Podcast Projets Libres ! Des humain⋅es derrière les projets !
Le podcast est un média particulièrement consommé en France, comme le rappelait l’interview de Benjamin Bellamy de Castopod en mai 2022 sur ce même blog (aussi disponible en… podcast !). Il permet d’écouter une interview en faisant la vaisselle, des crêpes, ou du roller (mais pas en milieu urbain – ceci est un message de la sécurité routière). Cela veut dire, par exemple, que vous pouvez écouter cette interview de Pouhiou et Booteille sur le projet PeerTube par… Walid de Podcast Projets Libres ! tout en changeant le joint de culasse de votre ordinateur ! C’est dingue cette coïncidence, non ?!
Peux-tu te présenter ? Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Quelle est ta couleur préférée ?
Je m’appelle Walid Nouh, mon surnom est wawa (ou wawax).
J’ai découvert l’informatique (et le roller) à l’âge de huit ans. Depuis, je n’ai jamais arrêté 🙂
J’habite actuellement en région parisienne et je travaille dans une entreprise de l’économie sociale et solidaire dans la réparation et le reconditionnement de gros électroménager.
Ma couleur préférée est le noir.
À quel moment, dans ton parcours, as-tu croisé le logiciel libre ?
Durant mes années d’IUT. En cours, nous avions des ordinateurs sous Red Hat Linux.
Mon premier ordinateur personnel sous Linux c’était en 2000, il tournait sur une MandrakeLinux.
C’est à la sortie de mes études que j’ai vraiment découvert le libre et compris que c’était ce que j’allais faire dans les années à venir.
C’est lors de ma première expérience professionnelle, dans une ESN nommée Atos, que j’ai eu l’occasion de rejoindre le Centre Open Source de la compagnie, et de rencontrer d’autres personnes passionnées et qui avaient l’habitude de contribuer sur des projets libres.
Pourquoi le format podcast ?
Le podcast est ma manière préférée de consommer de l’information. J’écoute entre 10 et 20 heures de podcasts par semaine…
J’aime le fait que le format est libre, qu’on peut trouver des podcasts de niche, et que l’on peut aller très en profondeur dans les sujets.
Je suis un très grand fan des podcasts longs (entre 45 minutes et deux heures), j’ai d’ailleurs du mal à écouter des épisodes de 15 minutes.
D’ailleurs, tes podcasts font très pros (format, montage) : des astuces ou bons logiciels à conseiller ?
Chaque épisode me prend 6 à 10 heures de travail !
Pour arriver à ce résultat je passe énormément de temps à me documenter, écouter des podcasts ou vidéos, afin de réaliser une trame.
Je soumets ensuite cette trame au(x) invité(s), afin qu’ils puissent se préparer ou ajuster celle-ci.
Cette phase préparatoire peut prendre des semaines, car elle est nourrie par mes rencontres, réflexions ou lectures. Chaque épisode commence, pour moi, par la découverte du sujet et un questionnement sur l’angle que je veux donner à l’interview, et comment celle-ci s’inscrit dans la suite des précédentes.
Pour le montage j’utilise Audacity, c’est très classique (il faut que j’essaye Ardour…).
Pour la mise en ligne je passe par la plateforme libre Castopod, qui est très bien et nativement connectée au Fediverse.
Si je devais donner des conseils :
- bien réfléchir à sa ligne éditoriale, ce que l’on veut faire, et en quoi ses épisodes vont se distinguer de ce qui existe déjà dans l’univers du podcast.
- être clair sur l’objectif de son podcast : est-ce que l’on veut un podcast plutôt “live” ? (donc sans montage par la suite). Est-ce qu’on se fixe des limites en temps à passer par épisode ?
- est-ce que tu veux vivre ou te rémunérer avec ton podcast ? (Auquel cas renseigne-toi bien, regarde ce que font les autres pour trouver un modèle qui te convient).
De mon côté, je me suis fixé plusieurs règles :
- la durée de l’épisode n’est pas un problème
- je ne m’interdis aucun sujet : le podcast reflète mes intérêts. Je suis conscient que certains épisodes ne vont pas intéresser la majorité des gens, mais du moment que j’ai envie de le faire, alors il n’y a pas de raison de s’en priver 🙂
- je ne m’astreint à aucun calendrier de sortie fixe (même si j’aime bien le format de 2 par mois, mais ça risque de glisser plutôt vers 1 toute les trois semaines)
- je fais le minimum en termes de communication sur les réseaux sociaux et je laisse faire le bouche-à-oreille
- des épisodes peuvent être super techniques et d’autres grand public, à mon appréciation
Pourquoi le sujet du libre et non celui du roller ?
J’ai commencé les podcasts il y a deux ans par collaborer sur un podcast de roller, nommé Balado Roller. Dans ce podcast nous interviewons des personnes qui ont contribué à l’essor du roller. J’ai commencé par y être invité, puis co-animateur et aujourd’hui je réalise une partie des montages des épisodes auxquels je participe. Son audience est bien supérieure à celle de Projets Libres! et nous savons qu’il est écouté par les professionnels de ce sport.
Le podcast Projets libres!, reprend le même concept mais appliqué à ma seconde passion, qui est le logiciel libre. La différence c’est que pour celui de roller nous sommes deux, et nous nous appuyons sur un site qui existe depuis 20 ans.
Pour Projets Libres!, je suis tout seul, c’est moi qui fait tout de A à Z, suivant mes propres désirs (je suis assez perfectionniste).
Une autre différence est que sur nos interviews roller, le travail de préparation a soit été déjà fait en amont sur le site rollerenligne.com au fil des années, soit il est minimal car nous connaissons personnellement la plupart de nos invités. Sur Projets Libres! je dois faire beaucoup plus de recherche pour éviter de dire des bêtises, et aussi pour être sûr de la qualité de l’échange de l’on va avoir.
Comment choisis-tu qui tu vas interviewer ? En fonction des affinités ? Parce que tu utilises le logiciel ou projet ? Du buzz ?
C’est une combinaison de plusieurs facteurs :
- mes propres passions, sujets de fond. Principalement : la cartographie des projets francophones, les financements des projets, les transports, le Fediverse, les forks et les ERPs
- les personnes qui me contactent pour me proposer un sujet ou une mise en relation
- les rencontres que je fais sur les salons ou conférences, et qui alimentent mes réflexions
- les outils que j’utilise et dont je suis fan
- mon travail, dans le métier du reconditionnement, qui m’amène à vouloir creuser certains sujets qui m’intéressent
J’essaye de n’interviewer que des personnes qui sont au coeur des projets. Ma stratégie est de proposer un contenu original, que j’espère de qualité, et que les personnes concernées feront tourner dans leur communauté. Je ne souhaite pas faire de publicité. Ma communication est plutôt du type LinuxFR que du type LinkedIn.
Je fais des podcasts en français car c’est ma langue natale et aussi parce qu’il y a déjà de très bons podcasts en anglais.
J’en profite d’ailleurs pour indiquer que des statistiques publiques du podcast sont disponibles ici : https://statistics.projets-libres.org/
Dans tes podcasts, tu te concentres sur l’histoire humaine derrière les projets : c’est important pour toi ?
Pas de logiciel libre sans femmes et hommes !
J’ai eu la chance d’être un professionnel du logiciel libre, actif dans l’univers francophone pendant plus de 10 ans, d’être core developer sur un logiciel, d’avoir participé au fork d’un autre, d’avoir travaillé en ESN spécialisées dans le libre. Partout où je suis passé j’ai rencontré des femmes et des hommes passionnés par le libre et ses valeurs.
C’est en partie ce que je cherche à mettre en valeur, en m’appuyant sur ma propre expérience.
Pour faire simple, je cherche à produire le contenu que j’aimerais entendre. Je suis souvent frustré à la fin d’une interview car personnellement j’aurais posé d’autres questions, ou creusé d’autres sujets !
Mes podcasts ont pour but d’être complémentaires avec ceux qui existent déjà, que j’écoute régulièrement et que j’aprécie.
Qui aimerais-tu interviewer pour un prochain épisode ?
J’ai comme projet d’essayer interviewer toutes les associations historiques du libre.
L’idée serait de pouvoir faire une cartographie ou une frise temporelle de l’apparition des unes par rapport aux autres.
Je vais aussi me concentrer sur la notion de fork, et ce que cela veut dire au niveau humain (pour les personnes qui forkent, et pour les mainteneurs qui se font forker).
Bref, j’ai déjà une feuille de route pour les 6 mois à venir ^^
Quels sont les défis à venir pour le podcast ?
- Durer. Je me suis fixé 1 an sous cette forme et seul. Le podcast est un travail journalier, qui me prend presque tout mon temps libre.
En 2024, il va falloir que je constitue une équipe, pour aider à monter en qualité et garder un rythme raisonnable. - La parité femme/homme dans les interviews. Ce n’est pas si simple, mais j’y travaille et c’est très important pour moi.
- Se renouveler, d’avoir toujours des bonnes personnes avec du contenu intéressant.
- Il va falloir que je me finance mes besoins en me basant sur le don : je ne suis pas intéressé par mettre la publication ou du sponsoring dans le podcast. Comment donc faire en sorte que les gens acceptent de me financer, sans que cela ne me demande plus de travail supplémentaire (par exemple faire du contenu exclusif pour ses donateurs). Dans une démarche bénévole, tout contenu que je produis est du temps que je ne passe pas pour d’autres projets ou dans ma vie personnelle
- Réaliser un épisode avec sa transcription : c’est un défi permanent, car cela ajoute plusieurs heures de travail par épisode 🙂
La transcription des épisodes doit effectivement prendre un temps fou. C’est important pour toi ?
C’est une des premières choses qui m’a été demandé, et j’avais mis le sujet de côté car je ne pouvais pas tout faire. C’est en lisant le manifeste de Julie Moynat, relayé par Frédéric Couchet que j’ai remis le sujet au goût du jour.
La transcription a plusieurs fonctions :
- permettre aux gens qui ne veulent pas ou ne peuvent pas écouter le podcast de suivre notre conversation. Je dois avouer que, dans le cadre de mon travail, je déteste les tutoriels vidéos car tu ne peux pas rechercher dedans pour trouver exactement ce que tu veux…
- elle améliore le référencement du texte
- elle participe à la démarche “de ne pas juste avoir un podcast” mais d’avoir un media
Techniquement je passe par un service (non libre) de transcription. Je dois ensuite retravailler les phrases pour en faire un texte lisible. Cela pose des questions sur le niveau de retravail, entre avoir un texte en bon français et garder le sens et l’atmosphère de l’interview. J’ai bien essayé de demander une IA de me corriger les phrases sans les modifier, mais je n’ai pas encore atteint le bon résultat. J’ai des échanges avec Benjamin Bellamy de Castopod, car c’est un de leurs axes de travail actuel.
N’étant pas un professionnel, la correction transcription d’un épisode d’un heure me prend 2 à 3 heures de travail (avec la mise en forme sur le site). C’est une des raisons pour lesquelles je pense changer le rythme de sortie des épisodes.
Je voudrais faire quelques remerciements :
- ma femme qui supporte tous mes enregistrements et mes conversations autour du podcast !
- mes amis et collègues pour les idées, écoutes et commentaires
- mon ami Emilien Martinoty pour son aide et pour création et maintenance du site
- l’équipe de Castopod pour la migration sur leur plate-forme et les discussions régulières
- tous les invités qui m’ont fait confiance
- pour finir toute l’équipe framasoft pour leur accueil et la promotion de mon podcast
Quelques liens :
- les épisodes Podcast Projets Libres !
- la page Castopod de Podcast Projets Libres !
- le projet sur mastodon