Trop de Flash sur l’autoroute du Net

Garryknight - CC by-saCe bougre de Tristant Nitot le sait bien, il ne faut pas provoquer notre groupe de traducteurs Framalang sous peine de les voir se plier en quatre pour rester fidèle à leur réputation.

Ainsi mardi dernier, on pouvait lire sur son blog, dans un énième (et toujours pertinent) billet En vrac, le lien et le commentaire suivant : « Quand vous voyez Flash (un éclair) mettez vous à couvert. Mon petit doigt me dit que c’est un bon candidat pour la traduction par les infatigables bénévoles de Framalang ! »

Et la machine se mit en branle, pour un résultat que nous vous proposons ci-dessous.

Mais au fait, de quoi s’agit-il sur le fond ? Du fameux format Flash d’Adobe dont l’association « propriétaire + incontournable » n’est pas sans poser problème. L’auteur fait état de la situation et se demande comment en sortir en évoquant des solutions endogènes (pousser Adobe à « libérer » son format) et exogènes (s’en détourner et mettre au point nos propres alternatives).

Pour vous en donner une idée, voici la dernière phrase de l’article : « Tant qu’Adobe n’aura pas rendu le Flash plus accessible, ses utilisateurs n’auront pas d’autre choix que de se jeter dans la gueule du loup en espérant qu’il n’aura pas faim. »

Ce n’est qu’un volet de la problématique mais notons cependant que, pour ce qui concerne la vidéo en streaming Flash[1], les choses devraient évoluer positivement sous les coups de boutoir du HTML 5 (et sa balise vidéo), de Firefox 3.5[2] et du format Ogg Theora poussé par des poids-lourds comme Wikipédia et Dailymotion.

Si vous voyez du Flash, planquez-vous !

When you see Flash, Duck and Cover

29 mai 2009 – A High School Student’s Views on Software Freedom
(Traduction Framalang : Goofy, Daria et Don Rico)

La meilleure chose à faire si l’on veut continuer à enfermer Internet dans des restrictions barbelées d’interdictions, c’est d’utiliser Adobe Flash tel qu’il existe aujourd’hui. Internet a été conçu pour qu’un réseau ouvert et sans limites puisse partager des informations. Pourtant, on l’utilise de nos jours dans un but diamétralement opposé : pour interrompre cet immense flot d’informations. Beaucoup de gens ne considèrent pas le Flash comme un problème, et ne perçoivent pas Adobe comme un dictateur nuisible. En réalité, le Flash est le pire goulot d’étranglement qui menace l’efficacité d’Internet, tout comme l’immense diversité des langues parlées dans le monde entier est le pire goulot d’étranglement du réseau social planétaire. Un changement de stratégie commerciale d’Adobe en ce qui concerne le Flash est la seule façon de transformer ce bridage inutile du potentiel de la communauté connectée à Internet, pour en faire une véritable technologie innovante et favorable aux synergies.

Certains n’ont peut-être pas remarqué à quelles restrictions nous sommes confrontés au quotidien. L’une d’elles est due à des logiciels comme le Flash. Dans le seul secteur de la vidéo, le Flash est la méthode numéro un qu’on utilise pour contrôler l’accès à la « propriété intellectuelle ». Et pourtant, le Flash ne se contente pas de limiter les contenus vidéo. À la différence du HTML et du Javascript, qui sont enregistrés sous un format lisible par un être humain, les fichiers en Flash sont dans un format que seuls les ordinateurs savent lire, si bien que personne ne peut savoir exactement ce que fabriquent ces fichiers dans nos ordinateurs. Pour cette raison, tout le monde peut limiter l’accès au contenu des fichiers eux-mêmes, ou encore injecter des virus et autres codes malveillants grâce à l’utilisation du Flash Player.

Ce qui est contraignant au plus haut point, toutefois, c’est que les consommateurs sont obligés d’utiliser le logiciel distribué par Adobe s’ils veulent profiter pleinement des fichiers en Flash. C’est un problème crucial, parce qu’avec un taux de pénétration du marché de 99%, Adobe peut faire tout ce qui lui plaît. Adobe Flash est installé sur plus d’ordinateurs que Windows de Microsoft, ce qui lui confère naturellement un énorme pouvoir. Notre dépendance à Flash Player est telle qu’Adobe pourrait d’un jour à l’autre décider de désactiver toutes les installations de Flash Player tant que l’utilisateur n’aura pas versé une rançon de 40$. Si jamais Adobe venait à manquer d’argent, ce serait un moyen pratique et sans souci de gagner gros, en considérant que la plupart des gens finiraient par payer la note pour avoir accès aux jeux, aux vidéos, et une myriade d’autres services en ligne que nous considérons souvent comme allant de soi. Et ce n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg. Adobe pourrait bloquer les logiciels concurrents, espionner les usagers, ou encore se servir d’un « back door » (un accès secret) pour permettre à ses employés de prendre le contrôle à distance de n’importe quel ordinateur. Avec le gigantesque parc installé dont il dispose, Adobe pourrait techniquement faire ce que bon lui semble de votre ordinateur.

Des bénévoles dévoués ont commencé à développer des solutions alternatives en passant par la rétro-ingénierie, avec des projets comme « Gnash » et « swfdec», mais il est encore impossible de les mener à leur terme en raison du refus de coopération d’Adobe. Adobe a lancé le projet « Open Screen » pour se donner l’air de promouvoir le choix des plateformes et apaiser les craintes à l’égard du contrôle obsessionnel de sa part, alors qu’en réalité il s’agit simplement de récupérer le savoir-faire déjà acquis par des techniques de rétro-ingénierie existantes. Seul bénéfice du projet Open Screen : Adobe s’est engagé à ne poursuivre pénalement aucun projet alternatif au Flash, bien que cet engagement, en réalité, ne fasse qu’affirmer le contrôle démesuré qu’exerce Adobe sur la plateforme. Récemment, Adobe a envoyé une mise en demeure à SourceForge, une entreprise qui héberge des projets développés de façon collaborative, à propos d’un projet appelé « rtmpdump ». Ce dernier procurait aux utilisateurs lambda les fonctionnalités du Flash qui n’étaient auparavant disponibles qu’avec le lecteur Flash d’Adobe. En dépit des déclarations d’Adobe sur la transparence et la neutralité, SourceForge a été contraint de retirer le projet rtmpdump de son site, confirmant une fois de plus l’énorme pouvoir dont dispose Adobe.

Un autre problème que pose le format Flash est sa dépendance à des logiciels brevetés par de multiples sociétés. Ces brevets rendent vaines les promesses d’Adobe, puisque d’autres sociétés ont elles aussi le pouvoir de mener des poursuites si leurs droits sont violés. La loi sur les brevets a été créée pour encourager l’innovation, mais quand les ordinateurs sont entrés en scène, les entreprises y ont vu une occasion de tirer bénéfice du vide juridique qui permettait aux logiciels d’être placés sous licence. Finalement, essayer de breveter autant de concepts élémentaires que possible est alors devenu une stratégie commerciale, et toute entreprise qui ne suivait pas cette stratégie s’exposait à des poursuites judiciaires. Les brevets logiciels ont porté sur tout, depuis les tests en ligne jusqu’aux fenêtres pop-up en passant par les hyperliens et les barres de progression. Comme vous l’imaginez facilement, pratiquement tous les logiciels informatiques sont couverts par de multiples brevets détenus par diverses sociétés. Les plus grandes entreprises mettent en commun leurs brevets et s’entendent pour ne pas se faire de procès mutuellement, en échange d’un accès aux brevets des autres entreprises. C’est ainsi qu’Adobe ne peut être poursuivi pour l’utilisation de certains composants du Flash, alors que tous les autres risquent des poursuites s’ils utilisent ces mêmes composants.

Dans la mesure où les consommateurs sont dans l’impossibilité d’utiliser un quelconque lecteur de Flash autre que celui d’Adobe, on pourrait s’attendre à ce que le lecteur officiel soit d’excellente qualité, non ? Des études ont prouvé tout le contraire. Non seulement le Flash comporte un nombre élevé de failles de sécurité, mais il ralentit aussi les ordinateurs de façon significative, particulièrement ceux qui utilisent d’autres systèmes d’exploitation que Windows. Le Flash consomme en moyenne 50 à 80 % des ressources système sous Mac OSX. La principale cause de plantage du navigateur Mozilla Firefox, selon les rapports de envoyés par les utilisateurs, est le plugin Flash. Cependant, l’efficacité peut être mesurée autrement que par la performance. Les utilisateurs de Flash soucieux de réduire leur bilan carbone risquent d’être mécontents d’apprendre à quel point le Flash plombe leur consommation énergétique. Le Flash, et particulièrement dans les bannières publicitaires, provoque une surconsommation d’énergie pour l’ordinateur. Rien qu’en désactivant le Flash on économise autant d’énergie qu’en éteignant une ampoule électrique.

La solution la plus rationnelle de ce problème serait qu’Adobe permette de lire, modifier et distribuer le code, de sorte que les programmeurs puissent comprendre comment développer en Flash. Cette stratégie aurait de multiples avantages, non seulement pour les consommateurs et l’entreprise Adobe, mais aussi pour la société tout entière. Dans un même mouvement, les consommateurs auraient le plaisir de bénéficier d’une meilleure navigation, et Adobe ferait autant de profits que possible. Chacun de ces intérêts particuliers y trouverait son compte.

Si Adobe autorisait la modification et la distribution sans restriction de sa plateforme, les consommateurs en tireraient un grand bénéfice. Ils n’auraient plus à se soucier de ce qui pourrait se passer si Adobe essayait d’abuser de son pouvoir de contrôle sur eux, parce que tout le monde serait capable de modifier le Flash pour désactiver les fonctions indésirables. Si les choses se passaient ainsi, Adobe y perdrait à coup sûr sa réputation détestable. Si cela devait arriver aujourd’hui, cependant, il est possible que personne ne le découvrirait. On a pu le constater dans des projets comme celui du noyau Linux : ceux qui peuvent modifier un logiciel le feront pour leur intérêt personnel. Les entreprises feront naturellement avancer les choses pour contribuer au développement collaboratif du logiciel seulement lorsque ce sera utile à leurs propres produits. Une multitude de sociétés dépendent du Flash, et sont donc à même d’aider au développement du lecteur de Flash pour le plus grand bien de tous. La vitesse est importante pour tout le monde, en particulier pour les entreprises prospères qui veulent que leurs employés soient les plus productifs possible. Comme on l’a vu avec le noyau Linux, les problèmes de stabilité et de sécurité sont réglés à une vitesse incroyable dans le monde du logiciel développé de façon collaborative.

C’est Adobe qui serait le plus grand bénéficiaire s’il ouvrait le code du Flash. La stratégie commerciale d’Adobe en ce qui concerne le Flash consiste à développer une énorme quantité de technologies gravitant autour du Flash, puis de vendre à prix d’or un logiciel de création vidéo en Flash. La plupart de ces technologies ont un code ouvert pour inciter à l’usage et séduire ceux qui aiment le logiciel modifiable et distribuable. Malheureusement pour Adobe, elles n’ont pas réussi à gagner une part du marché cible parce que le produit dont elles dépendent, le Flash, ne permet ni modification ni redistribution. L’autre source de revenus d’Adobe découlant du Flash consiste à vendre des licences du lecteur de Flash pour les plateformes embarquées, comme dans les téléphone mobiles. Alors qu’il est logique d’espérer une manne financière venant des grandes entreprises lorsqu’on les autorise à utiliser le lecteur Flash, des problèmes surviennent quand ces entreprises choisissent de ne pas payer la licence. Le cas du iPhone en donne une remarquable illustration. Le manque de coopération des entreprises finit par faire perdre le contrôle du marché à Adobe, parce qu’il limite l’accès des utilisateurs potentiels au logiciel. En exploitant son énorme cœur de cible (tous les utilisateurs connectés à Internet) le Flash a le potentiel d’un authentique standard. Dans ce cas, Adobe détiendrait la clé de la création de contenus pour ce standard avec son produit phare : « Adobe Creative Suite 4 ». La seule façon pour une entreprise d’augmenter ses parts de marché, c’est d’autoriser l’accès public et la modification d’un logiciel aux autres sociétés, afin qu’elles l’aident à le développer. Par exemple, le Flash pourrait être amélioré par des sociétés qui conçoivent des moteurs de recherche, le contenu pourrait être plus facilement indexé, au profit de toutes les sociétés impliquées qui pourraient aller vers d’autres standardisations encore.

Il existe d’autres solutions possibles à ce problème, mais elles ne sont guère élégantes ni efficaces. Il est possible par exemple que certains activistes dévoués à la cause lancent un nouveau projet de logiciel qui remplacerait le Flash. Il aurait des fonctionnalités comparables, mais serait incompatible avec les scripts Flash déjà existants. Bien qu’apprécié de beaucoup, ce type de projet n’avancerait que très lentement, par rapport à ce que nous pouvons espérer des technologies modernes en ligne. Cela constituerait aussi un nouveau casse-tête pour le consommateur, en l’obligeant à installer un énième plugin pour son navigateur. Finalement, cette solution détournerait du temps de développement de projets alternatifs tels que Gnash et swfdec, qui deviennent de plus en plus nécessaires, et rendrait impossible le parcours dans la jungle des scripts en Flash déjà existants.

Une autre solution, encore moins crédible, serait que les consommateurs cessent tous ensemble d’utiliser le Flash. Les problèmes liés à cette solution sont cependant évidents. Avant tout il est quasi impossible de provoquer une prise de conscience en faveur d’une cause, en particulier quand celle-ci est difficile à comprendre. De plus, le Flash est devenu tellement inhérent aux habitudes de navigation de tant d’usagers du Web qu’ils ne pourront tout simplement pas « l’abandonner ». Tellement de choses dépendent de lui, comme les sites de partage vidéo, de matériel pédagogique, de jeux et tant d’autres domaines encore, que seuls les utilisateurs les plus fanatiques seraient capables de résister à la pression. Cette solution serait bien plus efficace comme technique de protestation pour convaincre Adobe d’autoriser les modifications que comme une solution par elle-même.

Comme vous le voyez, le Flash n’était au départ qu’une sorte d’insecte légèrement pénible, mais avec le temps il est devenu le monstre que l’on connaît aujourd’hui. Adobe exerce un pouvoir de contrôle excessif sur le logiciel. À cause de ce contrôle, les contenus disponibles sur Internet ne sont pas réellement accessibles à tous, et les utilisateurs n’ont d’autre choix que de se soumettre à Adobe. Cette situation entraîne aussi un grand nombre de problèmes qu’Adobe ne cherche pas à résoudre, tant que les résoudre ne lui permet pas d’accroître ses parts de marché. En autorisant les modifications et la redistribution du Flash, Adobe, tout comme les consommateurs, serait bénéficiaires de la synergie qui se mettrait en place. Personne ne peut construire un gratte-ciel tout seul. Tant qu’Adobe n’aura pas rendu le Flash plus accessible, ses utilisateurs n’auront pas d’autre choix que de se jeter dans la gueule du loup en espérant qu’il n’aura pas faim.

Notes

[1] Crédit photo : Garryknight (Creative Commons By-Sa)

[2] Concernant Firefox 3.5 et la balise vidéo permettant de lire nativement le format Ogg, on pourra parcourir les billets suivants : Building the world we want, not the one we have, Quand Mozilla participe à la libération de la vidéo et Démo Firefox 3.5 : le Rich Media collaboratif.




Ad Bard, le Google Adsense (killer) du logiciel libre ?

Arturo de Albornoz - CC by-saQue ne diriez-vous d’une régie publicitaire de type Google Adsense mais qui n’afficherait sur vos sites que des liens promotionnels en liaison avec le logiciel libre. Une sacrée bonne idée non ?

On se débarrasserait de l’emprise de Google sur ce secteur. On aurait l’assurance que les liens proposés ne pointent pas vers du logiciel propriétaire. Et on permettrait à l’économie du logiciel libre de se développer !

C’est ni plus ni moins ce que propose le nouveau service Ad Bard, « The ad network for ethical computing », soutenu par la Free Software Foundation (FSF) dans un récent communiqué que nous avons traduit ci-dessous.

Nous n’en sommes qu’au démarrage. Il faudra s’assurer que les liens proposés sont bien conforme à cette « éthique », que financièrement annonceurs et afficheurs s’y retrouvent[1], que cela se déclinera en versions localisées (pour faire apparaître des publicités en français), etc. Bref s’assurer que cette confiance qu’on leur accorde a priori sera bien effective.

Il n’en demeure pas moins que le potentiel du projet est énorme. Quel plaisir que de voir le Libre occuper également cette case, que l’on croyait définitivement squattée par la pieuvre Google !

La FSF souhaite la bienvenue à AdBard, régie publicitaire du logiciel libre

FSF welcomes AdBard network for free software advertising

Communiqué – 2 juin 2009 – FSF.org
(Traduction Framalang : Pierre Misandeau)

La communauté du logiciel libre dispose maintenant d’une alternative éthique aux régies publicitaires qui œuvrent à la promotion des logiciels propriétaires.

À l’occasion de son lancement, La Free Software Foundation (FSF) présente aujourd’hui ses vœux de réussite à la nouvelle régie publicitaire AdBard consacré à la promotion des produits et services relatifs au logiciel libre et Open Source.

Créée par Tag1 Consulting, la régie publicitaire AdBard se veut au service des sites Web qui font la promotion du logiciel libre, pour les aider à entrer en relation avec les entreprises vendant des produits et services ciblant ce public. AdBard résout ainsi le problème de l’affichage de publicités vantant des logiciels propriétaires sur des sites militants pour la liberté de l’utilisateur, problème que provoquaient l’inscription à des régies publicitaires plus génériques.

« La FSF dispose maintenant d’une alternative éthique aux régies publicitaires œuvrant à la promotion du logiciel propriétaire » déclare Peter Brown, directeur exécutif de la FSF. « C’est un progrès énorme pour beaucoup des sites au service de la communauté. Et nous souhaitons un plein succès à AdBard et aux sites qui afficheront les publicités d’AdBart. Nous espérons également que d’autres régies publicitaires s’inspireront de cet exemple et adopteront des politiques similaires. »

« AdBart est une excellente façon de rapprocher annonceurs et éditeurs au sein de la communauté du logiciel libre, et d’aider à la croissance du marché des services autour du logiciel libre. » affirme Jeremy Andrew, PDG de Tag1.

La FSF n’a pas reçu d’argent d’AdBard et ne possède pas d’intérêt financier dans Tag1 Consulting, mais procède à cette annonce pour aider les sites Web de la communauté du Libre qui ont fait le choix des revenus publicitaires à cesser de légitimer le logiciel propriétaire en affichant ses publicités.

Kernel Trap, Libre.fm et Boycott Novell comptent parmi les sites web qui utilisent déjà AdBard (la liste complète). Pour les annonceurs, suivre ce lien.

Notes

[1] Crédit photo : Arturo de Albornoz (Creative Commons By-Sa)




Quand Microsoft sabote Firefox avec une extension non désirée !

Microsoft côté scène, cela donne cette affligeante publicité. Mais côté coulisses c’est moins reluisant.

En effet, ceux qui sous Windows ont depuis février dernier mis à jour leur framework .NET (version 3.5 Service Pack 1), ont eut la très très désagréable surprise de constater qu’une extension de plus apparaissait désormais dans leur navigateur Firefox ! (cf copie d’écran ci-dessous)

Et ils l’ont fait d’autant plus volontiers que Windows Update les invite à le faire, et que cette mise à jour était jugée par Microsoft importante (critique même) du point de vue de la… sécurité !

Or la procédure normale c’est de laisser à l’utilisateur le choix volontaire d’installer telle ou telle extension et jamais ô grand jamais de l’installer automatiquement à l’insu de son plein gré ! Et pour couronner le tout, on ne peut pas la désinstaller ! (la touche Uninstall est grisée)

On vous explique cependant sur Annoyances.org comment bidouiller la base de registres pour arriver néanmoins à bouter cette scandaleuse extension hors de votre navigateur préféré. Madame Michu appréciera la simplicité de l’opération ! De plus, le site prend soin d’ajouter la chose suivante :

This update adds to Firefox one of the most dangerous vulnerabilities present in all versions of Internet Explorer: the ability for websites to easily and quietly install software on your PC.

Je précise qu’à l’heure qu’il est je ne sais pas ce que fait concrètement cette extension, mais à la limite je m’en fous.

Bonjour la sécurité et bonjour la déontologie !

Franchement le bon moment pour envisager une migration GNU/Linux non ?

Microsoft .NET extension - Firefox

Microsoft installe une extension Firefox sans le consentement de l’utilisateur

Microsoft Installs Firefox Add-ons Sans User Consent

Michael Klurfeld – 30 mai 2009 – TechGeist
(Traduction Framalang : Olivier)

Chez Techgeist on apprécie pas trop quand les logiciels interfèrent avec d’autres logiciels sans demander la permission. Et C’est pire encore quand c’est le système d’exploitation qui s’en mêle.

Du coup on est bien remonté contre Microsoft là. En effet, en déployant un service pack pour le framework .Net, une mise à jour jugée critique et proposée automatiquement par Windows Update, Microsoft prend aussi la liberté d’installer le .Net Framework Assistant, une extension pour Firefox.

Tout d’abord, honte à vous Microsoft de vous en prendre à Firefox. Le simple fait de s’en prendre à n’importe quel logiciel est déjà un fait grave en soi, mais se débrouiller pour dégrader un navigateur, un marché sur lequel Microsoft perd peu à peu pied, est clairement un coup sous la ceinture. Ne disposant pas de tous les éléments, je ne peux pas me prononcer sur les intentions de Microsoft. Mais par contre, les logiciels qui s’installent en douce, sans la permission de l’utilisateur, j’appelle cela des logiciels malveillants.

Mais ce n’est pas tout. Non seulement avec cette extension Firefox hérite de vulnérabilités propres à Internet Explorer, mais la désinstaller relève du parcours du combattant. Vous pouvez la désactiver d’un clic. Mais malheureusement le bouton Désinstaller est grisé et inactif. Le seul moyen que j’ai trouvé pour m’en débarrasser est de modifier la base de registre (voici un guide des étapes à suivre).

Vraiment, Microsoft ? C’est ça que vous appelez jouer gentiment pour se faire apprécier des petits enfants ?




Internet autorisé au BAC ? ? ?

The Cushing Memorial Library and Archives - CC byInternet, certains y voient une menace, d’autres au contraire cherchent tant est si bien à composer avec qu’ils envisagent de laisser les élèves y avoir accès lors des examens scolaires.

C’est la cas du Danemark qui, comme le rapporte The Guardian dans notre traduction ci-dessous, a lancé une sorte de pavé dans la mare en annonçant sa volonté de tester la présence d’Internet à une évaluation qui correspond à peu près à notre Brevet des collèges, avec généralisation possible au BAC en 2011 si le test s’avère concluant.

Ceci fait écho à notre billet Et si cela ne servait plus à rien de mémoriser et d’apprendre par cœur ? qui se demandait si Internet n’était pas en train de remettre en question notre conception de certains savoirs scolaires (en particulier tout ce qui concerne l’accumulation d’informations).

Imaginez- vous donc au BAC avec votre ordinateur connecté à vos côtés et… Wikipédia à l’écran ! Quelles compétences demande-t-on aux élèves ce moment-là ? Va-t-on modifier la nature même des évaluations en tenant compte de cette étrange irruption ?

Fascinant, même si cela pose de nombreuses questions à commencer par la plus fondamentale d’entre toutes : Est-ce une si bonne idée ?

Les commentaires attendent votre réponse 😉

PS : Le Danemark a récemment été classé numéro 1 des « pays où il est fait bon vivre » dans un récente étude de l’OCDE rapporté par la magazine Forbes. Ceci explique peut-être cela…

PS2 : Pour aller plus loin on pourra parcourir l’article d’InternetActu : Et si l’on autorisait les bacheliers à se connecter à l’internet ?.

[1]

L’accès à Internet pendant les examens bientôt à l’essai dans les collèges et lycées danois

Danish schools ready to trial internet access during exams

Bobbie Johnson – 11 mai 2009 – The Guardian (Technology Blog)
(Traduction Framalang : Don Rico)

Chaque année, l’été venu, on nous rebat les oreilles des mêmes arguments voulant qu’il soit plus facile qu’avant d’obtenir son Brevet ou son BAC. Mais grâce à certains membres du gouvernement danois, l’heure est peut-être venue de cesser de chercher à décrédibiliser les examens et d’essayer d’y mettre un peu de jus.

On a pu voir çà et là dans les médias danois que le gouvernement s’apprêterait à mettre à l’essai un système dans lequel les futurs candidats au Brevet des collèges seraient autorisés à se rendre à leurs examens munis d’un ordinateur connecté à Internet lors de leurs examens.

D’après les membres du gouvernement à l’initiative de ce projet, la recherche d’exemples et de chiffres est de nos jours une tâche qu’il vaut mieux confier aux ordinateurs, et l’on ne devrait pas priver les jeunes candidats d’un outil qu’ils seront amenés à utiliser couramment au cours de leurs études.

« C’est un bon moyen de trouver par exemple des faits historiques ou un article utile pour un devoir en classe d’éducation civique » a expliqué Søren Vagner, un conseiller du ministère de l’Éducation, au journal danois MetroXpress.

Ce qui paraît tout à fait logique, et ce pour une raison simple : l’Internet est devenu un outil de recherche d’une telle puissance qu’il a rendu superflu nombre d’anciennes méthodes d’apprentissage, tel que l’apprentissage par cœur. Les calculatrices nous dispensent de certaines opérations de base, alors pourquoi prendre la peine de mémoriser des faits et des chiffres alors que les ordinateurs permettent de les mobiliser à la demande ?

Il existe néanmoins un certain nombre d’embûches potentielles, comme par exemple le plagiat et la tentation de certains élèves d’aller chercher des informations en ligne pour faire du remplissage.

Vagner a déclaré que les examinateurs surveilleraient de près le contenu des copies et procéderaient à des contrôles réguliers et aléatoires des pages Web que les élèves auront utilisées lors de leurs recherches.

Certes, déceler le plagiat est une tâche relativement aisée (une simple recherche sur Internet de groupes de mots et le tour est joué) et le plagiat de contenu disponible sur Internet est déjà un problème contre lequel les établissements scolaires tentent de lutter.

Mais en donnant accès à l’Internet à de jeunes étudiants, on risque fort d’ouvrir la boîte de Pandore, car il est certain qu’un bidouilleur plus entreprenant que les autres trouvera un moyen d’échapper à la surveillance de l’enseignant et de discuter avec un autre candidat présent dans la salle d’examen ou quelqu’un de l’extérieur.

D’après l’article paru dans Politiken, ce nouveau système devrait être testé pendant des examens blancs plus tard cette année, avec pour objectif de procéder à l’expérience à plus grande échelle en 2011.

Notes

[1] Crédit photo : The Cushing Memorial Library and Archives (Creative Commons By)




Internet n’est pas un droit fondamental, Internet est fondamental en soi !

Dalbera - CC byAprès des mois de contestation, des jours de joutes verbales à l’Assemblée nationale, la loi dite « Internet et Création » qui doit instaurer l’HADOPI a été votée.

Le problèmes et les questions que soulèvent cette loi vont rester au cœur de l’actualité pendant quelque temps encore, d’une part parce que la lutte anti-HADOPI est loin d’être terminée (et que cette loi n’est pas près d’être applicable), et d’autre part parce que la LOPPSI 2, qui prévoit une surveillance constante des échanges sur le Web sous des prétextes sécuritaires[1], va bientôt être au centre d’une nouvelle lutte qui promet d’être elle aussi acharnée.

Une des pommes de discorde, qui oppose actuellement certains membres du gouvernement et les opposants à ces lois, est le statut que l’on doit accorder à l’Internet, que l’on peut résumer d’une simple question : l’accès à l’Internet constitue-t-il un « droit fondamental » ?

Non, répondent en chœur Christine Albanel et Jean-François Coppé, quitte à se déclarer ainsi ouvertement contre l’avis du Parlement européen.

Dana Blakenhorn, chroniqueur Open Source chez ZDNet, a pour sa part un avis original sur la question. Il nous explique, arguments économiques à l’appui qui ne devraient pas être étranger à nos dirigeants actuels, que l’Internet n’est pas à ses yeux un droit fondamental mais que l’Internet est fondamental.

Une traduction Framalang of course…

De l’aspect fondamental de l’accès à Internet

The fundamental value of Internet access

Dana Blakenhorn – 8 mars 2009 – ZDNet
(Traduction Framalang : Don Rico et Tyah)

Doit-on considérer l’accès à Internet plus important que la télévision par câble ou le téléphone ?

En d’autres termes, s’agit-il d’un luxe ou devrait-il être un droit ?

Matt Asay est du premier avis. Il ne souhaite pas que l’on définisse Internet comme un droit fondamental.

Je suis d’accord avec lui, mais pour une tout autre raison.

Les droits fondamentaux, on peut vous en déposséder. Quiconque aura subi la torture et se sera vu privé de sa liberté d’expression, sait que nos droits n’ont de vraiment fondamental que notre volonté commune de les respecter.

Mon représentant au Congrès est John Lewis. Lorsqu’il était enfant, en Alabama, alors que sévissait encore la ségrégation dans les États du Sud, il ne jouissait d’aucun droit. Il a dû les réclamer, manifester, et se faire battre jusqu’au sang pour les obtenir.

La Constitution, ce ne sont que des mots, tout comme le Bill of Rights (NdT : Déclaration des droits américaine). Un simple mémo suffit pour passer outre ou les restreindre.

L’accès à Internet est donc plus fondamental que nos droits. C’est une nécessité économique.

Au XXIème siècle, ceux qui n’ont pas d’accès à Internet ont moins de poids économique que les autres. Ils ont moins accès à la formation, n’ont aucun moyen de découvrir d’autres horizons (ce pourquoi la télévision est dépourvue d’intérêt). Leur rapport au monde n’est que local, sauf pour les rares personnes qui gardent encore le contact avec leurs proches par téléphone ou par courrier.

Je suis assez âgé pour me souvenir d’un monde avant que la Toile ait été tissée, lorsque aller sur Internet était réservé à certains privilégiés. Je vais renouer avec mes souvenirs de ce monde grisant le mois prochain, quand je rendrai visite à des amis japonais.

Mon dernier séjour là-bas remonte à 1989. Je m’y étais rendu pour suivre une conférence organisée par l’Electronic Networking Association, un des tout premiers groupes promouvant le réseau.
Là-bas, j’ai écrit quelques articles pour Newsbytes, le service d’informations en ligne pour qui je travaillais à l’époque. Après avoir trouvé une prise de téléphone, j’y connectais le modem de mon portable et envoyais mes articles à un rédacteur en chef à Londres, qui transmettait au directeur de la publication à San Francisco.

Toute technologie suffisamment avancée confine à la magie, et il y a vingt ans encore ce genre d’accès limité à des ressources en ligne avait quelque chose de magique.
De nos jours, mes enfants prennent tout cela pour acquis. Ni l’un ni l’autre n’a de souvenir d’un temps où l’Internet n’existait pas. Ma fille trouve normal de pouvoir télécharger un itinéraire détaillé pour se rendre à une université susceptible de l’accueillir. Mon fils trouve normal de pouvoir discuter de jeux vidéos et d’informatique avec des copains du monde entier.

L’accès à Internet est donc fondamental pour l’interaction de mes enfants avec le reste du monde. Il est la condition à leur utilité économique, à leur capacité à apprendre, et même à bon nombre de leurs relations amicales.
Rendre cela possible, ou pas, n’est pas une question de « droits », mais c’est fondamental.

Il est fondamental pour notre avenir en tant que nation que chacun dispose du meilleur accès possible à cette ressource. Tout comme il est fondamental que nous puissions tous profiter de notre réseau routier.
Conduire n’est pas un « droit », mais chacun sait que ne pas savoir conduire représente un handicap. Ceux qui n’ont pas le permis et ne disposent pas de transports publics à proximité de chez eux sont isolés économiquement parlant, ne peuvent se rendre à leur travail, à l’école ou dans les magasins.

À moins, bien sûr, qu’ils disposent d’un accès à Internet, grâce auquel ils peuvent pallier ce manque. Plus l’accès sera de qualité, mieux nous nous en porterons.
Ainsi, c’est donc Internet, la véritable passerelle vers le XXIème siècle, et ceux qui en seront dépourvus ne pourront effectuer la traversée.

Internet n’est pas un droit fondamental, Internet est fondamental en soi.

Notes

[1] Crédit photo : Dalbera (Creative Commons By)




S’il te plaît… dessine-moi une ville libre

Sophiea - CC byUne « ville libre » vous en rêviez ? Vancouver tente dès aujourd’hui de le réaliser.

Il convient bien entendu de s’entendre sur ce qu’est, ou plutôt pourrait, être une « ville libre ». Mais la motion, présentée il y a peu au conseil municipal de la plus grande cité de Colombie-Britannique (Canada), dessine les contours d’un séduisant possible « vivre ensemble urbain » du futur[1].

Au menu, entre autres choses : interopérabilité, standards ouverts, logiciels libres, mises à disposition des données, et incitation citoyenne à s’approprier ces outils et informations pour créer de nouveaux services.

Libres enfants de Vancouver, vous en avez de la chance. Parce que si ce texte se trouvait adopté vous grandiriez alors dans un monde plus ouvert et plus juste, que vos parents n’auraient pas même pu imaginer il y a à peine dix ans de cela.

PS1 : Pour aller plus loin, on pourra parcourir l’excellent article de Fabrice Epelboin (ReadWriteWeb) Qui écrira la démocratie électronique de demain ? qui relate les avancées américaines tout en se désolant à juste titre de la situation française.

PS2 :Vidéo YouTube de la lecture publique de la motion à la mairie.

Vancouver ouvre l’âge de la ville Open Source

Vancouver enters the age of the open city

David Eaves – 14 mai 2009 – Blog
(Traduction Framalang : Claude et Don Rico)

La municipalité de Vancouver a planifié une réunion du conseil au cours de laquelle a été lue la motion suivante :

Déclaration de motion

Open Data, Standards Ouverts et Open Source
Auteur : Mme la conseillère municipale Andrea Reimer
Intercesseur: Mme la conseillère

Attendu que la Ville de Vancouver légifère loyalement au sein du City Hall (NdT : la mairie) à l’écoute des citoyens et des sollicitations relatives à leurs idées, propositions et énergie créatrice ;

Attendu que les municipalités du Canada ont l’opportunité de réduire fortement leurs dépenses en partageant et soutenant les logiciels qu’elles utilisent ou créent ;

Attendu que la valeur absolue des données publiques est maximisée lorsqu’elle est fournie gratuitement ou, si nécessaire, pour un coût minimal ;

Attendu que lorsque les données sont partagées librement, les citoyens ont la possibilité de les utiliser et de les transformer, favorisant ainsi la création d’une cité plus dynamique économiquement et plus respectueuse de l’environnement ;

Attendu que Vancouver a besoin de chercher des opportunités de création d’activité économique et de partenariat avec les secteurs technologiques innovants ;

Attendu que l’adoption des standards ouverts facilite la transparence, l’accès aux informations de la ville par les citoyens,(attendu) qu’ils améliorent la coordination et l’efficacité des relations municipales avec leurs partenaires fédéraux et provinciaux ;

Attendu que l’ICIS (NdT : Integrated Cadastral Information Society pour Système d’information cadastral) est une organisation à but non lucratif créé en partenariat avec les gouvernements locaux, les gouvernements provinciaux et les principaux services publics de Colombie Britannique afin de partager et intégrer les informations géographiques, à laquelle adhèrent 94 % des gouvernements locaux de Colombie Britannique, mais pas Vancouver ;

Attendu que l’innovation informatique peut améliorer les communications entre citoyens, renforcer l’image d’une ville créatrice et innovante, améliorer la fourniture des services, aider les citoyens à s’autogérer et résoudre leurs problèmes, mais aussi créer un sentiment plus fort d’engagement civique, de communauté et de fierté ;

Attendu que la ville de Vancouver possède d’incroyables ressources de données et d’informations, et qu’elle a récemment reçu le prix Best City Archive of the World (meilleures archives municipales du monde).

En conséquence, qu’il soit assuré que la ville de Vancouver approuve les principes suivants :

– Données accessibles et ouvertes : la ville de Vancouver partagera librement avec les citoyens, les entreprises et les autres juridictions la plus grande quantité de données possible en respectant la vie privée et la sécurité.
– Standards Ouverts : La ville de Vancouver adoptera le plus rapidement possible les standards ouverts en vigueur pour les données, documents, cartes et autres formats de diffusion.
– Logiciels Open Source : la ville de Vancouver, au moment du remplacement des logiciels existants ou de l’étude de nouvelles applications, mettra les logiciels Open Source à pied d’égalité avec les systèmes commerciaux au cours de la passation de marché.

En conséquence, dans cette volonté de favoriser les données ouvertes, la ville de Vancouver :

– Identifiera les opportunités immédiates permettant une plus grande distribution de ses données.
– Indexera, publiera et syndiquera ses données sur l’Internet au moyen des standards, interfaces et formats ouverts en vigueur.
– Mettra en place les accords appropriés en vue du partage de ses données avec l’ICIS (Integrated Cadastral Information Society) et encouragera l’ICIS à partager ses données avec le grand public.
– Développera un plan de numérisation et distribuera librement les archives disponibles au public.
– S’assurera que les données fournies à la ville par des tierces parties (développeurs, prestataires, consultants) sont libres, dans un format ouvert en vigueur, et non soumises à des droits d’auteurs ou aux lois du copyright, exception faite d’empêchement pour considérations légales.
– Mettra sous licence toutes les applications logicielles développées par la ville de Vancouver de sorte qu’elles pourront être utilisées par les autres municipalités, les entreprises et le public sans restriction.

En conséquence, le City Manager (NdT : le gérant municipal) aura pour tâche de développer un plan d’action en vue de la mise en application du texte ci-dessus.

Nous sommes nombreux à avoir travaillé d’arrache-pied pour mettre en place cette motion. Même si plusieurs villes comme Portland, Washington DC ou Toronto, ont mis en œuvre certaines des idées défendues dans cette motion, aucune ne l’avait codifié ou n’avait été aussi claire et explicite dans ses intentions.

Je vois certainement cette motion comme la pierre angulaire d’une transformation de Vancouver en ville ouverte (NdT : Open City), ou comme le formule mon ami Surman, en ville qui pense comme le Web.

À plus haut niveau, l’objectif qui anime cette motion est de permettre aux citoyens de créer, concevoir et contrôler l’expression virtuelle de leur ville afin qu’ils puissent en retour influer sur la ville réelle et physique.

Dans la pratique, je crois que cette motion va accentuer plusieurs résultats :

  • De nouveaux services et programmes : les données étant ouvertes, partagées et possédant des APIs (interfaces utilisateurs) dédiées, nos concitoyens codeurs vont créer des applications Web qui faciliteront leur vie (et celle des autres), les rendront plus efficaces et plus plaisantes.
  • La possibilité de piocher dans la longue traîne de l’analyse politique publique : plus les habitants de Vvancouver consulteront les données, les cartes et les autres informations de la municipalité, plus ils remarqueront les lacunes, les problèmes et autres difficultés, d’où un potentiel d’économie d’argent, d’amélioration des services et, de manière plus générale, d’édification d’une ville plus puissante.
  • La création de nouvelles entreprises, rendre la ville plus attractive pour les compétences : comme la ville partage plus de données et utilise plus de logiciels Open Source, les nouvelles entreprises créant du service autour de ces données vont éclore. De manière plus générale, je pense que cette motion, au fil du temps, va attirer le talent à Vancouver. Selon Paul Graham, les grands programmeurs veulent de bon outils et des défis intéressants. Nous leur offrons les deux: le défi d’améliorer la ville où ils vivent ainsi que les outils et données pour les assister.

Ceux qui souhaiteraient assister au conseil municipal afin de soutenir cette motion trouveront les détails ici. La réunion du conseil est Mardi 19 Mai à 14 heures. Vous pouvez aussi voir la séance en direct.

Ceux qui veulent écrire une lettre pour soutenir la motion peuvent l’envoyer à cette adresse.

Notes

[1] Crédit photo : Sophiea (Creative Commons By)




Firefox lorgne-t-il du côté de Facebook et réciproquement ?

Ed Yourdon - CC by-saNavigateurs et réseaux sociaux vont-ils à l’avenir tant et si bien se rapprocher l’un de l’autre qu’on finira par les confondre ?

C’est l’hypothèse émise par Marshall Kirkpatrick qui n’hésite pas à mettre Firefox et Facebook en concurrence, en observant attentivemet les évolutions et innovations récentes de ces deux figures emblématiques du Web[1].

Firefox pourrait bien être un sérieux concurrent pour Facebook

Firefox Could Be the Real Facebook Challenger

Marshall Kirkpatrick – 5 mai 2009 – ReadWriteWeb
(Traduction Framalang : Goofy, Poupoul2, Tyah)

Firefox ne comptabilise pas le nombre de ses utilisateurs, mais Asa Dotzler, le responsable chargé du développement de la communauté Mozilla, a déclaré aujourd’hui que la Fondation estime à 270 millions le nombre d’usagers du navigateur. C’est 35% de plus que le nombre d’utilisateurs enregistrés sur Facebook (200 millions) et presque trois fois plus que le nombre de gens qui se connectent, selon Facebook, chaque jour sur ce réseau social (100 millions).

Pourquoi comparer le nombre d’utilisateurs d’un navigateur et d’un réseau social ? Parce que tout porte à croire que les deux technologies vont converger à court terme. Voici pourquoi nous pensons que Firefox devrait être le concurrent le plus sérieux de Facebook.

Ces estimations chiffrées pour Firefox sont bien prudentes. Lee Mathew de DownloadSquad estime que le véritable nombre d’utilisateurs de Firefox pourrait être plus proche de 340 millions. C’est trois fois et demie plus que le nombre revendiqué par Facebook de gens connectés quotidiennement à son réseau.

Ce ne sont pourtant pas des choses si différentes

Sans pouvoir être sûrs qu’il a raison de prédire que Google l’emportera sur Firefox, nous trouvons que Jeremiah Owyang de Forrester propose une perspective très convaincante sur l’avenir des navigateurs et des réseaux sociaux dans son excellent rapport sur le Futur du Web social.

«… pour tenter d’étendre la diffusion de son nouveau navigateur, Chrome, nous nous attendons à ce que Google adopte OpenId et ses connexions associées pour son navigateur ; on peut compter sur Firefox et finalement sur Internet Explorer pour copier cette fonctionnalité. Facebook et Myspace vont probablement élaborer aussi des systèmes pour permettre à leurs utilisateurs de naviguer sur le Web depuis une session Facebook, en conservant le réseau social. Ces passerelles ne seront pas parfaites, mais elles permettront aux réseaux sociaux de coloniser des communautés et d’autres secteurs du Web, en étendant leur champ de découverte à d’autres sites, grâce à leur identifiant partagé. Résultat, d’ici deux ans, les identités nomades seront partout présentes en ligne, lorsque le système sera arrivé à maturité. »

Il est logique de déduire de cette analyse que la frontière entre navigateurs et réseaux sociaux sera de plus en plus mince, et que ces deux sortes de logiciels vont très probablement entrer en compétition.

Le navigateur comme réseau social, le réseau social comme navigateur

Dans quelques mois et non dans quelques années, le navigateur Firefox aura vraisemblablement une allure très très différente. La Fondation doit se dépêcher d’innover plus encore qu’on ne peut l’imaginer, maintenant que sa principale source de revenus (Google) a lancé son propre navigateur. Firefox tout comme Facebook doivent sûrement déjà travailler dur à imaginer de nouveaux modèles générateurs de ressources publicitaires – ils en sont tous deux dépendants, mais aucun ne peut les considérer comme garanties.

Il y a trois semaines nous avons écrit un billet sur les projets de la Fondation pour qu’on puisse utiliser les lignes de commande d’Ubiquity dans la barre d’adresse. Ce qui signifie que vos applications seront accessibles et gérables depuis votre navigateur.

Si Facebook tend à se comporter de plus en plus comme un système d’exploitation avec sa plateforme d’applications, c’est aussi le cas pour Firefox – qui a en outre l’avantage de donner accès aux applications sur le bureau, sur le Web, et via des RIA (NdT : Rich Internet Application). Facebook a lancé sa propre interface Web la semaine dernière et nous serions prêts à parier qu’il ressemblera de plus en plus à un navigateur dans un futur proche, mais Firefox a une énorme avance dans ce domaine.

Facebook dispose déjà de pages de cadres pour les liens partagés via le site, ce qui maintient la navigation dans la sphère de Facebook. il n’est pas difficile d’imaginer une barre de recherche placée dans ce cadre.

Dans le billet consacré à Ubiquity, nous avons aussi mentionné les expérimentations de l’équipe chargée de l’ergonomie de Firefox. Il s’agirait de remplacer les onglets par une interface qui ressemble beaucoup à celle de iTunes.

Exactement comme le fait iTunes avec les listes de lecture, c’est-à-dire en organisant le contenu par type et catégorie, Firefox peut commencer à offrir d’autres façons d’organiser des informations que l’on consomme passivement en naviguant. Il y a deux semaines nous parlions des propositions du responsable du design chez Firefox, Alex Faaborg : comment capturer les évènements, la localisation et d’autres informations de microformat et les fournir en coordination avec d’autres applications comme Google Earth et le calendrier.

Est-ce que Facebook aimerait tirer profit des données qu’il collecte pendant que vous parcourez le Web dans tous les sens ? N’ayez aucun doute là-dessus, c’est bien un des objectifs cachés derrière le célèbre Facebook Connect. Cette fonctionnalité exige que les utilisateurs donnent à Facebook leur permission à chaque fois qu’ils souhaitent connecter ce réseau social avec la poignée de pages qui supportent ce système d’identification. Firefox a un avantage important sur ce point, car il dispose de facto de l’autorisation de ses utilisateurs pour interagir avec les données de toutes les pages que nous parcourons avec le navigateur. Facebook ne va pas tarder à vouloir en faire autant.

Firefox tel que le conçoit Faaborg est un concurrent en pole position en termes d’identification comme de nomadisme des données (tout à fait comme le prédisait Owyang plus haut). Tout ce qu’il reste à faire à Firefox c’est d’offrir une messagerie entre ses utilisateurs et un fil de nouvelles branché sur toutes leurs activités déjà existantes sur leur réseau social. Firefox pourrait utiliser Facebook Connect, pour commencer. Comment Facebook pourrait-il rivaliser avec un logiciel social qui permet de démultiplier les identités virtuelles (vos collègues/amis percevant différentes facettes de vous-même) et de s’affranchir des limites bien nettes des réseaux sociaux ordinaires ? Voilà des approches que Facebook devrait sans doute bientôt adopter lui aussi.

Pour couronner le tout, Firefox se bat férocement sur le front du mobile. C’est un secteur sur lequel Facebook a déjà une sérieuse option. Ce sera bientôt un champ de bataille crucial pour les deux entreprises.

Un autre énorme avantage de Facebook est d’avoir une équipe dont les compétences en conception de logiciel foncièrement social ne sont plus à prouver. C’est moins le cas pour Firefox, dont les développeurs et l’écosystème de développement prennent appui sur le navigateur comme outil personnel.

Pensez-y deux minutes, pourtant. Ajoutez la messagerie, des profils publics et des flux d’activités à Firefox et on peut imaginer que la mayonnaise prenne – aucun problème. Firefox pourrait parvenir, ou non, à diffuser ce genre d’idées auprès de tous ses usagers, mais ses chances sont plutôt bonnes, et le navigateur devenu réseau social a davantage d’utilisateurs actifs que le réseau social qui se mue en navigateur.

Notes

[1] Crédit photo : Ed Yourdon (Creative Commons By-Sa)




Sans les « pirates » l’offre de musique légale risque de prendre l’eau

Mikebaird - CC byAlors qu’en ce moment même est débattu pour la deuxième fois à l’Assemblée nationale le projet de loi Création & internet, que le gouvernement veut imposer en dépit des nombreuses voix qui s’élèvent contre dans le monde de l’Internet (Quadrature du Net, Free, pétition de SVM) chez les artistes (lettre ouverte de personnalités du cinéma, producteurs indépendants de musique) des et même dans les rangs de la majorité, il n’y a qu’à se pencher pour trouver des éléments invalidant les contre-vérités dont les pro-Hadopi nous rebattent les oreilles.[1]

On sait que ce projet de loi, sous prétexte de défendre la création et les artistes, vise à maintenir sous perfusion le monopole de majors et de producteurs dont le modèle commercial obsolète est condamné, et l’on peut aisément avancer que depuis le début, les adversaires du téléchargement dit "illégal" et le gouvernement qui va dans leur sens se trompent de débat.

Plusieurs études ont montré que depuis le début des années 2000, alors qu’explosait le téléchargement par réseaux P2P, les ventes de musique et de DVDs, la fréquentation des salles de concerts et de cinéma n’avait cessé de croître.

Le gouvernement hollandais l’a d’ailleurs bien compris, et déclaré légal le téléchargement gratuit d’œuvres sous copyright, après qu’un rapport avait montré que les échanges de musique et de films par peer-to-peer étaient bénéfiques à l’industrie du divertissement.


Par ailleurs, une étude norvégienne a démontré que les téléchargeurs sont aussi ceux qui achètent le plus de musique disponible au téléchargement payant.

C’est donc la traduction d’un billet détaillant cette étude que nous vous proposons ici pour prouver, s’il en était encore besoin, que le projet de loi Création & Internet, s’il est adopté, sera, en plus d’être coûteux, inepte, injuste et obsolète, complètement inutile.

Étude : Les pirates sont aussi les plus gros acheteurs de musique. Réponse des labels : Mais bien sûr !

Study: pirates biggest music buyers. Labels: yeah, right

Jacqui Cheng – 20 avril 2009 – Ars Technica
(Traduction Framalang : Tyah, Olivier, Don Rico)

D’après une récente étude norvégienne, ceux qui téléchargent de la musique "gratuitement" sur les réseaux P2P (peer-to-peer, ou poste à poste) sont plus enclins à acheter légalement leur musique que ceux qui ne s’écartent pas du droit chemin. Les labels de musique, cependant, ne veulent pas y croire.

Selon une étude de la BI Norwegian School of Management, ceux qui téléchargent des copies illégales de musique sur les réseaux P2P sont les plus gros consommateurs de musique légale. Les chercheurs ont examiné les habitudes de téléchargement de plus de 1 900 internautes âgés de plus de quinze ans, et concluent que les habitués du téléchargement illégal de musique sont significativement plus enclins à acheter de la musique que ceux qui n’utilisent pas les réseaux P2P.

Sans surprise, les conclusions de la BI établissent que les 15-20 ans sont plus enclins à payer pour télécharger de la musique numérique qu’à acheter des CDs, même si la plupart d’entre eux ont acquis un CD au cours des six derniers mois. Cependant, quand on arrive aux échanges par P2P, il semblerait que ceux battant pavillon noir sont aussi les clients les plus enthousiastes de sites comme iTtunes et Amazon MP3. BI affirme ainsi que ceux qui déclarent télécharger de la musique illégalement et "gratuitement" consomment dix fois plus en musique légale que ceux qui ne téléchargent jamais illégalement. La traduction automatique de Google de la déclaration d’Auden Molde de la Norwegian School of Management à l’Aftenposten dit ainsi : "Le plus surprenant reste la très importante proportion de téléchargement légal".

Le label EMI émet toutefois des doutes sur les statistiques de la BI. Bjørn Rogstad de EMI déclare à l’Aftenposten que les résultats laissent à penser que le téléchargement gratuit stimule le téléchargement payant, mais rien n’est moins sûr. "Si une chose est sûre, c’est que la consommation de musique augmente alors que les revenus diminuent. La seule explication est que le téléchargement illégal est plus important que le téléchargement légal", poursuit-il.

En rejetant ainsi les résultats de l’étude, Rogstad ne tient pas compte du fait que l’Internet a considérablement modifié la façon d’acheter de la musique. Les labels de musique ne vendent plus les albums complets par camions entiers comme c’était le cas avec les supports physiques, ils vendent aujourd’hui de gros volumes de chansons individuelles, de morceaux choisis. Le vieux format de l’album se meurt à cause de la vente de musique sur Internet, ce n’est un secret pour personne, et ça explique en grande partie la baisse générale du chiffre d’affaire de la musique.

Le rapport de la BI corrobore celui de la branche canadienne de la RIAA, la Canadian Record Industry Association, publié en 2006. À l’époque, l’organisme conclut que les utilisateurs des réseaux P2P achètent aussi plus de musique que l’industrie ne veut l’admettre, et que les réseaux P2P ne sont pas la cause principale de la baisse des ventes de musique. 73% des participants à l’étude de la CRIA déclaraient acheter la musique après l’avoir téléchargée illégalement, alors que si les non-"pirates" n’achetaient pas de musique, c’était simplement par paresse.

Notes

[1] Crédit photo : Mikebaird (Creative Commons By)