Le bug #1 d’Ubuntu enfin fixé : Microsoft n’est plus dominant sur le marché

Temps de lecture 4 min

image_pdfimage_print

Lorsque la distribution GNU/Linux Ubuntu est sortie en 2004, son père fondateur Mark Shuttleworth a signalé lui-même le premier «  bug  »  : Microsoft détient la majorité du marché (Microsoft has a majority market share).

Il s’agissait symboliquement, et avec humour, de montrer le cap à suivre en désignant le principal concurrent.

Aujourd’hui la donne a changé et Shuttleworth a décidé hier de marquer ce bug comme résolu (fix released), quand bien même cela ne signifie pas, loin de là, qu’Ubuntu ait gagné comme il s’en explique ci-dessous.

Remarque  : Nous en profitons pour signaler que Framasoft sera présent en masse à l’Ubuntu Party de Paris, avec stand et 3 mini-conférences le samedi 1er juin.

Ubuntu bug#1 Microsoft

Bug #1  : Microsoft détient la majorité du marché

Bug #1 (liberation)  : Microsoft has a majority market share

Mark Shuttleworth – 30 mai 2013 – Launchpad Ubuntu
(Traduction  : Penguin, Mowee, Cryptie, quack1, @zessx, Asta, misc, MFolschette, Samusz + anonymes)

Aujourd’hui, l’utilisation de l’informatique dans la vie de tous les jours est beaucoup plus importante qu’elle ne l’était en 2004  : les téléphones, tablettes et autres appareils nomades sont devenus une part non négligeable de notre vie numérique. D’un point de vue compétitif, cet édifiant marché est une bénédiction pour la concurrence. Avec notamment iOS et Android, qui tous deux représentent une part significative du marché (Voir Windows en dessous de iOS et Android réunis avec ce graphique.

Android n’est peut-être pas mon premier choix de (noyau) Linux, ni le vôtre, mais c’est sans aucun doute une plateforme open source qui offre des avantages pratiques et économiques aux utilisateurs, comme à l’industrie. Ainsi, nous avons d’un côté de la concurrence et de l’autre une bonne représentation de l‘open source dans l’informatique personnelle.

Même si nous n’avons joué qu’un petit rôle dans ce changement, je pense qu’il est important pour nous de reconnaître qu’il a eu lieu. Du point de vue d’Ubuntu, le bug est maintenant clos.

Évidemment, ce bug a aussi un aspect social. Pour beaucoup, il a fait office de déclaration d’intention. Mais il est préférable pour nous de nous concentrer sur l’excellence de notre propre travail, plutôt que considérer notre impact sur le produit des autres. Depuis les (nombreuses) années que ce bug est référencé, nous avons trouvé comment être excellents dans le cloud, et j’espère que nous trouverons aussi bientôt comment l’être sur les postes de travail des développeurs, et peut-être même sur toute la quantité d’appareils que les utilisateurs réguliers peuvent utiliser. Je préférerais désormais que nous trouvions un cri de ralliement qui célébrerait ces idées et leur management.

Il est important de remarquer que de nos jours, si vous êtes dans le domaine de l’informatique dématérialisée (NdT  : cloud computing), l’équipe de service d’infrastructure (NdT  : IaaS) de Microsoft est très compétente et travaille dur pour que Linux soit parfaitement supporté par Azure, ce qui rend le travail avec eux très plaisant. Si l’évolution du marché a peut-être joué un rôle dans tout ça, les circonstances ont changé et les institutions se sont adaptées. Nous nous devons donc de le faire aussi.

Cela dit, il est bon de prendre du recul et de visualiser combien tout cela a changé depuis 2004, et à quelle vitesse  ! Avec Ubuntu, notre but est de proposer à tous une expérience utilisateur formidable, que ce soit pour les développeurs, pour la production en entreprise ou tout simplement l’utilisateur final. Et tout cela avec un large support de matériel. Nous évoluons dans un environnement dynamique qui ne cesse de changer d’année en année. C’est donc pour cela que nous devons sans arrêt nous remettre en question, que ce soit au niveau de notre façon de faire, nos pratiques, les outils que nous utilisons ainsi que les relations que nous entretenons en interne et en externe. Corriger ce problème n’en est qu’un tout petit exemple.

9 Responses

  1. Goofy

    ça me semble une opération de communication de Shuttleworth (pourquoi pas), car je n’ai pas l’impression qu’Ubuntu soit pour grand-chose dans le recul de Microsoft en termes de parts de marché.

  2. misc

    Donc, Canonical ne fait pas ça juste pour faire plaisir à Microsoft qui est devenu un partenaire commercial ( cf http://www.youtube.com/watch?v=KR1x… ).

    IE, je pense que si Microsoft veut vendre du support officiel d’Ubuntu sur Azure, ils ont un contrat avec Canonical, qui du coup devient dépendant de Microsoft pour faire rentrer de l’argent.

    D’ailleurs, c’est marqué ici :
    http://www.windowsazure.com/en-us/m

    On retrouve Canonical, OpenLogic ( une boite fondé par 2 anciens microsoft pour faire du support Centos ), et Suse.

    Donc bon, peut être que la raison de fermer le bug numéro 1, c’est pas vraiment parce que Microsoft n’est plus dominant sur le marché plus que pour pas fâcher un partenaire commercial de taille importante.

  3. vvillenave

    Il y a aussi une autre façon (moins romantique peut-être) d’expliquer pourquoi Shuttleworth ferme le #1. Lorsqu’il fut ouvert, Ubuntu se présentait comme une aventure humaine extraordinaire, ancrée dans l’imaginaire et la mythologie du logiciel Libre, porteuse d’une vision d’humanité universelle (comme en témoigne le nom qui a été choisi alors). Seuls quelques esprits chagrins, alors, se seraient hasardés à noter que cette distribution ne réinventait aucunement la roue mais se contentait d’un bon vieux Debian GNU/Linux avec une couche de peinture (marron) par-dessus, que derrière les valeurs égalitaires tiers-mondistes se tenait un milliardaire bien réel, authentiquement capitaliste et dont la trajectoire, au passage, n’invalidait en rien la domination des pays occidentaux sur le tiers-monde.

    Une petite décennie plus tard, où en sommes-nous ? Canonical a de plus en plus de mal à dissimuler ses ambitions commerciales bien réelles, et son incompatibilité croissante avec l’éthique Libriste. Le branding/marketing a pris une toute nouvelle tournure avec le CLA obligatoire qui impose à tout contributeur (bénévole ou non) de céder la totalité de ses droits à Canonical ; ce qui revient notamment à autoriser Canonical, je dis ça en passant, à accorder des exceptions de licence voire à changer de licence du jour au lendemain pour ne plus vendre que des produits non-Libres et verrouillés. Et puisque nous parlons de verrouillage, Canonical n’a toujours pas jugé bon de contribuer aux projets upstream (le noyau Linux, le serveur X11, les pilotes Libres) mais s’emploie par contre à développer toute une nouvelle couche graphique, de l’environnement (Unity) au serveur (Mir) dont il sera seul détenteur du copyright. Un OS construit sur du code Libre avec une interface entièrement propriétaire et verrouillée… ça ne vous rappelle personne ?

    Donc oui, laisser ouvert le bug #1 et continuer à se présenter comme le libérateur des peuples, dans un tel contexte, ça commençait à ne plus coller. Cependant le vrai bug principal demeure : Canonical persiste à se présenter comme un acteur du Libre.

  4. visiteur

    Quelle drôle d’idée que de fixer un bug (avec des clous, de la colle ?).
    Moi qui croyais que le but était des les corriger.

  5. cm-t

    @Goofy
    Mark ne fait pas référence spécialement à ubuntu (d’après ma lecture sur http://www.omgubuntu.co.uk/2013/05/… ). Mais c’est tout l’écosystème autour des logiciels libre et open-source qui font pencher la balance. Tizen FirefoxOs Android UbuntuKylin toussa et plus encore 🙂

  6. jtpmv

    @vvillenave … Lorsque tu arrêtera de regarder l’Open Source et le Libre avec les yeux d’un grand naïf, tu pourras enfin apprécier les apports de toutes les initiatives. Laisse à Canonical le temps de grossir et de faire autant d’argent que RedHat et tu verras qu’ils seront nombreux à contribuer au kernel, pour le reste X11 sera remplacé dans les années à venir et les pilotes, c’est également le kernel, presque 80% du code il me semble. Canonical fait autre chose que mettre une peinture marron mais là, j’ai pas le temps de combler tes lacunes au niveau du sytème. Pour les copyrights et les alarmes, on à déjà un copain (Un grand monsieur à qui l’on doit le projet GNU et la FSF). sans rancune, j’aime Canonical et ses détracteurs m’emmerdent 😉

  7. laucy

    Faudra m’expliquer quand il l’on fixé ce bug !! C’est plutôt le patch d’un patch non ?