Bye bye Google épisode 4 : les contenus embarqués et… la publicité !
Depuis février, Framasoft essaie activement de se débarrasser de Google.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas facile. Les services de Google nous collent au clavier comme du sirop d’érable en importation directe de Mountain View.
En janvier, nous annoncions notre intention de « manger la pâtée de notre chien », c’est-à-dire de faire ce que l’on dit.
En février, la première étape – probablement la plus dure – était franchie : celle de quitter GMail, pour notre propre infrastructure, basée sur BlueMind.
En mars, nous quittions le service de liste GoogleGroups pour framalistes.org, basé sur le logiciel libre Sympa. Ces listes sont pour l’instant uniquement réservées à Framasoft, car nous n’avons pas les ressources humaines pour ouvrir ce service à la France entière dans de bonnes conditions. Cependant, nous avons reçu tellement de courriers que nous comprenons bien l’urgence d’un service de listes indépendant, sans publicité et respectueux de vos données. C’est pourquoi nous n’excluons pas un jour de l’ouvrir à tous, sous réserve que nos finances nous le permettent.
En avril, nous troquions le service de statistiques Google Analytics contre la mise en place d’une instance de Piwik, évitant ainsi le « pistage collatéral » de nos visiteurs par une firme n’ayant pas démenti qu’elle donnait l’accès de ses machines à la NSA.
En mai, faisons ce qu’il nous plait, et surtout débarrassons-nous d’un des derniers « boulets » de Google : la publicité.
En effet, peut-être que peu de lecteurs de ce blog l’auront noté du fait de l’incontournable bloqueur de publicité Ad Block Plus, mais les sites Framasoft et Framakey affichaient des publicités aux internautes.
En-dehors du fait que ces publicités sont nocives pour les citoyens et contraires à l’éthique que Framasoft essaie humblement de diffuser depuis plus de 10 ans, ces publicités engraissaient la base de données de Google : qui visite quel site ? à quel moment ? pendant combien de temps ? avec quel parcours ?
Leur suppression pouvait donc paraître une évidence. Cependant, il faut bien reconnaître qu’elles auront eu leur utilité économique : sans ces revenus publicitaires, Framasoft n’aurait pas pu embaucher, et par conséquent aurait probablement arrêté son activité il y a plusieurs années, écrasée par son propre poids que le bénévolat seul ne peut suffire à soutenir.
Supprimer la publicité (qui nous rapportait environ entre 550 et 650 € par mois[1]) met donc l’association dans une situation financièrement difficile, car nous ne sommes pas certains de pouvoir maintenir les postes de nos permanents. On ne va donc pas vous mentir : il y aura _encore_ une campagne de dons à Framasoft dans quelques mois.
Cependant, il faut être cohérent dans notre discours : nous ne pouvons pas d’un côté prôner le respect des données et de la vie privée des internautes, et de l’autre gagner de l’argent par l’exploitation de ces mêmes données, qui plus est confiées à un tiers.
Si nous souhaitons passer, comme nous le répétons depuis plusieurs années, d’une « société de consommation » à une « société de la contribution », il faut faire passer le citoyen avant l’économie.
Mais ce n’est pas tout !
Nous avons aussi profité de ce mois d’avril pour nous débarrasser d’autres « mouchards invisibles ».
Par exemple, plus aucun site Framasoft ne devrait afficher de « Google Fonts » (polices de caractères affichées sur les sites web, même si l’utilisateur ne dispose pas de ces polices sur sa machine).
Il en va de même pour les « bibliothèques hébergées ». Google propose en effet la possibilité de charger des ensemble de scripts directement depuis son site, maintenus à jour en permanence, ce qui est fort pratique pour les développeurs web pressés. Mais mauvais pour l’internaute. Il a « suffi » de rapatrier ces bibliothèques (jQuery, notamment) en local. Simple quand on a un seul site à gérer, mais plus long quand — comme Framasoft — vous avez plus de trente sites publics à maintenir…
Autre exemple : les boutons Twitter et Flattr que vous trouverez juste sous cet article. Ces derniers étaient aussi des mouchards potentiels. En incluant du code externe (par JavaScript) pour afficher ces boutons, nous informions involontairement Twitter et Flattr de votre visite sur nos billets, même si vous ne cliquiez pas dessus ! Évidemment et malheureusement, vous retrouvez ces boutons sur des milliers d’autres sites (la chasse aux œufs pascale est finie mais vous pouvez toujours vous amuser à chercher les boutons Twitter, Facebook, Google+, etc.).
Comme ces boutons ont une véritable utilité (ils permettent une diffusion simple et rapide de nos articles sur Twitter, ou vous permettent de nous faire un micro-don), nous ne les avons pas supprimés. Ils ont simplement été remplacés par un mécanisme qui oblige l’utilisateur à cliquer dessus s’il souhaite l’afficher. C’est donc une démarche volontaire qui protège la vie privée de l’immense majorité des internautes qui ne souhaite pas utiliser ces fonctionnalités[2].
Voilà donc pour un mois d’avril bien rempli !
En mai, nous devrions nous concentrer sur la mise en place d’un dépôt Gitlab, afin de ne plus laisser le code source que nous publions uniquement sur Github (qui, rappelons-le, n’est pas libre).
Enfin, maintenant que nous nous sommes débarrassé de Google[3], nous allons pouvoir nous concentrer à nouveau sur la proposition d’alternatives libres : améliorations de framapad.org, framadate.org ou framindmap.org et mises en place de nouveaux services (diaporama, visioconférence, dépôt de fichiers, etc[4].)
Notes
[1] Il est normalement contractuellement interdit de révéler le montant de ses gains adsense, mais comme nous arrêtons, autant être transparents.
[2] Notez qu’une possibilité s’offre aussi à vous de gérer cela en amont, directement dans votre navigateur, par exemple avec l’extension Disconnect)
[3] Il restent encore sans doute certains codes de-ci de-là, vous pouvez nous les signaler en commentaires.
[4] On préfère ne pas trop spoiler, car cela dépendra grandement des moyens financiers à notre disposition.