Place du logiciel libre à l’Éducation Nationale : la réponse du gouvernement

Computer Suite - Hands On Support - CC BY

Le 19 septembre 2006 le député Richard Cazenave interpellait le gouvernement sur les enjeux et les avantages du logiciel libre (dans une lettre que nous avions reproduite sur le Framablog).

La réponse vient de tomber[1].

Il est porté à la connaissance de, l’honorable parlementaire les éléments de réponse suivants.

Historique : le logiciel libre a pris une place grandissante à l’éducation nationale à partir de 1998. Le ministère a été un précurseur en utilisant ces solutions à tous les échelons du système éducatif (établissements, services académiques…) et en acquérant au fil des années une compétence reconnue dans le domaine. Cette compétence a permis de mettre en place une politique de choix sélectif pour retenir les meilleurs outils issus du secteur sur des critères économiques et technologiques. Dès 2000, les offres basées sur des logiciels libres ont été systématiquement mises en concurrence avec les offres commerciales pour tous les choix structurants. Ainsi, les logiciels les plus connus comme LINUX, APACHE ou les suites bureautiques se sont imposés comme des références.

LINUX (serveurs) : en établissements scolaires ou dans les services, les applications composant le système d’information de l’éducation nationale, sont principalement installées sur des serveurs fonctionnant sous LINUX (système d’exploitation « libre » concurrent de Windows XP). Dans les services académiques et à l’administration centrale, LINUX équipe plus de 98 % des quelque 1 500 serveurs qui hébergent les grands systèmes d’information de l’éducation nationale. Dans les établissements scolaires et les écoles, près de 15 000 serveurs LINUX « prêts à l’emploi » ont été déployés dans le cadre du schéma directeur des infrastructures avec des financements partagés entre l’État et les collectivités. Ces serveurs offrent des services de sécurité (pare-feu, filtrage…) et de communication pour accompagner les usages pédagogiques et administratifs.

Les solutions pour le poste de travail : le poids du logiciel libre au sein du système éducatif a été un des éléments qui a permis de négocier avec Microsoft des tarifs particulièrement intéressants sur la suite bureautique office (moins de 40 euros). Ces tarifs attractifs ont limité le développement des suites bureautiques alternatives qui représentent un peu moins de 10 % des licences dans les services et les établissements. Cependant, la suite bureautique alternative Open Office est largement utilisée par le corps enseignant comme un outil de travail partagé avec les élèves ; la gratuité de la solution facilitant le déploiement dans les familles.

Une démarche pragmatique : si le logiciel libre peut permettre de réduire les coûts d’investissement en rendant l’informatique moins dépendante des grands éditeurs, les solutions retenues doivent, pour cela, être parfaitement maîtrisées par la fonction informatique interne. Une mauvaise maîtrise génère des coûts cachés importants et peut faire apparaître une baisse globale de la qualité de service. Initiée très tôt, la démarche pragmatique a permis de placer le logiciel libre au niveau le plus pertinent du système d’information du ministère et d’en tirer les meilleurs profits. Ces déploiements se sont appuyés sur les compétences des centres informatiques. D’importants programmes de formation ont été mis en place pour que la culture soit largement partagée par les informaticiens et dans certains cas, l’utilisateur final. Pour les composants à haute valeur technologique (bases de données, serveurs d’application…), le recours à des solutions commerciales apparaît souvent comme nécessaire, car les solutions du « libre » peuvent manquer de maturité (notamment en terme d’outils d’administration). Le poids du logiciel libre au sein de l’éducation nationale reste un argument de négociation avec les éditeurs permettant de tirer les prix des licences commerciales vers le bas.

Il est tout aussi plaisant qu’indiscutable de relever la présence forte de Linux côté serveur. Je peux personnellement témoigner du succès et de l’efficacité de la solution SLIS (Serveur de communications Linux pour l’Internet Scolaire) largement déployée dans les académies.

Côté client et donc poste de travail, je suis plus dubitatif sur les arguments avancés en particulier pour ce qui concerne les suites bureautiques. Ainsi par deux fois il est explicitement indiqué que le logiciel libre est un moyen de faire pression sur les éditeurs propriétaires pour faire baisser leurs prix (et de s’enorgueillir d’avoir réussi à négocier MS Office à moins de 40 €) ! Ces tarifs attractifs ajoutés aux coûts cachés que représentent une migration constitueraient donc un frein au développement des suites bureautique libres (comprendre OpenOffice.org) dans les établissements.

Cette histoire de coûts cachés est toujours difficile à évaluer parce que justement ils sont cachés et du coup on peut leur faire dire un peu ce que l’on veut. Ici ça donne : Une mauvaise maîtrise génère des coûts cachés importants et peut faire apparaître une baisse globale de la qualité de service.

Certes mais franchement est-ce qu’on utilise les suites bureautiques avec nos élèves et étudiants de manière tellement poussée (genre avec macros Excel et tout et tout) que la migration risque nécessairement de faire baisser le service ? Dans mon lycée on a ainsi adopté depuis peu OpenOffice.org en lieu et place de MS Office. Certain collègues, il est vrai, ont un peu râlé, mais pour les élèves aucun problème (on notera qu’ils râlent beaucoup moins lorsque vous prenez le temps de leur expliquer les enjeux, le contexte et la différence fondamentale entre les deux suites qui, non, non, n’est pas la gratuité).

Et puis enfin, et surtout, on notera qu’à aucun moment il n’est fait mention de la question de l’interopérabilité et des formats ouverts dont l’objet, je le rappelle, est de permettre les échanges sans imposer de solution logicielle. Ne pas s’en soucier c’est d’abord s’exposer potentiellement à des sacrés coûts cachés (comme par exemple celui de devoir un jour convertir tous ses fichiers) mais c’est également plus que dommage pour une institution influente qui forme les générations futures[2]

Notes

[1] Pour accéder à l’URL d’origine, tapez le numéro de la question, la 104464, en suivant ce lien.

[2] L’illustration est un détail d’une photographie de Hands On Support intitulée Computer Suite issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY.




Souffrez-vous vous aussi du syndrome Bayrou ?

Faites ce que je dis ou faites ce que je fais ?

Y aurait-il un embarras, un décalage, un paradoxe, que dis-je un paradoxe une schizophrénie, entre un discours favorable aux logiciels libres et ce qui se trouve effectivement réellement dans nos ordinateurs ?

Sommes-nous nombreux à vanter les mérites du logiciel libre sans mettre nos (belles) théories en pratique ?
Sommes-nous nombreux à faire l’éloge des alternatives libres telles qu’OpenOffice.org, the Gimp ou carrément Linux tout en continuant à utiliser au quotidien Word et Photoshop sous Windows ?

Illustration.

Monsieur Bayrou, assis tranquillement derrière son ordinateur, répond aux questions d’un (cyber)journaliste sur la loi DADVSI[1]. Il nous affirme alors (et une fois de plus, mais je ne me lasse pas de l’entendre) tout le bien qu’il pense des logiciels libres. Son discours est rôdé, c’est une homme politique, candidat à la présidentielle de surcroit. Mais tout d’un coup, le journaliste, malicieux et faussement naïf, trouve une petite faille…

Le journaliste : Je ne fais pas le tour de l’écran pour vérifier que c’est bien des logiciels libres ? Pour vérifier qu’il y a bien une cohérence entre votre discours et vos actes…

François Bayrou : Y’aura, y’aura… Pour l’instant je fais comme tout le monde. Je suis à Microsoft, je suis à Word…

Le journaliste : Donc on est sur une revue d’intention plus que sur une réalité aujourd’hui de…

François Bayrou : Non, non. Ce que vous dites n’est pas sérieux. Et il faut apprendre à être sérieux (je vous dis ça gentiment). C’est pas parce que j’utilise des logiciels que tout le monde utilise parce que je n’ai pas eu le temps de me familiariser avec des logiciels libres (j’ai les bouquins là je peux vous montrer) que pour autant je ne perçois pas les enjeux qui sont derrière tout ça.

Fin de l’épisode et Monsieur Bayrou de conclure son propos, au demeurant fort intéressant, sur la loi DADVSI.

—> La vidéo au format webm

Oui… mais non !

Oui Monsieur Bayrou. Vous semblez effectivement percevoir les enjeux qui sont derrière tout ça et nous aimerions que la classe politique dans son ensemble s’interroge et se positionne plus souvent sur le sujet.

Mais non Monsieur Bayrou, la question de joindre les actes à la parole lorsque le logiciel libre est évoqué est on ne peut plus sérieuse. Vous manquez de temps (et la présence de livres n’y changera rien). Mais surtout vous nous dites, et ça fait mal, que vous faites comme tout le monde en utilisant les logiciels que tout le monde utilise (comprendre donc des logiciels propriétaires).

Comment voulez-vous donc alors que la donne s’en trouve modifiée ? Ne voyez-vous pas que ce que vous balayez d’un revers de la main en critiquant l’attitude du journaliste sont justement les principaux freins au développement du logiciel libre ?

Un effort salutaire et exemplaire

Aujourd’hui le logiciel libre est dans l’air du temps. Il va devenir très vite, hélas, politiquement correct. Mais défendre la planète est aussi politiquement correct. Est-ce pour cela qu’elle s’en trouve en meilleure santé ? Non, parce que les belles théories ne sont globalement pas mises en pratique. Il en va bien etendu de notre propre responsabilité mais il en va aussi de la responsabilité de ceux qui nous dirigent dont nous attendons actes concrets et valeur d’exemple.

Tentez de vous dégager un peu de disponibilité Monsieur Bayrou et osez véritablement le logiciel libre. Au delà de vos livres, vous rencontrerez alors toute une communauté prête à vous aider. Et si votre emploi du temps est vraiment serré, ce que je conçois fort bien, vous pouvez y aller en douceur et par étapes en commençant par exemple par substituer votre Word (et vos .doc) tout en restant sous Windows. Non seulement vos argument en la matière y seront plus convaincants mais vous encouragerez du même coup ceux qui ne bougent pas (et qui s’en excusent exactement comme vous) à en faire de même…

Notes

[1] Ce très court extrait est issu du projet web original PoliTIC’Show : celui d’interviewer longuement et méthodiquement tous les présidentiables (à ce propos la lecture par le journaliste de la biographie de Monsieur Le Pen prise sur Wikipédia devant l’intéressé lui-même est assez caustique).




Ségolène Royal, le logiciel libre, la loi DADVSI et les licences Creative Commons

Ségolène Royal - Désirs d'avenir

Ce billet a quatre intentions :

  • Faire découvrir (ou rappeler) certaines positions de Ségolène Royal autour du sujet qui nous intéresse beaucoup ici, à savoir le logiciel libre et son état d’esprit.
  • Servir de post-it post-campagne si jamais elle est élue (pour comparer a posteriori les promesses et les faits).
  • Inviter le visiteur à nous donner des liens vers les positions des autres candidats déclarés ou potentiels sur les mêmes sujets.
  • Et… aider Ségolène à mieux choisir la bonne licence Creative Commons pour son site 😉

Voici donc quelques extraits du site Désirs d’avenir de Ségolène Royal et jugés subjectivement significatifs par votre serviteur.

Avec Richard Stallman

Citation issues du communiqué de presse commun Ségolène Royal – Richard Stallman à l’occasion du passage à Paris de ce dernier le 28 juin dernier.

Le logiciel libre a déjà profondément transformé la manière dont nous travaillons, apprenons et vivons. Ainsi, Internet repose, pour l’essentiel, sur des logiciels libres. Tous les usagers de l’informatique et de l’Internet utilisent aujourd’hui des logiciels libres sur leurs ordinateurs (navigateur, suite bureautique, etc.) ou accèdent à des logiciels libres sur Internet (souvent sans le savoir).

Ségolène Royal et Richard Stallman se sont accordés sur le caractère primordial des quatre libertés fondamentales qui fondent le logiciel libre : – la liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages – la liberté d’étudier et améliorer le programme – la liberté de redistribuer des copies – la liberté de publier ses versions améliorées

Les standards ouverts (comme Open Document Format) et le recours aux logiciels libres contribuent à l’indépendance, à la qualité et à l’efficacité des administrations centrales et des collectivités locales. Les développements financés par la puissance publique pour ses propres besoins devraient, de manière générale, être libres.

Les pouvoirs publics, en France et en Europe, devraient promouvoir un cadre juridique qui favorise la liberté d’utilisation des logiciels et la participation des utilisateurs à l’innovation.

La politique de recherche et d’innovation technologique en informatique gagnerait à s’inspirer des concepts issus du logiciel libre.

Le système éducatif doit développer l’alphabétisation numérique. Cette formation devrait s’appuyer sur les logiciels libres.

Au delà du logiciel, les pouvoirs publics doivent promouvoir les « biens communs informationnels » dans les domaines de la science. Ils appellent à mettre en oeuvre la déclaration de Berlin et les recommandations du Sommet Mondial de la Société de l’Information (SMSI) en matière de libre accès à l’information scientifique.

DADVSI en débat

Citations issues de la synthèse (ou "ce que je retiens") du débat Téléchargement : comment concilier la rémunération des créateurs et la liberté des internautes ?

Le premier point que je retiens de ce débat, c’est que le numérique et le P2P sont une chance et non, comme certains le disent, une catastrophe.

A mes yeux, s’il est indispensable de permettre une rémunération juste des créateurs et de ceux qui les entourent, il ne saurait être question de maintenir artificiellement des modèles économiques dépassés par l’évolution technique, et de maintenir un cadre légal en décalage complet avec le progrès technologique et les aspirations manifestes du public. Je crois qu’on peut trouver, sur ce sujet, comme sur tous les autres, des solutions qui tirent toutes les parties prenantes vers le haut.

C’est le contraire que fait le gouvernement avec la loi DAVDSI : cette loi est inspirée par la peur du numérique, elle exacerbe les oppositions stériles entre le public, les créateurs, les producteurs, les diffuseurs.

La DADVSI n’apporte rien aux créateurs : ni en termes de rémunération, ni en termes de droits nouveaux. Elle rogne les droits du public, avec la remise en cause larvée de l’exception pour copie privée. Elle ne crée pas un cadre favorable pour les nouveaux intermédiaires du numérique, pour ceux qui inventent les services de demain. Pire : elle va compliquer plus encore l’émergence de services et d’entreprises innovantes.

Enfin, pour maintenir coûte que coûte le principe d’une interdiction des échanges non-commerciaux d’œuvres numérisées, le gouvernement a fait voter des dispositions inapplicables.

Après le débat qui vient d’avoir lieu sur le site, je souhaite poser les quelques principes à partir desquels une législation nouvelle devra être mise en place :

1. Tirer parti de la numérisation et du P2P pour faciliter l’accès des publics aux œuvres et accroître la diversité culturelle.

2. Permettre à tous, aux auteurs comme aux publics, de bénéficier du progrès technique. Empêcher qu’une catégorie d’acteurs capte ce progrès technique à son profit exclusif.

3. Reconnaître que les sources de financement de la création en matière culturelle sont et doivent rester diverses (vente à l’unité, prélèvements auprès des exploitants, redevance pour copie privée, etc.). L’Etat ne doit pas privilégier un modèle économique unique pour la diffusion des œuvres culturelles mais favoriser les modèles en phase avec les demandes de la société.

4. Favoriser l’innovation en matière de circulation commerciale des œuvres numérisées. Le succès du P2P témoigne de l’insatisfaction de nos concitoyens face à une offre culturelle perçue comme trop limitée, trop chère et trop uniforme. Les opérateurs doivent pouvoir développer des services améliorés par rapport à ce que l’on trouve aujourd’hui.

5. Encourager les créateurs qui se tournent vers les modèles ouverts de propriété intellectuelle de type Creative Commons ou Musique-libre.

Il faudra, pour cela, inciter les titulaires de droits à licencier leurs catalogues, selon des modalités compatibles avec l’économie de nouveaux entrants et sans les assortir de DRM qui réduisent l’utilité pour les utilisateurs.

Du bon usage des Creative Commons

On notera pour s’en réjouir que le site Désirs d’avenir est sous licence Creative Commons (ce qui donne plus de poids à l’une des propositions précédentes faisant mention de ces licences).

Mais il y a encore un peu de confusion puisque sur la page Creative Commons du site on nous autorise l’utilisation commerciale avec une licence qui, telle qu’elle est énoncée, est explicitement la Creative Commons BY Paternité (avec curieusement absence de lien direct vers le contrat de la licence choisie, ici on a un lien générique vers le site Creative Commons France alors qu’on aurait dû plutôt trouver ce lien).

Royal CC BY

Ce qui n’est pas le cas de la page Mentions légales où l’on fait explicitement référence à la clause NC (pas d’utilisation commerciale).

Royal CC BY-NC

Bon, moi, issue de la culture du logiciel libre, je préfère a priori quand la clause NC est levée. Mais faudrait juste savoir quoi 😉

PS : A ceux qui tireraient à vue sur ce blog pour sa prétendue non neutralité politique, je répondrais comme Couchet que le logiciel libre est citoyen donc politique surtout lorsque l’on est contraint de défendre un espace de biens communs que d’autres tentent chaque jour un peu plus de contrôler et restreindre. J’ajoute qu’aujourd’hui c’est le PS mais hier c’était l’UDF, l’UMP et le PC.




De la politique et du logiciel libre

Dis papa, est-ce que le logiciel libre c’est politique ?
Euh… tu m’en poses de ces questions toi, tu ne vois pas que je suis occupé ! Va écouter Frédéric Couchet sur le Framablog et on en reparle d’accord ?!
Pfff… d’accord.

Cette vidéo est un extrait du Temps du Libre n°1 réalisé par Lionel Allorge.
Elle est sous licence Verbatim, elle peut-être reproduite par n’importe quel moyen que ce soit, pourvu qu’aucune modification ne soit effectuée et que cette notice soit préservée.
Frédérice Couchet est Délégué Général de l’APRIL, Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre.




DADVSI en une seule image

C’est la petite histoire d’une photographie qui en apparence ne paye pas de mine.

F_Schnell Dadvsi original CC-BY

Deux écrans et une peluche coincés sur une étagère. A priori pas grand chose d’intéressant ni de très signifiant. L’image n’a intrinséquement rien pour elle et ne risque pas de plaire aux esthètes.

Elle a pourtant pour moi valeur historique pour ne pas dire valeur de symbole.

Comme François Schnell, l’auteur de la photographie, nous étions en effet nombreux à suivre les débats en temps réel et jusqu’à tard dans la nuit, rivés aussi bien à l’écran de télévision qui diffusait en direct les interventions à l’Assemblée (c’est pas nouveau) qu’à celui de l’ordinateur où nous pouvions sur des forums dédiés commenter à la volée ce qui était en train de se produire sous nos yeux (c’est un peu plus nouveau).

Cela a donné le fil le plus long de Framagora (plus de 2000 messages en moins de 2 jours !) et c’est justement celui-là qu’a choisi de figer le photographe sur son cliché.
Le choix de l’intervenant à la télé n’est pas non plus anodin. Il s’agit du député Christian Paul (PS) qui, comme Billiard (Verts), Bloche (PS), Bayrou (UDF), Boutin (UMP), Cazenave (UMP) ou Carayon (UMP) n’étaient pas favorables au projet de loi en l’état.
Quant à la peluche, vous l’aviez reconnu, c’est Tux la mascotte Linux et elle vient nous rappeler que les logiciels libres étaient fortement impliqués dans le projet de loi (par contre vous ignoriez peut-être qu’elle voyage autant que le nain de jardin d’Amélie Poulain !).

Toujours est-il que quand François Schnell m’a signalé la mise en ligne de sa photographie sur Flickr, elle m’a tout de suite séduite. Et, étant sous licence libre Creative Commons BY, j’ai alors illico pris la décision de la faire figurer un temps en accueil de framasoft.net, l’accompagnant d’un texte un peu elliptique "DADVSI, il s’est passé quelque chose…" (du coup on se retrouvait avec une version "dérivée" de l’originale soit dit en passant).

F_Schnell Dadvsi aKa CC-BY

Elle a ensuite vécu sa vie de document numérique libre sur le Web. On l’a ainsi retrouvée, et ce n’est pas une suprise, sur Eucd.info.

F_Schnell Dadvsi Eucd CC-BY

Et, pas plus tard qu’hier, on l’a vue réapparaître rien moins que sur le site du journal Le Monde associée à un article intitulé La rentrée brouillonne de la loi Dadvsi (litote !).

F_Schnell Dadvsi Le_Monde CC-BY

Dommage que l’on n’ait droit qu’à un DR (Droits Réservés) pour seul crédit alors même que la licence choisie, la Creative Commons BY, se concentre plutôt sur les droits autorisés.

En tout cas, merci frenchy.

Tu nous avais raconté le voyage d’une jolie chanson sur notre Tribune Libre, je te rends la pareille avec ce modeste billet 😉

< edit du 10 octobre >

Finalement Le Monde a décidé de créditer la photo avec la bonne licence (voir copie d’écran ci-dessous). En lieu et place de l’ancien "DR" on a droit désormais à un "François Schnell / Framasoft (CC-BY). La loi Dadvsi a été partiellement censurée par le Conseil constitutionnel". Cela fait plaisir même si cela ne s’est pas fait sans peine.

F_Schnell Dadvsi Le_Monde CC-BY v2




Les deux mondes de François Bayrou

—> La vidéo au format webm

François Bayrou a su s’attirer les sympathies de nombreux sympathisants du logiciel libre et son état d’esprit (en particulier lors du passage de projet de loi DADVSI à l’Assemblée).

A écouter cet extrait de la table ronde politique qui a eu lieu le 6 juillet dernier dans le cadre des Rencontres Mondiales du Logiciels Libre à Nancy, on se demande bien pourquoi 😉

Morceaux choisis :

Il y a ceux qui pensent que tout est marchand et tout est appelé à être marchand et qui bâtissent tout un raisonnement sur le fait que tout progrès est marchand, que tout œuvre de l’esprit merite un contrôle, une possession, un verrou et c’est ainsi que pour eux le monde avance.

(…)

Moi je vois au contraire les principes d’un modèle de développement d’une humanité différente, dans le fait qu’un certains nombres de gens, non pas empêchent les autres d’avoir recours au domaine marchand si ils le souhaient, mais considèrent qu’il est de leur droit, comme un droit de l’homme, de défendre l’idée que l’on peut faire une œuvre de l’esprit en la partageant avec les autres, d’une certaine manière par une demarche, je ne sais pas comment vous le dire, mutualiste, coopérative, libre… enfin autour de ces mots là. Et ceci est pour moi un très grand espoir pour l’humanite.

(…)

Il m’arrive souvent quand les gens viennent me voir et me demandent ce que je trouve de bien dans le monde d’aujourd’hui je dis “logiciels libres et univers wiki”. Parce que l’idée qu’on puisse bâtir ensemble une œuvre qui depasse la possession, le vérouillage, qu’on puisse la mettre en commun, la partager, c’est quelque chose qui recèle, me semble-t-il, un modèle de développement pour nos sociétés.

(…)

Voilà pourquoi en nous battant contre les anomalies de la loi DADVSI, nous ne nous sommes pas seulement intéressés à l’objet de la loi mais au modèle de société que recélait l’objet de la loi.




Merci monsieur le député d’apporter de l’eau à notre moulin !

Cazenave Rocard RMLL 2006 Nancy

Pas plus tard qu’hier je prenais pretexte d’une news du Café Pédagogique pour répéter (asséner ?) une nouvelle fois la bonne idée de substituer autant que faire se peut la suite bureautique propriétaire MS Office par la suite bureautique libre OpenOffice.org chez notre Mammouth préféré.

Quel ne fut pas alors mon plaisir de lire aujourd’hui sur son blog la question écrite de Richard Cazenave à Gilles de Robien, Ministre de l’Éducation Nationale, et publiée au Journal Officiel le 19 septembre 2006.

Nous les sans-grades, ça fait un petit bout de temps qu’on gesticule sous les fenêtres de nos hiérarchies pour que cela évolue en ce sens. Avoir l’appui d’un député (qui plus est de la majorité au pouvoir) ne peut que renforcer notre crédibilité et bien entendu contribuer à accélérer les choses.

Voici la question dans son intégralité :

Monsieur Richard Cazenave appelle l’attention de Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, sur les enjeux et les avantages du logiciel libre.

En effet, l’Etat, conscient de ces enjeux en termes d’indépendance technologique, de pérennité des informations et aussi au plan économique (les logiciels étant gratuits tandis que leur déploiement et leur maintenance s’effectue par des SSII présentes sur le territoire national ce qui permet de soutenir l’emploi national), commence à déployer massivement les logiciels libres dans les administrations.

Ainsi, après l’adoption par la Gendarmerie Nationale de la suite bureautique libre OpenOffice.org (et de son format de fichier ouvert OpenDocument), c’est au tour des ministères de migrer massivement, courant 2007, vers cette suite bureautique libre.

Il est donc temps que l’Education Nationale franchisse le pas et utilise massivement les logiciels libres dans son programme de formation et ne s’en remette pas uniquement à des éditeurs de logiciels propriétaires qui ne se conforment pas aux exigences des standards.

Le Député remercie donc le Ministre de bien vouloir l’éclairer sur les mesures qu’il compte prendre pour remédier à cette situation et permettre ainsi à l’Education Nationale d’assurer pleinement sa mission de formation aux TIC.

On attend avec impatience sa réponse 😉

PS1 : Richard Cazenave n’est pas un inconnu pour la communauté du Libre. Il a ainsi participé activement au récent (et houleux) débat lié au projet de loi DADVSI. A cette occasion il accepta le 28 mars dernier notre invitation originale à venir converser sur nos forums et répondre aux questions des visiteurs (cf l’archive de ses messages).

PS2 : La photographie de Richard Cazenave (en compagnie de Michel Rocard) a été prise lors de la table ronde politique des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre cet été à Nancy.

<edit>

Je me permets d’ajouter ici en le recopiant le commentaire témoignage d’un dénommé Richard sous le billet du blog de Richard Cazenave car je le trouve fort intéressant.

Ce que le Ministre ne doit pas répondre :

«Les établissements sont libres d’utiliser l’une ou l’autre suite ! Beaucoup de sociétés utilisent (dans la vrai vie) principalement Microsoft . Il ne faut pas opposer monde propriétaire et monde libre car les deux correspondent à un besoin. D’autre part, libre ne veut pas dire gratuit et toute conduite du changement a un coût . »

Ça c’est le discours habituel , formaté et langue de bois qui a pour but de ne froisser personne.

Et pourquoi ne faudrait-t- il pas froisser Microsoft et M Balmer ? Parce que ce dernier est un ami personnel de M Breton ?

La réalité : Oui , beaucoup d’ industriels utilisent Word et alors ? L’éducation nationale ne peut elle pas pour une fois anticiper le mouvement vers le format de fichier ODF . La progression de cette norme est exponentielle et on peut espérer que ce format sera un jour le standard du marché . D’autre part, les .doc sont amenés à disparaître et c’est Microsoft qui le dit . Microsoft voudrait imposer sa norme XML mais le pari est loin d’être gagné et je ne voit pas pas pourquoi , tant qu’à prendre des paris ,on miserait plus sur Microsoft que sur l’ensemble du reste de l’industrie Informatique (IBM,SUN,Novell,Bull, etc )

« Il ne faut pas opposer monde propriétaire et monde libre » !! Ah oui , et pourquoi ne pas dénoncer que l’une fasse 90 % de bénéfice et pompe les finances publiques et celle de nos entreprises ? . Les entreprises (du monde entier) ne sont pas stupides et viendront tôt ou tard aux logiciels libres mais n’est ce pas au gouvernement de comprendre et leur donner l’impulsion nécessaire comme il le fait dans d’autres secteurs plutôt que de laisser « bêtement » le marché décider et nos entreprises prendre encore du retard ?

« Libre ne veut pas dire gratuit » ! Ah , ça c’est l’argument des imbéciles qui n’ont retenus que ça !! Oui , si Renault m’offre une voiture ( on peut rêver …), il faudra bien que j’aille la chercher au garage et que je mette un jour de l’essence dedans (ça me coûtera et du temps et un ticket de métro ! ) . Openoffice est gratuit ! Entièrement Gratuit ! Complètement gratuit ! (pour les utilisateurs) Maintenant , si je fais déplacer quelqu’un pour me l’ installer , ou pour me former , évidemment , ça va me coûter des sous ! Microsoft se déplace t ‘il « gratuitement » pour installer et former les gens à Office une fois que vous avez acheté leur produit ? C’est compris dans la boite ?

Mes enfants , dans leurs scolarité à l’école publique n’ont pas touché à un seul micro-ordinateur de la maternelle au lycée (faute de moyens) . Moi , dans la mienne , j’ai eu la chance de travailler sur To7 et mo5 ! J’ai maintenant la chance de n’avoir aucune appréhension à passer de Windows à Linux , de Unix à OSX , de Word à Abiword , d’ Openoffice à Kwrite ! Former les enfants à « Office » est donc une gigantesque connerie qui contribue à les rendre dépendant d’un produit au lieu de leur permettre de s’adapter à différentes situations. En plus , le coût des produits Microsoft pèse sur l’éducation nationale qui pour le coup ne peut pas équiper l’ensemble des établissements .

« Openoffice est déjà déployé dans les écoles . » allez vous me répondre ! Oui et ce n’est pas grâce à vous Monsieur le Ministre mais grâce au nombreux professeurs qui se dévouent malgré les directives de leur administration centrale qui continue à dealer avec Microsoft , (accords cadres , dicours très nuancé etc…) Le terrain attend un signe fort de reconnaissance sur les logiciels libres qui vienne de tout en haut et qui reconnaisse à sa juste valeur le travail accompli.

Merci M Cazenave de nous ouvrir cette tribune.




Être ou ne pas être à la Fête de l’Huma…

Affiche officielle de la Fête de l'Humanité 2006

Être ou ne pas être à la Fête de l’Humanité, telle n’est pas la question puisque Framasoft y sera (et ce pour la troisième année consécutive du reste). Nous invitons tous ceux qui en feraient de même à venir nous passer le bonjour sur notre stand, au Village du Logiciel Libre de l’Espace Multimédia (accès à la fête, plan de la fête).

Comme d’hab’ le programmation musicale est sympathoche (voir par exemple les artistes de la Grande Scène), ce qui est logique pour des lendemains qui chantent… Quand à l’ambiance générale elle n’est pas loin de ressembler à cette vidéo promo qui donne plutôt envie d’y aller non ?

Un petit mot sur cet Espace Multimédia. Au village du Logiciel Libre nous serons en bonne compagnie puisqu’entourés d’associations comme l’APRIL, EUCD.info, FFII France, In Libro Veritas (notre partenaire FramaBook), Lea-Linux, Parinux, StopDRM, Ubuntu.fr, Wikimedia France… Bon, pragmatisme oblige, on notera aussi la présence de "partenaires" tels que TFI, France Télécom, Lagardère, Thomson… qui sponsorisent l’Espace à ce que j’ai cru comprendre.

Des multinationales qui permettent au Libre associatif d’être invité chez les cocos. C’est le titre caricatural de mon billet auquel vous avez échappé. Ouf !