Pour que la démocratisation du logiciel libre ne soit pas un rendez-vous manqué

Extranoise - CC by« …ils auraient tout aussi bien fait d’être restés sous Windows. »

Voici un sujet souvent traité ici comme ailleurs : la risque de dilution de certaines valeurs du libre dans son processus en marche de démocratisation.

Parce que si le nouvel utilisateur de logiciels libres est avant tout préoccupé par son propre confort matériel (pris dans tous les sens du terme) alors il se pourrait bien que l’occasion offerte devienne un rendez-vous manqué[1].

De la domination de GNU/Linux pour de mauvaises raisons

GNU/Linux World Domination for the Wrong Reasons

Bruce Byfield – 11 mars 2008 – Datamation
(Traduction Framalang : GaeliX)

A chaque fois que j’entends les gens parler des opportunités qu’a GNU/Linux de devenir de plus en plus populaire, je me souviens d’une réflexion de Tommy Douglas[2], le social-démocrate qui est devenu un héros pour la création de la couverture sociale universelle au Canada : « Si je pouvais appuyer sur un bouton et gagner un million d’électeurs qui n’ont pas compris ma politique », a-t-il dit, « je n’appuierais pas sur ce bouton ». Il voulait dire par là qu’il ne faisait pas de la politique simplement pour être élu, mais pour amener d’autres personnes à partager ses idéaux – et qu’il était déterminé à ne pas perdre de vue ses objectifs à long terme tout en poursuivant ceux à court terme.

Cette reflexion a du sens pour moi parce que, de plus en plus, dans la hâte de s’attribuer des parts de marché, beaucoup de gens semblent perdre de vue que l’objectif de GNU/Linux et des logiciels libres n’est pas en soi d’être populaire, mais de faire accepter un ensemble d’idéaux à une plus grande audience.

A la base, le logiciel libre est là pour aider les utilisateurs à prendre le contrôle de leurs ordinateurs afin qu’ils puissent participer sans entrave aux communications numériques sur les réseaux et Internet. Il s’agit de pouvoir installer un logiciel librement, plutôt qu’encadré par un fabricant. Il s’agit de pouvoir utiliser votre ordinateur comme vous le voulez, plutôt que d’en céder le contrôle à des boites noires installées par les éditeurs de logiciels sans votre autorisation.

On pourrait qualifier cet objectif d‘activisme de consommateurs si cela vous fait plaisir, mais une description plus adéquate serait extension de la liberté d’expression, et peut-être même extension de la liberté d’association, qui sont des droits fondamentaux sur lesquels les sociétés industrielles modernes sont censées être construites.

Toutefois, ce sont rarement ces objectifs qui sont décrits par les bloggers et chroniqueurs quand ils évoquent les possibilités que GNU/Linux devienne plus populaire. Selon eux (et leurs critères n’ont pas beaucoup évolués entre 2002 et 2008), ce dont ce système d’exploitation a besoin c’est de plus d’applications commerciales, d’un meilleur support matériel, de l’amélioration de l’interopérabilité avec Windows, et de plus de machines pré-installées. Et quand ils évoquent l’embellie dans l’utilisation de GNU/Linux pour cause de résistance à Vista, ils vont plus se servir du mot « libre » (NdT : free en anglais) pour parler de prix ou de coût total d’acquisition, que pour parler de politique ou de philosophie.

Ils abordent le sujet, en résumé, d’un point de vue business ou technique, plus fondé sur la facilité que sur les idéaux. Et, sur le court terme, il n’y a rien de vraiment gênant là dedans (même si je ne peux m’empêcher de penser que l’interopérabilité avec Windows est l’une des excuses pour le tristement célèbre accord Microsoft-Novell en novembre 2006).

Ceci dit, j’apprécie l’excellence technique autant que tout un chacun et si tout ce que vous souhaitez est une excellente alternative à Windows, alors OS X fera votre bonheur (et peut-être plus encore, d’après certains). Comme GNU/Linux, c’est un sytème dérivé d’Unix mais dont la facilité d’utilisation est inégalée. Si votre priorité est la performance technique, le fait qu’il soit propriétaire ne devrait pas trop vous poser de problèmes.

De la même façon, si les graticiels vous intéressent, il y a suffisamment d’applications à disposition pour que vous n’ayez jamais à payer un cent, sans parler d’Acrobat ou des lecteurs Flash qui sont téléchargeables gratuitement.

En fait, au moins autant de gens se tournent vers ces solutions de rechange que vers GNU/Linux du fait de leur ressentiment envers Windows. Sans trop réfléchir, je pense à au moins une douzaine de consultants qui distribuent des solutions de serveurs libres basées sur Drupal ou Joomla et qui utilisent OS X sur leurs ordinateurs portables.

De la même manière, il vous suffit de jeter un coup d’œil sur les forums des principales distributions comme Fedora ou Ubuntu pour voir que les utilisateurs sont plus intéressés par obtenir les pilotes vidéos propriétaires que d’avoir le contrôle de leurs ordinateurs. Après tout, les pilotes propriétaires sont disponibles, gratuitement, tout comme les pilotes libres qui le sont par choix éthique, alors pourquoi ne pas les utiliser, surtout quand ils sont technologiquement plus au point ? J’ai même vu certains utilisateurs reprocher à Fedora de ne pas fournir les pilotes propriétaires dans ses dépôts.

Il ne leurs viendrait jamais à l’esprit que le faire serait contraire à la politique de Fedora de ne mettre à disposition que des logiciels libres. Avec ces utilisateurs, l’avantage à court terme d’avoir des pilotes propriétaires techniquement supérieurs l’emporte sur l’éthique de la liberté. D’ailleurs, la plupart de ceux qui se plaignent semblent ne jamais avoir entendu parler des idéaux défendus par les logiciels libres. Pas plus qu’ils ne se fatiguent à écouter quand ces idéaux sont évoqués.

Certes, certains d’entre eux utilisent temporairement les pilotes propriétaires en attendant que des pilotes libres performants soient disponibles. Mais l’attitude générale donne à penser qu’ils n’ont aucune compréhension des objectifs à long terme. Peut-être qu’ils pourraient aider à augmenter suffisamment le nombre d’utilisateurs GNU/Linux pour encourager les fabricants à mettre à disposition des pilotes libres, mais je crains que leur contribution réelle ne fasse que conforter les fabricants dans leurs pratiques habituelles. En terme de bénéfice à long terme, pour eux-mêmes ou pour les autres, ils auraient tout aussi bien fait d’être restés sous Windows.

On retrouve le même manque de perspective dans d’autres raisons à court terme d’utiliser GNU/Linux. Toute personne ayant le sens l’équité se doit de s’interroger sur Microsoft ou tout autre logiciel en situation de monopole. Bien que le refus ou la règlementation des monopoles puisse conduire à des victoires à court terme, sur le long terme, de telles attitudes ou efforts font très peu de différence. Détruisez un monopole, et un autre se précipitera pour combler la brèche. Plus important encore, qu’importe la société qui a le monopole, il y a de fortes chances qu’elle soit propriétaire.

« Le problème quand on parle des monopoles », m’a dit il y a quelques années Peter Brown, directeur exécutif de la Free Software Foundation: « C’est qu’on laisse à penser que si il ne s’agissait pas d’un monopole, si il y avait de la concurrence entre les sociétés propriétaires, alors cela ne nous poserait pas de problème. Mais c’est faux, ce ne serait pas satisfaisant notre point de vue. »

Et Brown de continuer, « Nous ne voulons nous battre pour une victoire à court terme, car cela focalise les gens sur de mauvaises questions. Nous avons toujours eu à cœur de nous concentrer sur les plus gros problèmes, de façon à ce que si des gens s’orientent vers les logiciels libres, ils les fassent pour de bonnes raisons. »

Ou, comme Richard Stallman me l’a expliqué en 2007, « L’objectif du mouvement logiciel libre est de vous donner le contrôle du logiciel que vous utilisez. Ensuite, si vous voulez le rendre plus puissant, vous pouvez travailler à le rendre plus puissant ».

Oubliez ces priorités, et ce n’est même pas la peine de vous ennuyez à configurer un poste de travail ou un portable sous GNU/Linux. Vous avez perdu de vue ce qui est important et différent.

Comme Peter Brown a déclaré au nom de la Free Software Foundation, « A la fin de la journée, nous ne cherchons pas à être l’organisation la plus populaire du monde. Beaucoup d’organisations examinent leur situation et se disent : Quelle est la meilleure façon d’être en avance sur les autres ? Comment allons-nous composer avec notre ligne de conduite pour réaliser quelque chose, pour devenir plus populaire et réussir ? Mais quand vous avez un chef de file comme Richard Stallman, ces considérations ne sont jamais de mise. Il n’y a pas de considérations à court terme. Notre travail consiste élever le logiciel libre au statut de question éthique. Et à partir de là, nous pouvons aller de l’avant ».

Voir GNU/Linux passer de l’ombre à la lumière est passionnant, aucun doute là dessus. S’impliquer dans cette transformation l’est plus encore. Pourtant, dans la joie rebelle de regarder ces paradigmes évoluer, il nous faut prendre en compte que l’acceptation se fait parfois à un prix trop élevé. Il est vrai qu’insister pour que l’éthique de partage à la base de ce système d’exploitation fasse partie de son succès peut retarder ou même de mettre fin à ce même succès. Pourtant si cette éthique ne survit pas ce succès ne vaudra rien.

Notes

[1] Crédit Photo : Extranoise (Creative Commons By)

[2] NdT : Tommy Douglas sur Wikipédia.




La meilleure publicité pour Linux ?

Un site anglophone vient tout récemment de recenser ce qu’il considère comme les dix meilleures publicités audiovisuelles pour GNU/Linux. C’était avant le premier avril et l’excellent poisson de la BBC sur les pingouins volants obligés de s’adapter pour cause de réchauffement climatique.

L’occasion était trop belle pour un sympathique détournement youtubesque donc voici le résultat :

Voilà qui fait merveilleusement écho à notre petite mascotte, le pingouin volant que nous devons à LL de Mars 😉

Mascotte Framasoft - LL de Mars - Art Libre




Entretien avec un lycéen

Gregory - CC by-saEt si on donnait la parole aux lycéens ? Enfin non, à un lycéen, qui plus est rencontré sur… LinuxFr.

Merci en tout cas à Fabien (alias Xion345) d’avoir trouvé le temps, en pleines révisions du BAC, de répondre à quelques questions[1].

Bonjour, peux-tu rapidement te présenter…

Bonjour,

Je suis Fabien André, lycéen en terminale S option SVT (spé Maths). J’envisage des études d’ingénieur dans le domaine de l’électronique, de l’informatique ou des télécoms.

Quels logiciels libres utilises-tu au quotidien ?

J’utilise surtout les logiciels libres sur l’ordinateur familial, sous GNU/Linux (Kubuntu, majoritairement). Les logiciels que j’utilise le plus souvent sont le navigateur web Firefox, le client mail Thunderbird et le lecteur multimédia VLC. J’utilise également l’environnement KDE (Kopete pour la messagerie instantanée, amaroK comme lecteur musical).

Parmi les logiciels libres moins connus que j’apprécie particulièrement, il y a BasKet qui permet d’organiser ses notes simplement et efficacement ainsi que Freemind qui permet de créer des "cartes mentales", utiles pour classer ses idées.

Comment as-tu découvert les logiciels libres et en quoi te semblent-ils intéressants ?

J’ai découvert les logiciels libres il y a 4 ans avec Firefox (à l’époque dans sa version 0.7 :-)). Internet Explorer plantait tout le temps et j’étais à la recherche d’un bon navigateur. J’ai rapidement découvert Firefox et en cherchant un peu plus d’informations à propos de celui-ci, j’ai découvert qu’il s’agissait d’un logiciel libre. Impressionné par la qualité de ce logiciel, je me suis mis à utiliser VLC et OpenOffice. Plus tard, j’ai découvert qu’il existait même un système d’exploitation libre: Linux. Je me suis ensuite fait télécharger une Knoppix 3.6 par un ami que j’ai après installé par curiosité.

Ce n’est que plus tard, que j’ai vraiment cherché à m’informer sur les valeurs et l’esprit du logiciel libre.

Ils me semblent intéressants car on peut comprendre leur fonctionnement voir même les améliorer. Je suis souvent impressionné par leur capacité à fédérer les gens, à les faire coopérer. Je trouve que ce modèle de partage, de coopération et de diffusion du savoir est très riche !

Au cours de ton parcours scolaire as-tu souvent rencontré des logiciels libres ? Y a-t-il des professeurs qui t’en ont parlé, qui les ont utilisés en classe avec vous ?

J’ai très rarement rencontré des logiciels libres, que ce soit au collège ou au lycée. La dernière fois que j’en ai entendu parler remonte à la troisième : mon prof de techno installait Ubuntu sur un poste de la salle !

Je crois que les professeurs (en tout cas pour ce que j’en ai vu) ne sont pas mieux informés que le reste de la population en ce qui concerne les logiciels libres. Ils font un peu comme tout le monde et nous présentent les logiciels utilisés dans les Travaux Pratiques de bac (ce qui est on ne peut plus normal) : Excel et Geoplan en Mathématiques, Aviméca et Regressi (voire Excel) en Physique, Anagène, Phylogène et Sismolog en SVT.

Lorsqu’ils nous proposent de l’aide pour certains devoirs, ils nous demandent d’envoyer nos documents au format Word par e-mail !

Penses-tu que les logiciels propriétaires comme Windows et MS Office (Word, Excel…) sont trop présents à l’école. Et si oui que proposerais-tu pour améliorer la situation ?

En fait, plus que la trop forte présence des logiciels propriétaires dans l’éducation, c’est la quasi-absence des logiciels libres qui me gène un peu. Je n’ai rien contre les logiciels propriétaires mais dans le domaine de l’éducation, je pense que les logiciels libres présentent de nombreux avantages : possibilité pour les élèves de les utiliser à la maison, possibilité pour les profs de demander l’ajout de nouvelles fonctionnalités… Le navigateur Firefox était installé dans mon lycée sur les postes du CDI mais il n’est pas mis a jour ni correctement configuré pour utiliser le proxy de l’établissement.

Pour améliorer la situation, je pense qu’il serait possible d’installer des logiciels comme Firefox, OpenOffice, VLC, Geogebra ou 7-zip sur les postes des CDI des lycées. Je suis conscient que ce n’est pas si simple et que cela engendre des couts de maintenance mais ça reste faisable. Pourquoi ne pas également informer les profs de l’existence de ces logiciels et même les encourager à présenter certains logiciels libres utiles dans leurs matières ?

Il me parait que la distribution de clés USB équipés avec des logiciels libres (ou de CD) aux profs ou aux élèves est une bonne chose mais je crois que pour être totalement efficaces, ces opérations devraient être assorties d’une courte présentation des logiciels et d’explication de ce que sont les logiciels libres.

Certains caricaturent les jeunes et leur usage d’internet qui se résumérait à MSN, Skype, Skyblog, World of Warcraft et du copier/coller de Wikipédia. Qu’as-tu envie de dire à ces gens là ?

Je crois que leur répondrait qu’ils se trompent assez lourdement ! Je peux comprendre qu’ils ait rencontré des "djeuns’" utilisant Internet de cette façon. Il y en a une partie, je veux bien le croire. Cependant, il ne faut pas généraliser, ils représentent une minorité.

La plupart ont bien compris qu’Internet ne se résume pas à MSN et Skyblog. Nous l’utilisons pour nous informer sur les sujets qui nous intéressent, discuter sur des forums et bien sur pour nos documenter sur nos exposés (voir même développer des logiciels libres !). Et il peut arriver que certains publient des informations intéressantes sur leurs blogs ou sites personnels ! En revanche, tout le monde utilise MSN (et moi le premier), ce qui n’est pas forcément une bonne chose pour l’interopérabilité mais sous Jabber, je n’ai aucun contact !

Quant au copier/coller, j’aimerais leur dire que nous ne somme pas complètement dupes. Nous nous rendons bien compte qu’un prof peut vérifier en deux secondes si un article a été copié de Wikipédia. En plus, nous avons tout de même un certain esprit critique : nous vérifions nos informations, essayons des les comprendre. Nous les adaptons au sujet. Et ça prend du temps! Bref, les gens qui disent que Wikipédia ne sert qu’au copier/coller m’énervent profondément ! De plus, on aurait inventé le plagiat avec Wikipédia ? Il est tout aussi facile de copier un article de "Tout l’univers", d’Encarta ou de l’Encyclopedia Universalis.

Est-il difficile d’expliquer à ses camarades ce qu’est un logiciel libre ? Penses-tu que la diffusion de la pratique du piratage et la confusion libre/gratuit compliquent la situation ?

Oui, en général, ce n’est pas facile car une partie (pas tous !) s’en moquent complètement.

La confusion libre/gratuit complique grandement la situation : peu arrivent à saisir la distinction libre/gratuit car au final "ça ne change rien" pour eux. J’essaye de leur montrer qu’ils se trompent, que c’est différent, que par exemple, du fait de l’ouverture du code source, on a un certain contrôle sur le logiciel, on peut savoir exactement ce qu’il fait.

Penses-tu que ce serait une bonne idée de créer un "cours d’informatique" comme cela se discute actuellement ? Et si oui pour quel niveau et pour quel contenu ?

Oui, je pense que ce serait vraiment une bonne idée étant donné l’importance de l’informatique et d’Internet à la fois dans l’éducation, dans la vie économique, mais aussi dans notre vie personnelle, pour s’informer, se divertir voire même pour entretenir nos relations sociales.

Cependant, je ne pense pas qu’il serait utile d’apprendre aux élèves à utiliser le traitement de texte XYZ, le tableur XYZ ou encore tel logiciel de géométrie dynamique. Ce genre de chose est déjà fait, et je pense que c’est une bonne chose, dans les matières où l’utilisation de tels logiciels est pertinente. Je pense qu’il faudrait plutôt traiter certaines questions comme : Qu’est ce qu’un format ? Quelle est la différence entre interopérable et compatible ? Qu’est-ce que la licence d’un logiciel ? Pour quels usages a-t-on le droit de copier tout ou partie d’un article sur internet ? En matière de liberté d’expression, qu’est-ce qui est autorisé ou non sur internet ?

Bref, plus un cours d’informatique citoyenne, ou un cours de bon usage de l’informatique plus qu’un cours d’informatique technique. Je crois que 4 ou 5 heures par an seraient suffisantes pour nos informer sur ces questions.

Comment vois-tu l’avenir du logiciel libre ?

Ce n’est pas une question facile ! 🙂

Je pense que le logiciel libre a avenir prometteur. De toutes façons, il a réussi à se développer dans des conditions pas très favorables avec une société qui domine le secteur de l’informatique. Un nombre incroyable de personnes le soutiennent que ce soit en écrivant du code, de la documentation ou simplement en aidant les nouveaux venus…

Je crois aussi qu’en ce moment, au niveau économique, le vent souffle dans le sens du logiciel libre, l’économie migre vers les services (les SSLL ont une croissance importante), les constructeurs de matériel ouvrent leurs spécifications, de grosses sociétés comme Sun ou IBM s’y intéressent.

Il reste cependant menacé par les DRM, la soi-disant "informatique de confiance" et la vente liée.

Bonne chance pour le BAC 😉

Merci. Je me prépare, je me prépare ;-).

Notes

[1] Crédit photo : Gregory (Creative Commons By-Sa)




Les élèves de Genève sous Linux à la rentrée prochaine

Reprise d’un article de la Tribune de Genève. Histoire de se donner du baume au cœur après la triste nouvelle concernant la normalisation du format OOXML (le plus triste dans cette histoire ce sont surtout les conditions de cette normalisation).

On patine encore un peu sur l’exercice difficile de la définition d’un logiciel libre mais il y a des choses qui font vraiment plaisir à lire. Voici en tout cas une administration scolaire qui se targuera plus tard d’avoir fait partie des premières à franchir le pas.

Et pendant ce temps-là en France, c’est l’inertie. Une inertie qui n’est pas perdue pour tout le monde…

Copie d'écran - Tribune de Genève

Le DIP met le cap sur les logiciels libres

Luca Sabbatini – 02 avril 2008 – Tribune de Genève
URL d’orgine du document

Dès la rentrée de septembre 2008, les ordinateurs des écoles genevoises auront migré vers des programmes gratuits. Explications.

Vive les logiciels libres ! Au Département de l’instruction publique (DIP)[1], le mot d’ordre est d’actualité. A la prochaine rentrée scolaire, en septembre 2008, les quelque 9000 ordinateurs des écoles du canton vont définitivement abandonner le système d’exploitation payant Windows pour migrer sur son concurrent gratuit Linux. Et ils n’utiliseront plus que des programmes ouverts. Un changement qui prend des allures de petite révolution dans l’administration cantonale genevoise.

Un logiciel libre, qu’est-ce que c’est? On le dit libre, par opposition à propriétaire. On le dit aussi ouvert, car son code de programmation reste accessible à tous et peut être librement modifié (en anglais «open source). Pour simplifier, il s’agit d’applications informatiques développées non par une société dans le but de les commercialiser, mais par une communauté de programmeurs. Qui codent pour le plaisir, pour se faire la main ou pour encourager la qualité.

Gratuits et multiplateformes (Windows, Mac, Linux), constamment mis à jour, testés et améliorés, les logiciels libres concurrencent avantageusement les coûteux programmes des grandes firmes d’informatique. Ainsi, OpenOffice est-il un parfait équivalent de Microsoft Office, alors que Gimp remplit toutes les fonctions du Photoshop d’Adobe (lire ci-dessous).

Pourquoi passer aux logiciels libres? Gratuits, efficaces, pédagogiques, «ils n’ont que des avantages», assure Manuel Grandjean, directeur du Service Ecoles-Médias du DIP et à ce titre maître d’oeuvre de la migration du département vers l’open source. D’une part, ils offrent de quoi satisfaire le plan d’économie du Conseil d’Etat, dont la mesure 28 préconise de «promouvoir les logiciels libres» dans l’administration. Mais il ne s’agit en aucun cas d’une solution au rabais. «Nous avons choisi les logiciels libres pour leurs qualités», insiste Manuel Grandjean.

On trouve, analyse-t-il, «une vraie convergence» entre les bases de l’enseignement pratiqué au DIP et les logiciels libres. Par leur développement communautaire, ces derniers «encouragent le partage et la démocratisation des savoirs, ainsi que l’autonomie dans l’acquisition des compétences».

Autre atout non négligeable: les élèves peuvent travailler chez eux en utilisant gratuitement les mêmes programmes qu’à l’école, ce qui «renforce l’égalité des chances», estime Manuel Grandjean. Et puis, souligne-t-il avec un brin d’ironie, «on évite ainsi de fournir des clients captifs aux grosses sociétés informatiques»…

Qu’en est-il à l’usage? Au Collège de Candolle, on a anticipé les directives du DIP. Après des années de «dual boot, c’est-à-dire d’ordinateurs équipés d’un double système d’exploitation Windows/Linux, les machines tournent désormais exclusivement sous Ubuntu, une «distribution» de Linux.

«Il a fallu un temps d’adaptation», concède Jean-Daniel Gavillet, qui est en charge du parc informatique à Candolle, «mais c’est bénéfique pour tout le monde». L’avantage n’est pas que financier, insiste l’informaticien. «D’un point de vue pédagogique, c’est un plus considérable.» Et comme les logiciels libres adoptent des formats ouverts, privilégiant «l’interopérabilité», ils devraient mieux vieillir que les autres.

Notes

[1] Le DIP a produit un DVD contenant sa sélection de logiciels libres. Téléchargez-le !




Le deuxième effet kiss cool du logiciel libre

Une courte traduction[1] sous la forme d’un témoignage sans prétention qui illustre bien la mise en relation, internationale et dans un certain état d’esprit, que permet et induit le logiciel libre.

C’est Ubuntu qui est mis en valeur ici (et en France on n’est pas en reste d’ailleurs avec le très convivial et compétent Ubuntu-fr) mais les vertus et attitudes évoquées ici valent je crois pour l’ensemble de la communauté.

Au delà du fait d’avoir à disposition des programmes de grande qualité, le logiciel libre c’est aussi ce petit supplément d’âme que d’aucun comme moi apprécie tout particulièrement…

Copie d'écran - DThomasDigital

L’effet secondaire (positif) de l’utilisation d’Ubuntu

The Unexpected (good) side effect of using Ubuntu

David Thomas – 24 mars – dthomasdigital.wordpress.com

Je suis un adepte d’Ubuntu, je fais parti de ces convertis depuis deux ans maintenant et Ubuntu a répondu à toutes mes attentes en matière d’informatique. Même les jeux sur Ubuntu commencent à être matures et je remarque que j’ai remplacé Wine au profit de jeux disponibles directement sur Linux. Je connais bien désormais la puissance d’Ubuntu et j’utilise de nombreuses applications critiques dont dépend mon entreprise sur cette même plateforme.

Puis il est arrivé une chose à laquelle je ne m’attendais pas. Lentement mais sûrement à mesure que je m’impliquais dans la communauté Ubuntu j’ai appris beaucoup de choses sur le vaste monde qui m’entoure en apprenant à connaître des gens et des cultures de divers horizons. J’ai commencé ce blog puis j’ai intégré le Planet Ubuntu Users. Ceci m’a permis de rencontrer gouki, je crois bien qu’il vient du Portugal. C’est lui qui est en charge de Planet Ubuntu Users, j’adore son site, il est simple mais fantastique.

Un jour mes billets cessent d’apparaître sur le Planet. En en cherchant la cause j’ai découvert que je n’étais pas le seul dans ce cas, parmi les autres personnes il y avait Isabelle Duchatelle qui vient de France. C’est une personne d’une grande finesse et j’ai appris plusieurs petits trucs grâce à ces billets. Après quelques échanges d’e-mails on a trouvé la source du problème et nous étions de retour sur le Planet.

Peu après ça mon implication dans le Ubuntu Users Group près de chez moi s’est accrue et en posant des questions à droite à gauche j’ai échangé quelques courriers avec le légendaire Jono Bacon de Grande Bretagne. C’est une personne qui est toujours prête à aider et à vous faire découvrir un groupe dont vous n’aviez jamais entendu parler. Pour moi qui adore la musique, rien que ça rendait nos échanges intéressants.

Grâce à Ubuntu je me suis retrouvé impliqué dans Software Freedom Day, la Document Freedom Day et dans l’Open Discussion Day. J’y ai fait la connaissance de gens venant du Nigéria, de Malaisie, d’Inde, d’Amérique du Sud et encore plein d’autres pays. Ce qui m’est arrivé à une échelle plus petite est tout aussi incroyable. Notre Ubuntu Users Group local est devenu un groupe officiel et nous avons commencé quelques projets avec succès. J’ai aussi été impliqué avec les équipes américaines et j’ai fait la connaissance de gens géniaux comme Aaron Toponce.

Soit, mais alors de quel effet secondaire s’agit-il ? Et bien, lorsque j’utilisais Windows j’étais comme dans un cocon à trimer chaque jour et une chose est sure c’est que je me suis jamais intéressé au blog de Bill Gates comme je m’intéresse aujourd’hui à celui de Mark Shuttleworth et même si j’adore les autres distributions Linux (je vis au Nouveau Mexique et Gentoo aura donc toujours place à part dans mon cœur) Ubuntu m’a attiré dans une communauté, une communauté de gens qui veulent vraiment rendre l’informatique libre et ouverte.

C’est une communauté qui traite les débutants avec autant de respect qu’elle traite ses membres de la première heure. J’ai vraiment beaucoup appris durant ces deux dernières années et cette année je ferai une présentation à Ubuntu Live (hey les gars qui s’occupent d’Ubuntu Live, vous pensez pas que vous pourriez revoir le prix de l’inscription ?), ça sera l’occasion pour moi de serrer des mains et de remercier la communauté dont je suis tombé amoureux. Alors oui, je dirais que c’est un effet secondaire plutôt positif pour un gars comme moi qui ne savait même pas situer le Nigéria sur une carte il y a à peine deux ans.

Notes

[1] Merci à Olivier (from Fralamang) pour la traduction.




Comment je suis devenu un enseignant innovant

aKa - BSOD - CC-By

Suite à un coup de téléphone avec le responsable Microsoft des partenariats éducatifs en France, j’ai décidé d’adhérer à l’association Projetice m’assurant ainsi une promotion immédiate au rang d’enseignant innovant (et accessoirement une place pour le prochain voyage à Bangkok).

J’aurais a priori en charge l’aspect communication du dossier Déploiement de Windows Vista et MS Office 2007 à l’école, dossier rendu difficile par la pression constante (et, il faut bien le dire, souvent malintentionnée) exercée par les partisans du logiciel libre qui serait, dit-on, mais cela reste à prouver, une alternative crédible aux produits Microsoft que tant de professeurs, élèves et parents utilisent au quotidien.

L’école a à l’heure actuelle bien d’autres chats à fouetter et il serait inopportun de créer une perturbation en obligeant la communauté scolaire à changer ses habitudes numériques durement acquises au fil des années.




Mediapart et Rue89 ont-ils soutenu Drupal ?

Alex Barth - CC byCoup sur coup sont apparus sur le net francophone deux journaux d’information numérique : Rue89 et le tout récent Mediapart.

Le premier nous vient de journalistes de Libération et le second d’Edwy Plenel du Monde. Je les trouve tous deux intéressants et a priori plutôt bien pensés avec leur volonté affichée de faire participer le lecteur visiteur (pour ce qui concerne leur business model faudra voir dans la durée).

Je trouve également leurs sites plutôt bien conçus. La navigation apparait fonctionnelle, agréable et ergonomique. C’est normal me direz-vous puisque, c’est écrit tout en bas, les deux sites reposent sur l’excellent logiciel libre Drupal 😉

Justement, je me suis fait en passant la petite réflexion suivante. Ces deux projets, ambitieux et qui ont nécessairement disposé d’un budget conséquent pour leur création, ont-ils remercié Drupal en soutenant financièrement l’équipe du logiciel par un don à hauteur du service rendu et du budget à disposition ?

J’espère que oui parce qu’il est important pour tout l’écosystème du logiciel libre d’être soutenu également en espèces sonnantes et trébuchantes quand ceux qui les utilisent peuvent se le permettre[1].

Notes

[1] Crédit photo : Alex Barth (Creative Commons By)




Delgarma – Bad Days but good (and free) music

Lacrymosa - Laila - Art Libre

Sans vouloir entrer dans la polémique de la définition de la musique libre, force est de constater qu’ils sont finalement assez rares les musiciens qui proposent leurs oeuvres sous des licences offrant au mélomane les mêmes libertés que celles d’un utilisateur de logiciels libres[1].

Raison de plus pour donner un modeste petit coup de projecteur à Delgarma qui a placé sa musique sous licence Creative Commons By-Sa.

Avec mention spéciale à la ballade Bad Days qui m’accompagne le dimanche lorsque la pluie bat le carreau…

Cette vidéo a été enregistrée en juin 2006 à l’Open Source Café de Lyon (dont je n’arrive pas à retrouver le site web jusqu’à me demander si le café est toujours vivant !). Elle a été pêchée sur le site TheoraSea qui propose avec ITheora un lecteur multimédia bien plus libre que le lecteur Flash de ce blog[2].

Les illustrations nous viennent de Lacrymosa, et j’imagine qu’elles sont sous licence Art Libre vu l’implication du bonhomme en la matière.

Notes

[1] C’est-à-dire ici sans clause non commerciale ou non dérivable (même si on se retrouve souvent avec la question des sources disponibles pour pouvoir effectivement étudier la musique).

[2] Lecteur que je vais finir par adopter je pense une de ces quatre pour le Framablog.