Aaron Swartz n’était pas un hacker solitaire mais le membre d’une armée

Nous ne sommes pas des criminels et nous sommes de plus en plus nombreux à rejoindre les rangs de l’armée d’Aaron Swartz.

Le 24 janvier dernier s’est déroulée une émouvante cérémonie à la mémoire d’Aaron Swartz, dans ce lieu hautement symbolique qu’est l’église de San Francisco qui abrite l’Internet Archive.

Parmi les personnalités qui se sont succédées, il y eut ainsi sa fiancée Taren Stinebrickner-Kauffman, le fondateur d’Internet Archive Brewster Kahle ( allocution remarquée par Calimaq qui en a fait un billet dédié) et son ami Carl_Malamud, fondateur de Public.Resource.org.

C’est cette dernière intervention que nous vous proposons traduite ci-dessous (disponible ici en vidéo).

« J’aimerais que nous puissions changer le passé, mais c’est impossible. Par contre, nous pouvons changer le futur, et nous le devons. »

Open Knowledge Foundation - CC by-sa

L’armée d’Aaron

Aaron’s Army

Carl Malamud – 24 janvier 2013 – PublicRessource.org
(Traduction : brandelune, aKa, Lamessen, KoS, Pouhiou, Garburst, Luc, Tr4sK, Astalaseven)

Ne croyez pas un instant que le travail d’Aaron sur JSTOR était l’acte incohérent d’un hacker solitaire, un peu fou, un téléchargement massif un peu dingue décidé sur un coup de tête.

Depuis longtemps, JSTOR a fait l’objet de critiques cinglantes de la part du net. Dans une conférence, Larry Lessig a qualifié JSTOR d’outrage à la morale et je dois vous avouer qu’il me citait. Nous n’étions pas les seuls à attiser ces flammes.

Emprisonner la connaissance derrière des péages, en rendant les journaux scientifiques accessibles uniquement à quelques gamins suffisamment fortunés pour aller dans des universités de luxe et en demandant vingt dollars par article pour le reste d’entre nous, était une plaie purulente qui choquait beaucoup de gens.

De nombreux auteurs de ces articles furent gênés que leur travail soit devenu la marge de profit de quelqu’un, un club privé du savoir réservé à ses adhérents.

Beaucoup d’entre nous ont aidé à attiser ce feu. Beaucoup d’entre nous s’en sentent coupables, aujourd’hui.

Mais JSTOR n’était qu’une des nombreuses batailles. On a essayé de dépeindre Aaron comme un hacker solitaire, un jeune terroriste à l’origine d’un carnage numérique qui fit 92 millions de dollars de dégâts.

Aaron n’était pas un loup solitaire, il faisait partie d’une armée, et j’ai eu l’honneur de m’engager à ses côtés pendant une décennie. De nombreuses choses ont été dites sur sa vie hors du commun, mais ce soir je ne parlerai que d’un aspect de celle-ci.

Aaron faisait partie d’une armée de citoyens qui pensent que la démocratie ne fonctionne que si les citoyens sont informés, s’ils connaissent leurs droits et leurs devoirs. Une armée qui estime que nous devons rendre la justice et le savoir accessibles à tous, et pas uniquement à ceux qui sont bien nés ou qui ont saisi les rênes du pouvoir, afin que nous puissions nous gouverner de manière plus éclairée.

Aaron faisait partie d’une armée de citoyens qui rejette les rois et les généraux et qui croit au consensus général et à son application pratique immédiate.

Nous avons travaillé ensemble sur une douzaine de bases de données gouvernementales. Lorsque nous travaillions sur quelque chose, les décisions n’étaient pas irréfléchies. Notre travail prenait souvent des mois, parfois des années, parfois même une décennie, mais Aaron Swartz n’a pas eu droit à sa part de décennies.

Longtemps, nous avons observé et bidouillé la base de donnée du droit d’auteur américain, un système si vieux qu’il utilisait encore WAIS. Le gouvernement , croyez-le ou non, avait revendiqué le droit d’auteur sur cette base de données du droit d’auteur. Il m’est impossible de concevoir qu’il puisse y avoir des droits d’auteur sur une base de données qui découle directement de la constitution des États-Unis, mais nous savions que nous jouions avec le feu en enfreignant les clauses d’utilisations. Nous étions donc très attentifs.

Nous avons récupéré ces données. Elles ont été utilisées pour alimenter l’Open Library d’Internet Archive ainsi que Google Books. Puis, nous avons reçu une lettre du Bureau du droit d’auteur indiquant qu’il abandonnait son droit d’auteur sur cette base de données. Mais avant cela, nous avons dû consulter de nombreux avocats par crainte que le gouvernement nous traîne devant les tribunaux pour téléchargement massif, malveillant et prémédité.

Ce n’était pas une agression irréfléchie. Nous travaillions sur les bases de données pour les améliorer, pour aider au fonctionnement de notre démocratie, pour aider notre gouvernement. Nous n’étions pas des criminels.

Lorsque nous avons libéré 20 millions de pages de documents de l’U.S District Court de leur péage à 8 cents par page, nous avons découvert que ces fichiers publics étaient infestés d’atteintes à la vie privée : noms de mineurs, noms d’informateurs, dossiers médicaux, dossiers psychiatriques, rapports financiers, des dizaines de milliers de numéros de sécurité sociale.

Nous étions des lanceurs d’alerte et nous avons transmis nos résultats aux juges en chef de 31 cours de justice de district et ces juges ont été choqués, consternés. Ils ont modifié ces documents puis ont incendié les avocats qui les avaient remplis. Finalement, la Conférence judiciaire a changé ses règles de respect de la vie privée.

Mais savez-vous ce qu’ont fait les bureaucrates qui dirigent le Bureau Administratif de la Cour des États-Unis ? Pour eux, nous n’étions pas des citoyens ayant amélioré les données publiques, nous étions des voleurs qui les privions d’1,6 millions de dollars.

Ils ont donc appelé le FBI et ont dit qu’ils avaient été hackés par des criminels, une bande organisée qui mettait en péril leur revenu de 120 millions de dollars provenant de la vente de documents publics du gouvernement.

Le FBI s’est installé devant la maison d’Aaron. Il l’ont appelé et ont essayé de le piéger pour qu’il les rencontre sans son avocat. Le FBI a installé deux agents armés dans une salle d’interrogatoire avec moi pour nous faire avouer les dessous de cette conspiration présumée.

Mais nous n’étions pas des criminels, nous étions seulement des citoyens.

Nous n’avons rien fait de mal. Ils n’ont rien trouvé. Nous avions fait notre devoir de citoyen et l’enquête du gouvernement n’a rien trouvé de répréhensible mais ce fut une perte de temps et d’argent.

Si vous voulez faire peur, faites asseoir quelqu’un avec deux agents fédéraux pendant un moment et vous verrez la vitesse à laquelle son sang se glace.

Il y a des gens qui affrontent le danger tous les jours pour nous protéger — les policiers, les pompiers et les services d’urgence — je leur en suis reconnaissant et je suis ébahi par ce qu’ils font. Mais le travail des gens comme Aaron et moi, faire des DVD et faire tourner des scripts shell sur des documents publics, ne devrait pas être une profession dangereuse.

Nous n’étions pas des criminels, mais des crimes furent commis, des crimes contre l’idée même de la justice.

Quand la procureure fédérale a dit à Aaron qu’il devrait plaider coupable de treize crimes pour avoir tenté de propager le savoir avant qu’elle ne puisse envisager de négocier sa peine, c’était un abus de pouvoir, une utilisation frauduleuse du système de justice criminelle, un crime contre la justice.

Et la procureure fédérale n’a pas agi seule. Elle fait partie d’un groupe dont l’intention est de protéger la propriété, pas les gens. Tous les jours, partout aux États-Unis, des démunis n’ont pas accès à la justice et sont confrontés à ces abus de pouvoir.

C’était un crime contre le savoir qu’une organisation à but non lucratif telle que JSTOR transforme un téléchargement qui n’a causé aucun préjudice ni dommage, en une procédure fédérale de 92 millions de dollars.

Et le monopole de JSTOR sur la connaissance n’est pas unique. Partout aux États-Unis, des sociétés ont planté leurs griffes sur les champs de l’éducation : universités privées qui volent nos vétérans, organismes de normalisation à but non lucratif qui rationnent les codes de sécurité publique alors qu’ils payent des salaires d’un million de dollars, et les conglomérats multinationaux qui évaluent la valeur des articles scientifiques et des documents juridiques à l’aune de leur marge brute.

Dans le procès JSTOR, la position plus qu’agressive des procureurs du Département de la Justice et des agents de la force publique était-elle une vengeance liée à l’embarras de nous avoir vu nous tirer à bon compte, en tout cas à leur yeux, de l’affaire du PACER ? Est-ce que la poursuite sans merci de JSTOR était la revanche de bureaucrates embarrassés d’avoir été ridiculisés dans le New York Times, d’avoir reçu un blâme du Sénat ?

Nous n’aurons probablement jamais la réponse à cette question, mais il semble certain qu’ils ont détruit la vie d’un jeune homme par simple abus de pouvoir. Ce n’était pas une question criminelle, Aaron n’était pas un criminel.

Si vous pensez posséder quelque chose et si je pense que ce bien est public, il me semble juste de vous voir au tribunal. Si vous avez raison et que je vous ai fait du tort, je prendrais mes responsabilités. Mais quand nous retournons le bras armé de la Loi contre les citoyens qui contribuent à accroître l’accès à la connaissance, nous brisons l’esprit de la loi, nous profanons le temple de la justice.

Aaron Swartz n’était pas un criminel. C’était un citoyen et un soldat courageux dans une guerre qui continue aujourd’hui, une guerre dans laquelle des profiteurs corrompus et vénaux essayent de voler, de profiter, d’assécher notre domaine public au profit de leurs gains privés.

Quand des gens essaient de restreindre l’accès à la loi, ou qu’ils essaient de collecter des droits de péage sur les routes du savoir, ou refusent l’éducation à ceux qui n’ont pas de moyens, c’est eux qui devraient subir le regard sévère d’un procureur outragé.

Ce que le Département de la justice a fait endurer à Aaron pour avoir essayé de rendre notre monde meilleur, ils peuvent vous l’infliger. Notre armée n’est pas réduite à un loup solitaire, elle est forte de milliers de citoyens, beaucoup d’entre vous dans cette pièce, qui se battent pour la justice et le savoir.

J’affirme que nous sommes une armée, et je mesure bien l’usage de ce mot car nous affrontons des personnes qui veulent nous emprisonner pour avoir téléchargé une base de données afin de l’examiner de plus près, nous affrontons des personnes qui croient qu’ils peuvent nous dire ce que nous pouvons lire et ce que nous pouvons dire.

Mais quand je vois notre armée, je vois une armée qui crée au lieu de détruire. Je vois l’armée du Mahatma Gandhi marchant pacifiquement vers la mer pour récolter du sel pour les gens. Je vois l’armée de Martin Luther King marchant pacifiquement mais avec détermination sur Washington pour réclamer ses droits, car le changement ne coule pas de source, il provient de luttes continues.

Quand je vois notre armée, je vois l’armée qui crée de nouvelles opportunités pour les pauvres, une armée qui rend notre société plus juste et plus égalitaire, une armée qui rend le savoir universel.

Quand je vois notre armée, je vois les gens qui ont créé Wikipédia et l’Internet Archive. Je vois ceux qui ont programmé GNU, Apache, BIND et Linux. Je vois ceux qui ont fait l’EFF et les Creative Commons. Je vois les gens qui ont créé notre internet en tant que cadeau au monde.

Quand je vois notre armée, je vois Aaron Swartz et j’ai le cœur brisé. Nous avons vraiment perdu l’un de nos anges gardiens.

J’aimerais que nous puissions changer le passé, mais c’est impossible. Par contre, nous pouvons changer le futur, et nous le devons.

Nous le devons à Aaron, nous nous le devons à nous-mêmes, nous le devons pour rendre notre monde meilleur, en faire un lieu plus humain, un endroit où la justice fonctionne et où l’accès à la connaissance est un droit de l’Homme.

Crédit photo : Open Knowledge Foundation (Creative Commons By)




MakerPlane : quand l’open source prend son envol dans l’aviation

Cette décennie est et sera marquée par le développement tous azimut du matériel libre.

Sera-t-on à terme capable de réellement modifier la donne dans le secteur industriel ?

Difficile à dire aujourd’hui mais rien n’empêche d’essayer, d’explorer, de bidouiller, même dans les secteurs les plus fous comme l’aviation…

MakerPlane

MakerPlane : L’open source prend son envol dans l’aviation

MakerPlane: Open source takes flight in aviation

Ted Brunell – 7 janvier 2013 – OpenSourceWay
(Traduction : tibs, Kenoris, RavageJo, KoS, ehsavoie, goofy, lamessen + anonymous)

J’ai parlé avec John Nicol du projet MakerPlane à propos de leur équipe passionnée de contributeurs des quatres coins du monde qui conçoivent et construisent un ULM biplace complet. Leur objectif est de « créer des avions innovants et de changer la donne dans l’avionique et ses systèmes connexes ainsi que dans les procédés de fabrication ».

Quand avez vous entendu parler de l’open source pour la première fois, et qu’est-ce qui vous a le plus impressionné à propos de celui-ci ?

J’ai évolué dans l’industrie de haute technologie depuis plus de 20 ans, à des postes différents, comme vice-président de la branche ingénierie d’une entreprise cotée au NASDAQ à Fremont (Californie), et PDG de mes propres entreprises en Nouvelle-Zélande et au Canada. J’ai donc été confronté à l’open source depuis un certain temps. J’ai utilisé et développé des logiciels et ressources open source tout au long de ma carrière et je continue à le faire pour un autre projet que je mène actuellement (je ne veux pas vendre la mèche, mais j’espère pouvoir publier des logiciels de modélisation 3D open source l’année prochaine).

Ce qui m’impressionne le plus, c’est qu’une communauté intéressée peut grandir et stimuler l’innovation de manière exponentielle. Elle peut devenir autonome et, dans de bonnes conditions, peut être très prolifique. Ce que je veux dire, c’est que de nouveaux développeurs motivés peuvent toujours prendre le relais et apporter de la fraîcheur au logiciel ou au système en cours de développement. Bien sûr, la communauté est la clé de ce genre de projet et c’est là que tout se joue : l’open source peut survivre en dehors des entreprises et sans la présence de personnalités.


Les principes de l’open source sont désormais tout aussi bien ancrés dans le domaine matériel, et j’ai récemment présenté MakerPlane à l’Open Source Hardware Summit (NdT : Sommet du matériel libre) à New York.

Comment est utilisé l’open source dans le projet MakerPlane ?

Pour résumer, nous fournissons du matériel open source et le logiciel dirigeant l’avion « fait maison ». Ce logiciel est toujours en cours de développement, mais il contiendra un système de visualisation électronique (EFIS), qui est une sorte d’ordinateur de bord qui affiche des informations sur le vol et les moteurs. Il contient également des micrologiciels pour des périphériques comme Android et Arduino.

Le matériel se trouve dans deux domaines principaux : l’avionique et l’avion. Les instruments de bord et l’électronique à l’intérieur de l’avion constituent l’avionique. A ce jour, nous avons 24 plans de matériel avionique open source disponibles en téléchargement dans nos dépôts, pour que tout le monde puisse les construire. La gamme de projets s’élargit en permanence. Pour ce qui est des avions, nous sommes en train de concevoir et de construire notre premier ULM open source (un ULM biplace grandeur nature). Nous cherchons à améliorer le design pour qu’il puisse être construit à la maison, grâce à des machines à commande numérique ou des imprimantes 3D. Avec la démocratisation de celles-ci, et la vague du « fait maison », on profite à la fois de la technologie et du matériel de construction à bas prix, indispensables à ceux qui veulent construire leur propre avion.

Les chiffres que nous avons indiquent que 75% des projets de construction d’avion en kit ou à partir de plans sont abandonnés avant d’être terminés. Les entreprises aéronautiques qui fournissent des kits ou des plans font faillite, laissant à l’abandon de nombreux projets. Notre but est de rassembler le plus possible de plans d’avions open source, avec des notices semblables à celles d’IKEA pour les assembler (enfin, en espérant qu’elles soient plus facile à comprendre que celles d’IKEA !). Ces plans, étant open source, seraient disponibles pour quiconque voudrait y accéder, et pourraient survivre aux fondateurs de MakerPlane.

Les gens ont tendance à s’inquiéter quand je parle d’avion open source. Leur principale préoccupation est le fait que n’importe qui peut venir modifier les plans, les rendant du même coup dangereux. Mais un ingénieur en aéronautique est responsable des plans. Comme pour un logiciel open source, il surveille les modifications et aucune ne sera appliquée sans son accord. Bien sûr, tout le monde peut modifier et personnaliser l’avion à sa convenance, et c’est une des principales qualités de l’open source. Cependant, dans 99% des pays, tout avion doit normalement être inspecté par les autorités aériennes ou leurs représentants, avant de recevoir l’autorisation de décoller. Aux Etats-Unis, c’est le rôle de la Federal Aviation Administration (FAA) (Administration Fédérale de l’Aviation). Ces règles sont élaborées pour assurer la sécurité des pilotes, des passagers, et des populations au sol. Vous devez aussi avoir un brevet de pilote, particulièrement pour la catégorie des avions que nous concevons et fabriquons.

Quels sont les défis avec le projet ?

Le financement est le plus gros défi, comme pour la plupart des sociétés à initiatives open source ! De nombreuses personnes n’imaginent sans doute pas qu’un nombre important de projets open source sont financés par des grosses sociétés. La base des mouvements open source semble être toujours sous-financée et nous ne faisons pas exception. La dimension supplémentaire avec nous, c’est que nous avons besoin d’acheter beaucoup de matériel et d’équipements pour arriver à construire un avion. Nous sommes conscients que pour demander des dons et continuer, nous devons faire des progrès et faire voler l’avion. Or nous ne pouvons pas l’envoyer dans les airs sans argent pour acheter les fournitures, c’est donc en quelque sorte un cercle vicieux.

Les modèles commerciaux pour soutenir les initiatives open source sont de fournir des produits et/ou services qui gravitent autour du produit open source libre. Pour aider à financer notre projet nous avons donc ouvert une boutique en ligne et nous y vendons des pièces et des kits pour l’avionique et finalement pour l’avion. Pour le moment l’ensemble de l’entreprise est financé par mes propres économies et cartes de crédits, c’est comme ça. Cela signifie que la progression est plus lente que je le voudrais étant donné que je ne peux malheureusement pas sortir et acheter les pièces quand je le veux. Je voudrais plus que tout avoir une plus grosse machine à commande numérique et une imprimante 3D, mais nous faisons avec ce que j’ai actuellement. Si nous avions le financement, nous aurions sans doute beaucoup plus avancé.

Quel sera selon vous l’impact de MakerPlane sur le monde ?

L’utilisation de technologies de fabrication à domicile change la façon dont les gens font des choses et la vitesse à laquelle ils le font. Une bonne machine-outil à commande numérique peut être faite ou assemblée à partir de kit pour quelques milliers de dollars et une personne peu qualifiée peut utiliser une machine à commande numérique ou une imprimante 3D pour produire quelques objets très précis et le faire de nombreuses fois. Au lieu de prendre une paire d’années pour faire des pièces d’avion, je devrais être capable de découper les pièces en quelques jours, les assembler et terminer avec un avion complet. Je ne veux plus avoir à faire expédier des pièces par un fabriquant ou un distributeur. Je veux pouvoir faire mes propres kits comme j’en ai besoin. J’aurais juste besoin de télécharger un fichier, charger les matériaux dans la machine et les couper. Les méthodes que nous explorons pour assembler l’avion comprennent des fentes et des languettes, ce qui permet aux pièces de ne se monter que dans un sens et sont auto-équerrés. Il est à espérer que de nombreuses techniques permettant de gagner du temps que nous avons appris grâce à MakerPlane trouveront leur place chez les grands constructeurs d’avions en kit.

Comment peut-on s’impliquer dans MakerPlane ?

Il y a plusieurs manière pour les gens de contribuer à notre ambition de changer le monde de l’aviation ! Voici quelques idées :

  • Rejoignez le forum MakerPlane et participez aux discussions. Dites-nous quelles sont vos compétences et même si vous ne pouvez pas contribuer directement de façon technique, dites simplement « Salut » et dites nous ce que vous aimez ou n’aimez pas sur les designs.
  • Reprenez un projet open source déjà disponible dans le dépôt. De très bons projets ont déjà été envoyés, mais beaucoup ont encore besoin de TLC, de mises à jour, et d’une documentation plus aboutie.
  • Commencez un nouveau projet ! Si vous avez une idée géniale pour quelque chose en rapport avec l’aviation open source et quelques compétences pour l’implémenter, ouvrez un nouveau projet sur le dépôt et allez-y ! Si vous avez déjà du code, ou du matériel que vous avez conçu et construit, alors nous serions ravis de le voir dans le dépôt également.
  • Parlez de MakerPlane à vos amis, qu’ils soient pilotes ou pas. Aimez notre page Facebook, suivez-nous sur Twitter, partagez, envoyez des courriels, ou des vraies lettres ! Faites passer le mot, pour que nous puissions vraiment construire notre communauté.
  • Nous acceptons avec gratitude des dons de pièces détachées, de ressources, et/ou d’argent. Et nous sommes toujours à la recherche de sponsors. Merci beaucoup pour votre aide !

Quel est votre utilisation de l’open source en dehors de votre projet ?

J’utilise quotidiennement OpenOffice pour le travail et Inkscape, Gimp, et Blender de façon plus occasionnelle. J’ai de l’expérience en électronique, donc je m’amuse avec du matériel Arduino open source, et mon téléphone et ma tablette sont bien entendus sous Android. L’open source est partout dans ma vie !

Voir cette vidéo illustrant les étapes de la création d’un prototype de MakerPlane.




Introduction à l’économie contributive – Vidéo de Simon Lincelles (Ars Industrialis)

Le Framablog a pris l’habitude de suivre les travaux de Bernard Stiegler au sein d’Ars Industrialis. Il faut dire que ça n’est pas tous les jours qu’un philosophe affirme que « le logiciel libre peut redonner sens à nos vies » !

Nous vous proposons ci-dessous le réplication d’une vidéo de Simon Lincelles intitulée « Introduction à l’économie contributive » et co-écrit par Bernard Stiegler.

Malgré quelques inexactitudes, nous partageons l’hypothèse que le logiciel libre (et Wikipédia) représentent un espoir et un modèle pour l’avenir de notre économie.

Remarque : cette vidéo (lien direct Vimeo) est le troisième épisode d’une série initiée ici.




L’ado presque comme les autres avec un poster de Tux dans sa chambre

Des dizaines de milliers d’ados s’enregistrent et postent leurs vidéos sur YouTube.

Plus rares sont ceux qui ont un poster de Tux dans leur chambre 😉

Emily - Linux - YouTube

Les jeunes les plus talentueux choisissent le Libre

The most talented youth choose open source tools

Phil Shapiro – 13 décembre 2012 – OpenSource.com
(Traduction : clementd, KoS, Pouhiou, Robin Dupret, ProgVal)

Je suis bibliothécaire, j’aide les gens à utiliser les ordinateurs en libre accès. Après une longue journée de travail, j’aime à me détendre en écoutant quelques vidéos musicales sur YouTube. Grand fan de cet artiste j’ai ainsi entré « Reprise Bob Dylan cette semaine », l’autre jour, dans le moteur de recherche du site

Imaginez ma joie et ma surprise de tomber sur cette vidéo de « Knockin on Heaven’s Door » en multipistes. Mais minute ! Ce ne serait pas un poster du manchot Tux accroché au mur derrière cette jeune musicienne ? Eh si. Mmmh, est-ce que cette affiche a été sciemment placée ici ou est-ce une simple coïncidence ?

Je devais en avoir le cœur net. J’ai alors directement posé la question à la musicienne. Emily Fox me répondit qu’elle était une fan inconditionnelle des logiciels libres ! Elle utilise ainsi OpenShot, un éditeur pour créer la vidéo de sa musique.

Ça me réchauffe le cœur de voir que certains des plus grands talents de la nouvelle génération choisissent des outils libres. L’histoire ne s’arrête pas là, pourtant. L’histoire a une suite…

La semaine dernière, Emily Fox a mis en ligne la vidéo de sa dernière composition appelée « Please, Mr. Snowman » avec ses propres graphismes, simples mais superbes, réalisés avec GIMP ! Si vous aviez des doutes quant à son talent créatif, ces doutes auront peut-être disparu avec cette vidéo. Les voix sont simples et profondes. Les instruments de fond propres et bien équilibrés. Je suis impatient d’écouter les prochaines créations d’Emily et de voir ce qu’elle deviendra plus tard.

Ceci m’a fait penser aux jeunes que je rencontre dans la bibliothèque où je travaille. Certains des plus talentueux sont profondément attachés à l’utilisation des logiciels libres. Un collégien, dont l’aide m’est précieuse, me dit qu’il ne touchera aucun appareil qui utilise des DRM (Digital Rights Management). Je suis pour ma part plus modéré à ce sujet, mais je comprends son point de vue.

Une vague d’amateurs du Libre est-elle en train d’émerger à travers notre système scolaire ? Je dirais que oui. Elle n’est pas énorme, mais elle apporte un grand soutien et une grande promesse à sa diffusion. En dix ans, quelques-uns de ces jeunes créeront de nouvelles entreprises ou seront des artistes de renommée mondiale. Dans vingt ans, certains seront nos élus. Pour que cela dure, nous devons continuer nos efforts pour promouvoir le mouvement du Libre.

Et vous, par quelles petites choses allez-vous faire avancer le Libre ces jours-ci ?




Sauvons des chatons avec April, Framasoft et Quadrature ! #PackLiberte 2

Châtons-nous de sauver internet ! En décembre, l’April, Framasoft et La Quadrature du Net lancent une nouvelle campagne commune de soutien : Pack Liberté 2.

Pack Liberté - BadgeCe qui se joue actuellement est vraiment fondamental.

Internet et son esprit libre, ils ne l’ont pas vu venir. Ils n’y ont rien compris au début. Ça n’était pas sérieux, pas vraiment monétisable. Ça ne les intéressait pour ainsi dire pas, alors ils nous ont laissés tranquillement jouer avec.

Et les chatons ont pu s’épanouir, libres et heureux…

Or aujourd’hui la menace plane. Ils n’ont pas forcément mieux compris mais ont cependant compris que ça ne leur convient pas et sont en train de tout faire pour lui mettre une muselière.

Mettre une muselière à un chaton, quelle drôle d’idée ! Ça ne peut fonctionner ! Et pourtant ils s’entêtent et les chatons se retrouvent en grand danger.

C’est autour de cette symbolique que l’April, Framasoft et La Quadrature du Net vous proposent de les soutenir durant tout le mois de décembre. Il y a un message fort à travailler ainsi en synergie. Il y a surtout une urgence à poursuivre notre travail de promotion et de défense du logiciel libre ainsi que le respect des droits et libertés du citoyen sur internet.

Nous vous savons très sollicités, qui plus est dans un contexte économique difficile. Mais soit vous avez fixé votre calendrier sur celui des Mayas, et alors c’est le bon moment pour aborder la fin du monde les poches plus légères. Soit vous pensez qu’il y a une vie après le 21 décembre et ça vaut le coup de faire en sorte qu’ensemble elle soit la plus libre possible…

Et dans les deux cas mieux vaut être accompagné d’un adorable chaton qui ainsi sauvé vous en sera éternellement reconnaissant.

Merci de votre confiance et de votre soutien,

Alexis Kauffmann (pour Framasoft)

-> Pack Liberté 2

Alexis Kauffmann - Pack Liberté - Chaton




Entretien avec Sésamath : au revoir Flash, bonjour HTML5, JavaScript (et LaTeX)

L’association Sésamath existe depuis 10 ans maintenant.

10 ans de projets au service des mathématiques dans l’éducation. 10 ans également, et par effet de bord, au service du logiciel libre, de par les choix des outils et des licences adoptées ainsi que la manière toute collaborative de travailler.

Avoir, entre autres, réussi à couvrir tout le collège avec des manuels scolaires libres qui représentent aujourd’hui près de 20% du marché, ça n’est pas rien ! (et c’est même du jamais vu au niveau mondial !)

L’occasion de faire le point avec Sébastien Hache, salarié et co-fondateur de l’association, qui nous annonce de bien bonnes et libres nouvelles.

Sésamath - Flyer

En quelques mots, comment se porte Sésamath ?

Sébastien Hache : Sésamath se porte plutôt bien. L’envie et la passion sont toujours là, depuis maintenant plus de 10 ans. De nouveaux membres viennent régulièrement renforcer une équipe globalement stable et de plus en plus expérimentée. La grosse difficulté est de parvenir à maintenir les ressources existantes (de plus en plus utilisées : plus d’un million d’élèves inscrits à Labomep par exemple l’an dernier) tout en continuant à faire évoluer les outils et à élargir le champ : c’est un défi compliqué mais c’est aussi passionnant.

Que pensez-vous de la récente circulaire sur l’usage du logiciel libre dans l’administration ?

Nous pensons que c’est une très bonne chose et que cela constitue un bon élément d’appui pour tous ceux qui veulent promouvoir les ressources et logiciels libres dans l’enseignement.

Que pensez-vous de l’opération Open TextBook de l’État californien ?

Plus il y aura de ressources éducatives libres et ouvertes, et mieux ce sera !

Que pensez-vous de la récente introduction de l’option Informatique et Sciences du Numérique en Terminale S ? Pensez-vous vous y impliquer de près ou de loin ?

Sesamath a fait le choix de ne pas se positionner sur des sujets autres que ceux inscrits dans ses statuts. Les objectifs de Sesamath nous occupent déjà largement.

Alors, justement, Sésamath a annoncé des nouveaux projets au lycée et dans le primaire. Peux-tu nous en dire plus ?

Pour l’instant, l’essentiel des projets de Sésamath se concentrait sur le collège, même si depuis longtemps, en particulier au niveau des liaisons inter-cycles, des ressources collège étaient utilisées en CM2 ou en seconde. C’est donc assez naturellement que nous avons lancé des appels (toujours en vigueur pour ceux que ça intéresse) dans ces deux directions pour amorcer des projets éditoriaux. En effet, l’expérience de Sésamath au collège a montré que le travail collaboratif autour d’ouvrages destinés à être publiés sur papier (même s’ils ont nativement une version numérique) était un bon catalyseur pour créer ensuite d’autres ressources numériques : un peu comme si l’ouvrage éditorialisé servait de fil conducteur pour tout le reste. Paradoxalement, le papier est aussi une bonne façon de faire connaître le numérique.

En CM2, une équipe composée de professeurs des écoles et de professeurs de collège travaille actuellement à un cahier d’exercices sur le modèle des cahiers d’exercices de collège (afin d’avoir une continuité dans la ressource). Ce cahier est destiné à être sous licence libre (CC By-Sa) : pour l’instant, durant la phase de conception, seuls les enseignants inscrits à Sésaprof peuvent y avoir accès mais quand il sera achevé (début 2013) il sera intégralement téléchargeable pour tous aux formats ODT et PDF. En même temps, nous concevons le cahier numérique associé. Une autre équipe construit en parallèle le futur manuel Sésamath 6e, qui est très largement modifié par rapport au précédent en partie justement pour tenir compte de la liaison.

En seconde, une équipe composée de professeurs de collège et de lycée travaille sur un manuel complet. Ce manuel est écrit en LaTex. Il sera de la même façon publié sous licence libre et accompagné d’un manuel numérique gratuit. Le premier chapitre sera très prochainement mis en ligne. Beaucoup de lecteurs de ce blog seront heureux de voir que Sésamath produit collaborativement un ouvrage en Latex (c’était déjà le cas pour un ouvrage d’exercices en classes préparatoires) !

Pour résumer, nous travaillons cette année sur 3 ouvrages en même temps. C’est possible grâce à l’expérience de l’association et de ses membres sur la création collaborative de manuels scolaire (organisation, outils…), mais aussi les licences libres et les formats ouverts qui permettent ce mode de création et motive les auteurs.

En parlant de format ouvert, il se dit que Sésamath est en train d’abandonner Flash. Qu’en est-il ?

Effectivement, une grande partie des ressources interactives de Sésamath (dont l’exerciseur Mathenpoche) a été développé en Flash. Il y a déjà eu pas mal de discussions sur ce point : avec le recul, il n’y a sans doute rien à regretter, mais on se rend compte actuellement que cela nous mène à une impasse. Avant d’être technique, l’impasse est d’abord collaborative : nous n’avons pas réussi à former suffisamment d’enseignants à la programmation en Flash et nous nous sommes coupés d’une communauté de développeurs dont nous avons grand besoin aujourd’hui.

C’est pourquoi, Sésamath s’est donné les moyens, depuis plus d’un an maintenant, de créer un nouveau modèle d’activités intéractives : Il s’agit du projet J3P basé sur les technologies web modernes (html5/javascript). D’une certaine façon, Sésamath a terminé sa mue complète vers le libre (je me permets de remercier tous ceux qui ont contribué à ça, de façon souvent très intelligente et patiente, et parmi ceux-là évidemment toute l’équipe de Framasoft). Mais l’intérêt de J3P ne réside pas que dans son format : il ouvre aussi des pistes importantes du point de vue pédagogique. L’idée est de pouvoir créer des ressources de plus en plus adaptées aux difficultés de chaque élève en leur proposant des exercices où les réponses qu’ils donnent conditionnent les questions suivantes, pour tenter de s’adapter à la nature de leurs difficultés éventuelles.

Le projet J3P veut donc offrir aux enseignants un moyen de concevoir de tels exercices. L’enseignant pourra construire ou paramétrer le graphe de chaque exercice. Ce graphe décrit, suivant les réponses de l’élève à chaque étape, les différents parcours possibles parmi les sections qui composent l’exercice. Le projet J3P est sous licence GPL.

Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues (ne pas hésiter à nous contacter.

Crédit illustration : Brochure Sésamath




La libre magie de Marco Tempest

Avant toute chose, prenez cinq minutes de votre temps pour regarder cette vidéo d’une conférence TED de Marco Tempest.

Cela vous donnera envie de lire la suite 🙂

Vince Kmeron - CC by-nc-nd

La magie open source

Open source magic

Lori Mehen -16 janvier 2012 – OpenSource.com
(Traduction : ehsavoie, Ag3m, ordiclic, lgodard, Gagea)

« La magie est le seul métier honnête. Un magicien promet de vous mentir, et il le fait. » — Karl Germain

La magie a toujours été l’art de créer des illusions et de garder le secret de leur réalisation. Si le secret est révélé, l’émerveillement disparaît à jamais. Le secret préserve le mystère. Milbourne Christopher, dans le livre Magic: A Picture History, dit : « Le mystère est le premier attrait de la magie. Une fois que les secrets sont divulgués, le magicien se transforme en un simple manipulateur, un acteur dans une histoire à suspens qui a peu d’intérêt car les spectateurs en connaissent la fin à l’avance ».

Les grands magiciens ont compris que nos esprits sont paresseux, que nos cerveaux se bornent à tester des schémas préexistants, et que les grands gestes masquent les petits.

Mais avec les avancées technologiques d’aujourd’hui, les gens ont la possibilité de découvrir plus facilement les secrets de la magie. On peut ainsi enregistrer un numéro d’un magicien, revoir la vidéo, faire un ralenti, et découvrir comment ça marche. Pour chacun des magiciens sur Youtube aujourd’hui, vous verrez de nombreux commentaires proclamant « Je sais comment il a fait ça ».

Mais alors, comment la magie évolue et innove ? Avec de l’open source, bien sûr !

Marco Tempest, un magicien Suisse vivant à New York, considère parfois son travail comme de la « magie open source ». Il dévoile ses secrets, communique et collabore avec son public en ligne, demande son avis, et partage son travail avec la communauté.

Tempest est un techno-illusionniste qui adore les gadgets et les logiciels. Les illusions de Tempest utilisent la réalité augmentée, la robotique, des logiciels et des écrans, combinés avec les trucs et astuces traditionnels de magie. Sa démarche est décrite comme de la « magie continue » (NdT : sustained magic). Wired explique: « Au lieu d’y avoir une révélation au cours de laquelle, par exemple, la bonne carte est dévoilée, c’est une expérience magique continue ».

Les expériences de Tempest sont suspendues entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Par exemple, Wired écrit : « Dans son tour de projection sur écran, des balles semblent se déplacer entre le monde réel et le monde virtuel. La magie traditionnelle est présente et imbriquée au sein de ses spectacles – mais sans être annoncée. Quand le public n’est plus vraiment sûr (était-ce un tour de magie ou une manipulation de l’ordinateur ?) c’est que ça fonctionne ».

Tempest est également totalement transparent. Une série de tours implique uniquement la caméra de son téléphone – les illusions ne requièrent aucune retouche vidéo ni post-production. Plus tard, il révèle dans d’autres vidéos comment cela a été fait. Et pourtant, il continue d’émerveiller.

Sur les réseaux sociaux, Tempest échange avec ses spectateurs et obtient des retours. Quand il utilise leurs idées, il les crédite dans son travail.

Tempest ne se contente pas de révéler ses secrets, il partage la technologie qu’il crée pour faire ses illusions. Il dit que « comme en sciences, si nous partageons notre savoir et nos recherches, alors la magie progressera plus vite ».

Pour son tour sur l’iPhone, Marco a collaboré avec des personnes de la communauté open source pour créer un logiciel, appellé MultiVid, qui synchronise une vidéo à travers plusieurs écrans. Puis il a rendu ce logiciel librement disponible pour que d’autres artistes puissent le télécharger depuis l’AppStore.

La démarche de Marco révèle une magie plus interactive, inclusive et ouverte. Marco veut atteindre son public et l’impliquer. Il dit que « la magie, c’est construire une relation avec son public, et cette approche atteint pleinement cet objectif ».

Quelques-unes des illusions de Tempest

  • Les trois iPods Utilisant la vidéo et les glissements de la main sur trois iPods, Tempest raconte l’histoire de la supercherie.
  • Illusion de la caméra du téléphone Tempest va dans les rues pour faire des illusions filmées avec la caméra de son téléphone.
  • L’ardoise magique Une carte projetée et la détection de la position ramène des personnages dessinés à la vie.

Crédit photo : Vince Kmeron (Creative Commons By-Nc-Nd)




Créer et maintenir les lois comme les logiciels libres sur GitHub ou Wikipédia ?

Lorsque vous parcourez un article de l’encyclopédie libre Wikipédia, vous pouvez bien évidemment le lire, mais aussi écrire (le fameux bouton « Modifier ») et consulter tout son historique, sans oublier converser autour avec les autres contributeurs (lien « Discussion »). Il en va de même avec tout logiciel libre déposé sur une plateforme collaborative comme celle de GitHub par exemple (dont l’approche et les fonctionnalités sociales ont donné un coup de vieux à Sourceforge).

Il y a là une manière bien spécifique de fonctionner et une invitation à s’impliquer.

Dans la mesure ou Wikipédia ou GNU/Linux sont d’incontestables réussites, l’un des plus célèbres penseurs du Net, Clay Shirky, s’est récemment demandé, au cours d’une brillante intervention TED, si on ne pouvait pas fortement s’en inspirer pour faire évoluer la politique en générale et l’élaboration de nos lois en particulier.

Ce que l’on pourrait résumer également ainsi : est-ce que le logiciel libre a des choses à dire, voire à enseigner, à la démocratie ?

Fabricio Zuardi - CC by

Peut-on améliorer la politique avec les outils du logiciel libre ?

Could we use open-source tools to improve politics?

Mathew Ingram – 29 septembre 2012 – Gigaom.com
(Traduction : Lamessen, Barbidule, Evpok, David, peupleLa)

Les principes du logiciel libre ont contribué à créer de nombreux logiciels efficients et utiles, y compris le système d’exploitation GNU/Linux et la surpuissante ressource que représente Wikipédia. Cette même approche pourrait-elle être utilisée pour ouvrir le processus de création des lois ? Clay Shirky assure que c’est possible.

La philosophie du logiciel libre a permis entre autres de construire un système d’exploitation et une encyclopédie collaborative de grande qualité. Pourrait-on en faire de même avec la législation et la politique ? C’est ce que le théoricien de la communication Clay Shirky a proposé dans une récente et remarquée conférence TED (Technologie Entertainment Design) à Edimbourg. L’idée est alléchante, employer les méthodes de GNU/Linux et Wikipédia pour rendre les gouvernements plus ouverts et impliquer davantage les concitoyens, mais est-ce véritablement transposable ? L’écriture de logiciels et de services Web est très différente de celle des lois, et l’histoire du logiciel libre a connu son lot de guerres quasi-religieuses. Mais c’est peut-être notre meilleur espoir.

Après avoir fait une sorte de tour d’horizon du mouvement open source, en accordant la part belle à GNU/Linux, Shirky a consacré une grande partie de son discours à Github, plateforme collaborative et sociale de dépôt de logiciels qui permet à n’importe qui d’éditer, de « forker » en créant sa propre version, et de suivre les changement que font les autres. De GitHub à l’idée de législation collaborative, il n’y a qu’un pas. Et c’est ce que Shirky semble avoir à l’esprit. Il y a déjà eu quelques tentatives de réalisation directement via GitHub. Ainsi un développeur allemand a, par exemple, déposé l’intégralité des lois allemandes sur la plateforme. De cette façon, les citoyens peuvent recommander et suivre les changements.

C’est séduisant sur le papier : une simple plateforme logicielle dédiée à la collaboration pourrait changer la façon dont on développe et met en oeuvre les lois. Mais est-ce réaliste ?

Beaucoup de sceptiques disaient au départ que Wikipédia n’avait aucune chance de marcher. Pourtant elle est bel et bien là et sa réputation et fiabilité sont excellentes, malgré quelques ratés comme l’incident récent impliquant l’auteur Philip Roth. Il est vrai cependant que de nombreux critiques pensent que la « cabale » des éditeurs qui contrôlent l’encyclopédie collaborative a trop de pouvoir.

Force est de reconnaître que le fonctionnement des gouvernements reste de toutes les façons trop opaque à l’ère d’Internet, et donc que Github ne peut pas faire empirer les choses. D’ailleurs Shirky n’est pas le seul à le penser : le développeur Abe Voelker a proposé un « Github pour lois » qui propose exactement la même approche pour concevoir des lois collaborativement. D’autres expériences basées sur ces mêmes idées d’ouverture ont déjà eu lieu en Finlande, Irlande et surtout en Islande avec la rédaction collective de sa nouvelle Constitution (NdT : lire à ce sujet L’Islande, la crise, la révolution et moi et on notera en France l’initiative d’Étienne Chouard avec sa Constitution nationale d’origine citoyenne sur un wiki).

Un des problèmes posés par la transposition d’une solution technique comme Github à un processus culturel et politique de grande ampleur, c’est que créer des lois, même mineures, est très différent de bidouiller un bout de code afin que GNU/Linux puisse reproduire les styles de polices de caractères Windows, ou encore modifier l’article sur George Bush dans Wikipédia (sachant que ces deux exemples en apparence inoffensifs ont donné lieu à de vives polémiques au sein de leur communauté respective). Comment peut-on dès lors espérer que des politiciens puissent, dans les faits, se servir d’un processus similaire pour changer la manière dont fonctionne le gouvernement, le parlement et ses lois ? Comme le suggère Shirky dans sa conférence, il y a une bureaucratie bien installée qui n’a probablement aucun intérêt à renoncer à ce contrôle au profit du bon peuple.

Dans son livre « Here comes Everybody », Shirky a montré l’impact positif d’Internet sur la dynamiques des groupes. Son admiration pour Github semble prendre place dans une recherche d’outils collaboratifs et ouverts axée sur l’humain. Il est clair que nous en avons besoin, et même si Github n’est peut-être pas la bonne réponse, à ce stade, tout peut valoir la peine d’être tenté.

Crédit photo : Fabricio Zuardi (Creative Commons By)