Pourquoi la distribution Fedora ne distribue pas Chrome et Chromium ?

Fedora, l’une des plus populaires distributions GNU/Linux, ne propose que Firefox et n’inclut pas les navigateurs Chrome et Chromium de Google.

On le comprend bien pour Chrome qui n’est pas libre, mais moins pour l’open source Chromium.

D’où ces quelques explications qui ne proviennent pas officiellement de Fedora mais d’un simple (et passionné) utilisateur de Fedora.

Scott Beamer - CC by-sa

Pourquoi Fedora ne distribue pas Chrome et Chromium ?

Why Fedora doesn’t ship Chrome and Chromium?

Alex Diavatis – 15 octobre 2012 – WorlOfGnome.org
(Traduction : pwetosaurus (@paul_playe), tibs, Sylvain, misc, ehsavoie, Gatitac, L’gugus, Penguin, viking, Nÿco)

Pour Chrome les raisons sont évidentes, Chrome de chez Google est un logiciel privateur, il contient des modules qui ne sont pas open source, donc fin de l’histoire.

Dans le cas de Chromium qui est issu du projet de système d’exploitation Chromium OS, les choses sont plus compliquées et remontent au 19 novembre 2009, quand une discussion débuta pour savoir si oui ou non il fallait pour distribuer Chromium avec Fedora. Presque trois ans plus tard, nous en sommes toujours au point de départ.

Fedora et l’open source

Fedora a toujours été et sera toujours un défenseur et un distributeur fondamental de l’open source. Un partisan fondamental de l’open source, mais pas un fanatique invétéré du logiciel libre, puisqu’ils fournissent des blobs binaires propriétaires dans leur noyau Linux. On ne peut rien reprocher à Fedora ici puisque cela vient en amont du noyau, le noyau de Torvalds, qui n’est pas totalement libre à cause de pilotes firmwares propriétaires présents principalement pour mieux faire tourner le matériel.

J’aime le nom Fedora et son logo est selon moi l’un des plus beaux qui soient dans le monde des distributions Linux. Le nom Fedora fait référence à un type de chapeau (borsalino) et vient rappeler qu’il provient de Red Hat, la plus grande compagnie open source.

Fedora Logo

Il y a cependant un fait gênant : la police du logo est une police commerciale (très chère qui plus est avec ses 275$ pour l’utiliser).

Dans leur wiki, à propos de leur logo, ils écrivent :

La police utilisée pour le logo est Bryant2. Cette police n’est pas une police libre mais elle a été choisie parce que c’est celle qui s’intègre le mieux dans le design du logo. La licence pour l’utilisation de cette police dans le logo officiel a été payée, ainsi le logo peut être utilisé à chaque fois que la marque déposée et les recommandations d’usage le permettent, sans coût supplémentaire.

Ils auraient quand même pu la partager via un torrent puisque le piratage est une forme de liberté numérique, comme l’anarchie est une forme de liberté sociale… Je plaisante bien sûr. 😉

En tout état de cause, tout cela montre que Fedora n’est pas piloté par une bande d’idéologues passés de mode du logiciel libre. Fedora ne distribue que des logiciels open source pour des raisons bien précises (sur lesquelles je ne m’étendrai pas), mais sûrement pas parce qu’ils « détestent » les logiciels commerciaux.

Fedora et l’environnement de bureau

Certaines personnes disent que Fedora n’est qu’une version de test pour la distribution commerciale Red Hat Enterprise Linux (RHEL) et ne veulent pas être des « bêta-testeurs de Red Hat ». Je pense que, même si c’était peut-être le cas dans le passé, les choses ont évolué. Les deux dernières versions de Fedora (17 et 18) tentent vraiment de proposer un système convivial et de qualité pour un usage bureautique.

Pour être franc, je pense que Canonical nous a quelque part aidé le jour où Ubuntu a décidé de développer Unitypar dessus GNOME, ne faisant plus de ce dernier l’environnement de bureau par défaut. Aujourd’hui, Red Hat et GNOME sont contraints de faire de Fedora une distribution conviviale de qualité car ils ne bénéficient plus comme avant de l’aide d’Ubuntu. Bien sûr, Fedora a beaucoup de travail à accomplir pour rattraper Canonical car Ubuntu est désormais mondialement connu comme étant la distribution de bureau pour le grand public et a réussi à se faire un nom réputé sur le marché.

Fedora et les logiciels

Fedora a une politique stricte qui détermine quel logiciel est autorisé à être inclus dans leurs dépôts officiels et quel logiciel est interdit.

Le Projet Fedora encourage vivement à utiliser des logiciels libres et open source. Fedora possède une ligne de conduite qui impose les obligations suivantes :

  • Si c’est propriétaire, cela ne peut pas être inclus dans Fedora (la seule exception étant donc les firmwares binaires).
  • Si c’est légalement problématique, cela ne peut pas être inclus dans Fedora.
  • Si cela enfreint les lois des États-Unis, cela ne peut pas être inclus dans Fedora.

Vous pouvez trouver plus de détails sur la page du wiki « Fedora Forbidden Items ». Ainsi des logiciels de base comme certains pilotes nVidia et ATi, ceux des cartes Wi-Fi, la version Java d’Oracle, le greffon Flash d’Adobe, etc. ne sont pas inclus. Bien que je sois complètement d’accord avec ce qu’ils font, je ne suis pas toujours d’accord avec la manière dont ils le font.

Et nous en arrivons au sujet initial de ce billet, à savoir : pourquoi Fedora refuse d’incorporer Chromium à leur distribution.

Chromium et Chrome

Pour les gens qui ne connaissent pas la différence, Chromium est le navigateur open source dont Google Chrome tire son code source. Les deux navigateurs (Chrome et Chromium) partagent la majorité du code et des fonctionnalités bien qu’il y ait quelques différences mineures.

Chromium n’intègre pas de fonction de mises à jour automatiques, ni de lecteur PDF ni de lecteur Flash. Chrome est un gratuiciel et ils ne fournissent pas le code source (qui est quasiment identique à Chromium de toute façon), alors que Chromium est, accrochez-vous, sous licences BSD, MIT, LGPL, MS-PL et sous triple licence MPL/GPL/LGPL.

Pourquoi Fedora ne distribue pas Chromium


Chromium est en théorie un logiciel instable (mais en pratique stable) et ils ne distribuent pas de versions stables. C’est la première raison pour laquelle Fedora ne le distribue pas. Cependant, Chromium maintient de nombreux « forks » stables parmi les créations (ou builds) de la communauté et qui portent le même nom : « Chromium ». Ce n’est donc pas le principal problème aujourd’hui.

Le vrai problème, c’est la politique d’empaquetage de Fedora et la politique d’empaquetage de Chromium. Chromium est constitué de nombreux composants open source, mais concrètement il a tendance à les forker puis les empaqueter pour les intégrer.

Par exemple (cas d’école) Chromium utilise OpenSSL. Mais l’équipe de Chromium n’est pas vraiment satisfaite de son fonctionnement et elle veut y apporter des modifications. Ils font alors un fork et ils l’incluent dans le paquet de Chromium. Ils maintiennent cependant une documentation sur les modifications qu’ils apportent à ces paquets. Mais donc maintenant Chromium se retrouve avec son propre OpenSSL, qui n’a pas été testé avec le système et cela rend l’empaquetage difficile pour tous les contributeurs de distributions Linux.

Un rapport de bug a été ouvert à ce sujet en novembre 2009 : bug de suivi sur la création d’une vraie version pour les distributions Linux #28287

Bien que nous fournissions le code source, il y a quelques étapes nécessaires avant que cela soit utilisable en amont par les distributions Linux. Ce bug de suivi sert à en suivre l’avancement.

…mais encore aujourd’hui, il faut toujours un dépôt supplémentaire pour installer Chromium.

Tom Callaway

Tom Callaway est manager de l’équipe d’ingénierie Fedora chez Red Hat et travaille conjointement avec Google pour corriger les problèmes de Chromium dans le but de l’incorporer au dépôt officiel. Il maintient également ses propres paquets de test de Chromium.

Callaway décrit le problème :

« Google forke des bits de code libre pour Chromium comme un lapin fait des petits : avec régularité et sans trop y penser. Plutôt que de tirer parti des API existantes des projets upstream comme ICU, libjingle et SQLite (pour ne nommer qu’eux), ils préfèrent forker ce code à l’instant t et modifier à mort leurs propres API pour être utilisées dans Chromium.

Ce qui ressemble beaucoup à de la méthodologie Java, que je pourrais résumer ainsi : « j’ai envie d’utiliser ce code tiers mais mon application est trop spéciale pour l’utiliser tel quel, donc j’ai rajouté des jantes et pare-chocs en alu et un éclairage néon pour éclairer le dessous, puis j’ai fourré ma copie bling-bling dans mon application ». Une grande partie des développeurs upstream de Chromium semble avoir un passé de codeurs Java ce qui pourrait être une explication mais qui n’excuse rien. Cette façon de faire devrait être un dernier recours, pas la norme.

Voici ce qui devrait plutôt arriver dans l’absolu (en prenant SQLite comme exemple) :

  • google Hé, ça serait sympa si nous pouvions utiliser SQLite dans Chromium pour nos besoins de bases de données locales.
  • google Hum, l’API SQLite ne cadre pas à 100% avec la manière dont j’aimerais que Chromium l’utilise.
  • google Salut l’équipe SQLite, il y a quelques endroits où nous aimerions voir des améliorations de l’API pour que Chromium en tire profit dans notre cas d’utilisation.
  • sqlite_upstream Salut Google, c’est tellement cool que vous vouliez utiliser notre code.
  • sqlite_upstream regarde les changements proposés par Google à SQLite.
  • sqlite_upstream Intéressant, vous pourriez essayer d’utiliser la fonction X pour mieux répondre à vos besoins mais le reste des changements semble OK.
  • sqlite_upstream valide les changements dans le code source dans la révision 12345.
  • sqlite_upstream Notre prochaine version va les inclure.
  • google Ouais ! Nous allons dire aux gens d’appliquer notre patch ou d’utiliser la révision 12345 ou plus récente. »

Vous trouverez plus d’informations sur la page consacrée à Chromium dans le Wiki Fedora.

Finalement

Au final, il y a deux bons navigateurs open source, Firefox et Chromium, mais Fedora persiste à n’en fournir qu’un seul et, malheureusement pour moi, ce n’est pas celui que je préfère 🙂

L’ironie du sort, c’est que si vous recherchez « Fedora Chrome/Chromium » dans Google, il y a de fortes chances pour que vous vous retrouviez sur une page qui vous propose le téléchargement de Chrome, puisque Google fournit un dépôt officiel Chrome pour Fedora !

Et l’on se retrouva en fin de compte avec un Google Chrome et son Flash intégré 🙂

Crédit photo : Scott Beamer (Creative Commons By-Sa)




Au revoir Monsieur Slashdot et merci !

L’une francophone, l’autre anglophone, deux sources principales d’informations ont accompagné ma découverte du logiciel libre, un peu avant le passage du troisième millénaire : LinuxFr et Slashdot (alias « /. »).

C’était eux qui m’apportaient alors des news fraîches et exclusives. Eux encore qui participaient à ma formation quand je parcourais les discussions dans les si nombreux commentaires.

Internet a évolué depuis, je pense notamment à l’arrivée des blogs puis des réseaux sociaux. Mais ces deux sites sont toujours là. L’un est resté bénévole et associatif. Mais l’autre s’est monté en société qui a connu depuis plusieurs repreneurs. À tel point que son créateur, Rob Malda (alias CmdrTaco), a fini avec le temps à ne plus s’y retrouver, jusqu’à passer définitivement la main l’année dernière.

Voici son témoignage.

PS : Le jour viendra lui aussi mais pour ne pas me voir rédiger le même billet dans un tout proche avenir merci de Soutenir Framasoft 😉

Redjar - CC by-sa

15 ans après mon premier article

15 Years After the First Post

Rob Malda – 3 octobre 2012 – Blog personnel
(Traduction : Naar & Amélie, Dryt, Gatitac, ttoine, ZeHiro, goofy, Penguin, audece, onoff_web, minimoy)

L’histoire de Slashdot est totalement indissociable de ma propre vie. Je l’ai créé alors que j’étais encore étudiant à l’université. Quand les gens normaux faisaient leurs devoirs ou s’adonnaient à des activités personnelles, je passais mes soirées à dessiner des icônes dans Gimp, à coder en Perl dans Vim ou à publier de nouvelles histoires à partager avec mes amis. Je n’oublierai jamais les nuits passées à scruter les dernières lignes du fichier access_log et à célébrer avec des amis comme Jeff, Dave, Nate et Kurt chaque connexion provenant de microsoft.com ou de mit.edu.

Slashdot a toujours absorbé tout mon temps, mais en grandissant il commença à engendrer des coûts réels : d’abord pour la bande passante puis pour les serveurs. Mes amis et moi-même avons fondé une société visant à couvrir ces frais pour simplement arriver à l’équilibre. Au moment où je me suis diplômé, l’entreprise ne pouvait employer qu’une seule personne à plein temps : moi. Je gagnais moins d’argent que j’aurais pu le faire autrement, mais là j’étais enfin libre de me consacrer à ce qui me passionnait le plus.

Le site a s’est développé, dépassant nos imaginations les plus folles. Rapidement, il connut une demi-douzaine d’employés mais notre petite entreprise ne pouvait plus faire face. Vendre Slashdot a été la bonne décision à ce moment-là : nous n’aurions pas pu survivre à la croissance ni aux années de vaches maigres après l’explosion de la bulle Internet. Cette décision non anodine allait nécessairement avoir des conséquences, mais elles n’ont pas été visibles au cours des premières années.

À la suite de la vente, nous avons connu un cycle ininterrompu d’années dorées : les nouveaux employés qui nous rejoignaient partageaient nos rêves. Il s’agissait de personnes qui comprenaient intuitivement ce qu’était Slashdot, ce qu’il signifiait, et à quel point il était important, car c’étaient aussi des lecteurs et utilisateurs du site. Beaucoup d’entre eux sont encore mes amis aujourd’hui. Ce sont des relations dont la valeur pour moi va bien au-delà de la sphère professionnelle.

J’ai eu alors la chance de parcourir le monde comme représentant d’une communauté en pleine croissance : Japon, Allemagne, Espagne, Australie. J’ai rencontré cette communauté en chair et en os et j’ai travaillé avec des personnes admirables. Nous participions à un projet très stimulant et mettions les utilisateurs au premier plan. Rien ne pouvait nous arrêter.

J’ai connu à travers Slashdot 14 années de tragédies : Columbine, le 11 septembre, le crash de la navette spatiale Columbia, Fukushima. Ces événements-là et tant d’autres sont à jamais associés à des pics de connexion sur les tchats entre les rédacteurs et modérateurs surexcités. La tristesse et la terreur n’empêchaient pas notre équipe de donner le meilleur d’elle-même en aidant des milliers de personnes à se connecter entre elles au moment où elles avaient le plus besoin.

Mais pour tous ces moments tristes, il y eut encore plus d’optimisme et de joie. D’innombrables avancées scientifiques, des lolcats et un flux incessant de nouvelles technologies et découvertes scientifiques en train de changer, généralement pour le meilleur, le monde autour de nous. Et je n’oublierai jamais la moiteur des mes mains alors que j’attendais fiévreusement une réponse de ma petite amie, à qui j’avais fait ma demande en mariage sur la page d’accueil de Slashdot. Tout ceci partagé avec des amis.

En 2007, je pris le plus long congé de toute ma carrière, et cela pour la meilleure des raisons. Pendant les deux semaines qui ont suivi la naissance de mon fils, je n’ai en effet mis en ligne aucune page de Slashdot. Quand j’y suis retourné, le site se portait comme un charme. Slashdot a célébré son dixième anniversaire et je comprenais pour la première fois qu’il pouvait tranquillement continuer sans moi…

Ce qui était bien, car le site était en déclin depuis quelques années. Les amis avaient été remplacés par des inconnus. Des décisions étaient prises par des gens qui, de plus en plus, n’étaient pas des utilisateurs directs du site. Ils voyaient Slashdot avant tout par la lorgnette du business : un compte de résultat, un rack de serveurs ou un nombre d’employés.

Avec le trafic qui déclinait, les défis techniques diminuaient également. La charge était rarement un problème. Le système de modération fonctionnait… tout simplement. Mais le code de la plateforme commençait à dater. Il n’était plus souple ni maintenable. Notre équipe s’était réduite… jusqu’à ce qu’il n’y reste plus qu’un seul technicien ! Notre capacité à livrer du code s’était évaporée. Le peu de temps de développement qui restait était bien trop souvent gaspillé dans des projets voués à l’échec par manque de compréhension des utilisateurs.

Au cours de ces dernières années, ces critiques à peine voilées ont lentement évolué vers de l’amertume. Il fut impossible, au bout d’un moment, de le cacher à mes amis, à ma famille, et enfin, même à mes collègues de travail. Ils l’avaient compris bien avant moi : je devais partir.

C’était il y a plus d’un an. Abandonner mon salaire me faisait peur, mais moins que quelque chose de plus important encore à mes yeux. Slashdot avait beau être devenu ce célèbre site pour geeks and nerds, il était avant tout pour moi mon site web personnel. Je l’avais toujours considéré comme mon chez moi sur Internet. Quand je suis parti, j’ai perdu le droit de continuer à y poster du contenu. Objectivement j’étais d’accord avec mes amis qui me disaient qu’une « rupture franche et nette » (NdT : The Clean Break) était meilleure pour moi… mais émotionnellement, je ressens toujours cette perte aujourd’hui. J’aime bien Twitter et Google+, mais j’aurai toujours l’impression de vivre dans la maison de quelqu’un d’autre.

Sans mon contrôle éditorial habituel, Slashdot m’a semblé souvent à côté de la plaque. J’ai fini par le lire uniquement via son flux RSS, où mon bien-aimé « News for nerds » devint juste un flux parmi d’autres. J’y parcourais de moins en moins d’articles. Parce que j’y trouvais de meilleures infos ailleurs mais aussi voire surtout par que venir sur le site me faisait tout de suite voir ses changements. Des trucs que probablement personne d’autre n’aurait remarqués du reste. Quelques pixels par ici, une formulation changée par là. Certaines modifications sont pertinentes… mais beaucoup ne le sont pas. Et ça me rend triste, même maintenant.

La bonne nouvelle pour moi, c’est que je n’avais pas été aussi heureux professionnellement parlant depuis des années. Mon travail aux WaPo Labs me rappelle les effervescentes premières années de Slashdot, quand tout paraissait important. Notre équipe semble toujours lire le même livre, même s’ils ne sont pas tous à la même page. Mon boulot me paraît rafraîchissant et motivant. Et le mieux dans tout ça, c’est que je peux enfin séparer mon « moi » de « mon travail » quand le besoin s’en fait sentir. Je peux m’en détacher et prendre du recul. Je peux être impartial, lucide et honnête comme je n’ai jamais pu le faire au milieu de la tempête Slashdot.

Il y a peu, Slashdot a été vendu à un nouveau poids lourd… mettant encore plus de distance entre moi et ma création. J’y ai toujours quelques amis mais la plupart me sont étrangers. Il m’arrive cependant de passer encore de temps en temps sur une page familière dont l’information me parle et se trouve enrichie et bonifiée par la discussion. Je me surprends alors à fermer les yeux en pensant qu’un bout de mon ADN est toujours là-bas, là-dedans.

Je n’arrive toujours pas penser à l’histoire de Slashdot sans la lier à celle de ma propre vie. Mais après un an de séparation, j’ai fait mon deuil et compris que nous étions juste un chapitre dans l’histoire de nos vies respectives.

Mais quel putain de bon chapitre cela a été !

Crédit photo : Redjar (Creative Commons By-Sa)




Ils tenteront de nous pourrir l’impression 3D avec leurs DRM

Nous sommes en 2023. Vous cassez malencontreusement une assiette. Vous allez tout naturellement chercher son fichier numérique sur le Net pour en créer une nouvelle sur votre imprimante 3D, en la modifiant éventuellement au passage pour l’adapter à vos besoins. Mais deux minutes plus tard la Police du Copyright sonne à votre porte et vous embarque en flagrant délit d’effraction de propriété intellectuelle et contournement de mesure de protection…

En mai 2011 nous publiions une longue et riche traduction : L’impression 3D, ce sera formidable… s’ils ne foutent pas tout en l’air !.

Nous y sommes désormais. Et ils vont chercher à bloquer le système et le partage tout comme ils ont cherché (et partiellement réussi) à le faire avec le logiciel, la musique ou le cinéma.

Sauf qu’ici nous avons déjà nos propres imprimantes, logiciels et formats libres et ouverts. En se débrouillant un peu, et luttant beaucoup, on devrait pouvoir s’épargner un nouveau Napster ou Megaupload de l’impression 3D.

FdeComite - CC by

Comment les DRM vont infester la révolution de l’impression 3D

How DRM will infest the 3D printing revolution

Ryan Whitwam – 16 octobre 2012 – ExtremeTech.com
(Traduction : Kurze, Dryt, Gatitac, goofy, Sylvain, Kiwileaks)

Alors que vous étiez tout occupés à vous exciter et à déclarer que l’impression 3D est le début d’une nouvelle époque, une nouvelle loi sur les brevets s’apprête à pourrir l’ambiance.

En effet, Nathan Myhrvold, ancien DSI chez Microsoft et fondateur d’Intellectual Ventures, société détentrice de nombreux brevets, a réussi à obtenir un brevet étendu sur les DRM de l’impression 3D. Cette révolution de l’impression 3D que nous avons tant espérée s’en trouve tout d’un coup fort contrariée.

Le système envisagé par Myhrvold sera utilisé afin d’empêcher les utilisateurs d’imprimante 3D de violer les « droits de production des objets ». Pour utiliser son imprimante il faut d’abord la charger avec le fichier numérique de l’objet à imprimer. Or ici, avant qu’une quelconque impression ne soit lancée, on va vous obliger à vous connecter à un serveur distant qui vérifiera que vous avez l’autorisation d’imprimer cet objet. Si cela vous semble familier c’est parce que c’est ce qui était arrivé à la musique en son temps dans le sillage de Napster.

La loi sur le droit d’auteur est une grosse machine compliquée et elle n’est pas applicable traditionnellement aux objets. Cependant, un nouvel appareil, une invention ou une nouvelle conception peuvent être brevetés. C’est justement ainsi que ceux d’Intellectual Ventures gagnent de l’argent et c’est probablement la raison pour laquelle ils sont intéressés par ce genre de DRM. L’entreprise acquiert les brevets sur différentes technologies et inventions, se construit ainsi son petit portefeuille, et ensuite elle poursuit tous ceux qui pourraient être en infraction. C’est cela qui a conduit de nombreuses personnes à surnommer ces sociétés des « troll à brevets » (NdT : Patent Troll), et elles ont probablement raison.

Alors comment passe t-on de la situation actuelle à une sorte de dystopie où votre imprimante vous dénonce à la police du copyright ? Il y aura, je pense, deux forces négatives qui nous pousseront dans ce sens.

La première est le risque d’amalgame avec le P2P (échange de fichier peer-to-peer). Plus les imprimantes gagneront en précision, plus les entreprises qui vous vendent ces imprimantes seront comparées à celles qui proposent les logiciels de peer-to-peer. Voilà le premier casse-tête légal auquel ces entreprises devront faire face. Nombreux sont les auteurs de ces applications de partage de fichiers qui ont fini devant les tribunaux et je ne serais pas surpris que quelque chose de similaire arrive un jour ou l’autre aux constructeurs de type MakerBot.

La seconde force qui va s’opposer au développement de l’impression 3D est un peu plus inquiétante. Il y a déjà des gens qui étudient la faisabilité de l’impression de composants d’armes à feu. Ce n’est peut-être pas encore faisable pour le moment, mais ça le sera un jour. Avant que cela n’arrive, des armes plus simples comme des « poings américains » réalisés avec du plastique super résistant vont être susceptibles de poser des problèmes aux gouvernements des pays où ces objets sont illégaux. Les lois sur les armes ne sont pas celles de la propriété intellectuelle mais elles nous amèneront au même point : la restriction de l’usage de l’impression 3D. Les lobbies de copyright pourraient s’appuyer et s’appuieront sur ce problème pour justifier un contrôle plus général.

Les vendeurs d’imprimantes 3D ne seront probablement pas obligés directement par la loi de mettre en place des restrictions, mais le déluge de poursuites pour des armes et des objets brevetés imprimés pourrait les pousser à le faire. Même Google n’a pas eu d’autre choix que de mettre en place des algorithmes sévères de détection automatisée de contenus sous droits d’auteur sur Youtube pour limiter sa responsabilité. Nous avons cependant vu ce système automatisé échouer maintes et maintes fois.

Chaque système de DRM implémenté jusqu’à aujourd’hui a été piraté d’une façon ou d’une autre. C’est vraiment une mauvaise blague pour l’utilisateur moyen : les DRM les bride dans leur vie numérique. Les autres, plus calés, contourneront les règles et pourront imprimer tous les objets brevetés qu’ils voudront. Les DRM ne résoudront véritablement aucun problème. Ils ne le font jamais. Mais ce sera peut-être un élément inévitable de l’avenir de l’impression 3D.

Crédit photo : FdeComite (Creative Commons By)




Framindmap : Et si on faisait aussi de libres cartes heuristiques en ligne ?

Framindmap est un nouveau projet du réseau Framasoft.

Framindmap

Il permet de faire de jolies cartes heuristiques directement en ligne à même le navigateur (on parle aussi de carte mentale ou mind map).

L’interface est franchement fluide et intuitive[1].

Pas d’installation, pas d’inscription, vous voici tout de suite opérationnel(le) ! De plus nous ne conservons strictement aucune donnée personnelle (l’application ne laisse de traces que locales sur votre ordinateur et non sur le serveur).

Contrairement à Framapad ou Framacalc, Framindmap ne permet pas la collaboration sur une même carte. Mais vous pouvez à la sortie l’imprimer, en faire une image et donc aussi l’enregistrer localement (soit directement dans votre navigateur soit comme fichier au format JSON[2]) pour une utilisation ultérieure.

Pour ce qui concerne les usages, Framindmap pourra être utile en situation de brainstorming, prise de notes, formation, classification, structuration d’un projet, etc.

Comme d’habitude, il repose sur une solution libre que nous avons adaptée et francisée, en l’occurrence mindmaps, du JavaScript sous licence AGPL v3. Et comme d’habitude vous êtes cordialement invité(e) à l’installer sur votre propre serveur pour faire respirer le Web (et vos données personnelles) en le décentralisant.

-> Découvrir et utiliser Framindmap

PS : Nous sortons de nombreux projets actuellement, merci de les relayer si vous le jugez bon car toute notre équipe marketing commerciale est en vacances actuellement (en fait ça fait 10 ans que ça dure). Merci également de faire en sorte que cela ne soit pas notre chant du cygne en nous soutenant ! 🙂

Notes

[1] Mais plutôt rudimentaire si on le compare à un traditionnel logiciel de mind mapping en dur sur votre ordinateur comme Freeplane. Nous savons où aller pour de futures améliorations 🙂

[2] Format non lu directement par Freeplane par exemple, mais ce serait un chouette plugin à développer 😉




Entretien avec Sésamath : au revoir Flash, bonjour HTML5, JavaScript (et LaTeX)

L’association Sésamath existe depuis 10 ans maintenant.

10 ans de projets au service des mathématiques dans l’éducation. 10 ans également, et par effet de bord, au service du logiciel libre, de par les choix des outils et des licences adoptées ainsi que la manière toute collaborative de travailler.

Avoir, entre autres, réussi à couvrir tout le collège avec des manuels scolaires libres qui représentent aujourd’hui près de 20% du marché, ça n’est pas rien ! (et c’est même du jamais vu au niveau mondial !)

L’occasion de faire le point avec Sébastien Hache, salarié et co-fondateur de l’association, qui nous annonce de bien bonnes et libres nouvelles.

Sésamath - Flyer

En quelques mots, comment se porte Sésamath ?

Sébastien Hache : Sésamath se porte plutôt bien. L’envie et la passion sont toujours là, depuis maintenant plus de 10 ans. De nouveaux membres viennent régulièrement renforcer une équipe globalement stable et de plus en plus expérimentée. La grosse difficulté est de parvenir à maintenir les ressources existantes (de plus en plus utilisées : plus d’un million d’élèves inscrits à Labomep par exemple l’an dernier) tout en continuant à faire évoluer les outils et à élargir le champ : c’est un défi compliqué mais c’est aussi passionnant.

Que pensez-vous de la récente circulaire sur l’usage du logiciel libre dans l’administration ?

Nous pensons que c’est une très bonne chose et que cela constitue un bon élément d’appui pour tous ceux qui veulent promouvoir les ressources et logiciels libres dans l’enseignement.

Que pensez-vous de l’opération Open TextBook de l’État californien ?

Plus il y aura de ressources éducatives libres et ouvertes, et mieux ce sera !

Que pensez-vous de la récente introduction de l’option Informatique et Sciences du Numérique en Terminale S ? Pensez-vous vous y impliquer de près ou de loin ?

Sesamath a fait le choix de ne pas se positionner sur des sujets autres que ceux inscrits dans ses statuts. Les objectifs de Sesamath nous occupent déjà largement.

Alors, justement, Sésamath a annoncé des nouveaux projets au lycée et dans le primaire. Peux-tu nous en dire plus ?

Pour l’instant, l’essentiel des projets de Sésamath se concentrait sur le collège, même si depuis longtemps, en particulier au niveau des liaisons inter-cycles, des ressources collège étaient utilisées en CM2 ou en seconde. C’est donc assez naturellement que nous avons lancé des appels (toujours en vigueur pour ceux que ça intéresse) dans ces deux directions pour amorcer des projets éditoriaux. En effet, l’expérience de Sésamath au collège a montré que le travail collaboratif autour d’ouvrages destinés à être publiés sur papier (même s’ils ont nativement une version numérique) était un bon catalyseur pour créer ensuite d’autres ressources numériques : un peu comme si l’ouvrage éditorialisé servait de fil conducteur pour tout le reste. Paradoxalement, le papier est aussi une bonne façon de faire connaître le numérique.

En CM2, une équipe composée de professeurs des écoles et de professeurs de collège travaille actuellement à un cahier d’exercices sur le modèle des cahiers d’exercices de collège (afin d’avoir une continuité dans la ressource). Ce cahier est destiné à être sous licence libre (CC By-Sa) : pour l’instant, durant la phase de conception, seuls les enseignants inscrits à Sésaprof peuvent y avoir accès mais quand il sera achevé (début 2013) il sera intégralement téléchargeable pour tous aux formats ODT et PDF. En même temps, nous concevons le cahier numérique associé. Une autre équipe construit en parallèle le futur manuel Sésamath 6e, qui est très largement modifié par rapport au précédent en partie justement pour tenir compte de la liaison.

En seconde, une équipe composée de professeurs de collège et de lycée travaille sur un manuel complet. Ce manuel est écrit en LaTex. Il sera de la même façon publié sous licence libre et accompagné d’un manuel numérique gratuit. Le premier chapitre sera très prochainement mis en ligne. Beaucoup de lecteurs de ce blog seront heureux de voir que Sésamath produit collaborativement un ouvrage en Latex (c’était déjà le cas pour un ouvrage d’exercices en classes préparatoires) !

Pour résumer, nous travaillons cette année sur 3 ouvrages en même temps. C’est possible grâce à l’expérience de l’association et de ses membres sur la création collaborative de manuels scolaire (organisation, outils…), mais aussi les licences libres et les formats ouverts qui permettent ce mode de création et motive les auteurs.

En parlant de format ouvert, il se dit que Sésamath est en train d’abandonner Flash. Qu’en est-il ?

Effectivement, une grande partie des ressources interactives de Sésamath (dont l’exerciseur Mathenpoche) a été développé en Flash. Il y a déjà eu pas mal de discussions sur ce point : avec le recul, il n’y a sans doute rien à regretter, mais on se rend compte actuellement que cela nous mène à une impasse. Avant d’être technique, l’impasse est d’abord collaborative : nous n’avons pas réussi à former suffisamment d’enseignants à la programmation en Flash et nous nous sommes coupés d’une communauté de développeurs dont nous avons grand besoin aujourd’hui.

C’est pourquoi, Sésamath s’est donné les moyens, depuis plus d’un an maintenant, de créer un nouveau modèle d’activités intéractives : Il s’agit du projet J3P basé sur les technologies web modernes (html5/javascript). D’une certaine façon, Sésamath a terminé sa mue complète vers le libre (je me permets de remercier tous ceux qui ont contribué à ça, de façon souvent très intelligente et patiente, et parmi ceux-là évidemment toute l’équipe de Framasoft). Mais l’intérêt de J3P ne réside pas que dans son format : il ouvre aussi des pistes importantes du point de vue pédagogique. L’idée est de pouvoir créer des ressources de plus en plus adaptées aux difficultés de chaque élève en leur proposant des exercices où les réponses qu’ils donnent conditionnent les questions suivantes, pour tenter de s’adapter à la nature de leurs difficultés éventuelles.

Le projet J3P veut donc offrir aux enseignants un moyen de concevoir de tels exercices. L’enseignant pourra construire ou paramétrer le graphe de chaque exercice. Ce graphe décrit, suivant les réponses de l’élève à chaque étape, les différents parcours possibles parmi les sections qui composent l’exercice. Le projet J3P est sous licence GPL.

Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues (ne pas hésiter à nous contacter.

Crédit illustration : Brochure Sésamath




Complexité de la clause Non Commerciale des Creative Commons : preuve par l’exemple

Ce n’est pas ubuesque mais presque !

On nous le reproche souvent, nous sommes de ceux qui ne considèrent pas comme « libres » les licences Creative Commons possédant la clause Pas d’Utilisation Commerciale NC. Nous préférons alors parler de licences « ouvertes ».

Apposer cette clause Pas d’Utilisation Commerciale à votre œuvre stipule que l’utilisateur n’aura « pas le droit d’utiliser cette œuvre à des fins commerciales » (sans vous en demander au préalable votre autorisation).

Le problème c’est qu’il est fort difficile de définir réellement et pratiquement les contours de ce qui est ou n’est pas commercial, ce qui entrave du même coup le partage et la libre circulation de l’œuvre. La preuve avec les nombreux exemples proposés ci-dessous par Evan Prodromou (Wikitravel, Identi.ca…) sur une liste de discussion des Creative Commons.

Réfléchissez-y à deux fois en choisissant cette clause pour votre propre œuvre parce que vous ne voulez pas que « d’autres se fassent de l’argent sur votre dos »…

Remarque : Cette traduction a été donnée sur grand écran en direct livre de l’Open Word Forum samedi 13 octobre dernier. C’était fascinant de voir virevolter les couleurs des participants sur notre Framapad !

Tax Credits - CC by-sa

Cas d’utilisation de la clause Pas d’Utilisation Commerciale de la licence Creative Commons

Use cases for NonCommercial license clause

Evan Prodromou – 19 avril 2012 – Liste de discussion Creative Commons
(Traduction : JonathanMM, KoS, Pascal, Barbidule, L’gugus, Evpok, aKa, mandourin, TheophrasteL, Cyrille, audece, Franck, Ypll, feedoo)

Je pense qu’il pourrait être utile d’obtenir des réponses de ceux qui s’occupent des licences Creative Commons au sujet d’un certain nombre d’usages plus ou moins « commerciaux ». Voici donc une liste d’exemples dont j’ai cherché à déterminer si oui ou non ils respectaient la clause non commerciale NC. J’ai exprimé mon opinion entre parenthèses en fin de phrase.

(Je suppose ici que l’on respecte les autres dispositions, dont l’attribution BY et la notification de la licence.)

  • Un éditeur télécharge un livre sous licence CC by-nc 2.0 sur internet, en fait un tirage de 100 000 exemplaires et le vend en librairies dans le pays. (Non)
  • Un particulier télécharge un livre sous licence CC by-nc 2.0 sur son ordinateur et le lit. (Oui)
  • Un particulier télécharge un livre sous licence CC by-nc 2.0 sur son ordinateur, l’imprime sur son imprimante, et lit le document imprimé. (Oui)
  • Un particulier télécharge un livre sous licence CC by-nc 2.0 sur son ordinateur et l’envoie par courriel à un ami. (Oui)

  • … et le partage avec le monde sur son site web. (Oui)
  • … et le partage avec le monde via un réseau P2P. (Oui)
  • Un particulier télécharge un livre sous licence CC by-nc 2.0 sur son ordinateur, l’imprime sur son imprimante et le donne à un ami. (Oui)
  • …et laisse son ami utiliser son imprimante et son ordinateur pour l’imprimer lui-même. (?)
  • … et envoie la copie imprimée à un ami en facturant au prix coûtant correspondant au prix des frais (papier, encre, électricité…). (?)
  • … et vend la version imprimée à un ami pour le prix des frais et du temps correspondant à la recherche et à l’impression du livre. (?)
  • … et vend la copie imprimée à un ami au prix des frais, plus son temps passé à trouver et à imprimer le livre, plus 10% de bénéfice. (?)
  • … et échange la copie avec un ami contre un autre livre imprimé. (?)
  • … et échange la copie avec un ami contre un grille-pain. (?)

  • Une personne télécharge un livre sous licence CC by-nc 2.0 sur son ordinateur et l’imprime sur son imprimante. Elle en réalise elle-même des photocopies près de chez elle, qu’elle donne à une amie. (Oui)
  • … et paie le personnel de la boutique pour en avoir une copie, qu’elle donne à son amie. (Oui)
  • … et paie le personnel du commerce pour en faire 100 copies pour elle, qu’elle donnera à ses amis et sa famille. (Oui)
  • Une boutique de reprographie possède un ordinateur à l’accueil. On peut naviguer parmi les livres sous licence CC qu’on aime sur cet ordinateur puis payer le personnel pour réaliser une impression d’un ou plusieurs d’entre eux pour soi. (Non)
  • Une boutique de reprographie possède un site web. Vous pouvez feuilleter les livres que vous voulez sur ledit site et ensuite, remplir un formulaire en ligne pour commander le livre que vous souhaitez acquérir. Le site vous enverra une copie. (Non)
  • Une boutique de reprographie télécharge un livre sous licence CC by-nc 2.0 et le reproduit en 100 exemplaires qu’elle place en évidence dans sa vitrine. Vous pouvez en acheter un à la caisse. (Non)

  • … qu’elle place en évidence dans sa vitrine. Vous pouvez en prendre autant que vous le souhaitez. (Non ?)
  • … qu’elle place en évidence dans sa vitrine. Sur la couverture, il est écrit : « Avec la permission de la boutique Trucmuche » (Non)

  • … qu’elle place en évidence dans sa vitrine. Vous pouvez en prendre un gratuitement, pour tout achat de 10$ ou plus. (Non ?)
  • … dont elle fait don à un programme d’alphabétisation pour enfants. (Non ?)
  • … qu’elle distribue anonymement à un programme local d’alphabétisation pour enfants. (Non ?)
  • Un particulier qui télécharge un livre sous licence CC by-nc 2.0 sur son ordinateur et le partage avec le monde sur son site internet. Chaque téléchargement coûte 0,99$. (Non ?)
  • … et le partage dans le monde entier via son site Web. Il faut payer 5,95$ par mois pour devenir membre et pouvoir télécharger. (Non)
  • … et le partage avec le monde sur son site web. Des versements ne sont pas requis, mais il y a des bandeaux publicitaires sur chaque page. (?)
  • … et le partage avec le monde sur son site web. Les versements ne sont pas obligatoires, mais il y a un lien Paypal « Soutenez ce site ! » sur chaque page. (?)
  • Un professeur télécharge une pièce sous licence CC by-nc 2.0 sur internet. Sa classe d’art dramatique joue la pièce devant le reste de son école lors d’une réunion. (Oui)
  • Sa classe d’art dramatique joue la pièce pour les parents, faisant payer 7$ la place. (Non)
  • Une troupe de théâtre locale joue une pièce licence CC by-nc 2.0, à 35$ la place. (Non)
  • Une troupe de théâtre locale joue une pièce sous licence CC by-nc 2.0 gratuitement dans une école primaire lors d’une assemblée. (Non ?)
  • Une troupe de théâtre locale joue une pièce sous licence CC by-nc 2.0 gratuitement devant les élèves d’une école primaire dans leur propre théâtre. (Non ?)
  • Un costumier télécharge et imprime de nombreux textes de pièces sous licence CC by-nc 2.0. Ils louent les textes imprimés à des enseignants. (Non ?)
  • Un costumier télécharge et imprime de nombreux textes de pièces sous CC by-nc 2.0. Si des instituteurs louent des costumes pour la pièce, ils peuvent utiliser les textes gratuitement. (Non ?)
  • Une boutique de reprographie télécharge une image d’abeille sous licence CC by-nc 2.0 depuis internet. Elle la place dans un encart publicitaire du journal local, en disant, « Soyez malin ! Utilisez la boutique de reprographie Trucmuche ! ». (Non)

  • Un groupe de scouts féminin télécharge une image d’abeille sous licence libre CC by-nc 2.0 à partir d’internet. Il l’imprime sur des prospectus distribués dans le voisinage: « Soyez sympa ! Ne me jetez pas ! » (Oui)
  • … « Soyez cool ! Achetez les cookies des filles scout ! » (Non)
  • … « Soyez cool ! Ne me jetez pas ! (Fabriqué pour vous par la troupe 45 des filles scout qui font de délicieux cookies) (Non)
  • … « Soyez cool ! Donnez de l’argent aux filles scout ! » (Non)

  • … « Soyez cool ! Donnez de votre temps aux filles scout ! » (Oui ?)
  • Un particulier télécharge Eastern Standard Tribe (un livre sous licence CC by-nd-nc 2.0 de Cory Doctorow) sur son ordinateur. Il paie à compte d’auteur 100 copies reliées, à ses frais, qu’il offre ensuite à des amis et la famille. (Oui)
  • Un particulier télécharge Eastern Standard Tribe sur son ordinateur. Il a un compte personnel à régler avec Cory Doctorow remontant à un cocktail en 1997. Alors, il paie pour que soit produits, à grand peine, 100.000 exemplaires reliés à la main, à ses frais, qu’il distribue ensuite gratuitement, en engorgeant le marché. Doctorow fait faillite. (Oui)
  • Les Éditions Trucmuche téléchargent Eastern standard tribe, publié par leur plus grand rival. Ils font 100 000 copies qu’ils distribuent ensuite gratuitement, engorgeant le marché. Doctorow et son éditeur font faillite. (Non)
  • Une association à but non lucratif qui s’occupe d’apprendre à lire aux enfants télécharge une copie d’un livre sous licence CC by-nd-nc 2.0. L’équipe reproduit 100 exemplaires avec la photocopieuse de l’association et les distribue aux orphelinats locaux. (Oui)
  • … et les vend aux orphelinats locaux au prix du papier. (Non)
  • … et les vend aux orphelinats locaux au prix du papier et de la main d’œuvre. (Non)
  • … et les vend aux orphelinats locaux au prix du papier et de la main d’œuvre, avec une marge de 10%. (Non)
  • … et les distribue publiquement pour attirer l’attention sur la lecture. (Oui)
  • … et les distribue publiquement comme cadeau pour toute donation d’au moins 50 $. (Non ?)
  • … et les vend publiquement avec une marge. (Non)
  • … et les distribue publiquement en « suggérant un montant de donation ». (Non ?)
  • Un groupe d’alphabétisation pour enfant télécharge une copie d’un livre sous licence CC by-nc 2.0. Une boutique de reprographie (Trucmuche) fait don de temps et de matériel pour effectuer 100 copies du livre, qui est ensuite rendu public pour éveiller à la lecture. La couverture arrière dit, « travail et matériel sont le don de la boutique Trucmuche ». (Oui)
  • Une bibliothèque dispose d’ordinateurs et d’une imprimante. L’utilisation des ordinateurs et imprimante est gratuit. Une personne utilise l’ordinateur et imprime pour elle-même un roman sous licence libre CC by-sa 2.0. (Oui)
  • Un cybercafé dispose d’ordinateurs et d’une imprimante. Chaque impression coûte 5 centimes la page. Un particulier réserve un ordinateur et imprime un roman sous licence libre CC by-sa 2.0 pour lui-même, et paye pour le temps et les coûts d’impression. (Oui)
  • Une bibliothèque publique qui vend des copies de livres sous licence CC by-nc 2.0. (Non)

Bon, tout ceci me fatigue (et vous aussi j’imagine). Désolé pour cette si longue liste, mais c’est un sujet réellement compliqué. Il y a probablement pas mal d’autres cas marginaux qui mériteraient d’être explorés.

Evan

Crédit photo : Tax Credits (Creative Commons By-Sa)




Framapad : Une nouvelle version spectaculairement améliorée !

Grosse mise à jour pour le projet Framapad !

Et on l’attendait car nombreux étaient ceux qui subissaient les petites contrariétés de l’ancienne version (se manifestant principalement par des sauts intempestifs de connexion)[1].

Les plus impatients peuvent d’ailleurs tout de suite aller s’en rendre compte par eux-mêmes sur notre pad « bac à sable ».

Framapad - Etherpad Lite

En conséquence de quoi il est beaucoup plus agréable de travailler. L’interface (un petit peu déroutante au tout début pour les habitués) est plus fluide, plus souple et ne se bloque plus comme avant (on aurait bien envie de dire « ne se bloque plus du tout » mais tout administrateur systèmes est superstitieux !).

Outre ce point fondamental, voici quelques différences marquantes avec la situation antérieure (liste non exhaustive) :

  • Il n’y a plus de limitation au nombre de connectés simultanés (nous avions du réduire la voilure par le passé à 8 puis à 16). Nous sommes ainsi montés à 40 sans broncher lors de nos phases de test.
  • Vous pouvez (enfin) exporter et importer votre pad dans les formats suivants : TXT, HTML, PDF, ODF, DOC et même, bonus Framasoft, en LaTeX !
  • Mise en forme du texte plus riche : on peut ainsi ajouter des titres, sous-titres… (ce qui correspond à l’introduction des balises H1, H2…)
  • Vous pouvez proposer votre pad en lecture seule, sans possibilité donc pour le visiteur de pouvoir modifier le texte (l’astuce consistant alors à donner une autre adresse URL spécialement conçue à cet effet)
  • Il est plus facile et fonctionnel d’embarquer le pad dans votre propre site (en copiant/collant un bout de code).
  • Optimisation pour smartphones et tablettes : il est donc désormais possible de collaborer sur un pad partout dans le monde grâce à son mobile

Techniquement parlant cela correspond à la mise en place d’Etherpad Lite, version beaucoup plus légère que la précédente, installée, localisée et adaptée par nos soins.

Attention cependant cette mise à jour majeure ne concerne que les classiques pads publics et non les pads privés qui en restent à l’ancienne version malheureusement pour le moment. Du coup, réfléchissez bien avant d’opter pour la création d’un compte privé. Nous vous rappelons en passant que nos pads ne sont pas indexés par les moteurs de recherche (sauf si l’un des participants se met à partager publiquement le lien, sur les réseaux sociaux par exemple).

Voilà. Framasoft est fier et ravi de vous proposer un service Framapad de meilleure qualité, ce qui implique aussi que les usages vont s’en trouver multipliées (n’hésitez à nous raconter comment vous l’utilisez dans les commentaires).

Framasoft est évidemment là pour assurer et maintenir ce service, mais n’oubliez pas qu’il s’agit aussi d’affirmer que ce service est libre et que vous pouvez vous aussi l’héberger sur votre propre serveur (Etherpad Lite et notre « fork » sur GitHub). De ce fait, ce nouveau Framapad fait le lien avec Framadate ou le récent Framacalc pour témoigner qu’il est possible d’envisager un cloud libre et décentralisé qui ne captent pas nos données personnelles.

Nous en profitons pour remercier tous les membres de la liste de discussion dédiée au projet. D’ailleurs si vous souhaitez nous rejoindre pour participer avec nous à l’aventure Framapad, il suffit de vous inscrire ci-dessous :

E-mail :

Un dernier mot. Il y a un lien direct entre la venue d’un second permanent au sein de notre association et le dynamisme actuel du réseau. Cette embauche était nécessaire mais comportait un risque financier. Et nous y sommes justement ! Alors merci de nous soutenir, si vous le pouvez et le jugez bon, pour nous montrer que nous avions raison d’être optimistes 🙂

Sur ce, il est grand temps de découvrir ce nouveau Framapad

Notes

[1] Nous avions d’ailleurs appelé à l’aide l’année dernière suite à une crise de croissance de Framapad. Appel bien reçu par Bearstech qui est alors devenu l’hébergeur du projet (merci pour eux). Mais le problème tenait plus à la (mauvaise) qualité intrinsèque de la version antérieure du logiciel qu’à une simple question de trafic.




Lionel Dricot (alias Ploum) candidat du Parti Pirate aux élections en Belgique

De l’informatique à la politique…

Lionel Dricot, alias ploum, vient de temps en temps rédiger dans nos colonnes (clavier Bépo, monnaie Bitcoin, histoire d’OpenOffice). Plus généralement c’est un acteur engagé en faveur de la défense et promotion du logiciel libre, et ce depuis bien longtemps déjà.

Il se présente sous la bannière du Parti Pirate (Brabant-Wallon) pour les élections communales et provinciales du dimanche 14 octobre prochain.

Il a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à quelques une des nos questions. Et je suis certain qu’il trouvera malgré tout le temps de répondre aux vôtres dans les commentaires 😉

Lionel Dricot - Ploum

Bonjour Lionel. Tu es contributeur occasionnel au Framablog mais peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Je m’appelle Lionel Dricot mais, sur la toile, vous me verez surtout sous le pseudonyme de Ploum. Je suis un ingénieur en informatique de 31 ans, belge une fois et actif dans le logiciel libre depuis 2001.

J’aime beaucoup réfléchir, écrire et remettre en question, sous une lumière purement rationnelle, ce qui est considéré comme acquis. Je me suis passionné pour Linux et XMPP à une époque où Windows et MSN étaient des acquis. Pour la même raison, j’ai remis en question l’Azerty pour passer au Bépo et j’ai remis en question le principe monétaire avec Bitcoin.

Et tu es candidat aux élections qui vont avoir lieu en Belgique…

La Belgique est un pays très complexe. Cette année, nous allons élire nos représentants à la province (l’équivalent des départements français) et à la commune. Les élections provinciales passionnent peu mais les élections communales sont très importantes car elles auront des conséquences immédiates sur la vie quotidienne des habitants. Le bourgmestre (équivalent du maire) est en effet nommé pour six ans suite à ces élections.

Je suis candidat du Parti Pirate, en première position dans la commune d’Ottignies-Louvain-la-Neuve et en 9ème position pour la province du Brabant-Wallon.

Sont-ce tes premiers pas en politique ?

Pas vraiment. J’ai toujours trouvé important de suivre la politique de près. Comme beaucoup de jeunes, j’ai voté pendant des années pour Ecolo, équivalent des Verts en France, avant d’être très déçu. J’ai été quelques temps membre actif du MR, parti libéral de centre-droit, souhaitant défendre les libertés individuelles. J’ai aussi été déçu par certains aspects conservateurs ou ultra-capitalistes.

J’ai découvert que, dans tous les partis, il y a des gens extraordinaires et des gens insupportables avec des idées dangereuses. Et que, malheureusement, la particratie belge lissait le tout, rabrouant ceux qui sortent un peu du lot et qui sont pourtant ceux que je voulais voir en politique.

Tu t’es alors tourné vers le Parti Pirate. Alors pourquoi lui et pas un autre ?

En fait, avec plusieurs amis, on se morfondait devant les partis politiques traditionnels. Par exemple, nous avions trouvé une erreur fondamentale dans le programme Ecolo pour sortir du nucléaire. Une erreur qui multipliait par 10 la puissance des éoliennes. Nous avons donc contacté les responsables du parti et il nous a été répondu qu’on nous répondrait après les élections.

Dans nos discussions, nous avons lancé l’idée d’un parti politique qui ne serait pas idéologique mais qui tenterait une approche pragmatique des problèmes, reconnaissant si nécessaire ses erreurs et n’hésitant pas à faire marche arrière quand une solution donnée s’avère défaillante. On avait appelé ça le Parti Intellectuel ou un truc du genre, je ne sais plus trop.

Mais quand le Parti Pirate est arrivé, j’y ai retrouvé exactement cet état d’esprit. Et je n’ai pas été le seul vu que mes amis Nicolas Ykman, blogueur sur artimuses.be, et Gauthier Zarmati s’y sont aussi retrouvés.

De là à être candidat, il y a pourtant une sacrée marge. Pourquoi s’investir autant ?

Parce qu’il n’y avait personne d’autres dans notre province. Sur le forum du Parti Pirate, je tentais de savoir qui seraient les candidats pour le Parti Pirate, demandant pourquoi il n’y avait pas quelqu’un pour lancer tout. J’ai un jour reçu un mail de Paul Bossu, coordinateur du Parti Pirate pour la Wallonie, qui m’a dit : « Tu es quelqu’un comme un autre, tu n’as pas besoin de notre permission, lance-toi ! ». Nicolas et Gauthier m’ont dit : « Si tu te lances, je me lance » et on a fondé la section locale du Parti Pirate.

Étant en mars 2012, on s’est dit qu’on était trop tard pour les élections d’octobre, on ne se préoccupait pas de ça. Mais notre section locale s’est rapidement développée, avec des membres de tous horizons, apportant chacun leur motivation. Paul nous a dit que ce serait une bonne expérience de se présenter aux élections.

Et il avait raison : refaire le monde, avoir des idées c’est bien. Mais refuser de se présenter aux élections, c’est un peu de la lâcheté. Il faut se confronter à la vraie vie.

Mais qu’est-ce qu’un geek libriste peut trouver dans la politique ? Le logiciel libre et le Parti Pirate ont-ils le moindre rapport ? Surtout à un niveau extrêmement local.

Oui, les deux sont complètement liés. Il y a tout d’abord la volonté de remettre en question l’existant, d’essayer de nouveaux modèles. Mais le logiciel libre m’a appris que, grâce aux nouvelles technologies, des centaines voire des milliers de personnes pouvaient collaborer pour gérer des projets extrêmement complexes. Et ce, malgré l’éparpillement géographique, les différences de cultures, de langues.

Si c’est possible pour de tels projets, cela doit a priori l’être pour une commune. C’est pourquoi nous proposons d’utiliser des logiciels de suivi de problème (genre Bugzilla) pour permettre aux habitants de signaler les problèmes : trottoir abîmé, égout bouché, dégradation du mobilier urbain, etc.

Nous souhaitons également que tous les projets, les règlements soient accessibles sur un wiki avec un suivi des révisions et où chacun pourrait apporter sa modification. Le tout en insistant également sur la transparence du processus politique et ce y compris jusque dans les détails du budget de la commune et du salaire des politiciens.

Tout cela est très expérimental mais Ottignies-Louvain-la-Neuve est une ville à part, un ovni dans le paysage belge. C’est donc l’endroit idéal pour tenter de renouveler le terrain politique.

Crédit photo : Adrien le Maire (Creative Commons By-Sa)