Trop de Flash sur l’autoroute du Net

Garryknight - CC by-saCe bougre de Tristant Nitot le sait bien, il ne faut pas provoquer notre groupe de traducteurs Framalang sous peine de les voir se plier en quatre pour rester fidèle à leur réputation.

Ainsi mardi dernier, on pouvait lire sur son blog, dans un énième (et toujours pertinent) billet En vrac, le lien et le commentaire suivant : « Quand vous voyez Flash (un éclair) mettez vous à couvert. Mon petit doigt me dit que c’est un bon candidat pour la traduction par les infatigables bénévoles de Framalang ! »

Et la machine se mit en branle, pour un résultat que nous vous proposons ci-dessous.

Mais au fait, de quoi s’agit-il sur le fond ? Du fameux format Flash d’Adobe dont l’association « propriétaire + incontournable » n’est pas sans poser problème. L’auteur fait état de la situation et se demande comment en sortir en évoquant des solutions endogènes (pousser Adobe à « libérer » son format) et exogènes (s’en détourner et mettre au point nos propres alternatives).

Pour vous en donner une idée, voici la dernière phrase de l’article : « Tant qu’Adobe n’aura pas rendu le Flash plus accessible, ses utilisateurs n’auront pas d’autre choix que de se jeter dans la gueule du loup en espérant qu’il n’aura pas faim. »

Ce n’est qu’un volet de la problématique mais notons cependant que, pour ce qui concerne la vidéo en streaming Flash[1], les choses devraient évoluer positivement sous les coups de boutoir du HTML 5 (et sa balise vidéo), de Firefox 3.5[2] et du format Ogg Theora poussé par des poids-lourds comme Wikipédia et Dailymotion.

Si vous voyez du Flash, planquez-vous !

When you see Flash, Duck and Cover

29 mai 2009 – A High School Student’s Views on Software Freedom
(Traduction Framalang : Goofy, Daria et Don Rico)

La meilleure chose à faire si l’on veut continuer à enfermer Internet dans des restrictions barbelées d’interdictions, c’est d’utiliser Adobe Flash tel qu’il existe aujourd’hui. Internet a été conçu pour qu’un réseau ouvert et sans limites puisse partager des informations. Pourtant, on l’utilise de nos jours dans un but diamétralement opposé : pour interrompre cet immense flot d’informations. Beaucoup de gens ne considèrent pas le Flash comme un problème, et ne perçoivent pas Adobe comme un dictateur nuisible. En réalité, le Flash est le pire goulot d’étranglement qui menace l’efficacité d’Internet, tout comme l’immense diversité des langues parlées dans le monde entier est le pire goulot d’étranglement du réseau social planétaire. Un changement de stratégie commerciale d’Adobe en ce qui concerne le Flash est la seule façon de transformer ce bridage inutile du potentiel de la communauté connectée à Internet, pour en faire une véritable technologie innovante et favorable aux synergies.

Certains n’ont peut-être pas remarqué à quelles restrictions nous sommes confrontés au quotidien. L’une d’elles est due à des logiciels comme le Flash. Dans le seul secteur de la vidéo, le Flash est la méthode numéro un qu’on utilise pour contrôler l’accès à la « propriété intellectuelle ». Et pourtant, le Flash ne se contente pas de limiter les contenus vidéo. À la différence du HTML et du Javascript, qui sont enregistrés sous un format lisible par un être humain, les fichiers en Flash sont dans un format que seuls les ordinateurs savent lire, si bien que personne ne peut savoir exactement ce que fabriquent ces fichiers dans nos ordinateurs. Pour cette raison, tout le monde peut limiter l’accès au contenu des fichiers eux-mêmes, ou encore injecter des virus et autres codes malveillants grâce à l’utilisation du Flash Player.

Ce qui est contraignant au plus haut point, toutefois, c’est que les consommateurs sont obligés d’utiliser le logiciel distribué par Adobe s’ils veulent profiter pleinement des fichiers en Flash. C’est un problème crucial, parce qu’avec un taux de pénétration du marché de 99%, Adobe peut faire tout ce qui lui plaît. Adobe Flash est installé sur plus d’ordinateurs que Windows de Microsoft, ce qui lui confère naturellement un énorme pouvoir. Notre dépendance à Flash Player est telle qu’Adobe pourrait d’un jour à l’autre décider de désactiver toutes les installations de Flash Player tant que l’utilisateur n’aura pas versé une rançon de 40$. Si jamais Adobe venait à manquer d’argent, ce serait un moyen pratique et sans souci de gagner gros, en considérant que la plupart des gens finiraient par payer la note pour avoir accès aux jeux, aux vidéos, et une myriade d’autres services en ligne que nous considérons souvent comme allant de soi. Et ce n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg. Adobe pourrait bloquer les logiciels concurrents, espionner les usagers, ou encore se servir d’un « back door » (un accès secret) pour permettre à ses employés de prendre le contrôle à distance de n’importe quel ordinateur. Avec le gigantesque parc installé dont il dispose, Adobe pourrait techniquement faire ce que bon lui semble de votre ordinateur.

Des bénévoles dévoués ont commencé à développer des solutions alternatives en passant par la rétro-ingénierie, avec des projets comme « Gnash » et « swfdec», mais il est encore impossible de les mener à leur terme en raison du refus de coopération d’Adobe. Adobe a lancé le projet « Open Screen » pour se donner l’air de promouvoir le choix des plateformes et apaiser les craintes à l’égard du contrôle obsessionnel de sa part, alors qu’en réalité il s’agit simplement de récupérer le savoir-faire déjà acquis par des techniques de rétro-ingénierie existantes. Seul bénéfice du projet Open Screen : Adobe s’est engagé à ne poursuivre pénalement aucun projet alternatif au Flash, bien que cet engagement, en réalité, ne fasse qu’affirmer le contrôle démesuré qu’exerce Adobe sur la plateforme. Récemment, Adobe a envoyé une mise en demeure à SourceForge, une entreprise qui héberge des projets développés de façon collaborative, à propos d’un projet appelé « rtmpdump ». Ce dernier procurait aux utilisateurs lambda les fonctionnalités du Flash qui n’étaient auparavant disponibles qu’avec le lecteur Flash d’Adobe. En dépit des déclarations d’Adobe sur la transparence et la neutralité, SourceForge a été contraint de retirer le projet rtmpdump de son site, confirmant une fois de plus l’énorme pouvoir dont dispose Adobe.

Un autre problème que pose le format Flash est sa dépendance à des logiciels brevetés par de multiples sociétés. Ces brevets rendent vaines les promesses d’Adobe, puisque d’autres sociétés ont elles aussi le pouvoir de mener des poursuites si leurs droits sont violés. La loi sur les brevets a été créée pour encourager l’innovation, mais quand les ordinateurs sont entrés en scène, les entreprises y ont vu une occasion de tirer bénéfice du vide juridique qui permettait aux logiciels d’être placés sous licence. Finalement, essayer de breveter autant de concepts élémentaires que possible est alors devenu une stratégie commerciale, et toute entreprise qui ne suivait pas cette stratégie s’exposait à des poursuites judiciaires. Les brevets logiciels ont porté sur tout, depuis les tests en ligne jusqu’aux fenêtres pop-up en passant par les hyperliens et les barres de progression. Comme vous l’imaginez facilement, pratiquement tous les logiciels informatiques sont couverts par de multiples brevets détenus par diverses sociétés. Les plus grandes entreprises mettent en commun leurs brevets et s’entendent pour ne pas se faire de procès mutuellement, en échange d’un accès aux brevets des autres entreprises. C’est ainsi qu’Adobe ne peut être poursuivi pour l’utilisation de certains composants du Flash, alors que tous les autres risquent des poursuites s’ils utilisent ces mêmes composants.

Dans la mesure où les consommateurs sont dans l’impossibilité d’utiliser un quelconque lecteur de Flash autre que celui d’Adobe, on pourrait s’attendre à ce que le lecteur officiel soit d’excellente qualité, non ? Des études ont prouvé tout le contraire. Non seulement le Flash comporte un nombre élevé de failles de sécurité, mais il ralentit aussi les ordinateurs de façon significative, particulièrement ceux qui utilisent d’autres systèmes d’exploitation que Windows. Le Flash consomme en moyenne 50 à 80 % des ressources système sous Mac OSX. La principale cause de plantage du navigateur Mozilla Firefox, selon les rapports de envoyés par les utilisateurs, est le plugin Flash. Cependant, l’efficacité peut être mesurée autrement que par la performance. Les utilisateurs de Flash soucieux de réduire leur bilan carbone risquent d’être mécontents d’apprendre à quel point le Flash plombe leur consommation énergétique. Le Flash, et particulièrement dans les bannières publicitaires, provoque une surconsommation d’énergie pour l’ordinateur. Rien qu’en désactivant le Flash on économise autant d’énergie qu’en éteignant une ampoule électrique.

La solution la plus rationnelle de ce problème serait qu’Adobe permette de lire, modifier et distribuer le code, de sorte que les programmeurs puissent comprendre comment développer en Flash. Cette stratégie aurait de multiples avantages, non seulement pour les consommateurs et l’entreprise Adobe, mais aussi pour la société tout entière. Dans un même mouvement, les consommateurs auraient le plaisir de bénéficier d’une meilleure navigation, et Adobe ferait autant de profits que possible. Chacun de ces intérêts particuliers y trouverait son compte.

Si Adobe autorisait la modification et la distribution sans restriction de sa plateforme, les consommateurs en tireraient un grand bénéfice. Ils n’auraient plus à se soucier de ce qui pourrait se passer si Adobe essayait d’abuser de son pouvoir de contrôle sur eux, parce que tout le monde serait capable de modifier le Flash pour désactiver les fonctions indésirables. Si les choses se passaient ainsi, Adobe y perdrait à coup sûr sa réputation détestable. Si cela devait arriver aujourd’hui, cependant, il est possible que personne ne le découvrirait. On a pu le constater dans des projets comme celui du noyau Linux : ceux qui peuvent modifier un logiciel le feront pour leur intérêt personnel. Les entreprises feront naturellement avancer les choses pour contribuer au développement collaboratif du logiciel seulement lorsque ce sera utile à leurs propres produits. Une multitude de sociétés dépendent du Flash, et sont donc à même d’aider au développement du lecteur de Flash pour le plus grand bien de tous. La vitesse est importante pour tout le monde, en particulier pour les entreprises prospères qui veulent que leurs employés soient les plus productifs possible. Comme on l’a vu avec le noyau Linux, les problèmes de stabilité et de sécurité sont réglés à une vitesse incroyable dans le monde du logiciel développé de façon collaborative.

C’est Adobe qui serait le plus grand bénéficiaire s’il ouvrait le code du Flash. La stratégie commerciale d’Adobe en ce qui concerne le Flash consiste à développer une énorme quantité de technologies gravitant autour du Flash, puis de vendre à prix d’or un logiciel de création vidéo en Flash. La plupart de ces technologies ont un code ouvert pour inciter à l’usage et séduire ceux qui aiment le logiciel modifiable et distribuable. Malheureusement pour Adobe, elles n’ont pas réussi à gagner une part du marché cible parce que le produit dont elles dépendent, le Flash, ne permet ni modification ni redistribution. L’autre source de revenus d’Adobe découlant du Flash consiste à vendre des licences du lecteur de Flash pour les plateformes embarquées, comme dans les téléphone mobiles. Alors qu’il est logique d’espérer une manne financière venant des grandes entreprises lorsqu’on les autorise à utiliser le lecteur Flash, des problèmes surviennent quand ces entreprises choisissent de ne pas payer la licence. Le cas du iPhone en donne une remarquable illustration. Le manque de coopération des entreprises finit par faire perdre le contrôle du marché à Adobe, parce qu’il limite l’accès des utilisateurs potentiels au logiciel. En exploitant son énorme cœur de cible (tous les utilisateurs connectés à Internet) le Flash a le potentiel d’un authentique standard. Dans ce cas, Adobe détiendrait la clé de la création de contenus pour ce standard avec son produit phare : « Adobe Creative Suite 4 ». La seule façon pour une entreprise d’augmenter ses parts de marché, c’est d’autoriser l’accès public et la modification d’un logiciel aux autres sociétés, afin qu’elles l’aident à le développer. Par exemple, le Flash pourrait être amélioré par des sociétés qui conçoivent des moteurs de recherche, le contenu pourrait être plus facilement indexé, au profit de toutes les sociétés impliquées qui pourraient aller vers d’autres standardisations encore.

Il existe d’autres solutions possibles à ce problème, mais elles ne sont guère élégantes ni efficaces. Il est possible par exemple que certains activistes dévoués à la cause lancent un nouveau projet de logiciel qui remplacerait le Flash. Il aurait des fonctionnalités comparables, mais serait incompatible avec les scripts Flash déjà existants. Bien qu’apprécié de beaucoup, ce type de projet n’avancerait que très lentement, par rapport à ce que nous pouvons espérer des technologies modernes en ligne. Cela constituerait aussi un nouveau casse-tête pour le consommateur, en l’obligeant à installer un énième plugin pour son navigateur. Finalement, cette solution détournerait du temps de développement de projets alternatifs tels que Gnash et swfdec, qui deviennent de plus en plus nécessaires, et rendrait impossible le parcours dans la jungle des scripts en Flash déjà existants.

Une autre solution, encore moins crédible, serait que les consommateurs cessent tous ensemble d’utiliser le Flash. Les problèmes liés à cette solution sont cependant évidents. Avant tout il est quasi impossible de provoquer une prise de conscience en faveur d’une cause, en particulier quand celle-ci est difficile à comprendre. De plus, le Flash est devenu tellement inhérent aux habitudes de navigation de tant d’usagers du Web qu’ils ne pourront tout simplement pas « l’abandonner ». Tellement de choses dépendent de lui, comme les sites de partage vidéo, de matériel pédagogique, de jeux et tant d’autres domaines encore, que seuls les utilisateurs les plus fanatiques seraient capables de résister à la pression. Cette solution serait bien plus efficace comme technique de protestation pour convaincre Adobe d’autoriser les modifications que comme une solution par elle-même.

Comme vous le voyez, le Flash n’était au départ qu’une sorte d’insecte légèrement pénible, mais avec le temps il est devenu le monstre que l’on connaît aujourd’hui. Adobe exerce un pouvoir de contrôle excessif sur le logiciel. À cause de ce contrôle, les contenus disponibles sur Internet ne sont pas réellement accessibles à tous, et les utilisateurs n’ont d’autre choix que de se soumettre à Adobe. Cette situation entraîne aussi un grand nombre de problèmes qu’Adobe ne cherche pas à résoudre, tant que les résoudre ne lui permet pas d’accroître ses parts de marché. En autorisant les modifications et la redistribution du Flash, Adobe, tout comme les consommateurs, serait bénéficiaires de la synergie qui se mettrait en place. Personne ne peut construire un gratte-ciel tout seul. Tant qu’Adobe n’aura pas rendu le Flash plus accessible, ses utilisateurs n’auront pas d’autre choix que de se jeter dans la gueule du loup en espérant qu’il n’aura pas faim.

Notes

[1] Crédit photo : Garryknight (Creative Commons By-Sa)

[2] Concernant Firefox 3.5 et la balise vidéo permettant de lire nativement le format Ogg, on pourra parcourir les billets suivants : Building the world we want, not the one we have, Quand Mozilla participe à la libération de la vidéo et Démo Firefox 3.5 : le Rich Media collaboratif.




Ad Bard, le Google Adsense (killer) du logiciel libre ?

Arturo de Albornoz - CC by-saQue ne diriez-vous d’une régie publicitaire de type Google Adsense mais qui n’afficherait sur vos sites que des liens promotionnels en liaison avec le logiciel libre. Une sacrée bonne idée non ?

On se débarrasserait de l’emprise de Google sur ce secteur. On aurait l’assurance que les liens proposés ne pointent pas vers du logiciel propriétaire. Et on permettrait à l’économie du logiciel libre de se développer !

C’est ni plus ni moins ce que propose le nouveau service Ad Bard, « The ad network for ethical computing », soutenu par la Free Software Foundation (FSF) dans un récent communiqué que nous avons traduit ci-dessous.

Nous n’en sommes qu’au démarrage. Il faudra s’assurer que les liens proposés sont bien conforme à cette « éthique », que financièrement annonceurs et afficheurs s’y retrouvent[1], que cela se déclinera en versions localisées (pour faire apparaître des publicités en français), etc. Bref s’assurer que cette confiance qu’on leur accorde a priori sera bien effective.

Il n’en demeure pas moins que le potentiel du projet est énorme. Quel plaisir que de voir le Libre occuper également cette case, que l’on croyait définitivement squattée par la pieuvre Google !

La FSF souhaite la bienvenue à AdBard, régie publicitaire du logiciel libre

FSF welcomes AdBard network for free software advertising

Communiqué – 2 juin 2009 – FSF.org
(Traduction Framalang : Pierre Misandeau)

La communauté du logiciel libre dispose maintenant d’une alternative éthique aux régies publicitaires qui œuvrent à la promotion des logiciels propriétaires.

À l’occasion de son lancement, La Free Software Foundation (FSF) présente aujourd’hui ses vœux de réussite à la nouvelle régie publicitaire AdBard consacré à la promotion des produits et services relatifs au logiciel libre et Open Source.

Créée par Tag1 Consulting, la régie publicitaire AdBard se veut au service des sites Web qui font la promotion du logiciel libre, pour les aider à entrer en relation avec les entreprises vendant des produits et services ciblant ce public. AdBard résout ainsi le problème de l’affichage de publicités vantant des logiciels propriétaires sur des sites militants pour la liberté de l’utilisateur, problème que provoquaient l’inscription à des régies publicitaires plus génériques.

« La FSF dispose maintenant d’une alternative éthique aux régies publicitaires œuvrant à la promotion du logiciel propriétaire » déclare Peter Brown, directeur exécutif de la FSF. « C’est un progrès énorme pour beaucoup des sites au service de la communauté. Et nous souhaitons un plein succès à AdBard et aux sites qui afficheront les publicités d’AdBart. Nous espérons également que d’autres régies publicitaires s’inspireront de cet exemple et adopteront des politiques similaires. »

« AdBart est une excellente façon de rapprocher annonceurs et éditeurs au sein de la communauté du logiciel libre, et d’aider à la croissance du marché des services autour du logiciel libre. » affirme Jeremy Andrew, PDG de Tag1.

La FSF n’a pas reçu d’argent d’AdBard et ne possède pas d’intérêt financier dans Tag1 Consulting, mais procède à cette annonce pour aider les sites Web de la communauté du Libre qui ont fait le choix des revenus publicitaires à cesser de légitimer le logiciel propriétaire en affichant ses publicités.

Kernel Trap, Libre.fm et Boycott Novell comptent parmi les sites web qui utilisent déjà AdBard (la liste complète). Pour les annonceurs, suivre ce lien.

Notes

[1] Crédit photo : Arturo de Albornoz (Creative Commons By-Sa)




Quand Microsoft sabote Firefox avec une extension non désirée !

Microsoft côté scène, cela donne cette affligeante publicité. Mais côté coulisses c’est moins reluisant.

En effet, ceux qui sous Windows ont depuis février dernier mis à jour leur framework .NET (version 3.5 Service Pack 1), ont eut la très très désagréable surprise de constater qu’une extension de plus apparaissait désormais dans leur navigateur Firefox ! (cf copie d’écran ci-dessous)

Et ils l’ont fait d’autant plus volontiers que Windows Update les invite à le faire, et que cette mise à jour était jugée par Microsoft importante (critique même) du point de vue de la… sécurité !

Or la procédure normale c’est de laisser à l’utilisateur le choix volontaire d’installer telle ou telle extension et jamais ô grand jamais de l’installer automatiquement à l’insu de son plein gré ! Et pour couronner le tout, on ne peut pas la désinstaller ! (la touche Uninstall est grisée)

On vous explique cependant sur Annoyances.org comment bidouiller la base de registres pour arriver néanmoins à bouter cette scandaleuse extension hors de votre navigateur préféré. Madame Michu appréciera la simplicité de l’opération ! De plus, le site prend soin d’ajouter la chose suivante :

This update adds to Firefox one of the most dangerous vulnerabilities present in all versions of Internet Explorer: the ability for websites to easily and quietly install software on your PC.

Je précise qu’à l’heure qu’il est je ne sais pas ce que fait concrètement cette extension, mais à la limite je m’en fous.

Bonjour la sécurité et bonjour la déontologie !

Franchement le bon moment pour envisager une migration GNU/Linux non ?

Microsoft .NET extension - Firefox

Microsoft installe une extension Firefox sans le consentement de l’utilisateur

Microsoft Installs Firefox Add-ons Sans User Consent

Michael Klurfeld – 30 mai 2009 – TechGeist
(Traduction Framalang : Olivier)

Chez Techgeist on apprécie pas trop quand les logiciels interfèrent avec d’autres logiciels sans demander la permission. Et C’est pire encore quand c’est le système d’exploitation qui s’en mêle.

Du coup on est bien remonté contre Microsoft là. En effet, en déployant un service pack pour le framework .Net, une mise à jour jugée critique et proposée automatiquement par Windows Update, Microsoft prend aussi la liberté d’installer le .Net Framework Assistant, une extension pour Firefox.

Tout d’abord, honte à vous Microsoft de vous en prendre à Firefox. Le simple fait de s’en prendre à n’importe quel logiciel est déjà un fait grave en soi, mais se débrouiller pour dégrader un navigateur, un marché sur lequel Microsoft perd peu à peu pied, est clairement un coup sous la ceinture. Ne disposant pas de tous les éléments, je ne peux pas me prononcer sur les intentions de Microsoft. Mais par contre, les logiciels qui s’installent en douce, sans la permission de l’utilisateur, j’appelle cela des logiciels malveillants.

Mais ce n’est pas tout. Non seulement avec cette extension Firefox hérite de vulnérabilités propres à Internet Explorer, mais la désinstaller relève du parcours du combattant. Vous pouvez la désactiver d’un clic. Mais malheureusement le bouton Désinstaller est grisé et inactif. Le seul moyen que j’ai trouvé pour m’en débarrasser est de modifier la base de registre (voici un guide des étapes à suivre).

Vraiment, Microsoft ? C’est ça que vous appelez jouer gentiment pour se faire apprécier des petits enfants ?




Eee PC : It’s Better With Windows (dans le monde des bisounours)

Qu’il est loin le temps où nous nous enthousiasmions pour la sortie l’Eee PC dont les premières versions vendues tournaient exclusivement sous GNU/Linux !

Avec Jeanne-Marie et John, nous y voyions en effet à l’époque une belle opportunité pour faire découvrir les logiciels libres à un large public et témoigner de leurs récents et spectaculaires progrès.

Mais devant l’énorme succès rencontré dès le départ par ce pionnier des netbooks, Microsoft n’a pas tardé à réagir. Impossible d’y mettre le trop lourd Windows Vista ? Qu’à cela ne tienne, bradons notre Windows XP et surtout négocions avec Asus et les distributeurs pour faire en sorte que l’offre sous GNU/Linux disparaisse peu à peu des étalages.

Et aujourd’hui cela donne le site dédié It’s Better With Windows qui se résume pour le moment en la présence d’une unique vidéo, que je n’ai pas résisté à vous reproduire ci-dessous.

Attention, un grand moment de marketing ! J’en eu envie de danser avec les protagonistes et de contacter illico mes proches pour leur demander de leurs nouvelles 😉

Les bras m’en tombent !

Doit-on réagir ? Créer nos propres publicités (avec les moyens du bord) ? Décrypter le message, faire connaître les alternatives et « éduquer » les gens à ce qu’ils cessent de gober de telles lénifiantes inepties ?

Ou bien alors, passer outre, ne pas s’en soucier et tranquillement continuer à cultiver notre « Jardin du Libre »…




Internet autorisé au BAC ? ? ?

The Cushing Memorial Library and Archives - CC byInternet, certains y voient une menace, d’autres au contraire cherchent tant est si bien à composer avec qu’ils envisagent de laisser les élèves y avoir accès lors des examens scolaires.

C’est la cas du Danemark qui, comme le rapporte The Guardian dans notre traduction ci-dessous, a lancé une sorte de pavé dans la mare en annonçant sa volonté de tester la présence d’Internet à une évaluation qui correspond à peu près à notre Brevet des collèges, avec généralisation possible au BAC en 2011 si le test s’avère concluant.

Ceci fait écho à notre billet Et si cela ne servait plus à rien de mémoriser et d’apprendre par cœur ? qui se demandait si Internet n’était pas en train de remettre en question notre conception de certains savoirs scolaires (en particulier tout ce qui concerne l’accumulation d’informations).

Imaginez- vous donc au BAC avec votre ordinateur connecté à vos côtés et… Wikipédia à l’écran ! Quelles compétences demande-t-on aux élèves ce moment-là ? Va-t-on modifier la nature même des évaluations en tenant compte de cette étrange irruption ?

Fascinant, même si cela pose de nombreuses questions à commencer par la plus fondamentale d’entre toutes : Est-ce une si bonne idée ?

Les commentaires attendent votre réponse 😉

PS : Le Danemark a récemment été classé numéro 1 des « pays où il est fait bon vivre » dans un récente étude de l’OCDE rapporté par la magazine Forbes. Ceci explique peut-être cela…

PS2 : Pour aller plus loin on pourra parcourir l’article d’InternetActu : Et si l’on autorisait les bacheliers à se connecter à l’internet ?.

[1]

L’accès à Internet pendant les examens bientôt à l’essai dans les collèges et lycées danois

Danish schools ready to trial internet access during exams

Bobbie Johnson – 11 mai 2009 – The Guardian (Technology Blog)
(Traduction Framalang : Don Rico)

Chaque année, l’été venu, on nous rebat les oreilles des mêmes arguments voulant qu’il soit plus facile qu’avant d’obtenir son Brevet ou son BAC. Mais grâce à certains membres du gouvernement danois, l’heure est peut-être venue de cesser de chercher à décrédibiliser les examens et d’essayer d’y mettre un peu de jus.

On a pu voir çà et là dans les médias danois que le gouvernement s’apprêterait à mettre à l’essai un système dans lequel les futurs candidats au Brevet des collèges seraient autorisés à se rendre à leurs examens munis d’un ordinateur connecté à Internet lors de leurs examens.

D’après les membres du gouvernement à l’initiative de ce projet, la recherche d’exemples et de chiffres est de nos jours une tâche qu’il vaut mieux confier aux ordinateurs, et l’on ne devrait pas priver les jeunes candidats d’un outil qu’ils seront amenés à utiliser couramment au cours de leurs études.

« C’est un bon moyen de trouver par exemple des faits historiques ou un article utile pour un devoir en classe d’éducation civique » a expliqué Søren Vagner, un conseiller du ministère de l’Éducation, au journal danois MetroXpress.

Ce qui paraît tout à fait logique, et ce pour une raison simple : l’Internet est devenu un outil de recherche d’une telle puissance qu’il a rendu superflu nombre d’anciennes méthodes d’apprentissage, tel que l’apprentissage par cœur. Les calculatrices nous dispensent de certaines opérations de base, alors pourquoi prendre la peine de mémoriser des faits et des chiffres alors que les ordinateurs permettent de les mobiliser à la demande ?

Il existe néanmoins un certain nombre d’embûches potentielles, comme par exemple le plagiat et la tentation de certains élèves d’aller chercher des informations en ligne pour faire du remplissage.

Vagner a déclaré que les examinateurs surveilleraient de près le contenu des copies et procéderaient à des contrôles réguliers et aléatoires des pages Web que les élèves auront utilisées lors de leurs recherches.

Certes, déceler le plagiat est une tâche relativement aisée (une simple recherche sur Internet de groupes de mots et le tour est joué) et le plagiat de contenu disponible sur Internet est déjà un problème contre lequel les établissements scolaires tentent de lutter.

Mais en donnant accès à l’Internet à de jeunes étudiants, on risque fort d’ouvrir la boîte de Pandore, car il est certain qu’un bidouilleur plus entreprenant que les autres trouvera un moyen d’échapper à la surveillance de l’enseignant et de discuter avec un autre candidat présent dans la salle d’examen ou quelqu’un de l’extérieur.

D’après l’article paru dans Politiken, ce nouveau système devrait être testé pendant des examens blancs plus tard cette année, avec pour objectif de procéder à l’expérience à plus grande échelle en 2011.

Notes

[1] Crédit photo : The Cushing Memorial Library and Archives (Creative Commons By)




PMB, Gepi, Prométhée… et Framakey en service recommandé pour l’école

Shermeee - CC byNous vous avons déjà parlé des WebApps, ces nouvelles applications portables proposées par notre projet Framakey, qui permettent, sous Windows[1], de découvrir, tester et utiliser facilement des applications libres orientées web (CMS, wikis, blogs, forums…).

Ici quelques clics suffisent après téléchargement, et vous voici illico opérationnel. Sans cela, il faut soit disposer de go d’un espace internet (bien configuré), soit installer votre serveur en local avant d’installer l’application elle-même (parfois un peu complexe pour le non initié). L’idée de ce service est donc d’abaisser le niveau d’entrée d’accès à ces outils en permettant à un plus grand nombre de personnes de les évaluer, même si bien sûr l’espace internet demeure indispensable si vous souhaitez par la suite utiliser l’application en production (si ça n’est pas très clair, on pourra se rendre sur la FAQ dédiée).

Depuis notre annonce, de nouvelles applications sont venues enrichir le catalogue. On y trouve désormais DokuWiki, Drupal, Spip, WordPress, Claroline, Posh, Joomla, eyeOS, Piwigo, Itseasy et Mediawiki.

Mais on y trouve également depuis peu (merci JosephK) des logiciels libres métiers spécialement dédiés au monde éducatif (encore en bêta, donc ne pas hésiter à intervenir sur nos forums). Il ne s’agit pas de logiciels directement pédagogiques, comme par exemple GeoGebra (qui fait trembler Cabri). Il s’agit d’outils informatiques intervenant dans la vie scolaire de l’élève[2], en l’occurrence ici la gestion et recherche documentaire (PMB), le carnet de notes et de texte électronique (Gepi), et l’espace numérique de travail, plus connu sous le nom d’ENT (Prométhée).

Présentations synthétiques :

Nous le savons, il est plus difficile de faire « entrer du libre » dans l’univers restreint de ces applications métiers, de par la chasse-gardée séculaire du propriétaire (et son corollaire le poids des habitudes), la spécificité du développement, et le faible nombre de personnes intéressées a priori, impactant alors sur la constitution d’une solide communauté autour du logiciel. Et c’est encore plus difficile à l’Éducation nationale française dont ce blog pointe souvent la « frilosité » (quelque peu suspecte sur la durée) vis-à-vis du logiciel libre et sa culture.

C’est pourquoi on a récemment décidé d’encapsuler ces trois applications libres dont la qualité est parfois inversement proportionnelle à l’intérêt et au soutien qu’on leur manifeste en haut lieu (comme dirait Wikipédia références souhaitées). Et c’est bien dommage parce que rien de plus pertinent que de placer ce type de logiciels sous licence libre, histoire de ne pas réinventer la roue, de mutualiser la demande, de ne payer qu’une seule fois avec de l’argent public, de pouvoir choisir la roadmap, les formats et de garantir le respect des données personnelles… Enfin on connait les arguments, pas la peine de les exposer à nouveau ici (François Elie explique cela fort bien dans son livre Économie du logiciel libre).

Que les spécialistes me corrigent, mais ces trois applications sont, me semble-t-il, des « leaders libres » de leur domaine respectif. Nous sommes pour la pluralité mais on aurait quand même intérêt ici à mettre nos œufs dans le même panier en soutenant activement leur développement. Sinon la situation actuelle risque de prédominer encore longtemps : des établissement qui individuellement font l’achat de licences propriétaires (à l’échelle nationale, ça fait une sacrée somme) et des académies qui développent des outils chacune dans leur coin, fussent-ils libres.

Vous êtes un acteur du monde éducatif intervenant de près ou de loin dans les décisions TICE des établissements scolaires ? N’oubliez pas d’évaluer ces applications lorsque se pose la question de l’acquisition, du renouvellement ou des mises à jour de ces logiciels métiers. Ce ne seront pas forcément ces trois applications libres qui s’imposeront, mais c’est forcément la licence libre qui s’imposera tôt ou tard, ici comme ailleurs. Autant prendre tout de suite bon wagon, sachant que la Framakey ne risque pas d’occuper trop de place dans vos bagages 😉

Notes

[1] Pour rappel on travaille à ce que la Framakey ne reste plus exclusivement ancrée sous Windows.

[2] Crédit photo : Shermeee (Creative Commons By)




Petit passage télé pour Framasoft, Creative Commons et Jamendo

Le mardi 26 mai, on a parlé de culture libre[1] au cours de l’émission C’est mieux le matin de France 3 Rhône-Alpes Auvergne, en citant donc les Creative Commons, Jamendo et Framasoft.

Je vous laisse apprécier la pertinence (ou non) du propos !

Mais l’angle de tir est intéressant : Hadopi a stigmatisé le téléchargement illégal, qu’à cela ne tienne, parlons du téléchargement légal en associant trois exemples issus de la culture libre.

Bonne idée également de rappeler la possibilité de faire un don lorsque l’on insiste de trop sur la gratuité (cf mon billet précédent).

Le tout se terminant dans le joyeux délire d’une sélection musicale prise sur Jamendo[2] (pour l’anecdote on entend trois notes de ce que je suis justement en train d’écouter en moment, la chanson Do it over par le groupe Amélie, sous CC By-Nc-Sa).

—> La vidéo au format webm

Notes

[1] Mouvante, voire fuyante, la « culture libre » est un concept difficile à définir. Il n’empêche que l’article Wikipédia dédié mériterait selon moi une sérieuse mise à jour. Des volontaires pour tenter d’améliorer ensemble la chose ? (me contacter)

[2] Félicitations au passage à Jamendo pour ses vingt milles albums atteints récemment.




Internet n’est pas un droit fondamental, Internet est fondamental en soi !

Dalbera - CC byAprès des mois de contestation, des jours de joutes verbales à l’Assemblée nationale, la loi dite « Internet et Création » qui doit instaurer l’HADOPI a été votée.

Le problèmes et les questions que soulèvent cette loi vont rester au cœur de l’actualité pendant quelque temps encore, d’une part parce que la lutte anti-HADOPI est loin d’être terminée (et que cette loi n’est pas près d’être applicable), et d’autre part parce que la LOPPSI 2, qui prévoit une surveillance constante des échanges sur le Web sous des prétextes sécuritaires[1], va bientôt être au centre d’une nouvelle lutte qui promet d’être elle aussi acharnée.

Une des pommes de discorde, qui oppose actuellement certains membres du gouvernement et les opposants à ces lois, est le statut que l’on doit accorder à l’Internet, que l’on peut résumer d’une simple question : l’accès à l’Internet constitue-t-il un « droit fondamental » ?

Non, répondent en chœur Christine Albanel et Jean-François Coppé, quitte à se déclarer ainsi ouvertement contre l’avis du Parlement européen.

Dana Blakenhorn, chroniqueur Open Source chez ZDNet, a pour sa part un avis original sur la question. Il nous explique, arguments économiques à l’appui qui ne devraient pas être étranger à nos dirigeants actuels, que l’Internet n’est pas à ses yeux un droit fondamental mais que l’Internet est fondamental.

Une traduction Framalang of course…

De l’aspect fondamental de l’accès à Internet

The fundamental value of Internet access

Dana Blakenhorn – 8 mars 2009 – ZDNet
(Traduction Framalang : Don Rico et Tyah)

Doit-on considérer l’accès à Internet plus important que la télévision par câble ou le téléphone ?

En d’autres termes, s’agit-il d’un luxe ou devrait-il être un droit ?

Matt Asay est du premier avis. Il ne souhaite pas que l’on définisse Internet comme un droit fondamental.

Je suis d’accord avec lui, mais pour une tout autre raison.

Les droits fondamentaux, on peut vous en déposséder. Quiconque aura subi la torture et se sera vu privé de sa liberté d’expression, sait que nos droits n’ont de vraiment fondamental que notre volonté commune de les respecter.

Mon représentant au Congrès est John Lewis. Lorsqu’il était enfant, en Alabama, alors que sévissait encore la ségrégation dans les États du Sud, il ne jouissait d’aucun droit. Il a dû les réclamer, manifester, et se faire battre jusqu’au sang pour les obtenir.

La Constitution, ce ne sont que des mots, tout comme le Bill of Rights (NdT : Déclaration des droits américaine). Un simple mémo suffit pour passer outre ou les restreindre.

L’accès à Internet est donc plus fondamental que nos droits. C’est une nécessité économique.

Au XXIème siècle, ceux qui n’ont pas d’accès à Internet ont moins de poids économique que les autres. Ils ont moins accès à la formation, n’ont aucun moyen de découvrir d’autres horizons (ce pourquoi la télévision est dépourvue d’intérêt). Leur rapport au monde n’est que local, sauf pour les rares personnes qui gardent encore le contact avec leurs proches par téléphone ou par courrier.

Je suis assez âgé pour me souvenir d’un monde avant que la Toile ait été tissée, lorsque aller sur Internet était réservé à certains privilégiés. Je vais renouer avec mes souvenirs de ce monde grisant le mois prochain, quand je rendrai visite à des amis japonais.

Mon dernier séjour là-bas remonte à 1989. Je m’y étais rendu pour suivre une conférence organisée par l’Electronic Networking Association, un des tout premiers groupes promouvant le réseau.
Là-bas, j’ai écrit quelques articles pour Newsbytes, le service d’informations en ligne pour qui je travaillais à l’époque. Après avoir trouvé une prise de téléphone, j’y connectais le modem de mon portable et envoyais mes articles à un rédacteur en chef à Londres, qui transmettait au directeur de la publication à San Francisco.

Toute technologie suffisamment avancée confine à la magie, et il y a vingt ans encore ce genre d’accès limité à des ressources en ligne avait quelque chose de magique.
De nos jours, mes enfants prennent tout cela pour acquis. Ni l’un ni l’autre n’a de souvenir d’un temps où l’Internet n’existait pas. Ma fille trouve normal de pouvoir télécharger un itinéraire détaillé pour se rendre à une université susceptible de l’accueillir. Mon fils trouve normal de pouvoir discuter de jeux vidéos et d’informatique avec des copains du monde entier.

L’accès à Internet est donc fondamental pour l’interaction de mes enfants avec le reste du monde. Il est la condition à leur utilité économique, à leur capacité à apprendre, et même à bon nombre de leurs relations amicales.
Rendre cela possible, ou pas, n’est pas une question de « droits », mais c’est fondamental.

Il est fondamental pour notre avenir en tant que nation que chacun dispose du meilleur accès possible à cette ressource. Tout comme il est fondamental que nous puissions tous profiter de notre réseau routier.
Conduire n’est pas un « droit », mais chacun sait que ne pas savoir conduire représente un handicap. Ceux qui n’ont pas le permis et ne disposent pas de transports publics à proximité de chez eux sont isolés économiquement parlant, ne peuvent se rendre à leur travail, à l’école ou dans les magasins.

À moins, bien sûr, qu’ils disposent d’un accès à Internet, grâce auquel ils peuvent pallier ce manque. Plus l’accès sera de qualité, mieux nous nous en porterons.
Ainsi, c’est donc Internet, la véritable passerelle vers le XXIème siècle, et ceux qui en seront dépourvus ne pourront effectuer la traversée.

Internet n’est pas un droit fondamental, Internet est fondamental en soi.

Notes

[1] Crédit photo : Dalbera (Creative Commons By)