Microsoft est mort (et le logiciel libre ne se sent pas très bien ?)

March of the Baby Turtles - Clearly Ambiguous - CC-BY

Encore une traduction (merci Olivier). Celle d’un récent article de Paul Graham au titre choc : Microsoft is dead.

Il nous a semblé intéressant d’abord parce que Paul Graham n’est pas n’importe qui dans le monde de l’informatique. Mais ensuite parce que son point de vue d’américain plongé dans les startups à la sauce web 2.0 tranche singulièrement avec celui d’un européen plongé dans le logiciel libre, comme… moi par exemple ! (sauf à s’appeler Loïc Le Meur ou Tariq Krim mais là n’est pas la question).

Graham propose quatre grandes causes à la mort du géant : Google, Ajax et le Javascript, le haut-débit et Apple. Et d’expliquer en gros que comme les applications de bureau vont toutes finir par migrer sur le web alors on n’aura plus trop besoin de se soucier de son ordinateur du moment qu’il nous fait accéder avec confort à internet. L’exemple emblématique et annonciateur serait alors de consulter ses messages sur Gmail depuis son joli laptop Apple en wi-fi grande vitesse (ce que de nombreux geeks font déjà, j’en ai vu, j’ai les noms !).

Ce qui est notable ici c’est que non seulement le logiciel libre n’est pas cité (ou alors vraiment à la marge), alors que nous sommes (étions ?) nombreux à penser depuis longtemps qu’il est l’un des premiers pour ne pas dire le premier facteur de la chute annoncée du colosse, mais qu’en plus les arguments avancés par Graham font que cela peut également changer la donne pour le logiciel libre lui-même.

En effet force est de constater qu’il est très peu présent dans ce monde encore balbutiant mais en pleine effervescence des applications de bureau taggés web 2.0 accessibles depuis internet. Mais alors, en admettant que la thèse de Graham soit valide, le logiciel libre serait-il lui aussi menacé par cette évolution ? Parce que si il est vrai que l’on arrive à faire des OpenOffice.org en lieu et place de MS Office (et des… GNU/Linux en lieu et place de Windows !), créer un "Gmail libre" me semble hors de portée de la communauté. Poussons le raisonnement jusqu’au bout pour toucher les rives de la science-fiction, entouré de technologies web 2.0 propriétaires finira-t-il par ne rester qu’un Firefox comme logiciel libre phare de nos usages ?

Nous n’en sommes pas encore là. Et à affirmer effectivement que Microsoft soit déjà mort, le macstartupien Paul Graham n’est peut-être pas l’inspecteur idéal pour en désigner seul les coupables[1].

Microsoft is dead - Screenshot

Microsoft is dead

Paul Graham – Avril 2007

Il y a quelques jours j’ai soudainement pris conscience que Microsoft était mort. Je parlais avec un jeune créateur d’une startup de la différence entre Google et Yahoo. Je disais que Yahoo a été empêtré dès sa naissance dans sa peur de Microsoft. C’est la raison pour laquelle ils se sont définis comme une compagnie de média et non une compagnie de technologie. Alors j’ai regardé son expression et j’ai vu qu’il n’avait pas compris. C’est comme si je lui avais dit à quel point les filles aimaient Barry Manilow[2] au milieu des années 80. Barry qui ?

Microsoft ? Il n’a rien dit, mais je pouvais lire que ça lui paraissait invraisemblable que quelqu’un soit encore effrayé par eux.

Microsoft projette son ombre sur le monde du logiciel depuis près de 20 ans, depuis la fin des années 80. Je me souviens qu’avant eux c’était IBM. En pratique j’ai ignoré cette ombre. Je n’ai jamais utilisé de logiciels Microsoft, donc cela ne me touchait qu’indirectement, par exemple dans les spams que je recevais. Et parce que je n’y faisais pas attention je n’ai pas remarqué que cette ombre avait disparue.

Mais elle est partie maintenant, je peux le sentir. Plus personne n’a peur de Microsoft désormais. Ils font toujours beaucoup d’argent, tout comme IBM d’ailleurs. Mais ils ne sont pas dangereux.

Quand est ce que Microsoft est mort et de quoi ? Je sais qu’ils semblaient dangereux jusqu’en 2001 parce que j’avais écrit un article alors sur le fait qu’ils étaient moins dangereux qu’il n’y semblait. Je dirais qu’ils sont mort en 2005. Je sais que lorsque nous avons lancé Y Combinator[3] nous ne nous sommes pas inquiétés de la concurrence de Microsoft quand nous avons fondé les startups. En fait, nous ne les avons même pas invités aux journées de présentation que nous avons organisées pour présenter les startups aux investisseurs. Nous avons invité Yahoo et Google et d’autres entreprises d’internet, mais nous n’avons jamais pris la peine d’inviter Microsoft, pas plus qu’ils n’ont pris la peine de nous envoyer un email. Ils font partie d’un monde différent.

Qu’est ce qui les a tués ? Quatre choses je pense, qui se sont produites en même temps au milieu des années 2000.

La raison la plus évidente est Google. Il ne peut y avoir qu’un seul géant et c’est clairement eux. Google est de loin l’entreprise la plus dangereuse, à la fois dans le bon et le mauvais sens du terme. Microsoft peut au mieux boiter pour essayer de les suivre.

Quand est-ce que Google a pris la tête? Certains diront que c’était en août 2004 lors de leur IPO[4] mais ils ne menaient pas encore la danse à cette époque. Je dirais qu’ils ont pris les commandes en 2005. Gmail leur a donné un avantage décisif. Gmail montrait qu’ils pouvaient faire plus que de la recherche.

Gmail montrait aussi l’étendue des possibilités de ce que vous pouviez réaliser avec un logiciel web si vous tiriez partie de ce qui sera plus tard appelé "Ajax". Et c’est là la deuxième cause de la mort de Microsoft : tout un chacun peut voir que l’informatique de bureau touche à sa fin. Il semble maintenant inévitable que les applications trouveront leur place sur le web, pas les emails uniquement, mais tout, jusqu’à Photoshop. Même Microsoft s’en rend compte maintenant.

Ironiquement, Microsoft sans le vouloir a aidé à la création d’Ajax. Le x de Ajax vient d’objet XMLHttpRequest, qui permet au navigateur de communiquer avec le serveur en fond de tâche tout en affichant une page. (Au départ la seule manière de communiquer avec le serveur était de lui demander une nouvelle page.) Le XMLHttpRequest a été créé par Microsoft à la fin des années 90 parce qu’ils en avaient besoin pour Outlook. Ce qu’ils n’ont pas réalisé alors est que ça s’avérerait utile à beaucoup de gens, en fait tous ceux qui voudraient faire tourner des applications web comme des applications de bureau.

L’autre élément crucial de Ajax est le Javascript, le langage de programmation qui tourne dans le navigateur. Microsoft a vu le danger que représentait le Javascript et a essayé de le maintenir caduque aussi longtemps qu’ils le pouvaient[5]. Mais finalement le monde de l’open source l’a emporté en créant des librairies Javascript qui ont poussé sur les défauts d’Explorer comme un arbre sur du fil barbelé.

La troisième cause de la mort de Microsoft a été l’accès à Internet à haut-débit. N’importe qui le désirant peut avoir une connexion rapide à Internet et plus le tuyau est large moins vous avez besoin du bureau.

Le dernier clou refermant le cercueil a été planté, parmis toutes les raisons, par Apple. Grâce à OSX Apple est revenu d’entre les morts, fait très rare dans le monde de la technologie[6]. Leur victoire est si complète que je suis aujourd’hui surpris quand je tombe sur un PC fonctionnant sous Windows. Presque toutes les personnes que nous finançons chez Y Combinator utilise des portables Apple. Le phénomène était le même dans le public d’une école de startup. Tous les ordinateurs des gens tournent sous Mac ou Linux maintenant. Windows est pour les grand-mères, comme c’était le cas pour les Mac dans les années 90. Non seulement le bureau ne compte plus mais en plus les gens se fichent des ordinateurs avec des logiciels Microsoft.

Je suis heureux que Microsoft soit mort. Ils étaient comme Neron ou Commode[7], diaboliques comme seul l’héritage du pouvoir peut vous le faire devenir. Parce que souvenez vous, le monopole de Microsoft n’a pas commencé avec Microsoft. Ils en ont hérité d’IBM. Le marché du logiciel a été contrôlé par un monopole du milieu des années 50 jusqu’à 2005. Ce qui représente pratiquement toute son existence. L’une des raisons de l’euphorie qui entour le "Web 2.0" est le sentiment, conscient ou pas, que cette ère de monopole pourrait toucher à sa fin.

Evidemment, en tant que hacker, je ne peux m’empêcher de penser à des solutions pour réparer les choses cassées. Y’aurait-il un moyen pour que Microsoft fasse un come-back ? En principe, oui. Pour comprendre comment, pensez à deux choses : (a) La somme d’argent dont Microsoft dispose et (b) Larry et Sergey[8] faisant le tour des moteurs de recherche pour vendre leur idée pour Google pour un million de dollars et se faisant rejeter par tout le monde.

La chose la plus surprenante est que les hackers ingénieux, dangereusement ingénieux, peuvent être achetés pour pas grand chose à l’échelle des entreprises riches comme Microsoft. S’il voulait redevenir un compétiteur, voilà ce qu’il devrait faire :

  1. Racheter toutes les bonnes startups du "Web 2.0". Ils pourraient presque les acheter toutes pour moins qu’ils n’ont dépensé pour Facebook[9].
  2. Les rassembler dans un immeuble dans la Silicon Valley protégé par une enceinte de plomb pour les prémunir de tout contact avec Redmond.

Je me sens à l’aise en proposant cela, parce qu’ils ne le feront jamais. Le plus grand point faible de Microsoft est qu’ils ne réalisent toujours pas à quel point ils craignent. Ils pensent toujours qu’ils peuvent écrire des logiciels en interne. Et ils le peuvent encore, selon les lois du monde de l’informatique de bureau. Mais ce monde a pris fin il y a quelques années.

Je connais déjà les réactions que recevra cet article. La moitié des lecteurs diront que Microsoft est toujours une entreprise qui dégage des bénéfices énormes et que je devrais faire plus attention quand je tire mes conclusions en me basant sur ce que quelques personnes pensent dans notre petite bulle isolée du "Web 2.0". L’autre moitié, les plus jeunes, se plaindront que cette nouvelle date.

Notes

[1] L’illustration est une photographie de Clearly Ambiguous intitulée March of the Baby Turtles issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY.

[2] NdT : Barry Manilow est un compositeur, acteur, producteur et scénariste américain né le 17 juin 1943.

[3] NdT : Y Combinator est une société créée par Paul Graham permettant de fournir un premier financement aux startups.

[4] NdT : IPO pour Initial Public Offering.

[5] Vous n’avez pas besoin de faire un gros effort pour rendre un logiciel incompatible. Tout ce que vous avez à faire est de ne pas fournir trop d’efforts pour corriger les bugs, que vous produisez en quantité généreuse si vous êtes une grande entreprise. La situation est semblable à l’écriture de fausses théories littéraires. La plupart ne tentent pas de les rendre obscures, ils ne font simplement pas l’effort d’être clair. Ça ne serait pas payant.

[6] En partie parce que Steve Jobs s’est fait sortir par John Sculley d’une manière rarement vue au sein du monde de la technologie. Si les dirigeants d’Apple n’avaient pas commis cette bourde ils n’auraient pas eu à rebondir.

[7] NdT : Commode, autre empereur romain considéré comme cruel et arbitraire.

[8] NdT : Larry Page et Sergey Brin sont les fondateurs de Google.

[9] NdT : Facebook est un site web de networking destiné à rassembler les lycéens et les étudiants.




10 choses à savoir sur Wikipédia

Quartermane - CC byVoici la traduction d’un article anglais intitulé 10 things you did not know about Wikipedia qui nous a semblé intéressant en ce qu’il permet d’après nous de rapidement comprendre et appréhender l’encyclopédie (et de dissiper tout de suite quelques éventuels malentendus).

C’est aussi une manière pour nous (et nos traducteurs de chez Framalang) de rendre hommage au projet en apportant notre toute petite pierre à l’édifice.

Précisons qu’il ne s’agit pas d’un « texte officiel » de Wikipédia mais d’une simple initiative d’un des ses auteurs anglophones[1].

Au fait, si vous d’aventure vous jugiez la traduction perfectible[2] rendez-vous sur… Wikipédia où nous avons bien entendu reproduit l’article[3].

10 choses à savoir sur Wikipédia

Ceci est un essai. Il ne s’agit ni d’une ligne officielle ni d’une série de directives, mais d’un texte qui reflète seulement certaines opinions de ses auteurs.

10 choses à savoir sur Wikipédia est une liste de considérations sur Wikipédia spécifiquement destinée à ceux qui ont une connaissance préalable limitée de ce projet, par exemple certains journalistes, nos nouveaux contributeurs ou nos nouveaux lecteurs. Ces explications ne surprendront guère les wikipédiens chevronnés mais nous espérons qu’ils aideront tous les autres à se forger une opinion éclairée de notre travail.

1. Nous ne sommes pas à vendre.

Si vous vous attendez à ce que Wikipedia soit rachetée par quelque sympathique géant de l’Internet, rassérénez-vous. Wikipedia est administrée par la Fondation Wikimedia, une association à but non lucratif dont le siège se trouve à St. Petersburg, en Floride. Notre financement repose sur des donations et des subventions et notre mission consiste à apporter des connaissances libres à l’ensemble du globe.

Pour plus d’informations : http://wikimediafoundation.org/wiki/Accueil

2. Nos travaux appartiennent à tous.

Wikipédia a emboîté le pas au système GNU/Linux et au navigateur Mozilla Firefox et s’est affranchie des restrictions imposées par le régime traditionnel de la propriété intellectuelle. Nous avons préféré opter pour ce que l’on appelle une « licence de contenu libre » : tout un chacun est et restera toujours libre de copier, modifier et redistribuer l’ensemble des textes et des images mis en ligne par nos utilisateurs. Notre seule exigence : que vous citiez l’auteur de l’oeuvre concernée et que vous ne soumettiez celle-ci ou l’amélioration que vous y apportez à aucune restriction nouvelle.

Pour plus d’informations : http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Copyright

3. Nous parlons le banyumasi.

…et environ 250 autres langues. Certes, seules une soixantaine de ces versions locales de Wikipedia contiennent actuellement plus de 10.000 articles — mais ce n’est pas faute d’y consacrer nos efforts. La Fondation Wikimedia s’appuie sur un réseau grandissant de branches indépendantes, présentes dans déjà sept pays, qui concourrent à nous faire connaître à l’échelle locale. Dans de nombreux pays, y compris les Etats-Unis, Wikipedia figure parmi les dix sites Internet les plus visités.

Pour plus d’informations :
http://meta.wikimedia.org/wiki/Liste_des_Wikip%C3%A9dias et
http://www.alexa.com/data/details/traffic_details?q=&url=wikipedia.org (en)

4. Vos modifications dans Wikipedia n’ont rien d’irréversible.

Wikipédia est une base de données pourvue d’une mémoire éternelle. A chacune de vos interventions, vous créez en fait une version modifiée de l’article et choisissez tacitement de la mettre à disposition de ses futurs lecteurs. Aucune version existante n’est plus jamais retouchée, ce qui nous permet de revenir en arrière à l’envi et d’annuler les modifications qui ne nous conviennent pas. En tant que lecteur, vous pouvez même citer la version spécifique de l’article que vous êtes en train de consultez. Il vous suffit pour cela de renvoyer à l’article en cliquant sur le lien « adresse de cette version » dans le coin en bas à gauche de l’écran et votre lien dirigera le lecteur vers une page dont le contenu ne sera jamais modifié.

Pour plus d’informations : http://fr.wikipedia.org/wiki/Wiki

5. Nous sommes très attentifs à la qualité de nos travaux.

Wikipedia est régie par une palette complète de règles à respecter et de procédés de contrôle de qualité. Nos éditeurs ont la possibilité de suivre les modifications au fur et à mesure qu’elles sont effectuées, de surveiller des sujets précis sur lesquels ils sont compétents, de suivre l’historique des contributions d’un utilisateur, d’étiqueter des articles problématiques pour que d’autres éditeurs y remédient et de débattre des mérites de chaque article avec d’autres utilisateurs. Les pages qui posent problème sont marquées pour être supprimées, quant aux meilleures, elles sont distinguées par l’estampille « article de qualité ». Les WikiProjects se concentrent sur l’amélioration d’une famille d’informations spécifique. Nous tenons à offrir un travail de qualité et nous sommes sans cesse en train de réfléchir à de nouveaux moyens d’y parvenir.

Pour plus d’informations : http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Accueil

6. Nous ne voulons pas que vous nous accordiez une confiance aveugle.

Pour un projet en mouvement permanent tel que Wikipédia, c’est inévitable : alors que certains articles sont d’une excellente qualité, d’autres, il faut en convenir, ne valent pas un clou. Nous nous efforçons bien sûr de faire en sorte que le pourcentage d’articles excellents soit toujours le plus élevé possible et de trouver des moyens utiles de vous indiquer l’état d’avancement d’un article. Même au meilleur de ce qu’elle peut offrir, Wikipédia reste une encyclopédie et non une source primaire, avec toutes les limites qui en découle. Nous vous prions donc de ne pas condamner Wikipédia, mais de l’utiliser en connaissance de cause.

Pour plus d’informations :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Avertissements_g%C3%A9n%C3%A9raux

7. Nous ne sommes pas seuls.

Wikipédia fait partie d’un mouvement promouvant les Connaissances Libres, qui commence à se répandre au sein des milieux scientifique et scolaire. La Fondation Wikimédia travaille directement sur huit projets frères étroitement liés à l’encyclopédie : Wiktionary (ou Wiktionnaire – dictionnaire et thésaurus), Wikisource (bibliothèque de documents source), Wikimedia Commons (dépôt d’archives multimédia riche de plus d’un million d’images, de vidéos et de fichiers audio), Wikibooks (ou Wikilivres – collection d’ouvrages pédagogiques et de manuels), Wikiversity (espace pédagogique virtuel), Wikinews (portail expérimental de journalisme citoyen), Wikiquote (collecte de citations) et enfin Wikispecies (recensement des toutes les formes de vie). Comme Wikipédia, tous ces projets sont sous licence libre et ouverts aux contributions de tous.

Pour plus d’information : http://wikimediafoundation.org/wiki/Nos_projets

8. Nous ne faisons que collecter des informations.

Les articles de Wikipédia ne sont pas signés et leurs auteurs sont des collaborateurs bénévoles. Que vous vous présentiez comme professeur diplômé, sous votre véritable nom, ou sous couvert d’anonymat, les modifications que vous apportez ou les arguments que vous avancerez seront jugés selon leur pertinence. Nous exigeons que les auteurs citent leurs sources pour toutes les théories exposées et nous n’autorisons pas les éditeurs à publier leurs conclusions personnelles lorsqu’ils rédigent un article. Les Wikipédiens doivent toujours respecter une neutralité de point de vue rigoureuse et ne collecter que des opinions pertinentes provenant de sources fiables.

Pour plus d’informations :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Principes_fondateurs

9. Nous ne sommes pas une dictature.

La Fondation Wikimédia est dirigée par son Conseil d’administration, dont les membres doivent, selon le règlement, être issus de la communauté. Les membres du Conseil d’administration et de la Fondation Wikimedia n’interviennent jamais dans les questions éditoriales, les différents projets de la Fondation sont autonomes et conduits de façon collégiale. Le fondateur de Wikipedia, Jimmy Wales, joue parfois le rôle de médiateur final au sein de la Wikipédia anglophone, mais son influence repose sur le respect et non sur le pouvoir – il n’intervient que dans les cas où la communauté n’y voit pas d’inconvénient. Wikipédia fonctionne de façon transparente et pratique l’auto-critique. Les points qui sont sujets à controverse sont débattus de façon ouverte et même signalés dans les pages de Wikipédia lorsqu’ils atteignent un certain niveau d’intérêt.

Pour plus d’informations : http://en.wikipedia.org/wiki/Criticism_of_Wikipedia (en)

10. Nous sommes partis pour durer.

Nous voulons que Wikipédia existe encore dans des centaines d’années, à moins qu’elle mute en un projet d’une envergure plus grande encore. Tout dans Wikipédia tend vers vers cet objectif : les licences de nos contenus, notre organisation et notre système d’administration, notre ouverture internationale, notre stratégie de collecte de fonds, notre choix d’utiliser des logiciels libres et nos efforts acharnés pour accomplir notre rêve. Nous voulons vous faire entrevoir un monde où chaque être humain pourra partager ses connaissances et profiter de la somme du savoir universel. Tel est notre engagement –– et pour y parvenir, nous avons besoin de vous.

Pour plus d’informations : http://wikimediafoundation.org/wiki/Accueil

Notes

[1] Crédit photo : Quartermane (Creative Commons By)

[2] À commencer par le titre qui nous a un peu posé problème, Notre choix s’est porté sur 10 choses à savoir sur Wikipédia mais nous avions aussi retenu Dix choses que vous ne savez pas sur Wikipédia ou encore Dix choses que vous devriez savoir sur Wikipédia.

[3] L’illustration est un détail d’une image de jem intitulée Wikipedia, London Bomb Blasts update issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY. Il s’agit d’une copie d’écran de l’historique des modifications de l’article dédié aux attentats de Londres de l’été 2005. Elle illustre la réactivité et le dynamisme des lecteurs contributeurs de l’encyclopédie qui, le jour même de l’attentat ajoutaient des éléments d’information toutes les trente secondes environ !




De la difficulté du Linux inside chez Dell et ailleurs par Mark Shuttleworth d’Ubuntu

Mark Shuttleworth - by Stopped. - Flickr

La société Dell a ouvert mi-février un site boîte à idées (le Dell IdeaStorm) où elle invitait les internautes à exprimer leurs desiderata en matière de produits (soit en émettant une idée originale, soit en votant pour une idée déjà éditée). Résultat des courses : un gros buzz mais surtout un véritable plébicite pour Linux et les logiciels libres.

La première proposition qui récolte à ce jour plus de cent mille suffrages (et plus de mille commentaires) concerne la pré-installation de Linux (accompagné ou non de Windows)[1]. Je ne sais si Dell s’attendait à un tel engouement mais toujours est-il qu’il fallait bien faire quelques chose après avoir ouvert la boîte de Pandore. Et c’est ainsi que Dell met en ligne jusqu’au 23 mars prochain un questionnaire afin de mieux étudier une éventuelle intégration de Linux dans ses gammes grand public. On notera que le choix des distributions par défaut sont : Novell/SuSE Linux Desktop, Red Hat Enterprise Desktop, Fedora, OpenSUSE et Ubuntu (mais on peut ajouter la suggestion de son choix).

Du coup le big boss d’Ubuntu Mark Shuttleworth, a pris sa plus belle plume pour nous faire part sur son blog de son avis sur le sujet. On peut lire entre les lignes qu’il aimerait bien qu’Ubuntu fasse partie des heureux élus mais il va surtout beaucoup plus loin en analysant pourquoi selon lui Linux a du mal à occuper nativement les PC neufs. Et de proposer quelques pistes pour y remédier.

Une traduction que nous devons à notre dream team Framalang : Olivier, GaeliX et DonRico.

Pré-installer Linux

Le fait que l’idée la plus soutenue de l’IdeaStorm lancé par Dell soit la pré-installation de Linux (sous la forme de Ubuntu | Fedora | OpenSuSE) a suscité beaucoup d’attention. À vrai dire, la question ne se pose plus de savoir si une pré-installation de Linux est une idée populaire chez les consommateurs. Pourquoi alors est-il si difficile d’acheter un PC aux États-Unis ou en Europe avec Linux (Linux seul idéalement) sur le disque dur ?

Les détails, comme toujours, c’est là que le bât blesse.

Premièrement, les marges sur les PC sont très minces.

Il en découle deux conséquences significatives. La première, et c’est la plus importante, c’est que les fonds alloués par Microsoft pour le marketing croisé représentent une part de poids dans les marges de bon nombre de grands revendeurs de PC. Faire un pied de nez au géant peut certes être amusant, mais c’est risqué. Si Microsoft réduit la contribution marketing par PC allouée à un certain revendeur, celui-ci se retrouve avec un gros handicap financier vis-à-vis de ses concurrents. Par conséquent, l’un des problèmes majeurs auquel est confronté un revendeur ou un constructeur lorsqu’il envisage la pré-installation de Linux, c’est l’impact que ce choix aura sur ses relations avec Microsoft — c’est-à-dire un risque de résultats inférieurs.

Pratiquer de faibles marges implique que toute interaction avec un client ou un appel au support client peut réduire le profit à néant, pas seulement pour cette vente mais pour bien d’autres également. Le pire scénario étant quelqu’un qui achète un ordinateur au prix le plus bas sur le site web d’un marchand en pensant que la machine est livrée avec Windows. Ensuite il téléphone, furieux parce que "ça ne marche pas avec le jeu qu’il essaye d’installer". Un client qui achète Linux par accident sans savoir ce que cela signifie coûte très cher à une entreprise qui fait relativement peu de profit sur le secteur des produits bas de gamme. Pour cette raison, je ne pense pas que cela ait un sens pour Walmart de proposer des PC d’entrée de gamme basés sur Linux, aussi n’avons-nous jamais fait pression sur un revendeur américain ou européen pour qu’il tente la pré-installation d’Ubuntu, à moins que celui-ci puisse, à notre sens, isoler le marché d’acheteurs qui veulent vraiment Linux de ceux qui recherchent juste une super offre sur un "ordinateur (Windows)".

Deuxièmement, nous, partisans des logiciels libres, sommes une foule exigeante et très difficile à satisfaire. Vous savez comment vous êtes, vous vous asseyez et configurez votre Dell dans les moindres détails, vous voulez un modèle particulier de portable HP, vous voulez celui avec le circuit graphique Intel, pas l’autre puce, parce que vous privilégiez l’approche des pilotes libres d’Intel… vous êtes, en résumé, un client expert et exigeant. Ce qui signifie que pour nous atteindre grâce à Linux, un revendeur devrait proposer Linux PARTOUT, pas seulement sur quelques modèles.

Pire encore, nous ne sommes pas des utilisateurs "Linux", nous sommes des utilisateurs de la version 6.06.1 d’Ubuntu, de la version 10.2 de SuSE ou de Fedora 6. Nous voulons une distribution particulière, et dans de nombreux cas une VERSION spécifique de cette distribution. Afin de nous satisfaire, le vendeur devrait offrir une large palette de possibilités, machine et distribution/version.

C’est une proposition coûteuse.

Alors que peut-on faire pour qu’on réponde à nos attentes ?

Tout d’abord, nous pouvons aider les vendeurs à avoir un aperçu plus détaillé de la nature réelle de la demande. Par exemple, voilà un sondage réalisé par Dell qui, je suis sûr, aidera à orienter leurs décisions pour vous aider à trouver une offre Linux chez eux:

http://www.dell.com/linuxsurvey/

L’idéal, bien sûr, serait que ce genre de sondage ne soit pas limité à un vendeur afin que nous puissions donner notre avis une fois et le voir pris en compte par toute l’industrie, mais c’est déjà ça. (L’idéal serait aussi que Dell considère Ubuntu comme étant supporté par la communauté mais également par une société – mais ça, c’est une autre histoire 🙂 )

Ensuite, nous pouvons réfléchir à des moyens qui permettraient de changer le modèle afin qu’il y ait une meilleure adéquation entre les attentes des clients et les contraintes économiques de l’industrie. Par exemple, si vous êtes de ceux qui ont voté pour la pré-installation de Linux sur le forum Dell IdeaStorm, seriez-vous heureux de recevoir un ordinateur Dell sans OS et un CD d’Ubuntu dans la boîte, que vous devriez installer vous-même sans l’aide de Dell ? Et que diriez-vous si on vous donnait l’assurance que l’ensemble des composants que vous avez installés "devraient" marcher, mais sans garantie ? Peut-on ajuster ces paramètres jusqu’à obtenir votre satisfaction, tout en laissant à Dell des profits corrects pour une prise de risque raisonnable ? Résolvez ce problème et je pense que nous ferons un pas vers l’éradication du Bug #1[2]

Addendum :

Bien sûr, certains revendeurs se spécialisent dans la pré-installation de Linux. Mon préféré étant System76, qui propose une grand choix de portables et de PC de bureau avec, entre autres, Ubuntu pré-installé. Bravo à eux pour avoir déniché ce secteur du marché et réussi à y connaître le succès.

Mark Shuttleworth, le 14 mars 2007

Notes

[1] On notera qu’en proposition numéro 2 arrive une autre excellente idée : la pré-installation d’OpenOffice.org.

[2] NdT : Ce "bug #1", clin d’œil des développeurs d’Ubuntu, peut se traduire ainsi : « Microsoft possède la plus grosse part du marché des PC actuels. C’est un bug qu’Ubuntu souhaite corriger. »




Traduction : lettre de menace de la RIAA aux étudiants

RIAA Keep your Hands Off My iPod - _nickd - CC-BY

Fin février la Recording Industry Association of America (ou RIAA), association qui défend les intérêts des fameuses majors (c’est-à-dire plus de 90% de l’industrie du disque), a convaincu les administrations de plusieurs universités américaines de lui permettre d’adresser des lettres de menaces de poursuites judiciaires à quatre cents de leurs étudiants "déviants".

Nous avons tenu à traduire l’une d’entre elles[1] parce nous trouvons la méthode, le style et le ton particulièrement édifiants.[2]

Madame / Monsieur

Nous avons demandé à votre Fournisseur d’Accès Internet de vous faire parvenir ce courrier en prévision d’un procès que nous allons intenter contre vous devant la Cour Fédérale pour infraction aux lois sur le copyright. Nous représentons un certain nombre de grandes compagnies de l’édition musicale, incluant EMI Recorded Music, SONY BMG MUSIC ENTERTAINMENT, Universal Music Group and Warner Music Group, ainsi bien que toutes leurs filiales et partenaires (« l’industrie du disque »), en nous chargeant des poursuites pour infraction aux lois sur le copyright contre des individus qui ont illégalement téléchargé et mis à disposition des enregistrements sonores sur des réseaux pair-à-pair.

Nous avons recueilli les preuves que vous aviez violé les copyrights détenus par ces compagnies. Nous joignons à cette lettre un échantillon sonore des enregistrements dont nous avons la preuve que vous les avez distribués par l’intermédiaire du réseau pair-à-pair AresWarezUS (Ares). Au total, il est prouvé que vous avez mis à disposition 321 fichiers audio, dont un nombre substantiel sont des enregistrements sonores propriété de « l’industrie du disque ».

La raison pour laquelle nous vous envoyons cette lettre avant le début des poursuites est de vous donner l’occasion de trouver un arrangement dès que possible. Si vous nous contactez dans les vingt (20) prochains jours, nous vous offrirons un arrangement financier pour un montant sensiblement inférieur comparé à ce que nous demanderons après le début du procès ou comparé à ce que la cour pourra réclamer contre vous. Si vous êtes intéressé à résoudre cette affaire rapidement de cette manière, veuillez entrer en contact avec notre service juridique ou, alternativement, veuillez régler la somme immédiatement en ligne chez www.p2plawsuits.com, en utilisant l’identifiant CASE ID# qui apparaît en haut de cette lettre.

Dans votre réflexion pour savoir si vous souhaitez régler cette affaire, voici quelques éléments que vous devriez prendre en considération :

  • la Loi sur le copyright impose une gamme de dommages statutaires pour les infractions. Les dommages minimum en vertu de la loi sont de $750 pour chaque enregistrement dont les droits d’auteur ont été violés (« partagé »). La demande de réparation peut être beaucoup plus élevée. En plus des dommages, vous pouvez être également chargé de payer les honoraires légaux que nous débourserons pour les poursuites, et pouvez être sujet à une injonction écrite contre vous pour vous empêcher de poursuivre ces infractions.
  • Maintenant que vous êtes averti qu’un procès peut être engagé contre vous, vous avez obligation de préserver les preuves liées aux poursuites contre vous. Ce qui dans le cas présent signifie, a minima, que vous devez conserver la totalité des enregistrements que vous avez mis à disposition pour le téléchargement, ainsi que tous les enregistrements que vous avez téléchargés. De plus, vous ne devez surtout pas essayer de supprimer les programmes de pair-à-pair de votre système – même si vous êtes dans l’obligation de ne plus les utiliser. Pour plus d’information sur la manière de faire ceci, allez visiter le site www.musicunited.org.

Ceci est une affaire sérieuse et si vous avez des questions, nous vous encourageons fortement à nous contacter pour nous les poser. Pour finir, si vous voulez plus d’informations concernant le téléchargement de musique/partage et les réseaux pair-à-pair, veuillez visiter www.p2plawsuits.com.

SI NOUS N’AVONS PAS DE VOS NOUVELLES DANS MOINS DE VINGT (20) JOURS CALENDAIRES A PARTIR DE LA DATE MENTIONNEE EN HAUT DE CETTE LETTRE, NOUS INTENTERONS UN PROCÈS CONTRE VOUS DEVANT LA COUR FÉDÉRALE.

Nous ne sommes pas vos avocats, et nous ne sommes pas en train de vous donner des conseils légaux. Nous vous encourageons à consulter un avocat immédiatement pour vous conseiller sur vos droits et vos responsabilités.

Sincèrement,
Donald J. Kelso

Notes

[1] Big thanx aux traducteurs GaeliX et Olivier du groupe de travail Framalang.

[2] L’illustration est un détail d’une photographie de _nickd intitulée RIAA Keep your Hands Off My iPod issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY.




DRM : Du lard ou du cochon Mister Steve Jobs ?

iPod - Parody

La récente posture anti-DRM[1] de Steve Jobs a agité toute la blogosphère.

Il faut dire qu’il y a de quoi être méfiant quand on sait qu’il en est le principal bénéficiaire ![2]

Dont acte nous dit ici le site Defective by Design (littéralement « Défectueux à dessein », initiative anti-DRM de la Free Software Foundation) dans une lettre ouverte au patron d’Apple qu’elle nous invite à signer avant le 1er avril.

Une traduction de notre groupe de travail Framalang (specials thanx to Olivier and GaeliX).

Lettre ouverte à Steve Jobs

Cher Steve Jobs,

Nous voudrions vous remercier pour votre déclaration publique à propos des Digital Restrictions Management (DRM), et votre engagement pour l’abandon des DRM dans iTunes si les quatre majors de l’industrie du disque – EMI, Warner, Universal et Sony, vous laissent le faire.

Comme vous le savez, la campagne anti-DRM de la Free Software Foundation, DefectiveByDesign.org, a spécialement pris pour cible Apple depuis son lancement en Mai 2006. En tant qu’activistes contre les DRM nous avons apporté notre soutien aux manifestations importantes devant les magasins Apple aux États-Unis et au Royaume-Uni, car étant le plus important pourvoyeur de musique cadenassée, Apple possède une grande part de responsabilité dans la situation dans laquelle se trouve les consommateurs actuellement.

Mais Apple subit la pression, non seulement des activistes anti-DRM et du boycott des DRM par les consommateurs, mais aussi des défenseurs des droits des consommateurs en Europe qui ont déclaré les DRM d’iTunes (FairPlay) illégaux. En Norvège les régulateurs ont donné jusqu’au 1er octobre 2007 à iTunes pour s’ouvrir à défaut de quoi le service devra fermer sous peine d’amendes journalières. Des démarches similaires sont entreprises par les régulateurs dans toute l’Europe.

Pour beaucoup d’observateurs l’engagement pris dans votre blog ressemble à une manière de faire baisser le pression exercée par ces régulateurs sur Apple et coupe l’herbe sous le pied de l’industrie qui demande la possibilité pour d’autres distributeurs d’utiliser FairPlay.

Cela fait trois semaines maintenant que vous avez publié votre engagement pour arrêter les DRM et il y a eu beaucoup de réponses de la part de commentateurs qui ont mis en avant les actions que vous pouvez entreprendre pour appuyer vos dires. Le fait que vous n’ayez pris aucune mesure nous amène à nous demander : quelle est l’authenticité de votre engagement ?

Nous avons identifié trois manières pour vous d’afficher votre sincérité à propos des DRM. Prendre des mesures sur l’un de ces fronts serait une manière forte de montrer que vous êtes sérieux.

1) Abandonnez les DRM sur iTunes pour les artistes indépendants

De nombreux artistes et labels indépendants distribuent leur musique au travers d’iTunes et beaucoup souhaitent le faire sans DRM, mais vous ne les laissez pas. Vous pouvez montrer votre bonne foi immédiatement en abandonnant les DRM pour ces artistes et labels.

Cela montrera clairement quels artistes sont vraiment attachés à l’un des quatre grands labels, permettant à vos clients d’éviter ces labels et le fardeau des DRM. Les artistes indépendants, qui respectent le désir de leurs fans d’être libre des restrictions imposées par les DRM, recevront plus de soutien.

Vous pouvez montrer l’exemple moral en étant la première "major" à abandonner les DRM, en libérant les artistes indépendants. Vous avez le pouvoir de faire cela.

2) Abandonnez les DRM sur iTunes pour les films et les vidéos de Disney

Dans l’article sur votre blog vous dites, "L’ alternative est d’abolir les DRM complètement. Imaginez un monde où tous les magasins en ligne vendraient de la musique libre de DRM, encodée dans un format sous license libre" C’est une image forte, une image que nous et le mouvement du logiciel libre partageons avec vous. Mais pourquoi votre vision se limite-t-elle au monde de la musique sans DRM. Vous ne faites pas allusion une seule fois aux films ou vidéos.

Nous comprenons qu’Apple est occupé à signer des contrats avec les studios de cinéma et les réseaux de télévision pour autoriser Apple à vendre des vidéos et des films aux utilisateurs d’iPod. Ces vidéos sont vendues avec des DRM. Les arguments que vous avancez dans votre blog s’appliquent aussi bien aux films qu’à la musique.

En 2006 vous avez vendu Pixar à Disney et êtes ainsi devenu l’actionnaire le plus important de Disney et avez rejoint le conseil d’administration. Disney a été le premier à donner son accord pour la distribution de ses films au travers d’iTunes. Disney est l’un des principaux distributeurs de film mais pas l’une des principales maisons d’édition.

Vous pouvez donner l’exemple dans le domaine de la vidéo et des films. Disney peut être la première "major" à abandonner les DRM. Vous avez le pouvoir de réaliser ceci.

3) Prenez un engagement public contre les DRM et les lois avalisant les DRM en finançant une campagne contre les interdictions du Digital Millenium Copyrith Act (DMCA[3]).

Dans votre blog vous dites que nous pourrions "… abolir complètement les DRM" et qu’Apple "s’y joindrai en un clin d’oeil". Ces mots sont très proches d’un appel à l’élimination des DRM. Nous vous encourageons à faire une telle déclaration explicitement.

C’est une action importante à cause des menaces législatives auxquelles nous faisons face. Le Senateur Feinstein (Démocrate, Californie), dans sa session au congrès a à nouveau présenté sa loi "Platform Equality and Remedies for Right Holders in Music Act (PERFORM Act) (loi sur l’égalité des plateformes et remèdes pour les ayant droits dans le monde de la musique). Cette loi imposerait à tous les diffuseurs sur Internet qui proposent des MP3 en streaming (ou d’autres formats libres de DRM) d’y ajouter un DRM. Ceci inclurait les stations de radio actuellement disponibles par iTunes, qui dépendent des MP3 en streaming.

L’impact des DRM et du DMCA aura des effets effrayants sur notre liberté d’expression. Dans un monde où les émissions de radio, les émissions de télévision, les informations et la couverture du monde politique seraient chargées de DRM, puisque les télévisions numériques, les radios numériques et la diffusion par Internet seraient mandatées pour utiliser des DRM, nous perdrions notre droit de faire des commentaires en utilisant les documents d’origine. La liberté d’expression par la parodie et les citations aura disparu.

En tant que personne ayant imposé les DRM à des millions de personnes et ayant dégagé des millions de dollars de bénéfices par ce moyen, il est temps pour vous de vous élever contre les DRM, qui sont immoraux et qui menacent nos libertés.

Vous pouvez donner l’exemple en demandant l’élimination des DRM en finançant une campagne pour rejeter les interdictions du DMCA sur les appareils qui contournent les DRM. Vous avez le pouvoir concret de réaliser cela.

Même si nous accueillons favorablement votre engagement d’abandonner les DRM, il n’a pas été suivi d’action pour le moment. Certains changements dont vous parlez nécessiteront la coopération d’autres acteurs de l’industrie des médias, mais les trois points que nous avons mis en avant n’en font pas partie. Vous avez les mains libres pour autoriser les artistes indépendants à vendre leur musique sur iTunes sans DRM, pour retirer les DRM des films et vidéos de Disney et pour financer une campagne pour rejeter les interdictions du DMCA sur les appareils qui contournent les DRM. Nous, les signataires, faisons appel à vous pour prendre des mesures maintenant.

Sincèrement votre,

DefectiveByDesign.org - No DRM

Si vous adhérez au contenu de cette lettre n’oubliez pas de la signer avant son envoi le 1er avril à ce gros poisson qu’est Steve Jobs.

Notes

[1] DRM pour Digital Rights Management (Mesures Techniques de Protection, MTP, ou encore Gestion Numérique des Droits, GDN, en français).

[2] On pourra aussi lire la réaction du site francophone StopDRM! aux propos de Steve Jobs.

[3] DCMA dont le pendant en loi française est la DADVSI.




Montrez-nous le code !

Puisque M. Steve Ballmer persiste à diffuser le FUD l’idée que Linux exploite la propriété intellectuelle de Microsoft, le site Show Us The Code vient de voir le jour avec ce simple objectif : demander à Microsoft de nous montrer le code en question, histoire que nous soyons fixés sur la véracité du propos.

Une traduction de GaeliX (pour Framalang).[1]

running a trace - losiek - CC-BY - flickr

Lettre ouverte à Steven Ballmer

Les propos que vous avez tenus, encore et encore, sur le fait que Linux viole la propriété intellectuelle de Windows, ont beaucoup retenu l’attention de la communauté Linux. Et ce n’est pas seulement ça, puisqu’il est rapporté que Microsoft a convaincu des entreprises de payer pour une licence Linux que vous ne pouvez fournir.

Par conséquent, ce site va servir de réponse à cette accusation, et servir de support à une requête. Une requête toute simple, puisque vous, Microsoft, assurez être sûrs de votre bon droit. Montrez-nous le Code.

Si les développeurs Linux sont mis au courant de l’existence de ce code, alors ce code peut être oublié et Linux peut re-écrire les parties impactées de son noyau ou de son système d’exploitation. C’est une requête assez simple et d’une banale courtoisie. Pourquoi faire autant de vagues avec des menaces de procès, menaces qui coûteront au tribunal autant à Microsoft qu’aux défendeurs ? Cela manque de logique, surtout quand on sait que de nombreux développeurs de par le monde se feraient un plaisir d’aider Microsoft à résoudre ce problème. Ne devez-vous pas, vis-à-vis de vos actionnaires, travailler avec d’autres pour leur garantir que leur propriété intellectuelle n’est pas violée ?

En outre, nous avons l’impression que vous souhaitez travailler avec la communauté Open-Source. C’est à cela que sert le Port 25[2], n’est-ce pas ? C’est de cela qu’il s’agit dans l’accord avec Novell, n’est-ce pas ? C’est votre chance. Si vous avez raison, vous allez faire taire des milliers et des milliers de défenseurs de l’Open-Source et inciter vos concurrents à retourner ciel et terre pour ne pas toucher à votre propriété intellectuelle.

Les membres de la communauté Linux ne veulent pas de votre code. Nous ne recherchons pas les procès. Nous ne voulons pas de code non-libre. Et plus, pour votre consternation, nous ne voulons pas de code spécifique à Microsoft.

C’est cela que nous demandons. Nous demandons l’appui de la communauté Linux. Nous en appelons à Richard Stallman, Linus Torvalds, Larry Page, Sergey Brin, Dr. Eric Schmidt, Mark Shuttleworth, Kevin Carmony, and Matthew Szulik, ainsi qu’à tous les développeurs de chaque distribution Linux et à toutes les entreprises qui se sentent menacées par vos procès inexistants :

Faire le maximum de publicité pour demander à Microsoft de montrer le code Linux qui viole sa propreté intellectuelle avant le 1er Mai 2007.

Combien de sociétés, combien d’organismes, combien de membres de la communauté, vont dénoncer votre bluff, Steven ?

Nous ne sommes pas les premiers (1, 2) à vous demander cela, mais nous voulons passer au cran supérieur. Si vous ou Microsoft ne pouvez pas répondre avant la date mentionnée, d’aucuns comprendront que vos menaces et allégations étaient sans fondement et diffamatoires. Et toute personne attentive aux marchés financiers devra en faire de même.

Bonne chasse au code. Le moteur de recherche de brevet Google peut peut-être vous dépanner.

Notes

[1] L’illustration est un détail d’une photographie de losiek intitulée running a trace issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY.

[2] NDT : le port utilisé pour l’envoi des mails.




Le logiciel libre est-il communiste ? Peut-être bien…

Petite traduction issue du projet Framalang initié justement sur ce blog (grand merci à Coeurgan et GaeliX). En ces temps de débats politiques en France, voilà qui ne devrait pas laisser indifférent 🙂
Précisons, pour la grille de lecture, que l’auteur de l’article original est américain. Précisons également qu’il fait directement référence à une citation de Bill Gates assimilant certains partisans du logiciel libre (et de la culture libre en général) à un genre de néo-communistes.
L’article, sous licence Creative Commons BY-SA, est de Terry Hancock et est issu du Free Software Magazine [1].

Copyright Mark Alan Stamaty

Le logiciel libre est-il communiste ? Peut-être bien…

Quelques personnes en vue ont qualifié le logiciel libre de "communiste" dans l’intention de raviver contre ce mouvement les fantasmes de la Guerre Froide – Une sorte d’arme secrète du FUD. Je me souviens personnellement de la paranoïa qui régnait pendant la Guerre Froide et je pensais à l’époque (je le pense toujours) que c’était "simplement stupide".

Plutôt que de réagir par un épidermique "C’est pas vrai", je propose d’accepter l’appellation et de voir où ce point de vue nous mène. Peut-être y a-t-il quelque chose de communiste dans le logiciel libre ? Je pense que nous allons voir d’ailleurs que l’idée sous-jacente du logiciel libre est bien plus radicale : Pas moins "communiste" que "capitaliste", mais pas plus pour autant.

La rhétorique éculée de la Guerre Froide

Le 6 août est connu comme étant "le jour de la paix". C’est assez ironique pour le jour qui commémore celui de 1945 où les États-Unis sont devenus le seul pays à utiliser une arme nucléaire sur des êtres humains vivants. On peut dire que cette dernière offensive de la Seconde Guerre mondiale était aussi la première offensive de la Guerre Froide. Nous avions coopéré difficilement avec les Soviétiques pour gagner la guerre, et quand ce fut terminé, notre machine politicienne débuta le "Nouveau Siècle Américain", avec le contrôle américain des armes nucléaires qui faisait office de bâton pour régir la marche du monde.

Quelques années plus tard, les soviétiques ont dépassé ce handicap; ce fut le début de la "menace rouge", la chasse aux sorcières anticommunistes du sénateur McCarthy commença, et le mot "communiste" devint plus qu’une classification académique d’une philosophie socio-économique particulière. Il devint une insulte, synonyme de "traître"; et si Bill Gates peut encore l’utiliser comme une raillerie pour décrire le mouvement du logiciel libre, c’est que nous ne sommes apparemment pas encore quittes avec cette paranoïa.

Mais finalement, c’est seulement un mot, une idée qui, bonne ou mauvaise, s’est appliquée à attirer des millions d’êtres humains pendant des décennies. Je crois que l’on peut progresser en introspection en considérant le logiciel libre d’un point de vue "communiste". Peut-être que sur certains points importants, le logiciel libre mérite le nom "communiste". Pas l’insulte, pas l’épouvantail de la menace totalitaire du parti communiste, mais le concept derrière le mot, le communisme qui a convaincu des millions de gens que cela pourrait être une bonne idée.

Soviet Propaganda - Wikipedia - Public Domain

Travailler ensemble est une bonne chose, n’est-ce pas ? L’idéal d’un objectif commun est très important dans l’expression des objectifs communistes. Mais peut-être que la seule chose que nous devrions craindre dans cette image est l’arme, le spectre de la contrainte d’État pour atteindre cette unité. Si les hommes travaillent librement ensemble, c’est tout à fait autre chose. (Affiche de propagande issue de Wikipedia Commons et tombée dans le domaine public).

Le communisme était une philosophie politique qui tentait de résoudre certains types de problèmes sociaux de l’occident capitaliste qui étaient (et sont toujours) très franchement de vrais problèmes : pauvreté, division en classes, et injustice sociale. Qu’appliqué à une échelle nationale au vingtième siècle, cela n’ait pas semblé résoudre ces problèmes représente un échec humain, mais pas vraiment l’incarnation du diable. Et vous n’avez pas encore donné à une idée une écoute équitable avant de l’avoir étudiée du point de vue de ses supporters. Les communistes eux-mêmes ne voient pas le contrôle de l’économie par l’État centralisé comme un objectif du communisme mais seulement comme un moyen. Marx soutenait même que l’idée était amenée "se faner".

Non, l’objectif du communisme, comme les communistes le voient, est de donner corps à l’idéal communiste.

Chacun donne selon ses capacités, chacun reçoit selon ses besoins.

De ce point de vue particulier, le logiciel libre correspond en effet. Car il n’y a souvent aucune rémunération matérielle directe et exclusive pour le travail réalisé. Les principales raisons pour créer des logiciels dans des communautés libres sont les capacités et les désirs des développeurs. Nous avons une "intérêt-ocratie", comme certains l’ont décrit, ceux qui s’intéressent assez au projet pour faire le travail déterminent la manière de le faire.

De la même manière, la nature immatérielle du logiciel et le coût de réplication du travail résultant proche de zéro mène naturellement à un fonctionnement dans lequel il n’y a aucune raison de ne pas prendre ce qui correspond à nos besoins.

Cette connexion essentielle et immuable entre le "don" de la production et "l’appropriation" de la consommation est cassée naturellement par la nature même du logiciel. Craignant les conséquences économiques de cette réalité dans une société qui se base sur la conservation de la masse et de la quantité (propriété naturelle de la matière, mais pas de l’information ), nos sociétés capitalistes ont construit des systèmes élaborés de contrôle du marché pour forcer le marché de l’information à imiter, contre sa nature, les propriétés du marché matériel.

Nous appelons ces contrôles, collectivement, le "régime de la propriété intellectuelle". Et ce qui a été un jour une mise en oeuvre simple, limitée à la fois en temps et en portée, est devenu énorme. Quand des enfants de douze ans et des citoyens âgés sont menacés de poursuites judiciaires et d’amendes d’un montant correspondant à ce qu’ils pourraient gagner dans les dix prochaines années pour le crime horrible d’écouter de la musique et la partager avec leurs amis; quand de grandes entreprises utilisent des armées d’avocats pour prendre le contrôle d’idées triviales à travers les brevets logiciels; quand des traités internationaux dépendent de l’application de contrôles de plus en plus stricts sur la dissémination de l’information; quand le simple acte d’écrire un logiciel capable de briser ces cadenas sur la liberté intellectuelle est considéré comme un crime, pouvons-nous réellement prétendre que les lois sur la propriété intellectuelle sont moins répressives que l’"économie contrôlée" des communistes ?

Le logiciel libre élimine ces contrôles artificiels, libérant le marché, et restituant aux produits immatériels leur comportement naturel. Un comportement qui embrasse curieusement les idéaux de la société communiste.

Libre échange communiste

En vérité, la stratégie des licences libres et tout le concept de production communautaire court-circuitent ce spectre politique, détruisant les frontières traditionnelles, car il met en œuvre les idéaux communistes sans les restrictions que les capitalistes leur opposent.

En temps que contrat social, les licences libres comme la GPL dessinent des frontières très différentes de la propriété personnelle sur le plan intellectuel, que celles dessinées par le capitalisme ou le communisme dans le monde matériel. On accorde beaucoup plus d’importance à la paternité qui est le carburant du "jeu des réputations" et qui laisse les excellents créateurs en position de créer. Mais la possibilité de contrôler l’usage et la reproduction du travail est refusée. En effet, grâce au copyleft, ce contrôle artificiel du marché est interdit à quiconque, assurant que le travail est libre pour être utilisé, réutilisé, amélioré et que ce travail amélioré soit partagé. Ce travail est possédé dans ce sens, non par un individu, mais par "la communauté".

Ainsi on peut le qualifier à la fois de communiste et de "libre échange", au moins d’un certain point de vue. Nous, occidentaux, avons été conditionnés pour croire que le libre-échange conduit toujours à la compétition, mais dans le cas du logiciel libre, le libre échange conduit à la coopération, ou pour parler plus crûment, au communisme (c’est-à-dire qu’il encourage les gens à agir en communauté et à garder la propriété en commun). On peut participer au logiciel libre avec peu ou pas de capital, donc il n’y a pas de raison de chercher de gros investissements de capital et partant il n’y a aucun besoin du "capitalisme" en tant que tel (contrairement au logiciel propriétaire, vous n’avez pas besoin d’une entreprise pour lancer un projet de logiciel libre).

C’est, bien sûr, l’élément qui ébranle les fondements de l’argumentaire capitaliste quant à l’importance des contrôles sur la propriété intellectuelle pour maintenir la production. Ils prennent pour conclusion certaine que la production est impossible sans investissement de capital et que les droits d’auteur sont le seul moyen d’avoir un retour sur cet investissement. Malgré cela, il est démontré que la production de logiciel libre est si efficace et réduit tant les coûts que l’investissement de capital devient presque sans objet pour tous les projets logiciels sauf une petite minorité. De ce fait, des moyens moins restrictifs de collecter des revenus, comme des contrats de service, des commissions reçues préalablement, et des investissements basés sur la valeur de l’usage personnel, se sont montrés utiles pour subvenir aux modestes besoins de fonds des projets de logiciel libre.

Contrairement aux a priori de notre société, "libre échange" ne veut pas forcément dire "capitalisme". Le "capitalisme" fait référence à une pratique spécifique d’accumulation de capitaux pour créer des entreprises. Dans le cas du marché matériel, le libre échange semble conduire invariablement au capitalisme, mais on ne peut pas vraiment affirmer qu’il en sera ainsi dans le monde de l’immatériel.

Dans le marché libre de la production basée sur la communauté (CBPP[2]), le travail est spontanément donné pour l’accomplissement du but pour le simple plaisir (ou égoïsme éclairé si vous préférez, ce qui est généralement mon cas ) de participer à l’effort communautaire, basé sur les compétences des contributeurs. Ceci arrive sans aucune intervention de l’État ni contrôle de marché. "Chacun donne selon ses capacités, chacun reçoit selon ses besoins." arrive sans contrainte d’État d’aucune sorte (c’est-à-dire dans un marché de libre-échange). On peut donc dire que le "CBPP" ou le développement de logiciels libres est un vrai cas de "marché de libre échange communiste" qui fonctionne.

Nous savons déjà que ce système fonctionne. Il a créé GNU. Il a créé Linux. Il a créé X. Il a créé Wikipedia. Ce système a accompli, avec très peu ou pas de capital, des choses qui coûtent à des entreprises des milliards de dollars de capital (comparé à Microsoft Windows, le système d’exploitation d’Apple (avant Darwin/OS X) et l’Encyclopedia Britannica). Et loin d’être des copies inférieures comme notre éducation capitaliste occidentale dit qu’ils doivent être, il semble qu’ils soient au moins aussi bons sinon meilleurs que leurs équivalents propriétaires. Dans certains cas (comme Internet lui-même), il n’y a pas d’équivalent propriétaire.

Une nouvelle révolution

Ce marché libre, cette économie de bazar ne ressemble pas vraiment aux vraies sociétés communistes du vingtième siècle. Mais il pourrait ressembler à la vision que Marx avait en tête d’une société communiste qui fonctionne, qui ne nécessite pas de contrôle du marché ou de répression pour fonctionner. Et ce n’est pas quelque chose que nous devrions être désireux de condamner, n’est-ce pas ?

Je pense que la seule raison pour laquelle les gens ne disent pas cela est qu’ils ont peur d’être étiquetés "communistes" à cause de la paranoïa historique. Mais je ne pense pas que nous devrions réagir de manière aussi superficielle. Nous devrions nous élever au dessus de cela, et réaliser que c’est exactement ce que nous sommes en train de faire avec le mouvement du logiciel libre et avec le bazar. Nous nous élevons au dessus de la conception dépassée qu’avait le vingtième siècle du "communisme" et du "capitalisme". Nous avons remplacé les deux de la manière dont tout vieux système devrait espérer être remplacé : en construisant quelque chose qui fonctionne encore mieux.

Longue vie à la révolution !

Terry Hancock

Notes

[1] L’illustration en tête d’article est de Mark Alan Stamaty

[2] ndt : CPBB pour "Community Based Peer Production




De Linux à Windows ou le témoignage d’une migration à contre-sens !

Greefus Groinks - CC by-saVoici un petit texte d’origine anglophone qui m’aura fait sourire. J’ai un peu hésité avant de le proposer dans notre Tribune Libre mais vu que c’est plutôt léger dans le fond et dans le forme je me suis dit qu’il pouvait tout aussi bien apparaître sur ce blog (qui lui aussi est plutôt léger dans le fond et dans la forme).

Nous savons bien à Framasoft ô combien il peut être parfois difficile pour l’utilisateur formaté malgré lui de passer de Windows[1] à Linux (mais on le travaille au corps depuis des années). Vous apprendrez ici qu’il est tout aussi difficile de faire le chemin inverse 😉

Comment passer de Linux à Windows – Une expérience utilisateur

Howto switch from Linux to Windows – a users experience

Matthias Endler – Licence Creative Commons By-Nc-Nd
(Traduction : Jacques Bon)

Depuis cinq ans, j’ai lu des tas d’articles expliquant « Comment passer de Windows à Linux en cinq leçons », « Changer de système d’exploitation facilement avec Linux », ou encore « Pourquoi vous devez donner sa chance à Linux ».
Malgré tout il y a toujours des gens pour dire que Linux est difficile à apprendre, Windows est plus facile à utiliser etc. Mais qu’en serait-il si le premier système d’exploitation que vous ayiez découvert, avait été non pas MsDos ou Windows95, mais un système libre dérivé d’Unix comme Linux ou BSD ?
Voici l’histoire d’un type, qui a toujours utilisé Linux qu’il a appris à utiliser tout jeune dans le cadre de son travail. Imaginez un instant que Linux est l’OS standard, et Microsoft une petite compagnie qui propose le système dénommé Windows XP. Soyons clair : il s’agit d’un texte satirique et fictif… Ne le prenez pas trop au sérieux ou alors passez votre chemin.

Mes premiers pas avec Windows XP

J’ai entendu parler d’un nouveau système d’exploitation appelé Microsoft Windows l’autre jour, et décidé de l’essayer parce qu’on le dit intuitif et facile à utiliser.

Malheureusement, l’auteur n’a pas prévu de LiveCD (NdT : ou CD bootable) permettant de tester ce système avant de l’installer.

Au lieu de le télécharger sur Internet comme je le fais habituellement, j’ai dû me rendre chez un revendeur pour l’acheter au prix de 265€ (il existe aussi une version « professionnelle » mais encore bien plus chère).

Sitôt rentré à la maison, j’ai ouvert la fameuse boîte, inséré le CD dans mon lecteur DVD et démarré le PC. L’écran d’installation se compose d’un simple fond bleu, et d’un menu facile à comprendre.

J’ai pensé alors à sauvegarder mes données, et essayé d’ouvrir pour cela une console virtuelle ; mais la commande normale CTRL-ALT-F1 ne marche pas (et m…) J’ai donc rebooté, fait ma sauvegarde, et recommencé l’installation à nouveau. Le menu présentait une option « Installer Windows XP », que j’ai sélectionnée.

Alors j’ai eu un drôle de message intitulé « Contrat de Licence de l’Utilisateur Final » (NdT : EULA ou CLUF), que j’ai dû accepter avant de pouvoir continuer. Comme je n’avais jamais entendu parler de ça avec Linux, j’ai pris la peine de lire ce long texte. Si j’ai bien compris, je n’ai pas le droit de redistribuer ce produit, ni même d’en faire une copie pour les copains. C’est en quelque sorte l’exact opposé de la licence que je connaissais auparavant, la licence GNU GPL. Après que j’aie accepté avec la touche F8, l’installation a continué.

Windows ne reconnait pas les partitions Ext3 et Reiserfs présentes sur mon disque dur, et me dit qu’il a trouvé des « systèmes de fichiers inconnus ». Curieux, j’avais toujours pensé qu’il s’agissait de systèmes de fichiers tout à fait standards ; mais bon, je peux me tromper. Il y a ensuite une option permettant d’écraser tout le disque, que j’ai choisie.

Encore une chose curieuse : Windows ne propose pas de créer une partition séparée pour mes précieuses données, mais seulement une grosse partition dans laquelle cohabitent système et données. C’est peut-être parce que Windows a un système de fichiers extrêmement sécurisé, qui effectue des sauvegardes automatiques en cas de perte de données. Enfin, je pense. Comme mon disque est assez gros, je n’ai pas pu le formater avec le système FAT32, mais seulement NTFS. Le formatage du disque a pris un temps fou.

Pas de chance, Windows ne permet pas non plus, comme le fait Linux, de sélectionner dans une liste, les packages que je souhaite installer. À la place, il installe tout sans rien demander. Les seuls ajustements que j’ai pu effectuer, étaient le réglage de l’horloge, et un truc nommé Clé d’enregistrement ou quelque chose comme ça. C’est une suite de 25 caractères alphanumériques que j’ai dû entrer à la main avant de pouvoir continuer.

Après un autre redémarrage, Windows est finalement installé et prêt. Enfin, presque, puisqu’il demande à être d’abord activé. C’est une façon pour Microsoft de contrôler par le web, toutes les clés d’enregistrement. Pas question ! Je clique sur Annuler et Windows me dit que j’ai une période d’essai de 30 jours, après quoi je devrai m’enregistrer. Ça craint…

La nouvelle interface apparaît, et je commence à oublier toutes les difficultés initiales. Je suis un peu dérouté par le fait qu’il n’y ait aucune proposition de créer un compte utilisateur pour le travail de tous les jours. Pour l’instant je suis en mode administrateur et ne me sens pas très à l’aise, vu que ma petite soeur va avoir les mêmes droits sur le système. Aucune option non plus, pour ajuster manuellements les droits sur les fichiers (quelque chose comme la commande chmod) et ça pourrait être aussi une lacune dangereuse sur une station de travail.

J’ai cherché de la documentation pour ajuster mon nouveau système, mais je n’ai vraiment rien trouvé d’utilisable (la touche F1 n’apporte aucune aide crédible). Soudain, un affreux pop-up apparaît dans le coin inférieur droit et dit quelque chose comme nouveau périphérique détecté. Une fenêtre apparaît dans le milieu de l’écran et me dit que je devrais insérer un CD de driver pour mon imprimante et cliquer sur Continuer. Tout d’abord je n’ai pas compris ce que ça voulait dire, mais je me suis rappelé ensuite qu’il y avait un CD livré avec mon imprimante, heureusement je l’ai retrouvé au fond du carton dans le grenier. Je clique sur Continuer et là le système m’avertit que mon driver n’a pas passé les tests de compatibilité et que je ferais mieux d’en trouver un autre. Un peu effrayé, je me risque malgré tout à cliquer sur Continuer et… Tout fonctionne parfaitement. C’est un peu irritant ce message idiot mais bon, je n’ai pas le temps de faire des histoires. Ensuite j’installe de la même façon le reste du matériel et suis prêt à surfer.

Comme il n’y a aucun parefeu ou antivirus installé, autant vous dire que je ne n’étais pas très tranquille en m’aventurant pour la première fois sur le web. J’ai surfé environ deux minutes, avant de recevoir un message d’un certain « Al Dick » me proposant une ration de Viagra pour six ans. Mis à part le fait que je n’en ai pas besoin (je vous assure…) c’est incroyablement ennuyeux.

J’ai trouvé sur le net une doc expliquant comment se débarrasser de ce genre de messages. En fait, Internet Explorer n’a pas de filtre contre les pop-ups et semble attirer la pub… Au bout d’un quart d’heure ma barre des tâches ressemblait à un champ de bataille rempli de spam, et j’ai dû fermer toutes les fenêtres à la main, une par une. Avec mon navigateur précédent (Firefox) j’avais la possibilité d’utiliser plutôt des onglets, mais IE semble bien avoir des standards et règles de navigation bien à lui. Mais c’était juste le début ! Quand j’ai voulu chatter avec mes copains, j’ai découvert que Windows Messenger ne supporte pas plus ICQ, AIM, ou TOM, que Jabber. À la place on me demande de me créer un compte MSN pour pouvoir continuer, ce que j’ai refusé.

Ensuite j’ai voulu regarder un DVD que je venais d’acheter en Allemagne. Mais Windows Media Player me dit que je ne peux l’utiliser sur mon PC, à cause d’un prétendu « code région ». Un peu troublé, je demande à un copain qui me dit qu’il s’agit en fait un transfert de données entre un PC sous Windows, et Microsoft, qui leur permet d’analyser mon matériel et les logiciels installés. Le choc ! J’ai payé une fortune pour avoir un système stable, sécurisé, qui respecte ma vie privée, et pas un truc bogué et ouvert à tous les vents.

J’ai voulu jeter un coup d’oeil au code-source pour voir si ces accusations étaient vraies mais… je n’ai pas pu, vu que le code-source n’est pas livré avec ! Et je ne parle même pas de la pseudo hierarchie du système de fichiés de XP, où les fichiers de configuration du système sont dans C :WindowsSystem au lieu de /etc.

Je suppose que vous ne souhaitez pas savoir ce qu’est la défragmentation (sous Linux ça n’est pas nécessaire) ; je ne vous parlerai pas non plus du pseudo-terminal calamiteux appelé Invite de commandes, ni pourquoi vous ne devriez jamais ouvrir une pièce jointe à un email dans Outlook Express.

Après que le système ait planté quand j’ai tenté de graver un CD avec l’outil maigrichon fourni avec le système tout en utilisant le tableur du pauvre ersatz d’OpenOffice qu’est « Office XP » (au passage, qui m’a coûté encore 119 €, un peu moins en fait car je suis étudiant), j’ai tout remis en vrac dans la jolie boîte verte que j’ai ramenée au magasin.

Le même jour, j’ai réinstallé Linux après cet aperçu de ce système mono-utilisateur, mal dégrossi, nommé Windows XP, qui sera sans doute apte à un usage personnel d’ici cinq ans. En attendant, je profite de la liberté avec BSD, Open Solaris et Linux !

Notes

[1] Crédit photo : Greefus Groinks (Creative Commons By-Sa)