QueerMotion, un collectif de créateur⋅ices sur PeerTube

Iels ont lancé leur instance PeerTube il y a quelques mois, alors on s’est dit que c’était l’occasion de vous les présenter : le collectif QueerMotion. Et pour cela on vous a concocté une chouette interview, que nous avons égayée de quelques créations vidéo des talentueu⋅ses vidéastes publiant sur cette instance.

Bonjour le collectif QueerMotion ! Est-ce que vous pourriez vous présenter au lectorat du Framablog ?

Bonjour cher·es lecteur·ices du Framablog ! Nous sommes un collectif de personnes queers créant du contenu vidéo ou audio en ligne que nous essayons de réunir sur notre instance PeerTube : https://queermotion.org. À l’heure où nous écrivons, nous sommes tous·tes issu·es de diverses associations LGBTQIAP+ et autres collectifs trans, non-binaires, et handis. Du fait de nos origines militantes et de nos identités multiples, nous portons des valeurs féministes et intersectionnelles et souhaitons construire un groupe ouvert à toute personne queer créant de l’audiovisuel. =)

  • Charlie Doe, podcasteur sur la chaîne Le DoeCast, abordant la santé mentale, le handicap et le militantisme. Dans une démarche politique, iel partage sa thérapie concernant ses diagnostics récents : trouble du déficit de l’attention (TDAH – neuroatypie), trouble borderline et trouble bipolaire de type 2 (psychoatypie).
  • Avril Dystopie, Nathanaël et Adélaïde, du Cercle des conteureuses disparues, un collectif de mises en voix libre et intersectionnel. Iels proposent l’enregistrement d’œuvres littéraires (romans, théâtre, poèmes…), animées, illustrées, ou musicales, avec une approche militante.
  • JuneasinJuly, étudiant en théâtre, iel est acteur au conservatoire, modèle, musicien et fondateur du cercle des conteureuses disparues.
  • Orso, initiateur de Queernest Radio, la radio collective de podcast et de soin par et pour des personnes trans & queer. Il propose notamment la mise en voix de textes militants ou artistiques.
  • Elora Bertrand, cinéaste, réalisateur du célèbre court métrage « PRONOMS », déjà viral sur YouTube, ainsi que du manifeste « Corps en Construction », sélectionné au Pink Screen festival de Bruxelles en novembre 2020. Iel propose des projets autour de la communauté queer et trans, avec des équipes composées majoritairement de personnes concernées.

L’instance PeerTube QueerMotion

  • JacqueerMD, cinéaste, il est aussi auteur d’un magnifique court métrage viral sur YouTube : « Lettres à X ». Il propose sur QueerMotion ses courts métrages traitant de thématiques LGBTI+.
  • Em B. Green, auteur·e-compositeur·ice-interprète confirmé·e, deux E.P à son actif ainsi que de nombreuses collaborations (Aurélia Barraud Trio, Tokyo/Overtones, les Sis Jones, Pretty Poet…). Il est aussi membre de la Compagnie La Bande Magnétique, théâtre, conte et clown d’impro. Un clip est en cours de production, sa sortie est prévue pour 2021.
  • Solen et Nathan, graphistes-motion designers, modérateurs et même lords officiels de QueerMotion. =)
    Iel et il ont notamment créé l’identité visuelle de QueerMotion : logo, couleurs, bannières…
  • Lane Guenard, (ça se prononce comme Lois Lane, Wisteria Lane, etc.), co-fondataire de QueerMotion, scénariste-réalisataire amataire. Ul travaille sur un projet de web-série et propose un vlog portant sur l’écriture scénaristique, la réalisation, et les difficultés liées à sa/ses neuroatypie(s), et à ses problèmes de santé.
  • Kimsible (prononcez Kim-ssi-beul), co-fondatrice de QueerMotion, contributrice PeerTube, admin de l’instance et pianiste amateure, elle propose des interprétations d’arrangements ou reprises de thèmes de jeux-vidéos et films d’animation.

 

QueerMotion est une instance PeerTube qui propose d’héberger des contenus créés par des personnes Queer… Mais qu’est-ce que ça veut dire, être « Queer » ?

Nous définissons le mot « Queer » comme un terme générique qui englobe à la fois toutes les identités de genre, intersexuations, orientations sexuelles, romantiques et relationnelles qui diffèrent de la norme hétéro, cisgenre et dyadique, ainsi que le refus de toute forme de politique d’assimilation culturelle. À l’origine c’est une insulte, que la communauté LGBTI+ s’est réappropriée. En effet, nous réapproprier un terme insultant nous permet de rééquilibrer les choses en enlevant aux personnes qui nous insultent la possibilité de nous blesser avec ce terme. Maintenant, on le porte fièrement comme terme générique pour désigner les personnes LGBTQIA+, en tout cas, celles qui souhaitent se désigner par ce terme. 🙂

Si les mots « intersexe », « cisgenre » et « dyadique » ne vous sont pas familier, n’hésitez pas à consulter le glossaire de La vie En Queer ou la vidéo C’est quoi Intersexe ? de Mischa.

 

Et du coup, QueerMotion est une instance réservée aux contenus liés aux cultures Queer ou bien aux personnes s’identifiant comme Queer ? Pourquoi ce choix ? Pourquoi avoir entrepris l’effort de créer une plateforme d’hébergement vidéo gérée par et pour des personnes Queer ?

Nous sommes en non-mixité queer, c’est-à-dire qu’il faut être une personne queer pour pouvoir être membre du collectif et donc poster du contenu vidéo et audio sur l’instance. Les contenus ne sont pas obligatoirement liés aux cultures Queer, mais la démarche est militante dans tous les cas, car elle vise à mettre en valeur les créateur·ices queers : auteur·ices, acteur·ices…

Ce choix est assumé par la volonté de se créer notre propre espace dédié pour 3 raisons essentielles :

  • se protéger des violences et discriminations relevant d’une oppression dont nous sommes, pour une ou plusieurs raisons, déjà victimes au quotidien : cissexisme/transphobie, biphobie, racisme, sexisme/misogynie, validisme, psychophobie… ;
  • s’assurer d’avoir une voix audible qui ne soit pas noyée dans la masse ;
  • s’assurer que nos existences et nos luttes soient affirmées et qu’aucune personne non-concernée ne les remette en question.

Autrement dit, cet espace nous permet de nous soutenir, de nous conseiller et de nous sentir plus en sécurité entre personnes concernées. On appelle ça de l’empouvoirement queer (mot français pour « empowerment »). Enfin, l’accès, la possibilité de commenter et le partage de nos créations sont évidemment publiques et pour tous·tes, le but final étant aussi d’éduquer d’autres personnes que nous.

Lettres à X, court métrage mettant en scène l’évolution d’une relation amoureuse entre deux jeunes hommes

 

Lors d’un Confinatelier, David Revoy nous a appris que Sepia, mascotte poulpe de PeerTube, n’a pas de genre… Vous auriez des astuces pour nous aider à parler de… ellui ? de iel ?
Voici la définition de la non-binarité portée par le Collectif Non-Binaire :

La non-binarité est définie comme le fait de ne s’identifier ni exclusivement homme, ni exclusivement femme – et ce, sur la base de l’auto-détermination. Cela comprend le fait de s’identifier en partie homme, en partie femme, les deux à la fois, entre les deux, ni l’un ni l’autre, etc. Nous différencions la non-binarité, qui est une identité de genre, et l’expression de genre qui elle, concerne l’apparence.

L’absence de genre est désignée par le terme « agenre », représentée par la couleur noire sur le drapeau non-binaire. Une personne non-binaire peut utiliser les pronoms « elle », « il », ou « iel » voire un ou plusieurs néo-pronoms « al », « ol », « ul », « ille » … ainsi que les accords féminins, masculins, inclusifs ou neutres. Il y a deux façons d’employer le neutre : en utilisant des tournures épicènes ou une grammaire neutre. Le neutre grammatical sert à désigner exclusivement une personne non-binaire. Les deux sources francophones les plus couramment utilisées sont les genres neutres proposés par Alpheratz et La Vie En Queer.

Dans les espaces militants, l’échange de prénoms, pronoms et accords durant un tour de table sont devenus systématiques. Dans la vie courante, nous attachons une importance à laisser la personne se genrer elle-même, éventuellement lui demander à l’oreille en gardant la plus grande discrétion, car même si nous connaissons son/ses prénom(s), pronoms et accords, il se peut qu’elle ne soit pas « out » publiquement ou dans un cercle social particulier (professionnel, familial ou amical). Par exemple : Al est heureuxe (Al + accords neutres), Il est contente (Il + accords féminins), Iel est content (Iel + accords masculins), Aël est content·e (Aël + inclusif). Dans le collectif QueerMotion, nous proposons aux membres de se présenter avec leur pronoms et accords dès leur intégration.

Pour revenir à Sepia, il faut se baser sur son auto-détermination, en supposant que Sepia ait la capacité de communiquer pour nous l’exprimer. Mais tant qu’on ne sait pas, l’utilisation du neutre par les tournures épicènes est la manière la plus respectueuse de parler de Sepia. =) Se penche et chuchote à l’oreille de Sepia : « Quels sont tes pronoms et accords, si ce n’est pas indiscret ? ^o^ »

Pronoms, un court-métrage sur le parcours d’un·e adolescent·e, découvrant les possibilités qui s’offrent à iel en termes de genre et d’identité

 

Du coup, si je m’identifie comme Queer et que je veux publier mes créations vidéos sur une instance PeerTube, pourquoi est-ce que j’irais sur QueerMotion.org ?
L’instance QueerMotion.org possède plusieurs avantages :

  • Le point commun des vidéos postées sur l’instance est que leurs auteur·ices sont queer. Nous n’imposons pas de sujet particulier : à partir du moment où l’auteur·ice queer est mis·e en avant et respecte les valeurs du collectif, iel peut donc poster n’importe quel type de vidéos ou d’audios (contenu militant, culturel LGBTQIAAPP+, culturel non-LGBTQIAAPP+, courts métrages, chansons, mises en voix, etc.) ;
  • Faire partie d’un collectif portant des valeurs féministes ;
  • Évoluer dans un espace relativement « safe » en non-mixité queer. Cela permet aux utilisateur·ices de bénéficier d’un sentiment d’appartenance à cette communauté ;
  • Faire partie d’un collectif, prendre des décisions au sein de ce collectif et participer à sa gestion en toute horizontalité ;
  • Accéder à un réseau de compétences et pouvoir les partager (graphisme, motion design, prise d’image, prise son, montage, mixage sonore, étalonnage, etc.) ;
  • Se familiariser si on le souhaite avec le logiciel libre dans ses aspects techniques et éthiques (administration d’un serveur, contribution au code source…) ;
  • Rencontrer des gens très chouettes avec qui on partage des valeurs communes ! 🙂
Les Preuses Chevalières, une fiction queer audio

 

(Attention : sarcasme !) « Mais pourtant, Google est notre ami à toustes, non ? En Juin, on voit souvent un rainbowflag sur le logo de YouTube… » Plus sérieusement : vous pensez qu’il y a un problème sur le traitement des créatrices et créateurs Queer par les plateformes vidéos actuelles ?

Nous le pensons et alertons depuis quelque temps, en tant que Queer et créateur·ices aussi sur YouTube pour certain·es d’entre nous. Les contenus référencés avec des mots-clés LGBTQIA+ sont automatiquement démonétisés et classés dans le contenu restreint de YouTube, les chaînes Queers sont peu ou pas mises en avant, très probablement à cause d’entreprises-annonceurs refusant d’être associés à ce type de contenu. De plus, une différence de traitement est également constatée dès qu’une attaque est ciblée contre notre communauté, les signalements de ces vidéos/vidéastes n’aboutissent que rarement ou pas du tout.

Plusieurs vidéastes Queers influents sur YouTube en parlent dans un article de Têtu. Les excuses ou le marketing visuel aux couleurs du drapeau LGBT+ peuvent sembler être une bonne initiative, mais il s’agit selon nous uniquement de moyens de se donner une image progressiste ou engagée pour la communauté queer, afin de masquer l’inaction de l’entreprise sur ces sujets, la priorité restant avant tout de satisfaire les annonceurs et de préserver le modèle économique existant. Ici, nous tombons pile poil dans une manœuvre de « Pinkwashing » de la part de Google.

 

Et qu’est-ce qui ne va pas pour vous avec une chaîne youTube classique ? ça n’existe pas déjà des chaînes YT « queer » ? allez tiens par exemple cette vidéo ou celle-ci (oui j’ose donner des liens vers YT pour vous troller un peu)

Nous respectons le choix d’être sur YouTube ou sur une instance PeerTube plus généraliste. La plupart d’entre nous balancent entre YouTube et l’instance QueerMotion car il n’est pas aisé de faire le pas vers du 100% PeerTube. Toucher des personnes non-concernées est plus facile sur YouTube, malgré les sacrifices éthiques et d’auto-censure que nous sommes amené·es à mettre en place pour y avoir une place.

Pour rendre visibles des contenus sur les réseaux sociaux, des codes bien précis ont été établis par les GAFAMs, et notamment à outrance pour une chaîne YouTube classique :

  • Durée de contenu courte ;
  • Référencement par mots-clés ;
  • Flatter l’algorithme de YouTube afin de gagner en visibilité sur le site : incitation à mettre un pouce bleu, commenter, et s’abonner.

PeerTube respecte ces codes, car il est devenu difficile de s’en détacher. Cependant, ces éléments n’y ont pas autant d’importance que sur YouTube ou un autre réseau social classique. Néanmoins, une instance PeerTube a toujours la liberté de ne pas utiliser ces fonctionnalités. À noter que QueerMotion a pour le moment décidé de les conserver afin de ne pas trop dépayser ses membres, tout en se donnant la possibilité de s’en affranchir plus tard.

Rappelons que YouTube collecte les données personnelles des utilisateur·ices, et impose même la publicité sur des contenus sous licence Creative Commons. Ce ne sera jamais le cas sur QueerMotion.org, car ce ne sont pas des valeurs portées par le collectif. Enfin, sur YouTube, nous sommes plus exposé·es. Avoir une instance qui nous est dédiée est aussi un moyen de nous reposer et de prendre soin de nous dans un espace plus « safe ».

Les antidépresseurs, 1er épisode d’une série de podcasts sur les médocs

 

Comment envisagez-vous les opérations de modération, vos choix de fédérer ou non, etc. ? Vous avez établi collectivement une stratégie en amont, un code de conduite ou bien c’est prévu pour bientôt ?

Nous savons que la modération demande des moyens humains non négligeables et notre priorité est avant tout de se concentrer sur la création de contenus. Plusieurs choix ont donc été réfléchis en amont concernant les inscriptions et la fédération :

  • L’inscription donne accès à un compte limité : commenter, créer des listes de lecture ou chaînes ;
  • Autoriser l’envoi de vidéos ou audios uniquement pour les comptes des membres du collectif ;
  • Approuver manuellement le suivi par de nouvelles instances ;
  • Ne pas suivre automatiquement les instances.

Tous les contenus postés, commentaires compris, doivent respecter les valeurs de notre manifeste et du code de conduite.

 

Vous êtes un collectif, donc c’est une décision collective de permettre à un⋅e vidéaste de diffuser sur votre instance ? Comment ça va se passer au juste, il y a un délai pour une décision collégiale ?

Les personnes qui souhaitent participer à la validation des demandes s’occuperont du suivi des nouvelles·aux membres, dès la création ou mise à jour du compte PeerTube, les quelques premières vidéos seront vérifiées et ensuite nous lèverons cette vérification. Il n’y a pas de délai particulier mais nous essayons d’aller au plus vite en fonction du temps que nous pouvons donner bénévolement.

 

C’est quoi la limite ? Par exemple, du porno, vous prenez ? Il y aura des chaînes « adultes » d’accès réservé avec avertissement « plus de 18 ans » etc. ? Comment avez-vous choisi de gérer les contenus potentiellement choquants chez certaines personnes ?

Pour le moment, nous ne prévoyons pas de contenus ou de chaînes strictement « adultes, » étant donné que l’âge minimum pour entrer dans le collectif est de 16 ans. La question du porno a été plusieurs fois abordée et nous avons jugé nécessaire de n’accepter que des contenus en rapport avec le « porno » ayant une dimension éducative, féministe et limités aux plus de 16 ans, dans le cadre autorisé par la loi pour la télévision ou les jeux vidéo, c’est-à-dire, pas de scènes de sexe explicites. Nous floutons les miniatures et alertons avant visionnage des vidéos et audios potentiellement choquants. Autrement dit, ces contenus sont classés Not Safe For Work (NSFW). Nous avons également mis en place un système de Trigger Warning (avertissement aux spectateur⋅ices) à placer dans la description si une partie du contenu peut être sensible ou interférer avec le message de l’œuvre dans sa globalité.

Corps en Construction, manifeste filmé d’Elora Bertrand sur les corps trans

 

Et sur le plan pratique ? Comment je fais pour vous rejoindre et me créer un compte sur QueerMotion ? Je dois obligatoirement parler de cultures Queer ? Je pourrai monétiser mes vidéos ? Bref… hyper concrètement : c’est quoi, vos conditions ?

Sur le plan pratique, pour nous rejoindre, il suffit simplement d’être Queer et de proposer du contenu audiovisuel qui soit en accord avec nos valeurs, quel que soit le sujet ou le thème. Le contenu n’est pas à proprement parler militant, mais la démarche l’est dans tous les cas. =) Avoir déjà une présence numérique publique (Blog, YouTube, Mastodon, vidéos ou audios déjà enregistrés, etc.) aide très fortement à nous faire une idée. Pour chaque demande, nous transmettons un formulaire d’adhésion avec des questions ciblées pour en savoir plus sur la personne, ce qu’elle souhaite proposer comme contenu, partager comme compétence(s) au sein du collectif, où elle se situe dans sa compréhension des espaces non-mixtes… Parmi les conditions, nous imposons évidemment la non-monétisation des vidéos sur l’instance, le choix d’une licence Creative Commons, et avoir un projet concret ou déjà du contenu à proposer.

 

Sur la page de votre collectif, vous affirmez être concerné·es par les identités LQBTQIAAP+, ainsi que par les questions de racisme, celles de handicap et de validisme… Juste en dessous, vous conditionnez l’hébergement de contenus vidéos à une publication sous une licence Creative Commons (ce qui induit que ces œuvres seront libres ou de libre diffusion). Vous voyez un point commun à toutes ces valeurs fortes ?

Nous pensons que la mise en commun de notre travail par la libre diffusion est importante. Beaucoup de questions ou mouvements nous concernant et apportant une analyse intersectionnelle, comme les « Disability Studies », Études des handicaps dans leurs contextes sociaux, culturels et politiques, ou encore les « Queer Studies » ou la décolonisation, sont peu explorés ou volontairement ignorés dans le monde francophone. Certains de ces termes n’ont pas de traduction évidente en français et sont surtout des sujets de recherche anglo-saxons, ou soi-disant uniquement en lien avec l’histoire de ces pays.

Un choix qui est évidemment politique : visionner, apprendre, partager, copier, etc., gratuitement et librement, permet de casser les normes élitistes visant à rendre exclusives des connaissances, des cultures, à une poignée de personnes ayant les moyens d’avoir une éducation, et très souvent d’en exclure les personnes concernées.

Dans les réponses précédentes, nous avons affirmé vouloir échapper à la censure, à l’utilisation de nos données personnelles et à un modèle publicitaire normalisant. La démarche libératrice, est selon nous, le point commun à toutes ces valeurs fortes.

Rassure-moi, un texte personnel avec fond musical à écouter dans les mauvais moments

 

Quelles sont les améliorations que vous aimeriez voir dans PeerTube (c’est le moment d’être critique !)

Nous voyons trois axes importants d’amélioration dans PeerTube :

1. La modération
En effet, le manque d’outils de modération implique que la majorité des instances sont aujourd’hui à inscriptions limitées ou simplement fermées (comme QueerMotion.org lors des premiers mois de sa création). D’un autre côté, quand on ferme les inscriptions, on aimerait avoir la possibilité d’envoyer des liens d’invitation par e-mail redirigeant sur le formulaire d’inscription afin de fluidifier la création de compte. Les commentaires ont aussi besoin de plus d’outils de modération, comme la suppression définitive et multiple de commentaires ou la validation avant publication, localement et sur les instances suiveuses. Les récentes versions de PeerTube apportent leur lot d’améliorations plus que bienvenues et sont un très bon début pour aller dans ce sens. Dans notre cas, ces fonctionnalités seraient très importantes pour se prémunir d’attaques ciblées régulières contre notre communauté. Pour les contenus « Adultes, » un profil de vidéos « contenu adulte +18 ans à caractère sexuellement explicite » séparé du contenu sensible NSFW, qui n’est pas toujours exclusivement du contenu adulte, serait bienvenu. Pouvoir ajouter des « Trigger warning » dans le message d’alerte de contenu sensible serait aussi une amélioration notable.

2. L’UX et UI du lecteur de vidéo
L’envoi explicite d’audios sur PeerTube est une fonctionnalité non négligeable. Une instance n’ayant que très rarement la possibilité de grossir autant qu’un YouTube ou un Dailymotion, pour des raisons évidentes de coût et de modération, le format et la fréquence des contenus changent. Sur QueerMotion.org nous voyons plus de podcasteur⋅euses, musicien⋅nes… Apporter une amélioration nette à l’interface du lecteur, comme le fait SoundCloud notamment, avec une barre constamment présente en bas de page pourrait être un vrai plus par rapport à YouTube. Cette fonctionnalité est, selon nous, bien plus importante que le « live. »

3. Installation et administration du serveur d’une instance
Les installations « bare-metal », Yunohost, ou docker ne sont pas accessibles à tout le monde. Elles demandent un minimum de connaissances en administration système, notamment pour la surveillance (sauvegardes, migrations…) du serveur, comme la plupart des logiciels auto-hébergés. Ces lacunes tendent à disparaître. La communauté PeerTube étant grandissante, à l’avenir, nous espérons voir des services « éthiques » permettant d’automatiser le déploiement et la surveillance système d’une instance sur un hébergeur/serveur.

Voici une liste des autres fonctionnalités très demandées dans notre collectif :

  • Modification de l’identifiant :
    Permettre de modifier les identifiants de compte et de chaîne ;
    Très problématique sur YouTube pour les personnes utilisant leur prénom et concernées par un changement d’état civil suite à une transition de genre.
  • Co-créateur·ices sur les chaînes/changement de propriétaire de chaîne
    Permettre d’ajouter des comptes co-créateur·ices sur une chaîne, pouvant aussi envoyer des vidéos ;
    Changer le propriétaire d’une chaîne.
  • Connecter un compte PeerTube à Liberapay.com
    Permettre de répartir une campagne de dons commune à tous·tes les créateur·ices.
Reprise de Space Oddity, de David Bowie

 

Et enfin, comme toujours sur le Framablog, on vous laisse le mot de la fin…

QueerMotion est encore tout jeune, mais l’avenir s’offre à nous ! On vous remercie de nous avoir permis de nous présenter et de présenter notre collectif. Nous espérons que cela vous donnera envie de nous soutenir et de venir regarder ce que nous faisons !

 

Pour aller plus loin :
Le Site du collectif
Les Vidéos du collectif
Le Manifeste
Rejoindre le collectif
Soutenir le collectif
Contacter le collectif




Sepia Search : our search engine to promote PeerTube

Today we are opening a new door on PeerTube, making it easier to discover videos that are published in a federation that is growing every day.

PeerTube is the alternative we are developing so that everyone can emancipate their videos from YouTube and the likes. Except that unlike YouTube, PeerTube is not a single platform.

PeerTube is a software that specialists can install on a server to create multiple video platforms (called « instances »), which can be linked together within a federation.

Opening the door on a diverse federation

The problem with federation is that it is much more varied and complex than a one-website platform. It’s all well and good to decentralize to prevent the creation of new web giants, but where’s the front door?

Do we really need to explain the notion of instance? Insist on the need to find one’s own and therefore to learn about the federation policies of each instance? … to someone who simply asks :

But… I just wanted to watch videos!



The solution would be to create a search engine for all the videos published through PeerTube.

If you open a single gateway to the federation, then the structure that holds the keys to that gate gets great powers. They get the power to decide what will be accepted (or rejected) in the search directory. They get the power to record who searched for what, when, from where. And they get the power to intervene in the order and display of the results.

It is on such power mechanisms that Google has built its monopoly. Obviously, at Framasoft, we do not seek to be in a position of power… and even less to follow Google’s (bad) example! Nevertheless, we want to show the emancipating potential of this software which allows to reclaim the means to stream videos.

We therefore take the responsibility of opening Sepia Search, our gateway to videos and videomakers on PeerTube. It’s a door we open while limiting as much as possible the power we’d get, to keep respecting your attention as well as your browsing.

Presenting PeerTube without monopolizing attention

In the federation universe, the « fediverse », there are many PeerTube instances where people can sign up and create as many channels as they want, channels where they can upload their videos.

Our goal with Sepia Search is not to present all of this content. We simply want to show you the space of autonomy that PeerTube opens up, respecting the values of transparency, openness and freedom that we have been defending for more than 16 years.

Here is Sepia, PeerTube’s mascot – Illustration CC-By David Revoy

A publicly auditable indexing tool (transparency)

Behind Sepia Search, there are two softwares.

The first one is the engine: it is the software where you enter a search, it compares this search with the list of contents in its directory, and then gives the matching results.

The second one is the bodywork, the chassis: it is the software that will present the search bar, receive the request you typed, and show you the results, specifying in orange where you will go when you click on « Go and watch this video ».

The source code, the « recipe » of each of these softwares, is transparent. We publish it on our software forge. Anyone who is able to read this code can do so, and determine if there are tools to cheat with the results display, or others to spy on your behavior.

We already know that these codes are ethical and do not spy on you. We have a good reason: as stated in our TOS, we are really, really not interested in your data!

An a posteriori moderated search engine (openness)

Not all PeerTube instances will be referenced on Sepia Search. This search engine will be based on the list of instances we maintain at instances.joinpeertube.org.

We recently announced a change in the indexing policy for this list, to align with the policy for all of the services we offer:

Thus, if we are notified of an instance where contents explicitly condone terrorism or promote historical revisionism, we will remove it from the index (non-compliance with French laws, which we insist on in our TOS). Such removal will eliminate all videos hosted by that instance from the search results.

On the other hand, if one or more people come to abuse the time of our moderators with inappropriate and abusive reports, their word will be discredited and ignored (as indicated in our moderation policy (FR)).

This moderation, which we hope will be as light as possible, will allow us to limit the results offered by Sepia Search to videomakers who upload original content and to channels (or even instances) that contribute to emancipate.

Illustration CC-By David Revoy

A reproducible tool, adaptable to your conditions (freedom)

It may sound paradoxical to talk about openness in order to detail the conditions under which we close Sepia Search to certain content (especially illegal content).

However, at Framasoft, we believe in the paradox of tolerance, and therefore that openness can only be maintained if the limits of this openness are honestly defined and defended.

We are aware that this is a point of view we get from our French culture (or even from Western European culture). It may, for example, shock people from a North American culture (where unconditional Free Speech is a cultural norm) or from « official » Chinese culture (where, currently, the government sets strict limits on freedom of expression).

We don’t want to impose our culture, nor do we want to deny it. This is why we made sure, legally and technically, that everyone is free to set and host their own instance list, indexing engine and search site, by copying and adapting what we have created.

Sepia Search is just our gateway to PeerTube. This site aims to introduce you to the emancipatory PeerTube we work for, with our culture, activism and subjectivity.

Expecting an actor to do everything, all by theirself, is in fact a reflex of submission to the internet of platforms. It is up to you to take the power (and responsibilities) by hosting your search engine, set up according to your culture, your indexing policy and your values!

Illustration CC-By David Revoy

What Sepia Search can do for you

If we’ve done a good work , Sepia Search will allow you to discover videos and therefore channels (or even PeerTube instances) that will interest you!

The Sepia Search site has been designed to inform you while respecting your attention:

  • The results will be the same for everyone, based only on your search (and the language of your browser’s language), and absolutely not pre-sorted according to a profile (because there is no profiling, here!);
  • The results are presented in a clear and detailed way, to avoid the attention war leading to clickbait thumbnails and all caps over-the-top titles;
  • Search filters give you the power to sort the results out and display those you really want;
  • If you want to see a video from the results, Sepia Search will redirect you directly to the instance where it is hosted (since we have no interest in locking you into the search engine’s website). This is a way to help anyone experience and understand the notion of federation.

The 2 first results when you type « Talk » in.

The search engine that runs Sepia Search is a free « libre » software, which means that it is open to modifications and adaptations. More advanced uses (through what is called an API) will very quickly allow even more emancipation.

For example, Internet users using Firefox will be able to add Sepia Search to the list of search engines in their browser directly from the site. Likewise, our engine (or another installation of the same engine) will be a tool for extensions that notify you when a YouTube video is also available on PeerTube, and will probably contribute to their efficiency.

A Community Funded Tool

Sepia Search is an additional and necessary step in the roadmap to PeerTube v3, for which a crowdfunding is still underway.

Being able to search for videos in the federation was in high demand, which is why we made it the first step in our roadmap. Prior to PeerTube v2.3, when using the search bar for an instance, results were limited to the videos in the federation bubble of that instance.

Thanks to your donations which have funded our work, we released version 2.3 of PeerTube at the end of July. Since then, the same search can now display results from all PeerTube instances listed in a « Search PeerTube » search engine, including the one we provide.

However, the usage surveys conducted by Marie-Cécile (the designer who has been working with us on this roadmap to improve PeerTube) and the feedback we have received from you has made us realize that this was not enough: we also needed a specific web site to promote this search engine.

Click to try SepiaSearch

Your donations fund our freedom of action: we understood the need, so we announced in mid-August that we were going to rearrange our workload and free some time up to fulfill the need, which we felt was a priority. This is how Sepia Search was born.

Last stop before the live!

There is now one big straight line on our roadmap to PeerTube v3: implementing live, peer-to-peer video streaming! As we announced, this will be a first implementation of this feature, and it will be very spartan (no chat module, no filters, no emoticons).

Illustration CC-By David Revoy

At the time of writing, nearly 1,000 people have funded €42,000 of the €60,000 needed to fully develop this v3. While the world is facing a pandemic, we did not find it decent to condition these developments to your donations. Whether we collect the €60,000 or not, we will produce this v3, even if we have to do it on our own funds (which we did for the v2).

We still hope that some of you will share our values and our approach, and that by talking about this project as widely as possible, we will manage to raise this sum (and not to overstretch our budget for next year!).

To support PeerTube, please consider sharing the roadmap page where anyone can make a donation!

 

Learn more

Learn even more (experts)




Sepia Search : notre moteur de recherche pour découvrir PeerTube

Nous ouvrons aujourd’hui une nouvelle porte d’entrée vers PeerTube, pour faciliter la découverte des vidéos qui sont publiées dans une fédération qui grandit de jour en jour.

À noter : cet article bénéficie désormais d’une version audio.
Merci à Sualtam, auteur de lectureaudio.fr pour cette contribution active.

PeerTube, c’est l’alternative que nous développons pour que chacun·e puisse émanciper ses vidéos des YouTube et autres TikTok. Sauf qu’à l’inverse de YouTube, Peertube n’est pas une plateforme unique.

PeerTube est un logiciel que des spécialistes peuvent installer sur un serveur pour créer de nombreuses plateformes vidéos (des « instances »), qui peuvent se relier entre elles au sein d’une fédération.

Une porte d’entrée vers une fédération diverse

Le problème, avec les fédérations, c’est qu’elles sont beaucoup plus variées et complexes qu’une plateforme à guichet unique. C’est bien joli de décentraliser pour empêcher la création de nouveaux géants du Web, mais elle est où la porte d’entrée ?

Doit-on vraiment expliquer la notion d’instance ? Insister sur le besoin de trouver la sienne et donc de se renseigner sur les politiques de fédération de chaque instance ? … à une personne qui demande simplement :

Mais… moi, je voulais juste regarder des vidéos !

La solution serait de créer un moteur de recherche pour toutes les vidéos publiées grâce à PeerTube.

Si l’on ouvre une porte d’entrée unique vers la fédération, alors la structure qui détient les clés de cette porte prend le pouvoir. Elle prend le pouvoir de décider ce qui sera accepté (ou refusé) dans l’annuaire de recherche, elle prend le pouvoir de noter qui a cherché quoi, quand, depuis où, et elle prend le pouvoir d’intervenir dans l’affichage et l’ordre des résultats.

C’est sur de tels mécanismes de pouvoir que Google a construit son monopole. Autant vous dire que, chez Framasoft, nous ne cherchons pas à être en situation de pouvoir… et encore moins à suivre le (mauvais) exemple de Google ! Pour autant, nous voulons montrer le potentiel émancipateur de ce logiciel qui permet de se réapproprier les moyens de diffusion.

Nous prenons donc la responsabilité de vous ouvrir Sepia Search, notre porte d’entrée vers des vidéos et des vidéastes sur PeerTube… Une porte que nous ouvrons en limitant au maximum les pouvoirs qui lui sont associés, pour respecter votre attention comme votre navigation.

Présenter PeerTube sans monopoliser les attentions

Dans l’univers de la fédération, le « fédiverse », on trouve de nombreuses instances PeerTube où des personnes s’inscrivent pour créer autant de chaînes qu’elles veulent, des chaînes où ces personnes peuvent publier leurs vidéos.

Notre objectif, avec Sepia Search, n’est pas de présenter l’intégralité de ces contenus. Nous voulons simplement vous montrer l’espace d’autonomie qu’ouvre PeerTube, en respectant les valeurs de transparence, d’ouverture et de liberté que nous défendons depuis plus de 16 ans.

Voici Sepia, læ mascotte de PeerTube – Illustration de David Revoy (CC-By)

Un outil d’indexation publiquement auditable (transparence)

Derrière Sepia Search, il y a deux logiciels.

Le premier, c’est le moteur : c’est le logiciel dans lequel on entre une recherche, qui compare cette recherche avec la liste des contenus de son annuaire, et qui donne les résultats correspondants.

Le deuxième, c’est la carrosserie : c’est le logiciel qui va présenter la barre de recherche, recevoir la demande que vous avez saisie, et vous afficher les résultats en précisant bien en orange où vous vous rendrez lorsque vous cliquerez sur « Aller voir cette vidéo ».

Le code source, la « recette de cuisine » de chacun de ces logiciels, est publié en toute transparence sur notre forge logicielle. N’importe quelle personne sachant lire ce code peut l’examiner, et déterminer s’il existe des outils pour tricher dans l’affichage des résultats, ou d’autres pour espionner vos comportements.

Nous, nous savons déjà que ces codes sont éthiques et ne vous espionnent pas. Nous avons une bonne raison : comme c’est marqué dans nos CGU, vos données ne nous intéressent vraiment, mais alors vraiment pas !

Un moteur de recherche modéré a posteriori (ouverture)

Toutes les instances PeerTube ne seront pas référencées sur Sepia Search. Ce moteur de recherche opèrera sur la liste d’instances que nous maintenons sur instances.joinpeertube.org.

Nous avons récemment annoncé un changement dans la politique d’indexation de cette liste afin qu’elle s’aligne sur la politique de l’ensemble des services que nous proposons :

Ainsi, si l’on nous signale une instance dont les contenus font explicitement l’apologie du terrorisme ou promeuvent le révisionnisme historique, nous la retirerons de l’index (non-respect des lois françaises, sur lequel nous insistons dans nos CGU), ce qui éliminera des résultats de recherche toutes les vidéos hébergées par cette instance.

A contrario, si une ou des personnes viennent abuser du temps de nos modérateur⋅ices par des signalements intempestifs et sans fondement, leur parole sera discréditée et ignorée (comme l’indique notre charte de modération).
Cette modération nous permettra de limiter les résultats proposés par Sepia Search aux vidéastes qui font des créations originales et aux chaînes (voire aux instances) qui contribuent à émanciper les esprits. Nous souhaitons qu’elle soit aussi légère que possible.

Illustration de David Revoy (CC-By)

Un outil reproductible, adaptable à vos conditions (liberté)

Il peut sembler paradoxal de parler d’ouverture pour détailler dans quelles conditions nous fermons Sepia Search à certains contenus (notamment illégaux).

Pourtant, à Framasoft, nous croyons au paradoxe de la tolérance, et donc que l’ouverture ne peut perdurer que si les limites de cette ouverture sont honnêtement définies et défendues.

Nous avons conscience qu’il s’agit là d’un point de vue venant de notre culture française, voire d’Europe de l’ouest. Il peut, par exemple, choquer des personnes de culture nord-américaine (où se pratique un Free Speech inconditionnel) ou de culture chinoise « officielle » (où, actuellement, le gouvernement pose des limites strictes à la liberté d’expression).

Nous ne voulons ni imposer notre culture, ni la renier. C’est pourquoi nous avons fait en sorte, légalement comme techniquement, que chacun·e soit libre d’éditer sa propre liste d’instances, son moteur d’indexation et son site de recherche, en copiant et adaptant ce que nous avons créé.

Sepia Search n’est que notre porte d’entrée vers PeerTube. Ce site a pour objectif de vous présenter le PeerTube émancipateur pour lequel nous travaillons, avec notre culture, notre militance et notre subjectivité.

Attendre d’un acteur qu’il fasse tout, tout seul, c’est finalement un réflexe de soumission à l’Internet des plateformes. Libre à vous de prendre le pouvoir (et les responsabilités) en hébergeant votre moteur de recherche, paramétré selon votre culture, votre politique d’indexation et vos valeurs !

Illustration de David Revoy (CC-By)

Ce que Sepia Search peut faire pour vous

Si nous avons bien travaillé, Sepia Search va vous permettre de découvrir des vidéos, donc des chaînes (voire des instances PeerTube) qui vous intéresseront !

Le site Sepia Search a été conçu pour vous informer en respectant votre attention :

  • Les résultats seront les mêmes pour tout le monde, en fonction uniquement de votre recherche (et de la langue de votre navigateur), et absolument pas pré-triés selon un profil (parce qu’il n’y a pas de profilage !) ;
  • Les résultats sont présentés de manière claire et détaillée, afin d’éviter la course à la vignette putassière et aux titres criards tout en majuscules ;
  • Les filtres de recherches vous donnent le pouvoir de trier l’affichage des résultats de manière avancée ;
  • Si vous voulez voir la vidéo, Sepia Search vous redirigera directement sur l’instance où elle est hébergée (puisque nous n’avons aucun intérêt à vous enfermer dans le site web du moteur de recherche). Cela permet au passage de montrer concrètement la notion de fédération.

Les 2 premiers résultats de la recherche du mot « critique », en filtrant pour ne garder que des vidéos en langue française.

Le moteur de recherche qui fait tourner Sepia Search est un logiciel libre, ce qui signifie qu’il est ouvert aux modifications et adaptations. Des usages plus poussés (passant par ce qu’on appelle une API) vont très vite permettre encore plus d’émancipation.

Par exemple, les internautes utilisant Firefox pourront ajouter Sepia Search à la liste des moteurs de recherche de leur navigateur directement depuis le site. De même, notre moteur (ou une autre installation du même moteur) pourra servir aux extensions qui permettent de signaler quand une vidéo YouTube est aussi disponible sur PeerTube, afin de les rendre plus performantes.

Un outil financé par la communauté

Sepia Search est une étape supplémentaire et nécessaire à la feuille de route vers la v3 de PeerTube, pour laquelle une collecte est toujours en cours.

Le fait de pouvoir rechercher des vidéos dans la fédération était très demandé : c’est pourquoi nous en avons fait la première étape de notre feuille de route. En effet, avant la version 2.3 de PeerTube, lorsqu’on utilisait la barre de recherche d’une instance, les résultats se limitaient aux vidéos dans la bulle de fédération de cette instance.

Grâce à vos dons qui ont financé notre travail, nous avons publié fin juillet la version 2.3 de PeerTube. Depuis, la même recherche peut désormais afficher les résultats de toutes les instances PeerTube listées dans un moteur de recherche « Search PeerTube », dont celui que nous mettons à disposition.

Cependant, les enquêtes d’utilisation menées par Marie-Cécile (la designer qui s’est engagée avec nous sur cette feuille de route afin d’améliorer PeerTube) et les retours dont vous nous faites part nous ont permis de comprendre que c’était insuffisant : il fallait, en plus, un site web spécifique, faisant office de moteur de recherche.

Cliquez pour découvrir SepiaSearch

Vos dons financent notre liberté d’action : nous avons vu ce manque, et nous avons annoncé mi-août que nous allions réaménager notre plan d’action et dégager du temps pour y remédier, ce qui nous semblait prioritaire. Voici comment est né Sepia Search.

Dernier arrêt avant le live !

Il reste désormais une seule et grosse ligne droite sur notre feuille de route vers la v3 de PeerTube : implémenter la diffusion de vidéos en direct et en pair à pair ! Comme nous l’avons annoncé, il s’agira là d’une première version de cette fonctionnalité, et elle sera très spartiate (sans module de tchat, ni filtres, ni réactions émoticonées).

Illustration de David Revoy (CC-By)

À l’heure où nous écrivons ces lignes, près de 1 000 personnes ont financé 42 000 € sur les 60 000 € nécessaires au développement complet de cette v3. Alors que le monde entier fait face à une pandémie, nous n’avons pas trouvé décent de conditionner ces développements à vos dons. Que nous récoltions les 60 000 € ou non, nous produirons cette v3, quitte à le faire sur nos fonds propres (ce que nous avions déjà fait pour la v2).

Nous espérons malgré tout que certain·es d’entre vous partagerons nos valeurs et notre démarche, et qu’en parlant de ce projet le plus largement possible, nous parviendrons à réunir cette somme (et à ne pas gréver notre budget pour l’an prochain !).

Pour soutenir PeerTube, pensez à partager la page de la feuille de route sur laquelle vous pouvez faire un don !

 

Pour aller plus loin

Pour aller encore plus loin (expert·es)




Quelques conseils pour télé-enseigner

Euh oui, ça va casser l’ambiance : une rentrée scolaire et universitaire un peu compliquée se profile et pour beaucoup d’enseignant⋅e⋅s qui ont appris au printemps avec plus ou moins de facilité et de bonheur à animer des cours à distance, il va peut-être falloir y revenir de temps en temps, ici ou là…

Le document ci-dessous est fourni par l’université du Cap (consulter la source en anglais) et nous l’avons traduit pour vous. Il s’agit ici d’un partage de conseils et d’astuces, entre professionnel·les de l’enseignement, qui n’a pas de prétention à l’exhaustivité ni à la recette magique.

Qui verrait dans ce texte autant d’exigences à faire peser sur les épaules du personnel enseignant n’aurait, au final, rien compris à son esprit. L’usage d’outils numériques dans l’enseignement à distance est une pratique délicate qui demande un temps de formation et d’adaptation progressive. Pas d’injonctions péremptoires ici, mais bien un ensemble de recommandations à partager entre collègues que chacun⋅e pourra librement s’approprier ou non.

Il y a d’ailleurs une recommandation qui n’apparaît pas plus bas et qu’on aimerait bien ajouter : utiliser à chaque fois que c’est possible des outils numériques libres et pas des trucs blindés de traqueurs qui vont siphonner les données personnelles de vos élèves et les vôtres d’ailleurs…

Les commentaires, comme toujours sur ce blog, sont ouverts et modérés

Logo de l’Université de Cape Town

  1. Rester simple et utiliser des technologies de bas niveau.
    Utilisez des outils qui vous sont familiers, à vous et à vos élèves, avec un apport limité de nouveaux outils pour interagir en ligne. Soyez attentifs aux inégalités d’accès et de connectivité.
  2. L’accessibilité est essentielle, et non facultative.
    Créez des formats multiples pour vos supports d’enseignement. Pour les vidéos, assurez-vous de disposer de sous-titres et de transcriptions. Vérifiez très en amont auprès de vos élèves que vous répondez à leurs besoins en matière d’accessibilité.
  3. Fournir une structure en utilisant une plateforme d’apprentissage. Pour passer à l’enseignement à distance, utilisez la plateforme connue des élèves pour créer un parcours d’apprentissage structuré. Organisez le contenu pédagogique par semaine ou par module.
  4. Utiliser ce qui est disponible.
    Vous ne disposez pas de beaucoup de temps de préparation. Quelles ressources des années précédentes pouvez-vous réutiliser ? Quelles sont les ressources externes disponibles ? Vous n’avez pas besoin de produire une vidéo de haute technologie pour un apprentissage de qualité.
  5. Continuer à enseigner de manière active.
    L’interaction en face à face sera minimale pendant une période indéterminée. Utilisez autant que possible le forum de discussion et le chat pour briser la glace et donner un sentiment de proximité.
  6. Échafauder un apprentissage par la fragmentation du contenu.
    Divisez votre cours en petits segments, organisés en fonction du temps d’activité que vous attendez de vos étudiants par semaine. Soyez explicite sur les dates d’achèvement et le temps nécessaire pour chaque activité.
  7. Indiquer un plan de cours clair.
    Ayez un plan de cours dans un endroit dédié sur votre site de cours qui détaille la structure du cours, les changements, les nouveaux délais et les évaluations et tenez-le à jour. Informez les élèves de toute modification.
  8. Être visible en ligne et rapidement joignable.
    Assurez régulièrement des « créneaux de présence » en ligne, en utilisant les forums et le chat pour répondre aux questions. Les collègues peuvent vous aider : il est important d’être disponible et de répondre rapidement.
  9. Aider les élèves à rester sur la bonne voie.
    Mettez en place de petites activités d’apprentissage obligatoires, telles que de courts quiz hebdomadaires ou des forums de discussion, pour encourager l’investissement régulier des élèves et identifier ceux qui ont des difficultés.
  10. Être indulgent⋅e avec soi-même et rester en empathie avec ses élèves. C’est une période difficile pour tout le monde. Encouragez un environnement d’attention aux autres et de soutien. Faites preuve de souplesse : des exceptions peuvent être nécessaires en fonction des exigences du cours.

​Faire plutôt ceci… mais pas cela.

Utiliser des technologies légères
Utilisez des technologies sobres, telles que du texte ou des diapos. Si vous utilisez des vidéos, prévoyez toujours des alternatives, sous-titres ou transcriptions.
Utiliser des technologies high-tech. Ne supposez pas que tous les étudiants ont un bon accès à Internet avec des données illimitées et le wifi en permanence.
Communiquer fréquemment et de façon cohérente. Toutes les instructions et tous les travaux à effectuer doivent passer d’abord par la même plateforme. L’usage d’autres canaux peut venir en complément pour que les messages soient redondants. Communiquer de façon dispersée. Utiliser plusieurs plateformes et divers canaux de façon irrégulière peut avoir pour conséquence la perte d’informations importantes pour les élèves.
Être inclusif/inclusive
Soyez bien conscient⋅e des différents environnements d’apprentissage dans lesquels peuvent se trouver les élèves, efforcez-vous d’être souple. Fournissez divers formats aux élèves. Utilisez du texte, des diapos, des transcriptions, des légendes et des fichiers audios en complément de vidéos éventuelles.
Se limiter à un seul format
Ne pas prévoir beaucoup de contextes d’apprentissage (technologies disponibles, environnement d’apprentissage, ressources, aides disponibles ou non…) et n’adopter qu’un seul format ne fera que limiter le nombre de participants.
Enseigner de façon asynchrone
Créez une expérience d’apprentissage pour les élèves qui leur permette de dépasser les obstacles (tels que le manque d’énergie électrique, de connectivité, ou le contexte social). Réalisez des activités asynchrones (p. ex : le courriel permet la communication asynchrone, mais pas le chat).
Enseigner de façon synchrone
Réaliser des interactions en ligne avec des webinaires ou des tutoriels « live » exclura certains élèves. Assurez-vous que vous proposez des moyens alternatifs.
Moins c’est mieux. Les travaux « à la maison » risquent de prendre deux fois plus de temps qu’en classe. Définissez vos priorités de façon réaliste. Avoir des demandes irréalistes. Demander un travail quotidien à terminer chaque jour aux élèves en un délai limité ne prend pas en compte les circonstances particulières dans lesquelles on enseigne à distance.
Bien organiser les ressources
Utilisez des cours structurés sur la plateforme pour lancer vos activités. Intitulez et classez clairement vos cours de façon organisée.
Laisser les élèves chercher
Demander aux élèves de chercher les ressources et supports de cours dont ils ont besoin les éloigne des activités pédagogiques essentielles.
Donner des instructions claires
Mettez bien en évidence les consignes détaillées sur ce qu’il faut faire, le délai de rendu des travaux, et précisez le temps de réalisation estimé des tâches demandées.
Donner des instructions confuses
Communiquer en longs pavés de texte avec des consignes difficiles à suivre et des tâches vagues fait perdre du temps d’apprentissage aux élèves et les démotive.
Fixer des créneaux de disponibilité en ligne
Donnez aux élèves des créneaux réguliers de rendez-vous distants où vous êtes disponibles pour les aider, répondre aux questions, clarifier une consigne, etc.
Rester disponible 24h/24
Il n’est pas question de vous rendre joignable 24/7 sans temps de pause pour vous-même hors-connexion (sauf en cas d’urgence, ça peut attendre les créneaux de votre emploi du temps que vous déterminez)
Demander des retours aux élèves
Parlez avec eux de leur charge de travail, de leur état émotionnel, de leurs matières préférées, de leur rythme de travail…
Faire un cours magistral
Enseigner de façon à ne pas laisser la parole aux élèves ni leur donner le choix peut leur donner le sentiment qu’ils sont dépassés, « perdus » ou qu’on les oublie….
Utiliser un nombre limité de nouveaux outils
Utiliser des outils familiers aux élèves et limitez le nombre de nouveaux outils pédagogiques pour l’enseignement à distance.
Essayer de multiples nouveaux outils
Essayer de nouveaux outils que vous n’aviez jamais utilisés peut occasionner quelques problèmes techniques pour vous comme pour vos élèves.
Diviser le contenu en segments digestes
Fournir du matériel pédagogique en fragments plus courts avec des objectifs d’apprentissage et des résultats d’évaluation clairs.
Donner de longs cours complets sans orientation nette.
N’imposez pas de longs articles de journaux ou des vidéos sans indication claire sur les objectifs pédagogiques et leur bénéfice.
Conserver en un seul lieu le plan détaillé du cours
Donnez en un seul endroit aux élèves un planning contenant les dates des devoirs à remettre. Avertissez-les qu’il peut y avoir des changements et indiquez comment ils seront informés.
Envoyer des mises à jour par messages successifs
Assurez-vous que les étudiants peuvent facilement trouver les informations clés sur votre cours en un seul endroit. Cela réduit l’anxiété.

 

prof au premier plan qui envoie une grosse vdéo HD sur la biologie moléculaire et donne un boulot à faire. Au deuxième plan un élève endormidevant son écran qui porteste car il télécharge à 51 octets/seconde, et un autre à l’état de squelette qui dit qu’il aura la fibre en 2023
Image réalisée avec https://framalab.org/gknd-creator/#




Mets ta carte pour contribuer au jeu

C’est quoi les métacartes ? Un jeu de fiches contenant l’essentiel sur un sujet et connectées à une ressource en ligne via un QR code. C’est Mélanie Lacayrouze et Lilian Ricaud, qui s’en occupent…

… et qui d’ailleurs viennent de publier sur leur site l’article que nous reproduisons ci-dessous. On vous en a déjà parlé dans cet article car Framasoft est fier de soutenir ce projet qui a un intérêt pédagogique évident pour tous ceux et toutes celles qui veulent aider à se réapproprier le numérique.

Le jeu de métacartes vu par David Revoy
Le jeu de métacartes vu par David Revoy

Les enjeux du numérique

La question de l’impact du numérique sur nos vies est de plus en plus cruciale. Les modèles économiques actuels tendent à favoriser des modèles prédateurs et manipulateurs. Il y a plusieurs enjeux:

  • Sensibiliser et former les citoyens aux enjeux d’un numérique éthique,
  • Redonner aux citoyens et collectifs du pouvoir d’agir,
  • Redonner du sens à nos usages.

Un outil de médiation

Pour cela nous travaillons depuis 2019 à la création d’un outil à destination des médiateurs numériques formels ou informels : les métacartes Numérique Éthique. Ce travail s’appuie notamment sur notre expérience de formateurs Animacoop et se fait en lien avec le Collectif Inter Animacoop, l’association Framasoft et de nombreux réseaux formels ou informels.

Notre objectif est d’aider les collectifs à se sensibiliser aux questions des libertés, de la surveillance, les faire réfléchir à leurs pratiques et leur proposer des alternatives respectueuses des usagers.

Les métacartes, outil convivial

Comme pour le jeu Faire Ensemble, cet outil consiste en un jeu de cartes papier reliées à une plateforme numérique par des QR codes.

L’emploi de cartes permet un usage par différents points d’entrée lors d’ateliers en présentiel, tandis que la ressource numérique offre un accès à des informations plus complètes et remises régulièrement à jour.

 

un exemple de métacartes
un exemple de métacartes

État du projet

Après plusieurs mois de travail, un questionnaire, des entretiens utilisateurs, des ateliers, de la recherche, compilation et rédaction, une première version du jeu a été produite (voir un résumé sur le Framablog).

Cette première version a été mise à disposition en ligne sur un espace de travail collaboratif (wiki) : https://metacartes.net/

La dernière fois que nous avions donné des nouvelles du jeu Numérique Éthique, nous nous préparions à lancer un système de pré-ventes pour soutenir le travail ainsi que de nouveaux travaux sur le jeu notamment la mise à disposition de prototypes à tester auprès de médiateurices.

Il ne vous aura pas échappé que les derniers mois ont été légèrement chamboulés par le passage d’une “petite bête” particulièrement adaptée à nos modes de vies.

De notre côté, en plus des perturbations dans nos activités professionnelles, il a été difficile de continuer comme si de rien n’était et nous nous sommes beaucoup interrogés sur le sens de ce que nous faisons, pourquoi nous le faisions et à quel monde nous voulions contribuer.

Pour résumer, nous développons des outils pédagogiques qui redonnent du pouvoir d’agir et du sens à nos actions.

Après avoir pris ce temps important, nous nous sommes remis à l’ouvrage pour préparer la suite.

Numérique éthique, prochaines étapes

Alors que la situation commence à amorcer un retour à “l’anormale” pre-covid, il nous semble qu’avoir des retours de terrain, en particulier des retours d’ateliers avec des objets passant de mains en mains ne sera pas possible avant un certain temps.

Comme vous pouvez le voir sur le visuel ci-dessous, nous avons décalé nos plans de quelques mois.

  • Juin 2020 : finalisation de prototypes imprimables. Dans un premier temps nous allons consolider les contenus existants et produire des prototypes imprimables que nous mettrons à disposition afin d’avoir des retours de terrain. Nous avons déjà contact avec plusieurs réseaux de médiation intéressés.
  • À partir de fin août : ateliers sur le terrain et sprints d’écriture : dans un deuxième temps qui va de la rentrée jusqu’au début de l’année prochaine nous collecterons des retours d’usages et améliorerons le jeu et les contenus via des sprints d’écriture mensuels, à distance, de deux heures à chaque fois. L’objectif est de finaliser le choix des cartes, d’affiner les contenus destinés aux cartes et la ressource en ligne qui l’accompagne et de vérifier la cohérence de l’ensemble en fonction des retours. Cette phase est la plus importante en termes de charge de travail et nous nous sommes donné le temps de bien faire les choses.
  • Début 2021 : conception des modèles d’impression sous Scribus : ces modèles seront destinés à l’imprimeur, mais aussi mis à disposition en libre téléchargement. Ayant déjà de l’expérience avec le jeu de cartes précédent, nous sommes à l’aise sur cette partie-là. En parallèle, nous serons en contact avec l’imprimeur pour lancer la dernière partie
  • Mars/avril 2021 : impression et envoi des jeux : là aussi nous avons acquis une certaine expérience et nous sommes accompagnés par une consultante en impression (merci à elle pour son précieux travail !) donc cela aussi devrait rouler sans surprises.

Un projet contributif

Pour rappel, Métacartes n’est pas une grosse machine mais une (toute) petite structure : nous sommes deux à temps partiel sur le projet. Et nous avons besoin de vous. Si le projet vous inspire et que vous souhaitez le voir aboutir, il existe 4 possibilités de contribuer :

  1. Faire connaître le projet : en particulier auprès d’usagers mais aussi ce qui nous aiderait beaucoup, de sponsors ou acheteurs potentiels.
  2. Tester et faire de retours : nous voulons le meilleur jeu possible et pour cela nous voulons le créer avec vous. C’est pourquoi nous mettrons à disposition les prototypes et que nous prendrons le temps de recevoir des retours, via le site ou les sprints d’écriture.
  3. Participer aux sprints d’écriture : pour recevoir vos retours et avancer efficacement sur le développement malgré les contraintes de temps et de distance, nous proposerons des temps courts de travail collectif tous les mois. Cela pourrait être pour les participants l’occasion d’échanger sur le sujet du Numérique éthique, mais aussi de tester des formats d’animation.
  4. Pré-commander le jeu : pour sécuriser notre travail nous envisagions initialement une jauge minimale à atteindre avant de continuer le développement. Mais après plusieurs retards, nous voulons avancer sans attendre et comme les collègues de Framasoft, il nous semblait indécent de jouer sur les ficelles habituelles du financement participatif (on veut sortir le jeu quoi qu’il arrive et on ne veut pas faire semblant de vous jouer du «suspense»…).

Nous cherchons notamment des réseaux ou des structures qui auraient besoin d’un tel outil : fédération d’éducation populaire, collectifs de tiers-lieux, réseaux de bibliothèques et médiathèques, réseaux de formation au numérique…

Parmi nos premiers soutiens, l’association Framasoft qui nous aide en rendant visible le projet, en apportant son temps et son savoir-faire pour contribuer et qui va pré-acheter un lot de ces Métacartes Numérique Éthique pour les distribuer aux médiateurs amateurs et médiatrices professionnelles qu’iels croisent régulièrement.

Des pré-commandes pour financer le travail restant

“Quand c’est gratuit, c’est vous le produit”. Notre modèle à nous va être basé sur les pré-commandes. Voici ci-dessous un petit résumé visuel de l’utilisation des fonds.

À noter que pour l’an prochain l’hébergement et le nom de domaine ne seront plus un coût pour nous, grâce à Gandi qui soutient le projet.

Par ailleurs, un coût invisible et difficile à évaluer est le maintien et l’entretien de la ressource sur le long terme, choses auxquelles nous réfléchissons aussi pour assurer sa durabilité.

Allons-y !

Nous avons donc décidé de reprendre le développement de la prochaine version dès maintenant (même si en pratique ça ne s’est jamais totalement arrêté) et de proposer des pré-achats via notre boutique en ligne.

Le jeu sera expédié au printemps prochain ce qui peut sembler loin (même à nous). Mais nous préférons le modèle durable de la “stay up” qui grandit organiquement en harmonie avec son écosystème à celui de la startup à la croissance artificielle nourrie aux hormones et à l’urgence.

Nous avons besoin de vous !

Comme nous l’avons dit dans notre manifeste, nous développons des outils pédagogiques qui redonnent du pouvoir d’agir et du sens à nos actions et nous le faisons en créant des communs en co-construction avec un archipel de partenaires.

Avec notre prochain jeu nous voulons produire et mettre à disposition un outil qui aide les individus et les collectifs à se sensibiliser aux questions des libertés, de la surveillance, les faire réfléchir à leurs pratiques et leur proposer des alternatives respectueuses des usagers.

Si vous partagez cette vision et souhaitez nous aider à faire aboutir le projet vous pouvez donc dès maintenant pré-acheter sur la boutique en ligne pour soutenir le projet et recevoir le jeu en avant-première.

Ils nous soutiennent

logo partenaire gandi.net




Un coup de pouce de Sourcehut pour financer vos débuts sur PeerTube ?

Pour la culture libre, le problème du financement est souvent crucial. Voici la proposition d’une sorte de petite bourse de « débutant sur PeerTube » qui nous fait plaisir et que nous vous invitons à considérer.

Sourcehut qui fait cette offre est une communauté qui propose à prix raisonnable une suite d’outils libres et open source et une plateforme de développement avec des dépôts Git et Mercurial, des listes de diffusion, du suivi de bug, l’intégration continue etc. Le tout sans traqueurs ni publicité (oui en revanche, nous leur faisons un peu de promo ici, donc).

Séduits par PeerTube, Sourcehut souhaite en augmenter les contenus disponibles en vous aidant à en réaliser…

Article original : The PeerTube content bootstrap fund

Traduction Framalang : FranBAG, draenog, goofy, mo, Ellébore

Un fonds de démarrage pour le contenu sur PeerTube

par Drew DeVault

Peertube est un excellent projet qui vise à créer un « tube » vidéo ouvert et décentralisé pour héberger des contenus vidéo dont la gouvernance est distribuée et le développement piloté par la communauté. Chocobozzz, avec l’aide de dizaines de contributeurs, a fait le difficile travail d’ingénierie pour construire une belle plateforme, et maintenant nous nous voulons y voir du contenu !

Fédération, CC-By SA LILA

 

Pour contribuer à cette opération, SourceHut offre 5000$ à titre d’amorçage pour fournir du contenu sur le réseau PeerTube. Cet argent sera utilisé pour aider de nouveaux créateurs de contenus à faire des vidéos pour PeerTube. Nous financerons de l’équipement pour vous aider à vous lancer : caméras, microphones, cartes de capture vidéo et ainsi de suite, quoi que ce soit d’approprié au genre de vidéos que vous voulez faire, avec un budget supplémentaire de 200$ à dépenser à votre guise pour les premières vidéos. Besoin d’une caméra sympa ? De quelques micros adaptés pour mener une interview ? D’un drone pour faire des prises de vues ? On y va ! Un compte sera aussi configuré pour vous sur Liberapay pour que votre public puisse vous aider à vivre de façon convenable.

Si vous avez un loisir intéressant à partager, un sujet à enseigner que vous connaissez sur le bout des doigts, un talent que vous aimeriez montrer, ou tout autre super idée à laquelle nous n’avons pas pensé, envoyez-nous un courriel à sir@cmpwn.com avec le sujet : “PeerTube bootstrap application: [votre nom ici] « . [NOTE DE FRAMASOFT : Écrivez votre message en anglais, évidemment ! 🙂 ]. Ajoutez quelques lignes pour vous présenter, dire pourquoi vous postulez, et préciser quel genre de vidéos vous voudriez réaliser. Indiquez-nous aussi pourquoi la culture libre est importante pour vous !

Sepia, la mascotte de PeerTube, par David Revoy (CC-By)

Voici les conditions à remplir :

  • Vous ne devez pas déjà être un habitué de la diffusion vidéo sur d’autres plateformes. Nous cherchons à financer de nouveaux créateurs de contenu. Pas ceux qui le sont déjà1.
  • Vous ne pouvez publier des vidéos que sur PeerTube — pas sur YouTube ni où que ce soit d’autre.
  • Vos vidéos doivent être sous licence Creative Commons, par exemple CC-BY-NC-SA.
  • Nous attendons de vous que vous fassiez au moins 5 vidéos. Si vous décidez par la suite que la création vidéo, ce n’est pas pour vous, nous reprendrons l’équipement et vous serez libéré⋅e (de votre engagement).
  • À partir du moment où vous gagnerez 20$ / mois via Liberapay, nous partagerons les coûts d’hébergement à parts égales entre tous les créateurs : ils se montent à 45$ / mois pour le moment. Vous ne nous serez jamais redevable d’un montant supérieur à 25 % de vos rentrées Liberapay ; SourceHut prendra le reste en charge.

Notre instance est sur spacepub.space. Nous nous chargerons de l’administration technique du serveur et nous vous fournirons l’aide nécessaire pour démarrer. Ensemble, nous bâtirons une communauté de créateurs de culture libre qui s’entraident pour un bien commun enthousiasmant. Faisons de PeerTube une plateforme grandiose !

 




Our plans for PeerTube v3 : progressive fundraising, live streaming coming next fall

Today, we are publishing the roadmap for the next six months of PeerTube’s development. With your help, we want to continue improving on this software that allows individuals, structures and collectives to emancipate from YouTube’s chokehold and regain power over how their videos are hosted.

Just like all the other information regarding PeerTube, this article is directly published in both French and English so that you can share it beyond the language barrier, and so that French speakers are not the only ones promoting, supporting and funding software that has been translated into 16 languages, and is used all around the world.

Creating the world after with PeerTube

From YouTube channels to Facebook lives, as well as Amazon-Twitch, Instagram, Snapchat and Tiktok videos, the web giants’ tools are made with the same political ideology in mind : surveillance capitalism. Their goal is simple : get your attention in to study your behaviors, file them and improve their targeted advertising. Their method is effective : offering as much software comfort and immediate gratification as possible, in order to make you abandon your control over your tool, so that they can invade and fill your available human brain time.

As such, these tools are perfectly adapted for people who have no issue with a society based on over-consumption, and who trust multi-billionaire companies (and therefore the « market ») to decide what will or will not be shown on our screens (like with Tiktok, which moderates the videos and accounts of users they deem too ugly, fat or poor).

At Framasoft, we’re on the other side, the one that wants to see a contribution-based society arise.

Connected even when isolated. Illustration CC-By-SA association LILA

The pandemic we are currently going through has been a good opportunity for us to question what we are doing and what we want to do : we thought about our role in this vaunted « world after ». More than ever, we believe that our place is close to those people who make efforts and contribute to a more human, more resilient and more respectful society. And we believe that PeerTube is a tool that can be of use to the people who defend this vision of society.

Because it is free and federated, and as such efforts have to be made to share power and responsibilities, because it democratizes online video hosting, because it empowers academies and allows previously marginalized communities to show themselves and exist… We are convinced that PeerTube is a tool that we must strengthen so that it can even better serve those who participate in this contribution society.

QueerMotion is a French-speaking PeerTube instance hosted by and for queer creators.

The « Roadmap » shows up on JoinPeertube.org

We just released a roadmap describing our intentions for the next six months of PeerTube’s development, which will lead to its third version, a « v3 ». These six months will be split between 4 steps, and each step will focus on a specific part of PeerTube. The idea behind this v3 really is to strengthen what’s already there, based on the feedback we got from instance hosters, video creators and viewers.

Step 1 - global search - Peertube

We are aware that searching for videos on a PeerTube instance can be frustrating for viewers who just want to get access to content without having to wonder who’s federated with who. For the first step of this roadmap, we will create a globalized video index to make it easier to search for content throughout the whole federation. This index will be made so that it can be easily reproduced and configured so that anyone can offer their own index, with its own eligibility rules. We hope to see indexes with no adult content, others with only content from instances dedicated to videogames, and so on.

Step 2 - moderation - Peertube

If each version of PeerTube has brought its share of moderation tools, we are aware that those features are essential for the teams that administer instances, manage their federation bubble and moderate the content hosted there. For the 2nd step of development, we will dedicate a month to developing and improving moderation tools. From reports monitoring to fighting spam, without forgetting moderation history : our list is already quite full and we will prioritize it depending on the feedback we got.

Step 3 - plugins playlists - Peertube

During the third step of the roadmap, we want to improve on the ergonomy and display of Peertube’s video playlists. The goal is to allow video creators to more easily embed playlists into their websites as well as their social media threads.

In addition, we want to make it easier to contribute to PeerTube’s code. To this end, we will improve the plugins system that allows for the addition of new features to PeerTube without having to access the code itself. We want to create a video annotation tool by ourselves. This will allow us to better understand how to facilitate and highlight the work made by those who contribute to PeerTube by creating plugins.

PeerTube v3 : going live !

The 4th and final step of this roadmap will be dedicated to the development of a new, highly anticipated feature : live peer-to-peer video streaming. We ran some tests, we know that this is a big undertaking, but we are confident that we can do it.

But be careful, with a single full-time developer on this project, we will not program the « twitch-killer » that’s as fun as « insta lives » in just two months. If you were expecting live chat modules, funny animated gifs when Karen42 makes a donation or hearts and thumbs ups popping up all over your screen, you’re going to be very disappointed!

Step 4 - live - Peertube

It is now a matter of laying the foundations for live peer-to-peer streaming. By using the « HLS » video player implemented in PeerTube version 1.3, we believe we can have live streaming with one minute of difference (or 30 seconds in optimal cases) between the video creator and the viewers. In return for this slight delay, the stream load will be able to be shared between all the devices that will be displaying the stream.

As such, this first implementation of PeerTube live streaming will be minimalist, and will probably require some effort (such as using the free software OBS to capture your audio and video streams). Nevertheless, this would be the beginning of a revolutionary tool : no need for Amazon-Twitch’s huge datacenters to stream live videos to a large amount of people, peer-to-peer will let us democratize live stream hosting!

Marie-Cécile Godwin Paccard, designer

On top of those 4 steps of development, all throughout those six months, we intend to do in-depth work regarding PeerTube’s user experience. We have chosen not to announce anything specific on this subject, to let those who will work on these matters all the freedom they need to improve PeerTube in the way they deem the most relevant.

Progressive fundraising for no-condition development

Before the pandemic, we considered starting a crowdfunding to get the € 60,000 we need for those 6 months of work dedicated to PeerTube v3. Today, as France is getting out of quarantine and as we can barely fathom the awful human and material consequences this crisis will have for many people, this does not seem appropriate to us.

However, PeerTube v3 seems even more important to us when we imagine a world where we might need to stay at home, broadcast live classes and conferences remotely, or stream an event live. We feel like we need to develop it, that we have to. Imposing a condition stating « if we do not get our 60,000€, then there will not be a v3 » here, would be a lie, marketing manipulation : this is not the kind of relation we want to maintain with you.

Sepia, PeerTube’s mascot, as they’re watching a « Can a digital tool be apolitical? » debate video (allegory)
CC-By David Revoy, re-framed by us.

Nevertheless, we will still need to find those 60,000€. Here at Framasoft, we commit to developping PeerTube v3, even if we need to take money from the donations made to the association to support all the projects we undertake, and therefore from our 2020 budget.

At the same time, we have placed a donation button dedicated to the PeerTube project on the roadmap’s page, as well as a bar indicating where we are regarding the funds for this project. This is far less exciting than the stretch goals and the countdown of traditional crowdfundings, where people are incited to donate before a deadline, so that they do not forget and move on to something else…

Yet this is also much closer to our reality : we will make improvements, because we believe that this tool is a necessary one. This is why we are willing to take the risk to put a bad strain on our 2020 budget. We know that we can trust you to contribute to funding PeerTube if you share our enthusiasm and if you have the means for it.

Study CC-By David Revoy. We thank him dearly for illustrating this roadmap.
Click to find the final original drawings.

Get further away from marketing, get closer to you

Off we go towards six months of development. On the Framablog, we will share our progress on the various steps of development as well as the finances when we will publish PeerTube’s v3, planned for November 2020. Until then, if you want to follow each step of the development, you can subscribe to the PeerTube newsletter (sent in French and in English), whose information is archived on the news page on JoinPeertube.org, and relayed by JoinPeertube’s Mastodon and Twitter accounts.

« Another » world cannot be built using surveillance capitalism’s tools.

Making it easier to access content, sharing power and responsibilities, opening up to contributions, generalizing live broadcasting thanks to peer-to-peer… PeerTube’s v3 aims to consolidate it as an alternative to Google-Youtube and Facebook-Live that is more and more convivial.

A case of force majeure has encouraged us to go even further away from traditional marketing ploys regarding fundraising : in concrete terms, our 2020 budget is in your hands. More than ever, we will need your help to actively follow and share this roadmap, make it known around you and outside of the French-speaking world.

In the end, we have decided to believe in PeerTube and to believe in you.

To go further




Nos plans pour PeerTube v3 : collecte perlée, du live pour cet automne

Nous dévoilons aujourd’hui la feuille de route des six prochains mois de développement de PeerTube. Avec votre soutien, nous voulons poursuivre les améliorations sur ce logiciel qui permet aux particuliers, structures et collectifs de s’émanciper de YouTube et de reprendre le pouvoir sur l’hébergement de leurs vidéos.

Comme toutes les informations concernant PeerTube, cet article est directement publié en français et en anglais, afin que vous puissiez le partager au-delà de la barrière de la langue, et que ce ne soit pas uniquement la francophonie qui promeuve, soutienne et finance un logiciel traduit en 16 langues et utilisé dans le monde entier.
À noter : cet article bénéficie désormais d’une version audio.
Merci à Sualtam, auteur de lectureaudio.fr pour cette contribution active.

Faire le monde d’après avec PeerTube

Des chaînes YouTube aux live Facebook en passant par Amazon-Twitch, les vidéos Insta, Snap ou Tiktok, les outils des géants du Web sont conçus dans la même idéologie politique : le capitalisme de surveillance. L’objectif est simple : capter votre attention pour étudier vos comportements, les ficher et mieux cibler la pub. Leur méthode est efficace : offrir un maximum de confort logiciel et de gratification immédiate pour que vous abandonniez votre contrôle sur l’outil afin de mieux envahir et meubler votre temps de cerveau disponible.

Ces outils sont donc tout à fait adaptés aux personnes qui n’ont aucun problème avec la société d’hyper consommation, et qui font confiance à des entreprises multi-milliardaires (donc au « marché ») pour décider de ce qui se verra ou pas sur nos écrans (comme TikTok, qui modère les vidéos et les comptes des membres jugés trop moches, gros ou pauvres).

Chez Framasoft, nous faisons partie des autres personnes, celles qui veulent voir exister une société de contribution.

PeerTube permet de créer du lien même lorsqu’on doit s’isoler.
Illustration CC-By-SA l’association LILA

La pandémie que nous vivons actuellement a été l’occasion d’une grande remise en question de ce que nous faisons et voulons faire : nous avons réfléchi à notre rôle dans ce fameux « monde d’après ». Plus que jamais, nous croyons que notre place est auprès de ces personnes qui font l’effort de contribuer à une société plus humaine, plus résiliente, plus respectueuse. Et nous pensons que PeerTube est un outil qui peut servir les personnes qui défendent cette vision de la société.

Parce qu’il est libre et fédéré et donc qu’il demande l’effort de se partager le pouvoir et les responsabilités, parce qu’il démocratise l’hébergement de vidéos en ligne, parce qu’il autonomise des académies et permet à des communautés invisibilisées de s’afficher et d’exister… nous avons la conviction que PeerTube est un outil que nous devons renforcer, pour qu’il serve encore mieux celles et ceux qui font la société de contribution.

Page d’accueil du collectif QueerMotion, qui héberge une instance PeerTube réservée aux vidéastes Queer.

La « Roadmap » s’affiche sur JoinPeertube.org

Nous venons de publier une feuille de route décrivant nos intentions pour les six prochains mois du développement de PeerTube, menant à une troisième version du logiciel, ou une « v3 ». Ces six mois seront découpés en 4 étapes, et chaque étape se concentrera sur un domaine spécifique de PeerTube. L’idée de cette v3, c’est vraiment de renforcer l’existant, en se basant sur les retours que nous avons reçus des hébergeuses d’instance, vidéastes et spectateurs.

Etape 1 - recherche globale - Peertube

Nous savons que la recherche de vidéos sur une instance PeerTube peut être frustrante pour les spectateurs qui veulent juste accéder simplement à un contenu sans devoir se demander qui est fédéré avec qui. Pour la première étape de cette feuille de route, nous allons créer un index globalisé des vidéos, pour faciliter la recherche de contenus au travers de toute la fédération. Cet index sera conçu de façon à être facilement reproductible et paramétrable pour que quiconque puisse proposer son propre index, avec ses propres règles d’admissibilité. Nous espérons voir fleurir par exemple des index sans contenu pour adultes, d’autres avec uniquement les contenus d’instances dédiées aux jeux vidéo, etc.

Etape 2 - moderation - Peertube

Si chaque version de PeerTube a apporté son lot d’outils de modération, nous savons que ces fonctionnalités sont essentielles pour les équipes qui administrent des instances, gèrent leur bulle de fédération et modèrent les contenus qui y sont hébergés. Durant la 2e étape de développement, nous allons donc consacrer un mois à développer et améliorer les outils de modération. Du suivi des signalements à la lutte contre les spams en passant par les historiques de modération : notre liste est déjà bien remplie et nous la prioriserons en fonction des retours que nous avons reçus.

Etape 3 - plugin playlists - Peertube

Au cours de la troisième étape de la roadmap, nous voulons améliorer l’ergonomie et l’affichage des listes de lecture de vidéos dans PeerTube. L’objectif est de permettre aux vidéastes d’intégrer des playlists directement dans leurs sites web ainsi que dans leurs fils de médias sociaux.

Par ailleurs, nous souhaitons faciliter les contributions au code de PeerTube. Pour cela, nous allons améliorer le système de plugins qui permet d’ajouter une nouvelle fonctionnalité à PeerTube sans toucher au cœur du code. Nous souhaitons réaliser nous-même un outil d’annotation de vidéos, ce qui nous permettra de mieux comprendre comment faciliter et mettre en valeur le travail des personnes qui contribuent à PeerTube en créant des plugins.

PeerTube v3 : ça part en live !

La 4e et dernière étape de cette feuille de route sera consacrée au développement d’une nouvelle fonctionnalité très attendue : la diffusion de vidéos en direct et en pair-à-pair. Nous avons fait des tests, nous savons qu’il s’agit là d’un gros morceau, comme on dit, mais nous sommes confiant·es sur le fait d’y arriver.

Alors attention, avec un seul développeur à plein temps sur le projet, nous n’allons pas coder en deux mois le twitch-killer avec tout le fun des insta lives. Si vous vous attendez à des modules de tchat en direct, à des gifs rigolos qui s’animent lorsque Karen42 fait un don ou encore à des cœurs et des pouces qui poppent autour de l’écran, vous allez être très déçu·es !

Etape 4 - live - Peertube

Il s’agit là de poser les fondations techniques de la diffusion en live et en pair-à-pair. En utilisant le lecteur vidéo « HLS » mis en place depuis la version 1.3 de PeerTube, nous pensons pouvoir réaliser un direct avec un décalage d’une minute (voire 30 secondes dans les situations optimales) entre les vidéastes et les spectatrices. En contrepartie de ce léger délai, la charge du flux pourra être partagée entre tous les appareils qui afficheront le direct.

Cette première implémentation du live dans PeerTube sera donc minimaliste, et demandera probablement certains efforts (comme celui de passer par le logiciel libre OBS pour capter vos flux audios et vidéos). Néanmoins, ce serait le début d’un outil révolutionnaire : plus besoin d’avoir la grosse ferme de serveurs d’Amazon-Twitch pour diffuser des vidéos en direct à un grand nombre de personnes, le pair-à-pair permettra de démocratiser l’hébergement des lives !

Marie-Cécile Godwin Paccard, designer

En plus des 4 étapes de développement, tout au long de ces six mois, nous comptons entreprendre un travail de fond sur l’expérience d’utilisation de PeerTube. Nous choisissons de ne rien annoncer de spécifique à ce sujet, pour laisser aux personnes qui vont travailler sur ces points toute la liberté d’améliorer PeerTube de la manière qui leur semblera la plus pertinente.

Une collecte perlée pour un développement sans condition

Avant la pandémie, nous envisagions d’animer un crowdfunding pour récolter les 60 000 € que vont coûter ces 6 mois de travail consacrés à la v3 de PeerTube. Aujourd’hui, alors que la France sort d’une période de confinement et que l’on peine à cerner les conséquences humaines et matérielles terribles que cette crise aura pour de nombreuses personnes, cela ne nous semble pas décent.

Néanmoins, cette v3 de PeerTube nous semble d’autant plus importante lorsque nous imaginons un monde où l’on doit parfois rester chez soi, diffuser des cours et conférences en live et à distance, ou filmer en direct une manifestation. Nous avons la conviction que nous devons la développer. Imposer la condition « si nous ne récoltons pas 60 000 €, alors il n’y aura pas de v3 » serait -dans ce cas précis- un mensonge, une manipulation marketing : ce n’est pas la relation que nous voulons avoir avec vous.

Sepia, regardant un débat « un outil technologique est-il politiquement neutre ? » (allégorie)
Illustration de David Revoy recadrée par nos soins – Licence : CC-By 4.0

Pour autant, ces 60 000 €, il va bien falloir les trouver. À Framasoft, nous nous engageons à développer cette v3 de PeerTube, quitte à devoir puiser dans les dons qui sont faits à notre association pour soutenir l’ensemble des projets que nous menons de front, donc dans notre budget 2020.

Dans le même temps, nous avons placé un bouton de don dédié au projet PeerTube sur la page de la roadmap, ainsi qu’une barre indiquant où nous en sommes de la récolte de financements fléchés pour ce projet. C’est beaucoup moins palpitant que les paliers et le compte à rebours d’un crowdfunding traditionnel, où l’on est incité à donner avant une date limite, pour ne pas oublier et passer à autre chose…

Mais c’est aussi beaucoup plus proche de notre réalité : nous allons faire ces améliorations, car nous croyons en la nécessité de cet outil. Nous prenons donc le risque de sérieusement grever notre budget 2020. Nous savons que nous pouvons vous faire confiance pour contribuer au financement de PeerTube si vous partagez notre enthousiasme et en avez les moyens.

Étude de David Revoy, CC-By, que nous remercions chaudement pour les illustrations de cette roadmap.
Cliquez sur l’image pour retrouver les dessins finaux (et leurs sources).

S’éloigner du marketing, se rapprocher de vous

Nous voilà parti·e⋅s pour six mois de développement. Nous ferons, sur le Framablog, le bilan sur la réalisation des étapes de développement ainsi que sur les finances lorsque nous publierons la v3 de PeerTube, prévue pour novembre 2020.

D’ici là, si vous désirez en suivre chaque étape, vous pouvez vous inscrire à la newsletter de PeerTube (envoyée en français et en anglais), dont les informations sont archivées sur la page actus de JoinPeertube.org et relayées par les comptes Mastodon et Twitter de PeerTube.

Un « autre » monde ne pourra pas se construire avec les outils du capitalisme de surveillance.

Faciliter l’accès aux contenus, partager les pouvoirs et responsabilités, s’ouvrir aux contributions, démocratiser le direct grâce au pair-à-pair… La v3 de PeerTube vise à consolider cet outil comme une alternative de plus en plus conviviale aux Google-YouTube et autres Facebook-Lives.

Un cas de force majeure nous a incités à nous éloigner encore plus des techniques de marketing traditionnelles pour la récolte de fonds : concrètement, nous mettons notre budget 2020 entre vos mains. Plus que jamais, nous allons avoir besoin de votre aide pour suivre et partager activement cette feuille de route, la faire connaître autour de vous et hors de la francophonie.

Nous avons, en fait, décidé de croire en PeerTube et de croire en vous.

Alors… vous embarquez ?
Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

 

 

Pour aller plus loin