L’ado presque comme les autres avec un poster de Tux dans sa chambre

Des dizaines de milliers d’ados s’enregistrent et postent leurs vidéos sur YouTube.

Plus rares sont ceux qui ont un poster de Tux dans leur chambre 😉

Emily - Linux - YouTube

Les jeunes les plus talentueux choisissent le Libre

The most talented youth choose open source tools

Phil Shapiro Р13 d̩cembre 2012 РOpenSource.com
(Traduction : clementd, KoS, Pouhiou, Robin Dupret, ProgVal)

Je suis bibliothécaire, j’aide les gens à utiliser les ordinateurs en libre accès. Après une longue journée de travail, j’aime à me détendre en écoutant quelques vidéos musicales sur YouTube. Grand fan de cet artiste j’ai ainsi entré « Reprise Bob Dylan cette semaine Â», l’autre jour, dans le moteur de recherche du site

Imaginez ma joie et ma surprise de tomber sur cette vidéo de « Knockin on Heaven’s Door Â» en multipistes. Mais minute ! Ce ne serait pas un poster du manchot Tux accroché au mur derrière cette jeune musicienne ? Eh si. Mmmh, est-ce que cette affiche a été sciemment placée ici ou est-ce une simple coïncidence ?

Je devais en avoir le cÅ“ur net. J’ai alors directement posé la question à la musicienne. Emily Fox me répondit qu’elle était une fan inconditionnelle des logiciels libres ! Elle utilise ainsi OpenShot, un éditeur pour créer la vidéo de sa musique.

Ça me réchauffe le cÅ“ur de voir que certains des plus grands talents de la nouvelle génération choisissent des outils libres. L’histoire ne s’arrête pas là, pourtant. L’histoire a une suite…

La semaine dernière, Emily Fox a mis en ligne la vidéo de sa dernière composition appelée « Please, Mr. Snowman Â» avec ses propres graphismes, simples mais superbes, réalisés avec GIMP ! Si vous aviez des doutes quant à son talent créatif, ces doutes auront peut-être disparu avec cette vidéo. Les voix sont simples et profondes. Les instruments de fond propres et bien équilibrés. Je suis impatient d’écouter les prochaines créations d’Emily et de voir ce qu’elle deviendra plus tard.

Ceci m’a fait penser aux jeunes que je rencontre dans la bibliothèque où je travaille. Certains des plus talentueux sont profondément attachés à l’utilisation des logiciels libres. Un collégien, dont l’aide m’est précieuse, me dit qu’il ne touchera aucun appareil qui utilise des DRM (Digital Rights Management). Je suis pour ma part plus modéré à ce sujet, mais je comprends son point de vue.

Une vague d’amateurs du Libre est-elle en train d’émerger à travers notre système scolaire ? Je dirais que oui. Elle n’est pas énorme, mais elle apporte un grand soutien et une grande promesse à sa diffusion. En dix ans, quelques-uns de ces jeunes créeront de nouvelles entreprises ou seront des artistes de renommée mondiale. Dans vingt ans, certains seront nos élus. Pour que cela dure, nous devons continuer nos efforts pour promouvoir le mouvement du Libre.

Et vous, par quelles petites choses allez-vous faire avancer le Libre ces jours-ci ?




Framasoft et le Père Gnuël vous souhaitent de joyeuses fêtes !

Avec ce sourire, nous en profitons pour vous remercier chaleureusement de votre soutien cette année, qu’il s’agisse d’un don[1], d’une participation ou tout simplement en diffusant la bonne parole du Libre autour de vous.

Rendez-vous en 2013, parce qu’il reste encore plein de sales gosses à convertir 😉

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)

Notes

[1] Pour rappel : C’est le dernier moment pour faire un don 2012 défiscalisable à 66% (si vous êtes soumis à l’impôt sur le revenu).




OS, logiciels, serveurs et… tablettes libres pour les écoles – Entretien avec Éric Seigne

Eric_Seigne_Abuledu_en_classeLes entreprises utilisant et fabriquant du logiciel libre à destination des écoles primaires sont rares. Il faut reconnaître que le marché est compliqué et beaucoup plus difficile à conquérir puisqu’il faut démarcher chaque mairie là où les conseils généraux suffisent pour les collèges. C’est donc un travail de fourmi que doivent fournir ces sociétés pour exister. Nous avions rencontré en mars dernier les co-présidents d’iMaugis. Aujourd’hui, c’est Éric Seigne, que nous avons le plaisir d’interviewer. Il en profite pour nous annoncer une nouvelle qui devrait, nous l’espérons, faire beaucoup de bruit 😉

Bonjour Éric. Pour ceux qui ne te connaissent pas, peux-tu te présenter ?

Éric Seigne, 34 ans , directeur de la société RyXéo, éditeur de AbulÉdu, ensemble de logiciels libres multidisciplinaires à destination des établissements scolaires. Je suis un des membres fondateurs de l’ABUL, Association Bordelaise des Utilisateurs de Logiciels Libres, ainsi que d’autres associations libres.

Comment as-tu découvert le libre ?

Pendant mes années de lycée, dans le journal local (Sud Ouest) on pouvait lire que se tenaient à Bordeaux des repas entre Experts Linux… À cette époque, j’avais la chance de pouvoir bidouiller l’ordinateur de ma sÅ“ur aînée, alors équipée de DOS, tandis que mes amis disposaient d’ Amiga et Amstrad (avec écran couleur, son, jeux…) … Je me contentais du prompt A:>_ …


J’ai ensuite installé un OS/2 puis ai enfin eu mon propre ordinateur, pc offert par mon grand-père.

J’ai trouvé le moyen d’installer une slackware sans en connaître les commandes rudimentaires… J’ai persévéré et ai, comme beaucoup d’autres, apprécié. Après mon bac, je me suis installé à Bordeaux et y ai effectué mes études. J’ai enfin pu participer à ces fameux repas de linuxiens bordelais où la constitution d’une association locale (ABUL) a été décidée. À cette époque, des personnes telles que Pierre Ficheux ont suscité chez moi une réelle admiration ! À tel point qu’une Redhat a remplacé la slackware sur ma machine. La découverte de l’interface graphique n’a finalement pas changé grand-chose… si ce n’est de pouvoir lancer un Netscape… les habitudes étaient déjà trop grandes… j’appréciais les fameuses lignes de commande et ne comptais plus les abandonner.

J’ai également participé à quelques demo-parties et ai pu admirer les prouesses des démos 4k, des équipes dev-gfx-zique… la créativité de ces gens est tout simplement incroyable.

Je savais que je n’aurais pas dû jouer autant avec mon Amstrad 6128 😉
Tu es à l’initiative de nombreux projets ou tu y participes : RyXéo, AbulÉdu, AbulÉdu-fr, AbulÉdu ENT, Le Terrier, Pédagosite, Scideralle
Vu de l’extérieur, cela commence à ressembler à l’anarchie des projets Framasoft 😉
Tu peux nous les présenter pour y voir plus clair ?

Connais-tu “la cathédrale et le bazar“ ? Ce livre fait partie de mes lectures qui ont eu une grosse influence sur ma trajectoire, au même titre que l’incroyable “hold up planétaire” de Roberto di Cosmo). Je suis un créateur sur le mode « bazar Â» qui, de temps en temps, essaye de remettre un peu d’organisation « cathédrale Â» pour repartir sur un cycle bazar et ainsi de suite :

  • 1998 création de l’Abul et définition de nos prérogatives à savoir l’éducation, la création du groupe Abul-edu, qui donnera naissance au projet Abuledu
  • 1998 l’AFUL signe une convention avec le Ministère de l’Éducation Nationale (Stéphane F., Thierry S., Bernard L., Nat M. Jean-Pierre L. et toute l’équipe de l’AFUL que je ne remercierai jamais assez pour ce coup d’éclat) qui nous ouvre les portes et définit le cadre de travail dont nous bénéficions dans ce secteur
  • 1998 Jean Peyratout, instituteur à Gradignan (à 200 m de chez moi), fondateur de l’ABUL nous fait vibrer au son de « je suis instituteur laïc, républicain, gratuit … et néanmoins obligatoire et à ce titre j’ai du mal à mettre mes élèves devant des ordinateurs Microsoft Windows pour leur faire utiliser Microsoft Word (ou Write), Microsoft Excel, Microsoft Encarta, Microsoft truc et ainsi de suite, il y a la une entorse à mon éthique (et mon devoir de neutralité) que j’ai du mal à avaler, j’aimerais savoir si “linux” pourrait pas nous offrir un choix Â».
  • 1999/2000 le groupe Abul-edu (une trentaine de bénévoles de l’association) installe “des ordinateurs en réseau” dans l’école primaire de Jean Peyratout. On va du recyclage de vieux pc à l’installation d’un “serveur” (de mémoire un P3 avec 128 ou peut-être 256 Mo de RAM) … Camille C. nous amène une techno: “LTSP“… on essaie également XTermKit de Jacques Gélinas… Pour faire simple on pourrait dire que les enfants utilisent AbulÉdu en semaine et des adultes barbus s’adonnent à leur hobby le week end…
  • 2000 premières RMLL, le cycle éducation présente des projets extrêmement ingénieux, dont celui de Jacques Gélinas (Hacker kernel, papa de linuxconf) qui enivre la foule… en fin de journée, nous faisons des démonstrations autour d’AbulÉdu. À la fin de la conférence, plus d’une dizaine d’enseignants viennent nous voir et nous disent qu’ils veulent faire la même chose dans leur école. Dans l’euphorie de l’événement on leur lâche un « chiche, revenez dans un an on vous donnera un cd d’installation Â»
  • Cette même année 2000, je crée l’entreprise individuelle Rycks
  • Un an plus tard, lors des RMLL 2001, on lance le CDROM AbulÉdu 1.0 basé sur Mandrake 7.2 (je salue et remercie encore les hackers de Mandrake qui nous ont aidés et soutenus)… La communauté s’élargit alors jusqu’en Afrique de l’Ouest, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et bien naturellement partout en France. Des enseignants comprenant notre démarche vis à vis des enjeux du libre dans le milieu scolaire veulent créer des logiciels pour aider leurs enfants à apprendre à lire, compter… un coup de pouce technique plus tard Le Terrier d’AbulÉdu est né.
  • Dans notre approche constructiviste, suite à des retours utilisateurs, nous créons Pédagosite, une nouvelle fois, dans notre bazar. L’idée est de mettre en commun les fiches pratiques et pédagogiques des enseignants contributeurs.
  • 2003 l’association ABUL, le groupe abul-edu et AbulÉdu décident de structurer. L’ABUL a pour mission de s’occuper de Linux sur Bordeaux (je schématise) et AbulÉdu prend alors son envol. Le groupe Abul-edu se réunit et créé l’association SCIDERALLE.
  • 2003 Rycks devient RyXéo, quittant le statut d’entreprise individuelle pour celui de SARL. Le changement n’intervient pas de façon isolée et AbulÉdu passe alors sur Debian. Nous proposons une solution clé en main de serveurs pré-installés accompagnés de maintenance. Le succès est mitigé : des clients qui nous rapportent de l’argent mais un malaise naît au sein de la communauté qui a du mal à comprendre qu’on puisse vendre du logiciel libre. 5 années plus tard, en 2008, nous relançons « AbulÉdu gratuit Â», version 8.08. Porteuse d’espoirs, elle nous apporte très rapidement son lot de désillusions, des donneurs d’ordre téléchargent la version gratuite, l’installent dans des écoles mais ne contractent ni support, ni expertise, ni formation auprès de RyXéo, même à 30 euros par mois !

Et la naissance d’AbulÉdu-fr ?

L’association a été constituée en 2010 et regroupe les utilisateurs d’AbulÉdu. Depuis 2011 nous essayons de resserrer les liens entre la communauté et RyXéo, l’association AbulÉdu-fr est la bonne interface pour ça.

Le bilan de l’association est présenté sur le site de l’association. toute aide est la bienvenue, en particulier d’un point de vue financier : l’association a du mal à payer les frais de déplacement pour les développeurs bénévoles lorsqu’ils viennent chez nous (RyXéo) une fois par mois.

RyXéo a toujours eu des liens avec l’éducation, notamment avec les écoles. Sauf erreur de ma part, c’est la seule entreprise, qui, en 2009, répondait intégralement au cahier des charges du ministère lors du Plan École Numérique Rurale. Pourtant de nombreuses autres entreprises ont finalement été retenues lors de ce plan (dont certaines se sont d’ailleurs mystérieusement volatilisées depuis). Comment l’expliques-tu ? Penses-tu que le fait de proposer des solutions libres a été, à ce moment là, un inconvénient ?

Je suis mal placé pour dire si on était les seuls à être compatibles avec le cahier des charges, je dirais juste qu’on a essayé d’apporter la réponse la plus claire possible.


Concernant les truands qui se sont placés sur ce marché pour voler de l’argent public et disparaître après avoir livré partiellement des écoles oui, ça m’a rendu assez malheureux.


Ensuite, ce plan était dans le « plan de relance de l’économie Â», j’ai observé qu’on a surtout relancé les importations de matériels produits à l’étranger. J’aurais préféré qu’on inverse le ratio matériel-service en s’appuyant par exemple sur du recyclage d’ordinateurs et en mettant beaucoup de ressources humaines en jeu en incluant des heures de passage dans les écoles pour que les entreprises fassent réellement du boulot d’accompagnement technique. Voire qu’on injecte des moyens financiers sous forme de création de postes d’animateurs TICE (ou dans les CDDP ou dans les équipes des Inspections Académiques ou autres structures existantes) pour que les enseignants puissent réellement mettre en pratique des usages avec des professionnels de la pédagogie…

Depuis 2010, de nouveaux logiciels du Terrier ont été développés et certains réécrits. Cela marque une réelle rupture aussi bien au niveau visuel que technologique par rapport aux premiers logiciels. Comment se font ces nouveaux développements ?

  • En 2009, nous (RyXéo) avons fait un bilan à la fois fonctionnel et technique des logiciels du Terrier d’AbulÉdu. Nous en avons tiré les 3 principales conclusions:
  1. logiciels pertinents et reconnus sur les aspects métier
  2. graphismes et ergonomie à repenser
  3. améliorations techniques du code applicatif à mettre en œuvre

Je tiens à signaler au passage que les logiciels en question sont vraiment conséquents, par exemple Association nécessite 1500 dessins et près d’un millier de mots (sous forme de sons) enregistrés ! À de nombreuses reprises la communauté des développeurs a lancé des appels à contribution pour avoir des dessins et des ressources libres réutilisables… sans grand succès.

  • Ryxéo engage un graphiste (en fait il s’agit d’un dessinateur de BD et illustrateur). En parallèle nous testons différents langages pour nos futurs logiciels (python, pygame, etc) sans en être vraiment convaincus. Puis sur le test du logiciel Raconte-moi, nous tentons l’aventure Qt/C++.
  • Au même moment, nous accueillons en stage, un enseignant avec qui nous avons l’habitude de travailler. Avec notre équipe technique, il développe le logiciel Calcul-Mental et travaille en forte collaboration avec le graphiste.

Le résultat est évident : nous sommes séduits… et l’équipe s’étoffe en l’embauchant à l’issue de son stage.

Parlons de choses qui fâchent 😉

Parmi les nouveaux logiciels, certains sont téléchargeables directement, d’autres accessibles uniquement après un achat en boutique. Pourquoi ce changement de politique ? Pourquoi cette différence de traitement entre les logiciels ?

Comme évoqué un peu plus tôt, Ryxéo est une équipe qui regroupe des développeurs, graphistes et pédagogues qui Å“uvrent à l’essor et au maintien de la solution AbulÉdu. Les salariés de l’entreprise reçoivent un salaire à la fin du mois. Le modèle économique Ryxéo, tel un éditeur, est basé sur le support, la maintenance et les formations autour des solutions proposées à nos clients.

À côté de ça, il faut savoir que l’estimation des dépenses globales au niveau national en logiciels pour les écoles en 2011 est de plusieurs millions d’euros (exemple 500.000 euros pour l’académie de Toulouse, sources : http://tice.ac-toulouse.fr/web/635-cheque-ressources.php) … Ne serait il pas pertinent que les ressources libres en bénéficient ?

Il n’en demeure pas moins que, nous sommes tous très impliqués, individuellement comme collectivement, et ce depuis de nombreuses années, à titre bénévoles dans des associations et des communautés. .

Cela dit, j’avoue qu’un de mes rêves serait de lancer une opération “logiciel libre à prix libre”… Peut être encore trop tôt… Mais un jour viendra, je l’espère.

Pour moi la réussite d’un projet libre n’est pas tant qu’il soit utilisé par des milliers d’utilisateurs que de créer des emplois et de la richesse. La FSF a eu l’intelligence de ne pas mettre de conditions « non commercial Â» dans la GPL et c’est vraiment important.

Puisque tu parles de “logiciel libre à prix libre”, RyXéo a lancé un Pedagogic Bundle permettant aux utilisateurs d’acheter un pack de logiciels du Terrier. SI je ne me trompe pas, cette opération en anglais a permis de récolter 800 $. Quel bilan en tires-tu ? Pourquoi ce choix d’une opération en anglais ?

C’est un test à plusieurs niveaux: je pense que l’aspect international est compliqué à aborder pour des logiciels pédagogiques, je ne pense pas que les enseignements soient les mêmes partout. Néanmoins je cherche pour voir s’il existerait un « Ã©cho Â» dans la communauté internationale qui gravite autour des logiciels libres et de l’éducation.

800€ c’est très peu et beaucoup : très peu compte tenu de l’exemple qu’on a pris pour s’en inspirer (humble bundle) et beaucoup parce que vu le peu de publicité qu’on a faite on a tout de même des retours.

Ensuite ce sont des personnes plutôt militantes qui nous ont pris ce bundle et nous ont spontanément proposé de participer aux traductions et prochaines offres…

Où en est le projet de micro-blogue pour les écoles primaires porté par l’association AbulÉdu-fr ?

Il s’agit d’un projet porté par l’association. Un projet véritablement important, à faire vivre, demandant du temps. Je profite donc de la tribune offerte pour demander à tout contributeur potentiel de ne pas hésiter à proposer son temps et son aide en remplissant ce formulaire de contact : http://www.abuledu-fr.org/Contacter-l-association.html

Passons à l’actualité chaude de RyXéo. Tu viens, ce samedi de présenter un produit qui devrait faire beaucoup de bruit, la TEDI. C’est quoi ?

Depuis deux ans, le phénomène « tablettes Â» envahit notre quotidien. Les écoles ne sont pas en reste et certaines, se sont lancées très tôt dans les démarches d’acquisition de ces nouveaux matériels.

La tablette est vue comme un gros téléphone, multi-tâche, à la frontière entre le matériel de productivité et le gadget. À ce titre je me dis que le combat de “détaxe” ou de “vente liée” est perdu ou tout au moins mal embarqué sur ces plates-formes …

Android prend de plus en plus de part de marchés et souffle le chaud et le froid (libre, pas libre, par exemple une version d’Android n’a jamais été publiée) … je fais de la veille technologique active et envisage un éventuel avenir libre aux tablettes scolaires.

RyXéo achète quelques tablettes pour découvrir que l’univers ARM (les puces qui équipent l’écrasante majorité des tablettes pour ne pas dire la totalité) est structuré d’une manière bien différente de la plateforme “pc/intel” que je connais bien. Il est par exemple très compliqué de choisir le périphérique d’amorçage et d’envisager de démarrer sur une clé usb, le réseau ou une carte SD … allons-nous être obligés de développer pour iOS ou Android ?

RyXéo développe cependant une « solution tablettes pour développeurs Â» sur une plate-forme intel tout en synthétisant notre cahier des charges « Ã©cole primaire Â»  :

  • Matériel aussi ouvert que possible
  • Système d’exploitation libre et logiciels libres
  • Assez robuste pour être confié à des enfants
  • Léger
  • d’un look “sympa” ou tout au moins, sortant de l’ordinaire

J’estime qu’en tant que développeurs nous avons des responsabilités. Je m’explique: si je développe une application pour iOS ou Android je ne peux pas ignorer que l’identité numérique des futurs utilisateurs de mon logiciel sera gérée par un de ces deux géants. Il en va de même pour les données qui seront forcément indexées voire stockées sur le cloud de ces mastodontes, probablement hors du territoire national et donc soumis à une loi qui n’est même pas la nôtre. De ce fait il est de notre responsabilité de proposer des alternatives durables, ouvertes, libres et pérennes. D’autant plus qu’on est dans un domaine ou nos utilisateurs (les enfants) n’ont pas encore construit leur esprit critique et qu’ils font confiance aux adultes que nous sommes pour avoir fait les bons choix !

eric-seigne-tablette

Comment est né ce partenariat avec Unowhy ?

Après quelques recherches et échanges avec nos clients et partenaires, la tablette qooq/unowhy est identifiée. Contact est pris avec l’industriel, nous achetons une tablette « développeur Â» et installons un hack d’AbulÉdu en test.

Ensuite tout s’enchaîne, nous rencontrons l’équipe dirigeante de Unowhy, effectuons une démonstration de la tablette « AbulÉdu Â», et nous voici, samedi 8 décembre 2012, pour l’annonce officielle de cette Tablette.

J’apprécie en particulier sur leur tablette et avec leur approche qu’il n’y a ait aucun connecteur propriétaire: rien que du standard ! (usb, ethernet, sdcard, jack pour le casque) … c’est suffisamment rare pour le signaler !

Présent à Éducatice Unowhy présentait justement son projet de tablette scolaire et parlait d’une expérimentation en collège. Est-ce un projet différent ou bien est-ce également un partenariat avec RyXéo ?

Ce sont deux projets différents qui pourraient paraître complémentaires. Je précise néanmoins que TEDI AbulÉdu a aussi été présentée le 22 sur le stand de Unowhy à Éducatice.

Je ne savais pas. Je n’ai pas eu l’occasion d’aller à Éducatice cette année.

Au niveau du système d’exploitation, je suppose que ce n’est pas iOS. Est-ce Android ou un développement maison ? Une adaptation d’AbulÉdu ?

C’est un vrai GNU/Linux, fondé sur l’excellent boulot de linaro. Et sur lequel nous avons réalisé le même travail que pour AbulÉdu « Live Â» ou « Serveur Â».

Puisqu’on parle de partenariat, il y au final peu d’acteurs dans l’univers du libre au niveau de l’école primaire (ASRI Édu, Beneyluschool, OLPC, OOo4kids, Sankoré, GCompris …). As-tu des échanges, liens avec eux ?

C’est juste de le dire, on est peu nombreux et la quantité baisse avec les années (par exemple cette année nous perdons l’excellente équipe de PingOO). Le grand absent de cette liste est edubuntu, qui, pour moi, est un exemple intéressant : AbulÉdu serveur étant fondé sur ubuntu, j’ai souhaité leur offrir l’interface d’administration d’AbulÉdu il y a quelques années. Tous les paquets .deb existent et marchent dans plusieurs centaines d’école tous les jours en France … Le retour que j’ai eu a été … étonnant : notre interface d’administration étant en PHP le responsable du projet edubuntu n’a même pas daigné le regarder. Aujourd’hui nous faisons et refaisons tous la même chose (des interfaces d’administration) au lieu d’utiliser des forces à la création de ressources pédagogiques, de logiciels d’apprentissages, de retours utilisateurs etc.

Beneyluschool est exemple également intéressant. En 2010 quand on a voulu proposer un ENT à nos clients, on a cherché les sources de la Beneyluschool… introuvables ou alors une version vieille comme Hérode. D’autre part, le site faisant appel à du flash de manière importante, nous avons décidé de créer notre ENT. Cependant, en 2012, Beneyluschool libère le code de sa version 3.0 qui n’utilise à priori plus de flash… Je suis heureux de voir cette nouvelle orientation et le contact est en cours pour voir comment intégrer l’accès à l’ENT depuis les tablettes pour les clients que nous avons en commun.

De même, nous avons intégré OOo4Kids dans AbulÉdu mais quelques ajustements sont encore nécessaires, notamment entre OOo et OOo4Kids (quel logiciel a la priorité sur l’association des fichiers dans le navigateur de fichiers par exemple).

Concernant GCompris la cible et l’approche sont différentes : GCompris est un moteur d’activités ludo-éducatives, Bruno a même ajouté l’interprétation de script python dans GCompris pour simplifier l’ajout de nouveaux modules par des développeurs tiers. Notre approche est différente : nous avons préféré avoir un exécutable indépendant pour chaque logiciel. Par contre au niveau de la distribution AbulÉdu, GCompris fait partie des logiciels que nous diffusons systématiquement.

Avec OLPC et ASRI Édu, nous n’avons pas encore de réels liens mais l’occasion se présentera peut être un jour.

Ryxeo fêtera ses 10 ans l’année prochaine, c’est un véritable succès ! Si tu devais choisir parmi ces propositions laquelle définirait le mieux la situation actuelle ?

* Grâce au choix du logiciel libre, RyXéo est prospère et je suis un patron très riche. * L’équilibre est précaire mais sans le logiciel libre l’aventure n’aurait pas été possible. * RyXéo aurait sûrement été plus prospère en choisissant le logiciel privatif.

À vrai dire, je ne sais pas trop commenter ces aspects. Je dirais que depuis 10 ans, l’aventure est belle, soumise à des moments heureux comme des périodes délicates. Si je devais tirer un bilan, il serait très positif. La prospérité est plus celle du cÅ“ur et de la connaissance que du compte en banque mais je ne regrette pas mes choix !

Pour finir, si des lecteurs du blog sont intéressés par un des projets, peux-tu nous dire de quoi vous avez besoin actuellement ?

Le projet AbulÉdu recherche des contributeurs pour collecter des ressources libres sur internet et les ajouter dans l’entrepôt de données data.abuledu.org En trois mois nous avons déjà collecté plus de 5000 ressources libres… aidez-nous pour arriver à 50 000 pour les RMLL 2013 !

Ensuite si nous voulons que notre plate-forme soit remplie de ressources libres, il faut les produire. Nous lançons donc un appel à tous les enseignants créateurs de ressources à les mettre sous licence libre (compatible avec cc-by-sa) et nous les envoyer (ou les envoyer eux même sur l’entrepôt) pour qu’elles soient mises à disposition de tous et indexées selon les normes en vigueur, (LOM, SCOLOM etc.) dans l’entrepôt de données pédagogiques .

Enfin, nous sommes à la recherche de donneurs de voix pour enregistrer des histoires pour les enfants, ou lire des textes.

Sur les aspects techniques, si des développeurs souhaitent rejoindre la communauté AbulÉdu, ils et elles seront chaleureusement accueillis (voir la liste de diffusion dev@abuledu.org) et notamment lors de nos week-ends abuledu@ryxeo.

Merci Éric !




Framasoft a fait son original le week-end dernier à Paris

Il est rare que Framasoft s’évade d’Internet et encore plus rare qu’il organise lui-même des évènements sur le terrain de la vraie vie. Alors autant que ça sorte un peu de l’ordinaire, comme ce fut le cas vendredi 7 décembre à la Rockette Libre et samedi 8 décembre à la librairie « Ã€ Livr’Ouvert Â».

aKa - CC by

Framathon à la Rockette Libre

C’est temps libre chaque vendredi soir à la Petite Rockette. Et c’était au tour de Framasoft d’investir le lieu le 7 décembre dernier.

Il s’agissait de lancer le top départ d’un ambitieux projet en partenariat avec LinuxFr : traduire dans son intégralité le livre Open Advice: what we wish we had known when we started (avec le recul, qu’auriez-vous voulu savoir quand vous avez commencé à contribuer à la communauté du libre ?)

Or nous manquions d’ordinateurs, nous étions un peu fatigués en cette fin de semaine, et nous avions plein de choses à nous dire car certains ne s’étaient pas vus depuis bien longtemps (parfois depuis leur naissance). Donc rares étaient ceux qui travaillaient effectivement sur la traduction : trois, quatre personnes tout au plus au maximum de l’activité. Il faut aussi vous avouer que le slogan détourné par Pouhiou à cette occasion ne nous a pas vraiment motivés : « Boire ou traduire, il faut choisir ! Â» 😉

aKa - CC byEt pourtant le travail proposé fut réalisé « vite fait bien fait Â» ! Pourquoi ? Parce que nous avions déposé les deux premiers articles du livre sur Framapad et sollicité dans le même temps la participation d’Internet. Pour ce qui nous concerne, nous avions projeté sur le mur les pads en question et jetions un oeil de temps en temps sur le texte et les couleurs qui défilaient à l’écran.

L’originalité est là.

La majorité des lecteurs de ce blog est désormais habituée à un tel l’outil et une telle manière de procéder ensemble. Mais pour quelqu’un qui découvre, cela a quelques chose de magique ! Et il n’est pas au bout de sa surprise car quand il arrive (enfin) à comprendre que derrière chaque couleur en mouvement se cache quelque part une personne connectée, il lui est tout aussi suprenant d’apprendre que tout ce petit monde n’a pas été « sélectionné Â» et surtout travaille « pour rien Â». Pour la beauté du geste, pour la beauté du Libre…

Cette dernière phrase valait bien une danse 😉

aKa - CC by

Framabook chez « Ã€ Livr’Ouvert Â»

Comment donc ? Tous les livres de notre libre collection Framabook dans une librairie parisienne ! En vitrine même !

Il fallait marquer le coup en invitant les lecteurs à rencontrer les auteurs.

aKa - CC byC’est ainsi que fut organisée une très conviviale mais somme toute classique séance de dédicaces avec trois de nos auteurs : le gendre idéal Benjamin Jean, le plus célèbre auteur vivant du domaine public Pouhiou et l’homme qui gratte plus vite son ukulélé que son ombre Simon Gee Giraudot.

Un petit ordinateur se trouvait au milieu d’eux. Il contenait les versions numériques intégrales de toute la collection.

L’originalité est là.

Les gens étaient évidemment cordialement invités à acheter et repartir avec des livres, c’est normal nous sommes dans une librairie. Mais ils pouvaient aussi sortir leur clé USB que nous nous faisions un plaisir de remplir avec la version numérique du ou des livre(s) de leur choix.

C’est gratuit, mais c’est surtout libre. C’est à notre connaissance une grande première que de proposer, dans un tel lieu, un tel service libre en libre service. Et c’est tout à l’honneur de l’audacieuse librairie qui porte décidément bien son nom. Nous sommes tout d’un coup très loin d’Hadopi.

Ah, et sinon nous avons vendu une trentaine de livres papiers Framabook ce jour-là.

aKa - CC by

Nous remercions toutes celles et ceux qui sont venus et ont participé à ces deux singuliers évènements et plus particulièrement Olive (Rockette Libre) et Bookynette (À Livr’Ouvert) pour leur invitation, accueil, disponibilité et bonne humeur.

C’est quand vous voulez pour recommencer 😉

Crédit photo : aKa (Creative Commons By)




Richard Stallman : Un logiciel espion dans Ubuntu ! Que faire ?

Un logiciel espion dans Ubuntu ! Que faire ?

par Richard Stallman

L’un des principaux avantages du logiciel libre est que la communauté protège les utilisateurs des logiciels malveillants. Aujourd’hui Ubuntu GNU/Linux est devenu un contre-exemple. Que devons-nous faire ?

Le logiciel privateur est associé à la malveillance envers l’utilisateur : code de surveillance, menottes numériques (gestion numérique des restrictions, ou DRM) destinées à imposer des limites aux utilisateurs, et portes dérobées qui peuvent faire des choses déplaisantes sous contrôle à distance. Les programmes qui effectuent l’une quelconque de ces opérations sont des logiciels malveillants et devraient être considérés comme tels. Les exemples les plus communs sont Windows, les iTrucs, ou encore le « Kindle Â» d’Amazon (connu pour son autodafé de livres virtualisés[1] ), qui font ces trois choses ; Macintosh et la Playstation III qui imposent des menottes numériques ; la plupart des téléphones portables, qui espionnent et possèdent des portes dérobées ; Adobe Flash Player, qui espionne et fait respecter les menottes numériques ; ainsi que de nombreuses applications iTrucs ou Android, qui intègrent une ou plusieurs de ces pratiques néfastes.

Le logiciel libre donne aux utilisateurs la possibilité de se protéger contre les comportements malveillants des logiciels. Encore mieux, la communauté protège en général tout le monde et la majorité des utilisateurs n’a pas à bouger le petit doigt. Voici comment.

De temps à autre, des utilisateurs sachant programmer trouvent du code malveillant dans un programme libre. Généralement, ce qu’ils font ensuite c’est de publier une version corrigée du programme : les quatre libertés (voir http://www.gnu.org/philosophy/free-sw.html) qui définissent le logiciel libre le permettent. On appelle cela un fork du programme. Rapidement, la communauté bascule sur la version corrigée, et la version infectée est rejetée. La perspective d’un rejet ignominieux n’est pas vraiment tentante : donc, la plupart du temps, même ceux qui ne sont pas arrêtés par leur conscience ou par la pression sociale s’abstiennent de glisser des malfaçons dans les logiciels libres.

Mais pas toujours. Ubuntu, distribution influente et largement utilisée, a installé du code de surveillance. Lorsque l’utilisateur effectue une recherche dans ses propres fichiers en utilisant le système de recherche d’Ubuntu desktop, Ubuntu envoie cette recherche à l’un des serveurs de Canonical (Canonical étant la société qui développe Ubuntu).

C’est exactement comme le premier cas de surveillance dont j’aie appris l’existence, dans Windows. Mon vieil ami Fravia m’avait expliqué qu’un jour, alors qu’il recherchait une phrase dans ses fichiers avec Windows, un paquet – détecté par son pare-feu – avait été émis vers un serveur. À compter de cet exemple, je suis devenu attentif et n’ai pas oublié la propension à la malveillance qu’ont les logiciels privateurs « réputés Â». Ce n’est peut-être pas par hasard qu’Ubuntu émet la même information.

Ubuntu se sert de ces informations sur leurs recherches pour afficher aux utilisateurs des publicités pour des produits vendus par Amazon. Cette société cause beaucoup de tort (voir http://stallman.org/amazon.html) ; en promouvant Amazon, Canonical y contribue. Cependant, les publicités ne sont pas le cÅ“ur du problème. Le véritable problème est l’espionnage des utilisateurs. Canonical affirme qu’Amazon ne sait rien de l’origine des recherches. Toutefois, il est tout aussi déplorable de la part de Canonical de collecter vos informations personnelles que cela ne l’aurait été de la part d’Amazon.

Certains feront sûrement des versions modifiées d’Ubuntu dépourvues de cette fonctionnalité espionne. De fait, plusieurs distributions GNU/Linux sont des versions modifiées d’Ubuntu. Lorsqu’elles se mettront à niveau avec la dernière version d’Ubuntu, je m’attends à ce que cette fonctionnalité soit enlevée. Canonical s’y attend également, sans aucun doute.

La plupart des développeurs de logiciel libre laisseraient tomber un tel projet, étant donné la perspective d’une migration en masse vers la version corrigée de quelqu’un d’autre. Mais Canonical n’a pas abandonné le logiciel espion d’Ubuntu. Peut-être Canonical pense-t-il que le nom « Ubuntu Â» a assez de poids et d’influence pour éviter les conséquences habituelles et s’en tirer avec cette surveillance.

Canonical dit que cette fonctionnalité permet de faire des recherches sur Internet « autrement Â». Selon les détails de la méthode, cela pourrait, ou non, aggraver problème, mais cela ne l’atténuerait pas.

Ubuntu permet aux utilisateurs de désactiver la surveillance. Évidemment, Canonical pense que beaucoup d’utilisateurs d’Ubuntu vont laisser cette fonctionnalité à son état par défaut, c’est-à-dire active. Et c’est ce que beaucoup font probablement, car il ne leur vient pas à l’esprit d’essayer d’y changer quoi que ce soit. Ainsi, l’existence de cette option ne rend pas pour autant la fonctionnalité de surveillance acceptable.

Même si elle était désactivée par défaut, cette fonctionnalité resterait dangereuse : « activer une fois pour toutes Â» une pratique risquée, dont le risque varie selon les spécificités du système, invite au laisser-faire. Pour protéger la vie privée de l’utilisateur, les systèmes doivent simplifier l’usage de la prudence : quand un programme de recherche locale a une option de recherche sur le réseau, ce devrait être à l’utilisateur de choisir la recherche sur le réseau explicitement à chaque fois. C’est simple : il suffit de boutons séparés pour la recherche sur le réseau ou la recherche locale, comme c’était le cas dans les anciennes versions d’Ubuntu. Une fonctionnalité de recherche sur le réseau devrait aussi informer l’utilisateur clairement et concrètement sur la nature et la destination précise des données personnelles collectées, lorsqu’il utilise cette fonctionnalité.

Si une proportion suffisante des faiseurs d’opinion de la communauté voient cette question d’un point de vue uniquement personnel, s’ils désactivent la surveillance pour eux-mêmes et continuent à promouvoir Ubuntu, Canonical pourrait s’en tirer. Ce serait une grande perte pour la communauté du logiciel libre.

Nous, qui présentons le logiciel libre comme une défense contre les logiciels malveillants, n’affirmons pas qu’il s’agit d’une défense parfaite. Il n’existe pas de défense parfaite. Nous ne disons pas que la communauté va à coup sûr dissuader les gens d’implanter des logiciels espions. Donc, à proprement parler, ce n’est pas parce qu’il y a un logiciel malveillant dans Ubuntu que nous devons manger notre chapeau.

Mais ce qui est en jeu ici dépasse le fait de savoir si quelques-uns d’entre nous vont devoir avaler leur chapeau. La question est ici de savoir si notre communauté peut efficacement utiliser l’argument des logiciels espions privateurs. Si nous pouvons seulement dire « les logiciels libres ne vous espionnent pas, sauf si c’est Ubuntu Â», c’est bien moins percutant que de dire « les logiciels libres ne vous espionnent pas Â».

Il nous appartient d’exprimer notre réprobation à Canonical avec suffisamment de force pour qu’il arrête cela. Canonical peut donner toutes les excuses qu’il veut, elles seront insuffisantes ; même s’il affectait tout l’argent que lui donne Amazon au développement de logiciel libre, cela pourrait difficilement contrebalancer ce que le logiciel libre a à perdre s’il cesse d’être un moyen efficace d’éviter aux utilisateurs de se faire flouer.

Si jamais vous recommandez ou redistribuez GNU/Linux, merci de retirer Ubuntu des distributions que vous recommandez ou redistribuez. Si la pratique d’installer et recommander des logiciels non libres ne vous convainc pas d’arrêter, ceci le fera. Dans vos install parties, dans vos « Journées du Libre Â», au FLISOL, n’installez pas et ne recommandez pas Ubuntu. À la place, dites qu’Ubuntu est mis à l’index pour espionnage.

Pendant que vous y êtes, vous pouvez aussi leur dire qu’Ubuntu contient des programmes non libres et suggère l’installation d’autres programmes non libres (voir http://www.gnu.org/distros/common-distros.html). Cela contrecarrera l’autre forme d’influence négative qu’exerce Ubuntu dans la communauté du logiciel libre : la légitimation des logiciels non libres.

Copyright © 2012 Richard Stallman

Cette page peut être utilisée suivant les conditions de la licence Creative Commons Attribution-NoDerivs 3.0 United States.

Traduction : Framalang (Quentin Carnicelli, Thomas, Liu Qihao, Thérèse, darkelda, Kyriog, neo_phryte, Michaël, dadall, mart-e et 3 anonymes)
Révision : trad-gnu@april.org

Version du 7 décembre 2012

Crédit photo : Christophe Ducamp (Creative Commons By)

Notes :

[1To kindle : allumer du feu.




Rencontre dédicace avec 3 auteurs de la collection Framabook le 8 décembre à Paris

Pouhiou - Toulouse - Capitole du Libre 2012

Le saviez-vous ? On trouve désormais l’intégralité de notre collection de livres libres Framabook dans les rayons d’une sympathique librairie parisienne au nom fort bien choisi : « A Livr’Ouvert Â» qui se situe 171 bis boulevard Voltaire.

Pour fête dignement cela, nous vous invitons samedi 8 décembre entre 16h et 18h30 à une rencontre dédicace avec trois auteurs de la collection : Simon Gee Giraudot (ci-dessous sur la photo), Benjamin Jean et Pouhiou (ci-dessus sur la photo).

Ils partagent le même engagement en faveur du Libre mais leurs ouvrages respectifs s’inscrivent ici dans la diversité puisqu’on a une BD, un essai et un roman.

Alexis Kauffmann (aKa) et d’autres membres de la dream team Framasoft seront également présents, sans oublier quelques chatons fraîchement sauvés du Pack Liberté.

Dernier argument : un apéro sera offert pour l’occasion 😉

Important : Si vous comptez en être merci de remplir ce framadate qui nous permettra de nous compter afin de mieux nous organiser.

  • Rencontre Framabook à la Libraire « A Livr’Ouvert Â»
  • Samedi 8 décembre de 16h à 18h30
  • 171 bis boulevard Voltaire 75011 Paris (Métro Charonne)
  • OpenStreetMap

Gee - Festival BD engagée

Crédit photos : Pierre Selim et aKa (Creative Commons By)




Sauvons des chatons avec April, Framasoft et Quadrature ! #PackLiberte 2

Châtons-nous de sauver internet ! En décembre, l’April, Framasoft et La Quadrature du Net lancent une nouvelle campagne commune de soutien : Pack Liberté 2.

Pack Liberté - BadgeCe qui se joue actuellement est vraiment fondamental.

Internet et son esprit libre, ils ne l’ont pas vu venir. Ils n’y ont rien compris au début. Ça n’était pas sérieux, pas vraiment monétisable. Ça ne les intéressait pour ainsi dire pas, alors ils nous ont laissés tranquillement jouer avec.

Et les chatons ont pu s’épanouir, libres et heureux…

Or aujourd’hui la menace plane. Ils n’ont pas forcément mieux compris mais ont cependant compris que ça ne leur convient pas et sont en train de tout faire pour lui mettre une muselière.

Mettre une muselière à un chaton, quelle drôle d’idée ! Ça ne peut fonctionner ! Et pourtant ils s’entêtent et les chatons se retrouvent en grand danger.

C’est autour de cette symbolique que l’April, Framasoft et La Quadrature du Net vous proposent de les soutenir durant tout le mois de décembre. Il y a un message fort à travailler ainsi en synergie. Il y a surtout une urgence à poursuivre notre travail de promotion et de défense du logiciel libre ainsi que le respect des droits et libertés du citoyen sur internet.

Nous vous savons très sollicités, qui plus est dans un contexte économique difficile. Mais soit vous avez fixé votre calendrier sur celui des Mayas, et alors c’est le bon moment pour aborder la fin du monde les poches plus légères. Soit vous pensez qu’il y a une vie après le 21 décembre et ça vaut le coup de faire en sorte qu’ensemble elle soit la plus libre possible…

Et dans les deux cas mieux vaut être accompagné d’un adorable chaton qui ainsi sauvé vous en sera éternellement reconnaissant.

Merci de votre confiance et de votre soutien,

Alexis Kauffmann (pour Framasoft)

-> Pack Liberté 2

Alexis Kauffmann - Pack Liberté - Chaton




Labos pharmaceutiques : libre accès aux recherches ?

Souvent accusés — non sans raison — de pousser à la surconsommation médicamenteuse en tirant un profit maximal de nos besoins en thérapies, les grands laboratoires pharmaceutiques gardent jalousement le secret de leurs données. Celles des recherches menant aux médicaments mis sur le marché, en particulier.

Cory Doctorow, nous fait part ici de ses convictions : suivant le principe récemment institué outre-Manche qui consiste à ouvrir les données de recherches financées par l’état, il considère que celles de l’industrie pharmaceutiques doivent être elles aussi ouvertes.

Découvrez pourquoi sous la plume d’un blogueur influent et avocat du libre et de l’open source (tous ses billets déjà traduits sur notre blog). Idéalisme et optimisme démesuré ou revendication légitime et combat à mener ? À vous d’en juger.

epSos.de - CC by

Pourquoi toutes les recherches pharmaceutiques devraient être en libre accès

Why all pharmaceutical research should be made open access

Cory Doctorow – 20 novembre – The Guardian
(Traduction Framalang : Slystone, Amine Brikci-N, goofy, peupleLa, Antoine, ga3lig)

Le gouvernement du Royaume-Uni veut que toute recherche financée par des fonds publics soit accessible — mais on devrait en exiger autant des industries pharmaceutiques.

Je déjeunais récemment avec le plus loyal défenseur du libre accès que vous puissiez rencontrer (je ne le nommerai pas, car ce serait grossier de lui attribuer des remarques fortuites sans sa permission). Nous parlions du projet de rendre obligatoire la publication libre et gratuite des recherches scientifiques financées par l’État. Aux États-Unis, il existe le Federal Public Research Act, et au Royaume-Uni il y a la déclaration du gouvernement de coalition selon laquelle la recherche financée par l’État devrait être disponible sans frais, sous une licence Creative Commons qui permette la copie illimitée.

Nous avons parlé de l’excellent nouveau livre de Ben Goldacre, intitulé Bad Pharma, dans lequel l’auteur documente le problème des « données manquantes Â» dans la recherche pharmaceutique (il dit que près de la moitié des essais cliniques réalisés par l’industrie pharmaceutique ne sont jamais publiés). Les essais non publiés sont, bien entendu, ceux qui montrent les nouveaux produits des labos pharmaceutiques sous un jour peu flatteur – ceux qui suggèrent que leurs médicaments ne sont pas très efficaces ou n’ont aucun effet, voire sont activement nocifs.

La pratique des industries qui consiste à éliminer les preuves scientifiques date de plusieurs décennies — et certains chercheurs indépendants le font également. Ce constat a conduit Goldacre à déclarer qu’aucune de nos connaissances en matière de médecine moderne ne peut être considérée comme valide, et il estime qu’il est urgent de contraindre les industries pharmaceutiques à publier toutes ces données laissées dans l’ombre, afin que les scientifiques puissent recalculer les résultats et déterminer ce qui fait vraiment effet.

J’ai mentionné tout cela à mon compagnon de déjeuner, en concluant par : « et c’est pourquoi toute la recherche pharmaceutique devrait être en libre accès Â».

« Toute la recherche pharmaceutique financée par l’État, a-t-il rectifié, comme s’il corrigeait une erreur de calcul élémentaire. Si le public paie pour cela, il doit pouvoir la voir, mais si les entreprises pharmaceutiques veulent payer pour leur propre recherche, alors… Â»

Je savais d’où il tenait cette position. L’un des arguments les plus solides en faveur de l’accès au public des publications universitaires et scientifiques est celui de la « dette envers la population Â» : si le contribuable paie pour vos recherches, alors vos recherches doivent lui appartenir. C’est un bon argument, mais il n’est pas entièrement convaincant pour une raison. Il est vulnérable au contre-argument du « partenariat public/privé Â», qui dit: « ah, oui, mais pourquoi ne pas faire en sorte que le public bénéficie d’un retour sur investissement maximal en faisant payer très cher l’accès à la recherche financée par l’État et en renvoyant le profit au secteur de la recherche ? Â». Je pense que cet argument est absurde, et c’est l’avis de la majorité des économistes qui se sont penchés sur la question.

La recherche sans entraves et librement accessible constitue un bien commun qui génère bien plus de valeur ajoutée au profit de tous que le profit rapide qu’on extorque des consommateurs en les faisant payer à l’entrée comme à la sortie. Cela s’est confirmé dans de multiples domaines, même si l’exemple-type est le succès massif des cartes géologiques des États-Unis librement disponibles, qui ont dégagé un profit tel qu’en comparaison, les bénéfices réalisés sur la vente des cartes d’État-major au Royaume-Uni semblent une misère.

Voilà pourquoi le travail de Goldacre est aussi important à ce point du débat. La raison pour laquelle on devrait exiger que les laboratoires pharmaceutiques publient leurs résultats, ce n’est pas qu’ils ont reçu des subventions sur fonds publics. C’est plutôt parce qu’ils demandent une certification de l’état qui garantisse que leurs produits sont propres à la consommation, et qu’ils demandent aux organismes de régulation d’autoriser les docteurs à rédiger des ordonnances prescrivant ces produits-là. Nous avons besoin qu’ils publient leurs recherches, même si cette action induit des pertes de profit, car sans cette recherche, nous ne pouvons pas savoir si ces produits sont propres à la consommation.

On emploie un argument analogue en faveur de l’utilisation de logiciels libres ou open source pour les applications dans l’industrie ou dans le domaine de la santé, comme le système OpenEyes conçu par le centre hospitalier d’ophtalmologie de Moorfields et d’autres institutions dans le monde, après l’effondrement du système électronique de suivi de santé de la National Health Service (NdT : le NHS est l’équivalent de la Sécurité Sociale). Ils n’ont pas préféré un système à accès libre à un système propriétaire pour des raisons idéologiques, mais plutôt pour des raisons qui sont avant tout pratiques. Aucun hôpital n’autoriserait jamais une société d’ingénierie à construire la nouvelle aile d’un hôpital en utilisant des méthodes propriétaires pour calculer la répartition du poids. Ils n’accepteraient pas une nouvelle aile dont les plans de construction seraient secrets, dont seul l’entrepreneur connaîtrait les emplacements des canalisations et des conduits de ventilation.

Il est certainement vrai que les sociétés d’ingénierie et les architectes pourraient gagner davantage si leurs méthodes étaient propriétaires. Mais on exige un accès ouvert, car on doit pouvoir entretenir les hôpitaux quels que soient les aléas que peut connaître toute société d’ingénierie, et parce qu’on veut la garantie que l’on obtient avec la possibilité de vérifier plusieurs fois les calculs de charge par nous-mêmes. Les systèmes informatiques qui sont utilisés dans les hôpitaux pour gérer les patients sont tout autant vitaux que l’emplacement des câbles ethernet dans les murs. Et donc Moorfields s’attend à ce qu’ils soient autant libres d’accès que les plans du bâtiment.

Et c’est pourquoi les grands labos pharmaceutiques doivent montrer leur travail. Sans tenir compte de ce qu’ils pourraient rapporter, leurs produits ne doivent pas être autorisés sur le marché sans cette exposition. Il est important de placer la recherche financée par l’état entre les mains du public, mais l’histoire de l’accès libre ne va pas s’arrêter là, elle ne fait que commencer.

Crédit photo : epSos.de (Creative Commons By)