Un librecours pour mieux contribuer à la culture libre
C’est aujourd’hui que s’ouvrent les inscriptions au librecours « Libre Culture » pour se former aux enjeux et mécaniques des licences libres sur les œuvres culturelles. Ça tombe plutôt bien puisqu’une partie d’entre nous se demandent comment ne pas s’ennuyer en cette période de confinement ;-). Nous ne résistons pas à l’occasion de vous présenter ces librescours, dont celui-ci est l’un des premiers d’une liste que nous espérons longue et prospère !
Prendre part à la culture libre, celle du partage
Si l’on va chercher dans les principes fondateurs d’Internet, à l’époque où des scientifiques mettent en place les réseaux pour échanger et se partager leurs travaux, il y a la notion de partage du savoir qui s’enrichit lorsqu’il est diffusé librement. Ce n’est donc pas une notion nouvelle, et nombre d’artistes et créatrices clament qu’elles se hissent sur les épaules des géants, qu’ils ont été influencés par toute une culture reposant sur les œuvres de l’esprit d’artistes qui les ont précédés.
Cette culture du partage, dans le monde numérique, s’est retrouvée dans la culture libre. Car le logiciel libre ne se résume pas à une manière efficace, transparente et collaborative de produire du code. Non, ça, c’est l’open-source. Le logiciel libre offre, en plus de l’open-source, une éthique. Il propose une vision de la société, de la place du code et des personnes qui le créent dans cette société.
Car ce n’est pas le logiciel qui est libre, ce n’est pas l’œuvre qui est libre : c’est nous, les humains qui le sommes.
La culture du Libre repose sur les licences libres
Grâce à la démocratisation de l’outil numérique, nous avons assisté à la diffusion des outils de production des œuvres de l’esprit (écrits, images, sons, vidéos, code…), à la popularisation des savoirs-faire anciens et nouveaux (telles que les pratiques du remix, du mash-up, des mèmes), et à la venue de nombreux outils pour diffuser nos créations.
Participer à notre culture commune n’est plus réservé à une élite bien née. Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à pouvoir apporter notre pierre à l’édifice culturel commun. Combien de vidéastes à succès utilisent des sons, musiques, et polices d’écriture libres, tout en partant du savoir libre de Wikipédia pour leurs recherches ? Ce n’est là qu’un exemple du foisonnement vertueux de la culture libre.
Chez Framasoft, nous pensons qu’il est important que toutes ces œuvres de l’esprit qui naissent ou vont naître puissent, à leur tour, prendre leur place dans la culture libre. Pour cela, nous souhaitons offrir à toute les personnes qui vont les créer, les utiliser, les modifier, les étudier, les diffuser, etc. les clés de cette culture, qui repose sur un outil à la fois juridique et symbolique : les licences libres.
Au fond, c’est quoi, ces « licences libres » ? Pourquoi est-ce qu’elles seraient importantes ? Est-ce qu’elles ne vont pas me léser en tant qu’autrice ? En tant que lecteur ? Que vidéaste ? Que bibliothécaire ? Elles s’appliquent pareil aux logiciels et aux vidéos ? Aux musiques ? Aux livres ? Aux jeux vidéo ? Qu’est-ce que je peux partager légalement et comment savoir si je suis hors-la-loi ? Et comment fait-on pour s’y retrouver, dans tout ça ?
Inscrivez-vous au deux premières sessions du librecours sur la Culture Libre
Dans la lignée du MOOC CHATONS, nous vous proposons cette fois-ci un librecours pour acquérir les clés de la culture libre. Que vous soyez créateur, prescriptrice, spectateur, étudiante, ou tout ça à la fois, ce cours vous permettra de savoir comment exploiter un contenu culturel en ligne et diffuser les vôtres.
Et à contexte exceptionnel, mesures exceptionnelles, il a été décidé d’ouvrir deux sessions de ce librecours afin de permettre à celles et ceux d’entre nous qui ont davantage de temps dans les jours à venir de pouvoir le terminer plus rapidement.
Ces deux sessions débuteront le lundi 6 avril 2020.
La session LCIII durera 3 semaines et vous demandera 7 à 8h de votre temps chaque semaine.
La session LCVI s’étendra sur 6 semaines et sera donc moins intense (3 à 4h par semaine).
Le suivi des apprenant·es étant encadré, les places sont limitées aux 10 premières personnes pour la session LCIII (3 semaines) et aux 20 premières pour la session LCVI (6 semaines). Inscrivez-vous sur le site librecours et sur l’équipe Mattermost prévue à cet effet.
Alors c’est certain, tout le monde ne pourra pas profiter de ces deux premières sessions : leur encadrement sera assuré par nos bénévoles, Stéphane (auteur de Traces, un roman libre publié chez Framabook) en tête.
Nous voulons, encore une fois, commencer modestement, pour apprendre de cette expérience et faire un nouveau pas vers cette idée d’Université Populaire du Libre, Ouverte, Autonome et Décentralisée qu’est le projet UPLOAD, une des actions de notre feuille de route Contributopia.
À vous de participer à cette aventure pour mieux prendre votre place dans la Culture du Libre en vous inscrivant à ce librecours !
Ouverture du MOOC CHATONS : Internet, pourquoi et comment reprendre le contrôle
C’est officiel, le premier module de notre parcours pédagogique pour favoriser l’émancipation numérique est désormais complet. À vous de vous en emparer, de le partager… et pourquoi pas de l’enrichir !
Prendre le temps de co-construire un MOOC avec soin
C’est en 2016 que la fédération d’éducation populaire La Ligue de l’Enseignement nous propose un partenariat autour de cette idée de cours ouverts en ligne à suivre librement pour cheminer vers l’émancipation numérique. En 2018, un financement de la fondation AFNIC nous permet de rassembler des ressources existantes et d’en créer de nouvelles pour les organiser en un séquençage pédagogique.
Seulement voilà, en plus de la loi de Murphy qui génère des retards, il faut bien avouer que c’est notre premier module de notre premier MOOC. Il nous a donc fallu du temps et des expérimentations (et quelques errements…) avant de parvenir au résultat que nous avons mis en ligne sur notre plateforme Moodle.
C’est donc avec beaucoup de modestie (et d’enthousiasme !) que nous vous présentons ce premier module, co-conçu avec la Ligue de l’Enseignement, que vous pouvez parcourir sur mooc.chatons.org.
Décrire le monde numérique d’aujourd’hui, sans drama ni paillettes
Intitulé « Internet, pourquoi et comment reprendre le contrôle », ce premier module se donne pour objectif de permettre à chacun⋅e d’entre nous de devenir des acteurs et actrices d’un Internet « bien commun », respectueux de l’individu et du collectif.
Pour être en capacité d’agir, nous pensons qu’il faut d’abord avoir une vision claire du monde sur lequel on veut agir. Chacune des trois séquences de ce premier module cherche à nous dépeindre comment le paysage numérique actuel s’est construit et où sont nos espaces d’action.
Pour le plaisir, voici la première vidéo de ce MOOC
La première séquence, « Internet, pourquoi et comment », revient en 4 leçons aux sources de notre monde numérique, de la création d’Internet aux problèmes posés par les réseaux sociaux et plateformes.
La séquence suivante, intitulée « Les GAFAM, c’est quoi ? Et en quoi c’est un problème ? » essaie en cinq leçons de dresser un portrait sans fard des géants du Web, de leur domination sur notre société et du système qui les porte : le capitalisme de surveillance.
Enfin, la séquence « C’est quoi les solutions ? » cherche à expliquer en cinq leçons les leviers d’action qui peuvent nous permettre de changer le paysage numérique, de sortir du rôle de consommateurs isolés et de créer des communautés d’acteurs.
Un module accessible à toutes, à tous, sans expertise requise
Le cours est déjà ouvert, et chacun·e peut y participer quand bon lui semble : il n’y a pas de période d’inscription à respecter. Le maître-mot, ici, c’est l’autonomie. Nous voulons laisser aux apprenant·es un maximum de libertés dans leur parcours pédagogique, quitte à ne pas mettre en place de système de certification.
Ainsi, les contenus pédagogiques ont été pensés pour être accessibles à toute personne voulant découvrir le cours, quel que soit son niveau de connaissances sur le numérique. Ni Framasoft, ni la Ligue de l’Enseignement n’assureront d’accompagnement pédagogique contraint à un calendrier : chacune et chacun peut suivre les leçons à son rythme, et gérer son temps consacré à ce MOOC.
Pour faciliter cette auto-gestion, chacune des séquences pédagogiques est accompagnée d’un questionnaire à choix multiples. Ainsi, chaque apprenant·e pourra auto-évaluer les connaissances acquises. Par ailleurs l’ensemble du module est accompagné d’un glossaire (pour se remettre en tête les termes et personnes-clés) ainsi que d’un forum d’entraide (où, par contre, nous essayerons d’être régulièrement présent·es).
Il est possible d’accéder aux contenus sans inscription, afin de pouvoir les partager librement. Nous vous conseillons cependant de vous créer un compte (c’est gratuit aussi), ce qui vous permettra justement de bénéficier de ces fonctionnalités avancées :
accès aux exercices d’autoévaluation avec les QCM ;
possibilité de suivre l’avancement de votre parcours de formation (pour reprendre une leçon là où vous vous étiez arrêté ou pour suivre vos résultats aux évaluations) ;
possibilité de gagner des points d’expérience au fur et à mesure de la réalisation du module ;
recevoir un badge en fin de parcours pédagogique, indiquant que vous avez bien réalisé l’ensemble du module ;
accès au forum d’entraide ;
accès aux annonces spécifiques du site (nouveautés, alertes, etc.).
Comme un logiciel libre, ce MOOC va évoluer
Comme d’habitude avec Framasoft, et en accord avec la Ligue de l’Enseignement, tous les contenus créés pour ce MOOC sont placés sous licence libre CC-By-SA (certaines images et vidéos sont issues de sites tiers, et signalées comme telles). Car nous espérons bien qu’il va évoluer, notamment grâce aux contributions et retours sur le forum d’entraide, ainsi qu’avec les apports des membres du collectif CHATONS.
Il faut donc voir ce MOOC comme un commun, organique, vivant : il grandit si l’on en prend soin. S’il manque des ressources, si un exercice est à côté de la plaque, si une leçon est trop longue, nous vous invitons à partager votre avis sur le forum d’entraide et à contribuer (comme pour un logiciel libre, tiens !).
Chez Framasoft, nous sommes bien conscient·es de ne pas avoir la science infuse. Il est donc très important que quiconque puisse remettre en question nos choix dans la forme comme dans le fond de ce MOOC. Si vous prenez le temps de rédiger un retour sur le forum d’entraide, vous nous apporterez une précieuse contribution. C’est la première fois que nous réalisons un tel contenu, nous avons donc beaucoup à apprendre !
C’est un petit pas pour les MOOC, mais un grand pas dans Contributopia
Pour l’instant, les modules suivants (sur la structuration et l’animation communautaire d’un membre de CHATONS d’une part, et sur la gestion de l’infrastructure technique informatique d’autre part) ne sont pas financés. Nous n’avons donc pas prévu de les faire en 2020. C’est aussi une chance : il nous faut attendre de voir comment sera reçu ce premier MOOC, afin de tirer les leçons de cette expérience.
Cependant, s’il y a de la demande (et des moyens) pour que l’on poursuive cette aventure, nous pourrons tenter le coup à partir de 2021… Car nous n’avons pas oublié que, dans notre feuille de route Contributopia, il y a le projet fou d’une Université Populaire du Libre, Ouverte, Autonome et Décentralisée (« UPLOAD »)…
Si la route vers cette UPLOAD est encore longue, la voie est libre… et un des premiers pas est certainement la sortie de ce premier module du MOOC CHATONS. À vous de le partager !
MOOC CHATONS : un parcours pédagogique pour favoriser l’émancipation numérique
Avec la Ligue de l’Enseignement, nous travaillons depuis plus d’un an à concevoir et à réaliser un parcours pédagogique en ligne sur « Pourquoi et comment nous pouvons reprendre le contrôle d’Internet ».
Cet article fait partie des « Carnets de voyage de Contributopia ». D’octobre à décembre 2019, nous y ferons le bilan des nombreuses actions que nous menons, lesquelles sont financées par vos dons (qui peuvent donner lieu à une réduction d’impôts pour les contribuables français). Si vous le pouvez, pensez à nous soutenir.
C’est l’histoire d’un MOOC…
Faire de l’éducation populaire aux enjeux du numérique, aujourd’hui, induit d’expliquer pourquoi et comment nous pourrions reprendre le contrôle d’Internet.
L’idée est née en 2016 : associer les savoirs-faire de La Ligue de l’Enseignement, fédération nationale d’éducation populaire, et l’expérience de Framasoft pour créer un cours ouvert en ligne à suivre librement (aussi appelé MOOC). Dès le début, l’ambition a été de rassembler des ressources existantes (conférences, articles, ouvrages, etc.), d’en créer de nouvelles et de les organiser pour favoriser l’émancipation numérique.
Il ne s’agit pas ici d’un MOOC classique, avec un accompagnement pédagogique contraint à un calendrier… Chez Framasoft, au lieu de MOOC, on s’amuse même à parler d’un « Librecours », terme emprunté à la plateforme https://librecours.net/ de l’Université de Technologie de Compiègne. Mais le terme « MOOC » est installé dans le paysage de la formation en ligne depuis plusieurs décennies, et il nous a donc semblé plus simple de garder cette appellation.
L’objectif de ce MOOC, qui comportera à terme trois modules, est d’accompagner les personnes qui souhaiteraient :
mieux saisir les enjeux et les impacts qu’ont les géants du web sur nos vies numériques. C’est l’objet du premier module du MOOC, que nous vous annonçons aujourd’hui ;
comment monter une structure apte à proposer des services « hors GAFAM » ? Pour cela, les apprenant⋅es pourront suivre pas à pas l’étude de cas d’une organisation qui souhaiterait rejoindre le collectif CHATONS (Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires). L’étude de cas se concentrant sur les aspects stratégiques (objectifs), tactiques (moyens financiers et humains), juridiques (statuts, actions en cas de réquisitions judiciaires, etc.) et de gouvernance (quelles règles de vies communes ?). Cela sera l’objet du second module, à venir.
des pistes pour administrer l’infrastructure technique de cette structure membre du collectif CHATONS. Ce troisième module concernera donc plus particulièrement les personnes ayant déjà des bases en administration systèmes et réseaux informatiques (alors que les 2 premiers modules ne nécessitent aucun prérequis).
Mais pour le moment, nous n’annonçons que l’ouverture du premier module, intitulé « Internet : pourquoi et comment reprendre le contrôle ? » (attention, comme indiqué en conclusion, ce module est encore en version bêta, et devrait être achevé en janvier 2020).
Pour ce premier module introductif, nous souhaitions dépeindre le paysage numérique actuel à un public le plus large possible, en faisant écho à l’ouvrage « Numérique : reprendre le contrôle », issu d’un collectif d’auteur⋅ices et paru en 2016 dans notre collection Framabook.
Quelles sont les raisons qui peuvent nous mener à vouloir émanciper nos pratiques numériques ? Comment s’organiser pour le faire ? Quels outils et savoirs-faire techniques sont à notre disposition ? C’est précisément ces questions qui seront abordées dans le premier module de ce MOOC.
Quand la loi de Murphy s’en mêle
Grâce à un financement de la fondation Afnic obtenu en 2018, nous nous sommes donc lancés dans la réalisation de ce premier module il y a presque deux ans. La Ligue de l’Enseignement a rassemblé autour d’une table de nombreux partenaires pour imaginer ensemble un séquençage pédagogique décrivant les différents types de domination que les géants du web exercent sur nos sociétés… et les pistes de réflexions et d’expériences qui permettent de s’en extraire.
Depuis cette réunion, évidemment, rien ne s’est passé comme prévu ! Il y a eu les plannings hyper remplis qui rendent difficile de trouver le moment où tout le monde peut s’accorder. Il y a eu les problèmes qui peuvent advenir dans les vies personnelles de chacun·e. Il y a aussi eu nos tâtonnements pour trouver un séquençage pédagogique pertinent (dans la mesure de nos capacités) et pour réaliser une plateforme adéquate et agréable (avec le logiciel libre Moodle).
On ne va pas vous refaire tout l’historique (qui est disponible, en toute transparence, sur le forum du collectif CHATONS), mais disons qu’en somme, nous avons pris plus d’un an de retard.
Aujourd’hui, nous vous présentons donc la version bêta de ce premier module. Oui, la peinture est fraîche, oui les contenus vont être enrichis et évoluer au fil des contributions… Cependant nous sommes fièr⋅es de cette première proposition !
Décrire le paysage numérique actuel avec de nombreuses voix
Entre 2018 et 2019, nous sommes allé·es interroger plus de dix personnes qui, chacune à leur manière, ont contribué à la culture du libre, des communs et de la bidouille. Nous les remercions chaudement de s’être soumis·es à l’exercice difficile de l’entrevue vidéo et d’avoir accepté que leurs propos soient diffusés sous licence libre.
Militant·es des mondes du logiciel libre et des communs, personnes travaillant dans l’éducation académique et populaire… Les intervenant·es de notre MOOC ont des parcours variés et des points de vue complémentaires.
Pour le plaisir, voici la première vidéo de ce Libre Cours
Leurs regards croisés sur le paysage numérique actuel sert à dépeindre, sur chaque vidéo, un détail de notre monde numérique, que l’on aborde petit bout par petit bout, pour que même une personne néophyte puisse en comprendre les contenus. L’ensemble des vidéos réalisées pour ce cours se retrouve facilement sur la fédération PeerTube, puisqu’elles sont publiées sur une chaîne dédiée de Framatube.
En créant un compte sur mooc.chatons.org, vous pourrez vous inscrire au premier module Internet : pourquoi et comment reprendre le contrôle ? La plateforme vous permettra de suivre les leçons de chaque séquence en toute autonomie, vous auto-évaluer et trouver de l’entraide sur le forum et le wiki.
Chaque leçon est structurée de la même façon. On commence par regarder une vidéo introductive de quelques minutes. On se plonge ensuite dans la lecture d’un texte détaillé et illustré afin de mieux comprendre le sujet traité. Et si l’on souhaite approfondir ses connaissances, c’est possible grâce aux ressources recommandées dans la partie « pour aller plus loin ».
Une fois que l’on a consulté l’ensemble des leçons d’une séquence, on peut auto-évaluer ses acquis via un questionnaire à choix multiples et partager ses avis et points de vue entre apprenantes et apprenants.
Donner libre cours à l’enrichissement commun
Voilà plus de cinq ans que Framasoft se forme et informe au sujet de comment Internet a été transformé par l’appétit des géants du web. Nous sommes heureux et heureuses de présenter aujourd’hui un nouvel outil sur le sujet, un outil que l’on espère facile d’accès même pour les personnes qui n’y connaissent pas grand chose.
Ne nous cachons rien, la peinture est fraîche et le travail sur ce premier module est loin d’être fini. La première séquence est assez aboutie, mais les secondes et troisièmes séquences pédagogiques (Les GAFAM, c’est quoi ? et C’est quoi les solutions ?) sont encore en cours de rédaction (nous espérons les finaliser d’ici janvier 2020), le lexique et les présentations des intervenant·es n’en sont qu’à leur premier jet… Il s’agit donc bien d’une version bêta !
Quand aux modules 2 (« Créer son chaton ») et 3 (« Administration technique d’un chaton »), et bien… il faudra patienter ! Tout d’abord, ces modules ne sont pas encore financés (et nous ne savons pas s’ils le seront un jour). Ensuite, comme vous avez pu le lire dans nos différents articles des « Carnets de Contributopia », et notamment dans celui intitulé « Ce que Framasoft pourra faire en 2020 », vous aurez compris que notre programme est déjà lourdement chargé pour notre petite association (même si nous pourrons évidemment faire appel aux membres du collectif CHATONS pour nous prêter main forte).
Enfin, comme il s’agit de la production de notre premier parcours pédagogique, nous attendons de collecter les retours d’expériences pour savoir si ces modules répondent à un besoin (ou pas), si cela ouvre des pistes de collaboration et contribution (ou pas), si nous nous sommes complètement plantés (ou pas).
Concernant ce premier module, nous voulions présenter au plus vite une proposition initiale pour qu’elle puisse ensuite être peaufinée et enrichie collectivement, de plusieurs manières :
les membres du collectif CHATONS sont invités à modifier et faire évoluer les contenus ;
toute personne inscrite sur la plateforme peut y trouver un forum et y suggérer des reformulations, des ressources pour aller plus loin, ou toutes autres modifications ;
les formats courts et longs des entrevues vidéos des intervenant·es seront très vite publiés, toujours sous licence libre, pour que chacun·e puisse y puiser du contenu.
Nous espérons donc qu’un grand nombre d’entre vous s’empareront de ce parcours pédagogique et nous feront des retours afin que l’on puisse l’améliorer… Jusqu’à parvenir, prochainement, à une version que l’on pourrait fièrement proposer en réponse à nos proches qui nous demandent souvent : « Non mais tu peux me redire pourquoi c’est important, là, ton truc de libertés numériques ? ».
Rendez-vous sur la page des Carnets de Contributopia pour y découvrir d’autres articles, d’autres actions que nous avons menées grâce à vos dons. Si ce que vous venez de lire vous plaît, pensez à soutenir notre association, qui ne vit que par vos dons. Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don de 100 € d’un contribuable français reviendra, après déduction, à 34 €.
Hé, en vrai, tu sais comment ça marche, toi, Wikipédia ?
Tout le monde connaît Wikipédia, chacun et chacune a son petit avis dessus, mais sait-on réellement comment cette encyclopédie collaborative fonctionne ?
Il y a 20 ans, lorsque, lors d’une soirée entre ami-e-s, on se posait une question du genre « Mais attends, comment on fait l’aspirine ? » le dialogue était souvent le même :
– Je sais pas, c’est pas avec de l’écorce de saule ?
– Oui mais ça doit être chimique, maintenant, non ?
– Je sais pas, t’as pas une encyclopédie ?
– Si, dans la bibliothèque, mais la raclette est prête.
– Bon, tant pis.
…et on en restait là. Aujourd’hui, on sort un ordiphone, on cherche la réponse sur Wikipédia, et on passe la raclette à se chamailler sur la fiabilité d’une encyclopédie où « tout le monde peut écrire n’importe quoi ».
En vrai, avez-vous déjà essayé d’écrire n’importe quoi sur Wikipédia… ? Savons-nous seulement comment ça marche ? Comment les articles sont-ils écrits, modifiés, corrigés, vérifiés, amendés… ?
Ça peut être impressionnant, la première fois qu’on se dit « tiens, et si moi aussi je participais à l’élaboration d’une encyclopédie ? » On peut se sentir un peu perdu·e, pas vraiment légitime, ou tout simplement ne pas savoir par quel bout commencer…
Heureusement, les membres de la communauté Wikipédia et Wikmédia France (l’association des contributeurs et contributrices à la Wikipédia francophone), ont créé un MOOC, un cours ouvert gratuit et en ligne, pour nous faire découvrir les rouages du cinquième site le plus visité au monde, et nous apprendre à nous en emparer.
L’an dernier plus de 6 000 personnes se sont inscrites à ce cours. Fort-e-s de cette expérience, l’équipe rempile pour une deuxième édition, l’occasion pour nous de les interroger et de découvrir ce que proposera ce cours.
Bonjour, avant toute chose, est-ce que vous pourriez nous présenter Wikimédia France et vos personnes ?
Jules : Bonjour ! Wikimédia France est une association française à but non-lucratif dont l’objet est « de soutenir en France la diffusion libre de la connaissance, notamment l’encyclopédie Wikipédia. » Il y a souvent des confusions à ce sujet, alors clarifions : Wikipédia est totalement rédigée par des internautes bénévoles, qui s’organisent de manière autonome et déterminent les règles du site. L’association Wikimédia France soutient les contributeurs et l’encyclopédie, mais ne participe pas à la rédaction et n’a aucun pouvoir sur la communauté ; ce n’est d’ailleurs pas la seule association à soutenir l’encyclopédie. Natacha, Alexandre, Valentin et moi-même sommes des contributrices et contributeurs bénévoles de Wikipédia ; nous faisons partie de la douzaine de bénévoles qui conçoivent le WikiMOOC. Je suis par ailleurs salarié de Wikimédia France, qui soutient l’initiative.
Une des missions de Wikimédia France, c’est justement d’inciter qui le veut à contribuer à la Wikipédia francophone… C’est pour cela que vous proposez ce MOOC ? Les cours massivement ouverts et en ligne sont un bon moyen d’inciter aux apports ?
Jules : Oui, les MOOC cumulent plusieurs avantages : bien souvent gratuits, ils sont en ligne et permettent donc de toucher un public plus nombreux qu’avec des formations en présentiel, mais aussi plus diversifié. Le MOOC s’adresse d’ailleurs à toute la francophonie, et près de la moitié des inscrits ne sont pas français.
Alexandre: Le WikiMOOC est effectivement réalisé de manière à donner envie de contribuer. Petit à petit, l’apprenant est guidé vers la rédaction d’un article. Mais il y a des façons très diverses de contribuer : ajouter des sources, des photos, corriger la mise en page, linkifier, améliorer des ébauches d’articles… Une des nouveautés de la deuxième session du WikiMOOC est de présenter des témoignages de contributeurs pour qu’ils racontent ce qu’ils font. Il est aussi plus aisé de contribuer si on ne se sent pas un étranger dans le monde de Wikipédia. Le but du WikiMOOC est aussi de faire mieux connaître ce monde aux apprenant-e-s.
Si je crains que « n’importe qui puisse écrire n’importe quoi dans Wikipédia », ce MOOC me rassurera-t-il ?
Jules : Nous l’espérons, car les choses ne sont pas aussi simples ! L’affirmation initiale, néanmoins, est exacte : n’importe qui peut écrire n’importe quoi sur Wikipédia. Mais le n’importe quoi a de fortes probabilités de ne rester sur Wikipédia qu’une vingtaine de secondes tout au plus. Car il faut étayer toute affirmation par des sources, et des sources de qualité, dont on sait qu’elles sont fiables (pas un obscur blog anonyme, donc). Pour vérifier que cette règle est bien respectée, il y a notamment un groupe de contributrices et contributeurs qui surveillent en temps réel les modifications effectuées sur les 1,8 million d’articles de Wikipédia : on les appelle avec un brin d’humour « les patrouilleurs ». C’est à ce stade que sont annulés la plupart des canulars, « vandalismes » (les dégradations volontaires d’articles) et ajouts d’opinions personnelles (totalement proscrits : on ne donne jamais son avis personnel dans un article). Certaines modifications passent évidemment entre les mailles du filet et ne seront annulées que plusieurs heures ou plusieurs jours après, par d’autres contributeurs – on manque de bras pour tout vérifier !
Finalement, à qui s’adresse ce MOOC ? Aux personnes qui veulent juste en savoir plus ? À celles qui veulent contribuer activement mais ne savent pas comment ?
Valentin : À tout le monde ! On peut effectivement s’inscrire juste pour comprendre comment Wikipédia fonctionne. Mais ce MOOC est surtout un outil permettant en quelques semaines d’assimiler l’essentiel de ce qu’il faut pour contribuer correctement. Nous voulons que de nombreuses personnes s’emparent de cet outil pour désacraliser la contribution à Wikipédia. Tout le monde utilise Wikipédia en tant que consommateur, mais trop peu de personnes viennent contribuer.
Jules : On peut se sentir un peu perdu quand on commence sur Wikipédia, seul⋅e. Le WikiMOOC est justement parfait pour être guidé dans sa découverte de l’encyclopédie, de son fonctionnement et de sa communauté.
Alexandre : Pour moi qui suis aussi universitaire, le WikiMOOC est un fabuleux point d’entrée pour un cours de Wikipédia. J’essaye donc de synchroniser mes cours avec le WikiMOOC ce semestre pour y inscrire mes étudiant-e-s, et j’encourage les collègues à faire de même !
Comme Framasoft, Wikimédia France est une association qui vit du don… Or créer un MOOC coûte cher… Comment avez-vous pu réussir ce tour de force ?
Jules : La création d’un MOOC, pour une université, se compte toujours en dizaines de milliers d’euros. Nous n’en avons dépensé « que » (ça nous paraît énorme, à vrai dire) 7 500 pour la première édition : 2 500 pour la plateforme, FUN, et 5 000 pour la réalisation des vidéos, via une association de vidéastes amateurs, beaucoup moins cher qu’avec un professionnel ! Et moitié moins pour cette seconde édition. Notre force, c’est qu’il y a une douzaine de bénévoles, contributeurs et contributrices francophones, qui bossent sur le projet ; c’est cet investissement bénévole, en temps, qui nous permet de ne pas dépenser trop. Nous réalisons nous-mêmes beaucoup de tâches (créer des visuels, tourner certaines vidéos, concevoir des tutoriels interactifs…) qui dans une université seraient sous-traitées. Nous bénéficions tout de même d’une partie importante de mon temps salarié chez Wikimédia France, même si je m’investis aussi sur du temps bénévole.
En passant, on lit de l’équipe pédagogique que « Ces trois présentateurs et présentatrices font partie d’une équipe pédagogique plus large, riche de treize wikipédiens et wikipédiennes expérimenté·e·s ». Le langage épicène, qui permet d’éviter la discrimination d’un genre, vous tient à cœur pour la wikipédia francophone ?
Natacha : Le langage épicène (ou langage non sexiste) est un langage inclusif qui tente de ne pas favoriser un genre par rapport à l’autre. Il est utilisé notamment en Suisse et au Québec, surtout dans la fonction publique. Par ailleurs, nous avons un fossé des genres sur Wikipédia – 75 000 articles sur des femmes contre 450 000 biographies d’hommes et moins de 20 % de personnes contribuant sont des femmes – ce qui introduit parfois des biais dans la façon dont les sujets sont traités. La fondation Wikimedia (qui participe au financement de Wikimédia France) en a fait un sujet de priorité depuis qu’un article du New York Times a relevé ce problème en 2011.
Par ailleurs le WikiMOOC cible toute la communauté francophone, et nommer explicitement le genre féminin peut avoir un impact sur la participation des femmes à ce dernier, alors même qu’on cherche à augmenter le nombre de contributrices ce détail peut avoir son importance !
Jules : Natacha a su nous convaincre d’utiliser le langage épicène dans le WikiMOOC ;-). Mais celui-ci n’est pas en usage systématique sur Wikipédia en français, notamment en raison de sa lourdeur visuelle, et car il n’est pas (encore ?) répandu dans les usages. Or Wikipédia a tendance (rien de systématique) à suivre les usages de la langue.
D’ailleurs, on peut parfois ne pas être d’accord avec les choix faits dans les règles que s’impose la communauté Wikipédia (éligibilité des articles, traitement des genres et des personnes trans, application du point de vue…). Quelle est la meilleure manière de faire évoluer ces positions ?
Jules : Le meilleur moyen de faire évoluer les règles de Wikipédia, ou bien les consensus qui ont émergé au coup par coup pour chaque article, c’est de s’investir dans la communauté. On voit souvent des internautes débarquer, parfois très bien intentionnés, mais très maladroits : ils arrivent et veulent tout changer. Or les contributeurs et contributrices sont souvent sur leurs gardes, notamment parce qu’il y a régulièrement des tentatives d’entrisme et de manipulation de Wikipédia à des fins idéologiques et politiques (en faveur d’une personnalité politique par exemple). Ce sont des internautes qui veulent utiliser la notoriété de Wikipédia pour faire et défaire les notoriétés, pour passer leurs idées… alors que ce n’est pas le lieu. Bref, quand on est bien intentionné, il est primordial dans un premier temps de se familiariser avec les règles ainsi que les us et usages relatifs qui guident le déroulement les discussions et les décisions. Cela évite les maladresses, et ça permet de parler le même langage que les autres contributeurs et contributrices bénévoles. Ça instaure une confiance mutuelle.
Wikipédia, c’est une encyclopédie, mais aussi nombre d’autres projets visant à partager le savoir collaborativement… vous en parlerez dans ce MOOC ?
Alexandre : Le mouvement Wikimedia contient de nombreux projets en plus de Wikipédia, comme Wikimedia Commons qui est l’endroit où les fichiers multimédia Wikipédia-compatibles sont déposés. Comment ajouter une photo est une question qui revient souvent donc le sujet est abordé. Au delà, Wikipédia et les projets « sœurs » sont une excellente école pour comprendre les enjeux du copyright et de ses abus, ce que sont les licences Creative Commons et ce qu’elles représentent politiquement. La famille des projets Wikimedia correspond au seul projet libre (libre comme dans libre discours, pas comme dans libre bière 🙂 ) accessible au et connu du grand public. À ce titre, il est une sorte de porte étendard et pour moi, le WikiMOOC a aussi pour vocation de le promouvoir.
Bon c’est bien gentil tout ça, mais ça va me demander quoi de participer à ce MOOC ? Des milliers d’heures de travail ? Un ordi surpuissant dernier cri ? Une connaissance infaillible de la calcification des hydrogénocarbonates ?
Alexandre : le point commun de tous les MOOC, c’est qu’on peut se sentir libre de les aborder à sa manière : regarder seulement les vidéos, faire les exercices ou pas, s’intéresser à une semaine mais pas à l’autre. Dans le WikiMOOC, des mécanismes pédagogiques sont prévus pour inciter les apprenant-e-s à aller le plus en profondeur possible mais tout le monde doit se sentir libre (sauf mes étudiant-e-s qui seront noté-e-s, évidemment !).
Jules : Pour rebondir sur votre question, pas besoin d’ordi surpuissant, un navigateur web à jour suffit amplement. Pour suivre la totalité du cours, il faut compter au moins trois heures de travail par semaine, mais c’est très variable d’une personne à une autre !
Du coup, si je suis convaincu, qu’est-ce que je dois faire pour m’inscrire ?