« La mort d’ACTA » un rap militant par Dan Bull

Dan Bull - CC-by-saDan Bull, c’est un rappeur anglais annoncé comme l’un des « meilleurs jeunes auteurs de chanson » par le magazine anglais Is This Music ? après la sortie de son premier album en janvier 2009. C’est aussi un chanteur engagé, qui défend une vision de l’Internet faite de téléchargements gratuits, de partage et de remix. Il s’était d’ailleurs déjà illustré l’année dernière à se sujet en publiant un titre sous forme de lettre ouverte à la chanteuse Lily Allen, en réponse à la prise de position publique de cette dernière en faveur d’une loi anglaise singeant la riposte graduée de notre HADOPI.

La chanteuse effrontée, connue pour son titre « Fuck You » chanté avec candeur, avait en effet révolté son public à la suite de plusieurs maladresses vis-à-vis de ses fans, expliquant par exemple sur ses forums officiels que si elle avait elle-même utilisé des morceaux de musique d’autres artistes et proposé ses premiers titres en téléchargement libre sur son site, c’était parce qu’à l’époque elle ne se souciait pas de droit d’auteur, trop compliqué pour elle, mais qu’elle avait appris depuis, jugeant du coup avec dédain les méthodes qui l’ont pourtant fait connaître.

Devant la virulence des réponses de ses fans, la jeune chanteuse finit par fermer son site et annoncer qu’elle se retirait de la musique pour se consacrer au cinéma.

Parmi les voix à s’élever contre elle, il y avait donc Dan Bull, dont la lettre ouverte à Lily Allen fut visionnée plus de 350 000 fois sur YouTube depuis septembre 2009, inaugurant une série de 4 autres lettres toutes aussi bien senties…

Aujourd’hui, Dan Bull nous revient avec un nouveau titre consacré cette fois au sinistre accord commercial anti-contrefaçon ACTA, qui, négocié en secret (y compris par le France) depuis des mois, mélange à dessein contrefaçon industrielle, médicaments génériques et téléchargement sur Internet.

Annoncé il y a deux jours en Une du célèbre moteur de cherche de BitTorrent The Pirate Bay, ainsi que sur le twitter de l’auteur ou encore par le blog ReadWriteWeb France, ce nouveau titre a déjà été visionné plus de 100 000 fois sur YouTube.

RWW France proposait d’ailleurs une version française des paroles, mais cette version ne convainquit pas le blogueur Axx qui interpella Framalang [1] à ce sujet avec une autre version du texte. Une fois retravaillée et intégrée à Universal Subtitles dont nous vous parlions mardi dernier [2], sur une vidéo Framatube, voici une nouvelle adaptation [3] de « Death of ACTA » de Dan Bull :

—> La vidéo au format webm
—> Le fichier de sous-titres

Pour finir, même si Dan Bull (interpellé sur Twitter à ce sujet par votre serviteur) n’ose pas mettre sur ce morceau la licence libre qu’il mérite (pour cause de sample copyrighté dans la bande son), il propose tout de même le MP3 en téléchargement libre.

Notes

[1] Sur le canal IRC de l’association #framasoft sur le serveur irc.freenode.org

[2] Notons d’ailleurs que la vidéo de démonstration d’Universal Subtitles a été intégrée aujourd’hui à l’article.

[3] Adaptation Framalang : Goofy, Julien et Siltaar




Seabird : Un concept communautaire de téléphone portable

Mozilla CC-byEt si, en se regroupant pour partager nos rêves, nous tentions de faire émerger de cette tornade d’idées un nouveau concept de téléphone ? C’est l’expérience quelque peu décalée et pour le moins surprenante qu’a tentée Mozilla [1], au travers de ses Mozilla Labs.

Et qu’ont-ils inventés tous ensemble, un téléphone à glissière qui claque comme dans Matrix ? Un frigo satellitaire à antenne comme dans les séries américaines ? Un netbook avec clé 3G, webcam et Ekiga pour la voix sur IP ? Un N900 qui téléphone ? Un autre iPhone dépassé qui emprisonne ?

Quel serait le mieux que l’on puisse produire aujourd’hui ? Quelque chose à la fois contemporain dans sa plausibilité technique et avant-gardiste dans les fonctionnalités qu’il offre…

Et bien si l’OPLC a révolutionné le marché des ordinateurs portables en provocant la déferlante des netbooks, il nous reste à espérer que le Mozilla Seabird fera autant de vagues dans le secteur des téléphones mobiles !

À n’en pas douter, lire des livres libres sur cette incroyable (mais crédible) machine serait un plaisir, partageable !

C’est pourquoi, en tant que technophile, je n’ai pu résister au plaisir de partager avec vous mon enthousiasme pour ce petit concentré de bonnes idées, qui a suscité plus d’un millier de commentaires (au moment de la rédaction de ce billet) sur le blog original, et fut salué par plus de 25 journaux et sites en langue anglaise spécialisés dans les hautes technologies [2].

Concept Series : Seabird – Un concept communautaire de téléphone portable

Concept Series: Seabird – A Community-driven Mobile Phone Concept

Pascal Finette – 23 septembre 2010 – MozillaLabs.com
Traduction Framalang : Cheval_Boiteux, DonRico, @PierreTravers, Goofy, Siltaar et Zitor

Depuis que les Mozilla Labs ont lancé les Concept Series avec un appel à participation, des milliers de personnes nous ont rejoints, ont partagé leurs idées et développé des concepts autour de Firefox, des projets Mozilla et du Web ouvert dans son ensemble.

En réponse à notre appel ouvert du début 2009, Billy May a produit un concept de « Téléphone conçu pour le Web ouvert ». En travaillant directement à partir des retours de la communauté, Billy a depuis terminé son exploration avec son concept « Seabird ».

Le compte rendu suivant a été rédigé par Billy May et explore ce à quoi un téléphone Web ouvert pourrait ressembler :

Description générale

Le Mozilla Seabird, qui fait partie des Concept Series des Mozilla Labs, est une expérimentation portant sur les manières dont les utilisateurs pourraient interagir avec les contenus de leur téléphone mobile à mesure que les appareils et la technologie gagnent en performances. S’appuyant sur des idées fournies par la communauté Mozilla via le blog du projet, l’accent a rapidement été mis sur les limitations des interactions physiques. Alors que la connectivité, la puissance des processeurs mobiles et le développement des plateformes rattrapent ceux des ordinateurs de bureau, le manque de moyens disponibles pour saisir efficacement du contenu se fait de plus en plus sentir.

Mozilla CC-by

Interaction

Le Seabird présente donc quelques façons dont l’interaction utilisateur/appareil pourrait évoluer grâce aux innovations que connaît le secteur, conduites par les avancées en matière de projecteurs et de capture de mouvements. Premièrement, le Seabird montre comment une clé (un dongle) à usage multiple pourrait améliorer l’interface tactile encombrée en offrant plus de précision et une manipulation directe du contenu dans un espace en 3D.

Mozilla CC-by

Pico Projecteur

Avec des fabricants de téléphones portables comme Samsung, LG et Motorola qui se dirigent vers des applications d’affichage conçues pour les projecteurs, la technologie laisse le champ libre à l’extension de la surface offerte à l’utilisateur pour l’interaction et la saisie. Sur une surface plane, le Seabird permet une interaction d’une qualité équivalente à celle d’un netbook, en utilisant la distortion angulaire du projecteur pour fournir une interface plutôt que du contenu. Avec une station d’accueil, chaque projecteur peut travailler indépendamment et fournir ainsi un confort d’utilisation égal à celui d’un ordinateur portable.

Mozilla CC-by

Design

La conception de l’aspect visuel s’appuie sur des formes aérodynamiques, aviaires et résolument féminines. En position debout, le Seabird renvoie une impression d’équilibre, tandis que sa façon d’épouser les courbes de la main rend celui-ci compatible avec le désir qu’a l’utilisateur de maîtriser l’objet numérique. La courbure du dos joue également un rôle fonctionnel, car elle surélève les éléments de la lentille du projecteur quand le Seabird est posé à plat.

Mozilla CC-by

Seabird est une expérimentation gérée par la communauté et ne signifie pas que Mozilla envisage la production d’un système d’exploitation ou de matériel.

Mozilla CC-by

FAQ

Qui est à l’origine du projet ?

Seabird a été créé par Billy May, un membre de la communauté Mozilla Labs qui, au début de l’année 2009, a jeté une première ébauche de ce à quoi pourrait ressembler un téléphone mobile pour le Web Ouvert. Seabird est la suite du projet initial de Billy, auquel il a intégré les retours de la communauté étendue. Pour en apprendre plus sur Billy May, visitez sa page personnelle.

En quoi cela est-il lié à Mozilla et Mozilla Labs ?

Billy est un membre de la communauté Mozilla Labs et a créé Seabird sur son temps libre. Seabird n’est pas un projet de Mozilla Labs mais appartient aux Concept Series de Mozilla Labs. Les Concept Series fournissent à la communauté un espace pour créer et collaborer à des projets qui repoussent les frontières du Web et du navigateur.

La société Mozilla a-t-elle le projet de produire un téléphone portable ?

Non. Mozilla produit Firefox Mobile, le célèbre navigateur pour les systèmes de téléphonie mobile comme Nokia Maemo et Android. Vous pouvez en apprendre davantage sur Mozilla Firefox Mobile à cette adresse [3].

Notes

[1] Crédit photo : Mozilla Creative Commons Paternité

[2] En attendant que nous maîtrisions Universal Subtitles, je vous encourage également à visionner la vidéo en anglais présente sur le blog d’origine, elle sera très bien agrémentée par les textes traduits ici même.

[3] Le lien d’origine sans version française : http://www.mozilla.com/en-US/mobile/




Les sous-titres faciles d’Universal Subtitles

Universal Subtitles - CC-by-sa

Framatube, comme les lecteurs assidus de ce blog le savent déjà, est une initiative lancée il y a environ deux ans, dans le but de regrouper des vidéos en rapport avec le logiciel libre et sa culture, pour en favoriser la diffusion.

Framatube s’appuie pour cela aujourd’hui sur la plateforme Blip.tv et, pas de mystère, sur le travail de bénévoles chargés de produire des sous-titres lorsque la vidéo est dans une langue étrangère, l’équipe Framalang entrant alors dans la danse [1].

Dans ce dernier cas, le travail nécessaire pour proposer la vidéo sous-titrée va au delà de la simple traduction : il faut préalablement transcrire la bande-son pour la traduire, puis synchroniser les sous-titres obtenus avec la bande-son, incruster les sous-titres et finalement encoder le tout dans un format libre. Cela demande un travail important, qui nécessite une motivation de longue haleine et plus de travail que les habituelles 6 ou 7 heures par traduction d’article publiée sur le Framablog.

D’autant que, les sous-titres étant au final incrustés dans la vidéo, tout ce travail ne peut être réutilisé pour proposer de nouvelles traductions dans d’autres langues.

Pour prendre l’analogie du logiciel, le code source qui pourrait permettre d’améliorer ou de modifier facilement le résultat n’est pas fourni : paradoxal pour un projet Framasoft !

Heureusement, la Participation Culture Foundation (fondation à but non lucratif à laquelle on doit notamment le logiciel de télévision par Internet Miro) développe « Universal Subtitles » un outil en-ligne qui simplifie grandement la tâche.

Ce projet se place sous le parrainage de la Mozilla Foundation, autre fondation à but non lucratif à qui l’on doit le fameux navigateur web Firefox et qui a initié le projet Mozilla Drumbeat pour promouvoir des initiatives comme celle-ci, visant à garder le Web Ouvert.

L’objectif d’Universal Subtitles est pour le moins ambitieux, offrir à chaque vidéo disponible sur le web un support de sous-titrage collaboratif, où chacun puisse participer au sous-titrage dans sa langue d’une vidéo rencontrée sur le web.

La solution retenue est habile puisqu’elle consiste, à partir d’une vidéo préexistante sur le Web :

  1. à proposer des outils permettant de réaliser un sous-titrage de manière communautaire dont les données sont hébergées sur les serveurs du projet,
  2. à générer un simple bout de code mélangeant JavaScript et HTML5 à ajouter sur son site pour afficher un lecteur vidéo personnalisé pour afficher les sous-titres à la volée en surimpression de la vidéo.

Les avantages sont nombreux :

  • en associant la transcription et ses traductions aux vidéos, il devient possible d’indexer, analyser et traduire l’information contenue dans ces vidéos de façon automatique (les vidéos pourront être indexées par les moteurs de recherche aussi finement que les textes);
  • le travail manuel de sous-titrage se trouve facilité et le résultat peut à tout moment être modifié, complété et amélioré par la communauté;
  • tout cela contribuant à généraliser le sous-titrage et la traduction des vidéos, bénéficiant au plus grand nombre d’une part et augmentant d’autant l’accessibilité de ce support de communication. Les personnes atteintes de handicaps visuels ou auditifs pouvant à nouveau (comme aux débuts du web) bénéficier de versions textes lisibles à son rythme ou par un vocalisateur.

Et puis, cela promet de belles batailles concernant les sous-titres communautaires de clips musicaux…

Yostral, l’un des piliers de Framalang, a testé le système et publié un journal sur LinuxFr.org que nous reproduisons ici avec son aimable autorisation :

Je viens de tester le site UniversalSubtitles.org, qui se veut le « Wikipédia des sous-titres ».

Le but est simple : faciliter le sous-titrage dans n’importe-quelle langue de n’importe-quelle vidéo se trouvant sur le web.

Voyant les problèmes que nous avons à Framalang pour être efficace en sous-titrage vidéo, chacun faisant une étape dans son coin, sauf la traduction qui se fait sur wiki, pas adapté à ça, j’ai donc fait un petit test sur une simple vidéo, en français, pour voir les possibilité de travail collaboratif de traduction et de sous-titrage.

La première étape consiste bien sûr à « importer » une vidéo. En fait on travaille directement sur une vidéo déjà en ligne. Donc pas d’upload sur le site, pas de transcodage, rien. Il suffit simplement de donner l’adresse de la vidéo souhaitée. Pour le moment, les format supportés sont Ogg, WebM, FLV et donc les sites Youtube et Blip.TV (Dailymotion et Vimeo sont en cours).

Cette vidéo apparaît ensuite dans leur « Widget » de traduction. Une page je suppose remplie de HTML5 et de javascript, qui offre une interface relativement conviviale, claire et avec des raccourcis clavier. C’est succinct, mais suffisant pour faire ce qu’on lui demande. C’est donc ici que se déroule la première des trois étapes qui mènent au sous-titrage original de la vidéo : taper les sous-titres correspondant à la vidéo. Pour ceux qui ont 42 doigts, pas de soucis, vous laissez filer la vidéo et vous entrez le texte en temps réel… pour les autres, on peut toujours faire des pauses et naviguer avant/arrière tout simplement.

La seconde étape est la synchronisation du texte que vous avez tapé précédemment. Là, la vidéo défile et on doit appuyer sur une touche à chaque fois que l’on veut que le sous-titrage passe à la ligne suivante. Ici, faut être concentré ! Bien sûr, on peut mettre en pause, revenir en arrière, mais le mieux est de faire défiler et synchroniser au fur et à mesure. Faisable, mais pas évident, surtout sur la longueur.

La troisième étape est le peaufinage, où on peut ajuster les sous-titres plus précisément. Si on s’est un peu endormi à l’étape précédente, c’est ici qu’on se réveille.

Au final on nous donne un lien permanent vers la vidéo et ses sous-titres, ainsi qu’un bout de code pour l’intégration dans une page web. La vidéo est toujours la même au même endroit et seuls les sous-titres, qu’on peut se télécharger en .srt, sont sur le site d’UniversalSubtitles.org.

À partir de cette page, on peut rajouter simplement des sous-titres dans d’autres langues, calés sur la VO. Ça veut dire qu’une fois la transcription faite et synchronisée, en anglais ou autre, la traduction en français est vraiment simplifiée : on a juste à la rentrer dans les cases en dessous de chaque ligne de sous-titres de la langue originale. On peut bien sûr la stopper puis la reprendre plus tard. On voit également sur cette page les langues disponibles liées à la vidéo et l’avancement des traductions.

Bref, c’est vraiment du sous-titrage collaboratif. Les outils sont minimalistes mais efficaces. On peut tout ré-éditer, sauvegarder, exporter. Et on peut même uploader un fichier .srt, pour ceux qui ont plus souvent l’occasion de traduire hors ligne plutôt que connectés à Internet.

Comme je l’ai déjà dit, les outils sont, pour le moment en tout cas, assez minimalistes. Par exemple on ne peut pas régler les sous-titres : la police, la couleur, l’emplacement… limitation du HTML5 ou pas encore implanté dans ce programme ? On verra. Mais ça risque de poser parfois des gros problèmes de visibilité des sous-titres. Il m’est arrivé à plusieurs reprises, sur les vidéos qu’on a placées sur Framatube, de devoir rajouter une bande noire en-bas, ou les placer en haut, pour pouvoir lire convenablement les sous-titres pour des raisons de contraste avec le fond, qui peut varier…

Un autre bémol, c’est qu’il faut s’enregistrer : il faut soit un compte Twitter, soit un compte OpenID, soit un compte Google… En fait ça ne crée pas de compte à proprement parler, mais se sert de l’existant, ce qui est vraiment un moindre mal.

En tout cas c’est un bel outil qui va nous rendre bien des services pour nos sous-titrages.

Test fait avec une vidéo de Fred Couchet, de l’April, vidéo hébergée sur Blip.tv : http://universalsubtitles.org/videos/JFyBckvaWyCE/fr/

( {"base_state": {"language": "fr"}, "video_url": "http://blip.tv/file/get/Framasoft-FredericCouchetLeRoleDeLAPRILAuxMunicipalesDe2008975.ogv"} )

Notes

[1] Le Framablog de Framasoft, qui publie les travaux des projets Framatube et Framalang, tout cela n’est pas sans rappeler un certain Batman, avec sa Batmobile garée dans sa Batcave… Mais nous nous éloignons déjà du sujet.




Proposition de traduction de la licence « Creative Commons Zero 1.0 »

GnuckX - CC0 En juillet dernier, Framasoft animait le plus long atelier de l’histoire des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre : un traducthon courant pendant toutes les rencontres.

En effet, fidèles au poste dans la chaleur cuisante d’une salle de classe au dernier étage de l’ENSEIRB, des bénévoles de Framalang, Benjamin Jean de VeniVidiLibre.org, Alexis Kauffman et moi-même accueillions les courageux visiteurs ayant trouvé leur route jusqu’au traducthon 2.0, pour la plupart venus avec la ferme intention de nous aider à traduire le livre libre : « Imagine there is no Copyright ».

Et c’est ainsi qu’en à peine 5 jours, malgré la chaleur, les difficultés de réseau et une coupure de courant [1], l’ouvrage fut intégralement traduit, par plusieurs dizaines de bénévoles.

L’idée de traduire ce livre était venue à Alexis après l’avoir lu en version papier italienne, couverte par une licence CC-by-nd (Creative Commons attribution, sans dérivation). L’attribution nous permis de remonter à une version anglaise, couverte par une CC-by-nc-nd (ajoutant une clause de réutilisation non commerciale seulement), ce qui pouvait sembler paradoxal vu qu’Alexis l’avait acheté son livre… Toutefois, une mention supplémentaire s’ajoute, sur le site officiel, à la licence de la version originale :

No article in this book may be reproduced in any form by any electronic or mechanical means without permission in writing from the author.

Qui peut se traduire par :

Aucun article de ce livre ne peut être reproduit par quelque moyen électronique ou mécanique que ce soit, sans la permission écrite de l’auteur.

La suite du puzzle allait donc se résoudre en contactant l’auteur, ce qui est, d’une manière générale, la chose à faire en cas de doutes sur une licence [2].

Contacté, l’auteur nous répondit qu’il souhaitait que son œuvre soit au plus près possible du domaine public (ce qui est cohérent avec le titre de l’ouvrage). Benjamin Jean proposa donc la licence « Creative Commons Zero », ce qui convint très bien à l’auteur.

La licence CC0 a en effet été créée pour uniformiser mondialement la notion de domaine public, ou permettre de s’en approcher au plus près dans les juridictions, comme la France, où il n’est pas possible d’y placer soit même son œuvre.

Toutefois, à sa création la CC0 n’était pas applicable en France pour des raisons juridiques levées depuis, mais elle le demeurait pour l’instant pour une seconde raison, l’absence de version française. Il nous fallait donc remédier à ce petit inconvénient avant de pouvoir sortir notre prochain Framabook, et c’est ainsi que l’équipe de traduction de choc qui se cache derrière cette page, se mit à l’œuvre.

Nous sommes donc fier aujourd’hui de vous présenter la traduction, par Framalang et VVL, de la CC0 [3] ! Cette traduction est une contribution que nous avons bien entendu adressée à Creative Commons afin d’étoffer un peu le paysage des licences françaises touchant de domaine public, s’ajoutant ainsi à la récente licence « Information Publique Librement Réutilisable » utilisable uniquement par les organismes du secteur public dans le cadre de leurs démarches « OpenData » [4].

Creative Commons Zéro 1.0 – Domaine Public [5]

CC0 1.0 Universal – Public Domain Dedication

CreativeCommons.org – 17 décembre 2007
Traduction Framalang : Julien R., Barbidule, Goofy, Martin G., Siltaar, mben

CREATIVE COMMONS N’EST PAS UN CABINET D’AVOCATS ET NE FOURNIT PAS DE SERVICES DE CONSEIL JURIDIQUE. LA PUBLICATION DE CE DOCUMENT NE CRÉE AUCUNE RELATION JURIDIQUE ENTRE LES PARTIES ET CREATIVE COMMONS. CREATIVE COMMONS MET À DISPOSITION CETTE LICENCE EN l’ÉTAT, À SEULE FIN D’INFORMATION. CREATIVE COMMONS NE FOURNIT AUCUNE GARANTIE CONCERNANT L’UTILISATION DE CE DOCUMENT OU DES INFORMATIONS OU TRAVAUX FOURNIS CI-APRÈS, ET DÉCLINE TOUTE RESPONSABILITÉ POUR LES DOMMAGES RÉSULTANT DE L’UTILISATION DE CE DOCUMENT OU DES INFORMATIONS OU TRAVAUX FOURNIS CI-APRÈS.

Déclaration d’Intention

Les lois de la plupart des législations des états du monde accordent automatiquement des Droits d’Auteur et Droits Voisins (définis ci-dessous) au créateur et au(x) titulaire(s) de droits ultérieur(s) (ci-après, le « titulaire ») d’une œuvre originale protégeable par le droit de la propriété littéraire et artistique et/ou une base de données (ci-après, une « Œuvre »).

Certains titulaires souhaitent renoncer de façon définitive à ces droits sur une Œuvre dans le but de contribuer à un pot commun de travaux créatifs, culturels et scientifiques (les « Biens Communs ») que le public, de façon certaine et sans craindre d’actions ultérieures pour contrefaçon, a la possibilité d’utiliser comme base de travail, de modifier, d’incorporer dans d’autres travaux, de réutiliser et de redistribuer aussi librement que possible sous quelque forme que ce soit et à quelque fin que ce soit, y compris, et sans réserves, à des fins commerciales. Ces titulaires peuvent contribuer aux Biens Communs dans le but de promouvoir les idéaux de la culture libre et la production de travaux créatifs, culturels et scientifiques, ou pour acquérir une renommée ou une plus grande diffusion de leur Œuvre, notamment grâce à l’utilisation qui en sera faite par d’autres.

Pour ces raisons et/ou d’autres, et sans attendre aucune rémunération ou compensation supplémentaire, la personne associant la CC0 à une Œuvre (le « Déclarant »), dans la mesure où il ou elle est titulaire des Droits d’Auteur et des Droits Voisins de l’Œuvre, fait volontairement le choix d’appliquer la CC0 à l’Œuvre et de distribuer publiquement l’Œuvre sous les termes de cette licence, en toute connaissance de l’étendue de ses Droits d’Auteur et Droits Voisins sur l’Œuvre, ainsi que de la portée et des effets juridiques de la CC0 sur ces droits.

1. Droit d’Auteur et Droits Voisins

Une Œuvre mise à disposition sous la CC0 peut être protégée par les droits d’auteur et les droits voisins ou connexes (le « Droit d’Auteur et les Droits Voisins »). Le Droit d’Auteur et les Droits Voisins comportent, notamment, les droits suivants :

  1. Le droit de reproduire, adapter, distribuer, interpréter, diffuser, communiquer, et traduire une Œuvre ;
  2. Les droits moraux conservés par le ou les auteur(s) ou interprète(s) originaux ;
  3. Les droits relatifs à la diffusion et à la vie privée rattachés à l’image ou au portrait d’une personne représentée dans une Œuvre ;
  4. Les droits protégeant contre la concurrence déloyale à l’égard de l’Œuvre, sujets aux limitations prévues dans le paragraphe 4(a) ci-dessous ;
  5. Les droits protégeant l’extraction, la dissémination, l’utilisation et la réutilisation des données contenues dans une Œuvre ;
  6. Les droits relatifs aux bases de données (tels que ceux découlant de la Directive 96/9/CE du Parlement Européen et du Conseil du 11 mars 1996 concernant la protection juridique des bases de données, et de toute transposition au niveau national, y compris de toute version amendée ou révisée de cette directive) ;
  7. Tous autres droits similaires, équivalents ou correspondants partout dans le monde, basés sur des lois ou traités applicables, et toutes les transpositions nationale de ceux-ci.
2. Renonciation

Dans toute la mesure permise par la loi, mais sans l’enfreindre, le Déclarant annonce par la présente abandonner, céder et renoncer ouvertement, complètement, définitivement et irrévocablement, à tous ses Droits d’Auteur et Droits Voisins sur l’Œuvre ainsi qu’aux prétentions et intérêts à agir associés , qu’ils soient à cet instant connus ou inconnus (y compris les prétentions et intérêts à agir associés nés ou à naître), (i) partout dans le monde, (ii) pour la durée maximale prévue par les lois ou traités applicables (y compris les prolongations futures de cette durée), (iii) sur n’importe quel support actuel ou futur et quel que soit le nombre de copies, et (iv) pour toutes fins, y compris, et sans réserves, les fins commerciales, publicitaires ou promotionnelles (la « Renonciation »). Le Déclarant procède à la Renonciation au bénéfice de chacun des membres du plus large public et au détriment des héritiers et successeurs du Déclarant, avec la ferme volonté que cette Renonciation ne puisse faire l’objet d’aucune révocation, récision, résiliation, annulation, conclusion, ou de toute autre action en justice ou injonction susceptible d’interrompre la jouissance paisible de cette Œuvre par le public telle que prévue par la Déclaration d’Intention du Déclarant.

3. Licence Publique Supplétive

Dans le cas où une partie quelconque de la Renonciation et pour quelque raison que ce soit est jugée juridiquement nulle ou sans effet en vertu de la loi applicable, la Renonciation doit être préservée de la manière permettant la prise en compte la plus large de la Déclaration d’Intention du Déclarant. De plus, dans la mesure où la Renonciation est ainsi jugée, le Déclarant concède par la présente à chaque personne concernée une licence pour l’exercice des Droits d’Auteur et Droits Voisins du Déclarant sur l’Œuvre, gratuite, non transférable, non sous-licenciable, non exclusive, irrévocable et inconditionnelle (i) partout dans le monde, (ii) pour la durée maximale prévue par les lois ou traités applicables (y compris les prolongations futures de cette durée), (iii) sur n’importe quel support actuel ou futur et quel que soit le nombre de copies, et (iv) pour toutes fins, y compris, et sans réserves, les fins commerciales, publicitaires ou promotionnelles (la « Licence »). La licence sera réputée effective à la date à laquelle le Déclarant a appliqué CC0 à l’Œuvre. Dans le cas où une partie quelconque de la Licence, et pour quelque raison que ce soit, est jugée juridiquement nulle ou sans effet en vertu de la loi applicable, une telle invalidité partielle ou ineffectivité n’invalidera pas le reste de la Licence, et dans un tel cas le Déclarant déclare par la présente qu’il ou elle (i) n’exercera aucun de ses Droits d’Auteur ou Droits Voisins subsistant sur l’Œuvre et (ii) ne fera valoir aucune prétention ni intérêt à agir associés relatifs à l’Œuvre, ce qui serait opposé à la Déclaration d’Intention du Déclarant.

4. Limitations et exonérations de responsabilité
  1. Aucun droit sur une marque déposée ou un brevet détenu par le Déclarant n’est abandonné, cédé, licencié ou affecté d’une quelconque manière par le présent document;
  2. Le Déclarant propose la mise à disposition de l’Œuvre en l’état, sans déclaration ou garantie d’aucune sorte, expresse, implicite, légale ou autre, y compris les garanties concernant la commercialité, ou la conformité, les vices cachés et les vices apparents, dans toute la mesure permise par la loi applicable;
  3. Le Déclarant décline toute responsabilité dans la compensation des droits d’autres personnes qui peuvent s’appliquer à l’Œuvre ou à toute utilisation de celle-ci, y compris, et notamment, mais pas exclusivement, les Droits d’Auteur et Droits Voisins de toute personne sur l’Œuvre. En outre, le Déclarant décline toute responsabilité quant à l’obtention des consentements, autorisations et autres droits requis quelle que soit l’utilisation de l’Œuvre;
  4. Le Déclarant comprend et reconnaît que Creative Commons n’est pas partie prenante de ce document et n’a aucune responsabilité ni obligation à l’égard de la CC0 ou de l’utilisation de l’Œuvre.

Notes

[1] Notre travail étant réparti sur plusieurs documents EtherPad, cet incident généralement atroce dans une salle informatique se révéla joyeusement anecdotique.

[2] Petit aparté à ce propos, Framasoft organise, lors de la prochaine Ubuntu Party parisienne qui aura lieu du 5 au 7 novembre prochain, un atelier de libération d’œuvres non logicielles, qui consistera justement à contacter les auteurs d’œuvres numériques, publiées sur Internet sans licences précises et dont le Copyright par défaut bloque une idée de réutilisation… L’atelier est prévu pour le samedi 6 novembre à partir de 11h30.

[3] Oui, il fallait suivre pour les acronymes 😛

[4] L’annonce de RegardsCitoyens.org saluant la création de cette licence. Une analyse plus poussée sur le blog de Veni Vidi Libri.

[5] Crédit photo : GnuckX (Creative Commons Zero 1.0)




Avec Uniflow, Canon invente la photocopieuse qui espionne, refuse et dénonce

Timshell - CC-by-nd En l’absence de l’habituel maître des lieux
Les lutins du Framablog font bien de leur mieux
Écumant le web, en quête de sujets sérieux
Ils espérent que ces billets vous rendront joyeux
À défaut de nous aider à ouvrir les yeux
Sur des technologies qui derrière un vœu pieu
Menacent nos libertés et nos échanges précieux

« On arrête pas le progrès » aimait à répéter mon grand père, mais aujourd’hui, je me demande ce qu’il aurait pensé des dernières inventions de Canon…

En effet, si l’esprit du hacker est de bidouiller une technologie pour en trouver de nouveaux usages, les grandes firmes s’ingénient elles bien souvent à limiter les possibilités de leurs produits, pour créer une illusion de contrôle.

Dans notre cas, Canon a créé des photocopieuses qui inspectent au plus près les documents qu’on leur donne à reproduire, et s’y refusent si ces derniers contiennent l’un des mots de la liste noire située sur le serveur central des installations Uniflow.

Tout d’abord, ces photocopieuses illustrent exactement la menace qui plane sur la neutralité d’Internet. Imaginez qu’il ne soit plus possible de se parler qu’à l’aide de textes envoyés d’une photocopieuse à une autre et vous aurez un bon aperçu de comment fonctionne Internet. En effet, chaque message y circule, par petits bonds, d’un ordinateur à un autre entre votre machine et celle à laquelle vous tentez d’accéder de l’autre côté du réseau. Chaque machine rencontrée photocopie simplement les messages qu’elle reçoit vers la sortie qui les rapprochera de leur destination. Pour l’instant, les routeurs de l’Internet transportent les messages de manière aussi neutre qu’une simple photocopieuse, sans le moindre soupçon d’analyse de contenu. Mais Canon vient donc de briser la neutralité des photocopieuses, en créant un système de « deep photocopy inspection » bien sûr associés à un système centralisé de censure.

Ensuite, comme le remarquait Benoit Sibaud sur Identi.ca, nous nous trouvons là devant un cas concret d’informatique déloyale, telle que définie par l’April, où des utilisateurs se trouvent confrontés à des systèmes soit-disant « de confiance », et qui sous prétexte de sécurité ne remplissent tout simplement plus la tâche pour laquelle ils sont conçu si les conditions arbitraires d’une entité tierce de contrôle ne sont pas réunies.

Je parlais d’une illusion du contrôle, car comme toujours le moyen mis en œuvre pour « sécuriser l’usage » est aisément contournable, les documents n’étant (pour l’instant) analysés qu’à l’aide d’un logiciel OCR, incapable donc de percevoir les notes manuscrites, ou les mots (volontairement) mal orthographiés.

Alors à quoi bon mettre en place des systèmes aux performances finalement ridicules au regard du niveau stratégique de l’objectif ? Et quel peut être l’objectif d’imprimantes allergiques à certains mots ?

Tout d’abord, déployer un système à l’efficacité embryonnaire c’est toujours faire un premier pas, ça finance la génération suivante et ça piège les non avertis… [1] Ensuite dans le cas présent, on peut pallier les manques du système en contraignant le reste de l’environnement, et si on trouve une application admise par les contrôleurs et les contrôlés ça pourrait même rendre service.

Mais pourquoi empêcher d’imprimer ? Pour pallier, d’une certaine manière, au « trou analogique ». Le trou analogique c’est le nom donné à un phénomène simple : aussi sophistiqué que puisse être le système de protection d’un fichier (chiffrement, DRM), pour qu’il soit lu il faut bien à un moment le rendre présentable pour un humain. Et à partir de là, il est toujours possible de renumériser les données… Un MP3, même plombé par un DRM, quand il finit par être lu, rien ne m’empêche de l’enregistrer avec un dictaphone, si j’ai peur de ne pas m’en souvenir tout seul. Dans notre cas, l’intérêt est donc de combler en partie le trou analogique, en évitant que des copies papiers de documents identifiés comme « secrets » ne soient créées.

Toutefois, ça peut vite devenir comique, si une entreprise empêche l’impression de documents contenant le nom de ses clients par exemple, espérons qu’ils ne traitent pas avec Apple, Orange ou même Canon, sinon ils vont vite finir par ne plus pouvoir imprimer grand chose.

Néanmoins, après les imprimantes qui mentent sur leur niveau d’encre et les imprimantes qui laissent des micro-traces pour s’identifier sur toutes leurs copies, Canon invente aujourd’hui les imprimantes qui choisissent ce qu’elles impriment… [2]

Canon promet une sécurisation à base de mots-clés pour ses scanners et imprimantes

Canon promises keyword-based document scanning and printing security

Alan Lu – 12 octobre 2010 – ITPro.co.uk
Traduction Framalang : Siltaar, Julien R., KooToX, Daria

Canon a fait une démonstration d’Uniflow 5, la dernière version de son système de gestion de documents, capable d’empêcher les utilisateurs d’imprimer ou de copier des documents contenant certains mots, grâce à un système de sécurité intelligent basé sur des mots-clés.

Uniflow est un système de gestion de documents qui permet, depuis longtemps, de contrôler imprimantes, scanners et photocopieurs de manière centralisée. Cela permet de conserver le compte des impressions de chaque utilisateur à des fins de facturation. C’est indispensable dans les professions qui facturent les clients à l’heure ou à la quantité de travail, comme les avocats et les architectes. Le système requiert à la fois un serveur Uniflow sur votre réseau et des périphériques d’imagerie Canon, compatibles Uniflow.

La dernière version d’Uniflow possède un système de sécurité intelligent, basé sur des mots-clés. Une fois configuré par un administrateur, le système peut empêcher un utilisateur d’imprimer, scanner, copier ou faxer un document contenant un des mots-clés prohibés, tel que le nom d’un client ou le nom de code d’un projet.

Le serveur enverra alors par courriel à l’administrateur une copie PDF du document en question, au cas où un utilisateur s’y essaie. Le système peut aussi optionnellement informer l’utilisateur par courriel que sa tentative a été bloquée, mais sans identifier le mot-clé responsable, maintenant ainsi la sécurité du système.

La détection des mot-clés d’Uniflow 5 se base sur un système de reconnaissance optique de caractères (OCR), dont la licence est détenue par la firme belge Iris. Cette technologie est plus communément utilisé pour retranscrire des documents scannés en textes éditable sur ordinateur. Canon Angleterre a confirmé qu’un utilisateur éclairé et déterminé ayant repéré un des mots-clés peut contourner le système en remplaçant une lettre par une autre ou un chiffre ressemblant comme avec « z00 » au lieu de « zoo ».

Néanmoins, l’intérêt de cette fonctionnalité est immédiatement perceptible pour les secteurs traitant des documents sensibles, que se soit pour des raisons légales, concurrentielles ou commerciales. Les représentants de Canon n’ont pu avancer de date quant à la commercialisation des produits Uniflow 5.

Notes

[1] Toute ressemblance avec une loi visant à contrôler les usages sur Internet serait fortuite.

[2] Crédit photo : Timshell (Creative Commons Attribution NoDerivs).




« 1000 10 1 » : une campagne originale, un soutien indispensable

L.L. de Mars - Licence Art Libre

« Des paris ambitieux pour soutenir le logiciel libre, remportés grâce à vous », voilà en somme ce qui pourrait définir l’action de Framasoft depuis sa création, il y a presque dix ans.

De la création d’un annuaire en mode collaboratif au traducthon des RMLL qui a vu cet été Framalang traduire un nouveau Framabook en 5 jours, Framasoft s’est souvent lancé sur de longues routes, tant que la voie était libre pour tous.

L’année dernière, pour assurer la survie de l’association, Framasoft a consacré une certaine énergie à réaliser un appel aux dons. En dépassant l’objectif fixé des 30 000 euros, cette campagne a permis à Framasoft d’envisager l’avenir plus sereinement, et même de recruter un nouveau permanent quand l’occasion s’est présentée, pour épauler PYG dans ses tâches d’administration, lui permettre de prendre ses premières vacances depuis son arrivée à Framasoft, mais aussi développer de nouveaux projets.

Cette année, déjà plus de 20 000 euros de dons sont venus soutenir notre action et nous encourager dans cette voie. Toutefois, si cela aurait peut-être pu suffire par rapport à l’année dernière, grâce entre autre à la création de la boutique EnVenteLibre (diffusant des Framakeys, des Framabooks, des Framashirts, et des CD d’Ubuntu !), et à la réalisation de nouveaux Framabooks, notre budget cette année ne se trouve plus équilibré.

Pour nous sortir de ce mauvais pas, nous avons réfléchi à une nouvelle campagne, un peu plus originale et nommée “1000 10 1”. L’originalité tient au fait que son objectif n’est pas de réunir une certaine somme d’argent, mais un certain nombre de donateurs. L’objectif est en effet de réunir 1000 personnes, qui donneraient chacune 10 euros par mois, pendant au moins 1 an. Rappelons tout de suite que Framasoft étant une association reconnue d’intérêt général ces dons sont déductibles de l’impôt sur le revenu, et qu’ainsi l’opération ne devrait pas représenter plus de 40 € à terme pour le généreux donateur, et qu’il est bien sûr possible de donner moins – ou plus ! – sur la nouvelle version de notre site de soutien.

De plus, parce que vos dons sont précieux, Framasoft a négocié bec et ongles avec une nouvelle banque et obtenu de s’affranchir de Paypal pour tous les dons qui seront collectés à partir d’aujourd’hui.

Ensuite, et un peu en réponse à ce billet, nous avons également déployé sur le nouveau site de soutien des boutons Yooook et Flattr, pour encourager le développement de cette économie de la contribution que nous appelons de nos vœux.

Et enfin, Framasoft s’engage, dès l’objectif de la campagne “1000 10 1” atteint, à retirer définitivement la célèbre et controversée pub Google des pages de l’annuaire !

L.L. de Mars - Licence Art Libre

Nous comptons donc sur vous pour que cette mauvaise passe ne devienne pas une impasse, et que Framasoft continue encore longtemps sa route vers :

  • des FramaDVD : École, Collège/Lycée, Université, TPE/PME, Wikipedia ;
  • des Framakeys : École, Wikipedia, Économie sociale et solidaire (spéciale associations) ;
  • des Framabooks : « Le C en 20h », « Producing OpenSource Software », « Subversion », « Imagine there’s no Copyright »…
  • la Framanews : entre tootella.org et rezo.net ;
  • Framacces : un serveur OpenID hébergé par Framasoft, accompagnant la mise en place d’une porte OpenID sur tous les sites du réseau ;
  • Framasoft 2.0 : la fameuse refonte de l’annuaire en Drupal ;
  • plus d’associations et de produits libres dans EnVenteLibre ;
  • des Framakits de promotion du libre par Framasoft ;
  • le projet Framaphonie visant à soutenir le développement du Libre en Afrique (entre autres);
  • et quelques autres projets logiciels dont nous vous reparlerons bientôt.

L’équipe Framasoft. [1]

Notes

[1] Crédit photo : L.L. de Mars (Licence Art Libre)




Développer en public

Steve Jurvetson - CC by Voici, révélé sur son blog par Bradley M. Kuhn (cadre dirigeant à la FSF impliqué dans le projet GNU), l’un des meilleurs ingrédients pour la réussite d’un projet de logiciel libre : rendre son développement public, dès la conception. C’est du moins l’enseignement qu’il retire d’un échange qu’il a eu avec Loïc Dachary, pionnier du logiciel libre, fondateur de la FSF France, d’EUCD.info ou encore de la plateforme d’hébergement de projets libres Gna! [1].

Or, si l’idée peut sembler simple, sa réalisation est loin d’être anecdotique et porte à de nombreux débats, comme le synthétise ici Bradley. Mais surtout, ce qui se dessine au travers de cette réflexion, c’est un élément fondamental de la définition de ce qu’est un projet libre, un projet ouvert, un projet pérenne : c’est un projet dont on partage les idées et la conception, en plus des sources. Bradley Kuhn oppose, en filigrane, à cette vision, celle de grands projets (qui se clament bien souvent eux-même « OpenSource ») dont en effet seul le code est publié. Des projets opposant une résistance aux contributions extérieures, et qui peuvent alors presque paradoxalement sembler hermétiques, fermés…

Plusieurs exemples viennent aisément en tête car c’est entre autres l’un des principaux reproches fait à Chromium, la version « OpenSource » du navigateur Google Chrome. Mais LibreOffice, le récent fork d’OpenOffice, illustre parfaitement la conclusion de Bradley, quand la communauté d’un projet de logiciel libre finit par n’avoir d’autre choix que de partir sur un embranchement définitif des fichiers sources pour en ouvrir au public le développement, et plus le code seulement.

Où sont les octets ? [2]

Where Are The Bytes?

Bradley M. Kuhn – 11 juin 2010 – EBB.org
(Traduction Framalang : Barbidule, Loquemunaine, Goofy)

Il y a quelques années, j’avais envisagé de me lancer dans un projet de logiciel libre. Il n’a pas vu le jour, mais j’ai appris au passage des choses bonnes à savoir. Quand j’ai pensé à démarrer ce projet, j’ai fait comme à mon habitude : j’ai demandé à quelqu’un qui en savait plus que moi. J’ai donc téléphoné à Loïc Dachary, qui a initié de nombreux projets de logiciels libres, pour lui demander conseil.

Avant même que je puisse ne serait-ce qu’évoquer mon idée, Loïc m’a demandé : « Tu as une URL » ? J’étais abasourdi. Ben, je n’ai pas encore commencé, répondis-je. Bien sûr que si, reprit-il, puisque tu m’en parles c’est que tu as commencé. Le plus important, c’est que tu me dises où sont les octets.

Loïc m’expliqua ensuite que la plupart des projets échouent. Le plus difficile dans un projet de logiciel libre est de le pousser à un stade suffisamment avancé pour qu’il puisse survivre même si ses créateurs initiaux le quittent. Donc, selon la théorie de Loïc, la tâche la plus urgente à accomplir au démarrage d’un projet, c’est de générer ces octets, dans l’espoir qu’ils se fraieront un chemin jusqu’à une équipe de développeurs qui contribueront à maintenir le projet actif.

Mais qu’est-ce qu’il entend par « octets » au juste ? Il veut tout simplement dire que vous devez exposer vos réflexions, votre code, vos projets, vos idées, presque tout en fait sur une adresse publique où tout le monde pourra les voir. Montrez vos octets, montrez-les à chaque fois que vous en créez si peu que ce soit. C’est la seule chance de survie de votre projet de logiciel libre.

Le premier objectif d’un projet de logiciel libre est de rassembler des développeurs. Aucun projet ne peut avoir de succès à long terme sans une base diversifiée de développeurs. Le problème c’est que le travail initial de développement et le planning du projet finissent trop souvent enfermés dans la tête d’un petit noyau de développeurs. C’est dans la nature humaine : comment puis-je passer mon temps à expliquer à chacun ce que je suis en train de faire ? Si je le fais, quand trouverai-je le temps de faire vraiment avancer les choses ? Ceux qui dirigent les projets de logiciels libres savent résister à ce désir naturel et font ce qui peut sembler contre-intuitif : ils exposent leurs octets publiquement, même si cela les ralentit un peu.

Ce processus est d’autant plus nécessaire à l’ère des réseaux. Si quelqu’un veut créer un programme qui remplisse sa mission, son premier outil est le moteur de recherche : il s’agit de savoir si quelqu’un d’autre a déjà fait le boulot. L’avenir de votre projet dépend entièrement du fait que chaque recherche de ce type aide des développeurs à découvrir vos octets.

Début 2001 j’ai demandé à Larry Wall quel était le projet le plus difficile parmi tous ceux sur lesquels il a travaillé. Sa réponse fut immédiate : "quand j’ai développé la première version de Perl5," m’a dit Larry, "j’avais l’impression que je devais coder tout seul et le faire tourner par mes propres moyens". Bien sûr, Larry est un gars tellement doué qu’il peut se permettre de créer à lui tout seul un programme que tout le monde voudra utiliser. Bien que je ne lui aie pas demandé ce qu’il ferait aujourd’hui dans une situation pareille, je devine – particulièrement quand on voit comment le développement de Perl6 est devenu public – qu’il utiliserait plutôt les nouveaux outils en ligne, tels que DVCS, pour montrer plus vite et plus souvent ses octets, et chercher à impliquer plus tôt davantage de développeurs[3].

Il est vrai que la priorité de la plupart des développeurs est de tout cacher. "On publiera quand ce sera prêt", ou bien – pire encore – "le noyau dur de l’équipe travaille bien ensemble ; rendre le projet public maintenant ne ferait que nous ralentir". En vérité, c’est un mélange dangereux de peur et de narcissisme, exactement la même pulsion que celle qui pousse les développeurs de logiciels non-libres à les conserver propriétaires.

Les développeurs de logiciels libres ont la possibilité de dépasser la réalité fondamentale de tout développement logiciel : le code est mal fichu, et n’est généralement pas terminé. Malgré tout, il est essentiel que la communauté puisse voir ce qu’il se passe à chaque étape, dès le noyau initial du code et au-delà. Quand un projet est perçu comme actif, cela attire les développeurs et donne au projet une chance de succès.

Quand j’étais à la fac, une des équipes d’une classe de génie logiciel s’est complètement plantée. C’est arrivé alors même qu’un des membres de l’équipe avait passé près de la moitié du semestre à coder par lui-même, nuit et jour, sans se soucier des autres membres de l’équipe. Durant l’évaluation finale, le professeur lui fit remarquer : « un développeur de logiciel, ce n’est pas un pilote de chasse ». L’étudiant, ne voyant pas le rapport, plaisanta : « Ouais, je sais, au moins le pilote de chasse, il a un copilote ». En vérité, il ne suffira pas d’une personne ou deux, ou même d’une petite équipe, pour faire aboutir un projet de logiciel libre. Le projet ne marchera que s’il est soutenu par une communauté importante qui évitera tout point individuel de défaillance.

Il n’en reste pas moins que la plupart des projets de logiciels libres sont voués à l’échec. Cependant, il n’y a aucune honte à balancer quelques octets, pour inciter les gens à y jeter un oeil, quitte à laisser tomber si la mayonnaise ne prend pas. Toute la recherche scientifique fonctionne ainsi, et il n’y a pas de raison pour que l’informatique fasse exception. Garder un projet privé, c’est garantir son échec ; le seul intérêt, c’est que vous pouvez dissimuler le fait que vous avez essayé. Comme le disait mon directeur de thèse lorsque je me faisais du souci quant à la réussite de ma recherche : un résultat négatif peut être aussi intéressant qu’un résultat positif. Ce qui est important, c’est d’être sûr que tous les résultats seront publiés et que le public pourra les examiner.

Quand j’ai commencé à parler de cette idée il y a quelques semaines, certains m’ont répondu que les premiers programmes GNU, les logiciels fondateurs de notre communauté ont d’abord été développé en privé. C’est vrai, mais le fait que les développeurs du projet GNU aient procédé de cette façon ne veut pas dire que c’est la bonne. Nous disposons désormais des outils pour faire facilement du développement en public, et nous devrions le faire. De mon point de vue, aujourd’hui nous ne sommes pas vraiment dans l’esprit du logiciel libre tant que le projet, y compris les discussions sur sa conception, les plans et les prototypes, ne sont pas développés publiquement. Le code (quelque soit sa licence) qui n’est que balancé à intervalles plus ou moins réguliers mérite d’être repris par une communauté qui rende son développement public.


Mise à jour (2010-06-12) : J’ai complètement oublié de parler de « The Risks of Distributed Version Control » par Ben Collins-Sussman, qui date de cinq ans maintenant mais qui est toujours d’actualité. Ben fait un constat similaire au mien, et remarque que certaines utilisations de DVCS peuvent avoir les effets que j’encourage les développeurs à éviter. Je pense que DVCS est comme n’importe quel autre outil : il peut être mal utilisé. Il faut éviter de s’en servir comme Ben le signale, et DVCS, lorsqu’il est utilisé correctement, aide dans le processus de développement public de logiciel.

Notes

[1] Fonctionnant tout comme GNU Savannah grâce au logiciel Savane dont il est le principal développeur.

[2] Crédit photo : Steve Jurvetson (Creative Commons By). Cette photo, intitulée « mémoires primitives » est un gros plan sur une barrette de mémoire vive du milieu du siècle dernier. On y voit un quadrillage de « fins » fils de laiton, tricoté à la main avec de petits anneaux de ferrite à chaque intersection, le tout noyé dans de la colle. L’ensemble, qui pouvais occuper le volume d’un magazine papier, était capable de conserver plusieurs centaines de … bits de mémoire. Le circuit tricoté ici représente ainsi 38 octets de mémoire vive, et il est assez vertigineux de constater que 50 ans plus tard, on stocke environ 25 millions de fois plus d’information dans le volume de chaque anneau de ferrite.

[3] Notez que rendre son code public au milieu des années 1990 était plus difficile (d’un point de vue technologique) que maintenant. Ceux qui n’ont pas connu les archives shar ne s’en rendent pas compte. 🙂




Facebook, petite analyse anthropologique avec YourOpenBook.org

Mohd Shazni - CC by L’équipe Framalang s’est dernièrement attelée à la traduction d’un court article de Gene Weingarten, au sujet de ce grand site de réseautage social sur le web. Derrière une apparente naïveté, l’auteur se targue de réaliser une étude anthropologique à partir des données personnelles des millions d’utilisateurs de Facebook, qu’il collecte via YourOpenBook.org, un moteur de recherche dédié aux messages courts de statut de ce qui n’était à l’origine qu’un trombinoscope universitaire en-ligne. Or, si jusque-là la fonctionnalité pouvait sembler manquer au site officiel, c’est aussi qu’elle met en évidence le faible degré de protection des données personnelles de ses utilisateurs que Facebook offre, au moins par défaut.[1].

Ironie du sort, la semaine de sortie de l’article en question, Facebook fut secoué d’une quinte de toux numérique le rendant injoignable pendant plus d’une heure, ce qui anima de grandes conversations sur les autres grands réseaux sociaux, principalement à coup de gazouillis d’ailleurs…

Pas de quoi fouetter un chat me direz-vous, des sites web qui tombent en panne ça arrive, et même au plus gros. Par contre, dans le cas d’un site qui se propose de gérer vos albums photos, votre carnet d’adresses en fouillant dans vos boîtes à lettres électroniques (pour finalement proposer de les remplacer par son service de messagerie interne) et jusqu’à vos connexions aux autres sites web via un service doublon d’OpenID, l’incident peut être révélateur et s’avérer pédagogique. Pour ma part, j’ai ouvert un compte Facebook sans grande conviction en 2006, parce que c’était de bon ton dans l’entreprise où j’étais en stage à l’époque, mais je ne prévoyais pas un plus grand avenir à ce compte qu’à mes comptes Orkut[2] ou CopainsDAvant[3]. Or, si pour ma part j’ai tenu parole, n’alimentant pas vraiment un réseau plus que les autres, force est de constater que l’un d’eux a pris au fil des ans de plus en plus de place sur le web. Et à vrai dire, chaque fois qu’une connaissance s’ajoute à mes contacts, j’ai l’indolence de ne pas aller chercher son adresse de courriel dans son profil pour la noter dans un fichier chez moi. Or, il s’avère que pendant cette fameuse interruption de service, je me suis retrouvé à devoir envoyer un message « urgent » à un ami dont je n’avais jamais noté l’adresse ailleurs… et je n’ai pas pu.

Finalement il apparaît que Facebook, l’utiliser c’est se piéger, même en étant renseigné et modéré. Au moins, les mails stockés sur mon disque dur par Thunderbird[4] me restent accessibles, même hors ligne. Quel qu’en soit le parcours, je conserve ainsi mon courrier numérique sous mon toit (et j’en fais régulièrement des sauvegardes).

Cette anecdote me rappelle une petite phrase, innocemment lancée par Eben Moglen au milieu de son discours en plénière de clôture de la 1ère journée de l’OpenWorldForum la semaine dernière, et qui fut spontanément applaudie par le public, avec 3 secondes de décalage :

“For the moment, what we see is people that chose to put their pictures and personnal informations, their day-to-day emotional and friendships connexions all together in the computers of a single for-profit compagny, run by a fool.”

« Ce que nous voyons pour le moment, se sont des gens qui choisissent de mettre leurs photos et leurs informations personnelles, leurs amitiés et états d’âme au quotidien tous ensemble dans les ordinateurs d’une seule et même entreprise commerciale, menée par un fou. »

Cette fois c’est décidé, dès que j’ai un Diaspora, un GNU/Social ou une Nobox qui tourne chez moi, je ferme mon compte Facebook.

Gene Weingarten: Pourquoi je déteste énoooooooooorrrmément Facebook…

Gene Weingarten: I hate Facebook sooooooooooooooooooooooooooooooo much…

Gene Weingarten – 17 septembre 2009 – WashingtonPost.com
(Traduction Framalang : Julien Reitzel, Goofy, Siltaar)

Les critiques affirment que je suis injuste à l’égard de Facebook simplement parce que je l’ai décrit comme un océan de banalités partagées entre des gens avec une vie aussi vide à laquelle ils font écho. Je défends ma thèse mais admets que mon témoignage n’était pas basé sur des preuves scientifiques — totalement anecdotique — , mais basé sur mes plongeons occasionnels dans ce lagon tiède et morne de conversations fadasses.

Mais cela a changé. Je trouve qu’il est désormais possible de quantifier mathématiquement l’ennui, grâce à un nouveau site web. Openbook, accessible à l’adresse YourOpenBook.org, est un moteur de recherche pour les « messages de statut » de Facebook, le moyen principal utilisé par le « Facebookeur » pour communiquer avec ses amis. Avec Openbook, il est possible de rechercher un mot ou une phrase et de trouver non seulement combien de fois il a été utilisé dans des alertes de statut, mais aussi quand et par qui.

Les créateurs de ce site le présentent comme un outil de mise en garde, pour alerter les gens que le média social ne protège pas leur vie privée de façon adéquate. Mais entre les mains d’un chercheur objectif comme moi-même, Openbook peut être un précieux outil d’interprétation. À travers lui, on peut analyser Facebook anthropologiquement.

C’est d’ailleurs ce que j’ai fait, et voilà ce que ça donne :

  • Quand les gens estiment nécessaire de faire savoir à leurs amis à quel point leur vie est insupportablement aride et abrutissante — ce qu’ils font à une fréquence d’environ 2 000 mises à jour de statut par heure — le mot qu’ils choisissent le plus souvent est « boring » (ennuyeux). Ils ont tendance à l’écrire avec des « o » ou des « r » en plus, pour en accentuer l’effet. Si vous cherchez « boooring » et continuez à rechercher en ajoutant à chaque fois un « o », vous trouverez à chaque fois au moins un résultat, jusqu’à obtenir 31 « o » consécutifs. Quand vous essayez « borrrring » et continuez à ajouter des « r », vous arrivez jusqu’à 47. Juste pour info, la personne qui, par cette méthode, souffre de l’ennui le plus invalidant sur la planète, « boring » avec 51 « r », est Heather S. de Waterloo, dans l’Ontario.
  • Au cours des 16 derniers jours, 130 personnes ont alerté leurs amis du fait qu’ils « ont un bouton ». L’emplacement de l’imperfection est généralement spécifié, tout comme la taille. L’endroit le plus fréquent est le front, étroitement suivi par le lobe de l’oreille puis par la fesse, le plus souvent du côté gauche. La tomate a été la comparaison la plus colorée, tandis que la plus grosse était « Jupiter ». M. Mandel de New York a nommé son bouton Steve (elle est aussi fan de Justin Bieber ET des Jonas brothers, et, dans la rubrique livres favoris, écrit : « j’aime pas lirre »).
  • Des milliers de gens envoient des communiqués décrivant leurs impératifs excrétoires. Souvent, ils contiennent la phrase « je dois aller aux WC ». Il serait incorrect et inique de conclure que toutes les personnes utilisant cette phrase sont vulgaires et/ou rustres. Le chercheur rigoureux a découvert, par exemple John Paul Weisinger de Lufkin, au Texas, qui n’était pas du tout en train de discuter de sa propre biologie. Il était simplement en train de partager avec ses amis une blague qu’il trouve drôle : « Un cochon rentre dans un bar et commande verre après verre après verre sans jamais aller aux toilettes. Le barman demande : “Tu n’as jamais besoin de te soulager ?”, et le cochon répond : “Non, c’est déjà fait, je fais pipi au fur et à mesure que je bois” »
  • Il est possible de jauger mathématiquement la force de l’amour que se portent les gens en observant le nombre de « o » (dans le mot « love ») qu’ils utilisent dans l’expression « I love you so much » (« je t’aime tant »). Par exemple, Baker-Hernandez de Lakewood, Colorado, aime davantage son chat (57 « o ») que Lorne D. Stevens de Detroit aime Jolly Ranchers (10 « o »). Il ne semble pas y avoir de limite supérieure à l’amour que peuvent se porter les gens.
  • Les utilisateurs de Facebook peuvent s’ennuyer, mais, paradoxalement, ils sont aussi facilement amusés. On sait cela, parce qu’ils sont toujours morts de rire. Les « LOL » et autres « MDR » surviennent avec une telle fréquence qu’ils sont littéralement impossibles à compter : des dizaines apparaissent à chaque seconde. Un sous-ensemble de ces rieurs sont en même temps en train de se rouler par terre — mais toujours en trop grand nombre pour en faire le pointage. C’est seulement avec un troisième critère — ceux qui sont à la fois pétés de rire et entrain de se rouler par terre — que le nombre devient palpable : 390 par jour.
  • Dans un intervalle de 5 jours, 266 personnes ont fait référence au dirigeant des États-Unis en l’appelant Président « Oboma ». Soixante-sept autres l’ont appelé Président « Obamma ». Presque tous ces gens faisaient le constat qu’il est un stupide incompétent.

Notes

[1] Crédit photo : Mohd Shazni (Creative Commons By)

[2] Orkut.com, vous connaissez ? C’est l’un des véritables échecs de Google 🙂 Avec les Google Waves ou encore le Google Buzz…

[3] J’ai toujours été très curieux.

[4] En fait j’suis même passé à du mutt + fdm désormais…