Se lancer dans l’open source : un témoignage engageant

Comment participer à des projets open source et s’y sentir légitime ? La réponse habituelle un peu désinvolte consiste à dire : « il suffit de commencer à proposer ne serait-ce qu’un signalement de bug ou une correction mineure dans la documentation et hop ». En commençant par une contribution minime, on peut donc trouver sa place dans une équipe. Théoriquement, c’est exact.

Mais quand on est une jeune femme à peine sortie de ses études d’informatique et qu’on éprouve un peu d’appréhension au contact des contributeurs supposés expérimentés, rien n’est tout à fait simple.

Comme on le lira dans le témoignage de Shubheksha, il faut non seulement parvenir à surmonter son manque de confiance en soi, mais aussi avoir la chance de rencontrer sur son chemin des mentors qui vous accueillent avec bienveillance, vous guident et vous invitent à contribuer davantage encore.

Le parcours cahoteux d’une débutante dans le monde de l’open source

Article original paru dans Medium : A Beginner’s Very Bumpy Journey Through The World of Open Source

Par Shubheksha

Traduction :  Lyn, audionuma, goofy, Lumibd, Manguito,et un anonyme

shubhekshaAvez-vous atterri ici en recherchant des conseils sur la meilleure manière de contribuer à l’open source ? Il y a des milliers d’histoires de ce genre sur Internet, n’est-ce pas ?
Je suis sûre que vous en avez lu beaucoup à présent, car vous essayez de contribuer depuis un bon moment. Et vous avez toujours l’impression de ne pas avoir progressé.
Je connais ce sentiment. J’étais exactement dans la même situation il y a quelques semaines. Laissez-moi vous conter mon histoire.

Voilà à peu près deux ans que j’essaie de contribuer à l’open source.

Oui. Deux ans.

Et il y a bien une chose que je peux affirmer : c’est intimidant. C’est dur de commencer. Vous devez apprendre comment travailler sur un long code source. Vous devez apprendre et adopter les règles de style de code d’un projet.

Tout paraît confus. L’ordre des instructions, comment les différents modules interagissent entre eux, comment et pourquoi le code est organisé de la manière dont il l’est : tout cela constitue un grand labyrinthe.

Je ressens cela en permanence car je ne suis, après tout, qu’une amatrice qui essaie d’en apprendre autant qu’elle le peut.

J’ai donc choisi de suivre la voie la plus facile : la correction de fautes dans la documentation ou les commentaires, et la résolution de bugs triviaux où il était évident de trouver ce qui devait être modifié. Je ne voulais pas poser trop de questions ni essayer de comprendre l’ensemble du code.

Chaque fois que je voulais contribuer, j’allais sur github — ou un autre gestionnaire de bugs – et j’essayais de rechercher des problèmes étiquetés « facile », « débutant », « premier bug facile ». Après en avoir consulté des centaines, je trouvais quelque chose de suffisamment simple à traiter sans beaucoup d’aide extérieure.

Alors, cela a bien fonctionné jusqu’au moment où j’ai pris conscience que je pourrais mieux utiliser les compétences que j’étais en train de développer. J’avais appris tant de nouvelles choses, mais je ne voyais pas à quoi j’aurais pu les utiliser. Apprendre sans mettre en application, c’est bien peu gratifiant. J’étais bloquée sur un palier et je n’avançais plus du tout.

Alors, il est arrivé quelque chose qui m’a terriblement effrayée en tant que nouvelle contributrice qui essaie de naviguer dans le monde de l’open source. J’avais trouvé un bug qui avait l’air assez facile dans un grand projet renommé.

J’ai pensé qu’il valait mieux demander quelques éclaircissements avant de procéder à la moindre modification car je craignais de tout bousiller. J’ai donc envoyé un commentaire indiquant que j’étais une nouvelle contributrice, et demandant quelle serait la meilleure manière de modifier un bout de texte pour corriger le bug.

La réponse que je reçus fut :

« Si tu n’arrives pas à déterminer comment effectuer cette modification, c’est que tu n’es pas qualifiée pour effectuer cette modification. »

Cette réponse me laissa complètement décontenancée, et m’effraya davantage encore à l’idée de poser des questions lorsque je ne comprenais pas quelque chose à propos d’un projet.

Peut-être étais-je indésirable parce que je n’en savais pas assez ? Peut-être devais-je travailler davantage pour acquérir des compétences au lieu de poser des questions stupides et maladroites à des personnes expérimentées beaucoup trop occupées pour me répondre ?

C’est aussi à cette époque que ma recherche d’un mentor a commencé. J’ai pensé que si je connaissais quelqu’un avec qui je serais plus à l’aise pour poser des questions, les choses se passeraient bien et je pourrais me rendre plus utile.

J’ai donc écrit à de nombreuses personnes en leur demandant de m’aider à débuter, vu que je me sentais particulièrement intimidée par mes précédentes expériences. J’ai reçu beaucoup de réponses positives, pleines d’encouragements, mais je n’ai jamais exactement trouvé ce que je cherchais.

J’avais l’impression de buter contre un environnement clos dans le monde ouvert de l’open source.

Tout semblait suggérer que je n’avais qu’à m’y mettre et à ne pas avoir peur. Mais je n’étais pas prête à ce moment là.

Moi, fuyant le monde du logiciel open source

Ma découverte de Mozilla

Par une belle soirée, alors que je cherchais des bugs à corriger, j’ai atterri sur le projet de Mozilla qui vous aide à tester des extensions web. J’étais contente de voir qu’il y avait quelques problèmes étiquetés comme « premier bug facile » mais aucun d’entre eux n’était aussi simple que de corriger une petite coquille.

Bon sang, j’en suis tellement heureuse maintenant.

J’ai commencé à travailler sur l’un de ces bugs, mais j’ai vite compris qu’il me faudrait poser des questions si je voulais être capable de résoudre le problème. J’ai parcouru le code source. Après avoir compris les grandes lignes du problème, j’ai demandé plus d’informations. et voila ! J’ai été capable de résoudre le problème une fois que j’ai eu tous les détails nécessaires.

Maintenant que j’ai soumis trois pull requests [NDT : demandes de modification du code source] (l’une a été acceptée, les deux autres sont en passe de l’être), je suis heureuse d’avoir franchi le pas. Je suis contente de ne pas avoir hésité à poser des questions pertinentes, même si je risquais parfois d’avoir l’air de poser des questions stupides.

Ce n’est pas un problème de ne pas tout savoir et de progresser par étapes pour apprendre quelque chose de nouveau.

Les gens de Mozilla qui encadrent ces corrections m’ont beaucoup aidée et ont toujours été très positifs. Ils m’ont guidée du début à la fin, prenant le temps de m’expliquer les choses de façon à la fois simple et très détaillée. Et cela malgré le fait qu’ils n’auraient mis que quelques heures à corriger ces problèmes eux-mêmes au lieu de prendre le temps de me guider vers une solution de mon cru, dont la conception m’a pris plusieurs jours.

J’ai appris et découvert énormément de choses juste en travaillant sur ces trois problèmes basiques. Et je suis vraiment excitée à l’idée de travailler sur des problèmes encore plus difficiles et d’augmenter ma compréhension de ce sujet et mes connaissances.

l'insatiable vieux dino de Mozilla se goinfre de bugs
l’insatiable vieux dino de Mozilla se goinfre de bugs

Je ne peux pas les remercier assez pour cette expérience tellement positive et enrichissante, qui m’amène à installer Firefox localement et à parcourir les bugs sur Bugzilla un jour sur deux (je garde mes questions sur « Pourquoi » et « Comment » pour un billet plus long).

Je prévois de contribuer à Mozilla aussi régulièrement que possible. À chaque fois que j’ai posé une question pertinente, que ce soit sur IRC, Github ou Bugzilla, j’ai reçu des réponses très aimables.
Jusqu’à aujourd’hui, j’ai résolu trois problèmes dans web-ext, et j’ai eu un correctif accepté et intégré dans Firefox.

Mes contributions ont été remarquées par la communauté, et j’ai aussi été nommée dans le « Addons Contribution Recognition document » [NdT : la liste des contributeurs aux extensions de Mozilla].

En définitive, mes expériences de ces dernières semaines ont été vraiment merveilleuses. J’ai appris tellement de choses, petites et grandes, qu’aucun manuel de programmation n’aurait pu m’apprendre.
Voici mes conseils pour les développeurs débutants qui veulent contribuer à un projet open source :

Conseil n°1 : n’ayez pas peur de poser des questions

Je ne saurais trop insister sur ce point. J’ai perdu beaucoup de temps parce que je ne cessais de me censurer, et c’était ma plus importante inhibition.

Tout le monde a peur de paraître stupide. Mais ne laissez pas cette peur paralysante devenir une entrave à votre progression.

Il est normal de demander si vous ne comprenez pas quelque chose qui est en rapport avec le projet. Les développeurs du projet sont devenus des experts au fil des années. Ils peuvent vous aider très rapidement. Sinon vous risquez de perdre des heures le nez dans le code source à essayer de deviner quelque chose que vous n’êtes même pas censés savoir au départ.

Mais quand vous demandez des informations, vérifiez si elles ne sont pas déjà disponibles dans une documentation ou une recherche Google. Ainsi, vous prendrez garde à respecter le temps libre des développeurs du projet.

Conseil n°2 : c’est normal d’avoir des lacunes

On ne s’attend pas à ce que vous sachiez tout de A à Z lorsque vous commencez à contribuer à un projet. Le processus, c’est plutôt que vous appreniez et gagniez en compétence en résolvant des problèmes de plus en plus difficiles, et en vous familiarisant avec le projet et les outils qu’il utilise. Le temps nécessaire pour cela varie d’un projet à l’autre et d’une personne à l’autre.

Conseil n°3 : lancez-vous !

Ne perdez pas un temps considérable à choisir le projet idéal. Si vous connaissez un projet ou une organisation dont la communauté accueille amicalement les débutants, faites-en votre point de départ.

Trouvez un problème avec lequel vous êtes à l’aise, de préférence dans un langage que vous pratiquez déjà depuis un moment, et essayez d’imaginer ce qui a besoin d’être fait. Demandez des informations pertinentes afin de combler vos lacunes, et après, lancez-vous ! N’attendez pas.

Merci à tous ceux qui travaillent dans l’open source

Une dédicace spéciale à tous les contributeurs aux projets open source qui sont super réactifs et qui encouragent les nouveaux. Vous aidez les nouveaux venus à se frayer un chemin au milieu d’interminables lignes de code et les faites contribuer de manière peut-être limitée mais néanmoins significative. Vos efforts sont nécessaires et sincèrement appréciés.

En tant que débutante et développeuse junior, j’essaie juste de trouver mon chemin dans le vaste et formidable monde de l’informatique. Quelques minutes de votre temps, que ce soit pour me présenter une simple technique de débogage ou pour me montrer comment écrire correctement des tests logiciels, m’aideront, au fil du temps, à devenir une meilleure développeuse.

Vous avez l’expérience et j’ai l’envie insatiable d’apprendre autant que je peux.

Un grand merci à Guido, Kumur McMillan et Luca qui ont été de fabuleux mentors tout au long de ce parcours, ils m’ont suivie à chaque instant et ont répondu à mes diverses questions. J’ai vraiment apprécié le temps et les efforts que vous m’avez consacrés 🙂

Si vous êtes un nouveau venu qui peine à entrer dans le monde de l’open source, j’aimerais que vous me parliez de votre histoire et de votre expérience. Si je peux vous aider de quelque façon que ce soit, surtout n’hésitez pas à me contacter.

J’envisage de rendre compte de mon parcours chez les contributeurs de l’open source, donc si vous désirez que j’aborde un sujet en particulier, merci de laisser un commentaire.
Merci à Pawan Dubey et Quincy Larson pour m’avoir aidée à peaufiner cet article.




McDonald’s dans les cantines scolaires

Ce nouvel article issu du blog Grise Bouille nous parle un peu de l’Éducation Nationale et surtout de son Ministère. Où quand le partenariat public/privé va un peu trop loin…

Cette BD est librement inspiré de l’article Cantines scolaires: l’Education Nationale signe un partenariat avec Mac Donald écrit par JCFrog.

McDonald’s dans les cantines scolaires

C’est officiel, le partenariat entre l’Éducation Nationale et le géant des fastfoods a été signé ! Depuis cette rentrée de septembre 2016, ce sont donc des menus McDonald’s qui sont mangés dans toutes les cantines scolaires du pays !

Najat Vallaud-Belkacem est en train de signer un contrat : « Le partenariat public-privé, c'est l'avenir ! » Ronald McDonald signe la copie du contrat en ricanant : « Et pour chaque repas Happy Meal servi, une claque dans le museau des agriculteurs bio en cadeau-bonus ! »

Ce partenariat ne partait pourtant pas gagnant, une consultation populaire pour l’alimentation dans l’enseignement primaire ayant plébiscité les AMAP et épiceries bio.

Un diagramme camemberg montre que la consultation populaire avait donné 95 % en faveur du bio. Ronald McDonald verse une larme à côté : « Ronald très triste. »

Bien sûr, ce choix, détaché de toute considération partisane, s’est basé sur le pragmatisme le plus décomplexé.

Un politicien au sourire carnassier : « Nous avons étudié les offres de McDonald's et des AMAP/épiceries bio, et en mettant en concurrence les deux propositions, nous avons choisi la plus avancée techniquement.  McDonald's sont des professionnels, ils savent gérer de telles quantités et ils ont signé un contrat d'investissement ! » Des parents d'élève : « Non mais c'est n'importe quoi ! » « Arrêtez de vous planquer derrière le marché soi-disant neutre !  C'est politique comme choix ! »

Alors certes, les habituels bolchévo-fauteurs de trouble viendront encore nous casser les burgers avec leurs théories un peu tordues.

Les mêmes parents, en colère : « C'est facile de dire que McDo a de meilleures infrastructures ! Balancez donc la moitié du budget cantines que vous leur filez en royalties à des AMAP, pour voir ! » « Le Ministère se comporte comme un consommateur bête et méchant alors qu'il a un rôle stratégique d'acteur à prendre.  Investir dans le bio au collège, ça permettrait de développer les filières locales ET de donner des trucs sains à nos mômes. » Le smiley, représenté en Marie-Antoinette : « Qu'ils mangent de la McBrioche ! »

Mais il faut que les gens s’y fassent : le partenariat public/multinationales, c’est l’avenir.

Le papa, face à Ronald : « Bah oui, comme ça nos mouflets se seront bien habitués à la bouffe McDo et continueront d'en vouloir après. Alors qu'on pourrait aussi en profiter pour leur apprendre comment manger sainement. » Ronald : « Vous n'voyez que le négatif, mais on a fait des prix imbattables pour les lycées ! Pensez aux petites bourses ! » La maman : « “La première dose est gratuite.” »

Bon. On arrête les bêtises.

Tout ça, c’était du flan.

Du faux. Du canular.

Vos gamins ne mangeront pas McDonald’s.

Le smiley, blasé, précise : « En tout cas, pas dans les cantines scolaires. Le reste, ça vous regarde… »

Seulement voilà, il y a un autre domaine où il se passe peu ou prou la même chose, et ça devrait vous scandaliser tout autant : l’informatique.

C’est ainsi qu’en juin dernier, Microsoft annonçait fièrement avoir signé un partenariat avec le Ministère de l’Éducation Nationale.

Un gardien de prison ouvre une cellule et montre le chemin à des enfants qui y accourent : « Allez les enfants, on rentre en rang par deux chez l'oncle Bill !  Et on n'en sort plus ! »

Et ce, malgré une consultation populaire ayant plébiscité les logiciels libres.

Et malgré tous les arguments AMAP/McDonald’s donnés ci-dessus et qui s’appliquent tout autant.

Le politicien agite les bras en s'écriant : « Ah ouais mais LibreOffice, c'est nuuuuuuuuul !  Moi z'aime Word.  Word c'est bien. » La maman, les mains sur les hanches, énervée : « T'as une idée du nombre de développeurs qu'on pourrait payer pour développer sur mesure les fonctionnalités dont vous avez besoin sur LibreOffice, avec le pognon balancé dans les licences de Microsoft et cie chaque année ? »

Le smiley, singeant le politicien en agitant les bras d'un air fataliste : « Ah non, créer des emplois français avec de l'argent public, c'est du gaspillage booouuuuuh la fonction publique !  Par contre, balancer l'argent public à des multinationales pour payer des licences, ça ça va, Imhotep. »

Bref.

Comme le Ministère de l’Éducation Nationale se complaît dans sa position de moulin à vent et que beaucoup (profs inclus) en ont assez des se battre contre, ce sera comme d’habitude :

il faudra faire sans son aide, et tant pis pour l’argent gaspillé et les initiatives locales non-soutenues.

Une élève derrière un ordinateur parle à son prof : « M'sieur ? Pourquoi on n'utilise pas Minecraft Edu, comme les autres classes ? » Le prof, enthousiaste : « Parce qu'avec Minetest, qui est libre, tu peux personnaliser le jeu autant que tu veux, sans limitation. Regarde, je vais te montrer. » Ronald, pas content : « Ah ouais, mais si vous jouez pas le (bon) jeu, aussi… » Note : librement inspiré de JCFrog (CC0) – https://jcfrog.com/blog, BD sous licence CC BY SA (grisebouille.net), dessinée le 15 septembre 2016 par Gee.

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Un média libre sur la bande FM ? Libre@Toi se met sur les rangs

Chez Framasoft, on aime bien l’équipe des Libre@Toi et ses initiatives, que nous avons relayées dans un article il y a presque un an.

Leur fer de lance, c’est la diffusion via leur radio sur le Web dont voici la grille de programmes. Celle-ci donne régulièrement la parole au secteur associatif et militant, aux acteurs du logiciel et de la culture libres, et représente donc un précieux vecteur de diffusion en résonance avec nos valeurs et nos combats.

Pour donner plus d’assise encore à son projet et d’audience aux voix du Libre, l’association Libre@Toi veut saisir une occasion rare (qui n’apparaît guère qu’une fois par décennie) : un appel à candidature pour obtenir une fréquence FM.

libratoiradio

Pour promouvoir son dossier de candidature, elle a besoin du soutien de la société civile et des associations comme la nôtre. C’est bien volontiers que nous répondons présent et invitons tous ceux qui adhèrent à leur projet à en faire autant.

L’association Framasoft, dédiée à la promotion des logiciels et de la culture libres dans un esprit d’éducation populaire, est favorable à l’initiative de l’association Libre@Toi et soutient sa candidature pour l’accession à une fréquence FM.

Nous relayons ci-dessous son argumentaire et appel à soutien…

 

La Radio des communs

Aux auditeurs de la webradio Libre@Toi, qui, depuis janvier 2016, écoutez et podcastez nos programmes, échangez avec nous sur le chat ou nous suivez sur les réseaux sociaux ;
Aux associations, collectifs ou fondations, dont nous avons déjà relayé les actions dans l’objectif convergent de produire des Biens Communs ;
Aux personnalités qui ont déjà participé à nos émissions ou qui nous connaissent d’ailleurs et d’autre part ;
Ou à Vous qui nous découvrez seulement aujourd’hui et dont les orientations et la sensibilité nous rejoignent sur ce projet…

Nous avons besoin de Vous de toute urgence !

L’association Libre à Toi a en effet décidé de se porter candidate à la prochaine attribution par le CSA de la demi-fréquence parisienne 93.1, avec le projet de créer la première radio dédiée aux Biens Communs*.

La date limite de dépôt du dossier est le 30 septembre prochain.

* Les Biens Communs ne sont ni les Biens privés, ni les Biens publics, mais des biens librement accessibles, mis à disposition de tous par une communauté qui les diffuse et les préserve. Il peut s’agir de biens communs naturels (eau, air, terre…), de biens communs de la connaissance (science, technologie, numérique) et/ou de biens communs sociaux (culture, éducation, justice…)

Le contexte

À Paris, la bande FM totalement saturée ne laisse que de rares occasions à de nouveaux entrants de prétendre à l’exploitation d’une fréquence. Aujourd’hui, la catégorie A (associative) est représentée par des acteurs issus du début des années 80 (libéralisation de la bande FM) et du début des années 90 pour la seconde vague. Leur utilité est incontestable et nourrit la pluralité d’expression indispensable à l’ouverture des espaces radiophoniques aux citoyens. Mais il manque la voix d’une radio vraiment libre !

Événement rare dans ce contexte, le CSA a ouvert le 93.1 à candidature le 26 juillet 2016. L’association Libre à Toi a décidé de se porter candidate avec le projet de créer la première radio dédiée aux communs.

La radio des communs, c’est d’abord une radio associative et citoyenne, généraliste et de proximité dont les missions sont de fédérer toutes les initiatives autour du partage et de l’échange de savoirs, de cultures et de techniques.

Mais un tel projet ne peut bien évidemment ne prendre corps qu’avec l’appui d’une réelle volonté associative et citoyenne de le soutenir.

Qui sommes-nous ?

Libre à Toi, association de loi 1901 fondée en juin 2015, est une plate-forme transmédia d’innovation sociale et d’éducation populaire. C’est une fabrique de Communs. Elle a ainsi élaboré une webradio et un site web d’informations dont l’ensemble des contenus, produits sous logiciel libre, est aussi publié sous licence « creative commons ». En outre, l’association organise régulièrement des événements publics visant au décloisonnement de la culture et des savoirs.

Le but de l’association est d’animer un réseau pair à pair et libre où chacun se réapproprie les outils, les techniques et les concepts, les redistribue et contribue ainsi à l’élaboration des Biens Communs.

Libre à Toi articule ainsi l’ensemble de son action autour des quatre principes énoncés comme des libertés par le mouvement du logiciel libre : utiliser, comprendre / analyser, redistribuer, modifier. L’enjeu : que chacun reprenne le contrôle, se positionne et agisse.

À l’ère de l’anthropocène, à l’heure de l’urgence climatique et de la mondialisation 2.0, notre conviction est que seul le développement des savoirs, qu’il s’agisse de savoirs conceptuels, de savoirs-faire ou de savoir vivre ensemble, peut permettre le développement de l’individu, un développement aujourd’hui défini comme l’accroissement de sa liberté d’être et d’agir. Une condition indispensable à l’émergence de la solidarité dans une société du XXIᵉ siècle confrontée à de multiples et complexes défis écologiques, techniques et économiques.

Pour une radio des communs

La radio des communs rassemblera dans sa grille de programmes les voix pour l’instant disparates des chercheurs et des inventeurs de solutions propres à relever les défis écologiques, techniques, sociaux et économiques du monde d’aujourd’hui. Pour ce faire, sont notamment invités à la rejoindre tous les acteurs du logiciel libre et du numérique, de la culture libre, de la science et de l’éducation, de l’environnement et de la nature qui œuvrent pour le maintien et la sauvegarde des Biens Communs et pour une société de la Connaissance fondée sur le partage.

  • Les acteurs du logiciel libre et du numérique

La radio des communs veut relayer l’actualité événementielle du mouvement du logiciel libre (auquel appartient l’association Libre à Toi), assurer sa diffusion auprès du plus grand nombre et accueillir les acteurs de sa communauté, confrontée à un manque de soutien flagrant des institutions de la République.

Preuve en sont la convention que l’éducation nationale vient de signer avec Microsoft (d’ailleurs attaquée en justice par le collectif EducNathon), l’éviction des représentants du logiciel libre du Conseil National du Numérique et la disparition progressive des Espaces Publics Numériques (EPN), pourtant seuls moyens pour les plus défavorisés d’accéder, de découvrir, de s’informer, d’échanger, de créer et de s’initier aux outils, services et innovations liés au numérique (à Paris, de 20 en 2005, ils n’étaient plus que 14 en 2015 et ne seront plus que 7 en 2017…).

En parallèle, de nombreuses questions de société liées aux usages de l’Internet (copie numérique, réseaux sociaux, données personnelles, vie privée, sources d’information, réputation numérique…) se posent. La radio des communs souhaite sensibiliser le grand-public à ces nouvelles problématiques, en lui permettant de rencontrer régulièrement tous ceux qui tentent d’y apporter des réponses.
S’il fut un temps où la fracture numérique était une priorité nationale, comme l’illustre la création d’Espaces Publics Numériques, le développement d’une société dématérialisée dans laquelle seuls les individus aguerris peuvent maîtriser leur place n’a pas été anticipé. Pour résoudre cette fracture numérique « des usages », il est urgent de former, d’informer, d’éduquer et de sensibiliser les utilisateurs, et notamment les enfants aux logiciels libres, garants de la fondation d’une société numérique équitable.

  • Les acteurs de la culture libre

Face à la privatisation de la culture par l’application d’un système de droits d’auteurs profitant en premier lieu aux ayants droits, des créateurs imaginent des œuvres en Creative Commons, des associations et des personnalités se mobilisent pour promouvoir le domaine public et éviter son appropriation et la revendication par des sociétés marchandes, de droits d’usages et de diffusion. En invitant artistes et auteurs à témoigner de leurs parcours contributifs au développement de cette culture libre, en donnant aussi une large place à la diffusion d’œuvres relevant du domaine public (littérature, cinéma, musique, contes…) et, bien sûr, au travers de notre programmation musicale unique d’œuvres en Creative Commons, la radio des communs souhaite contribuer à faire rayonner cette culture libre, confinée pour l’instant à une diffusion sur internet plutôt confidentielle.

Après avoir abandonné ACTA, suite à une mobilisation sans précédent de la société civile et de ses représentants, Bruxelles planche actuellement une réforme du droit d’auteur. La construction de ce texte dont certains éléments ont fuité ne laisse augurer aucune prise en compte des représentants de la culture libre. Pourtant, cette autre voie culturelle est incontournable dans un processus où s’établissent les futurs cadres de la création, de sa diffusion et de sa rémunération.

  • Les acteurs de la science

Nous recevrons des scientifiques pour qu’ils partagent les recherches qu’ils mènent dans leurs disciplines, qu’il s’agisse de biologie moléculaire, de nanotechnologies, d’économie, de sociologie ou d’histoire, en interaction avec le public. Nous relayerons aussi des colloques ou des conférences universitaires permettant ainsi aux universités et institutions scientifiques d’élargir leur public et d’optimiser leurs obligations de diffusion, qu’elles ne peuvent souvent pas assumer, faute de moyens.

Cette mise en relation directe entre des spécialistes, souvent cloisonnés dans leurs institutions (même si celles-ci disposent aussi d’excellents vecteurs de diffusion), et le grand-public nous semble essentielle, dans un objectif tant d’éducation populaire que de contribution à un décloisonnement des savoirs et à la mise en place d’un média interactif permettant un vrai débat public.

  • Les acteurs de la nature et de l’environnement

La Radio des Communs donnera la parole au monde agricole, dont la visibilité est souvent limitée aux actions commando de le FNSEA, mais qui pourtant est un acteur essentiel dans le maintien et la préservation de la Nature : agriculture biologique, agriculture urbaine, agroécologie, AMAP, etc. témoignent d’un désir d’harmonie retrouvée entre les hommes et la Terre.

La Radio accueillera aussi les écologistes, aujourd’hui considérés comme des empêcheurs de polluer en rond, les climatologues, les naturalistes et les spécialistes des milieux marins, des montagnes et des forêts, pour sensibiliser ceux qui en sont géographiquement éloignés à leur beauté, à leur importance et à la nécessité de les préserver.

Les Biens Communs naturels sont aujourd’hui menacés par une sur-exploitation marchande : les semences et les terres agricoles, mais aussi les mers et les rivières, les forêts, les montagnes et toutes les espèces qui y habitent. Si nos politiques en sont conscients (loi sur la biodiversité, accord de Paris sur le climat, etc.), les mesures prises jusqu’à maintenant sont comme cautère sur une jambe de bois. Particuliers, professionnels et associations pratiquent la gestion sélectives de leurs déchets, nous sommes tous sensibilisés à la question de leur retraitement et de leur valorisation ; tous, nous souhaitons nous donner la chance de vivre sur une planète habitable. Économie circulaire, économie de la fonctionnalité, quelles autres voies encore dans lesquelles s’engager à l’ère de l’anthropocène ?

  • Les acteurs associatifs

De nombreuses associations et collectifs œuvrent dans les domaines qui sont autant de Biens Communs (santé, environnement, éducation, droits humains, énergie, alimentation, vulgarisation scientifique…). Toutes sont porteuses d’alternatives stimulantes, de ressources, de dynamisme, d’idées et de valeurs, mais restent souvent repliées sur leur base militante et sur leur territoire géographique. En relayant toutes les initiatives de portée générale, y compris celles qui naissent en province, nous souhaitons initier de nouvelles synergies, émuler les convergences et créer ainsi la première radio de proximité engagée à l’échelle du territoire national !

  • Les acteurs du monde du travail

Face aux bouleversements de la société actuelle, une réflexion collective sur l’avenir du travail s’impose. Pour donner des clefs et des outils permettant d’anticiper les changements à venir, des syndicats organisent des colloques, des structures d’accompagnement ou de formation désirent partager leurs actions, des territoires expérimentent de nouveaux modèles, des patrons développent des initiatives, et des chômeurs, des travailleurs salariés ou indépendants souhaitent s’exprimer. La radio des communs espère, localement, faire gagner en visibilité ces innovations sociales qui passent généralement entre les mailles de l’actualité nationale ou locale, afin d’inspirer et de propager des perspectives concrètes à tous ceux qui sont en recherche de solutions.

  • Les acteurs de l’éducation

Pour apporter une contre-proposition au développement des Mooc qui non contents de détruire la relation maître-élève, pourtant essentielle, véhiculent un « prêt-à-former » lacunaire et souvent inadapté, la radio des communs veut donner la parole aux pédagogues, théoriciens de l’éducation et enseignants qui œuvrent au développement d’outils libres permettant l’élaboration de ressources communes.

  • Les (vrais) acteurs de l’économie sociale et solidaire

Les porteurs de projets innovants relevant véritablement des principes de l’Économie Sociale et Solidaire, c’est-à-dire développant des systèmes vertueux de consommation et de production qui remettent l’humain au centre de leurs activités, sont malheureusement souvent masqués par des entrepreneurs malins ne cherchant qu’à surfer sur la vague des aides officielles que ce nouveau champ de l’économie n’a pas manqué d’émuler, ce qui contribue à en avoir une vision floue et parfois désespérante. La radio des communs propose un espace de partage et d’accompagnement à ces entrepreneurs du nouveau monde.

  • Les « créatifs culturels »

Les citoyens sont de plus en plus nombreux à résister à leur façon à la crise mondiale amorcée en 2008 : de partout des initiatives individuelles émergent, sans avoir la portée des actions associatives ou politiques puisque « hors cadre ». La Radio des communs veut donner une visibilité (encore inédite à ce jour !) à ces initiatives individuelles citoyennes.

  • Et bien sûr, les auditeurs…

En ouvrant, sur tous ses directs, son antenne aux réactions des auditeurs, par téléphone interposé, mais aussi par un tchat et par un forum internet, la radio des communs se doublera d’un site web transmedia, permettant aux auditeurs de podcaster les contenus et d’aller plus loin dans leur recherche d’informations.

Comment nous soutenir ?

D’ici le 23 septembre, nous avons besoin de votre signature, accompagnée d’un petit mot de soutien expliquant très simplement pourquoi vous êtes favorable à l’émergence d’une radio associative de proximité portant la voix des communs sur la bande FM parisienne.

à venir très bientôt (on vous tient au parfum) : une plateforme pour signer et témoigner de son soutien

Vos témoignages sont précieux, ils accompagneront notre dossier de candidature à une fréquence FM. Ce dossier sera déposé au plus tard le 30 septembre prochain au siège du CSA.

Si vous souhaitez contribuer au financement de la radio des communs, vous pouvez aussi d’ores et déjà nous faire une promesse de dons, promesse qui ne sera bien évidemment concrétisée qu’après le franchissement de l’étape de sélection !

goofyradio
Goofy a décidé de diffuser sur les ondes l’appel de Libre@Toi




Un guide pour les libérer tous

Sx est chargé de mission du CECIL (Centre d’Étude sur la Citoyenneté, l’Informatisation et les Libertés) et principal contributeur du contenu du Guide de survie des aventuriers d’Internet (ou comment protéger ses libertés en milieu numérique hostile).

Ce livret de 68 pages A5 est la version papier de 12 fiches pratiques déjà disponibles sur leur site.
Comme il y parle beaucoup de nous, nous voulions savoir pourquoi il nous avait autant à la bonne.

Salut Sx, est-ce que tu peux nous en dire plus sur toi ?

En très bref, j’ai une double formation juridique en droit des techniques de l’information et de la communication et en droit des contrats que je transmets par l’enseignement universitaire, notamment auprès de public de non-juristes. Bidouilleur dès que j’en ai l’occasion, j’aime essayer de toujours mieux comprendre comment fonctionnent les choses et notamment les dynamiques de pouvoir. Depuis ma lecture de l’ouvrage de Lawrence Lessig, « Code and other laws of cyberspace », il y a une bonne dizaine d’années, je fais de la recherche sur les interactions entre les avancées des techniques, notamment informatiques, et les libertés fondamentales dans des approches de défense des libertés et des idéaux démocratiques.

Je me retrouve assez dans l’article 1 de la loi informatique et libertés « L’informatique doit être au service de chaque citoyen. Son développement doit s’opérer dans le cadre de la coopération internationale. Elle ne doit porter atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques » en me désolant de ses violations quotidiennes.

Et sur le CECIL ? La liste des parrainages est impressionnante !

Le CECIL s’est construit en versant public de deux autres associations de chercheurs travaillant sur les interactions entre TIC et société qui ont désormais fusionné dans l’association « Creis-Terminal ». La liste de parrainage du lancement de l’asso en provient pour partie, mais il s’agit plus largement de personnes qui au moment du lancement du CECIL avaient déjà saisi l’importance de la thématique « Informatique et Libertés » dans le débat public et l’importance de la compréhension publique de ces problématiques.

L’objectif principal du CECIL est de réintroduire le champ Informatique et Libertés dans le débat public, dans celui sur la démocratie et de fournir aux citoyenn·e·s et aux associations les moyens d’orienter les choix technologiques liés à l’informatisation, au fichage et au contrôle social.

En ce sens, en plus d’un regroupement de travaux importants sur la question, on réalise des actions de sensibilisation (ciné / café débat / interventions ponctuelles / tenue de stand), de formation (à tous les niveaux) et d’éducation populaire sur les questions de surveillance, d’usage raisonné des outils du numérique, etc.

L’association a également un versant « lobbying citoyen » dans le cadre de sa participation active au collectif de l’Observatoire des Libertés et du Numérique aux côtés de la Ligue des Droits de l’Homme (qui nous a bien aidé pour la mise en forme et la publication du guide), mais également du Syndicat de la Magistrature, de la Quadrature du Net, du Syndicat des Avocats de France, d’Amnesty International France et du Creis-Terminal.

Le petit Guide que l’on publie est issu d’un besoin interne de disposer d’un outil de formation pour des « ateliers d’autodéfense numérique ». Ces ateliers visent, dans la même optique que les Cafés Vie Privée, à sensibiliser les citoyen·ne·s aux dangers de la surveillance illégitime et les aider à faire les premiers pas pour commencer à reprendre en main leur vie privée dans leurs usages numériques. Notre souhait est aussi qu’il·le·s pèsent par ce biais sur les enjeux politiques connexes.

Le Guide est un bon panorama des apports du libre dans la lutte pour la défense des libertés, mais c’est un domaine où les lignes bougent vite. On imagine qu’il sera tenu à jour ? A quelle fréquence ?

guide de survie - la couverture par Péhä - licence CC-BY-SAOui sur tout ce qui touche à la surveillance et à la sécurité, il est autant important de garder ses logiciels que ses pratiques à jour. Les 6 premières fiches ont été publiées en mars 2015 sur le site. Depuis on a continué à les enrichir avec des nouvelles, mais aussi en faisant des mises à jour constantes, aussi bien côté outils et pratiques (uBlock Origin et Qwant par exemple) que pour les références. Cela au fur et à mesure de nos découvertes personnelles et collectives.

Le guide papier est forcément figé et vise surtout à être un support pédagogique, plus engageant qu’un site, pour faire adopter de premières bonnes mesures à qui le souhaite déjà un peu. Effectivement, la « v1 » n’aura probablement plus beaucoup de pertinence dans quelques années, mais espérons que d’ici là ce·lle·ux qui l’auront consulté seront devenus autonomes sur ces questions. Au-delà des outils proposés concrètement, on invite surtout le lecteur à se poser les bonnes questions et à aller plus loin aussi bien dans une approche individuelle que collective dans la défense des libertés sur Internet, et sur ça le guide restera longtemps d’actualité.

En attendant, les fiches présentes sur le site Internet continueront d’être mises à jour régulièrement avec aussi bien de nouvelles (deux fiches sont en préparation pour donner des pistes pour mieux protéger ses données sur ordiphones) que des évolutions des anciennes. On attend par exemple de l’avoir testé un peu plus et d’avoir également des retours plus poussés, mais le nouveau navigateur « Brave » pourrait sûrement trouver sa place dans la première fiche. Les nouveaux services stars de Framasoft, ou encore mieux, des CHATONS également !

À peine lancé, le guide semble trouver son public, donc il est probable (ou du moins je l’espère ! :-))) qu’on écoule l’intégralité du premier tirage dans les mois à venir. C’est une projection un peu optimiste, mais espérons qu’on arrive à faire la publication d’une version par an (avec qui sait des versions intermédiaires ?) pour garder cet outil à jour et continuer de sensibiliser sur les questions. En résumé, des petits tirages réguliers et mis à jour et surtout toujours plus de sensibilisation en formation directe sur les questions de surveillance publique et privée pour arriver à (attention gros mot) toujours plus d’autodétermination informationnelle de chacun·e !

D’ailleurs, instant promotionnel, la brochure est en vente sur stand au prix de 5 euros, mais si des structures (collèges, lycées, asso…) veulent en acquérir un grand nombre à un prix plus intéressant pour s’en servir comme support pédagogique, qu’elles n’hésitent surtout pas à nous contacter !

Est-ce que vous avez prévu de le mettre sur un Gitlab pour permettre aux internautes de contribuer ?

Est-ce que cette question vise à nous faire remarquer que l’on n’a pas inclus Framagit dans les outils Framasoft présentés ?  Plus sérieusement, non ce n’était pas prévu, on ne s’est pas vraiment posé la question jusque maintenant. On a déjà eu plusieurs retours de personnes qui nous ont fait des suggestions de modifications sur les fiches qui ont toujours été prises en compte et intégrées. Pour le moment, on n’a pas rencontré le besoin d’un outil plus contributif. Les fiches sont sous Licence Creative-Commons Attribution – Partage à l’identique, ainsi quiconque peut s’en servir et les adapter. Pour l’animation d’un Gitlab, si les contributions et demandes d’un tel outil se multiplient, c’est clairement dans nos cordes et on l’envisagera, mais d’ici là si quelqu’un souhaite s’en charger qu’il n’hésite pas à nous contacter.

As-tu le sentiment que ce guide peut toucher notre fameuse famille-type, les Dupuis-Morizeau ? Ou alors c’est encore un peu trop geek pour eux ?

À force d’utiliser les outils valorisés par Framasoft, les Dupuis-Morizeau sont à mon avis bien plus compétents que nécessaire pour adopter les mesures du guide ! Blague à part, on a vraiment essayé d’être aussi pédagogique que possible avec ce travail. En fait, j’ai écrit les premières fiches comme un juriste, mais heureusement les autres membres du CECIL m’ont bien aidé à rendre ça intelligible ! On a cherché le bon équilibre entre rester aussi simple et clair que possible sans tomber dans l’approximation abusive. On est sur des enjeux qui touchent aux libertés individuelles de tout un·e chacun·e, il est nécessaire que tout le monde puisse s’en saisir.

Il n’y a pas besoin d’être expert·e ni même praticien·ne chevronné·e pour améliorer ses pratiques. Il suffit d’une volonté et d’avancer étape par étape. Je pense que les libristes le savent bien, passer à une distribution Gnu-Linux reste un grand saut pour beaucoup d’utilisateurs, par contre adopter un navigateur libre et quelques modules anti-traçage, arrêter d’utiliser Google pour toutes ses recherches, tester le navigateur TOR, chiffrer ses données sensibles… restent des pratiques assez simples.

Malheureusement, certains des outils que l’on préconise demandent un peu plus d’engagement personnel, qu’il s’agisse de passer à une messagerie sécurisée, à utiliser le chiffrement pour ses courriels (qui implique surtout que son entourage le fasse également), etc.
On espère par contre que les personnes qui ne réaliseront pas directement ces étapes après avoir lu le guide, en comprendront au moins les enjeux et l’importance. Si ce n’est pas pour aujourd’hui, peut-être demain ! J’ai très récemment rencontré une ancienne militante de beaucoup de combats de 82 ans à qui j’ai offert le guide, elle m’a promis de me faire un retour. Je vous le transmettrai avec plaisir !

Comme nous, tu fais des interventions auprès du grand public. As-tu ressenti une évolution des mentalités ? En gros, est-ce que nous changeons le monde, d’après toi ?

Oui les mentalités évoluent, mais comment ? Dans mes interventions militantes, il est assez clair que j’ai de moins en moins souvent à expliquer ce qu’est le logiciel libre. Reste que tout n’est pas rose pour autant. Malgré un travail de fond et systématique contre l’idiotie du « rien à cacher », l’argument revient encore trop souvent au détour d’un discours. Si ce n’est pas lui, le prétexte de la lutte (légitime) contre le terrorisme pour justifier l’adoption de mesures toujours plus restrictives des libertés est assommant et dur à combattre face à des publics peu engagés.

J’estime personnellement qu’il ne faut ni être naïf, ni résigné. Oui, nous participons à essayer de changer le monde, j’espère, pour le meilleur, malheureusement nos adversaires ne chôment pas pour autant et ont des moyens d’actions qui nous dépassent souvent. Pourtant dans les interstices quelques coins entrent toujours qui avec le temps et de la persévérance finiront par payer. Il y a des combats où tout reste à jouer, le traçage publicitaire en ligne par exemple ou la défense du droit au chiffrement où on est loin d’être démunis. Si on veut continuer à faire évoluer les mentalités, il faut donner à tout le monde la possibilité de comprendre ces enjeux. Pas un petit travail, mais au moins quand on respecte nos principes, la route est longue, mais la voie est libre ! ;)

Le mot de la fin est pour toi !

Pour ne pas oublier : un grand merci à Péhä pour sa superbe illustration (elle aussi sous licence libre évidemment) qui reflète à merveille les dangers de la jungle des Internets !

Sinon, je n’aime pas trop les fins, alors je vais tricher un peu en faisant une ouverture vers un pad pour lancer une tempête de cerveaux pour recueillir des idées (ou des trolls d’ailleurs !) pour lutter contre la surveillance illégitime et abusive en ligne. Que pourrions nous faire à l’échelon individuel comme collectif ?

Et si quelqu’un·e a un excellent projet et cherche une structure pour le mettre en œuvre, [il ne faut pas hésiter à nous rejoindre !

Pour conclure, j’en profite, avec un peu de retard (mais j’avais une bonne excuse !), pour souhaiter un joyeux anniversaire au Framablog et son équipe dont je suis un fidèle lecteur et traducteur occasionnel !

Acheter le guide

Le CECIL a mis en place une plateforme de paiement via la billetterie d’Helloasso.

Choisissez le nombre de guides souhaités (1, 2, 5 ou 10) et indiquez « 1 » en fin de ligne, puis suivez les étapes. Le tarif postal est identique quel que soit le pays.




Avec « Des routes et des ponts », la voie est libre

Les membres du groupe Framalang ont toujours un gros appétit, il faut à leur insatiable faim de traduction de nouveaux aliments. C’est un morceau de choix qu’ils ont décidé de traduire et publier progressivement ici même…

… un livre entier de Nadia Eghbal qui porte sur l’infrastructure cachée ou discrète de la grande soupe numérique où nous grenouillons. Cet ouvrage a été financé par la Fondation Ford et sa source est sous licence CC BY 4.0, ce qui vous permet d’en profiter.

Si ça vous tente de nous rejoindre dans cette entreprise à long terme (il nous faudra quelques mois et nous n’avons pas de deadline hein) nous diffuserons sur Framasphère l’adresse du framapad de la traduction de la semaine chaque mardi à 19h 😉

 

Nous vous proposons aujourd’hui seulement l’avant-propos.

Histoire de susciter votre curiosité voici quelques titres des chapitres que nous vous proposerons semaine après semaine :

  • Une brève histoire du code public et libre et de ceux qui l’ont libéré
  • Pourquoi les gens continuent-ils à contribuer à ces projets sans être payés ?
  • Comment sont gérés les projets d’infrastructure numérique ?
  • Les rapports difficiles de l’open source avec l’argent

 

Des routes et des ponts (1)

Document original (lien direct vers le PDF) Roads and Bridges, The Unseen Labor behind Our Digital Structure
par : Nadia Eghbal

Traduction Framalang : astraia_spica, Mika, peupleLà, roptat, xi, Luc, mika, Lyn., Julien / Sphinx, Lumibd, goofy

Avant-propos

nadia-eghbalLe problème exposé dans cet ouvrage m’est apparu sur une intuition. Pour avoir travaillé dans des startups puis dans des sociétés de capital-risque, j’ai pu constater que des sommes d’argent considérables affluaient dans les entreprises de logiciel. Par ailleurs, en tant que développeuse de logiciel en amateur, j’étais bien consciente que je n’aurais rien pu produire toute seule. J’utilisais du code gratuit et public (plus connu sous le nom de code open source) dont j’assemblais des éléments afin de répondre à des objectifs personnels ou commerciaux. Et franchement, les personnes impliquées dans ces projets avaient, quel que soit leur rôle, fait le plus gros du travail.

Cette observation m’a tourné dans la tête pendant plusieurs années, tandis que j’assistais à l’explosion à droite et à gauche des bootcamps où étaient diplômés de nouveaux développeurs de logiciel et que je voyais des startups lever plusieurs dizaines de millions de dollars pour vendre des produits qui tournaient sans doute avec plus de code libre que de code propriétaire. Ayant précédemment travaillé dans des associations à but non lucratif, je faisais immédiatement le lien avec les biens publics et les défis qui leur sont associés. Pourtant ce vocabulaire était étrangement absent du langage de mes pairs dans le monde du logiciel.

Après avoir quitté mon travail dans une entreprise de capital-risque l’an dernier, je me suis mis en tête d’étudier ce paradoxe auquel je ne cessais de penser : il existe des logiciels précieux qui ne peuvent pas s’appuyer sur des modèles commerciaux et auxquels manquent le soutien des pouvoirs publics.

C’est plutôt amusant, mais le code open source ne figurait pas sur ma liste initiale. Comme mes collègues, j’avais supposé, à tort, que c’était l’exemple même de ressources logicielles à la disposition du public qui bénéficiaient d’un fort soutien. Lorsque j’ai mentionné l’open source à mes amis et mentors, ils m’ont aimablement dissuadée de poursuivre mes recherches dans ce domaine, puis incitée à plutôt trouver d’autres exemples de domaines qui avaient vraiment besoin de soutien.

soutien

Pourtant, je suis tombée sur un certain nombre de projets open source qui mettaient à mal ces préjugés. Il s’est avéré que maintenir les projets dans la durée était un problème connu dans le monde des contributeurs de l’open source. Plus je creusais la question et plus je découvrais des billets de blog, des articles et des forums de discussion qui abordaient la tension et l’épuisement éprouvés par ceux qui maintiennent les projets open source. Tout le monde m’indiquait une autre personne à contacter et sans m’en apercevoir j’ai récolté un nombre incroyable de témoignages à ce sujet.

Je me suis rendu compte que j’avais découvert un problème certes « bien connu » des producteurs (les contributeurs de l’open source) mais dont les consommateurs (les entreprises de logiciels et les autres utilisateurs de code open source) n’avaient apparemment aucune idée. Cette anomalie m’a incitée à me pencher sur le problème.

Par ailleurs, il semble que le milieu de l’open source soit lui-même en train d’évoluer, voire de bifurquer. J’ai eu des conversations très diverses avec des interlocuteurs de différentes générations, tous contributeurs open source. Ils semblaient avoir des philosophies et des valeurs divergentes, au point de donner l’impression de ne pas utiliser le même vocabulaire. J’ai appris que dans les trois à cinq dernières années, la production ainsi que la demande avaient explosé dans le monde de l’open source grâce à l’amélioration des outils pour les développeurs et à celle de l’organisation du travail. Les contributeurs de l’open source d’aujourd’hui sont très différents de ceux d’il y a 10 ans, sans parler de ceux d’il y a 30 ans. Or ces différentes générations ne communiquent pas entre elles, ce qui rend difficile toute conversation productive sur la maintenance pérenne des logiciels.

Au hasard d’une conversation avec Ethan Zuckerman, du MIT Center for Civic Media, j’ai eu l’occasion de partager plus largement mes découvertes.

Bien que ne sachant pas exactement ce qu’il y avait derrière ni si j’employais les bons mots, j’ai décrit à Ethan le problème dont je m’étais rendu compte et il a eu la gentillesse de me mettre en contact avec Jenny Toomey de la Fondation Ford. Jenny m’a suggéré de rassembler les résultats de mes recherches dans un rapport. Au fur et à mesure de son écriture a émergé cet ouvrage sur notre société numérique moderne, et sur l’infrastructure cachée qui la sous-tend.

Le présent ouvrage n’aurait jamais vu le jour si Ethan et Jenny n’avaient pas donné sa chance à une idée tout juste ébauchée qui désormais, grâce au travail d’écriture, s’est transformée en quelque chose de construit. Je les remercie énormément d’avoir fait confiance à leur intuition. Je suis aussi reconnaissante envers Michael Brennan et Lori McGlinchey pour leurs conseils, leur regard, et leur enthousiasme au cours de la relecture. Enfin, et c’est sans doute le plus important, j’ai une dette envers toutes les personnes qui travaillent dans l’open source et qui ont rendu leur histoire publique pour que des gens comme moi puissent la lire — et particulièrement ceux qui ont pris de leur temps malgré un agenda chargé pour me divertir au détour d’une conversation ou d’un courriel. Ce rapport est un concentré de leur sagesse et non de la mienne. Je suis particulièrement reconnaissante pour les conversations que j’ai pu avoir avec Russel Keith-Magee, Eric Holscher, Jan Lehnardt, Audrey Petrov et Mikeal Rogers, ils continuent à m’inspirer par leur patience et leur dévouement à l’égard du travail open source.

Merci d’avoir été aussi attentionnés.




David Revoy, la BD et les licences libres

Si vous avez raté le début…

(Si vous avez déjà suivi les épisodes précédents, allez directement au texte de David…)

Comme le savent nos lecteurs, nous défendons volontiers non seulement les logiciels mais aussi la culture libre sous ses multiples formes, y compris dans le domaine artistique :

turbulencesla position et l’expérimentation d’artistes comme Gwenn Seemel, Amanda Palmer, Neil Jomunsi entre autres multiples exemples (ne risquons pas l’accusation de copinage en mentionnant Pouhiou), nous intéressent et nous passionnent parce qu’elles témoignent d’un monde à la charnière. En effet, un modèle d’édition et de diffusion arrive en bout de course et à bout de souffle, mais il est défendu mordicus à la fois par ses bénéficiaires (c’est cohérent) et parfois par ses victimes, ce qui est plus surprenant. Quant aux modèles émergents, aux variantes nombreuses et inventives, ils cherchent la voie d’une viabilité rendue incertaine par les lois du marché qui s’imposent à eux.

Le mois dernier une annonce nous a fait plaisir, celle de la publication « papier » par Glénat du webcomic Pepper et Carrot de David Revoy, qui n’est pas un inconnu pour les lecteurs du Framablog auquel il a accordé cette interview il y a quelques mois. Voici la page où il détaille sa philosophie.

Un article de Calimaq expose de façon documentée l’intérêt de cette reprise d’une œuvre open source par un éditeur « classique » dans laquelle il voit de façon optimiste une façon de faire bouger les lignes qui bénéficie autant à l’auteur (qui renforce ses sources de mécénat) qu’à l’éditeur et aux lecteurs.

Tout va donc pour le mieux dans le petit monde de la BD ? — Pas vraiment, parce que l’accord passé par David Revoy avec Glénat (lequel s’engage à respecter cette licence Creative Commons) vient de provoquer une levée de boucliers chez un certain nombre d’auteurs de bande dessinée. Ils estiment notamment que cet accord dévalorise l’ensemble d’une profession qui peine déjà à survivre et s’insurgent contre l’idée de donner librement le fruit d’un travail artistique.

Vous pouvez par exemple lire ce billet de Xavier Guilbert pour la revue Du9 qui résume de façon assez équilibrée l’ensemble de la polémique. Si vous souhaitez lire un avis circonstancié carrément libriste, lisez l’excellent coup de gueule de Luc, qui fait notamment le lien avec Framabook, notre maison d’édition qui a fait « le pari du livre libre », mais établit néanmoins des contrats avec les auteurs qui sont rémunérés.

Également du côté des défenseurs du libre Neil Jomunsi sort la grosse artillerie et demande aux auteurs de se sortir les doigts du c**. C’est précisément à la suite de cet article que le principal intéressé s’exprime dans un long commentaire que nous reproduisons ici avec son accord.

2016-04-13_carrot-updating-or-repairing_by-david-revoy

(dans un premier temps David s’adresse à Neil Jomunsi)

2015_portrait-of-david-revoy_by-elisa_de_castro_guerra
Photo par Elisa De Castro Guerra

Hello, merci Neil pour cette initiative, j’espère y lire ici des propositions constructives de la part des autres auteurs et non pas seulement des retours des happy few qui vivent confortablement du système éditorial classique. En effet, je prends en considération que ces auteurs ne peuvent pas émettre une pensée libre d’intérêts éditoriaux ou syndicaux sur ce thème (surtout de manière publique). Ils ont aussi très peu d’intérêt à un changement de paradigme…
Pour ma part, je me suis très peu exprimé jusqu’alors. Mais je me sens à l’aise sur ce blog. J’aime le ton de l’article, la police d’écriture et la boîte de commentaire large. Je pense que ça risque de me faire pianoter. Et puis, je n’ai pas de blog français… Je réquisitionne donc cette boîte de commentaire un peu comme un blogpost de réponse.

 

Voici mon angle de vue que-personne-ne-m’a-demandé-mais-voilà-tout-de-même sur le modèle de Pepper&Carrot et pourquoi, je le répète, il me convient et que je maintiens ma tag-line sur ma page de garde :

devise

(Note : j’utiliserai par raccourcis les termes ‘auteurs’, ‘éditeurs’, ‘lecteurs’, mais je pense bien également aux ‘autrices’, ‘éditrices’, ‘lectrices’ derrière ces termes.)

Donc entendons-nous bien ici : je ne suis pas dans une lutte classique tel qu’on l’entend, voulant la destruction d’organisations, d’entreprises ou autre systèmes en place. Dans « changer l’industrie de la BD », j’entends « sanifier » les relations auteurs/éditeurs par plus de liberté et d’indépendance dans leurs relations. Par sanifier, je n’entends pas l’inversion du rapport de force où l’auteur triomphe de l’éditeur. Non. Dans ma démarche, il n’y a pas de rapport de force entre auteur et éditeur. L’éditeur est un acteur libre qui fait un produit dérivé de ma création. Dans le système classique, il y a un rapport dominant/dominé évident, contractualisé et opaque aux lecteurs. C’est tout là le problème. Avec Pepper&Carrot, je propose un système côte-à-côte. Chacun indépendant.

Ce système marche-t-il ? Sur ma page Philosophie, j’écris

… Et pourquoi Pepper&Carrot ne pourrait-il pas amorcer un changement et ainsi inspirer une industrie en crise ? Essayons !

Ce « essayons » démontre le caractère expérimental de ma démarche. Car oui, je suis en train de créer, oui, c’est nouveau et oui, ça agace quand quelqu’un essaie du nouveau.

Pepper&Carrot est un webcomic numérique en anglais principalement et international. Il est hébergé autant à Paris, qu’au U.S.A, en Asie et sur je-ne-sais-combien de sites miroirs et ça tourne. La France représente 4 % de ses visiteurs et cela me donne un peu de retrait sur le problème actuel. En effet : il serait vraiment malhonnête de penser que je suis dans la même situation qu’un jeune dessinateur amateur français, publiant en français sans audience et qui n’aurait qu’un seul éditeur monolithique comme source de revenus/diffusion, Glénat, pour survivre avec les 350 $ par mois de mécénat de Glénat… C’est pourtant, et à l’origine du buzz, l’angle de communication surprenant qu’a essayé d’orchestrer le syndicat BD SNAC sur sa page Facebook, et ce, bizarrement à quelques dizaines de jours d’une rencontre auteurs/éditeur importante. À part m’y faire traiter littéralement de con dans les commentaires et d’amener un lectorat d’auteurs entier à mépriser ma démarche, rien n’a germé, aucune pensée : stérile. Cependant cela a alimenté de la colère. Ce groupe a-t-il besoin de ça pour s’unifier ? Pepper&Carrot/Glénat est simplement devenu un prétexte du moment. Une opportunité pour eux de « casser de l’éditeur » collectivement et dénigrer un nouvel auteur qui n’a pas choisi de lutter à leur manière. Triste.

Donc ce buzz, dit il la vérité ? En partie, oui, c’est pour ça que ça marche. Il est possible à n’importe qui de faire des produits dérivés de Pepper&Carrot, de façon commerciale, en suivant un ensemble de règles de la Creative Commons Attribution permissive que j’ai établie. Glénat qui imprime à 10 000 exemplaires mon webcomic n’est qu’un produit dérivé à mes yeux (comme déjà dit). Pour faire un parallèle, je le considère comme si j’avais un film et qu’ils imprimaient la figurine du héros. Rien de plus. Nous avons eu une collaboration que je décris en anglais sur le blog de Pepper&Carrot. J’en suis satisfait, c’est super cool un premier album imprimé, mais cliquez sur le bouton « HD » sur le site de Pepper&Carrot, et vous y aurez plus de détails, plus de couleurs que dans l’album imprimé.

Ma BD principale, mon support de choix n’est pas l’album de Glénat. Ce n’est pas le média principal de Pepper&Carrot. D’autres projets suivront comme l’éditeur allemand Popcom qui vient de rejoindre le mécénat de Pepper&Carrot, le livre de la Krita Foundation ou une édition régionale en Breton de Pepper&Carrot. Ce n’est que le début, le projet n’a que deux ans et je ne compte pas tout ça comme un manque à gagner. Je n’y vois que les effets positifs de personnes qui utilisent la base de ressources que j’ai créée, avec respect, dans les règles qui me conviennent pour créer plus de valeur autour de la série. Et ça fonctionne.

Glénat fait des bénéfices ? Et alors ? Bon pour eux. Le font-il « sur mon dos » ? Non, je ne me sens pas lésé en quoi que ce soit. Pas plus que quand Pepper&Carrot fait la frontpage d’ImgUr, de deviantArt ou de Reddit. (je vous présente ici des nouvelles puissances éditoriales). Le papier, la chaîne graphique, l’impression, l’empaquetage, la distribution, etc. c’est le métier de l’éditeur, il véhicule mon œuvre sur le papier. Pas très différent de ce que ferait un autre site web, pour moi. De mon point de vue, je fais du divertissement numérique sur Internet et je ne vends pas de BD. Si l’éditeur aime la source qui lui permet de vendre du papier, il sait comment me gratifier. Idem pour l’audience. C’est simple et c’est décrit dans l’album papier de Glénat Pepper&Carrot (si certains avaient pris le temps de l’ouvrir). Ce qui m’interpelle vraiment, c’est : Glénat imprime 10 000 exemplaires et aucun petit éditeur ne pense à aller sur mon site télécharger plein de croquis Creative Commons et en faire un artbook d’accompagnement en librairie ? Publier des cartes postales ? Refaire une version « deluxe » du Tome 1 ? Le monde éditorial à moins d’initiative que ce que j’avais prévu.

Je veux un univers collaboratif dont le lecteur puisse s’imprégner et devenir à son tour acteur, entrepreneur. Ici encore la Creative Commons Attribution le permet

J’aimerais aussi faire prendre conscience dans ce débat sur un autre point qui n’est jamais abordé dans les articles : la « culture libre » que permet Pepper&Carrot. Les auteurs ont conquis une place dans les esprits de leurs audiences qui me dérange fondamentalement. Prenez par exemple une BD lambda, distribué sous copyright classique (même d’un webcomic « gratuit » mais propriétaire d’Internet). Tout le monde peut penser l’univers, rêver dedans, rejouer les scènes en pensée, etc. Cet univers existe en nous. Mais dès que cette pensée essaie de germer, de muter, de passer à l’action dans la vraie vie par une création, elle se retrouve anéantie ou réduite aux règles vaseuses du fair-use/fan-art/fan-fiction qui devient illégal en cas de création d’activité commerciale. Combien de cas problématiques sur Internet ces dernières années ! Sans le savoir, les auteurs d’univers propriétaire sont aussi propriétaires d’une part de votre culture, de votre pensée, de vos rêves, de ce qui regroupe les fans…

Avec Pepper&Carrot, je ne veux plus de ce paradigme du tout. Je veux un univers collaboratif dont le lecteur puisse s’imprégner et devenir à son tour acteur, entrepreneur. Ici encore la Creative Commons Attribution le permet, et ainsi j’ai des projets de jeux vidéos, de jeux de sociétés, de jeux de rôles de fan-art et de fan-fictions qui viennent à leur tour enrichir le wiki de l’univers d’Hereva à la base de Pepper&Carrot. Encore une fois, ceci est ma volonté de créer une relation côte-à-côte avec le lecteur, et j’en vois les bénéfices.

je replace l’auteur maître de son œuvre en face de l’éditeur dans un rapport d’égal à égal dans leur liberté et leurs droits.

Vous l’avez donc compris, je ne suis pas intéressé par l’établissement d’une relation d’un contrat classique, dominant-éditeur, dominé-auteur et sous-dominé-lecteur-acheteur. C’est liberticide et nuirait collectivement à notre éditeur-auteur-lecteur, à nos libertés d’agir, d’entreprendre et de penser. Je fonde un écosystème où les acteurs sont libres et côte-à-côte dans un rapport pacifié. La CC-By-Nc ? (la clause non-commerciale de la Creative Commons) désolé, je ne la veux pas pour ma BD, et ce n’est pas parce que ça s’appelle Creative Commons que c’est libre : c’est une licence propriétaire. La CC-By (attribution) est libre et m’intéresse. Avec cette liberté, cette indépendance, j’ai ici un modèle qui fonctionne à ma modeste échelle et tout ceci alimenté financièrement grâce à des héros dans mon audience qui soutiennent mon travail et ma philosophie.

L'image finale de l'épisode 8 récemment publié
L’image finale de l’épisode 8 récemment publié, l’anniversaire de Pepper

 

Mais ce n’est pas tout… Ce que je propose est une solution robuste contre la question du piratage de la BD, ce que je propose rend obsolète la création même des DRM pour la diffusion numérique, ce que je propose clarifie les rapports ambigus pour la création de fan-art/fan-fiction et dérivations, et enfin je replace l’auteur maître de son œuvre en face de l’éditeur dans un rapport d’égal à égal dans leur liberté et leurs droits.

Refaites le compte, et réévaluez ma proposition. Libre aussi à chacun de signer un contrat, de le négocier, de savoir quoi faire avec son œuvre. Mais pour moi, cette réflexion est faite. J’aime le libre pour ce qu’il offre pragmatiquement et je suis déjà dans son application à la réalité concernant ma BD depuis deux ans. Il vous reste un dégoût qu’une grosse entreprise genre « gros éditeur » puisse imprimer vos œuvres gratuitement ? Cela fait partie de la licence libre telle qu’elle est et de la liberté qu’elle offre. La licence n’est qu’un outil ne peut pas faire vraiment de différence entre la lectrice/traductrice japonaise, le petit commerçant polonais, l’artisan irlandais, le gros site web australien et le géant industriel de l’édition française… Sinon ce ne serait plus de la vraie liberté.

Il ne me reste plus qu’à continuer d’informer les lecteurs et leur demander de soutenir les artistes libres qu’ils aiment directement via Internet et non de penser que ces artistes touchent un quelconque gros pourcentage opaque sur les produits dérivés que ceux-ci iront acheter. Cette tâche d’information, si on s’y mettait tous collectivement et pratiquement entre artistes, aurait certainement plus d’effets sur nos niveaux et confort de vie que toutes négociations de pourcentages et discussions de frais d’avances autour de réunions et de cocktails.

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Darwin par David Revoy, extrait de son portfolio. Cliquer pour agrandir ce portrait à la manière d’Arcimboldo.

 

  • Toutes les illustrations de cet article sont de David Revoy, CC-BY



Le Framablog a 10 ans, c’est vous qui le dites

Et hop, voici comme promis le remix de vos réponses aux quelques questions posées à propos des 10 ans du Framablog. Les lecteurs de la première heure se sont manifestés, mais aussi les plus récents !

Nous avons souhaité publier ce mashup pour vous donner la parole à l’occasion de cet article n° 2000 — enfin 2001, on a été un peu grillés parce que les annonces de rentrée sur le blog ont commencé à déferler, et ça ne va faire que croître et embellir, restez tunés !

Découvrez donc notre choix parfaitement arbitraire parmi vos réponses. Précisons : nous n’avons pas retenu *tous* les compliments et remerciements parce que ça faisait vraiment beaucoup, mais ça fait vachement plaisir ! Un grand merci à tous les lecteurs, nous voilà dopés pour la rentrée !

 

Comment tout a commencé

Voici les réponses à la question : comment avez-vous découvert le Framablog ?

obligation

  • Probablement par le Planet Libre tout au début
  • Par Ubuntu-fr, grâce au stand Framasoft lors d’une Ubuntu Party
  • Par linuxfr
  • Grâce à mes professeurs d’informatiques qui avaient installé nos ordinateurs directement avec Firefox et un marque page vers l’annuaire de logiciels libres Framasoft.
  • Par un ami libriste en DUT informatique
  • c’est une connaissance qui m’en a parlé.
  • par mon entourage proche, famille militante qui m’a fait connaitre le libre et ses combats
  • à cause de Pouhiou !! <3

Chacun sa route, chacun son chemin

J’ai connu le Framablog en m’intéressant à Linux, je voulais changer de Windows non pas pour son aspect libre, gratuit… mais parce que mon Windaube tombait tout le temps en panne. De fil en aiguille, de recherches en réponses et de liens en liens, j’ai découvert Framasoft (monde du libre oblige) et le Framablog. Je suis arrivé un peu avant le campagne « dégooglisons Internet », et je me suis mis à suivre le blog par flux RSS car cette initiative m’intérêssait. Je suis un peu un genre de « Dupuis-Morizeau » qui a basculé de l’autre côté du mur des GAFAM et utilise Linux Mint depuis 1 an en tant qu’OS principal, un peu grâce à Framasoft aussi !

memoire

 

  • Bonne question, je ne m’en souviens même plus.
  • Je ne sais plus !
  • Je ne sais même plus depuis le temps…
  • Je ne sais plus comment j’ai connu Framablog
  • je ne m’en rappelle plus
  • Je sais plus vraiment…
  • Je ne me souviens plus … ça fait tellement longtemps …

Des articles ? il en manque !

Réponses sélectionnées à la question :

« Je trouve que dans le Framablog on ne parle pas assez de… »

alors, ça avance ?

…de l’avancement de dégooglisons (notament framaforms, framatweet, framapétitions et framanotes)
et des C.H.A.T.O.N.S. Vous nous avez bien titillé, on veut en savoir plus. Vous pourriez parler de jeu vidéo libre aussi, après tout c’est de la culture.

l’école du libre

  • du libre… mais on n’en parlera jamais assez 😉
  • des logiciels libres
  • Je ne serais pas contre parler un peu plus d’éducation, et de la place du libre (ou de son absence de place parfois) dans le système éducatif, et des enjeux (cachés ou non) qu’il y a derrière cela
  • Articles de fond, l’éducation (qui était vraiment très présent avant)

penser global, agir local

…d’action possible près de chez nous !

message perso

[Tac au tux] (et ça, c’est pas pour de rire, faut vraiment réorganiser ça !!!)

pour aller plus loin

  • J’ai envie de dire de technique, mais je sais bien que ce n’est pas le but du framablog.
  • Je pense que les articles de fond devrais proposer à la fin un index de ressources pour aller plus loin, soit techniquement, soit dans la réflexion, soit dans l’action. Par exemple un article sur le chiffrement devrait proposer des liens sur :
    – Les détails technique du chiffrement
    – D’autres articles sur le chiffrement
    – Comment essaimer (je vous mets dans ma poche avec ce mot :p)

le bistrot des distros

  • Je trouve que dans le Framablog on ne parle pas assez de… Mageia. Blague à part, ne parle pas assez des distributions GNU/Linux. Le Libre par les logiciels c’est bien, le système qui les supporte a aussi son importance (même si Mme Michu ne souhaite pas adhérer au pingouin chevaucheur de Gnou).
  • de distribution Gnu/Linux
  • des GAFAM … cf.  https://gafam.wordpress.com/ que j’ai mis en ligne il y a quelques mois & http://www.gafam.fr/ que je suis en train de préparer tranquillement (et qui devrait être fin prêt en fin d’année) pour en faire un «  »vrai » » site concernant cette problématique : «  » gafam.fr : Faire connaître & promouvoir les alternatives aux GAFAMs
  • de la protection de la vie privée (par des trucs & astuces, sous win & sous linux) : peut-être que notre ami gee pourrait faire quelques planches à se sujet ?
  • des distributions GNU/Linux les plus populaires / connues / stables … pouvant judicieusement remplacer win & mac
  • des logiciels libres les plus utilisés / connus … (pour présenter simplement / clairement les alternatives libres aux logiciels privateurs utilisés par mesdames Michu & Dupuis-Morizeau, en leur expliquant bien le pourquoi du comment)
  • Distros et logiciels libres en remplacement des fermés

#FramaDebout

  • Thèmes anticapitalistes, contre les entreprises (Ubuntu), des intérêts divergents entre les profits et 99 % de la population.
  • Peut-être de structure économique justifiant les dérives, à mes yeux, -mais je m’avance un peu- ^^
  • l’incompétence des décideurs (politiques, économiques…) en matière de progression de la société, ou de leur quasi volonté d’anesthésier le peuple.
  • politique au sens large

le vrai problème

comment trouver l’amour quand on est un libriste !

coeursolitaire

C’est beau mais bof

« Techniquement et graphiquement, je trouve que le Framablog… »

travail non évalué

Bon, ça va, hein. Mais la perfection n’existe pas, donc ne compte pas sur moi pour un 20/20

c’est du bio c’est du bon

  • C’est propre tout en ayant un petit goût de fait à la main, et quand c’est fait à la main, c’est souvent bon.
  • Sobre, léger, très sympa
  • est bien lisible sans se fatiguer. La navigation est facile.
  • Sobre, esthétique et LISIBLE.

beugue riporte

Est assez épuré, les articles sont plaisants à lire même si parfois pour les interviews, on a des gros pâtés de texte. À noter, j’ai toujours un effet de scintillement lorsque la CSS se charge, vous pourriez peut-être voir pour améliorer les perfs de ce côté pour éviter ce « flash ».

fitcheur ricoueste

  • Je n’y accède que par mes flux RSS. Peut-être un lien direct vers les commentaires en fin d’article (comme sur LinuxFR)
  • Je lis les articles directement sur TheOldReader. Avoir les articles complets dans le flux RSS est important pour moi.
  • Une version mobile/responsive serait un plus.

osef

  • Globalement on s’en cogne… C’est le contenu qui est intéressant 🙂
  • Un peu spartiate, mais ça va
  • Correspond à mes attentes. En même  temps, j’en ai pas, des attentes…!

charte vermeillevieux-sourd

  • Design un peu vieux. Faudrait peut-être suivre, pour une fois, la mouvance de design (Flat par exemple?)
  • Clair, mais un chouille old-school.
  • Un peu vieillot mais avec les évolutions qui arrivent par petites touches on voit que ça avance Graphiquement un peu à la traîne

Framalang ? — C’est good et oui ouante encore participette.

À la question : « Un petit message pour les bénévoles de Framalang qui traduisent des nouvelles du monde du libre ? » voici les réponses que nous avons sélectionnées :

around the world around the world…

carry on & never give up !
« どうもありがとうございました
がんばってください »

holla !
Good job !
Molte gracie
Muchas gracias
Bolchoi Paciba

c’est trop bien

  • Je trouve que vous faites un travail incroyable et qui mérite toutes mes félicitations. Vos traductions me sont très utiles puisque je peux ainsi lire des articles anglais que je n’aurais pas pensé chercher sur Internet.
  • BRAVO ! Votre travail est vraiment excellent et permet aux anglophobes d’accéder à des informations non relayées par les médias classiques ou difficiles à appréhender avec les subtilités du langage.
  • bravo et merci! Un grand merci à tous pour tout le Framaboulot accompli depuis ces années !
  • Merci du gros travail de traductions, qui est de bonne qualité .

mais euh ça va trop vite !

  • Pour avoir participé un petit peu il y a quelques années, j’ai trouvé la méthodo et l’infrastructure hyper efficace, j’étais toujours étonné de la rapidité des traductions, il fallait limite se dépêcher si on voulait pouvoir participer un peu.
  • j’arrive souvent après la bataille :'(
  • Dans le temps j’ai perdu le fil, et je ne sais même plus aujourd’hui comment m’informer des nouvelles traductions proposées. À l’époque c’était des appels par Twitter. P.S.: je viens de chercher et du coup me suis inscrit à la liste de diffusion framalang@framalistes.org :DDDDD »
2000-articles trop-vite

 

Framasoft ? — On gère du pâté et on en fout partout

Voici ce qu’ont répondu quelques-uns à la question finale : « Un autre message pour l’équipe du Framablog et de Framasoft ? lâchez-vous ! »

optimiste et conquérant :

Cette année nous démarrons (grâce à vous !!!) la dégooglisation du lycée agricole d’E. et par là même la dégooglisation des esprits de nos apprenants… (il faut préciser que nous sommes de très gros consommateurs de Google Drive et que nous espérons, d’ici deux ans, conjuguer cette phrase au passé)

la belle histoire

Petite histoire, ma mère travaillait dans un collège très pauvre à M. avec des élèves vraiment très défavorisés. Elle distribuait des Framakeys à un moment je crois, et recommandait systématiquement les logiciels libres. Elle avait donné des copies de Open Office à l’époque et des élèves l’avaient remerciée chaleureusement de leur avoir fait découvrir cela, car elles ignoraient que de telles choses existaient et visiblement n’avaient même pas l’idée de craquer des logiciels de traitement de texte propriétaires et/ou avaient été épargnés par la vente liée (bizarre!).

repas de famille

En vrai, de plus en plus de gens, même mes proches et notamment ma famille : des oncles, des tantes etc, commencent fortement à s’intéresser à ces problématiques grâce au framamonde.

fédération charcutière

Merci pour tout, merci pour le bien que vous faites à Internet en général (avec d’autres services comme Qwant, l’April ou la mère Zaclys pour ne citer qu’eux), vous êtes une pierre importante de l’édifice libre que j’utilise au quotidien (Linux, Framasphère*, Framablog, Framacarte, Framatube, Framindmap, Framadrop (hyper utile, merci !), j’aurai  bien voulu un Framadrive mais y’a pu d’place… :P) ! Et rien que pour ça, vous gérez du pâté !

à l’assaut l’asso

Pas de grand discours mais juste un grand merci pour votre mobilisation et votre ouverture. J’ai appris beaucoup de chose avec vous, je me suis trouvée de nouveaux centres d’intérêts et un « combat » de la vie de tous les jours.

sentier lumineux

Vous êtes la lumière dans un monde d’obscurité

trop mignon

Des gros bisous avec plein de licornes et chats des internets <3

bday-cake

gâteau d’anniversaire offert par normanack (CC BY 2.0)




Framemo : un tableau pour vos tempêtes de cerveaux !

Lorsque l’on est en réunion, que l’on travaille en groupe, il faut prendre des notes. Pour cela, un Framapad, c’est plutôt pratique. Mais dès que vous voulez organiser ces notes, on en revient au tableau blanc avec les sempiternels papiers jaunes à bouts collants (dont on ne doit pas prononcer le nom)…

Du coup, nous on s’est dit « Ce serait-y pas formidable qu’un logiciel libre permette de simuler le tableau blanc et les papiers, de manière collaborative, comme les pads ? »

Et c’est là que nous avons découvert Scrumblr, de Ali Asaria ; qui a eu la belle idée de créer un logiciel compréhensible instinctivement, en deux clics. La suite, vous la devinez…

Framemo expliqué aux kanbanistes agiles

Oui, le tableau blanc, les colonnes et les papiers repositionnables, cela s’appelle du Kanban. Le passage qui suit est donc à réserver aux personnes qui connaissent déjà la méthode (ou veulent un bref aperçu de ce service). Si vous voulez une illustration explicative, pas de soucis, rendez-vous au titre suivant 😉 !

Framemo vous propose donc :

  • De créer des tableaux kanban en ligne (sans ouverture de compte) ;
  • De les partager via l’URL (adresse web) ;
  • De travailler collaborativement en temps réel ;
  • Le tout en mode cliquer-glisser-déposer ;
  • L’édition, l’ajout et la suppression de colonnes ;
  • L’édition, l’ajout et la suppression de notes (4 couleurs dispos) ;
  • L’ajout ou le retrait de gommettes sur les notes ;
  • L’ajout et l’édition du pseudonyme des participant-e-s ;

Ce service est basé sur le logiciel Scrumblr (participez-y ici), sous licence GNU GPL, et notre tuto pour l’installer sur vos serveurs est sur le Framacloud.

L’initiative Cot-Cot-Commons ouvre un Framemo

Prenons l’exemple (purement fictionnel) de Cot-Cot-Commons, une organisation qui voudrait créer un prototype de poulailler Libre (en plus d’être open source) et auto-géré, dans le jardin partagé de l’immeuble de Sandrine. Cette dernière s’y investit (elle aime réduire ses déchets végétaux) mais voit très vite que les idées fusent en réunion sans être forcément notées pour les personnes n’ayant pas pu venir. Qu’à cela ne tienne, lors de la réunion suivante, elle ouvre un Framemo !

Elle se rend donc sur Framemo.org et décide de créer un tableau sobrement intitulé « CotCotCommons« . Pas besoin de créer un compte, il suffit juste de taper le nom de son tableau et de cliquer sur « Allons-y » !

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Bon, pour l’instant, il faut avouer que ce n’est pas super entraînant : un tableau tout vide, et quelques boutons « plus » et « moins » ici ou là, de petits points colorés…

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En passant sa souris sur la droite du tableau, Sandrine fait apparaître un petit « plus » qui lui permet d’ajouter des colonnes. Lorsqu’elle clique sur leur titres, elle s’aperçoit qu’elle peut en modifier le nom. Sandrine prépare un tableau kanban assez classique (de toutes façons elle voit bien qu’on peut toujours modifier les noms de colonnes par la suite).

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Notons au passage que Sandrine a vu qu’il suffisait de cliquer sur « Anonyme (vous) » pour entrer son prénom (ou son pseudo). Étant une habituée des pads, elle sait combien c’est pratique et met vite le sien.

Puis elle commence à noter les idées du compte rendu de la séance précédente. Pour créer une note, elle clique sur le « plus » à gauche sous le tableau. Un petit papier apparaît qui ne demande qu’à être édité, puis déplacé d’un geste de la souris…

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Sandrine n’y tient plus, elle finit juste quelques notes avant que de partager l’adresse web du tableau avec le reste de Cot-Cot-Commons. Elle est facile à retenir c’est le nom du site puis le nom de son tableau : framemo.org/CotCotCommons

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Très vite, Abdel, le secrétaire de séance, décide de projeter le tableau sur le mur de la salle de réunion. Dans le groupe, plusieurs s’emparent de leurs ordinateurs (dont Naya, restée chez elle à cause d’une jambe cassée, qui participe donc en visio conf) pour réorganiser les notes de Sandrine et y ajouter leurs idées !

C’est d’ailleurs Naya qui découvre qu’on peut glisser et déposer sur chacune des notes les gommettes qui se trouvent en bas à droite. Le groupe décide donc d’un code couleur pour attribuer les tâches à chacun-e. Bien vite, il y a tant de notes qu’il leur faut agrandir le tableau (en le tirant vers le bas d’un simple geste de la souris !)

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À vous de tester (et partager) Framemo !

Et voilà : Ali Asaria (et toute l’équipe de Scrumblr) nous propose là un petit service efficace, pratique, facile d’accès… L’idéal pour collaborer aisément sans avoir à apprendre et à s’habituer à un logiciel plus complexe !

Car si le collectif Cot-Cot-Commons est une pure invention, nous sommes certains que Framemo peut être utile à vos associations, syndicats, familles, entreprises, institutions : bref, dans tous les cercles où vous vous organisez en commun.

Et si vous trouvez Framemo trop léger pour vos besoins, nous vous rappelons qu’il existe un outil plus orienté gestion de projets – et donc plus complexe – nommé Framaboard.org utilisant lui aussi la méthode kanban.

Nous sommes ravis de pouvoir vous proposer ce nouveau service, et attendons de voir avec impatience si vous allez vous en emparer, l’utiliser, le partager… et surtout le quitter parce que vous l’aurez finalement adopté sur vos serveurs 😉 !

Pour aller plus loin :