Wikipedia a 10 ans : Un petit bilan en compagnie de Wired et de Sue Gardner

Lane Hartwell - Wikimedia Commons - CC by-saUn nouvel élément à ajouter à notre série d’articles sur Wikipédia à l’occasion de la célébration de son dixième anniversaire.

Ici nous poursuivons avec Sue Gardner, la remarquable Executive Director de la Wikimedia Foundation, en procédant un peu à l’envers puisqu’après les perspectives vient le temps du bilan. On y évoque bien sûr la fiabilité mais aussi les récentes avancées, qui sont autant de projets, dans les milieux culturels et éducatifs.

Il est dit dans l’article que pour beaucoup de monde, Wikipedia concrétise à la perfection les premières promesses de l’Internet en proposant une « incarnation de ce que le Web peut offrir de mieux »[1]. Nous en faisons partie 😉

On y trouve également un passage qui devrait particulièrement intéresser les lecteurs du Framablog. Il s’agit d’une critique d’un ancien rédacteur en chef de l’encyclopédie Britannica. Vous me direz qu’il n’est pas forcément objectif mais l’argument avancé mérite à mon avis d’être commenté voire débattu :

« L’erreur fatale dans le modèle Wikipedia est qu’un article de l’encyclopédie est pensé comme étant un projet libre, comme ceux qui produisent du logiciel libre, et que comme eux, il sera transformé par des améliorations constantes pour atteindre un idéal. Mais le logiciel est clairement perçu comme étant en développement continu, et est sans arrêt testé avec l’aide de différents critères objectifs. L’article de Wikipédia, quant à lui, est publié et est accessible par tout le monde en l’état, il change pour le meilleur ou pour le pire de temps en temps, et n’est jaugé par aucun standard auquel l’utilisateur puisse se fier. »

Une décennie pour Wikipédia, le projet collaboratif emblématique

A decade of Wikipedia, the poster child for collaboration

Olivia Solon – 10 janvier 2011 -Wired UK
(Traduction Framalang : Goofy, Slystone, Marianne et Penguin)

À l’heure où Wikipédia fête son dixième anniversaire, Wired.co.uk s’entretient avec Sue Gardner, directrice de la Wikimedia Foundation, à propos du rôle de l’encyclopédie collaborative sur le Web et son plan de domination mondiale.

Wikipédia, beaucoup le considèrent encore comme un petit secret honteux. Un site que l’on consulte discrètement dès qu’une conversation au bureau dérive vers un domaine où l’on n’est pas spécialement à notre aise. Lorsqu’on y fait référence explicitement, c’est souvent en ajoutant bien vite qu’on connaît bien ses insuffisances. Nous avons tous l’habitude des sous-entendus sarcastiques qui accompagnent la phrase rituelle : « Si c’est dans Wikipédia, c’est que ça doit être vrai ». Mais ces sous-entendus ironiques se dissipent peu à peu à mesure que le système s’améliore et que consulter le site devient moins honteux et moins un secret chaque jour.

Exactement 10 ans après son lancement et 17 millions d’articles plus tard, la figure emblématique des projets collaboratifs fait désormais partie de la vie quotidienne du monde développé, avec de sérieuses percées en cours dans le reste du monde.

La personne chargée de mener à bien le développement de Wikipédia, c’est Sue Gardner, directrice de la Wikimédia Foundation. Ex-journaliste combative et directrice de CBC.ca, Mme Gardner a été recrutée en 2007 dans le but de développer une stratégie claire pour l’organisation à but non lucratif. Son principal défi était de s’assurer que la gigantesque communauté disparate de contributeurs du monde entier était bien en phase avec l’objectif commun. Selon le fondateur de Wikipédia Jimmy Wales, engager Mme Gardner a été « une des meilleures décisions que nous ayons prises ».

Les chiffres en témoignent : depuis l’embauche de cette brillante canadienne, les revenus ont en effet plus que triplé, et l’audience du site a augmenté de 85 %. Après une lecture approfondie des sources de revenus de la fondation et deux ans d’expériences diverses, elle s’est rendue compte que la meilleure stratégie consistait à cibler les dons privés d’un faible montant.

« Dans un monde à but non lucratif, on poursuit normalement deux objectifs bien distincts, la prise en charge des frais de service, et la production de revenus. Ces deux composantes sont généralement en déséquilibre. La plus grosse surprise en ce qui me concerne fut de découvrir que l’on pouvait harmoniser l’ensemble de manière à ce que les dons proviennent des mêmes personnes que celles à qui nous fournissons un service. »


En tant que cinquième site le plus visité dans le monde, son hébergement sur serveur a un coût conséquent. L’organisation à but non lucratif lance chaque année une opération de levée de fonds afin d’assurer le fonctionnement du site pour l’année suivante. La dernière campagne vient juste de se terminer, elle s’est soldée par la récolte de 16 millions de dollars donnés par 500 000 personnes.

Pour beaucoup de monde, Wikipedia concrétise à la perfection la vision des premières promesses de l’internet. Gardner s’aventure même à dire que c’est « l’incarnation de ce que le Web peut faire de mieux. »

« C’est la promesse que les gens vont travailler ensemble, c’est l’illustration de gens travaillant ensemble en confiance, c’est la démocratisation de l’information et de la liberté d’accès à l’information, malgré les nombreux et récurrents dangers qui la menacent. »

Joseph Reagle, auteur du livre The Good Faith Collaboration (NdT : La collaboration de bonne foi), et ancien étudiant à Harvard ajoute : « par défaut, l’interaction en ligne est faite pour ceux qui refusent de voir le pire chez les autres, même chez les nazis comme l’indique la loi de Godwin. Wikipedia au contraire, promeut et est dépendant de personnes collaborant ensemble en toute bonne foi. »

Quelles en sont les points faibles ? Gardner ne fait pas preuve de réserve : « c’est un travail qui progresse sans arrêt, on aura donc toujours besoin de faire mieux. Tous les aspects doivent être améliorés. »

Tandis que Wikipedia se concentre sur l’amélioration et l’expansion, le site est sous un feu constant de critiques de personnes qui l’accusent de ne pas être objectif, de ne pas être fiable, et de préférer, au cours du processus d’édition, le consensus plutôt que le mérite et les qualifications.

Robert McHenry, auteur et ancien rédacteur en chef de l’encyclopédie Britannica, résume ce qu’il décrit comme l’erreur fatale du modèle Wikipedia :

« L’erreur fatale dans le modèle Wikipedia est qu’un article de l’encyclopédie est pensé comme étant un projet libre, comme ceux qui produisent du logiciel libre, et que comme eux, il sera transformé par des améliorations constantes pour atteindre un idéal. Mais le logiciel est clairement perçu comme étant en développement continu, et est sans arrêt testé avec l’aide de différents critères objectifs. L’article de Wikipédia, quant à lui, est publié et est accessible par tout le monde en l’état, il change pour le meilleur ou pour le pire de temps en temps, et n’est jaugé par aucun standard auquel l’utilisateur puisse se fier. »

Il n’a certainement pas tort, il y a beaucoup d’exemples d’informations fausses, parfois diffamatoires, qui sont par exemple écrites sur des profils biographiques. Ainsi en 2005, John Seigenthaler Sr, assistant du ministre de la justice Robert Kennedy au début des années 60, journaliste reconnu et plus tard éditeur créateur de USA Today, fut la cible de vandalisme sur Wikipedia. Une fausse biographie de Wikipedia l’accusa d’être un suspect du meurtre de Kennedy. Et la notice resta en l’étant pendant 132 jours. Ceci illustre le biais systémique qui fait que les événements contemporains attirent bien plus l’attention (et le manque d’objectivité lié à l’absence de sources et de recul) que les événements plus anciens, et la culture pop bénéficie à ce titre d’une couverture disproportionnée.

Cela ne veut pas dire que les encyclopédies traditionnelles sont dépourvues d’erreurs. Il y a eu une série d’études comparant la fiabilité de Wikipedia avec d’autres encyclopédies (telle que l’enquête réalisée par Nature en 2006 comparant Wikipedia et Britannica), qui ont montré que la fiabilité de Wikipedia est en hausse. L’étude de Nature précitée révèle que les articles scientifiques de Wikipedia s’approchent du niveau d’exactitude de l’encyclopédie Britannica, et avait un taux équivalent « d’erreurs sérieuses ».

Gardner le concède : « En 2001, Wikipedia n’était pas une source d’information riche et complète, c’était très partiel. Mais chaque année et chaque jour, Wikipedia s’améliore. »

Elle décrit un changement d’attidude et de comportement dans le monde académique et les communautés culturelles. L’initiative GLAM (Galleries, Libraries, Archives, Museums) rapproche les utilisateurs de Wikipedia des membres des instituts culturels, y compris le British Museum, dans le but d’une part d’améliorer le contenu culturel de Wikipedia et d’autre part d’offrir aux institutions un espace pour exposer leurs collections.

Un événement à Londres en novembre dernier a réuni les représentants de quelques grands organismes culturels, afin de voir ensemble comment ils pouvaient contribuer davantage à Wikipedia (NdT : Un évènement similaire a également eu lieu en France).

Gardner dit : « c’était vraiment encourageant de voir les gardiens de la culture et du savoir considérer Wikipedia de plus en plus sérieusement. Cela ne serait pas arrivé cinq ans aupravant. »

Parallèlement s’est ouvert un programme de sensibilisation destiné au monde académique dans le but de contribuer à améliorer le contenu. Le Wikipedia Ambassador Program qui a débuté en 2010 implique et accompagne les enseignants qui veulent participer à Wikipedia à travers leurs cours. L’idée est d’agrandir la communauté des éditeurs tout en aidant les enseignants à avoir une utilisation plus aisée de Wikipedia.

Quand on lui demande si Wikipedia pourrait un jour être considéré comme une source crédible dans le monde académique, Gardner dit : « nous ne recommandons pas que les gens utilisent Wikipedia pour faire des citations dans leur travail, de même que nous ne recommandons pas qu’ils utilisent l’encyclopédie Britannica. Le but d’une encyclopédie est d’être un point de départ pour faire de la recherche. Vous pouvez apprendre les bases, et approfondir la lecture de l’article en regardant les références pour trouver et y suivre les sources originales. »

L’argument de la fiabilité, selon Gardner, passe à côté de la « véritable histoire » : l’accès à l’information a augmenté selon une courbe exponentielle. « Pour le lecteur d’information, le monde est radicalement meilleur qu’il ne l’était il y a 10 ans ou 20 ans. »

Quiconque âgé de plus de 20 ans se souvient du temps où, pour trouver des informations sur un obscur politicien, un artiste underground ou la dernière action militaire d’un pays en particulier, il fallait consulter une encyclopédie en 30 volumes, aller à la bibliothèque ou espérer qu’un adulte autour de vous ait la réponse.

Ayant épuisé ces possibilités, on s’était habitué au fait qu’on ne saurait probablement jamais. Ou en tout cas pas avant la sortie de la prochaine édition de l’encyclopédie et, même dans ce cas, sans la certitude que la question y serait traitée.

Aujourd’hui, tout le monde peut avoir un accés instantané et gratuit à la connaisance collective de centaines de milliers de personnes, mise à jour quotidiennement, et même, la plupart du temps, presque en temps réel. Dans ce contexte, le débat sur la fiabilité perd de son importance.

Notes

[1] Crédit photo : Lane Hartwell (Creative Commons By-Sa)




Un excellent reportage de la TSR sur le devenir des dons à Wikipédia

La Télévision suisse romande (TSR) a mis en ligne, à l’occasion des 10 ans de Wikipédia, un excellent reportage au titre bien choisi : « Pour la bonne cause Wikipédia ».

En quelques trois minutes on y explique fort bien l’utilité de soutenir financièrement le projet ainsi que le rôle joué par les associations locales, en l’occurrence Wikimedia CH.

Et puis cela fait aussi du bien de voir qu’il ne s’agit pas uniquement de personnes derrière leur ordinateur, avec cette jolie petite histoire de photographes de hockey.

—> La vidéo au format webm

URL d’origine du document

PS : J’ai retrouvé la page en question illustrant l’équipe de hockey de Bâle. Quant au l’ancien maire de Genève, il y a sa page Wikipédia, quand bien même celle-ci ne serait encore qu’une ébauche 😉




L’accueil, le Sud et la défense d’Internet : des défis majeurs à venir pour Wikipédia

Enokson - CC byL’extraordinaire encyclopédie libre Wikipédia a 10 ans et c’est naturellement l’occasion de faire des bilans.

Nous avons préféré ici nous projeter dans l’avenir en compagnie de Sue Gardner, à la tête de la Wikimedia Foundation depuis 2007 (dont Jimbo Wales en personne nous dit que le recrutement fut certainement « l’une des meilleures décisions que nous ayons jamais prise au cours de cette première décennie »).

L’accueil[1] et la diversification de nouveaux éditeurs, l’ouverture au monde et tout particulièrement vers « le Sud » et son utilisation croissante des terminaux mobiles, mais aussi l’inquiétude (ô combien partagée) de l’émergence de lois potentiellement liberticides pour Internet et de ce que pourrait faire ensemble les Wikipédiens pour le défendre, sont quelques uns des thèmes abordés ici.

Rendre Wikipédia plus accueillant : un véritable défi

The battle to make Wikipedia more welcoming

Olivia Solon – 10 janvier 2011 – Wired.co.uk
(Traduction Framalang : Olivier Rosseler, Martin et Goofy)

L’un des défis majeurs pour Wikipedia est d’étendre sa base de collaborateurs. Ce ne sont pas les volontaires qui manquent, le problème vient plutôt de l’accueil pas très chaleureux qui est réservé aux novices. Sue Gardner, directrice exécutive de la fondation Wikimédia, annonce des mesures pour y remédier, dans une interview donnée à Wired.co.uk.

Le profil du contributeur de Wikipédia moyen, pour sa version anglaise est le suivant : homme (88%), jeune (pas encore tout à fait trentenaire), féru de technique, disposant d’une bonne éducation et qui habite dans l’hémisphère nord. Pour cette raison, les centres d’intérêt de l’encyclopédie tournent plus autour de l’informatique, de l’astronomie ou de la culture populaire qu’autour de l’agriculture, de l’art au moyen-âge ou de la linguistique, par exemple.

Afin de corriger ce déséquilibre, et pour élargir sa base de contributeurs et la rendre plus représentative de la population mondiale, Wikipédia est sur le point de lancer une campagne d’accompagnement des novices pour leurs 100 premières éditions. Cela implique de se pencher sur l’ergonomie du site, mais il s’agit surtout de s’assurer que les contributeurs chevronnés se montrent plus accueillants pour les nouveaux éditeurs.

Sue Gardner, directrice générale (NdT : Executive Director) de la fondation Wikimedia, se confie à Wired.co.uk : « Les Wikipédiens ne se montrent pas toujours très compréhensifs avec les nouveaux arrivants qui ne maîtrisent pas encore tout à fait l’outil et les règles. On parle beaucoup de « septembre sans fin » (NdT : endless September) – un terme inventé par Dave Fisher pour décrire le débarquement annuel d’étudiants qui se créaient leur premier adresse mail aux débuts d’Internet – et lorsque je suis entrée chez Wikimédia, l’idée de recruter de nouveaux contributeurs rencontrait énormément de résistance. »

« Les contributeurs de Wikipédia veulent que l’encyclopédie soit de très bonne qualité, et ils ne voient donc pas forcément d’un bon œil l’arrivée de personnes qui n’en connaissent pas les valeurs et les processus de publication. Il n’y avait pas une bonne perception de ce que pouvaient apporter de nouveaux éditeurs. »

Les contributeurs mystérieux

Après deux ans de discussions internes, les choses sont en train de changer. Une évolution majeure a été réalisée quand des contributeurs expérimentés ont mené une expérience en se faisant passer pour des contributeurs anonymes pour voir comment leurs modifications étaient reçues. Ils ont pu constater qu’elles avaient été annulées ou supprimées même si leurs contributions étaient d’aussi bonne qualité que celles faites en leur nom. On ne prenait même, en général, pas la peine de leur expliquer pourquoi elles étaient effacées.


Gardner ajoute : « je pense que maintenant nous comprenons le problème, mais il nous reste à évaluer notre gestion des 100 premières contributions, qui sont si cruciales. ».

Ils projettent de modifier l’interface, pour la rendre plus accueillante, avec plus de messages encourageants. Contrairement à d’autres sites où le contenu est généré par les utilisateurs, Wikipédia a toujours évité de contacter ses utilisateurs par e-mail. Mais envoyer des messages comme « Untel a apporté des modifications à l’article que vous avez rédigé » ou « Vous avez édité cet article, peut-être voudriez-vous également éditer celui-ci » renforcerait peut-être l’adhésion au site des nouveaux utilisateurs.

Mais au-delà des modifications de l’interface, la communauté tente d’inciter ses contributeurs actifs à être plus accueillants. Le but est de les encourager à adopter le même comportement avec les anciens qu’avec les novices.

« On ne peut pas vous assurer de ne pas rencontrer de méchanceté sur Wikipédia, mais il nous faut encourager les discussions constructives, » nous dit Gardner.

L’un des plus gros défis de Wikimédia est d’encourager les contributions du « Sud » (au sens économique). Fruit d’une année de discussions collaboratives, la stratégie établie est de mettre l’accent sur les pays moins développés économiquement.

Actuellement, la version anglaise de Wikipédia compte le plus grand nombre d’articles (plus de 3 500 000), viennent ensuite la version allemande, puis la version française, avec plus d’un million d’articles chacune. On dénombre quasiment 300 versions de Wikipédia dans d’autres langues, qui affichent entre un et 750 000 articles. Il y a environ 67 000 articles en Hindi, 55 000 en Urdu et 21 000 en Swahili, par exemple.

2011 verra l’ouverture du premier bureau hors des États-Unis, en Inde. Ce sera la première initiative de « plusieurs tentatives d’incursion dans des parties du monde où les contributeurs et les utilisateurs potentiels sont nombreux, mais ces possibilités sont encore bridées » d’après Gardner. L’amérique latine et les pays arabophones sont les prochains sur la liste.

Wikipédia souhaite recruter de nouveaux éditeurs, mieux faire connaître ses besoins, faciliter techniquement l’édition et accélérer le site. L’idée est d’éviter que Wikipédia ne soit une encyclopédie rédigée par des gens uniquement dans les pays riches.

Pour corriger ce déséquilibre géographique, il faudra travailler sur l’énorme barrière que représente l’interface pour mobiles. Dans les pays en voie de développement, la majorité des personnes accède au Web grâce à leur mobile. Même si Wikipédia est optimisée pour être lue sur un téléphone portable, contribuer à l’encyclopédie à partir d’un mobile reste très difficile. Il y a bien une éditrice de la version indonésienne de Wikipédia qui y parvient grâce à un clavier externe connecté à son téléphone, mais « ça à l’air extrêmement laborieux », d’après Gardner.

Elle s’interroge : « La question préalable demeure : est-il possible de créer une interface d’édition ergonomique sur téléphone portable ? »

Une autre menace se fait de plus en plus sentir : l’instabilité des lois. Actuellement, aux États-Unis, Wikipédia est protégée des poursuites si un contributeur met en ligne quelque chose de diffamatoire par le Communications Decency Act. Sans ce régime de responsabilité favorable, il serait presque impossible pour Wikipédia de maintenir son modèle d’encyclopédie rédigée par les utilisateurs.

Gardner dit : « Nous devons sans cesse nous faire entendre pour définir ce qu’Internet doit être à nos yeux. Dans les premières années, le pouvoir législatif s’est contenté d’observer son développement, mais maintenant il veut de plus en plus avoir son mot à dire. »

Elle se dit inquiète des interventions de plus en plus fréquentes des gouvernements qui censurent le Web à l’échelle nationale, comme l’Australie qui a mis en place une liste noire des sites interdits à ses concitoyens ou encore comme le Royaume-Uni, en la personne de Ed Vaizey, qui demande aux fournisseurs d’accès de se montrer plus stricts sur le pornographie pour combattre l’exposition trop précoce des enfants au sexe (NdT : Elle aurait également pu citer la France avec sa loi LOPPSI 2 !).

« Au début, on pensait qu’Internet ne connaîtrait pas de frontières. Mais on se rend de plus en plus compte que d’un pays à l’autre, la manière de l’utiliser diffère fortement. J’aimerais vraiment que les Wikipédiens aient voix au chapitre sur ce point ». Elle cite l’expérience d’eBay Main Street Initiative, le volet « local » du site d’e-commerce qui informe les vendeurs des projets législatifs qui pourraient les concerner, comme modèle à imiter. Ils encouragent ainsi les vendeurs sur eBay à faire pression sur le gouvernement lorsque leurs intérêts sont menacés. Ils les incitent à écrire des lettres, à envoyer des e-mails ou encore à appeler leurs élus lors des débats importants.

« J’aimerais que les Wikipédiens s’engagent de cette manière afin d’influencer le développement d’Internet. » ajoute-t-elle.

À quoi donc ressemblera Wikipédia dans 10 ans ? « J’aimerais qu’elle soit plus complète, qu’elle soit plus dense. La version anglaise est vraiment impressionnante, mais la variété de son contenu réflète malheureusement la catégorie sociale prédominante des éditeurs. J’aimerais au contraire que, pour toutes les langues, le contenu bénéficie des connaissances et du savoir de toute la population. »

Notes

[1] Crédit photo : Enokson (Creative Commons By)




Wikipédia fête ses 10 ans !

C’est fou ça, demain 15 janvier 2011 « le plus beau projet du XXIe siècle » fête ses dix ans d’existence ! C’est si loin et si proche en même temps…

Wikipédia ne manque jamais de reconnaître ce qu’il doit au logiciel libre. Aujourd’hui la réciproque est tout aussi vraie.

Quant à nous, nous avons modestement mis à contribution nos traducteurs de Framalang pour sous-titrer ci-dessous l’annonce de son fondateur Jimbo Wales.

Bon anniversaire et grand merci, et plutôt dix fois qu’une !

—> La vidéo au format ogv
—> Le fichier de sous-titres

Transcript du sous-titrage

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Bonjour. Je m’appelle Jimmy Wales, je suis le fondateur de Wikipédia, et aujourd’hui, nous célébrons le dixième anniversaire de Wikipédia.

Difficile d’imaginer que cela fait déjà dix ans que j’ai lancé ce projet.

Je me rappelle le premier jour : j’ai cliqué sur « Modifier » et écrit « Bonjour le monde », et c’était le début de Wikipédia et de tout ce qui a suivi.

Désormais, nous avons des millions d’articles dans des centaines de langues. Environ 400 millions de personnes visitent le site chaque mois et c’est quelque chose de tout simplement stupéfiant. Si vous songez à l’impact sur notre culture, c’est renversant… et c’est entièrement grâce à vous.

Je veux remercier tous ceux qui ont aidé. Je veux remercier ceux qui ont édité Wikipédia, contribuant à cette formidable base de connaissances. Je veux remercier tous ceux qui consultent Wikipédia, qui se soucient des idées et de la connaissance.

Nous l’avons créée pour ça. Pour que vous l’utilisiez.

J’ai une petite requête à adresser à chacun de vous. Même si nous avons des millions d’articles, même si nous existons dans des centaines de langues, il reste beaucoup de travail à accomplir. C’est pourquoi j’aimerais que ceux qui n’y ont jamais contribué essayent. Cliquez sur « Modifier ». Vous voyez des erreurs ? Corrigez-les. Rien ne nous fait plus plaisir.

Et donc… Bon anniversaire Wikipédia.

Wikipédia : 10 années de partage de la somme de nos connaissances.




Quand les musées anglais adorent Wikipédia !

Britain Loves WikipediaD’un côté vous avez le « copyright » qui fait semble-t-il perdre la tête de certains musées lorsque l’on en vient à interdire à un enfant de dessiner une œuvre ou lorsque l’on menace d’une action en justice un contributeur bénévole de Wikipédia souhaitant enrichir l’encyclopédie avec des reproductions de peintures du domaine public.

De l’autre côté vous avez le « copyleft », qui pousse les gens à se rencontrer pour faire de belles balades dans le but d’améliorer l’iconographie photographique de leur ville dans Wikipédia.

Gardons l’état d’esprit du second pour pénétrer dans le premier et vous obtenez l’opération « Britain Loves Wikipedia » dont nous partageons l’enthousiasme de Glyn Moody sur son blog.

Et ce n’est rien moins que le prestigieux Victoria and Albert Museum qui inaugure l’évènement.

Je me prends à rêver de manifestations similaires en France où l’enseignant que je suis pourrait emmener ses élèves découvrir des musées tout en les sensibilisant à ce bien commun qu’est Wikipédia…

La Grande-Bretagne adore Wikipédia. Pas trop tôt…

Britain Loves Wikipedia – And About Time, Too

Glyn Moody – 1 février 2010 – Open…
(Traduction Framalang ; Don Rico)

L’un des rôles majeurs des musées est de participer à l’éducation en permettant au public de découvrir et d’étudier les chefs d’œuvres que recèlent leurs collections. Il pourrait donc paraître logique que ces institutions ne demanderaient qu’à voir des photographies de ces œuvres exposées dans la plus grande galerie en ligne au monde, Wikipédia. Pourtant, cette idée rencontre une certaine résistance çà et là, en raison, vous l’aurez deviné, d’une crispation maladive concernant le « copyright ».

C’est inepte à deux titres : d’une part, il s’agit d’œuvres anciennes, aussi l’idée que leur image devrait être protégée par le copyright est aberrante; d’autre part elle est contradictoire, car ce serait empêcher les visiteurs potentiels de savoir ce que proposent les musées, ce qui va à l’encontre de leurs intérêts.

Face à cette situation regrettable, je ne peux évidemment qu’applaudir cette initiative :

« Britain Loves Wikipedia » (La Grande-Bretagne adore Wikipédia) est une compétition et une série d’évènements qui se tiendra pendant un mois dans les musées partenaires à partir du 31 janvier 2010. La compétition, ouverte aux participants de tous âges, tous milieux et toutes origines, encourage le public à photographier les trésors de nos musées d’art et les incite à prendre une part active dans l’archivage numérique des collections nationales. Toutes les photographies qui entreront en lice pour la compétition « Britain Loves Wikipedia » seront mises à disposition sous licence libre sur le site Wikimedia Commons et pourront alors servir à illustrer les articles de Wikipédia.

Quel dommage que cette initiative ne soit pas systématique partout dans le monde.




Agenda 2010 Wikimédia ou comment rendre original un cadeau banal

Agenda 2010 WikimédiaC’est bientôt la Noël et ses rituels spirituels et consuméristes. Et comme chaque année, la question existentielle suivante : Mais que vais-je donc bien pouvoir offrir à Tata Jeanine ?

Et que se passe-t-il si vous êtes à court d’idées, de temps et d’imagination ? Vous allez immanquablement penser à… un agenda (il ne reste plus que cette option puisque Tata Jeanine n’aime pas le chocolat).

Or cela tombe bien puisque c’est exactement le cadeau que nous allons nous aussi vous suggérer ! Sauf que cet agenda-là possède selon nous un petit supplément d’âme puisqu’il est proposé par Wikimédia France en partenariat avec l’éditeur InLibroVeritas (sous double licence libre Creative Commons By-Sa et Art Libre).

Donc, chère Tata, tu auras l’impression qu’une fois de plus je ne me suis pas foulé, mais détrompe-toi car tu tiendras entre les mains bien plus qu’un simple calendrier illustré et légendé, aussi beau soit-il (ce qui est d’ailleurs le cas). Tu tiendras entre les mains une infime mais lumineuse parcelle de ce libre accès à la connaissance souhaité et rendu possible par les projets Wikimedia (l’occasion du reste de nous rendre compte ensemble que Wikimedia ne se résume pas à l’encyclopédie Wikipédia).

L’agenda 2010 Wikimédia se présente au format A4 sous un format hebdomadaire (une page par semaine avec notation de rendez-vous sur la page de droite, une photo dûment sélectionnée sur la page de gauche). Vous pouvez le consulter en ligne et bien entendu l’acheter chez InLibroVeritas au prix de 25€.

Vous trouverez ci-dessous copie de la préface rédigée par Adrienne Alix, la présidente de l’association Wikimédia France qui, dernier argument, touchera l’intégralité des bénéfices de la vente.

PS : On peut voir l’intégralité des photos de l’agenda (et même un peu plus) sur cette page de l’espace personnel d’Adrienne sur Wikimedia Commons[1].

Agenda 2010 Wikimédia

Préface

« Wikipédia » : pour vous ce mot évoque internet, culture, diffusion du savoir. Saviez-vous qu’à côté de Wikipédia se développent des projets liés, complémentaires et dynamiques ?

Ce que Wikipédia est à la connaissance encyclopédique, Wikimedia Commons l’est aux contenus multimédias, Wikisource aux textes anciens, Wikiquote aux citations : des projets de diffusion libre et massive de connaissances.

Tous ces projets, et d’autres encore, font partie du mouvement Wikimédia. Ils sont hébergés par la Wikimedia Foundation, une association à but non lucratif. Ils fonctionnent, comme Wikipédia, sur un mode collaboratif : chaque internaute est invité à apporter selon ses capacités sa pierre à la diffusion du savoir.

Aujourd’hui, l’association Wikimédia France, association pour le libre partage de la connaissance, a voulu mettre en valeur le fabuleux contenu de ces projets. Et comment mieux valoriser ces projets qu’en montrant leurs contenus ? C’est la raison d’être de cet agenda.

Nous voulons vous montrer, grâce à un bel objet qui vous accompagnera toute l’année, la richesse culturelle des projets Wikimédia.

En illustrant cet agenda avec des photos tirées de Wikimedia Commons, vous découvrirez que cette médiathèque libre, contenant plus de 5 millions de fichiers rassemble des photos de monuments, d’animaux, de splendeurs de la nature ; mais aussi des cartes, des gravures, des tableaux. Sans compter les documents diffusés sous licences libres par de grandes institutions : NASA, Archives fédérales allemandes, qui ont choisi de libérer leurs contenus.

Les photos que nous avons choisies pour cet agenda ont pour objectif de montrer la richesse de Wikimedia Commons et de vous inciter à la fois à vous servir de cette base incroyablement riche pour vos besoins personnels ou professionnels (exposés, présentations, livres, journalisme etc.) ; mais aussi à contribuer à son enrichissement : vous aussi, vous pouvez choisir de placer vos photos sous licence libre et de les offrir à la diffusion sur Wikimedia Commons.

Pour accompagner ces belles photos, nous avons choisi quelques mots. Parfois un extrait d’article de Wikipédia, qui vous incitera à aller en savoir plus sur l’encyclopédie ; ou un extrait de texte tiré d’un livre de Wikisource, la bibliothèque numérique de textes libres de droits ; voire une citation extraite de Wikiquote, projet dédié à la collecte de citations.

Par l’achat de cet agenda, vous soutiendrez concrêtement et financièrement ces projets pour qu’ils continuent à vivre et à nourrir notre vie culturelle. Les projets Wikimédia ne vivent que par les dons de ceux qui les soutiennent. Merci de tout cœur.

Nous vous souhaitons de passer une belle année 2010 avec les projets Wikimédia. Notre ambition est de vous faire découvrir leurs richesses, et pourquoi pas de vous inciter à y participer.

Adrienne Charmet-Alix
Présidente de Wikimédia France – association pour le libre partage de la connaissance

Vous trouverez à la fin de l’agenda une présentation plus complète des projets ainsi que les adresses internet des sites et des contenus utilisés pour la réalisation de cet agenda.

Commander l’agenda 2010 Wikimédia

Agenda 2010 Wikimédia

Notes

[1] Crédit photos : Paulrudd (Creative Commons By-Sa) et Irving Underhill agenda ariège (Domaine public)




La libération du savoir est un travail de fourmis

AntWeb - CC by-saUn peu de storytelling aujourd’hui sur le Framablog, avec cette histoire de fourmis qui n’avaient pas d’images dans Wikipédia.

Nous le savons, l’encyclopédie libre est très certainement l’une des plus belles aventures humaines jamais imaginées.

Mais son influence est telle qu’elle a aujourd’hui également la capacité d’influencer directement ou indirectement la politique de licences des contenus produits par les organismes publics, universités en tête[1].

AntWeb passe sous licence Creative Commons BY-SA

AntWeb goes CC-BY-SA

Waldir Pimenta – 6 novembre 2009 – All The Modern Things
(Traduction Framalang : Poupoul2)

Saviez vous que l’insecte le plus venimeux au monde est une fourmi ? En effet, une piqûre de la fourmi Maricopa Harvester équivaut à douze piqures d’abeilles, ce qu’il faut pour tuer un rat de plus de deux kilos.

J’ai découvert cela il y a plus d’un an dans le livre des insectes de l’Université de Floride. Je me suis immédiatement tourné vers Wikipedia pour savoir ce qu’on en disait, mais à ma grande surprise, aucun article n’existait. J’en ai donc commencé un à partir d’un page blanche, en utilisant des informations glanées sur plusieurs sites consacrés aux fourmis. Finalement, les gens ont commencé à enrichir l’article, jusqu’à ce qu’il contienne une somme d’informations de bonne qualité à propos de cette espèce fascinante. Mais il y manquait toujours quelque chose, qui à lui seul pouvait rendre l’article dix fois meilleur : Une image.

Ainsi, en cherchant des images afin d’illustrer cet article, j’ai découvert les fantastiques images d’AntWeb, un projet de l’Académie des Sciences de Californie, qui a pour objectif d’illustrer l’énorme diversité des fourmis dans le monde. J’étais particulièrement heureux qu’ils utilisent une licence Creative Commons, mais j’ai rapidement déchanté en constatant que celle qu’ils utilisaient (la licence Creative Commons BY-NC) n’était pas appropriée pour Wikipédia, ou plus généralement pour ce que les Creative Commons appellent elles-mêmes les « œuvres culturelles libres » (Ndt : voir à ce sujet ce billet du Framablog).

Je leur ai donc envoyé un courriel, suggérant de changer la licence. Lorsqu’ils m’ont répondu, j’ai découvert qu’en fait, des discussions internes à propos de la licence étaient déjà en cours. Je suis resté en contact avec eux, et me suis assuré de leur parler des avantages de voir leurs travaux placés dans des vitrines telles que Wikipédia, Commons ou Wikispecies.

J’aime à penser que ma modeste intervention a participé à leur prise de décision, quelque temps plus tard, non seulement de changer de licence pour une Creative Commons BY-SA, mais également de téléverser leurs images dans Commons eux-mêmes. Il s’agissait d’une partie de leur mission globale : « L’accès universel aux informations sur les fourmis ». Auparavant, le projet AntWeb, se concentrait sur la numérisation de contenus et le développement d’un portail web : ils ont désormais décidé d’exporter le contenu d’AntWeb pour en améliorer l’accès. Mettre les images et les méta-données associées dans Commons fut un exemple en matière d’organisation.

Cette initiative a été saluée par la communauté, et il y a eu de nombreuses contributions à ce massif téléversement, afin de rendre les images plus faciles à trouver et à utiliser pour illustrer des articles, et autres pages pertinentes. Le processus a pris plusieurs jours, mais au final ce sont pas moins de 30 000 images qui auront été téléversées, intégralement associées à leurs données EXIF, mais également aux informations taxonomiques et géographiques, chaque fois qu’elles étaient disponibles.

Tout ceci n’est pourtant quelque part qu’une première pierre. Puisque, comme d’habitude dans le monde des wikis, vous pouvez contribuer. Il existe des articles à illustrer dans toutes les langues de Wikipedia (l’outil de recherche d’images libres FIST de Magnus arrive à point nommé pour cela). Il y a des pages à illustrer sur Wikispecies. Il y a des catégories à créer dans Commons, afin de faciliter la navigation dans l’arbre des catégories des fourmis et d’y rendre chaque image de fourmi accessible. Et plus important, il y a cette nouvelle fantastique à diffuser, afin de faire savoir à tous ceux qui sont intéressés par les fourmis qu’ils peuvent désormais compter sur ce qui est sans doute la plus importante ressource en ligne d’images de fourmis, toutes de grandes qualité.

Un grand merci à Brian Fisher, chef de projet AntWeb, qui a coordonné le processus de changement de licence, Dave Thau, ingénieur logiciel AntWeb, qui a écrit le script de téléversement et réalisé cette opération, et à toute l’équipe d’AntWeb pour leur formidable travail.

Notes

[1] Crédit photo : AntWeb (Creative Commons By-Sa)




WikiReader, un futur cas d’école ?

WikiReaderL’élève : Monsieur, je peux utiliser mon WikiReader en cours ?

Le professeur : Ton quoi ? Qu’est-ce que c’est que ce nouveau gadget encore !

L’élève : C’est génial, c’est tout Wikipédia dans un petit lecteur à écran tactile ! Même pas besoin d’être connecté à Internet, l’intégralité est enregistré dans un carte mémoire à mettre à jour quand on le souhaite. Pas besoin de fil non plus avec ses piles qui tiennent un an.

Le professeur : Vraiment ! Et comment ça marche concrètement ton truc ?

L’élève : C’est super simple d’utilisation. Il n’y a que trois boutons. J’ai une question sur un sujet donné, je clique sur « Rechercher » et il m’affiche sur l’écran l’article correspondant de l’encyclopédie libre. Enfin si l’article existe évidemment, mais je crois qu’il y a presque un million de pages dans la version francophone désormais. Après je fais défiler l’article avec mes doigts comme sur un iPhone, c’est trop classe ! Et le programme qui fait tourner la machine, c’est du logiciel libre et ça c’est encore plus classe !

Le professeur : Certes… Et les deux autres boutons ?

L’élève : Il garde trace de toutes mes anciennes recherches dans « Historique ». Et en cliquant sur « Au hasard », je peux découvrir de nouvelles choses, puisqu’on me propose alors un article aléatoire de l’encyclopédie.

Le professeur : Hum, et pourquoi veux-tu t’en servir en cours ?

WikiReaderL’élève : Ben, parce que des fois vous éveillez ma curiosité qui me donne tout de suite envie d’en savoir plus, ou bien alors j’ai besoin de retrouver un truc ponctuel et précis (une date, une définition, une formule scientifique, etc.). Vous savez comme moi que le retenir par coeur, c’est pas mon fort ! J’ai une phénoménale capacité d’oubli, que vous avez encore dit à mes parents la semaine dernière ! Bien sûr, je peux sagement lever le doigt et vous le demander directement, mais si c’est une chose que je devrais savoir et que j’ai oubliée, je vais pas oser vous déranger pour ça. Je peux aussi demander à mon voisin, mais il ne sais pas forcément, et puis ça peut perturber le cours…

Le professeur : Oui, enfin, la perturbation elle peut venir aussi directement de ton machin. Cela peut te déconcentrer, d’ailleurs rien ne me permet de savoir que tu es bien en train de faire une recherche dans le contexte de la leçon, surtout avec cette tentation du « Au hasard ». Et puis ça peut faire des jaloux si tu es le seul à en posséder et à l’utiliser en classe.

L’élève : Oui c’est vrai. Mais ça coûte vraiment pas cher. Enfin, tout est relatif je suis d’accord… Et pourquoi l’école n’en offrirait pas à ceux qui n’en ont pas les moyens ? Il suffit d’en acheter un une fois et ça sert pour toute la scolarité. En plus si on n’a pas de connexion à la maison c’est pas un problème, il suffira d’aller au centre de documentation pour actualiser notre carte.

Le professeur : D’accord, d’accord… Mais il reste la question de Wikipédia en tant que telle. Tu sais ce que je pense de l’encyclopédie…

L’élève : Oui Monsieur, vous nous avez dit que Wikipédia c’était souvent un excellent point de départ mais ça ne doit pas rester notre unique source de référence (surtout si c’est pour y faire bêtement du copier/coller !), qu’il fallait parcourir les liens proposés par un article pour aller plus loin. Et là, c’est vrai qu’on ne peut pas faire des sauts de puce ailleurs que dans l’encyclopédie même puisqu’on n’est pas sur Internet. Mais si c’est pour retrouver tout de suite la date de naissance de Victor Hugo ou la composition chimique de l’air, c’est suffisant non ?

Le professeur : Mais ça n’est pas tout…

WikiReaderL’élève : Je sais, je sais. Vous nous avez dit aussi que comme tout le monde peut écrire des articles, il y avait parfois de grosses bêtises momentanément présentes dessus, quand bien même ça a tendance à s’améliorer tout le temps. Il ne faut surtout pas lui faire une confiance aveugle, recouper avec plusieurs autres sources d’information. D’ailleurs, une autre source d’information ça peut être… vous !

Le professeur : Spirituel avec ça !

L’élève : C’est que je n’oublie pas que malgré tout votre topo sur les précautions d’usage, vous nous avez aussi expliqué pourquoi selon vous Wikipédia était l’un des plus beaux projets collectifs que l’homme ait jamais créé…

Le professeur : J’ai dit ça moi ?

L’élève : Eh oui, certainement un moment de faiblesse ou d’égarement !

Le professeur : Bon, écoute, prête-moi ton bidule. Je vais regarder ça de plus près, des fois que cela susciterait en moi quelques idées pédagogiques. Je compte également en parler aux collègues ainsi qu’à notre direction et je te fais une réponse dans quelques jours, ça te va ?

L’élève : D’accord Monsieur, mais n’oubliez pas de me le rendre !