L’académie en ligne ou la fausse modernité de l’Éducation nationale

Dustpuppy - CC byUne formidable occasion manquée pour notre cher ministère de l’Éducation nationale de se rapprocher de la culture des biens communs ? C’est l’hypothèse développée dans ce billet. Et c’est d’autant plus dommage et frustrant que tout semblait réuni pour que la rencontre ait bel et bien lieu.

Cet épisode révélateur vient clore une nouvelle année plus que fade pour le logiciel libre et son état d’esprit à l’école, puisque, à notre connaissance, pas une mesure sérieuse d’envergure a été officiellement prise en sa faveur, au cours de l’exercice 2008/2009 (on aura ainsi attendu en vain l’équivalent d’un rapport Becta de chez nous).

Logiciels, formats, et surtout, comme nous le verrons plus bas, ressources devront encore patienter pour s’engager pleinement sur le chemin de la liberté. Malgré les efforts de nombreuses personnes, la rue de Grenelle a tranché : c’est une fois de plus le redoublement !

Un projet ambitieux : l’académie en ligne

Comme souvent, il y a au départ une louable intention répondant à un réel besoin avec ce projet d’académie en ligne, inauguré officiellement le 19 juin dernier par l’ex-ministre Xavier Darcos.

L’académie en ligne est un site de ressources gratuites proposés par le CNED pour aider les jeunes dans leur scolarité et permettre aux parents de mieux les accompagner sur la voie de la réussite.

L’académie en ligne doit mettre à la disposition de tous l’intégralité des contenus d’enseignement des programmes de la scolarité obligatoire. Les cours d’école primaire seront en ligne à partir du 15 septembre et ceux de collège et lycée à partir de fin octobre.

Dès à présent, il propose des cours d’été, aux élèves du C.P. à la terminale, pour réviser les notions essentielles de l’année écoulée et préparer la rentrée.

De nombreuses séquences s’appuient sur des documents audio, iconographiques ou des activités interactives. On peut y accéder par matière, par classe ou par mot-clé grâce à un moteur de recherche.

Excellente et exaltante idée que de vouloir ainsi « mettre à la disposition de tous l’intégralité des contenus d’enseignement ».

Voilà qui sera d’une grande utilité non seulement aux élèves mais aussi à tous ceux qui sont un peu curieux de que l’on apprend à l’école (et parmi les effets secondaires positifs, on en profitera au passage pour réduire l’influence croissante et lucrative du parascolaire privé sur le temps non scolaire).

Visite surprise du site : le fond

Intrigué, je me suis donc rendu sur le site en question. Mon propos n’est pas ici d’en évaluer dans le détail la qualité et la pertinence pédagogique. Mais permettez-moi néanmoins au passage de donner un rapide et humble avis sur ce que je connais un peu, à savoir les mathématiques du secondaire.

Pour le collège on a visiblement découpé en rondelles PDF une sorte de cahiers d’activités (toujours sur le même moule : « je me souviens, je retiens, je m’exerce, je relève un défi »). La correction des exercices est à télécharger séparément.

Pour le lycée, c’est plus solide mais c’est un peu comme si on avait saucissonné, toujours uniquement en PDF, un semblant de manuel scolaire cette fois. On a le cours et des exercices d’application corrigés. Pas très moderne, didactiquement parlant. Si l’élève[1] a eu la bonne idée de conserver son propre manuel de l’année écoulée, autant travailler sur ce dernier, ces documents en ligne n’apportant a priori pas grand chose de plus (il économisera de l’encre et du papier qui plus est).

J’ai jeté également un œil (non avisé) sur les mathématiques du primaire. Ce n’est plus du PDF mais des animations au format Flash qui sont proposées. Ça bouge, ça parle et il y a de jolies couleurs, mais c’est toujours la même et lancinante structure : une première partie où l’on écoute passivement une petite explication et une seconde partie avec des exercices pseudo-interactifs où a la première erreur on nous dit systématiquement : « tu t’es trompé, recommence ! » et à la deuxième : « tu t’es trompé regarde bien la solution ! ».

Au final, tout ceci a le mérite d’exister mais c’est tout de même « un poil » décevant (mettez-vous à la place d’un élève qui débarque sur le site en souhaitant réviser en toute autonomie). C’est comme si le CNED avait mis en ligne des documents préexistants qu’il distribue j’imagine pendant l’année à ses élèves. Il n’y a visiblement pas eu de réflexion sur le spécificité des cours d’été, cette période particulière où l’on se trouve entre deux niveaux.

Visite surprise du site : la forme

J’ai balayé quelques pages du reste du contenu. Il m’a semblé que l’on retrouvait peu ou prou le même modèle pour les autres disciplines.

La seule nouveauté repérée concernait la présence de ressources audios pour les langues (anglais et espagnol), qui étaient elles-aussi mises à disposition au format Flash. Du format audio (le mp3 en l’occurrence) encapsulé dans du format Flash, impossible donc de télécharger ces séquences sonores (« Hello my name is John, repeat after me ») pour les écouter sur la plage dans son iPod.

Nous n’avons donc que deux formats, le PDF et le Flash. Le premier est un format ouvert quand l’autre ne l’est pas, mais ce que l’on peut surtout faire remarquer c’est que ce sont des formats qui ne permettent généralement pas les modifications. En effet, si vous voulez mettre à jour un fichier PDF, vous devez disposer du format natif qui a généré votre PDF (par exemple le traitement de texte Word de MS Office ou, mieux, Writer d’OpenOffice.org). Par analogie avec les logiciels, on pourrait dire que le fichier traitement de texte est le fichier source tandis que le fichier PDF est le fichier compilé (idem avec le Flash dont tout changement demande la présence des sources au format .fla). Sur l’académie en ligne ces fichiers d’origine sont absents. Les ressources mises à disposition sont pour ainsi dire « figées dans la vitrine ».

Dernière remarque. Les pages du site sont au format ASPX caractéristiques de la technologie Web de Microsoft. Ce ne sont pourtant pas les solutions libres qui manquent aujourd’hui pour construire des sites de qualité. Je ne pense pas que ce soit lié mais on peut aussi faire observer en passant que l’ergonomie générale du site laisse lui aussi pour le moment à désirer.

Visite surprise du site : la législation en vigueur

Il n’est techniquement pas possible de modifier les fichiers proposés ou d’embarquer les sons sur son baladeur. Mais, ceci expliquant sûrement cela, il est surtout juridiquement impossible de le faire.

Les mentions légales (et plus particulièrement son paragraphe 3 « Propriété intellectuelle ») sont en effet très contraignantes, et malheureusement révélatrices du climat ambiant.

D’ailleurs je viens déjà de me mettre en infraction à cause du lien ci-dessus ne pointant pas sur la page d’accueil du site !

Premier extrait (c’est moi qui souligne) :

Le site autorise, sans autorisation préalable, la mise en place de liens hypertextes pointant vers la page d’accueil du site Internet.

Tout lien vers une page autre que la page d’accueil du site Internet est strictement interdit sans l’accord préalable du Cned. Même en cas d’accord du Cned, Il est strictement interdit d’imbriquer les pages du site à l’intérieur des pages d’un autre site. Les pages du site doivent être visibles par l’ouverture d’une fenêtre indépendante.

Les sites qui font le choix de pointer vers ce site engagent leur responsabilité dès lors qu’ils porteraient atteinte à l’image du site public ou de la marque Cned.

Thierry Stoehr et Benoit Sibaud apprécieront cette interdiction de liaison (pourtant ontologiquement indissociable du Web).

Mais, plus fort encore, deuxième extrait concernant les cours proprement dits :

L’ensemble des cours figurant sur ce site sont la propriété du Cned.

Les images et textes intégrés à ces cours sont la propriété de leurs auteurs et/ou ayants-droits respectifs.

Tous ces éléments font l’objet d’une protection par les dispositions du code français de la propriété intellectuelle ainsi que par les conventions internationales en vigueur.

La consultation et le téléchargement des cours n’opèrent aucun transfert de droit de propriété intellectuelle sur ceux-ci. Ils ne sont permis que dans le strict respect des conditions suivantes :

Vous ne pouvez utiliser ces contenus qu’a des fins strictement personnelles. Toute reproduction, utilisation collective à quelque titre que ce soit, tout usage commercial, ou toute mise à disposition de tiers d’un cours ou d’une œuvre intégrée à ceux-ci sont strictement interdits.

Il est interdit de supprimer ou de tenter de supprimer les procédés techniques de protection des cours et des contenus intégrés (filigranes, blocages de sélections notamment).

Il est interdit d’extraire ou de tenter d’extraire une œuvre reproduite dans un cours et de l’utiliser à d’autres fins que celle d’illustration du cours auxquels elle est intégrée.

Le non respect de ces conditions vous expose à des poursuites judiciaires pour contrefaçon conformément aux articles L 335-2 et suivi du code de la propriété intellectuelle. Ces actes sont punis de 3 ans de prison et 300 000 euros d’amende.

Vous avez bien lu. Pour rappel nous sommes sur un service public d’éducation.

Si je partage je m’expose donc alors à des sanctions pour le moins disproportionnées. Cela ne vous rappelle rien ? Hadopi bien sûr, à la différence prêt que l’école est le lieu même de la transmission et que les auteurs des ressources sont des fonctionnaires de l’état français qui ne sont généralement pas payés (plusieurs fois) sur leurs droits d’auteur mais (une fois) sur leur salaire provenant de nos impôts.

Je suis enseignant et je souhaite distribuer ces ressources à mes élèves ? Interdiction. Je souhaite les adapter à mes besoins et (re)déposer ce travail dans le pot commun ? Interdiction. Je suis animateur dans un Espace public numérique ou dans un réseau d’éducation populaire et souhaite en faire profiter collectivement mon public ? Interdiction. Je suis un élève et souhaite distribuer les ressources à mes camarades qui n’ont pas accès à Internet ? Interdiction. La liste est longue et non exhaustive…

Ces mentions légales étaient-elles forcément les plus adaptées à la situation et à l’objectif fièrement affiché ? Rien n’est moins sûr. N’y aurait-il pas une certaine légitimité à les remettre en question, ou tout du moins à se poser quelques questions ?

Quelques ombres planent : 1. L’alternative Sésamath et les associations d’enseignants

Il est dès lors difficile d’évoquer ce projet sans penser en arrière-plan à l’association de professeurs Sésamath (que les lecteurs du Framablog connaissent bien désormais). Quand bien même elle ne concerne que le champ des mathématiques, la comparaison est en effet riche d’enseignements.

Sur la forme, les ressources mises à disposition par Sésamath sont elles aussi principalement proposées au format PDF et Flash, à ceci près que les sources sont également présentes. Et c’est loin d’être un détail parce que c’est la conséquence directe de la plus grande différence de départ entre cette académie en ligne et les travaux de l’association : la licence des ressources.

Fermée pour l’académie mais ouverte pour Sésamath, qu’il s’agisse de la GNU FDL (pour les manuels et les cahiers) ou de la GPL pour les logiciels (dont le fameux Mathenpoche). Avec un tel choix de licences libres, toutes les interdictions mentionnées précédemment sont levées !

Mais peut-être plus important encore,le fond, c’est-à-dire la qualité des documents. Ce n’est pas parce qu’une structure accole du jour au lendemain une licence libre à ses travaux que ces derniers vont, tel un coup de baguette magique, gagner en qualité. Il y a bien entendu des facteurs autrement plus importants qui entrent en ligne de compte. Il n’empêche que cela participe à la création d’un terreau fertile à l’épanouissement des ressources. La licence libre donne confiance, induit la circulation, la collaboration et donc a priori l’amélioration (je peux copier, modifier et reverser en toute liberté dans le pot commun sans que quiconque puisse un jour refermer le couvercle). Le projet peut échouer bien entendu, mais on lui aura ainsi facilité en amont ses chances de réussite. Réussite qui a bien eu lieu ici avec Sésamath, où qualité, mais aussi quantité, réalisées à plusieurs mains sont au rendez-vous.

Je souhaite cet été que mon gamin, futur lycéen, révise le théorème de Thalès vu en troisième ? Sur l’académie en ligne vous avez droit à votre unique fiche d’activité PDF à imprimer (Internet ne sert donc à rien d’autre ici qu’à stocker la ressource). Sur Sésamath par contre c’est un autre son de cloche. Vous avez plus d’une centaine de questions interactives via Mathenpoche, accompagnées si vous le désirez par les exercices du cahier correspondant (exemple), ainsi que le chapitre complet du manuel libre du niveau considéré. Mais il y a mieux, avec leur nouveau projet Kidimath, tout (et plus encore : rappels de quatrième, annales du Brevet, QCM…) est regroupé dans une seule et même interface spécialement conçue pour le travail de l’élève hors du temps scolaire ! Allez-y, cliquez sur 3ème puis Thalès, et vous serez bluffé par la qualité et la quantité du contenu proposé (et optimisé pour Internet). Et il en va de ce chapitre particulier comme de tous les autres chapitres de tous les niveaux du collège !

D’où évidemment la question suivante : mais pourquoi diable le ministère n’a-t-il pas fait appel à Sésamath pour collaborer sur la partie mathématique de l’académie en ligne ? Quel intérêt de laisser le CNED proposer seul dans son coin ces maigres ressources alors que l’on possède en son sein des enseignants aussi productifs ayant une solide expérience du « travailler ensemble » ?

Je n’ai pas la réponse à ce qui, vu de l’extérieur, est un pur mystère, voire un beau gaspillage d’énergie (cf le syndrome Not Invented Here). Tout au plus peut-on supputer que c’est lié à une question de gouvernance : une décision qui se prend seule en haut en désignant un unique interlocuteur bien identifié en bas pour exécuter la tâche (en l’occurrence le CNED). Peut-être aussi que l’absence de volonté de mettre en avant le logiciel libre à l’école ne favorise pas chez nos élites l’appropriation de sa culture, ses valeurs… dont la collaboration est l’un des piliers. L’Éducation nationale est une cathédrale et non un réseau social (et encore moins une communauté).

Toujours est-il qu’il y a tout de même un élément de réponse simple à la question. Tant que les mentions légales du projet d’académie en ligne resteront en l’état, il ne sera pas possible à un Sésamath de s’impliquer, pour la bonne raison que les licences sont totalement incompatibles.

Et n’allez pas croire que Sésamath est seul à bord du navire. Il en est certes à la proue mais derrière lui d’autres associations d’enseignants sont elles-aussi très actives et productives. Je pense notamment à Weblettres ou les Clionautes, qui respectivement en français et en histoire et géographie, font référence parmi les collègues. D’ailleurs ces trois association sont en partenariat autour du projet CapBrevet et on fait l’objet d’une sérieuse étude dans le n° 65 des Dossiers de l’ingénierie éducative consacré justement au travail collaboratif. Lecture chaudement recommandée, quand bien même on occulte un peu la question pourtant primordiale des licences, qui différencie, mais pour combien de temps encore, Sésamath de ses deux partenaires.

En tout cas, cela fait déjà pas mal de monde qui aurait pu participer au projet en le bonifiant de son savoir-faire. Ne nous privons pas de nos talents, conjuguons-les pour le plus grand bénéfices de nos élèves !

Quelques ombres planent : 2. Les éditeurs scolaires

Une autre éventuelle piste de réponse à la question précédente peut être recherchée du côté des éditeurs scolaires. J’avoue humblement être très peu au fait des relations entre ces éditeurs et le ministère, mais il y a fort à parier qu’on a voulu un tant soit peu les ménager ici.

Imaginez en effet la mise à disposition sous licence libre de ressources pédagogiques en collaboration réelle avec les enseignants et leurs associations, ouvertement accessibles sur des forges spécialement dédiées, pour toutes les disciplines et pour tous les niveaux ! Nul doute que cela finirait par impacter fortement le marché de l’édition scolaire (en fait cela irait beaucoup plus loin en impactant directement et durablement la manière même dont les enseignants, et même les élèves, travaillent).

Une telle éventualité signifierait à terme ni plus ni moins que la mort lente mais annoncée du système actuel. L’industrie du disque et leurs CD pressés ont, semble-t-il, aujourd’hui quelques « menus problèmes » avec l’avènement du numérique. Les éditeurs scolaires et leurs manuels scolaires imprimés auront à n’en pas douter des difficultés similaires demain. On connait l’histoire : soit on se rétracte en défendant le plus longtemps possible des positions et habitudes hérités du siècle dernier, soit on s’adapte en créant de nouveaux modèles et en associant étroitement ici les fans de musique et là les enseignants.

Mais ne prenons aucun risque et épargnons-nous cette crise potentielle. D’abord parce que ces ressources sont donc sous licence non libre (on pourrait dire « propriétaires » dans le langage des logiciels) mais aussi parce que, autant appeler un chat un chat, elles sont en l’état de piètre qualité. C’est à prendre tel quel ou à laisser, nous dit la licence. Et la piètre qualité achève notre choix. Le privé conserve son avantage, l’été sera chaud mais non incandescent.

On notera cependant qu’il n’y a pas que les éditeurs privés qui soient concernés. Une structure comme le CNDP dont le budget dépend pour beaucoup des ventes de son catalogue pédagogique (où à ma connaissance rien ou presque n’a encore été mis sous licence libre) peut également se voir contrariée voire contestée dans sa manière de fonctionner. Idem pour les traditionnels partenaires culturels de l’Éducation nationale. Pour le moment feignons de croire que le copyleft n’existe pas et qu’il n’y a de ressources que les ressources fermées soumises aux droits d’auteur d’avant l’Internet. Et rassurons les partenaires en payant plusieurs fois et pour des durées limitées l’accès à ces ressources.

Quelques ombres planent : 3. Le boum des ressources éducatives libres

Licences fermées, professeurs peu impliqués et éditeurs confortés dans leur immobilisme… tout ceci ne devrait pas tenir longtemps parce que par delà nos frontières c’est la pleine effervescence autour de ce que l’on appelle les ressources éducatives libres. Et c’est bien plus qu’une ombre qui plane, c’est une véritable mutation qui s’annonce.

De quoi s’agit-il exactement ? En creux (académie en ligne) ou en plein (Sésamath), nous en parlons en fait implicitement depuis le début de cet article. Difficile pour l’heure d’en donner une définition précise, tant le concept est nouveau et en mouvement, mais on peut voir ces ressources éducatives libres comme une tentative de transposition des principes fondamentaux du logiciel libre. Usage, copie, modification et distribution (sans entrave et sans discrimination), ces principes garantissent un certain nombre de libertés aux utilisateurs tout en favorisant l’échange, le partage et l’amélioration collective du logiciel. Cela présuppose que le logiciel soit placé sous une licence libre qui légitime et explicite ces droits. Et c’est pourquoi nous insistons tant sur le choix ou non d’une telle licence.

À partir de là, voici la définition qu’en donne actuellement Wikipédia : « l’expression Ressources Éducatives Libres (REL) désigne un mouvement mondial initié par des fondations, universités, enseignants et pédagogues visant à créer et distribuer via internet des ressources éducatives (cours, manuels, logiciels éducatifs, etc.) libres et gratuites ».

Pour aller plus loin je vous invite à lire la Déclaration de Dakar sur les Ressources Educatives Libres adoptée le 5 mars 2009 au cours du Campus numérique francophone de Dakar, évènement organisé à l’initiative du Bureau Régional pour l’Education en Afrique de UNESCO, de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), et de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). On pourra également parcourir la traduction française de ce document de l’UNESCO : Open Educational Resources: the Way Forward.

Mais dans ce domaine ce sont clairement les anglophones qui ont une bonne longueur d’avance, l’expression ressources éducatives libres n’étant d’ailleurs à la base qu’une traduction de Open Educational Ressources (ou OER). Chez eux la réflexion est menée depuis longtemps et les initiatives se multiplient : les pionniers de l’OpenCourseWare au MIT, OER Commons, OpenCourseWare Consortium, Teachers without Borders, The Cape Town Open Education Declaration, Open Education and Mozilla, WikiEducator (auteur de l’OER Handbook for Educators que l’on ne désespère pas de traduire un jour), les projets de manuels scolaires libres dans le secondaire comme en Californie, et Wikiversity (dont le fort intéressant cours Composing free and open online educational resources) pour ne citer que ceux-là.

Mesurons-nous en effet pleinement les conséquences de l’accessibilité complète sur Internet de telle ressources, comme par exemple ce cours de Programming Methodology dans la cadre d’un cursus informatique donné à la prestigieuse université de Standford ? Et, attention, on parle bien ici d’accessibilité complète. Pour chaque séquence vous avez la vidéo (sous différents formats : YouTube, iTunes, format natif mp4 distribué en torrent via le réseau… P2P !) et sa transcription (au format PDF mais aussi html), des exercices et des annales (et leurs corrections), ainsi que des logiciels à télécharger, des notes et des références bibliographiques. C’est très impressionnant et le tout est proposé sous la licence libre Creative Commons By (cf Les licences Creative Commons expliquées aux élèves), signifiant par là-même que du moment que vous conservez et respectez la paternité du travail, vous pouvez, de n’importe quel point du globe, utiliser, télécharger, copier, modifier, distribuer et même en faire commerce !

À comparer avec ce que propose l’académie en ligne, qui à peine née semble déjà quelque part obsolète ! Avec ce projet, le ministère avait une occasion rêvée de s’inscrire enfin dans cette dynamique. Force est de constater qu’il ne l’a pas saisie. La France institutionnelle prend un retard qu’il lui sera difficile par la suite de combler.

Un discours qui se voulait moderne

À la lumière de ce que nous venons d’exposer, je vous laisse apprécier le discours de presse du ministre prononcé lors du lancement du projet (et dont la lecture a motivé ce billet).

Morceaux choisis.

Pourquoi cette décision ? Parce que dans une société qui s’enorgueillit à juste raison d’avoir bâti une école gratuite, laïque et obligatoire, je ne me résous pas à ce que l’accès au savoir et la réussite scolaire puissent devenir peu à peu une affaire de moyens, de relations ou de circonstances.

Pour ma part, je ne me résous pas à ce que cet accès au savoir se fasse dans ces conditions. Et j’ai parfois l’impression que la situation du Libre à l’école est un peu « affaire de moyens, de relations ou de circonstances ».

Je connais des enfants qui occupent leurs vacances comme ils le peuvent, tandis que d’autres, du même âge, passent de livrets de révision en stages de soutien payants, accentuant ainsi l’écart avec les autres élèves.

Ces situations, ces besoins, nous les connaissons tous et pourtant nous laissons à d’autres le soin d’y répondre. À l’heure où les technologies de l’information et de la communication mettent le savoir à la portée de tous, tout le temps et partout, l’école a pourtant une opportunité extraordinaire de rappeler sa capacité à transmettre des connaissances à partir de ressources précises, fiables, hiérarchisées selon une logique cohérente.

L’opportunité est en effet extraordinaire de « mettre le savoir à la portée de tous, tout le temps et partout ». Mais pourquoi ne pas être allé au bout de la démarche ? Est-ce que le CNED est la seule entité capable de produire « des connaissances à partir de ressources précises, fiables, hiérarchisées selon une logique cohérente » ?

Pour autant cette académie en ligne est bien plus qu’un service supplémentaire offert aux élèves et à leurs familles. Car si nous parlons de 31e académie, c’est bien qu’il s’agit d’une véritable mutation dans notre ministère.

L’Éducation nationale est divisée en académies. Affirmer que l’on jette ainsi la première pierre à une 31e académie donne la mesure de l’ambition. Mais la véritable mutation aura-t-elle lieu ?

Cette académie en ligne est une aide non seulement pour les élèves, mais aussi pour les parents qui veulent accompagner leurs enfants, pour les professeurs désireux de trouver des ressources pédagogiques, et même pour les adultes qui souhaitent reprendre des études. Plus largement, je souhaite que cet outil contribue au rayonnement de la langue française et à la diffusion de nos contenus éducatifs dans les pays francophones, notamment dans certains pays d’Afrique, où les enseignants qui le désirent pourront trouver gratuitement des ressources de qualité pour leurs élèves.

Quand le paradoxe frise la contradiction. Au risque de nous répéter, comment voulez-vous que les professeurs s’y retrouvent si on leur interdit la moindre modification ? Quant aux pays d’Afrique, ils apprécieront de ne pouvoir distribuer les ressources en direction des populations non connectées à Internet. Impliquons-les! Qu’ils soient avec nous acteurs du contenu plutôt que simples spectateurs bridés, le « rayonnement de la langue française » ne s’en portera que mieux.

Le mot « gratuit » est prononcé cinq fois dans le discours. Il est tant de d’affirmer clairement (et péremptoirement) notre position : l’académie en ligne ne doit pas être gratuite, elle doit être libre. Il se trouve qu’en étant libre elle sera effectivement disponible gratuitement, mais ça n’en sera qu’une conséquence. Et n’oublions pas d’ailleurs, comme cela a déjà été dit, que derrière ces ressources il y a ici des enseignants du CNED payés sur leur temps de travail pour les produire (aux frais du contribuable, ce qui n’est pas gratuit).

Les libertés d’utiliser, de copier, de modifier et de distribuer des ressources éducatives, sur des formats ouverts et lisibles par des logiciels libres, ne sont-elles pas ici plus fondamentales que la gratuité, a fortiori dans le domaine éducatif ?

Et le ministre de surenchérir, dans sa lettre aux parents cette fois (qui fait également l’objet d’une vidéo) :

Naturellement, ces ressources seront accessibles gratuitement, conformément aux principes fondamentaux de l’école républicaine.

Substituons « librement » à « gratuitement », et c’est d’un coup l’horizon des possibles qui s’élargit, tout en étant certainement plus proche de ces fameux principes républicains. Le jour où un ministre de l’Éducation Nationale dira que « naturellement, ces ressources seront accessibles librement » alors les lignes auront bougé.

Avec ses 55 000 écoles primaires, ses 5 000 collèges et ses 2 600 lycées, l’Éducation nationale constitue le premier réseau physique d’accès au savoir en France. Je veux faire en sorte qu’elle devienne aussi le premier réseau numérique de diffusion des connaissances.

A l’heure où de grands moteurs de recherche scannent et mettent à la disposition du public des fonds entiers de bibliothèques, il me semble que la diffusion d’une offre complète et gratuite de contenus d’enseignement est de nature à faire du service public d’éducation un acteur puissant du monde de l’Internet.

On a raison de s’inquiéter de l’emprise de Google. Mais est-ce ainsi que l’on construit « le premier réseau numérique de diffusion des connaissances » capable lui faire concurrence ?

La suite du discours est du même acabit, si ce n’est qu’elle est révélatrice d’une certaine confusion vis-à-vis de la modernité.

Renforcer la présence du ministère de l’Éducation nationale sur Internet, c’est aussi repenser totalement nos modes de communication sur ce média. (…) Nous avons donc voulu à la fois rénover nos sites institutionnels et diversifier nos formats de communication, en donnant une part plus importante aux nouveaux médias présents sur Internet : Dailymotion, Twitter, Facebook sont de nouveaux outils qui permettent de toucher des publics qui ne fréquentaient pas spontanément nos sites institutionnels, notamment des publics plus jeunes et moins spécialisés dans les questions éducatives. (…) Nous avons aussi ouvert le compte Twitter Education France, qui informe les abonnés des sujets d’actualité immédiate du ministère. Je veux que l’Éducation nationale soit partie prenante de ce qu’on appelle le « web 2.0 », le web participatif.

Les expressions marketing sont lâchées… On met les guillemets au web 2.0 mais pas au web participatif. Comme si nous étions tous d’accord sur le sens accordé.

Je ne vois pas en quoi placer quelques vidéos sur Dailymotion (avec commentaires désactivés !) et communiquer via ces nouveaux canaux que sont Facebook et Twitter procèdent de la participation (ce sont tous en outre des services privés reposant sur des logiciels propriétaires susceptibles de poser quelques problèmes vis-à-vis de la protection des données personnelles). De ce point de vue là, l’actuelle Consultation publique sur l’Internet du futur, avec son bon vieux formulaire à remplir, est bien plus participative à mes yeux (si, contrairement au forum de la mission E-educ, on prend réellement en compte les contributions).

Ce qui est sûr c’est qu’en plus de ses ressources « verrouillées », l’académie en ligne version juin 2009 n’est en rien participative. Aucun espace pour y laisser la moindre trace, pas même une page de contact !

Ce ministère a trop souvent été raillé pour son conservatisme, je veux à présent faire en sorte qu’il soit loué pour sa modernité.

Nous attendrons encore un peu.

N’ayez pas peur

La conclusion du discours ouvre cependant une fenêtre d’espoir.

Mesdames et messieurs les journalistes (…) vous pouvez constater que c’est une stratégie globale que nous mettons en place pour faire participer le ministère de l’Éducation nationale aux évolutions de son temps.

A travers ces nouveaux outils, dont l’académie en ligne est un exemple, je veux permettre au plus grand nombre d’accéder librement et dans les délais les plus courts à la totalité de l’offre et de l’actualité éducative. Ce n’est que le début d’un chantier immense, que je veux poursuivre avec de nouveaux services que nous proposerons aux enseignants et qui seront à l’étude à partir de la rentrée prochaine.

Pour la première fois en effet on a troqué la gratuité pour la liberté. Ayant conscience de l’ampleur de la tâche, on nous dit aussi que l’on souhaite proposer de « nouveaux services » aux enseignants.

Il est encore temps de rectifier le tir (la présence d’un nouveau ministre étant d’ailleurs un facteur favorable). Le diagnostic est bon, le remède beaucoup moins. Oublions les Facebook, Twitter, Dailymotion et autres gadgets de communication légèrement hors-sujet par rapport aux réels enjeux. Et osons faire passer l’académie en ligne du mode « lecture seul » au mode « lecture / écriture ensemble ». Car le plus grand service que l’on puisse rendre présentement aux enseignants est d’inscrire ce projet dans le cadre des ressources éducatives libres.

Il s’agirait alors bien sûr d’une véritable petite « révolution culturelle » au sein du ministère, nécessitant de repenser, parfois en profondeur, les relations entre l’institution et les différents acteurs du monde éducatif. Mais pourquoi attendre (puisque c’est inéluctable) ? Sauf à vouloir aller contre les objectifs même de ce projet, cette décision, certes courageuse mais pleine de bon sens, serait alors réellement à même de faire « participer le ministère de l’Éducation nationale aux évolutions de son temps ».

Dans le cas contraire, regarder passer le train des ressources éducatives libres constituerait selon nous une triple erreur : historique, politique et par dessus tout pédagogique.

Notes

[1] Crédit photo : Dustpuppy (Creative Commons By)




Des bienfaits en tout point positif de la concurrence d’Apple et Microsoft à l’école

La Classe - Spécial IUFM - Avril 2009 - Page 16Petit cours d’économie libérale sur les vertus de la compétition.

Plusieurs sociétés se font concurrence sur le même marché. L’offre se multiplie, les prix baissent, et c’est le consommateur ravi qui en profite. La mécanique est bien huilée, et ce ne sont pas les quelques crises conjoncturelles et situations de monopole qui apparaissent de temps en temps qui doivent nous faire douter du bien fondé du modèle. Le discours dominant n’a de cesse de nous le rappeler, accompagnant toute critique d’une réponse ferme et définitive : il n’y a pas d’alternative.

Que se passe-t-il lorsque le marché se trouve être l’éducation ? On prend certes un peu plus de précautions, mais la logique est rigoureusement la même puisque, on vous l’a déjà dit, il n’y a pas d’alternative.

Et c’est ainsi que l’on peut tranquillement mettre entre les mains des jeunes enseignants (en l’occurrence des professeurs des écoles stagiaires à l’IUFM), des articles sans nuances comme celui que nous allons vous présenter et commenter aujourd’hui.

Paru en avril 2009, il est issu d’un hors-série « gratuit » spécial IUFM du journal La Classe dont l’éditeur, le groupe Martin Media, se présente comme un « professionnel de l’enseignement primaire ». Vous pouvez le télécharger à cette adresse du site (l’article en question se trouvant en page 16-17).

Tout de suite, on annonce la couleur :

Titre : Des bienfaits de la concurrence

Sous-titre : Apple et Microsoft s’immiscent dans l’éducation… Et c’est en tout point positif !

On eût aimé un peu plus de retenue mais il n’y a pas d’altern…

L’idée c’est donc de vous raconter comment l’activisme éducatif de ces deux géants bénéficie à l’école. Ce qui n’interdit pas quelques éclairs de lucidité (bien vite balayés d’un revers de plume) :

J’entends d’ici les mauvaises langues : sensibiliser les élèves permet de toucher les enseignants ainsi que les parents. Personne ne contredira cette vérité économique. Cependant, cette pénétration s’accompagne d’actions innovantes.

Les mauvaises langues n’ont rien à dire puisque fleurissent les actions innovantes. Pour rappel le mot « innovation » (et toutes ses déclinaisons) a été annexé par Microsoft et son partenaire le Café Pédagogique.

Mais point de procès d’intention. Regardons un peu les « actions innovantes » exposées. Il y a du podcasting chez Apple, de l’ENT et la suite MS Office 2007 offerte « sans frais » aux enseignants chez Microsoft. Et c’est tout. Autrement dit rien qui n’augure de la qualité pédagogiquement innovante de ces actions.

Microsoft organise, entre autres, des conférences sur ce thème, présentant ainsi aux enseignants la manière d’utiliser efficacement ces plateformes dans le monde scolaire. (…) En effet l’une comme l’autre propose des ressources TICE à télécharger en ligne ainsi que des formations à l’intention des enseignants du primaire et du secondaire.

Conférences, formations et ressources TICE proposées directement par Microsoft et Apple. Nous ne disposons certainement d’aucune compétence interne pour devoir ainsi nous reposer sur les épaules ces deux géants américains.

Les enseignants peuvent ainsi juger de l’impact de l’informatique sur les apprentissages, et inviter leur collectivité à investir dans un parc Apple (avec une remise de 8%).

Nous ne sommes pas chez Auchan mais c’était tout de même important de préciser le montant de la remise. VRP Apple pour votre collectivité, ça vous dirait ? Ce n’est pas rémunéré mais à vous la gloire d’avoir fait économiser 8% à votre commune !

Quant aux offres de types AbulÉdu – Ryxeo, évidemment nous ne saurons rien.

Ces actions démontrent les intérêts tout à la fois pédagogique et commercial de ces entreprises. Mais, elles font aussi évoluer l’utilisation des technologies dans le domaine de l’enseignement.

Il y a certes évolution, mais est-elle nécessairement positive ? Quant au « pédagogique », il est peut-être de trop.

Et pour finir, la caution d’un drôle de témoignage d’un formateur IUFM :

« Apple travaille depuis un certain temps avec l’Éducation nationale (…) Pour Microsoft, cette volonté est plus récente, mais il tend à développer cette relation (…) Cela dynamise fortement l’intégration des TICE dans la pratique pédagogique des professeurs, et aboutit aussi à une multiplication des logiciels libres. »

Les deux derniers mots de l’article seront donc, ô surprise, pour les logiciels libres. Mais quel étrange contexte pour leur apparition ! Les agissements des uns aboutiraient donc à la multiplication des autres ? J’eus été l’auteur, je serais allé au bout de ma démarche en concluant ainsi : « cela dynamise fortement l’intégration des TICE dans la pratique pédagogique des professeurs, et aboutit aussi à freiner la multiplication des logiciels libres ».

Il n’empêche qu’ils sont cités. Et c’est le petit grain de sable dans la machine parce que peut-être, finalement, qu’il existe quand même des alternatives (des alternatives bien moins compétitives que coopératives). En les ignorant nous avons un article en apparence factuel et objectif. En les prenant en considération, nous sommes alors face à un texte bien moins neutre qu’il n’y parait. Manipulation et propagande ne sont plus très loin…

Cher nouveaux collègues, abonnez-vous à « La Classe » si bon vous semble mais n’oubliez pas d’élargir votre horizon TICE avec d’autres sources d’information (pourquoi pas le Framablog par exemple, l’abonnement est plus que gratuit, il est libre).

Vous y lirez alors que lorsque Apple ou Microsoft s’immiscent dans l’éducation (sans oublier Google), ce n’est pas forcément « en tout point positif », cette intrusion, pas toujours désirée, impactant non seulement les logiciels libres mais, aussi et surtout, les mentalités.

Histoire de ne pas payer cet article gratuit au prix fort…




La Framakey : 4 ans et quelques enfants ingrats ?

Arturo de Albornoz - CC by-saVoici la deuxième partie d’un article qui, à l’occasion du quatrième anniversaire de la Framakey (déjà !), passe en revue quelques uns des projets qui s’en sont plus ou moins fortement inspirés. Nous en sommes évidemment ravis puisque le but de la manœuvre est justement de diffuser du logiciel libre, qu’il s’agisse d’utiliser la Framakey en tant que telle ou qu’il s’agisse de ses dérivés, créés à partir de nos briques génériques. Qu’il nous soit d’ailleurs permis de remercier une nouvelle fois au passage toutes celles et ceux qui ont rendu cela possible.

Mais si dans la première partie nous baignions quelque part dans une sorte de cercle vertueux, c’est plutôt « le côté obscur de la Force » qui transparait ici[1].

Car la Framakey a également « inspiré », et nous étions au départ ravis de l’apprendre, quelques gros fabricants de clés et de périphériques de stockage :

  • EMTEC, qui a longtemps diffusé (diffuse encore ?) le bureau mobile EM-DESK qui, à l’époque où nous l’avions testé, était très largement basé sur la Framakey.
  • Memup, qui va sortir sous peu sa Student-Key. N’ayant pas encore vu le produit final, je m’avance peut être un peu en prétendant qu’il s’agit d’un dérivé contenant des applications Framakey, nous verrons bien si les lanceurs sont ceux de Framakey (eux-mêmes basés sur ceux de la communauté anglophone PortableApps.com).
  • Enfin, nous savons que d’autres industriels du stockage, dont nous tairons les nom (pour l’instant), réfléchissent à l’implémentation de solutions libres applicatives pour leurs périphériques USB.

Soyons clairs, cela est parfaitement légal : la Framakey est un package 100% libre. Nous autorisons donc explicitement son intégration, y compris pour des usages commerciaux. Nous sommes par ailleurs bien conscients que le succès de la Framakey repose à 99% sur des projets libres préexistants (Firefox, OpenOffice.org, PortableApps.com, etc).

Donc, sur le papier, il n’y a aucune raison de râler. D’autant plus que, répétons-nous, cela permet de diffuser très largement des logiciels libres : lorsque Tata Jeannine ira au supermarché du coin pour acheter sa clé, elle repartira avec une clé USB contenant des dizaines de logiciels libres. N’est-ce pas merveilleux ?

Oui, mais…

Le développement durable et l’écologie sont certes à la mode, et sans doute surexploités par les média et bon nombre d’entreprises (les publicités des groupes Renault ou Total sont d’excellents exemples de « greenwashing »), mais cela ne doit pas pour autant remettre en cause les concepts et principes qui sous-tendent ces mouvements.

De même, dans le milieu du libre, on sent depuis quelques mois une forme de plus en plus exacerbée « d’open source whashing ». De gros industriels récupèrent les valeurs (et les produits) du libre, sachant qu’ils bénéficieront du triple effet kiss-cool du logiciel libre :

  • la possibilité légalement octroyée de pouvoir se baser sur le travail libre d’autrui et de faire du « rebranding » (en gros, y mettre leur logo en laissant croire que c’est eux qui ont réalisé le produit) ;
  • la gratuité (qu’on le veuille ou non, omniprésente dans le libre) ;
  • des valeurs cool-buzz-hype : le partage, l’entraide, la collaboration, etc (allez savoir pourquoi, mais je doute qu’ils mettent l’intéropérabilité dans les valeurs cools, alors que pourtant…), y’a pas à dire « le libre : c’est vendeur, coco ! ».

Du coup, ces entreprises peuvent ajouter de la valeur à leurs produits à moindre frais, enrichir leur catalogue, et accroitre leur chiffre d’affaires d’un coup de baguette magique libre.

Tout cela serait bel et bon si ces mêmes entreprises prenaient la peine de reverser aux communautés à l’origine de la valeur ajoutée de leurs produits. Et attention, je pense bien sûr ici à la Framakey (dont nous sommes humblement conscient que le succès repose sur les épaules d’autres géants), mais aussi et surtout à toutes les communautés qui soutiennent et développent les logiciels embarqués sur leurs clés.

Ainsi, par exemple et pour ce qui nous concerne, l’Université de Poitiers qui s’est fendue d’un mail de remerciements à Framakey (et cela nous suffit amplement), ou la commune de Sainte-Ménehould qui a octroyée une subvention exceptionnelle de 150€ à Framasoft (ce qui nous a chaleureusement touché).

Contre-exemple : le site officiel EM-DESK d’EMTEC propose des logiciels qui datent de janvier 2008 (bonjour les failles de sécurité pour qui irait télécharger leur pack !). Nous avons tenté plusieurs fois de prendre contact avec eux afin de leur proposer de les aider (bénévolement si nécessaire !) à maintenir leur pack plutôt que donner aux utilisateurs une mauvaise image des logiciels libres.

Mais que cela soit par le forum (fermé pour cause de spams apparemment), par email (nous n’avons jamais eu de réponse), ou sur des salons (la charmante demoiselle du stand EMTEC lors de Solution Linux n’a pas su me dire quelle solution était employée sur leurs clés, ni qui en était responsable), nos propositions sont restées lettres mortes.

De là à dire qu’EMTEC se sert du libre pour promouvoir ses produits et accroitre les dividendes de ses actionnaires plutôt que de l’envisager comme un système gagnant-gagnant, il n’y a qu’un pas, que je franchis aujourd’hui bien tristement. Espérons qu’il en ira autrement pour d’autres projets comme le GDium et sa Gkey….

Pour en finir avec la métaphore écologique, cette situation n’est pas sans rappeler celles des entreprises pharmaceutiques qui surexploitent certaines ressources potentiellement renouvelables (comme la forêt amazonienne, par exemple) sans se soucier réellement d’entretenir l’écosystème sur lequel elles basent pourtant leur modèle économique.

Ainsi, même si Framasoft a actuellement besoin de soutien financier, nous aurions été ravis de recevoir un message du genre « Bonjour, je suis chargé par la société X de réaliser un fork de la Framakey. Dans ce cadre, je vais utiliser vos applications PortableTutu et PortableTiti. Comme on m’a demandé de réaliser PortableToto, qui n’existe pas sur Framakey, je vous le propose ici avec ses sources, afin que tout le monde puisse en profiter ». La société X n’y perdrait rien, au contraire, elle bénéficierait d’un « effet communautaire » qui lui éviterait de forts coûts de recherche et développement. Et elle aurait le mérite de prouver qu’elle comprend son intérêt à ne pas scier la branche sur laquelle elle est assise.

Qu’en pensez-vous ? Sommes-nous ici « mauvais joueurs » ou bien avons-nous quelques raisons de stigmatiser cela en évoquant ce néologisme « d’open source whashing » ?

Notes

[1] Crédit photo : Arturo de Albornoz (Creative Commons By-Sa)




Microsoft va finir par vous payer pour utiliser son navigateur !

Quelque chose me dit que c’est la pure panique en ce moment au QG de Microsoft, section navigateur Internet, division marketing.

En effet, la nouvelle version 8 d’Internet Explorer n’a pas réussi à inverser la tendance, qui voit le navigateur de Microsoft perdre inexorablement des parts de marché. Un marché actuellement en ébullition où l’on ne se demande pas si Firefox dépassera Internet Explorer mais quand il le dépassera (sans parler de la cerise sur le gâteau que constitue l’apparition de Google Chrome).

Comment faire alors pour bien se positionner par exemple dans les nuages et imposer ses solutions Windows Live, si on ne possède pas (ou plus) le navigateur ? Par la seule qualité de nos produits propriétaires ? C’est impensable ! Alors on brainstormise dans tous les sens du côté de Redmond et, il faut bien le dire, on tente un peu le tout pour le tout.

Hier c’était « télécharge-moi, petit américain et tu nourriras huit personnes dans le besoin » (cf ce billet dédié). Aujourd’hui c’est « utilise-moi, petit australien, sinon tu n’as aucune chance de trouver les dix mille dollars qui se cachent quelque part sur le Grand Internet ».

Car la nouvelle campagne, prénommé Ten Grand is Buried Here, est donc une chasse au trésor numérique. Mais pas n’importe laquelle. Elle est très sélect celle-là, discriminatoire même, puisque uniquement réservée à ceux qui naviguent sous Internet Explorer version 8.

Et que se passe-t-il si vous avez le malheur d’arriver sur le site du jeu avec autre chose qu’Internet Explorer 8 ? Le moins que l’on puisse dire c’est que vous êtes plutôt vertement accueilli !

Notez que la fraicheur de l’accueil dépend de votre navigateur. Un script est ainsi chargé de le reconnaitre et de vous proposer alors une page d’accueil personnalisée en fonction du navigateur détecté. S’il s’agit d’Internet Explorer version 6 ou version 7, on se montrera plutôt conciliant. Mais il en ira différemment avec Google Chrome (qualifié de « terne »), Apple Safari (« ennuyeux ») et, bien entendu, Mozilla Firefox (« old »), comme vous pouvez le constater avec cette copie d’écran ci-dessous :

Copie d'écran - Microsoft - Ten Grand is Buried Here

En voici la traduction :

Nous avons caché 10 000 dollars quelque part sur Internet, et c’est le premier qui les trouve qui les garde.

En revanche, vous ne risquez pas de mettre la main dessus si vous utilisez ce bon vieux Firefox.
(Alors débarrassez-vous-en, ou débarrassez le plancher.)

Si vous voulez vraiment avoir une chance de décrocher le gros lot, installez Windows Internet Explorer 8 sans plus tarder. Suivez @tengrand_IE8 sur Twitter pour obtenir les indices qui chaque jour vous orienteront vers le magot.

Alors, vous êtes partant ? Super ! Voici la marche à suivre :

1. Virez le navigateur que vous utilisez en ce moment. Si vous essayez de trouver les 10 000 dollars avec Firefox, vous n’irez pas loin.

2. Téléchargez le meilleur navigateur que Microsoft ait jamais conçu : Internet Explorer 8. C’est le seul navigateur capable de déchiffrer tous les indices.

3. Suivez @tengrand_IE8 sur Twitter pour récolter chaque jour un nouvel indice. Les indices seront livrés à des heures différentes à partir du vendredi 19 juin.

4. À l’aide des indices et de votre perspicacité, déduisez où se trouvent les 10 000 dollars.

Si vous êtes le premier à localiser le trésor caché, il est à vous.

Comment savoir si vous l’avez trouvé ? C’est une page Web très bien cachée que seul Internet Explorer 8 peut afficher. Quand vous l’aurez trouvée, aucun doute, les 10 000 dollars seront à vous.

Traduction effectuée par Don Rico (que l’on ne reverra pas de sitôt puisqu’il s’est mis en tête de décrocher le gros lot pour soutenir Framasoft).

Vous me direz qu’on peut prendre cela au second degré et qu’à agir de la sorte Microsoft annonce clairement la couleur, mais tout de même !

Microsoft espère-t-il ainsi faire découvrir Internet Explorer version 8 à de nouveaux utilisateurs qui, séduits, le conserveront comme navigateur par défaut même après le jeu ? J’en doute, mais pourquoi pas après tout.

Et si ça ne marche toujours pas, pourquoi ne pas envisager l’étape ultime de cette drôle d’escalade : payer directement l’utilisateur pour qu’il adopte durablement IE 8 ?! D’où le titre provocateur de ce billet.

En fait, comme pour l’opération contre la faim, Microsoft ne peut s’empêcher de placer au cœur de sa communication l’un des éléments qu’elle maitrise le mieux : l’argent.

Je ne voudrais pas verser dans l’angélisme mais quand Mozilla se met en branle, ça insiste plutôt sur l’échange, la rencontre, la formation et l’implication collective. Comme dirait Monsieur Bordeau Chesnel : nous n’avons définitivement pas les mêmes valeurs…




Le Mozilla Service Week nous attend en septembre

Woodley Wonderworks - CC byMême si elle y réussit fort bien, la mission de Mozilla dépasse celle de nous proposer un navigateur et quelques autres logiciels de qualité. C’est écrit noir sur blanc dans leur Manifesto : « nous créons des communautés qui s’impliquent pour rendre l’utilisation d’Internet meilleure pour chacun de nous ».

L’initiative Mozilla Service Week (que nous avons traduit par « Semaine d’Entraide Mozilla »), qui aura lieu en septembre prochain, s’inscrit dans la droite ligne de cette démarche.

Certains s’étonneront peut-être de voir Mozilla aller au delà du logiciel et faire, pour ainsi dire, « dans le social ». Je pense au contraire que c’est non seulement louable mais nécessaire. Ici on utilise sa notoriété, son influence, son impact et son marketing au service d’une action qui demande une implication forte de la part des participants[1].

Lorsque vous vous rendez sur le site de la campagne, deux choix s’offrent à vous : Je souhaite aider et J’ai besoin d’aide. À comparer avec la récente opération Microsoft : Combattre la faim en téléchargeant Internet Explorer 8.

Faites la différence : La semaine d’entraide Mozilla !

Be the Difference: Mozilla Service Week!

Mary Colvig – 15 juin 2009 – The Mozilla Blog
(Traduction Framalang : Poupoul2)

Mozilla lance aujourd’hui la toute première Semaine d’Entraide Mozilla. Dans la semaine du 14 au 21 septembre 2009, nous demandons au gens de se rapprocher et de faire la différence en utilisant le Web pour améliorer leur communauté. Mozilla est une communauté qui a une mission de rendre le Web meilleur pour tout le monde. Lorsque des membres de notre communauté décident de lancer une action, ils ont la capacité de faire une sérieuse différence.

Nous recherchons des gens qui souhaitent partager, donner, s’engager, créer et collaborer en donnant leur temps et leur talent à des organisations caritatives publiques locales, à des ONG ou à ceux qui ont besoin de leur aide. Notre objectif est de soutenir des initiatives comme :

  • Enseigner aux séniors l’usage du Web
  • Montrer aux ONG comment utiliser les réseaux sociaux pour agrandir leur base d’adhérents.
  • Installer un réseau sans fil dans une école
  • Créer des tutoriaux sur les réseaux d’ordinateurs de bibliothèques
  • Récupérer et ré-utiliser du matériel pour un centre informatique local
  • Aider une ONG à mettre à jour son site Web ou sa base de données
  • Et plus encore…

Chacun devrait avoir la possibilité d’apprendre comment utiliser Internet, d’y avoir un accès facile, et d’avoir une bonne expérience lorsqu’il est connecté. Aussi, si vous avec du talent pour l’écriture, la conception, la programmation ou le développement, ou tout savoir faire technique associé, rejoignez La Semaine d’Entraide Mozilla ! Mais Mark Surman (Directeur exécutif de la Fondation Mozilla) affirme également : « Nous invitons les gens à s’impliquer de manière active avec Mozilla, même s’ils ne savent pas coder, tester ou localiser. Cela permet à tout un chacun d’avoir l’impression de contribuer à construire un Internet meilleur. » Ensemble nous pouvons faire du Web un endroit meilleur pour tout le monde !

Durant les semaines à venir, la Semaine d’Entraide Mozilla sera disponible dans de nombreuses langues et avec des partenaires supplémentaires, grâce à l’aide de la communauté Mozilla.

Pour en savoir plus sur comment faire la différence en vous portant volontaire ou en écoutant les besoins de votre organisation, rendez-vous sur mozillaservice.org. Vos compétences Internet, peu importe que vous soyez novice ou utilisateur avancé, peuvent changer la vie des gens et rendre le Web meilleur pour chacun.

Suivez-nous sur Twitter pour infos et mise à jour.

Notes

[1] Crédit photo : Woodley Wonderworks (Creative Commons By)




Combattre la faim en téléchargeant Internet Explorer 8 !

Franco Folini - CC by-saUne fois n’est pas coutume, nous vous proposons aujourd’hui la traduction d’un communiqué de Microsoft, à destination des USA.

Il faut dire que l’initiative est, comment dire, « originale ». En téléchargeant sur un sité dédié à l’opération, entre le 8 juin et le 8 août, la dernière version d’Internet Explorer (la version 8), vous offrez, d’un simple clic, 8 repas aux déshérités américains, en vertu d’un partenariat contracté pour l’occasion entre Microsoft et l’association caritative Feeding America[1].

Ce site dédié s’intitule « Browser for the Better » que l’on pourrait approximativement traduire par « Un Navigateur pour un Monde Meilleur ».

Elle est pas belle la vie ? Vous restez tranquillement assis le cul sur votre chaise, vous appuyez sur le bouton de votre souris. Et vous contribuez à réduire la faim dans le monde !

Certaines mauvaises langues vous diront peut-être que Microsoft trouve là matière à se racheter une vertu à peu de frais, au moment même où son navigateur (le pire que le Web n’ait jamais connu) bat de l’aile face à la concurrence. Mais ne les écoutez pas, ce ne sont que des égoïstes qui ne se soucient pas des nécessiteux !

Microsoft et Feeding America joignent leur force dans le combat contre la faim

Microsoft and Feeding America Join Forces to Fight Hunger

Communiqué de Microsoft – 10 juin 2009 – Redmond
(Traduction Framalang : Dryt)

La campagne de Microsoft Browser for the Better s’engage à donner l’équivalent de huit repas pour chaque téléchargement de Windows Internet Explorer 8.

Plus de 17 millions d’enfants aux États-Unis reçoivent au sein même de leurs écoles publiques un petit déjeuner et un déjeuner gratuit ou à prix réduit. Lorsque ces écoles ferment pendant l’été, ces enfants perdent l’accès à ces aides. C’est pourquoi Microsoft Corp. et Feeding America allient leurs forces pour combattre la faim aux États Unis à travers la campagne Browser for the Better. Pour chaque téléchargement complet d’Internet Explorer 8, Microsoft s’engage jusqu’au 8 août 2009 à donner l’équivalent de 8 repas au réseau des 206 banques alimentaires de l’association Feeding America, association qui permet chaque année de nourrir plus de 25 millions d’américains.

« Cet été, plusieurs millions de familles aux USA souffriront de la faim. la demande en nourriture n’a jamais été si forte pendant ces dix dernières années. La campagne Browser for the Better permet d’un coté de sensibiliser au problème de la faim et de l’autre coté, il donne aux gens une possibilité simple d’aider leur voisin sans débourser d’argent. C’est un arrangement gagnant-gagnant entre Microsoft, Feeding America et les internautes participant à l’opération à travers le pays » déclare Vicki Escarra, Président et PDG de Feeding America, la plus importante organisation de lutte contre la pauvreté aux USA.

(…)

« Nos clients nous ont dit qu’ils voulaient avoir un impact sur la vie de leurs amis et de leurs voisins » explique Amy Barzdukas, directrice principale de la section Internet Explorer chez Microsoft. « La campagne Browser for the Better permet facilement aux gens de faire la différence. Ils ne sont pas seulement en train de contribuer à la société, ils obtiennent également un navigateur moderne, plus sûr, et conçu pour l’usage qu’en font les gens aujourd’hui. »

La campagne Brower for the Better met l’accent sur les qualités d’Internet Explorer 8. Lancé en mars dernier, Internet Explorer 8 offre une sécurité accrue, associée à grande simplicité d’utilisation et des performances techniques reconnues. Une étude récente du NSS Labs montre qu’Internet Explorer 8 est le n°1 dans la protection des logiciels malveillants et l’intégration de la protection de la vie privée propose plus de choix et un meilleur contrôle aux utilisateurs.

Plus d’information à propos de Browser for the Better et Internet Explorer 8 : http://browserforthebetter.com.

Notes

[1] Crédit photo : Franco Folini (Creative Commons By-Sa)




Ad Bard, le Google Adsense (killer) du logiciel libre ?

Arturo de Albornoz - CC by-saQue ne diriez-vous d’une régie publicitaire de type Google Adsense mais qui n’afficherait sur vos sites que des liens promotionnels en liaison avec le logiciel libre. Une sacrée bonne idée non ?

On se débarrasserait de l’emprise de Google sur ce secteur. On aurait l’assurance que les liens proposés ne pointent pas vers du logiciel propriétaire. Et on permettrait à l’économie du logiciel libre de se développer !

C’est ni plus ni moins ce que propose le nouveau service Ad Bard, « The ad network for ethical computing », soutenu par la Free Software Foundation (FSF) dans un récent communiqué que nous avons traduit ci-dessous.

Nous n’en sommes qu’au démarrage. Il faudra s’assurer que les liens proposés sont bien conforme à cette « éthique », que financièrement annonceurs et afficheurs s’y retrouvent[1], que cela se déclinera en versions localisées (pour faire apparaître des publicités en français), etc. Bref s’assurer que cette confiance qu’on leur accorde a priori sera bien effective.

Il n’en demeure pas moins que le potentiel du projet est énorme. Quel plaisir que de voir le Libre occuper également cette case, que l’on croyait définitivement squattée par la pieuvre Google !

La FSF souhaite la bienvenue à AdBard, régie publicitaire du logiciel libre

FSF welcomes AdBard network for free software advertising

Communiqué – 2 juin 2009 – FSF.org
(Traduction Framalang : Pierre Misandeau)

La communauté du logiciel libre dispose maintenant d’une alternative éthique aux régies publicitaires qui œuvrent à la promotion des logiciels propriétaires.

À l’occasion de son lancement, La Free Software Foundation (FSF) présente aujourd’hui ses vœux de réussite à la nouvelle régie publicitaire AdBard consacré à la promotion des produits et services relatifs au logiciel libre et Open Source.

Créée par Tag1 Consulting, la régie publicitaire AdBard se veut au service des sites Web qui font la promotion du logiciel libre, pour les aider à entrer en relation avec les entreprises vendant des produits et services ciblant ce public. AdBard résout ainsi le problème de l’affichage de publicités vantant des logiciels propriétaires sur des sites militants pour la liberté de l’utilisateur, problème que provoquaient l’inscription à des régies publicitaires plus génériques.

« La FSF dispose maintenant d’une alternative éthique aux régies publicitaires œuvrant à la promotion du logiciel propriétaire » déclare Peter Brown, directeur exécutif de la FSF. « C’est un progrès énorme pour beaucoup des sites au service de la communauté. Et nous souhaitons un plein succès à AdBard et aux sites qui afficheront les publicités d’AdBart. Nous espérons également que d’autres régies publicitaires s’inspireront de cet exemple et adopteront des politiques similaires. »

« AdBart est une excellente façon de rapprocher annonceurs et éditeurs au sein de la communauté du logiciel libre, et d’aider à la croissance du marché des services autour du logiciel libre. » affirme Jeremy Andrew, PDG de Tag1.

La FSF n’a pas reçu d’argent d’AdBard et ne possède pas d’intérêt financier dans Tag1 Consulting, mais procède à cette annonce pour aider les sites Web de la communauté du Libre qui ont fait le choix des revenus publicitaires à cesser de légitimer le logiciel propriétaire en affichant ses publicités.

Kernel Trap, Libre.fm et Boycott Novell comptent parmi les sites web qui utilisent déjà AdBard (la liste complète). Pour les annonceurs, suivre ce lien.

Notes

[1] Crédit photo : Arturo de Albornoz (Creative Commons By-Sa)




Eee PC : It’s Better With Windows (dans le monde des bisounours)

Qu’il est loin le temps où nous nous enthousiasmions pour la sortie l’Eee PC dont les premières versions vendues tournaient exclusivement sous GNU/Linux !

Avec Jeanne-Marie et John, nous y voyions en effet à l’époque une belle opportunité pour faire découvrir les logiciels libres à un large public et témoigner de leurs récents et spectaculaires progrès.

Mais devant l’énorme succès rencontré dès le départ par ce pionnier des netbooks, Microsoft n’a pas tardé à réagir. Impossible d’y mettre le trop lourd Windows Vista ? Qu’à cela ne tienne, bradons notre Windows XP et surtout négocions avec Asus et les distributeurs pour faire en sorte que l’offre sous GNU/Linux disparaisse peu à peu des étalages.

Et aujourd’hui cela donne le site dédié It’s Better With Windows qui se résume pour le moment en la présence d’une unique vidéo, que je n’ai pas résisté à vous reproduire ci-dessous.

Attention, un grand moment de marketing ! J’en eu envie de danser avec les protagonistes et de contacter illico mes proches pour leur demander de leurs nouvelles 😉

Les bras m’en tombent !

Doit-on réagir ? Créer nos propres publicités (avec les moyens du bord) ? Décrypter le message, faire connaître les alternatives et « éduquer » les gens à ce qu’ils cessent de gober de telles lénifiantes inepties ?

Ou bien alors, passer outre, ne pas s’en soucier et tranquillement continuer à cultiver notre « Jardin du Libre »…