, soit de dupliquer puis retourner les calques. Toutes sont de loin moins pratiques que de pouvoir dessiner et voir son dessin apparaître en miroir en temps réel.

Usage

J’ai rencontré au moins un artiste qui utilisait un mode de miroir vertical dans un autre programme pour rapidement conceptualiser des personnages, lors des premières étapes du design de personnages, période pendant laquelle le temps vaut plus que l’art. Je peux aussi aisément imaginer que cela simplifiera la création de designs symétriques complexes (logo, etc.).

Et probablement de nombreux autres usages. Par exemple, jetez un œil au dessin original dans la vidéo ci-dessous. La dessinatrice, Aryeom Han, a testé ma première (instable et encore loin de la perfection) implémentation pour dessiner la réflexion d’un lac, ensuite redimensionnée, puis ajout de gradient et utilisation du nouvel outil warp pour donner un effet liquide.

Implémentation

Idée 1 Ma dernière implémentation de test implémentait la symétrie comme une option d’outil de peinture. Néanmoins je prévois de tester d’autres implémentations en même temps. Par exemple lier les axes de symétrie à l’image pourrait être une implémentation plus appropriée pour un travail de longue durée. Le design final n’est pas encore fixe.

Idée 2 Il doit y avoir des raccourcis pour rapidement activer/désactiver les symétries.

Idée 3 L’idée de base est d’avoir au moins 3 modes de symétries (horizontale, verticale, centrale) à utiliser ensemble ou séparément. Évidemment en allant plus loin, on devrait pouvoir faire faire des rotations sur les axes pour avoir une rotation d’angle arbitraire. Je n’implémenterai peut-être pas cette option avancée (à moins que le financement ait un succès phénoménal), mais si possible j’essaierai de rendre le système suffisamment générique pour être plus tard étendu et permettre la rotation des axes dans le futur.

Idée 4 Les axes/centres de symétrie doivent pouvoir être rendus visibles ou invisibles.

Idée 5 Les axes/centres de symétrie doivent pouvoir être déplaçables sur le canvas par simple drag’n drop, de manière similaires aux guides. J’ai une implémentation en cours, comme vu dans la vidéo et les photos d’écran. Mais le gros du travail pour rendre la fonctionnalité solide n’a pas encore débuté.

Ce à quoi s’attendre

  • J’écouterai les commentaires.
  • Le design peut évoluer pendant le développement. Je ne peux promettre exactement la forme finale car cela nécessite aussi discussion et approbation de mes pairs de l’équipe de GIMP. Je ne suis pas seul à décider.
  • Puisqu’il s’agit d’une toute nouvelle fonctionnalité, elle sortira avec GIMP 2.10 (pas de date de sortie encore), voire même plus tard si ce projet ne peut être financé correctement, ou toute autre raison hors de mon contrôle. Néanmoins dès que les patchs seront prêts, quiconque pourra compiler le projet lui-même à partir de la branche de développement. Notez aussi que si certains attendent vraiment cette fonctionnalité impatiemment et si j’ai obtenu un financement exceptionnel, j’essaierai de proposer des binaires à télécharger.
  • En fonction du succès du financement, s’il dépasse mes espérances, j’implémenterai éventuellement des options plus avancées de la fonctionnalité (comme le fait de pouvoir faire une rotation des axes de symétrie, etc.).
  • Je donnerai des nouvelles de l’avancée sur la page de nouvelles du Studio Girin, c’est à dire ce même site web.

À Mon Propos

Je suis un développeur de GIMP, indépendant, et travaillant dernièrement beaucoup avec une dessinatrice. J’ai participé aux deux dernières versions de correction de bug de GIMP (2.8.4 et 2.8.6) et suis une part active de la prochaine sortie majeure (2.10). Vous pouvez avoir une idée de mon activité dans le logiciel Libre sur Ohloh et sur le suivi de ticket de GNOME.

Liste non-exhaustive de fonctionnalités et corrections déjà intégrées dans GIMP :

  • support du XDG dans GIMP (fichiers de configurations dans $XDG_CONFIG_HOME) sur Linux ;
  • configuration dans le « Roaming Application Data folder » (répertoire utilisateur) sur Windows ;
  • support du standard de gestion des miniatures (Freedesktop’s Thumbnail Management Standard) ;
  • plusieurs améliorations de l’interface et corrections de bugs ;
  • plusieurs corrections de crashs sévères (en particulier le crash quand vous déconnectiez votre tablette graphique ! À partir de GTK+ 2.24.19, vous n’aurez plus à vous en soucier !) ;
  • amélioration de la liste de langages pour localisation (les noms de langages sont self-traduits) ;
  • déja plusieurs améliorations du plugin « Animation Playback » (scroll, zoom, refresh, sélection de la disposition des frames, pas en arrière, raccourcis…) ;
  • encore plus de travail-en-cours sur le plugin « Animation Playback » (dont je suis maintenant mainteneur) afin d’en faire un outil indispensable aux animateurs 2D ;
  • etc.

Je contribue aussi sur d’autres projets divers comme vous pouvez le voir sur la page Ohloh (pas tout n’y est listé, en particulier pour les projets qui utilisent encore CVS ou svn, qui perdent donc la paternité des patchs. Par exemple Blender, etc.).

Et Après ?

Si j’obtiens un financement, je proposerai d’autres fonctionnalités, pour GIMP principalement, mais probablement aussi pour d’autres logiciels que j’utilise. Je travaille actuellement en indépendant, et avoir la communauté des Logiciels Libres et OpenSource comme boss serait un job idéal. J’adorerais travail pour vivre sur des Logiciels Libres et faire du monde un endroit bien à vivre. Pas vous ?

Donc même s’il ne s’agit pas forcément de votre fonctionnalité préférée, je dirais que vous pouvez tout de même y gagner en finançant, si cela me fait continuer à travailler sur des fonctionnalités avancées de GIMP, peut-être même à temps-plein dans le futur, qui sait ? Bien sûr, je prévois de continuer à améliorer GIMP même sans financement, mais il y a des limites à ce qu’il est possible de faire quand on a besoin de vivre par ailleurs.

Une liste possible, non-exhaustive encore, de fonctionnalités qui m’intéressent, et que je pourrais éventuellement proposer dans de futurs projets de financement collaboratifs, est par exemple: faire du plug-in « animation-playback » un outil indispensable pour les créateurs d’animation, les macros, unlimited-sized layers, les images extérieures « liées » comme calques (proche du concept de Smart Object, mais encore plus proche des objets liés de Bender, ce qui est à mon avis bien plus puissant), édition non-destructive, sélection de plusieurs calques pour des modifications de masse, améliorations des options d’export (par exemple redimensionner à l’export sans toucher l’original), et bien plus.

Notez aussi que si cela fonctionne, ce serait aussi un bon précédent pour d’autres développeurs qui pourraient aussi penser à travailler ainsi et améliorer GIMP (et d’autres logiciels Libres et OpenSource). Je pense que c’est gagnant-gagnant ! 🙂

Pour conclure, sachez que je ne travaille pas seulement sur GIMP, mais aussi avec GIMP, ou en particulier avec la dessinatrice talentueuse qui a dessiné le « lapin près d’un lac » dans la vidéo, et nous prévoyons de produire des BDs et des animations, le tout avec des Logiciels Libres et sous des licenses d’Art Libre (comme CC by-sa). Donc en me finançant, vous financez aussi l’Art Libre. Juste au cas où vous ayez besoin de plus d’encouragement ! 😉

Vous n’avez pas encore cliqué sur le lien ?

Co-financez la Peinture en Symétrie dans GIMP !




L’ado presque comme les autres avec un poster de Tux dans sa chambre

Des dizaines de milliers d’ados s’enregistrent et postent leurs vidéos sur YouTube.

Plus rares sont ceux qui ont un poster de Tux dans leur chambre 😉

Emily - Linux - YouTube

Les jeunes les plus talentueux choisissent le Libre

The most talented youth choose open source tools

Phil Shapiro – 13 décembre 2012 – OpenSource.com
(Traduction : clementd, KoS, Pouhiou, Robin Dupret, ProgVal)

Je suis bibliothécaire, j’aide les gens à utiliser les ordinateurs en libre accès. Après une longue journée de travail, j’aime à me détendre en écoutant quelques vidéos musicales sur YouTube. Grand fan de cet artiste j’ai ainsi entré « Reprise Bob Dylan cette semaine », l’autre jour, dans le moteur de recherche du site

Imaginez ma joie et ma surprise de tomber sur cette vidéo de « Knockin on Heaven’s Door » en multipistes. Mais minute ! Ce ne serait pas un poster du manchot Tux accroché au mur derrière cette jeune musicienne ? Eh si. Mmmh, est-ce que cette affiche a été sciemment placée ici ou est-ce une simple coïncidence ?

Je devais en avoir le cœur net. J’ai alors directement posé la question à la musicienne. Emily Fox me répondit qu’elle était une fan inconditionnelle des logiciels libres ! Elle utilise ainsi OpenShot, un éditeur pour créer la vidéo de sa musique.

Ça me réchauffe le cœur de voir que certains des plus grands talents de la nouvelle génération choisissent des outils libres. L’histoire ne s’arrête pas là, pourtant. L’histoire a une suite…

La semaine dernière, Emily Fox a mis en ligne la vidéo de sa dernière composition appelée « Please, Mr. Snowman » avec ses propres graphismes, simples mais superbes, réalisés avec GIMP ! Si vous aviez des doutes quant à son talent créatif, ces doutes auront peut-être disparu avec cette vidéo. Les voix sont simples et profondes. Les instruments de fond propres et bien équilibrés. Je suis impatient d’écouter les prochaines créations d’Emily et de voir ce qu’elle deviendra plus tard.

Ceci m’a fait penser aux jeunes que je rencontre dans la bibliothèque où je travaille. Certains des plus talentueux sont profondément attachés à l’utilisation des logiciels libres. Un collégien, dont l’aide m’est précieuse, me dit qu’il ne touchera aucun appareil qui utilise des DRM (Digital Rights Management). Je suis pour ma part plus modéré à ce sujet, mais je comprends son point de vue.

Une vague d’amateurs du Libre est-elle en train d’émerger à travers notre système scolaire ? Je dirais que oui. Elle n’est pas énorme, mais elle apporte un grand soutien et une grande promesse à sa diffusion. En dix ans, quelques-uns de ces jeunes créeront de nouvelles entreprises ou seront des artistes de renommée mondiale. Dans vingt ans, certains seront nos élus. Pour que cela dure, nous devons continuer nos efforts pour promouvoir le mouvement du Libre.

Et vous, par quelles petites choses allez-vous faire avancer le Libre ces jours-ci ?




Framavectoriel : Nouveau projet Framasoft qui met en avant le format SVG

Dans la famille « les libres et pratiques services Web proposés par Framasoft » qui ne demandent pas d’inscription, on a : le traitement de texte collaboratif (Framapad), le tableur collaboratif (Framacalc), l’équivalent d’un Doodle mais en libre (Framadate) et un tout récent éditeur de cartes mentales (Framindmap).

Et pourquoi pas aussi, tant qu’on y est, un outil d’édition d’images en ligne ?

Il arrive, il arrive et il s’appelle Framavectoriel !

Framavectoriel

Attention, ce n’est pas demain la veille qu’on trouvera un équivalent de The Gimp à même votre navigateur, mais on vous propose néanmoins la version francisée de svg-edit, libre application certes modeste mais non dénuée déjà de nombreuses fonctions et qui saura trouver son utilité dans des cas simples ou des situations de formation (nous ne saurons trop vous suggérer de mettre vos enfants dessus plutôt que sur l’abominable Paint).

En fait ce n’est pas la comparaison avec The Gimp qui est judicieuse ici mais plutôt Inkscape (dont il constitue une excellente initiation). En effet l’atout principal de Framavectoriel c’est de proposer de travailler au puissant format libre et ouvert SVG.

Parce que certains l’ignorent encore mais lorsque vous êtes en situation de création graphique et non de retouche photo il est alors bien plus pertinent d’utiliser des images vectorielles et non matricielles, a fortiori si le format est libre.

Et c’est aussi parce que nous avons envie de participer à pousser ce format que nous avons décidé de mettre en ligne ce service en le baptisant ainsi.

-> Découvrir et utiliser Framavectoriel

PS : Oui, on vous fait le coup à chaque fois désormais, mais si vous avez le temps et les moyens d’un petit soutien sonnant et trébuchant pour nous remercier du service (si service il y a), ça nous aiderait à poursuivre sereinement l’aventure car nous n’avons qu’une visibilité de quelques mois actuellement.




Paint.NET : du fauxpen source au vrai propriétaire

Copie d'écran - Paint.NETPaint.NET[1] est un très bon logiciel libre de retouches d’images pour Windows. De l’avis de beaucoup, bien plus « sexy » et accessible au grand public que Gimp par exemple.

Sauf qu’il possède deux défauts, un petit et un bien plus grand, éliminatoire même. Il nécessite, comme son nom l’indique, l’implémentation préalable du framework .NET de Microsoft, mais surtout il a très vite été un logiciel libre contesté qui n’avait en fait de logiciel libre que le nom, ou plutôt « que » la licence (en l’occurrence la licence MIT).

Contrôle du code, communauté inexistante et absence des dernières version des sources à télécharger, faisaient en effet de ce logiciel un exemple emblématique de « fauxpen source ». De l’aveu même de Rick Brewster, son unique développeur : « le code source était publié mais il n’a jamais été question d’un projet ouvert et collaboratif qui acceptait des soumissions de code non sollicitées ». Il appelle d’ailleurs cela un logiciel « released sources ».

Aujourd’hui les choses sont clarifiées. Rick Brewster a décidé il y a un mois de changer la licence pour en faire un vrai logiciel propriétaire gratuit (ou freeware). « You may not modify, adapt, rent, lease, loan, sell, or create derivative works based upon the Software or any part thereof », peut-on lire sur l’article de son blog qui annonce la nouvelle.

Cette nouvelle n’est pas forcément bonne (un logiciel qui quitte la lumière pour rejoindre le côté obscur de la force) mais elle est logique et cohérente vue l’évolution de l’application. Il nous a cependant semblé intéressant de traduire cet article, d’abord pour mieux comprendre les motivations de cette migration à contre-courant, mais aussi parce que les arguments avancés sont autant de justifications plus ou moins convaincantes qui vous feront peut-être réagir dans les commentaires.

Une nouvelle licence pour Paint.NET 3.5

A new license for Paint.NET v3.5

Rick Brewster – 9 novembre 2009 – Blog personnel
(Traduction Framalang : Jimbo)

Au fil des années, j’ai été obligé de me battre avec un certain nombre de personnes, et de sociétés, qui tentaient de plagier Paint.NET en recompilant le programme sous une dénomination commerciale différente et en insérant leur propre nom dans les crédits. Parfois, ils se faisaient payer pour ce service. J’ai même créé mon propre terme pour désigner cela : un « backspaceware » (NdT : en français cela donnerait quelque-chose comme « effaciciel », le backspace étant la touche « retour en arrière », qui permet d’effacer le dernier caractère tapé). En outre, de temps en temps, on trouve Paint.NET en vente sur eBay.

Et, comme beaucoup d’entre vous le savent, Paint.NET était open source. Ou plutôt, il était « released sources » (NdT : C’est-à-dire « sources publiées ») : le code source était publié mais il n’a jamais été question d’un projet ouvert et collaboratif qui acceptait des soumissions de code non-sollicitées. J’aimais publier le code source, parce qu’il me semblait bon de permettre à d’autres de l’étudier. Il y a environ un an, fatigué de voir ces versions plagiées de Paint.NET et j’ai décidé de retirer le code source du site Web. Cependant le code source était toujours dans la nature en différents endroits d’Internet (ce qui n’est guère illégal). Même sans le code source, une personne maline et douée pouvait probablement encore décompiler, modifier puis recompiler le programme, afin de lui faire dire ou faire ce qu’elle voulait.

Le plus gros problème était que, même si ces actions déplorables manquaient clairement d’éthique, le licence MIT autorisait tout cela. Ou, du moins, dans certains cas particuliers, ce qu’elle interdisait n’était pas clair. Donc, d’un point de vue juridique, ce qui pouvait précisément être entrepris à ce sujet n’était pas clair. Je ne suis pas juriste et je ne voulais pas dépenser des milliers de dollars pour avoir une explication de tout cela. Quelques personnes ont affirmé que j’avais choisi la mauvaise licence et, avec le recul, c’est sans aucun doute exact.

En outre, tout ceci va plus loin que le plagiat ou ma propre tension artérielle. La publication de copie dérivées de Paint.NET est source de confusion et perturbe la plupart des utilisateurs. J’ai reçu des e-mail de personnes troublées parce qu’elles pensaient que Paint.NET avait été renommé et que des fonctions manquaient dans « la nouvelle version ». Ces copies dérivées provoquent du désordre puisque souvent elles désinstallent le vrai Paint.NET (avec la même interface graphique que pour l’installation Windows) tout en conservant le système de mise à jour d’origine. Ce qui signifie que lorsque vous installez une telle copie dérivée, elle supprime Paint.NET, et puis lorsque Paint.NET est mis à jour, il désinstalle la version dérivée et la remplace par Paint.NET, etc… Ou la version modifiée plante, et le rapport de bugs indique à l’utilisateur de l’envoyer à mon adresse mail. Il y a aussi a risque réel de trojans et de virus.

Tout est désormais fini.

Pour la version finale de Paint.NET 3.5, qui ne devrait plus tarder, j’ai modifié la licence. Pour la plupart des utilisateurs, cela n’aura aucun impact. C’est toujours un freeware. Il n’y a toujours aucune prétention sur les fichiers créés, ouverts ou sauvés avec Paint.NET. Vous pouvez toujours établir un miroir du fichier zippé à télécharger sur votre site web (par exemple Betanews, Download.com, etc.) sans en demander la permission. Vous pouvez toujours vendre des trucs que vous créez avec Paint.NET (pour autant que vous ayez le droit de le faire bien sûr). Vous pouvez continuer à utiliser dans un contexte commercial, et à l’installer sur autant de machines que vous le désirez.

Cependant, la licence spécifie que vous ne pouvez plus modifier Paint.NET lui-même, ou créer une œuvre dérivée basée sur le logiciel Paint.NET (c’est-à-dire un logiciel dérivé). Vous ne pouvez pas non plus le vendre. Je ne pense pas que cela aura un impact sur quiconque d’autre que ceux qui désirent plagier ou détrousser Paint.NET. Je ne vais implémenter aucune restriction quant au reverse engineering ou la décompilation, par exemple à l’aide de Reflector. Je pense que ce serait bête, et je crois encore de tout mon cœur qu’il est bon qu’on soit capable d’étudier le code de Paint.NET, quand bien même il ne s’agit que du démontage approximatif fourni par Reflector. Toutefois, vous n’êtes pas autorisé à modifier et recompiler une nouvelle version de Paint.NET à partir de ce démontage.

Cette décision créera à n’en pas douter de la confusion. Par exemple, « Est-ce que les plugins sont autorisés ? ». Oui, absolument: le programme est conçu pour accepter ces dernier et ils ne constituent pas une modification de Paint.NET lui-même. Je devrai certainement mettre la FAQ à jour sur cette question, comme sur d’autres.

Je m’attends à ce qu’il y ait une minorité bien en voix qui condamne ce changement de licence. Avant de vous exprimer, veuillez vous poser cette question : cela vous touche-t-il réellement ? Comptiez vous vraiment faire quelque chose que cette nouvelle licence interdit ? Je parie que la réponse est « non », mais, je vous en prie, postez un commentaire si la réponse est un véritable oui. Beaucoup de personnes ont condamné ma décision de supprimer le code source mais après enquête, il s’est avéré que c’était une pure question de principe : elles n’avaient jamais téléchargé le code source, jamais rencontré quelqu’un qui l’avait téléchargé, et jamais prévu de faire quoi que ce soit qui tirerait profit ou dépendrait de l’accès au code source. Je comparerai cela à être contrarié par le fait que votre passeport vous interdit de voyager en Antarctique : comptiez-vous vraiment vous rendre là-bas un jour ?[2]

L’autre décision que je compte prendre est de publier le code source de portions de Paint.NET 3.5, probablement sous une licence de type MIT ou BSD. Les développeurs de plugins gagneraient en effet beaucoup à disposer du code source des effets graphiques et de certaines commandes relatives à l’interface WinForms. La meilleure façon de résumer les choses est de dire que la nouvelle licence (NdT : Voir les termes de la nouvelle licence sur l’article d’origine) couvre les « binaires », c’est-à-dire « ce que vous venez de télécharger et d’installer ». Je peux toujours créer des paquets à télécharger qui sont couverts par d’autres termes de licence. D’un point de vue de la philosophie, c’est peut-être déroutant, mais je suis prêt à en payer le prix.

Notes

[1] Crédit photo : Copyright Sabrown100

[2] Comme toutes les métaphores, celle-ci à ses limites.




Luc Viatour – Photographe

Luc Viatour - CC by-saJe ne me souviens plus pourquoi je suis tombé, il y a quelques jours de cela, sur le site du bruxellois Luc Viatour. Était-ce à cause de GIMP ? de la qualité de ces photographies ? des licences libres de ces mêmes images ? de son implication dans Wikipédia ?

Toujours est-il que j’ai eu envie d’entrer en contact avec lui pour lui proposer une courte interview par mail interposé. Et comme vous pouvez vous en rendre compte ci-dessous, il a fort gentiment accepté 😉

Entretien avec Luc Viatour

Bonjour, pourriez-vous vous présenter en quelques mots. On trouve la mention « photographe » sur votre site. En avez-vous fait votre métier ?

Je suis Belge, IT Manager pour une société d’édition. Plus spécialisé dans l’IT pré-presse et impression. Je suis aussi partiellement photographe[1] salarié pour cette entreprise.

Sur votre page utilisateur de Wikipédia, on peut lire « Passionné par les logiciels libres utilisateur de GNU/Linux avec la distribution Ubuntu ». Pourriez-vous nous en dire plus ?

Luc Viatour - CC by-saJ’ai découvert Linux en 1999 suite à des problèmes avec des serveurs Windows. Cela ma intéressé et j’ai rejoint un groupe d’utilisateurs de Linux Belge le BxLUG.

J’ai donc rapidement passé les serveurs du boulot sous Linux Debian. La suite en 2000/2001 je suis passé sous Debian pour mon ordinateur personnel. Rapidement les 3/4 des postes clients au boulot sont passé sous Linux. Nous somme maintenant à 90% sous Linux (Ubuntu pour les clients et Debian pour les serveurs). Je n’envisage même plus autre chose personnellement. Le plus dur pour moi ce fut le passage après plusieurs années de Photoshop à GIMP.

Est-ce que c’est cette passion pour les logiciels libres qui vous a incité à placer vos images sous licence libre ?

Oui l’idée du partage libre m’a séduit doucement…

Que pensez-vous de la pétition « Sauvons la photographie : Pour que la création visuelle continue d’exister et que les Auteurs Photographes puissent continuer à produire des photographies » ? Ne participe-t-elle du même mouvement de crainte et de repli qui caractérise actuellement l’industrie du disque et du cinéma ?

Luc Viatour - CC by-saUn photographe au début de la photographie était un artisan qui vendait un service. Il passait dans les rues faire des photos des passants et vendait son travail pas des droits d’auteur. Je suis pour des images libres qui servent à faire connaître son travail et une rémunération pour un service ou une commande.

Je pense que les droits d’auteurs deviennent invivables, je râle tous les jours de ne pas pouvoir faire des photo d’un bâtiment et les publier car l’architecte n’est pas mort depuis plus de 50 ans alors que c’est un lieu publique et que souvent le bâtiment en question est réalisé avec l’argent public ! Exemple connu en Belgique avec l’Atomium !

Par contre je suis pour le respect des licences choisies par l’auteur des photos, libres ou non ! Ce que de plus en plus de média ne respectent pas ! Les changements doivent venir des auteurs. Je comprend que certains photographes ne veulent pas publier sous licence libre, mais de là à légiférer pour interdire ou limiter les licences libres c’est je pense aller dans un mauvais sens.

Vous éditez vos images avec GIMP depuis 2005. Pourquoi l’avoir préféré à Photoshop ? par principe ? pour ses qualités intrinsèques ? Les deux ?

J’ai eu beaucoup de mal au début après cinq ans d’utilisation de Photoshop, mais voilà pour qui décide d’utiliser Linux, il n’y avait pas le choix et j’ai fait l’effort de changer mes habitudes. Maintenant lorsque je dois travailler sous Photoshop je suis perdu 😉 Comme quoi ce n’est qu’une question d’habitudes.

Plusieurs centaines de vos photographies se retrouvent sur Wikipédia. Pourriez-vous nous en dire plus. Qu’est-ce qui vous motive à participer à un tel projet ?

Luc Viatour - CC by-saJ’ai découvert le projet Wikipédia suite a une conférence au BxLUG. J’ai trouvé cela génial, mais comme je ne suis vraiment pas littéraire, je me voyais mal participer à la rédaction d’un article. Puis j’ai vu qu’il y avait des demande de documents visuels et là je me suis rendu compte que je pouvais aider le projet.

Petit à petit j’ai donc ajouté des photos qui traînaient dans des tiroirs, puis ma démarche a évolué, maintenant je fais parfois des photos volontairement pour Wikipédia. Je suis finalement très content d’avoir fait cela, j’ai énormément de retours sympathiques, bien plus que si elles étaient restées dans mes tiroirs 😉

Notes

[1] Crédit photos : Luc Viatour (GFDL – Creative Commons By-Sa)