7 raisons pour ne pas utiliser les tablettes dans l’éducation

Une récente passe d’armes sur le bien fondé d’offrir des iPad à des collégiens en Corrèze avait fait couler beaucoup d’encre dans les commentaires du Framablog.

Nous récidivons aujourd’hui en laissant de côté les arguments du libre pour se concentrer uniquement sur la pertinence de la tablette en milieu scolaire.

Urban Hippie Love - CC by-sa

Trop cool pour l’école : 7 raisons pour lesquelles les tablettes ne devraient PAS être utilisées dans l’enseignement

Too cool for school: 7 reasons why tablets should NOT be used in education

Donald Clark – 24 février – Blog perso
(Traduction : Moosh, Max, DansLeRuSH, CedricA, Sphinx, Mila Saint Anne, Catalaburro, VifArgent, goofy, @paul_playe, Miles, Alpha + anonymes)

Est-ce que les élèves en achètent ? NON

J’écris ceci sur un netbook. J’ai un iPad mais je ne rêve pas de m’en servir pour faire des recherches, prendre des notes, écrire ou pour mon travail. Je m’en sers à la maison comme une sorte de matériel de découverte, davantage pour « chercher, regarder et découvrir » que pour « écrire, créer et travailler ». Mes enfants ne s’en servent jamais. Quand je leur demande si certains de leurs camarades en ont acheté, ça les fait rire. De toute façon, « pour le même prix on a des ordinateurs portables ». Ils veulent un truc pour aller sur Facebook, lire leurs courriels, éditer du son ou de la vidéo, jouer, programmer et télécharger. Sur mes deux garçons, l’un a un MacBook, l’autre un PC survitaminé. Je ne m’en sers jamais dans la mesure où j’ai surtout besoin d’écrire et de communiquer — c’est simplement trop malcommode et limité.

Est-ce que les étudiants en achètent ? NON

Que ce soit à l’école, au lycée ou à l’université, il semble que les jeunes préfèrent les ordinateurs, que ce soit pour prendre des notes, écrire des devoirs ou autres choses. Ils veulent la souplesse d’un ordinateur complet, pas un appareil qui ait un look sympa. Les tablettes n’ont pas envahi nos bibliothèques. Les étudiants font des recherches, communiquent et, par-dessus tout, ont besoin d’écrire des quantités non négligeables de texte, voire de code. Les tablettes ne le font pas pour eux.

Est-ce que les employés s’en servent ? NON

Et puis il y a l’entreprise. Je n’ai pas encore vu une entreprise qui ait décidé de généraliser les iPad ou des tablettes si ce n’est pour des raisons ésotériques tournant autour de leur image de communicants. Encore une fois, les gens au travail veulent un ordinateur complet et connecté qui leur permet de faire des tâches fonctionnelles rapidement. Quand je vois des iPad sur un lieu de travail, ils sont généralement entre les mains de personnes d’un certain âge qui prennent des notes (lentement) avec un seul doigt, qui se débattent pour télécharger des documents et des feuilles de calcul et qui sont souvent les mêmes qui demandent une copie papier de tous les documents de travail avant la réunion. Un netbook à 299 £, pas de papier : ça me satisfait.

Alors pourquoi cet engouement pour les tablettes et les iPad dans les écoles ?

Mis à part ces motivations d’achat, pourquoi cette obsession des iPad ? Je n’ai pas été séduit et je n’achèterai pas le package. Si comme moi vous considérez que l’enseignement doit faire émerger des individus autonomes qui peuvent construire une vie dans laquelle ils se sentent en confiance avec la technologie, acquièrent des compétences grâce à elle et en retirent le maximum à la maison ou au boulot, alors un iPad ou une tablette est un mauvais choix et voici selon moi pourquoi…

1. L’écriture

La capacité à écrire se retrouve au cœur de l’éducation primaire, secondaire et supérieure. Les enfants ont besoin d’être encouragés à beaucoup écrire pour apprendre, que ce soit en prenant des notes, en rédigeant des devoirs, des rapports, des manipulations de données, des écrits d’invention ou des dissertations. Les claviers des écrans tactiles sont inconfortables avec des taux d’erreur élevés et la manière de sauvegarder, travailler en réseau, ou d’imprimer est tortueuse. On revient à l’ardoise victorienne, voire bien pire en fait. J’en possède une et je trouve qu’il est plus facile d’écrire sur cette ardoise plutôt que de taper sur un iPad. Fait intéressant, en leur fournissant un appareil si hostile à la création de l’écriture, vous pouvez faire passer l’envie d’écrire aux élèves débutants. Répondre à cela en disant qu’il est possible d’acheter des claviers pour les tablettes revient à admettre une défaite. C’est répondre que les tablettes ne fonctionnent que si vous les transformez en ordinateur. À quels coûts supplémentaires ?

2. La créativité

Les tablettes sont faites pour consommer du contenu, les ordinateurs (portables) permettent la création de contenus. Ce n’est pas parce que les choses sont belles sur un iPad qu’elles sont faciles à faire avec celui-lui. Les outils de création dans la plupart des domaines de l’art et du design sont très différents des outils de diffusion. Essayez d’utiliser Photoshop, Illustrator ou encore 3D Studio sur une tablette. Essayez de faire une sélection pixel par pixel, d’utiliser des calques, de faire des ajustements précis. L’écran n’est tout simplement pas assez grand pour ce genre de travail. C’est un appareil que l’on tient à la main, pas un outil de travail. Les tablettes sont rares dans le monde du travail où l’écriture demeure nécessaire. La maîtrise du clavier et les compétences sur d’autres appareils dont vous pouvez avoir besoin dans la vraie vie ont peu de chances d’être acquises grâce à l’iPad.

3. L’informatique, les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication), la programmatue je passe ion

Peu importe le but de l’apprentissage de l’informatique, de la programmation ou des technologies de l’information à l’école, je ne pense pas que l’iPad ou les tablettes soient appropriés. Apprendre à manipuler un tableur sur un iPad est pénible. Vouloir apprendre à programmer avec, ridicule. Quelle personne sensée voudrait utiliser une interface tactile pour programmer, ce qui implique beaucoup d’écritures détaillées, supprimant, ajoutant des lignes, aussi bien que dans un environnement plus ouvert ?

4. Un appareil de consommation, pas d’apprentissage

Par-dessus tout, un iPad est un outil de consommateur, fait pour lire et pas pour écrire. Il a un rôle à jouer dans les apprentissages, particulièrement au niveau pré-scolaire pour les tout-petits, mais au-delà, il n’y a pas d’argument sérieux pour justifier un investissement de grande ampleur dans ce genre de matériel. La meilleure preuve en est que quand les élèves ou les étudiants s’équipent en informatique, ils n’achètent pas de tablettes. Ils achètent des ordinateurs de bureau, des netbooks ou des ordinateurs portables.

5. Inadéquation avec les besoins des enseignants

Il y a l’exemple d’une école qui avait échangé ses ordinateurs portables contre des tablettes, et qui souhaite aujourd’hui faire machine arrière. « La salle des profs se lamente », car les problèmes pédagogiques sont évidents. D’un point de vue technique, les enseignants ont vécu cela comme un cauchemar. La plupart des enseignants et le matériel pédagogique qu’ils utilisent s’appuient sur Word et PowerPoint, et l’utilisation de tablettes a entraîné des problèmes d’incompatibilité. Certains professeurs ont dû faire héberger leur contenu à l’extérieur de l’établissement, ce qui a posé des problèmes d’accès aux ressources. Il y a également des problèmes d’affichage avec l’écran au format 4:3 des iPad, des problèmes d’accès à Internet au travers des proxy. Mais le principal problème reste la capacité de stockage et le manque de ports USB. Cela implique l’utilisation de procédures plus complexes, comme par exemple l’usage de DropBox et de tous les problèmes afférents. Les tablettes ne sont pas des outils adaptés aux enseignants. Sans une véritable connaissance des logiciels et des besoins des enseignants, il n’y a aucune plus-value pour les apprenants.

6. Le prix élevé

Les iPad sont chers à l’achat et à l’entretien, et sont compliqués à mettre en œuvre en termes de réseau et de périphériques. Ils sont conçus pour être utilisés à la maison et non à l’école, dans les laboratoires ou les salles de classe. Ce constat a été dressé par l’Honnywood Community Science School, une école qui vient tout juste de se créer, qui a acheté 1200 iPad pour un montant de 500000€ , dont la moitié sont maintenant inutilisables. Il existe donc une réelle interrogation sur la solidité de la technologie à l’école et dans les sacs des élèves, où ces équipements sont malmenés, tombent et sont rayés. Pire encore, 20% de ceux qui ont été envoyés en réparation en sont à leur deuxième ou troisième retour au SAV. Bien qu’il ait été demandé 50€ aux parents par tablette, ces dernières coûtent en réalité 450€ et les élèves ne semblent pas prendre particulièrement soin de quelque chose qu’ils n’ont pas acheté. Le coût final, quand on ajoute les réparations, est encore plus élevé que prévu.

7. Des projets vaniteux

Une personne très bien informée, ayant participé à une réunion dans les hautes sphères du gouvernement qui a décidé d’introduire les tablettes à l’école, m’a dit que cela avait été pénible et bordélique. Les tablettes, données par une entreprise informatique, furent bien livrées à l’école, où le chef de l’établissement les dissimula aux autres enseignants. C’est exactement comme cela qu’il ne faut PAS introduire les nouvelles technologies dans les écoles : acheter des appareils à la mode en grande quantité, les distribuer dans de belles boites et espérer que tout ira bien. C’est le danger avec ces projets fondés sur des tablettes, nous nous basons rarement sur une analyse poussée pour choisir la technologie la plus appropriée, nous avons plutôt tendance à nous baser sur le fait qu’Apple est à la mode ou sur les conseils des fans de cette marque. Nous devons éviter de faire comme tout le monde et de mettre en place des projets prétentieux qui présupposent que ce qui est cool pour les consommateurs adultes sera cool pour l’école.

J’ai passé toute ma vie d’adulte à encourager l’adoption des technologies dans l’enseignement mais je veux être sûr qu’on ne se tire pas une balle dans le pied avec des projets qui n’ont pas pris en compte les sept points ci-dessus. Pour être honnête, je ne suis pas du tout certain du bien-fondé d’une technologie imposée aux salles de classe. Laissons les enseignants enseigner et, si vous introduisez ce genre de choses, réservez plutôt une bonne part du budget à leur formation.

Conclusion

Une bonne technologie a toujours du style, et les iPad en ont à revendre, mais c’est un style qui attire les adultes, pas les enfants. Je peux comprendre l’utilité des tablettes pour des jeunes enfants, de 3 à 9 ans, et peut-être ayant des besoins spécifiques. Mais une fois acquis les rudiments, les iPad sont un luxe que les écoles ne peuvent pas se permettre. Ils ne sont pas non plus souhaitables, au regard de l’apprentissage que dispensent les écoles à grande échelle. Ces initiatives sont souvent menées avec un but technologique et non pédagogique.

Remarquez que tout cela ne constitue pas une attaque contre les iPad et les tablettes. J’en ai acheté une et je trouve ça bien. C’est un ensemble d’arguments contre leur utilisation dans l’enseignement. Les élèves à l’école, au lycée et à l’université ne les achètent pas avec leur argent. Pas plus qu’il ne les utilisent lorsqu’ils en ont le choix. Même s’ils étaient fournis, ces outils sont largement inadaptés à l’écriture, aux besoins de l’informatique, des technologies de l’information, de la programmation ou encore des autres tâches lors du cursus scolaire. Cela est principalement lié au fait que ce sont des appareils de consommation, passifs et non pas actifs, utilisés pour lire et non écrire, avec une mise en avant de la consommation et non de la création. Ils ne sont certainement pas adaptés à l’éducation.

P.S. : Je suis conscient de passer peut-être à côté de quelque chose mais j’ai hâte de voir les recherches sur les améliorations effectives dans les acquisitions, par opposition aux enquêtes qualitatives et aux questionnaires.

Crédit photo : Urban Hippie Love (Creative Commons By-Sa)




Pas de bol : quand les Américains nous copient c’est pour notre Hadopi !

Riposte graduée, sécurisation de son réseau, oubli systématique du copyleft, répression qui s’accompagne d’une prévention propagande… les Américains sont sur le point de lancer leur propre Hadopi, qui porte le nom chantant de Copyright Alert System.

Pourtant on ne peut pas dire que ce soit un franc succès chez nous, n’est-ce pas Monsieur Lescure ?

Ici comme ailleurs, de grands mais vains efforts pour transformer la « génération du partage » en une « génération pirate » !

Martin Fisch - CC by-sa

La propagande du copyright s’offre un nouvel acteur : votre fournisseur d’accès à Internet (FAI)

The Copyright Propaganda Machine Gets a New Agent: Your ISP

Corynne McSherry – 25 février – EFF.org
(Traduction : Moosh, goofy, Alpha, LGT + anonymes)

Voilà un moment qu’on le redoutait, la machine de surveillance du copyright connue sous le nom de Copyright Alert System (CAS) est finalement en marche. Le CAS est un accord entre les plus grands fournisseurs de contenus et les principaux fournisseurs d’accès (FAI) qui vise à surveiller les réseaux de peer-to-peer pour détecter la violation de copyright et sanctionner les abonnés supposés coupables par des rappels à l’ordre « éducatifs » voire une réduction importante de la vitesse de connexion.

Pour preuve de ce lancement, le centre d’information sur le copyright (Center for Copyright Information ou CCI), qui administre le programme, a refondu son site web. Ce site est censé contribuer à la sensibilisation des internautes sur le système et le copyright. Malheureusement, le site est rempli de signes qui indiquent que cette campagne va dériver.

Par exemple, concernant le processus de ciblage des utilisateurs, le site explique :

Avant d’envoyer une nouvelle alerte, un processus rigoureux permet de s’assurer que le contenu concerné est bel et bien protégé par un copyright et que la notification est envoyée au bon abonné.

Le simple fait que le contenu soit soumis à copyright ne signifie pas que son partage soit illégal. Il serait préférable d’avoir un processus rigoureux afin de s’assurer que l’utilisation identifiée constitue bien une violation. Il serait encore mieux d’avoir un processus qui soit approuvé par une entité parfaitement indépendante, suivi d’un examen public du résultat global.

Et puis il y a ces quelques pépites :

La CCI encourage tous les utilisateurs à sécuriser leurs réseaux privés, mais c’est encore plus important pour ceux qui ont reçu un avertissement à la violation de copyright (Copyright Alert).

En d’autres termes, si vous recevez un avertissement vous feriez mieux de verrouiller votre réseau, et vite. Comme nous (NdT : l’Electronic Frontier Foundation) l’avions expliqué, il semble que cela ait pour objectif de saper le mouvement pour un Wi-Fi ouvert, même si l’accès libre sans fil est largement reconnu comme bénéfique au public.

La responsabilité incombe aux abonnés de s’assurer que leur accès Internet n’est pas utilisé pour violer le copyright.

Pas tant que ça, au moins, pas d’après les lois pour le copyright, pas tant que des conditions supplémentaires ne sont pas remplies. Nous n’avons pas souhaité faire partie de la brigade de surveillance du copyright, mais si votre FAI a signé l’accord (AT&T, Cablevision, Comcast, Time Warner, and Verizon), vous avez souscrit à cette surveillance.

Et puis on retrouve les abus classiques et orientés de leur approche du copyright :

Quand vous créez un poème, une histoire ou une chanson, elle vous appartient, et personne d’autre ne peut s’en servir sans votre permission.

Encore raté : grâce au principe de l’usage raisonnable (fair use) d’autres personnes peuvent utiliser les œuvres que vous créez de différentes façons. C’est grâce à cela que nous sommes assurés du bon usage du copyright, permettant ainsi la créativité et l’innovation plutôt qu’une entrave.

Tout aussi inquiétant : le site du CIC renvoie les utilisateurs vers la Copyright Alliance pour en apprendre plus sur l’histoire du copyright. La Copyright Alliance est loin d’être une « ressource » neutre – il s’agissait de l’un des principaux acteurs du combat pour faire voter SOPA et elle reste un fervent défenseur du copyright tout-puissant.

En conclusion, le CIC entrera probablement en partenariat avec iKeepSafe pour développer un cursus sur le copyright au sein des universités publiques de Californie. Qui pourrait s’appeler « Sois un créateur : la valeur ajoutée du copyright ». Basé sur ce que l’on voit venir depuis longtemps, ce cursus devrait pouvoir aider les plus jeunes à comprendre les enjeux du copyright. Par ailleurs, cela apprendra aux plus jeunes comment les droits sur la création peuvent être acquis et les étapes de vérification avant l’utilisation de la création de l’œuvre.

Loin de nous l’idée de faire notre propre publicité, mais l’EFF a développé un cours visant à expliquer ce que la loi sur le copyright permet et interdit, et qui, nous l’espérons, encourage les étudiants à réfléchir de manière critique sur la créativité, l’innovation et la culture. De plus, il est sous licence CC (Creative Commons), ainsi, le CIC ne devrait pas hésiter à s’en servir, ça lui économisera du temps et de l’argent.

Dans le même temps, nous sommes déçus, pour ne pas dire désagréablement surpris, de l’approche du CIC en matière de surveillance et d’éducation. Suivez-nous pour plus d’informations à venir sur le CAS et ce que vous pouvez faire pour vous y opposer.

Crédit photo : Martin Fisch (Creative Commons By-Sa)




Les lunettes Google Glass ou la fin définitive de notre vie privée ?

Google Glass c’est le projet Google de lunettes révolutionnaires à réalité augmentée. On nous promet leur commercialisation avant la fin de l’année. Une vidéo spectaculaire a été publiée récemment. Si vous ne l’avez pas encore vue, nous vous invitons à le faire car vous allez mieux comprendre la traduction qui suit.

Bientôt donc vous retrouverez quelque part avec des gens qui porteront ces lunettes. À tout moment, ceux-ci peuvent vous filmer à votre insu et mettre en ligne en temps réel la vidéo sur YouTube, non sans qu’un système automatisé de reconnaissance faciale et de tags vous ait peut-être identifié au passage !

Ce n’est plus de la science-fiction et comme Google n’est pas une entreprise philanthropique, on imagine sans peine l’impact majeur d’une telle innovation sur notre vie privée et le devenir de nos données personnelles.

Max Braun - CC by-sa

Gare aux Google Glasses !

Watch Out for Google Glasses

Anton Wahlman – 25 février 2013 – TheStreet.com
(Traduction : jtanguy, 3wen, Benoît, Jeanba88, misterk, goofy + anonymes)

D’ici la fin de cette année, notre société va subir un changement très particulier, qui va susciter beaucoup de controverses. La cause ? Les Google Glasses.

Les Google Glasses vont impacter les comportements sociaux dès leur mise en circulation. Au moment où vous les apercevez, vous savez que vous pouvez être filmé. Et les gens n’aiment pas être filmés.

Bien sûr, tous les smartphones peuvent enregistrer des vidéos et prendre des photos. Mais vous savez quand ça arrive. Vous n’avez pas constamment l’impression que tout le monde autour de vous est en train de vous filmer sous tous les angles. Vous les voyez faire quand ils le font.

Les Google Glasses sont différentes. Au-delà des photos et des vidéos, qu’advient-il de ces données ?

Imaginons que je sois derrière le guichet d’une entreprise : banque, restauration rapide, guichet d’enregistrement à l’aéroport, peu importe. Mes Google Glasses pourraient afficher le numéro de sécurité sociale, le casier judiciaire, la présence sur les réseaux sociaux, etc. de la personne en face de moi.

C’est peut-être un progrès pour certains mais d’autres trouveront cela terrifiant. Pouvez-vous imaginer la scène dans un bar où les gens commencent à porter des Google Glasses ? En l’espace d’une seconde ou deux, vous aurez toutes les informations disponibles à propos de la personne en face de vous. Et certaines de ces informations pourraient ne pas être flatteuses.

Les lieux publics devront élaborer de nouvelles politiques. Hôtels, aéroports, restaurants, salles de sport et écoles voudront avoir leur mot à dire concernant le port des Google Glasses dans leurs locaux. Vous pourrez entendre les tollés dès que les premières images de gens trichant dans les écoles, ou filmant dans les vestiaires seront publiées sur YouTube. De futurs conflits vont certainement très mal tourner.

D’autre dimensions du problème apparaissent aussitôt. Que se passera-t-il si les versions futures des Google Glass deviennent très difficiles à distinguer des lunettes traditionnelles ?

Aujourd’hui, que se passe-il si vous pénétrez dans un établissement en tenant une caméra qui filme les visages des gens, dans un restaurant, une banque ou une salle de sport ? On vous demandera d’éteindre votre caméra, et si vous n’obéissez pas rapidement, on vous jettera dehors.

Les Google Glasses vont rendre les interactions publiques et sociales très délicates car vous prenez le risque potentiel d’être sur YouTube quel que soit l’endroit où vous allez. Quelques mois après leur arrivée sur le marché, les Google Glasses pourraient être déjà si répandues que vous serez filmé dès que vous pointerez le nez dehors.

Défenseurs de la vie privée, en avant !

Les données photos et vidéos des Google Glasses ne vont pas être utilisées seulement par la personne qui porte les lunettes. La personne qui prend ces images voudra peut-être « taguer automatiquement » ces médias avec l’identité des personnes dans la photo ou vidéo.

Il y a des gens qui préfèrent passer sous les radars. Ils payent en liquide, n’utilisent pas de GPS en voiture, n’ont pas de téléphone, et ne sont membres d’aucun réseau social en ligne. Ils ont réussi à rester en-dehors de la plupart des bases de données disponibles publiquement.

Une fois qu’une partie significative de la population aura commencé à déambuler dans les rues avec des Google Glasses, ils ne le pourront plus vraiment. Il n’y aura plus de place pour se cacher, à moins que les gouvernements ne légifèrent sur ces Google Glasses, ou que les établissements privés décident de les interdire.

Qu’en est-il de Google lui-même ?

Les Google Glasses deviendront une arme décisive dans la guerre imminente pour les données personnelles. Si d’autres personnes les utilisent, pourquoi pas moi ? Je prédis que toutes les personnes avec suffisamment de moyens vont se ruer pour en obtenir, surtout si le prix baisse de 1 500$ à 1 000$, puis à 500$ et finalement en-dessous, lors des deux premières années de commercialisation.

Si Google arrive à sortir ce genre de lunettes avant ses concurrents directs, non seulement Apple, mais aussi Microsoft, son avance pourrait bien être décisive. Google possède déjà 70% des parts de marché des smartphones avec Android, donc il est plutôt bien parti, mais n’oublions pas que la part de marché des PC de Microsoft atteignait 95% il y a seulement quelques années.

Comme Google va probablement inventer un lien fort entre les Google Glasses et les smartphones Android, les Google Glasses vont être une véritable aubaine pour Android. N’importe qui regardera son iPhone et devra sérieusement envisager de passer à Android.

Les Google Glasses risquent de causer un chaos social, mais elles vont être très bénéfiques pour les finances de Google.

Crédit photo : Max Braun (Creative Commons By-Sa)




Du bon usage des deniers publics par les municipalités danoises

Une douzaine de villes danoises se sont mises d’accord pour développer ensemble des solutions libres en partenariat avec des sociétés de services locales.

Un exemple à suivre…

Angel Torres - CC by

Les municipalités danoises utilisent l’open source pour innover et collaborer

Danish municipalities using open source to innovate and collaborate

Gijs Hillenius – 1er février 2013 – OpenSource.com
(Traduction : Moosh, Sphinx, lgodard, Doh-a + anonymes)

Les municipalités danoises utilisent de plus en plus les logiciels libres et open source pour apporter des solutions innovantes et collaboratives dans leurs missions d’information et de communication (ICT). L’année dernière, plus de 10% des municipalités du pays ont rejoint la communauté nouvellement créée Open Website Community OS2. Le groupe possède déjà à son actif un système de gestion municipal de contenu basé sur Drupal (appelé OS2Web) ainsi qu’une application de gestion des réunions sans papier (intitulée OS2dagsorden, NdT : littéralement OS2-ordre du jour).

Les 12 municipalités du consortium OS2 sont soutenues par 19 fournisseurs de services open source danois. En Décembre dernier, le groupe a commencé le développement des deux prochaines applications, OS2kontactcenter et OS2kle, déclare JonBadstue Perdersen, responsable de la section à la municipalité de Syddjurs.

« Comme OS2 le fait habituellement, nous avons commencé à travailler sur OS2kontaktcenter dans un hackerspace en impliquant vingt participants provenant des municipalités et des fournisseurs », indique Badstue. « Et en seulement deux jours nous avons prouvé que nous pouvions proposer des solutions de centres de contacts pour les municipalités, qui combinent et présentent aux visiteurs sur le site web des informations qui sont déjà disponibles sur certains sites et bases de données. » Cette solution utilise efficacement deux taxonomies prédéfinies de l’information, appelées KLE et FORM, rendues disponibles par les administrations publiques.

Marquage du contenu

La seconde et nouvelle solution, OS2kle a pour but de fournir une interprétation automatique du texte. Elle utilise Taxon, un logiciel open source, pour ajouter automatiquement des balises aux documents électroniques.

« Le balisage est devenu un moyen fréquent de structurer de grandes quantités de contenu sur un site web, » explique Badstue. « Mais le procédé consistant à baliser les contenus avec des méta-données utilise beaucoup de ressources. Nous améliorons ce procédé, soit en ajoutant automatiquement des balises, soit en suggérant à l’utilisateur certaines balises à utiliser. »

Le consortium OS2 a débuté en avril de l’année dernière avec les cinq villes de Copenhague, Ballerup, Sønderborg, Syddjurs et Ishøj. Morsø, Jammerbugt, Ringsted, Kolding, Odsherred, Favrskov et Skanderborg les ont rejointes peu après. Selon Badstue : « OS2 a pour objectif de contribuer à l‘open source dans le secteur public. Nous voulons faire du Danemark un pionnier à la fois international et innovant dans ce domaine. »

« Notre communauté montre que les administrations publiques danoises adoptent de plus en plus l‘open source avec le soutien de leurs politiciens locaux. Ce type de logiciels offre les meilleurs outils pour créer une société numérique, ouverte et innovante, nous permettant de collaborer et partager notre travail tout en évitant le blocage dû aux logiciels propriétaires. »

Crédit photo : Angel Torres (Creative Commons By)




L’appel GNU/Linux d’un fanboy Microsoft dégoûté par la licence Office 2013

Comme le soulignait PCInpact récemment Microsoft interdit le transfert de la licence Office 2013 vers un autre PC.

L’arrivée de la nouvelle version de la célèbre suite bureautique s’accompagne en effet d’un contrat de licence encore plus restrictif qu’auparavant, ce qui revient bien moins à acheter un logiciel qu’à le louer sur un seul et unique ordinateur en priant pour que ce dernier n’expire pas tout de suite (malgré son obsolescence programmée, ce qui est un autre sujet).

Du coup, certains utilisateurs, même parmi les plus fidèles, réalisent (enfin) qu’on les prend vraiment pour des vaches à lait et lorgnent (enfin) du côté de GNU/Linux et LibreOffice.

Pcs007 - CC by-sa

Microsoft perd un fanboy de plus

Microsoft loses yet another fanboy

Jack Wallen – 19 février 2013 – TechRepublic.com
(Traduction : jay91, lukkas35, Goodbox, aKa, nepski, VIGNERON, RavageJo, goguette, Texmix, Kyriog, Penguin, QC, chdorb, Norore, maxlath + anonymes)

Un autre mord la poussière pendant que Microsoft (et son utilisation déplaisante des licences) fait fuir un fan de longue date. Jack Wallen jette un œil à ce qui attend Microsoft.

Non, ce n’est pas quelqu’un de connu. Ce n’est même pas quelqu’un qui soit déjà apparu dans les médias, dans un mème, ou qui aurait participé à un hashtag ou une flashmob. Microsoft a perdu un des fanboys avec lesquels je travaille. Cette personne est un de ces types qui comprennent les choses à plusieurs niveaux. Non seulement il est incroyablement intelligent, mais c’est aussi un brillant électronicien.

Mais lorsque Microsoft a commencé à annoncer leurs termes de licence pour Office 2013 — il a commencé à me poser des questions. Elles commençaient toutes par « Au fait Jack, parle moi de Linux ». Et c’est ce que j’ai fait. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’il installe Ubuntu 12.10 à la place de Windows 7 et qu’il soit heureux de travailler, sans Microsoft, et ce sans perdre le rythme.

Vous devez vous demander en quoi exactement les nouveaux termes du contrat de licence d’Office 2013 peuvent faire changer d’avis un fan Microsoft de longue date ? Laissez-moi vous lister les points les plus importants :

  • Chaque licence est liée à un compte Microsoft Live (qu’il vous faut posséder) ;
  • Seules cinq licences peuvent être liées à un même compte (nous avons des clients qui en passent par une dizaine de versions d’Office par semaine — ça pourrait causer quelques problèmes) ;
  • Chaque licence sera définitivement assignée à une seule machine.

Ces points sont seulement les plus néfastes, des points qui vont faire mal aux utilisateurs à différents niveaux. Ces conditions de licence partent du principe que les machines ne tombent jamais en panne – et que si elles le font, les utilisateurs ne verront pas d’inconvénient à sortir à nouveau la liasse de billets pour racheter la licence.

Faux et archi faux.

Les ordinateurs tombent en panne, certains sont parfois d’emblée défectueux avec des défauts qui ne seront parfois visibles qu’après plusieurs jours (ou semaines) d’utilisation. Que vont faire ces utilisateurs là ? Acheter Office 2013 deux fois en l’espace de quelques semaines ?

À cela, Microsoft va répondre, « Vous pouvez souscrire à Office 365 ». À ça, je répondrai d’utiliser gratuitement Google Docs pour n’avoir plus aucun problème.

Au cours de l’année dernière, Microsoft en a fait plus pour pousser les gens vers des solutions alternatives qu’il ne l’avait fait pendant très longtemps. D’abord, il a mis sur le marché l’une des interfaces graphiques les moins intuitives qui soit. Aujourd’hui, c’est la licence de Microsoft Office qui change. En bref, Microsoft est en train de perdre des fans et des utilisateurs. Vers quoi se tournent-t-il ? Linux. De plus en plus de gens se rendent finalement compte qu’il y a une alternative et que cette alternative est en fait MEILLEURE !

« Toutes ces années gâchées. » disais-je, secouant ma tête, tentant de cacher ma joie.

Les entreprises et les consommateurs ont beaucoup dépensé dans les produits Microsoft. Comment sont-ils remerciés de leur fidélité ? Une baffe en plein visage, et un trou dans le porte-monnaie ! Cette pagaille ne va pas bien se finir pour Microsoft. En revanche, cela va dans le bon sens pour les systèmes d’exploitation et logiciels comme Ubuntu et LibreOffice.

Beaucoup d’entre nous ont dit qu’il serait inévitable d’en arriver là. À un moment, on a vu venir le côté binaire — Microsoft allait brûler le seul pont qu’il ne pouvait se permettre de brûler — celui qui se trouvait entre Redmond et ses légions de fanboys. Cela ne se fera sans doute pas en une nuit, mais les aficionados d’une des plus grosses entreprises à avoir jamais honoré les bits et les octets vont lui tourner le dos et chercher de plus (ou)vertes pâtures. Quand cela va se produire, Linux aura enfin ce qui lui est dû. L’effet cascade forcera Microsoft à re-calibrer ses pratiques commerciales dans l’urgence.

Bien sûr, on a déjà entendu cet air-là avant. Microsoft va probablement tenter de mener le combat devant les tribunaux, mais pas là où il devrait : dans les cœurs et les esprits de ses consommateurs.

Crédit photo : Pcs007 (Creative Commons By-Sa)




10 propositions pour débuter dans le Libre (sans avoir rien à coder)

Il fut un temps ou débuter dans « le Libre » se résumait avant tout à coder ou plus modestement installer une distribution GNU/Linux. Aujourd’hui les choses ont bien changé et il existe de multiples autres façons d’y entrer. Framasoft est d’ailleurs là pour en témoigner 😉

Une invitation à venir nous rejoindre en somme…

Remarque : Il s’agit d’une traduction et donc les liens renvoient vers des ressources anglophones. Si vous avez des liens plus locaux à proposer, surtout ne pas hésiter.

Open Here - The Open Source Way - CC by-sa

10 façons de commencer dans l‘open source

10 ways to get started with open source

Jason Hibbets – 29 janvier 2013 – OpenSource.com
(Traduction : goofy, Tibo_R, XeO2, Steph, Alpha, Sylvie, jtanguy, aKa, Liaz, Norore + anonymes)

Par expérience, je sais qu’un grand nombre de personnes veulent découvrir et participer à l‘open source, mais ne savent pas par où commencer ; et l’idée que l’on est obligé d’écrire du code pour contribuer à un projet open source constitue une véritable barrière. J’ai donc esquissé 10 façons de commencer avec l‘open source et ce sans jamais écrire une seule ligne de code.

Je suis ouvert à toutes idées et ajouts ; il y a sans doute beaucoup plus que 10 façons de contribuer.

10 façons de commencer à utiliser l‘open source

1. Utiliser de l‘open source dans votre travail quotidien. Téléchargez et installez un navigateur web, un client de messagerie, ou une suite bureautique libres — peu importe le système que vous utilisez. C’est l’une des façons les plus simples de commencer à utiliser des logiciels libres. Je conseillerai Firefox pour la navigation internet et Thunderbird pour les emails. Utilisez LibreOffice pour votre traitement de texte, vos tableurs et vos diaporamas, vous aurez un équivalent de Microsoft Office gratuit ! J’appelle ces logiciels des applications porte d’entrée, parce qu’une fois que vous commencez à les utiliser, vous allez découvrir d’autres outils open source (et vous n’aurez pas envie de revenir en arrière !)

2. Rejoindre un projet open source. Je sais que rejoindre un projet open source peut faire peur, mais les contributeurs de tous niveaux sont les bienvenus. Les communautés open source utilisent des chefs de projets, des graphistes, des communicants, des commerciaux et beaucoup d’autres compétences dans leurs travaux. Si vous souhaitez présenter l’open source aux étudiants, voilà une très bonne façon de commencer. On ne sait jamais, s’impliquer et participer activement à un projet open source peut améliorer un CV et mener à un emploi.

3. Lire un livre à propos de l‘open source. Voici un choix de quelques titres auxquels vous pouvez jeter un coup d’oeil : Open Advice (NdT : que nous sommes en train de traduire), Coding Freedom, The Power of Open, ou l’un de nos livres numériques. (NdT : En français il y a évidemment tous les titres de la collection Framabook)

4. Apprendre à créer et nourrir des communautés de contributeurs. Parcourez le livre en ligne The Open Source Way, et partagez vos nouvelles connaissances en créant une communauté ou en en rejoignant une existante.

5. Commencer à utiliser les licences Creative Commons. Avant de créer votre nouvelle œuvre d’art, photographie, écrit ou musique, utilisez un copyleft au lieu d’un copyright. En utilisant des licences Creative Commons, vous pouvez partager votre travail avec le monde entier. Vous devrez d’abord choisir celle qui vous correspond, vous pourrez ensuite trouver intéressant de découvrir comment les Creative Commons sont utilisées dans des environnements aussi variés que les gouvernements, les entreprises ou le journalisme. (NdT : Voir aussi L’éducation utilise une licence Creative Commons défectueuse, par R. Stallman sur le Framablog)

6. Commencer l’exploration. Regardez le projet OpenROV et explorez l’océan ou un lac local. Si vous ne voulez pas être mouillé, enfilez une combinaison spatiale et regardez ce que ça fait d’explorer Mars.

7. Bricoler par soi-même et créer quelque chose. Les petites cartes Linux, comme la Raspberry Pi, font des choses incroyables. Découvrez les autres cartes électroniques de création comme les « Makey Makey » (cf cette vidéo) ou une variété de produits électroniques de « SparkFUN ». Si vous êtes dans l’impression 3D, assurez-vous de savoir comment vous pourriez utiliser Inkscape.

8. Devenir créatif. Remplacez Photoshop par GNU Image Manipulation Program (GIMP), InDesign par Scribus, ou utilisez d’autres outils comme MyPaint, Inskape, Audacity et Blender. Si cela vous intéresse, regardez notre présentation en 7 minutes des outils créatifs open source. Puis découvrez l’étendue des outils de design en 2012. Assurez-vous d’avoir pris connaissance de nos autres outils tels que Dream Studio, TuxPaint et KDEnlive pour vos besoins créatifs.

9. Apprendre la programmation. Remarquez que je n’ai pas dit « Apprendre à coder ». Différents outils sont pré-installés sur certains Raspberry Pi et sont utilisés pour apprendre aux enfants à programmer. J’aurais aimé avoir ce genre de choses quand j’ai appris la programmation au lycée.

10. Suivre un cours en ligne. Le mouvement OpenCourseWare, mené par MITOCW, est en train de changer notre mode d’apprentissage. Commencez par regarder ce Webcast sur le MIT OpenCourseWare. Il y a tellement d’événements open source dans le champ éducatif: « Moodle » et « School management software for teachers and students » sont deux de ces nombreuses ressources fantastiques. (NdT : Exemple en France la présentation du MOOC ITyPA)

Le fait est qu’il y a énormément de manières de commencer dans l‘open source. Vous souvenez-vous de la façon dont vous avez débuté ? Partagez l’histoire de votre première expérience avec l‘open source ou comment vous l’avez présentée à quelqu’un d’autre.




La marque (du langage) Python est en péril en Europe et a besoin de votre aide !

Le célèbre (et libre) langage de programmation Python est en danger en Europe pour une sombre histoire de droit des marques.

Nous avons traduit ci-dessous l’appel à soutien de Van Lindberg, président de la Python Software Foundation.

Python Logo

La marque Python en péril en Europe : Nous avons besoin de votre aide !

Python trademark at risk in Europe: We need your help!

Van Lindberg – 14 février 2013 – Python Software Foundation
(Traduction : Moosh, lgodard, Alpha, QuébecTroll, jtanguy, Penguin, Uflex, ProgVal, goofy, maz, Nodel, Norore + anonymes)

Vous qui travaillez dans une entreprise qui a un bureau dans un pays membre de l’Union Européenne, nous avons besoin de votre aide.

Une entreprise au Royaume-Uni essaye de faire reconnaître le terme « Python » comme marque commerciale pour tout logiciel, service ou serveur, à peu près tout ce qui a quelque chose à voir avec un ordinateur. Plus précisément, c’est l’entreprise qui a acquis le domaine python.co.uk il y a treize ans. À cette époque, nous nous souciions peu des problèmes de marque et nous n’avions pas acquis ce domaine.

Ce n’était pas un problème jusqu’à présent car le domaine python.co.uk, la plupart du temps, se contentait de transférer son trafic vers les sociétés-mères, veber.co.uk et pobox.co.uk. Malheureusement, Veber a décidé qu’ils voulaient commencer à utiliser le nom « Python » pour leurs logiciels serveurs.

Nous avons contacté les propriétaires de python.co.uk à plusieurs reprises et essayé d’en discuter avec eux. Leur seule réponse a été de déposer une demande de marque communautaire réclamant les droits exclusifs d’utiliser le terme « Python » pour des logiciels, serveurs, et services web – et ce partout en Europe.

Nous avons fait appel à un conseiller juridique au Royaume Uni et nous, la Python Software Foundation (NdT :. la Fondation Python), opposons à cette demande une demande de dépôt de marque communautaire, mais notre propre demande n’est pas suffisamment mûre. Dans cette dernière, nous exposons les droits de propriété de la marque résultants de l’utilisation de “Python” au cours de ces 20 dernières années.

D’après notre avocat londonien, les meilleures preuves que nous puissions transmettre au bureau européen des marques déposées sont les lettres d’entreprises connues « utilisant le logiciel de marque PYTHON dans divers pays de l’Union Européenne » de telle sorte que nous puissions « obtenir des témoignages indépendants de leur part, prouvant l’origine de la signification de la marque PYTHON, en relation avec le logiciel et les produits/services associés ». Nous avons aussi besoin de preuves d’utilisation de Python à travers toute l’Union Européenne.

Que pouvez-vous faire ?

1- Vous travaillez pour une entreprise qui utilise Python ? Vous êtes basés en Europe, vous y embauchez ou vous y possédez un bureau ? Pourriez-vous écrire une lettre avec l’en-tête de votre entreprise que nous pourrions réutiliser par la suite ?

Nous aurions besoin des élements suivants :

  1. Une brève description de l’utilisation de Python dans votre entreprise :
  2. Comment votre entreprise associe le terme Python uniquement à la PSF ;
  3. Votre opinion sur le fait qu’une autre entreprise utilisant le terme Python dans ses services, logiciels et serveurs pourrait âtre source de confusion.

La lettre n’a pas besoin d’être très longue —- quelques paragraphes suffisent, mais nous apprécierions toute forme de description de votre utilisation de Python dans vos logiciels, votre hébergement internet, vos serveurs, vos VPN, dans le développement de logiciel ou de matériel ou encore dans l’utilisation de services de sauvegarde. Pour ceux qui sont intéressés par les classes descriptives légales, elles figurent au bas de ce message[1][2].

Vous pouvez envoyer une copie PDF de votre lettre à psf-trademarks@python.org

2. Connaissez-vous ou possédez-vous quoi que ce soit qui ait été publié au sein de l’UE et qui utilise “Python” pour faire référence au langage Python? Pouvez-vous nous transmettre des numérisations, photos ou copies? Cela comprend :

  • Des livres ;
  • Des brochures ;
  • Des programmes de conférences ou présentations ;
  • Des offres d’emploi ;
  • Des magazines ou autres publications ;
  • Des prospectus.

Vous pouvez envoyer un scan PDF de ces documents à psf-trademarks@python.org.

3. Vous pouvez également aider à protéger la propriété intellectuelle de Python en nous soutenant financièrement.

Comme le coût d’opposition d’une marque commerciale est de l’ordre de dizaines de milliers de dollars, nous aurons besoin de trouver un moyen de financer les coûts de procédure de l’opposition.

Merci d’envisager une donation à la Python Software Foundation ou de me contacter.

C’est la première fois que la PSF doit prendre des mesures juridiques pour protéger la propriété intellectuelle de Python. S’il vous plait, aidez Python comme vous le pouvez. La menace est réelle et elle est susceptible de nuire à votre entreprise en Europe, surtout si vous êtes dans le domaine de l’hébergement et que Python fait partie de l’offre que vous proposez.

S’il vous plaît, faites-moi savoir si vous avez des questions auxquelles je peux répondre. Si vous connaissez quelqu’un qui devrait avoir l’information, libre à vous de la partager.

Thanks, Merci,

Van Lindberg, Président
van@python.org
Python Software Foundation

Notes

[1] Classe 9 – Logiciels ; Serveurs pour l’hébergement de sites web ; Matériel informatique pour RPV (réseau privé virtuel) ; Serveurs Internet (NdT : Classifications légales traduites à l’aide de l’outil EuroClass).

[2] Classe 42 – Conception et développement d’ordinateurs et de logiciels ; Hébergement de sites sur Internet ; Hébergement de sites web de tiers ; Hébergement de sites web ; Hébergement de sites web de tiers sur un serveur d’ordinateurs pour un réseau informatique mondial ; Hébergement de contenu numérique, à savoir de revues et de blogues en ligne ; Fournisseur de services d’application, à savoir hébergement de logiciels d’application de tiers ; Hébergement de contenu numérique sur l’internet ; Hébergement de sites web pour le compte de tiers ; Hébergement de sites informatiques de tiers (sites web) ; Hébergement de sites informatiques sites web ; Location de serveurs web.




Connivences entre lobbys américains et députés européens sur le dos des citoyens

Les lobbys ont toujours tenté d’influencer les politiques. Mais lorsqu’il s’agit de lobbyistes américains qui arrivent à faire passer mot pour mot certains textes de loi en Europe avec la complicité de nos députés, il y a d’autant plus de quoi s’interroger que cela va dans le sens des entreprises US et non du citoyen européen.

Un article traduit du chroniqueur anglais Glyn Moody, souvent traduit sur le Framablog)

Heureusement que nous avons désormais des sites qui permettent de mieux connaître le comportement individuel des députés et leurs éventuelles « sources d’inspiration ». Heureusement aussi que nous avons des structures comme la Quadrature du Net qui tente tant bien que mal d’agir et veiller au grain. Mais la vigilance reste de mise.

European People's Party - CC by

Protection des données dans l’Union Européenne : Les amendements proposés, écrits par des lobbyistes américains

EU Data Protection: Proposed Amendments Written by US Lobbyists

Glyn Moody – 11 février 2013 – ComputerWorld.uk
(Traduction : Fly, Alpha + anonymes)

Il devient évident que le lobby autour des directives européennes sur la protection des données est l’un des plus intenses lobbys jamais rencontrés, certains activistes ont déclaré que le phénomène était même pire que durant le projet de loi ACTA, alors que du côté des États-Unis, le bruit court qu’une guerre commerciale est sur le point d’être lancée si la loi est voté sous sa forme actuelle.

Etant donné la pression exercée pour affaiblir la protection de notre vie privée, une question-clé est : qui défend nos intérêts ?. La réponse évidente serait les députés européens, puisqu’il s’agit de nos représentants élus au Parlement Européen. Leur travail consiste précisément à nous représenter et dans ces circonstances particulières et à nous défendre. Et certains, tel le député européen Vert, Jan Albrecht, font probablement de leur mieux, comme j’ai pu l’écrire dans un billet précédent. Mais qu’en est-il du reste ? Que font-ils exactement ?

Dans le passé il était impossible de répondre à cette question, mais grâce aux miracles de la technologie moderne, et à l’avènement de l’ouverture des données qui permettent l’accès à toutes sortes d’informations. Il est désormais possible d’obtenir une vision claire de ce que font nos représentants européens.

Un nouveau site a été créé, il porte le nom plutôt lourd de LobbyPlag (NdT : Association des mots lobby et plagiat). Aussi disgracieux, que son nom puisse être, ce site ne décrit pas moins une vérité choquante : les députés européens proposent des amendements sur le projet de loi sur la protection des données qui reprennent mot pour mot les propositions des lobbyistes. En tout état de cause, ce qui est inquiétant ici n’est pas le plagiat, mais plutôt le fait que les mesures destinées à protéger les populations européennes soient supprimées ou altérées par les mêmes personnes que nous avons élues pour nous défendre.

Voici par exemple, un paragraphe important sur le fichage. On peut lire, sur la version originale :

Chaque personne physique (NdT : every natural person) doit avoir le droit de ne pas être soumis à une mesure entraînant des effets juridiques relatifs à cette personne physique particulière ou l’atteignant de manière significative, dès lors qu’elle se base uniquement sur un traitement automatisé ayant pour but l’analyse ou la prédiction de certains aspects personnels en lien avec cette personne physique, en particulier, l’efficacité au travail, la situation financière, la localisation, la santé, les préférences personnelles, la fiabilité, ou le comportement de cette personne physique.

Mais la Chambre de Commerce américaine, cette célèbre organisation européenne, n’aimait pas cette version et a souhaité la changer en :

Une personne concernée par la collecte des données (NdT : a data subject) ne doit pas faire l’objet d’une décision injuste ou discriminatoire uniquement basée sur le traitement automatisé ayant pour but l’évaluation de certains aspects personnels liés à cette personne.

Ce qui est sensiblement différent car on supprime ici un droit important.

Or quel texte a été proposé par des députés européens dans pas moins de trois commissions ? Le voici :

Une personne concernée par la collecte des données ne doit pas faire l’objet d’une décision injuste ou discriminatoire uniquement basée sur le traitement automatisé ayant pour but l’évaluation de certains aspects personnels liés à cette personne.

Ce qui correspond donc mot pour mot à la demande de la Chambre de Commerce américaine.

Voici un exemple explicite, issu d’une section extrêmement récente, rédigée par des députés européens, on peut y lire ce qui suit :

La personne responsable est supposée avoir accompli les obligations en exergue dans le paragraphe 1,lorsqu’il s’agit de choisir un organisme certifié de manière autonome ou ayant obtenu une certification, un sceau ou marqué comme étant conforme aux articles 38 ou 39 de ce Réglement, démontrant l’implémentation de normes techniques et de mesures organisationnelles appropriées en réponse aux exigences mises en exergue dans ce Règlement.

Ce qui rend la certification autonome quasiment suffisante pour les services de cloud computing. Alors, d’où vient ce texte sinon d’une modification précise suggérée par Amazon ?

La personne responsable est supposée avoir accompli les obligations en exergue dans le paragraphe 1,lorsqu’il s’agît de choisir un organisme certifié de manière autonome ou ayant obtenu une certification, un sceau ou marqué, démontrant l’implémentation de normes techniques et de mesures organisationnelles appropriées en réponse aux exigences mises en exergue dans ce Règlement.

Ce qui donc, par une autre extraordinaire coïncidence, est quasiment identique à ce que des députés européens ont choisi comme une très bonne idée.

LobbyPlag fournit une analyse intéressante sur le pourcentage d’amendements proposés avec du contenu repris des lobbyistes. Ci-dessous les chiffres pour les députés anglais calculés par le site :

  • Giles Chichester (giles.chichester@europarl.europa.eu): amendements repris des lobbys : 10 sur 44 (22.73%)
  • Malcolm Harbour (malcolm.harbour@europarl.europa.eu): amendements repris des lobbys : 14 sur 55 (25.45%)
  • Sajjid Karim (sajjad.karim@europarl.europa.eu): amendements repris des lobbys : 13 sur 55 (23.64%)
  • Emma McClarkin (emma.mcclarkin@europarl.europa.eu): amendements repris des lobbys : 1 sur 8 (12.50%)

Malheureusement, à l’heure actuelle, aucun de ces députés européens ne me représente donc je ne pourrais pas les contacter. Mais si l’un de vos députés apparaît, ils ont le devoir de vous répondre donc peut-être que vous devriez leur envoyer un courriel et leur demander pourquoi ils ont proposé ces amendements qui sont repris mot-à-mot ou presque d’entreprises américaines et de lobbyistes et que cela nuira à la population européenne tout en bénéficient à ces mêmes entreprises américaines.

Vous pourriez leur demander qui ils pensent représenter réellement : vous et 500 millions citoyens européens dont les impôts paient leurs salaire, qui s’élève actuellement à 80.000 £ par an (NdT : 93 000 € environ) ou alors, une poignée d’entreprises américaines ayant pour but de nous spolier notre vie privée pour pouvoir devenir encore plus riche ?

Si jamais vous recevez un réponse intéressante, merci de me l’envoyer à glyn.moody(AT)gmail.com que je puisse la partager avec mes lecteurs. Je suis certain que les explications seront passionnantes.

Crédit photo : European People’s Party (Creative Commons By)