Un manuel sur Thunderbird pondu collégialement en 48h chrono

Thunderbird LogoIl est finalement assez rare de voir des acteurs du logiciel libre préserver la règle théâtrale classique de l’unité de temps, de lieu et d’action.

Ce qui l’est moins, c’est de voir différentes structures (Mozilla Europe, FrenchMozilla, FLOSS Manuals Francophone et Framasoft) mettre leur force en commun pour un noble objectif, en l’occurrence proposer aux utilisateurs francophones de Thunderbird un tutoriel de qualité.

Vous trouverez ci-dessous la reproduction de la page « À propos » que j’ai eu l’honneur de rédiger ainsi que le billet blog de Goofy qui annonce l’évènement.

À propos de ce manuel

Qu’est-ce qui peut bien pousser un Tourangeau, un Niçois, une Francilienne, d’autres Franciliens et même un Romain à se retrouver l’espace d’un week-end à Paris pour y travailler bénévolement sur leur temps libre ?

Un BookSprint bien sûr !

Votre mission si vous l’acceptez : traduire du début à la fin un livre de plus de cent pages en moins de trois jours ! Voilà une tâche qui s’annonçait si ce n’est prométhéenne tout du moins rébarbative.

Sauf s’il s’agit d’un livre sur Thunderbird et qu’en ce temps où nos données personnelles se promènent toujours plus nombreuses sur le Web, il n’est pas inutile de rappeler les intérêts et avantages à utiliser sur son ordinateur cet excellent client de messagerie.

Sauf si l’on s’y met tout ensemble dans la joie et dans la bonne humeur pour apporter nous aussi notre modeste pierre francophone au logiciel libre en général et à ce logiciel libre en particulier.

Un objectif motivant, la perspective d’un convivial travail collaboratif in the real life et la confiance de placer le fruit de nos efforts sous licence libre, il n’en fallait pas plus pour trouver une bonne dizaine de volontaires prêts à relever le défi.

Un défi concrétisé le 19 et 20 mars 2011 à Paris dans les bureaux de Mozilla Europe avec le soutien de FrenchMozilla, Framasoft et FLOSS Manuals Francophone.

Quant à la version originale, vous ne serez pas surpris d’apprendre qu’elle avait été conçue cinq mois plus tôt lors d’un… BookSprint à Toronto !

Un BookSprint en suit un autre, et à en juger par les mines fatiguées mais réjouies des participants, le mouvement n’est pas prêt de s’arrêter…

TradAction Thunderbird - Mars 2011

Votre courrier avec Thunderbird – un manuel en français

URL d’origine du document

Goofy – 9 avril 2011 – FrenchMozilla

Le fruit d’une tra­duc­tion col­la­bo­ra­tive

La ver­sion ori­gi­nale en anglais de ce manuel pour Thun­der­bird a été réa­li­sée pen­dant un books­print à Toronto au Canada à l’occa­sion d’une semaine de l’open source en novem­bre 2010 : pen­dant deux jours, une ving­taine de par­ti­ci­pants y ont con­tri­bué, à l’ins­ti­ga­tion de Mozilla Mes­sa­ging et de FLOSS Manuals.

Pour vous offrir la ver­sion fran­çaise, nous avons aussi joint nos for­ces. Mozilla Europe a pris en charge le finan­ce­ment et l’inten­dance de l’opé­ra­tion et nous a accueillis géné­reu­se­ment dans ses locaux pari­siens (merci Tris­tan et Pas­cal !), Floss manuels fr a fourni la pla­te­forme de tra­duc­tion et sa com­pé­tence atten­tive (merci Élisa), les tra­duc­teurs du milieu du Libre se sont asso­ciés : ceux de french­mo­zilla, ceux de fra­ma­lang venus en force et d’autres encore que l’aven­ture ten­tait pour cette tra­duc­tion « ouverte ».

Mieux que les cré­dits détaillés qui figu­rent dans les der­niè­res pages, c’est un grand merci qu’il faut don­ner à tous ceux qui ont con­sa­cré béné­vo­le­ment du temps libre et de l’éner­gie à cette opé­ra­tion. Le week-end (des 19-20 mars 2011) a été à la fois fié­vreux et détendu, c’était aussi une occa­sion de se ren­con­trer, de man­ger, boire et s’amu­ser ensem­ble… Et les tex­tes du manuel ont été inté­gra­le­ment tra­duits et relus une pre­mière fois en 48 heu­res. Vous le ver­rez, le manuel est aussi riche en illus­tra­tions : les nom­breu­ses cap­tu­res d’écran ont demandé un peu plus de temps, car nous tenions à ce qu’elles mon­trent l’inter­face fran­çaise.

Un manuel des­tiné à tous

Nous pen­sons que ce manuel peut être utile en par­ti­cu­lier à ceux qui décou­vrent Thun­der­bird ou hési­tent encore à l’uti­li­ser. Il les aidera à ins­tal­ler, faire les pre­miers pas et décou­vrir les pos­si­bi­li­tés de l’appli­ca­tion.

Il peut être éga­le­ment une réfé­rence pra­ti­que pour tous les béné­vo­les des forums de Gecko­zone qui assu­rent vaillam­ment l’aide et le sup­port de Thun­der­bird et qui doi­vent sou­vent répé­ter les mêmes répon­ses. Un lien vers tel ou tel cha­pi­tre peut évi­ter de trop lon­gues expli­ca­tions.

Ceux qui uti­li­sent déjà Thun­der­bird et qui ont besoin d’aller plus loin ont l’habi­tude de con­sul­ter la base de con­nais­san­ces de Thun­der­bird (merci Vin­cent qui la main­tient avec brio !). mais ils pour­ront décou­vrir ici, outre quel­ques trucs et astu­ces, les fonc­tion­na­li­tés d’une exten­sion toute récente : il s’agit de « Con­ver­sa­tions », dont Jona­than Prot­zenko, son déve­lop­peur, a fourni le cha­pi­tre-tuto­riel qui n’exis­tait pas encore dans la ver­sion anglaise. C’est un des « plus » non négli­gea­bles de ce manuel !

Pas par­fait mais par­fai­te­ment uti­li­sa­ble et évo­lu­tif

Il est libre et open source. Con­for­mé­ment à l’enga­ge­ment des co-rédac­teurs par­ti­ci­pant à la pla­te­forme Floss­ma­nuals, ce manuel sous copy­right est sous licence GNU GPL : il peut notam­ment être lu et copié libre­ment.

Plus encore, vous pou­vez y con­tri­buer ! Il vous suf­fit de vous enre­gis­trer sur la pla­te­forme de tra­duc­tion et vous pour­rez relire/révi­ser/cor­ri­ger (la chasse aux coquilles est ouverte) mais aussi bien sûr ajou­ter des phra­ses expli­ca­ti­ves voire des cha­pi­tres entiers, com­plé­ter avec de nou­vel­les cap­tu­res d’écran etc.

Nous serons atten­tifs aux déve­lop­pe­ments de Thun­der­bird et nous ferons en sorte de tenir ce guide à jour lors­que de nou­vel­les fonc­tion­na­li­tés de l’appli­ca­tion appa­raî­tront.

Le manuel est à vous !

Liens utiles




4 questions à J. Zimmermann, porte-parole d’une Quadrature du Net à soutenir

Soutien - La Quadrature du Net - Geoffrey Dorne - CC by-nc-saDepuis trois ans la Quadrature agite le Net sans relâche pour qu’il reste cet espace de liberté où tant de belles initiatives ont pu prendre forme et se développer, à commencer par le logiciel libre.

L’année dernière, nous nous faisions l’écho d’un appel de Benjamin Bayart pour la Quadrature puisse poursuivre son action.

Un an et quelques belles batailles législatives plus tard, la Quadrature du Net lance une nouvelle et cruciale campagne de financement[1].

L’occasion de faire le point et de revenir avec son porte-parole Jérémie Zimmermann sur les origines, les motivations et les objectifs de cet indispensable mégaphone citoyen dont la portée dépend directement de notre propre implication.

4 questions à Jérémie Zimmermann

Un entretien réalisé par Siltaar pour Framasoft

1. D’où vient « La Quadrature du Net » exactement ?

De cinq co-fondateurs: Philippe Aigrain, Christophe Espern (aujourd’hui retiré), Gérald Sédrati-Dinet, Benjamin Sonntag et moi-même.

Nous étions à la base 5 hackers[2], tous passionnés de logiciels libres et engagés dans les combats pour le logiciel libre, contre les brevets sur les logiciels, contre la DADVSI et pour une infrastructure informationnelle libre.

Avec l’élection de Nicolas Sarkozy, nous avons vu dans son programme, en filigrane, une attaque violente des libertés sur Internet. C’est pour cela que nous avons créé la Quadrature du Net. Pour agir et avant tout pour permettre à chacun de réagir.

Nous avons donc appris de nos expériences associatives et militantes respectives, et choisi de créer une « non-structure », une association de fait, sans président ni membres, qui ne représente que la voix de ses co-fondateurs. Nous défendons une vision d’Internet conforme à ses principes initiaux de partage de la connaissance et d’ouverture, plutôt qu’un Internet « civilisé » basé sur le contrôle et la répression.

Aujourd’hui, je vois la Quadrature du Net comme une caisse à outils. Nous fabriquons des outils (analytiques ou techniques) pour permettre à tous les citoyens de comprendre les processus visant à attaquer leurs libertés individuelles en ligne, et à réagir en participant au débat démocratique.

2. Plusieurs initiatives de la Quadrature ont été largement relayées sur le Web (blackout contre Hadopi, campagne d’appel des députés européens pour l’amendement 138 ou la déclaration écrite n°12), où en sommes-nous aujourd’hui ?

Les résultats sont nombreux et dans l’ensemble très positifs. Nous en sommes les premiers surpris. Outre les victoires législatives (nous avons joué un rôle dans le rejet de l’HADOPI 1, puis la décision du Conseil Constitutionnel la décapitant, dans le vote par deux fois à 88% du Parlement européen du célèbre amendement 138 interdisant les restrictions d’accès sans intervention du juge, etc.), nous avons à notre actif un certain nombre de victoires non-législatives (peser sur des rapports parlementaires européens comme le rapport Lambrinidis, le rapport Medina, ou porter et compléter la « déclaration écrite n°12 » contre ACTA, etc.).

Prenons l’exemple de l’accord multilatéral ACTA : un infect contournement de la démocratie par les gouvernements visant à imposer de nouvelles sanctions pénales dans le cadre de la guerre contre le partage. Nous avons joué un rôle majeur en Europe, notamment en fuitant des versions de travail du document et en alertant les eurodéputés. Le texte définitif, quoiqu’encore très dangereux, est très largement influencé par nos actions, et si nous avons aujourd’hui une maigre chance de le faire rejeter dans son ensemble au parlement européen (vote autour de l’été, à suivre…), c’est sans doute le fruit de ces longues années d’efforts. Et il reste beaucoup à faire : Sur ACTA comme sur tout le reste des dossiers, nos adversaires ont des hordes de lobbyistes payés à plein temps pour tirer la corde dans la direction opposée.

Mais c’est surtout en dehors des textes législatifs eux-mêmes, en complément, que notre action a été je pense la plus utile : à créer un contexte politique autour de ces questions de libertés fondamentales et d’Internet. Il s’agit désormais d’un sujet que les députés et eurodéputés craignent, car ils savent que cela intéresse beaucoup de monde, ils l’ont vu lors de certaines campagnes que nous avons montées et qui les ont surpris. De la même façon dans de nombreux cercles politiques, institutionnels ou universitaires, ces sujets deviennent de plus en plus importants, et chacun commence à réaliser combien ils seront déterminants pour le futur de nos sociétés. L’affaire des câbles diplomatiques fuités par Wikileaks ou la révolte Égyptienne en ont été des exemples flagrants.

Un autre exemple : la question de la neutralité du Net. C’était un obscur dossier technique jusqu’à ce que nous contribuions à en faire un des enjeux-clé de la révision des directives européennes du Paquet Télécom, au point que les eurodéputés obligent la Commission à s’en saisir, ce qui a généré de nombreux articles de presse. Aujourd’hui en France, une mission d’enquête parlementaire composée de députés UMP (Laure de la Raudière) et PS (Corinne Erhel) étudie ce sujet et rendra bientôt un rapport, probablement assorti d’une proposition législative. C’est un sujet qui fait aujourd’hui débat.

Nous nous attachons à des sujets fondamentaux, qui dépassent les clivages politiques traditionnels. Nos victoires se marquent donc esprit par esprit, et nos objectifs sont à des termes qui vont au delà de ceux des mandats électoraux. D’un autre côté ce sont des dossiers souvent complexes, mêlant technologie, droit, éthique et économie… Il nous faut donc faire un travail de fourmis sur les dossiers, tout en rugissant parfois comme des lions pour se faire entendre ! Mais cela ne fonctionnerait pas sans votre soutien à nos actions, si chacun ne participait pas un peu, à son échelle et selon ses moyens.

3. Quelles sont les prochaines batailles qui se profilent à l’horizon pour la défense de la neutralité du Net ?

La bataille de l’ACTA est sans doute l’un des enjeux les plus importants auxquels nous avons eu à faire face depuis bien longtemps. Cet accord[3] prévoit entre autres de nouvelles sanctions pénales pour le fait d’« aider ou faciliter » des « infractions au droit d’auteur à échelle commerciale ». Cela veut dire tout et son contraire. N’importe quelle compagnie d’Internet (fournisseur d’accès, plate-forme d’hébergement ou fournisseur de service) tomberait potentiellement dans cette définition. La seule solution pour elle pour éviter de lourdes sanctions qui compromettraient son activité serait de se transformer en police privée du droit d’auteur sur le Net, en filtrant les contenus, en restreignant l’accès de ses utilisateurs, etc. Exactement ce que souhaitent les industries du divertissement qui sont à l’origine de cet accord, déguisé en banal accord commercial, dans le cadre de la guerre contre le partage qu’elles mènent contre leurs clients.

Si nous laissons la Commission européenne et les États Membres s’entendre pour imposer entre-autres de nouvelles sanctions pénales, alors que ces dernières sont normalement du ressort des parlements, la porte serait ouverte à toutes les dérives. Un tel contournement de la démocratie pourrait laisser des traces durables. Nous devons tout faire pour que l’ACTA soit rejeté par les eurodéputés.

La question de la neutralité du Net est elle aussi complètement fondamentale. Il faut que nous nous battions pour avoir accès à du vrai Internet, cet Internet universel qui connecte tout le monde à tout. Internet, et les bénéfices sociaux et économiques qui en découlent, dépendent de sa neutralité, c’est à dire du fait que nous pouvons tous accéder à tous les contenus, services et applications de notre choix, et également en publier. C’est ainsi que nous pouvons par exemple accéder à tous ces logiciels libres, à Wikipédia, mais également y contribuer, ou créer dans son garage une start-up qui deviendra peut-être le prochain moteur de recherche dominant, ou un petit site qui deviendra un jour une incontournable référence comme Framasoft 😉

Si un opérateur commence à discriminer les communications, que ce soit en fonction de l’émetteur, du destinataire ou du type de contenus échangés, alors ça n’est plus Internet. C’est ce qui est fait en Chine ou en Iran pour des raisons politiques, mais également ce que font Orange, Bouygues et SFR lorsque pour des raisons économiques lorsqu’ils interdisent la voix sur IP, l’accès aux newsgroups ou aux réseaux peer-to-peer (évidemment dans le but de vous vendre leurs propres services, souvent moins compétitifs et bien plus chers).

Nous devons nous battre pour cet Internet que nous construisons chaque jour, que nous aimons et qui nous appartient à tous. C’est cet Internet universel le vrai Internet « civilisé », et non celui vu par Nicolas Sarkozy et les industries qu’il sert, dans lequel nos libertés s’effaceraient derrière un contrôle centralisé malsain et dangereux pour la démocratie.

4. Quel rôle pouvons-nous jouer ?

Dans tous ces dossiers, il est indispensable de comprendre que La Quadrature du Net ne sert à rien sans les centaines, les milliers de citoyens qui la soutiennent, chacun à leur échelle, participent à ses actions, suivent cette actualité et en parlent autour d’eux…

Au jour le jour, il est possible de participer sur le terrain, par exemple sur notre wiki, notre liste de discussion ou notre canal IRC. Des tâches précises comme le développement de nos outils (Mémoire Politique, le Mediakit, nos bots IRC, etc. ), le webdesign et la création de matériaux de campagne (affiches, bannières, infographies, clips, etc.), ou la participation à notre revue de presse ont toutes, constamment, besoin de nouvelles participations.

Il est également indispensable de participer en prenant connaissance des dossiers et en relayant nos communications et nos campagnes, en contactant les élus (députés et eurodéputés), en discutant avec eux de ces sujets pour les persuader jusqu’à établir une relation de confiance, pour pouvoir les alerter le moment venu.

Devant des enjeux d’une importance aussi cruciale, rappelons-nous cette célèbre parole de Gandhi : « Quoi que vous ferez, ce sera forcément insignifiant, mais il est très important que vous le fassiez tout de même. ».

Enfin, si pour des raisons diverses et variées il n’est pas possible de contribuer à ces tâches, il est toujours possible de nous soutenir financièrement, idéalement par un don récurrent.

Il est de notre devoir, tant qu’il nous reste encore entre les mains un Internet libre et ouvert, donc neutre, d’agir pour le protéger.

Soutien - La Quadrature du Net - Geoffrey Dorne - CC by-nc-sa

Notes

[1] Crédit illustrations : Geoffrey Dorne (licence Creative Commons By-Nc-Sa)

[2] Au sens étymologique, des passionnés de technologie aimant comprendre le fonctionnement des choses et les faire fonctionner mieux.

[3] ACTA = Anti-Counterfeiting Trade Agreement, ou Accord Commercial Anti-Contrefaçon. Il s’agit d’un accord multilatéral entre 39 pays, dont les 27 États-Membres européens.




Nouveau projet Framapad : pensez-y si vous souhaitez collaborer en ligne !

Framapad - Copie d'écranContraction de Framasoft et d’Etherpad, Framapad est un nouveau projet à la fois modeste et ambitieux.

Modeste car il ne s’agit que de l’installation du logiciel libre Etherpad sur l’un de nos propres serveurs[1].

Mais ambitieux car nous espérons profiter de la visibilité de notre réseau pour faire découvrir et utiliser ce logiciel au plus large public possible.

Qu’est-ce donc qu’Etherpad ? Il s’agit d’un éditeur de texte collaboratif en temps réel qui permet à plusieurs personnes de partager un texte en cours d’élaboration[2].

Les contributions de chacun apparaissent immédiatement sur l’écran de tous les participants et sont signalées par des couleurs différentes. Un historique permet de revenir en arrière et une fenêtre de messagerie instantanée (ou tchat) est également disponible permettant aux différents collaborateurs de communiquer à côté du texte en construction.

Le gros avantage d’Etherpad réside dans sa rapidité et simplicitié d’utilisation.

Ni installation ni inscription ne sont demandées, tout se fait en ligne sur Internet. Il suffit de vous rendre sur le site Framapad en cliquant sur « Créer un Pad » et vous voici tout de suite opérationnel, prêt à inviter d’autres participants à vous rejoindre sur la page de votre texte (ou pad) nouvellemment créée.

Framapad - Copie d'écran

Si vous vous retrouvez en situation de devoir rédiger un texte à plusieurs mains, texte pas trop long et sans mise en forme particulière, pensez à Framapad.

C’est plus pratique (et plus ludique) qu’un wiki et plus libre (et moins lourd) qu’un Google Documents.

Pour ce qui nous concerne nous avons découvert ce logiciel il y a un an lors d’une traduction collective. Depuis nous avons pris l’habitude de l’utiliser au quotidien et le projet Framapad n’est en fait que la mise à disposition de tous de cet outil si pertinent et performant[3].

Par rapport à une installation classique d’Etherpad[4], Framapad propose l’interface en français et une documentation détaillée d’une vingtaine de pages de toutes ses fonctionnalités.

Par défaut, les pads sont publics, permanents et accessibles à tous. Mais il est également possible d’ouvrir des pads privés en se créant un compte. Vous disposerez alors de votre propre sous-domaine d’où vous pourrez gérer vos membres, contrôler l’accès, archiver et supprimer vos pads. Ce point précis fait l’objet d’un autre guide détaillé et illustré.

Merci de diffuser l’information car notre espoir récurrent est d’aller au delà des initiés[5]. L’idée étant, ici comme ailleurs, de rendre service, tout en faisant au passage l’expérience du travail collaboratif à la base même du logiciel libre et de sa culture.

-> Se rendre sur Framapad.org

Notes

[1] Pour la petite histoire, Etherpad est devenu libre en décembre 2009, le jour où Google a décidé de diffuser les sources sous Licence Apache v2.

[2] Il est théoriquement possible de se retrouver jusqu’à 16 collaborateurs sur un même document. Nous avons fixé cette limite à 8 pour le moment afin d’éviter le congestions et voir si notre serveur tient la charge.

[3] Un grand merci au passage à Simon Descarpentries (Siltaar) pour avoir piloté ce projet Framasoft.

[4] Autres exemples d’Etherpad sur le Web : Piratepad, Titanpad, Primarypad ou l’Epad de Recit.org (lui aussi francisé).

[5] Merci également de nous signaler dans les commentaires les bugs rencontrés et plus généralement vos remarques et suggestions sur ce projet.




Internet ne peut pas être contrôlé, autant s’y faire – par Laurent Chemla

Evil Erin - CC byOn trouve un article puissant et inédit de Laurent Chemla en ouverture (ou prolégomènes) du tout récent framabook AlternC Comme si vous y étiez.

Historiquement, techniquement, économiquement et moralement, Internet ne peut pas être contrôlé[1].

Autant s’y faire. Et, contrairement à d’autres, nous nous y faisons très bien 😉

Pour rappel toute l’équipe l’AlternC vous attend à La Cantine lundi 28 mars prochain (de 19h à 22h) pour fêter simultanément la sortie du livre, les dix ans d’AlternC et la version 1.0 du logiciel !

Remarque : Ce n’est pas le premier article de Chemla que nous reproduisons sur le Framablog (cf L’avenir d’Internet). Par ailleurs je le remercie de m’avoir ouvert les yeux en 1999 avec Internet : Le yoyo, le téléporteur, la carmagnole et le mammouth.

Internet ne peut pas être contrôlé, autant s’y faire

Laurent Chemla – juillet 2010 – Licence Creative Commons By-Sa

Plus que jamais, à l’heure où j’écris ces lignes, Internet est la cible des critiques du pouvoir. Il serait responsable de toutes les dérives, de toutes les ignominies, il nous ramènerait aux pires heures de notre histoire et serait le lieu de toutes les turpitudes.

Bon. Depuis longtemps, je dis qu’il est normal – de la part de ceux qui disposaient de l’exclusivité de la parole publique – de s’inquiéter de l’avènement d’un outil qui permet à tout un chacun de s’exprimer. Pas de quoi s’étonner, dès lors, des attaques furieuses que subit le réseau.

Tant qu’il ne s’agit que de mots…

Oh bien sûr, le législateur étant ce qu’il est, il tente souvent d’aller au delà des mots. Il fait aussi des lois. C’est son métier.

Or donc – sans volonté d’exhaustivité – nous avons vu depuis 1995 un certain nombre de tentatives de « régulation », de « contrôle », voire même de « domestication ». Il y a eu la loi Fillon, la commission Beaussant, la LCEN, la DADVSI, la LSI, la LSQ, et plus récemment HADOPI et LOPPSI. Beaucoup d’acronymes et de travail législatif pour un résultat plus que mince : ce qui n’a pas été retoqué par le Conseil Constitutionnel s’est toujours avéré inapplicable.

La seule chose qui reste, c’est le principe d’irresponsabilité pénale des intermédiaires techniques (LCEN). Grand succès !

On pourrait imaginer que le pouvoir apprendrait quelque chose d’une telle suite d’échecs. On pourrait penser, par exemple, qu’il mesurerait le risque de vouloir créer des lois d’exceptions selon qu’on s’exprime sur Internet ou ailleurs. Que nenni : aujourd’hui encore, j’apprends qu’une député vient de se ridiculiser en proposant d’encadrer le journalisme « en ligne ».

J’ai hâte. On en rigole d’avance.

Mais qu’est qui rend Internet si imperméable à ces tentatives réitérées de contrôle ? J’y vois (au moins) quatre raisons majeures :

La première (dans tous les sens du terme) est historique. À la demande de l’armée américaine, qui souhaitait trouver une parade au risque d’une attaque nucléaire contre son réseau de télécommunication, Internet a été inventé à la fin des années 1960 (dans l’Amérique de Woodstock et de la lutte contre la guerre du Vietnam) par de jeunes universitaires qui rêvaient d’un monde dans lequel l’accès à un réseau mondial de communication serait un droit pour tous (pour que son impact social soit positif)[2].

À l’époque de Mac Luhan, les bases théoriques du futur réseau sont toutes influencées par l’utopie du « village global » et teintées d’idéologie libertaire. Le principe selon lequel la rédaction d’une RFC (texte définissant un des standards d’Internet) doit être ouverte à tous, scientifique ou non – et son contenu libre de droit – est adopté en avril 1969.

Quoi d’étonnant dès lors si le résultat est un réseau presque entièrement décentralisé et non hiérarchique ? Après tout, c’est bien ce que l’armée américaine avait demandé à ses jeunes ingénieurs : un réseau centralisé est facile à détruire (il suffit d’attaquer le centre).

Tout ce qui est facile à contrôler est facile à détruire.
Internet est difficile à détruire.
Donc Internet est difficile à contrôler.

Il faudrait, pour qu’Internet soit plus aisément « domestiquable », que ses bases théoriques mêmes soient revues (à l’exemple du Minitel pour lequel l’émission de contenus était soumise à l’approbation préalable de France Telecom). Mais comment démanteler l’existant et interdire l’utilisation d’une technologie ayant fait ses preuves à tous ceux qui l’ont adoptée depuis des années ?

Et surtout – c’est la seconde raison qui fait d’Internet un bastion dont la prise semble bien difficile – le réseau est international.

On peut, même si c’est difficile à envisager, imaginer qu’un pays impose à ses citoyens l’usage d’une technologie « contrôlée » plutôt qu’une autre, trop permissive. Mais quel pouvoir pourrait faire de même à l’échelle du monde ?

Et comment, dès lors qu’il existerait ne serait-ce qu’un seul endroit dans le monde qui protège la liberté totale de communication (comme c’est le cas depuis peu de l’Islande), empêcher les citoyens et les entreprises du monde entier d’exporter dans ce lieu une communication désormais dématérialisée ?

Pour y parvenir, il faudra non seulement pouvoir contrôler tel ou tel réseau imaginaire, mais aussi réussir à interdire toute communication internationale… Mission impossible. Et puis, comment imaginer la fin des « paradis numériques » dans un monde qui n’a jamais réussi à obtenir celle des paradis fiscaux ?

Internet est supranational.
Il existera toujours des paradis numériques.
Donc l’information ne pourra jamais être contrôlée.

D’autant plus – et c’est la troisième raison majeure qui rend dangereuse toute tentative de contrôle des réseaux – qu’Internet est devenu désormais une source de croissance non négligeable. Une croissance qui dépend d’une législation pérenne et qui surtout va faire l’objet d’une concurrence effrénée entre les pays.

On n’imagine pas aujourd’hui une grande entreprise, telle que Google ou Facebook, avoir son siège social dans un pays dont la fiscalité n’est pas, disons, encourageante. Comment imaginer que demain une entreprise innovante, source d’emplois et d’impôts, se créera dans un pays dont la législation imposerait un contrôle trop strict de l’information diffusée ?

Tout contrôle nécessite une infrastructure plus chère, tant humaine que technique. Il va de soi qu’une entreprise capitaliste choisira plutôt, si elle a le choix, le pays d’accueil dont la législation numérique sera la plus laxiste, qui récupérera du coup les emplois et les impôts (et je ne dis pas que c’est bien : je dis juste que c’est dans ce monde là qu’on vit).

Et même avant d’en arriver là : imaginons qu’un pays impose le filtrage à la source de tout contenu illégal (en passant outre la difficulté technique inhérente). Quel entrepreneur de ce pays osera se lancer dans un nouveau projet novateur, sachant qu’il sera immédiatement copié par un concurrent vivant, lui, dans un paradis numérique et qui ne sera pas soumis aux mêmes contraintes ?

Internet est solide, c’est vrai, mais l’innovation reste fragile, et est souvent l’oeuvre de petites structures très réactives et pécuniairement défavorisées. Les lois votées à l’emporte-pièces sans tenir compte de cette fragilité-là sont autant de balles tirées dans le pied de la société toute entière.

La concurrence est mondialisée.
Une législation de contrôle coûte cher.
Donc les lois de contrôle d’Internet sont source de délocalisation.

Malgré tout il existe bel et bien des règles de vie supranationales et qui s’imposent à tout pays se voulant un tant soit peu démocratique. Mais si.

Je vais citer ici l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Lisez-la bien :

« Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ».

Elle a été rédigée en 1948. Bien avant Internet, même si à la lire on a l’impression qu’elle a été écrite spécialement pour lui. Car en effet, il n’existait pas grand chose, avant Internet, pour « recevoir et répandre sans considération de frontière les informations et les idées ». Il faut croire que ses rédacteurs étaient visionnaires…

Comment s’étonner, à la lecture de cet article, du nombre de censures que notre Conseil Constitutionnel a opposé aux diverses velléités de contrôle que le pouvoir a tenté d’imposer depuis 15 ans ?

Le droit de recevoir et diffuser de l’information est inaliénable.
Internet est à ce jour l’unique moyen d’exercer ce droit.
Donc tout contrôle d’Internet risque d’être contraire aux droits de l’homme.

Sauf à s’exonérer des grands principes fondamentaux, et donc à vivre dans une société totalitaire, le contrôle ou le filtrage d’Internet se heurtera toujours à la liberté d’expression. Les états peuvent l’accepter, et à l’instar de l’Islande décider d’en profiter, ou refuser de le voir et, à l’instar de la France, se heurter sans cesse à un mur en essayant encore et encore de réguler ce qui ne peut l’être.

Historiquement, techniquement, économiquement et moralement, Internet ne peut pas être contrôlé.

Autant s’y faire.

Notes

[1] Crédit photo : Evil Erin (Creative Commons By)

[2] J.C.R Licklider et Robert Taylor, The Computer as a Communication Device in Science and Technology, April 1968.




Une France qui s’annonce terrifiante pour Internet et les libertés numériques

Fabrice Epelboin nous révèle aujourd’hui que ReadWriteWeb met fin à ses éditions européennes, avec toutes les questions que cela pose quant au devenir et aux archives de la version française de RWW.

C’est le risque lorsque l’on dépend d’une maison mère américaine et que les articles n’ont jamais eu l’honneur d’une licence Creative Commons (sauf justement ce dernier billet où Epelboin à décidé de s’affranchir de la tutelle dans un dernier baroud d’honneur).

Notez bien que pareille mésaventure peut arriver à tous ceux qui placent du contenu sur Facebook, Twitter ou Google (autant dire à tous le monde). Puisque en vous inscrivant à ces services vous adhérez à des conditions dont il est bien stipulé qu’elles peuvent changer à tout moment si le propriétaire en décide ainsi. Par exemple si les actionnaires de ces sociétés décident d’en modifier le modèle économique CQFD.

Merci au passage à Fabrice Epelboin[1] et à RWW France pour la pertinence et la pugnacité de leurs informations, reportages et analyses (cf l’excellente compilation Chroniques de l’Infowar 2010 De l’Hadopi à Wikileaks à conserver au cas où). Nous n’étions pas de trop pour tenter d’apporter un autre son de cloche face à des institutions publiques et privées qui ont la fâcheuse tendance à prendre le Net et les nouvelles technologies par le mauvais bout de la lorgnette.

Mais ce qui m’a le plus marqué c’est la conclusion du billet. Un peu comme si l’auteur s’était lâché en livrant véritablement le fond de sa pensée. Et cette pensée est d’autant plus pro-fonde que le gus sait de quoi il parle :

« Les temps qui viennent en France sont terrifiants pour internet et les libertés numériques. Du point de vue des lois qui s’y appliquent, nous ne sommes plus, sur l’internet Français, dans une démocratie.

Avec quelques gus dans un garage, nous avons réussi a sensibiliser pas mal de monde à ce problème, mais force est de reconnaître que nous avons, au mieux, mis des bâtons dans les roues d’un char d’assaut qui écrase toutes les velléités de liberté sur internet, et veut le civiliser comme il a colonisé hier ceux qu’il qualifiait de sauvages.

Un autre monde est possible, mais en France, ça va prendre du temps. Une fois de plus, le pays va prendre un retard considérable en matière de numérique, au point que sa place dans le monde de demain est désormais totalement compromise, mais ça, même sans comprendre quoi que ce soit à la neutralité du net ou aux enjeux sociétaux d’Hadopi et de Loppsi, vous avez du vous en apercevoir. »

Aux dernières nouvelles Fabrice Epelboin s’en irait rouler sa bosse en Tunisie. Parce qu’il souhaite désormais « construire avec » et non plus « lutter contre ».

Il reste une place dans l’avion ?




Nouveau Framabook : AlternC Comme si vous y étiez

AlternC Comme si vous y étiez - FramabookOuvrons ce billet par une citation clin d”œil de Jean-Marc Manach qui résume bien le nouveau livre libre framabook que nous sommes fiers de vous présenter aujourd’hui : « Offrez un nom de domaine à un homme et vous le nourrirez pour un jour. Apprenez-lui à l’administrer et vous le nourrirez pour toute la vie. »

C’est en effet ce que propose depuis longtemps déjà le projet libre et associatif AlternC, dont la démarche mais surtout l’existence bien réelle constituent un formidable rempart aux attaques actuelles contre les fondamentaux du Net.

AlternC c’est avant tout une suite logicielle permettant de gérer un ou plusieurs serveurs d’hébergement de site web, email, listes de discussions et autres services Internet.

Que vous soyez simple blogueur, hébergeur associatif ou industriel, professionel du web en agence, ou toute autre structure juridique aux facettes multiples (mairies, grande entreprise, fédération …), AlternC vous permet de gérer facilement les comptes d’hébergement de plusieurs entités, à travers une interface web simple, intuitive et multilingue. Les spécialistes du réseau et administrateurs système profitent aussi d’AlternC pour simplifier et industrialiser leurs processus de gestion d’infrastructure, et pouvoir ainsi confier à leur client la gestion des éléments simples de leur hébergement.

Mais AlternC c’est également se plonger dans l’histoire du Web francophone en général et du Web francophone libre en particulier, puisque le projet est directement issu du mythique service altern.org de Valentin Lacambre.

AlternC c’est enfin un projet politique, une informatique résolument tournée vers les logiciels libres, une volonté d’aider chacun à devenir son propre hébergeur, s’il le souhaite, dans le respect d’Internet et de ce qui fut son fondement toujours menacé : la liberté.

Rédigé, aussi bien à l’occasion des dix ans du projet que de la sortie imminente de la version 1.0 d’AlternC, par ces deux pionniers du libre que sont les hyperactifs Chantal Bernard-Putz et Benjamin Sonntag, cet ouvrage (illustré en couleur de 234 pages) propose un guide pas à pas du logiciel, de la gestion des comptes à l’installation (côté client) et l’administration de la plateforme (côté serveur).

Il a été entièrement réalisé sous LibreOffice. Il est édité par InLibroVeritas sous licence Creative Commons By-Sa. Les auteurs ont gracieusement décidé de céder l’intégralité de leurs droits d’auteur à La Quadrature du Net.

Le guide est encadré par deux articles de Laurent Chemla et Sébastien Canevet. C’est ce dernier que nous avons choisi de reproduire ci-dessous.

Les auteurs vous donnent rendez-vous le 28 mars prochain à 19h à La Cantine (Paris) pour une présentation du livre qui coïncidera avec la sortie de la version 1.0 d’AlternC ! C’est aussi à ce moment-là que symboliquement les sources du livre seront libérées.

-> Découvrir, télécharger et/ou acheter AlternC Comme si vous y étiez sur le site Framabook.

La neutralité du Net ne s’use que si on ne s’en sert pas !

Sébastien Canevet – décembre 2010

L’un des principes fondateurs d’internet conduit à traiter également toute information qui circule sur le réseau, indépendamment de sa source, de sa destination ou de son contenu. C’est la « neutralité du net ».

Lors de la création d’internet, la rusticité des outils alors mis en oeuvre ne permettait pas ce genre de discrimination. Aujourd’hui, le perfectionnement des équipements techniques rend possible une gestion discriminatoire du trafic. Cette idée malvenue ne manque pourtant pas de partisans. Les arguments pour la combattre sont plutôt nombreux, de la démocratie à la promotion de l’innovation et passant l’économie du développement des infrastructures.

Loin des débats théoriques sur ces principes fondamentaux, certains acteurs de l’internet ont choisi de participer à ce débat d’une autre façon, en rendant rapidement et facilement accessible la mise en place d’un hébergeur indépendant. Tel est le projet AlternC.

Alors que l’hébergement d’un site web était hors de portée des acteurs autres que les opérateurs institutionnels, publics ou privés, la mise à disposition de la suite logicielle AlternC permet depuis dix ans de gérer aisément un hébergeur mutualisé, assurant ainsi une indépendance technique à ceux qui souhaitent consacrer un minium de temps et quelques moyens (limités) à cette tâche.

Projet libre, il était logique qu’AlternC fut également un logiciel libre. A l’aube du projet, seuls les informaticiens (ou presque) comprenaient les enjeux de ce choix. C’est donc en connaissance de cause que les promoteurs du projet choisirent un logiciel libre (l’altern de Valentin Lacambre) plutôt que son homologue propriétaire, pour le faire évoluer.

C’est ainsi que, prouvant le mouvement en marchant, et mettant en oeuvre la neutralité du net bien avant que la problématique n’héberge au sein du public averti[1], AlternC permet la mise en oeuvre de l’hébergement de sites internet librement, et ceci aux quatre sens du mot libre lorsqu’il est accolé à nom logiciel.

  • Première des quatre libertés, l‘« exécution du programme », ou plus largement l’utilisation d’AlternC est libre, en ce sens que vous pouvez utiliser ces logiciels pour n’importe quel usage, commercial ou pas, et ceci sans aucune limitation d’aucune sorte. Il est d’ailleurs important pour les logiciels libres en général que leur utilisation dans la sphère commerciale et industrielle soit la plus large possible, ce ci afin d’éviter qu’ils ne soient isolés dans un milieu étroit….
  • La liberté d’étude est la seconde liberté. Alors que leurs homologues « propriétaires » sont enfermés dans un carcan juridique étroit et compliqué[2], l’étude d’AlternC n’est soumise à aucune contrainte. C’est ainsi que l’on peut librement étudier le fonctionnement de ces logiciels, quel que soit l’objectif de cette étude. La libre disposition du code source facilite cette étude.
  • La distribution de copie des logiciels AlternC est elle aussi possible librement, quelles que soient les conditions (gratuité ou pas…) de cette distribution. Une activité économique est ainsi parfaitement imaginable.
  • Enfin, il est possible (et même souhaitable) qu’AlternC soit l’objet d’améliorations. Cette suite logicielle est une oeuvre « in progress », en ce sens que, au sein de la communauté AlternC ou en dehors, toute personne ayant la compétence et la volonté de modifier ces programmes, peut le faire sans contrainte.

J’aime à répéter que ce que l’on ne trouve pas sur internet n’existe pas, tant le réseau est aujourd’hui d’une richesse inouïe.

Bien au delà des seuls usages commerciaux, dans lesquels l’utilisateur n’est envisagé que comme un consommateur, qui n’utiliserait le réseau que pour dépenser son argent, se contentant pour le reste de demeurer tranquillement sous perfusion télévisuelle, l’usager d’AlternC est un véritable acteur du réseau. C’est pour cela que cet ouvrage a été écrit.

-> Découvrir, télécharger et/ou acheter AlternC Comme si vous y étiez sur le site Framabook.

Notes

[1] L’article fondateur de Tim Wu, « Network Neutrality, Broadband Discrimination » date de 2003, mais la prise de conscience collective de l’importance de cette neutralité est bien plus tardive.

[2] En effet, l’étude et la décompilation d’un logiciel non libre n’est possible que dans une mesure très limitée, à seule fin d’assurer l’interopérabilité, et encore à condition que les informations nécessaires ne soient pas déjà rendues publiques.




Geektionnerd : Quand Microsoft aide Internet Explorer 6 à mourir

Il y a deux ans, nous publiions l’article Le jour où le Web refusa le navigateur Internet Explorer 6.

Cette fois-ci ce n’est plus le Web mais directement Microsoft qui, avec un nouveau site dédié, souhaite que les internautes se débarrassent définitivement de la version 6 du navigateur (qui possède encore 12% de part de marché dont 35% en Chine).

La raison en est simple : devenu totalement obsolète et (depuis toujours) non respectueux des standards, il oblige les webmasters à continuer à faire des contorsions pour que leurs sites s’affichent correctement dans IE 6.

Du coup, on peut s’amuser à étendre le principe à d’autres logiciels de Microsoft 😉

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Avec Open Mesh les humains sont les routeurs (et sauvent les révolutions)

Tanakawho - CC byAyant tiré ses propres conclusions de la révolte tunisienne, l’Égypte décida, le 28 janvier dernier, de couper Internet pour neutraliser les moyens de communication et ainsi contrecarrer les manifestations anti-Moubarak.

Et tout d’un coup, ce qui était un extraordinaire avantage devint une formidable faiblesse.

Comment faire dès lors pour se prémunir d’une telle décision radicale et continuer à assurer l’un des droits de plus en plus fondamental de ce nouveau millénaire ?

Comme pour la Freedom Box, une piste de solution est à rechercher du côté du réseau maillé avec l’originalité de jouer nous-mêmes le rôle de routeurs Internet[1] :

« L’idée fondatrice d’OpenMesh est que nous puissions utiliser de nouvelles techniques pour créer un réseau Internet secondaire dans les pays comme la Libye, la Syrie, l’Iran, la Corée du Nord et d’autres régimes répressifs dans lesquels les citoyens ne peuvent pas communiquer librement. En créant des routeurs mobiles qui se connectent entre eux, nous pourrions créer un réseau auquel les téléphones portables et les ordinateurs personnels se connecteraient. La première priorité serait de relier les personnes entre elles, la seconde de les relier au reste du monde. Sur un second front, nous pourrions utiliser des connexions intermittentes par satellite afin que les citoyens de ces pays puissent mettre en ligne et télécharger des informations avec le reste du monde… »

Les humains sont les routeurs

Humans are the routers

Shervin Pishevar – 27 février 2011 – Techcrunch.com
(Traduction Framalang : Naar, Pandark et Goofy)

Le 7 janvier 2010, j’étais convié à un petit dîner privé avec la secrétaire d’État Hillary Clinton au département d’État avec l’inventeur de Twitter, Jack Dorsey, Eric Schmidt, le PDG de Google et quelques autres. Nous étions là pour parler des technologies et des questions diplomatiques du XXIe siècle. Au cours de la discussion, j’ai remarqué près de moi la petite table sur laquelle Thomas Jefferson rédigea le premier jet de la Déclaration d’Indépendance. J’étais inspiré par l’Histoire qui nous entourait pendant que nous discutions de celle qui s’ouvrait devant nous. Je faisais face à Mme Clinton quand elle m’a posé une question à laquelle j’ai répondu : « Madame la Secrétaire d’État, le dernier bastion de la dictature est le routeur ». Cette soirée a fait germer certaines des idées au cœur de l’important discours de la secrétaire d’État au sujet des libertés sur Internet le 21 janvier 2010.

Passons directement, quasi un an plus tard,au 25 janvier 2011 — un jour qui devait marquer l’Histoire aux côtés de dates comme le 4 juillet 1776. La décision de l’Égypte de bloquer entièrement Internet et le réseau de télécommunications mobiles a été l’une des premières salves dans une guerre de munitions électroniques. Sur ce nouveau front, les humains sont les routeurs, et armés des nouvelles technologies, ils ne pourront plus jamais être bloqués ni réduits au silence.

J’étais debout depuis des jours, partageant et tweetant les informations au fur et à mesure de leur apparition. J’avais deux amis proches en Égypte, qui me transmettaient des informations quand ils le pouvaient. Le jour où l’Égypte a bloqué Internet et le réseau mobile, je me suis souvenu de ce que j’avais dit à la secrétaires d’État Clinton. La seule ligne de défense contre le filtrage et le blocage par un gouvernement des communications et de la coordination entre ses citoyens via les réseaux de communication était de créer un nouveau type de technologies de communication que les gouvernements auraient du mal à bloquer : un réseau maillé, sans fil, dédié. J’ai appelé cette idée OpenMesh et l’ai tweettée.

Au cours des heures qui ont suivi, grâce au travail commun des volontaires, le projet OpenMesh prenait forme, avec un nom de domaine, un site web et un forum. Un volontaire, Gary Jay Brooks, tech-entrepreneur du Michigan, s’est proposé comme directeur bénévole pour coordonner le travail. Une autre société au Canada a offert bénévolement des spécifications pour un mini-routeur mobile pouvant être dissimulé dans une poche, et dont la fabrication ne nous coûterait que 90 dollars par unité. Un autre pionnier des communications s’est manifesté pour faire don d’importants brevets dans ce domaine.

L’idée fondatrice d’OpenMesh est que nous puissions utiliser de nouvelles techniques pour créer un réseau Internet secondaire dans les pays comme la Libye, la Syrie, l’Iran, la Corée du Nord et d’autres régimes répressifs dans lesquels les citoyens ne peuvent pas communiquer librement. En créant des routeurs mobiles qui se connectent entre eux, nous pourrions créer un réseau auquel les téléphones portables et les ordinateurs personnels se connecteraient. La première priorité serait de relier les personnes entre elles, la seconde de les relier au reste du monde. Sur un second front, nous pourrions utiliser des connexions intermittentes par satellite afin que les citoyens de ces pays puissent mettre en ligne et télécharger des informations avec le reste du monde. OpenMesh se veut un lieu d’échange d’informations pour connecter les meilleures idées existantes et mettre les outils entre les mains de tous.

Le réseau OpenMesh est un type de réseau au sein duquel chacun des nœuds reliés au réseau peut agir comme un routeur indépendant ou un dispositif intelligent, qu’il dispose ou non d’une connexion à Internet. Les réseaux maillés sont incroyablement robustes, avec des connexions continues qui peuvent se reconfigurer autour de chemins brisés ou bloqués en « sautant » de nœud en nœud jusqu’à ce que la destination soit atteinte, comme un autre appareil sur le réseau ou une liaison vers Internet. Quand un accès local à Internet est disponible, ils peuvent augmenter le nombre de personnes capables de s’y connecter. Lorsqu’il n’y en a pas, les réseaux maillés peuvent permettre aux personnes de communiquer ensemble même si les autres formes de communication électronique sont hors d’usage. Les dispositifs sont compatibles avec la plupart des ordinateurs équipés du wifi et fonctionnent sur les systèmes Microsoft Windows, Apple OS X et Unix existants, ainsi que les appareils mobiles iPhone et Android. Un réseau open source offre de plus une solution adaptable qui engage des frais réduits tout en évitant les erreurs du passé et les verrous des constructeurs. Combinés à du matériel ouvert, ces réseaux rendent plus facile une maintenance évolutive et leur amélioration sur le long terme.

Nous allons établir, construire, soutenir et distribuer un firmware Mesh open source qui permettra aux citoyens du monde de communiquer sans téléphone ni câblo-opérateur. Le produit brut d’OpenMeshProject.org sera libre et gratuit à télécharger et utiliser. La technologie sera distribuée et maintenue comme projet open source GPL v2. Cela signifie que tout le monde peut utiliser ou modifier le logiciel. Notre travail en tant que communauté sera de soutenir le projet. Nous aiderons à créer des standards. Nous aiderons les communautés à créer des réseaux maillés. Nous ferons pression sur les fabricants d’équipement pour qu’ils rejoignent l’initiative du Projet Open Mesh. L’idée tourne entièrement autour de la technologie sans fil qui nous permettra de communiquer ensemble sans ligne, ni câble, ni fibre. Nous construirons un réseau privé capable de couvrir des pays entiers. Nous donnerons le pouvoir aux citoyens de demain. Au final, une grand-mère pourra trouver ce disque dans la rue, rentrer à la maison, installer le CD dans son ordinateur portable et rejoindre le réseau maillé en deux clics. Après quoi elle commencera à voir les autres sur son réseau, à cliquer pour y appeler d’autres membres, rejoindre des conversations multi-utilisateurs ou chercher des amis en ligne pour discuter. Nous, en tant que communauté d’OpenMeshProject.org, faciliterons la construction et le soutien de ce projet. Nous construirons tous ensemble un maillage. Nous inviterons les gens à participer et à proposer de nouvelles innovations. En travaillant ensemble, nous pouvons assurer les communications qui seront nécessaires demain.

La liberté de communiquer fait partie de nos droits fondamentaux. Le XXIe siècle sera défini par le principe qu’aucun gouvernement, aucun pouvoir ne devra jamais bloquer ni brider le droit de tous les hommes et femmes de communiquer ensemble. Mon rêve le plus cher, c’est que de mon vivant, les dictatures soient bannies de cette planète et qu’une véritable démocratie non limitée fleurisse partout. Il est temps que cessent nos marchés faustiens avec les dictateurs brutaux pour des intérêts à court terme et qu’ils soient remplacés par une nouvelle alliance avec les citoyens du monde entier qui recherchent la liberté. OpenMesh est un premier pas qui aidera à créer un monde où une telle alliance pourra se maintenir, un monde où les personnes courageuses armées de ces nouveaux outils ne pourront plus jamais être contraintes ni muselées.

Note de l’éditeur : L’auteur invité Shervin Pishevar est le fondateur du projet OpenMesh et de SGN, ainsi qu’un Business angel actif.

Notes

[1] Crédit photo : Tanakawho (Creative Commons By)