Projetice ou le cas exemplaire d’un partenariat très privilégié entre Microsoft et une association d’enseignants

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Copie d'écran du site Projetice.fr

C’est entendu, ce n’est pas tant l’outil que l’usage que l’on en fait qui est important, et il se fait chaque jour des choses formidables en informatique scolaire indépendamment des caractéristiques de l’outil adopté. Mais tout de même, comment peut-on encore aujourd’hui, en 2008, se déclarer «  association d’enseignants cherchant à promouvoir les utilisations pédagogiques des technologies de l’information et de la communication  » (TICE) et ignorer superbement le logiciel libre  ?

Je n’ai pas de réponse à cette question mais j’ai une hypothèse  : avoir Microsoft comme partenaire. Et, comme vous allez vous en rendre compte ci-dessous, avec l’association Projetice ce partenariat est plus que privilégié.

Pour faire illico connaissance avec Projetice, rien de tel que ce petit reportage LCI. Et c’est bien parce que Projetice bénéficie de telles tribunes que j’ai décidé d’en faire mon billet blog du jour.

Entendons-nous bien. Je n’ai rien contre Microsoft en tant que tel. Je pense simplement que favoriser ses produits et sa culture marchande à l’école retarde d’autant l’adoption non seulement des logiciels libres mais aussi et surtout de cette salutaire culture non marchande des biens communs qui leur est associée. C’est mon parti-pris assumé et assené depuis des années avec Framasoft et que je puis caricaturer ainsi  : en matière de TICE, tout ce qui retarde, oublie ou disqualifie le logiciel libre à l’école n’est pas bon pour l’école.

Je n’ai strictement rien non plus contre l’existence d’une association d’enseignants qui s’appuieraient massivement sur des logiciels Microsoft pour développer l’usage des nouvelles technlogies en milieu éducatif. C’est une question de… liberté  ! Libre à eux de les mettre en avant et libre à moi (à nous  ?) d’essayer de démontrer qu’ils font fausse route en freinant par là-même ce qu’ils essayent pourtant de faire avancer. Mais encore faudrait-il que ce choix, car c’est bien d’un choix qu’il s’agit, soit clairement énoncé. Or ce n’est pas vraiment le cas ici.

Parce qu’en se promenant ne serait-ce que dix minutes sur leur site (et ses hyperliens), il est difficile de ne pas se poser quelques questions quant à la transparence, la légitimité, la crédibilité, l’influence et l’indépendance de cette association. Jusqu’à me poser le plus sérieusement du monde la question suivante. Est-ce l’association une fois créée qui a sollicité Microsoft ou bien est-ce Microsoft qui a suggéré à quelques enseignants volontaires de créer l’association  ?

Visite guidée du site de Projetice pour étayer mon propos. Je précise que cette visite a été effectuée le 10 février 2008 parce qu’il est possible, sait-on jamais, que cet article arrive un jour jusqu’à Projetice et il est alors probable et souhaitable qu’à la lumière (et la mise en lumière) de ce qui va suivre ils décident de faire quelques petites retouches au site. Ce qui explique la présence de nombreuses copies d’écran issues du site de l’association pour que l’article demeure compréhensible dans le temps.

Copie d'écran du site Projetice.fr

Avant même de nous pencher sur le détail on remarque globalement quelque chose devenue très rare pour des sites éducatifs  : l’absence du quatuor magique libre LAMP (Linux Apache MySQL PHP) pour le serveur web. C’est la technologie web de Microsoft qui est utilisée comme le révèle la terminaison en .aspx des pages du site. Il n’y a guère que le célèbre et incontournable Café Pédagogique qui ait décidé d’en faire autant. Il faut dire qu’il est lui-même en partenariat avec Microsoft.

Pour ce qui concerne l’accueil, on se retrouve en haut de page avec un sympathique message  : «  Bienvenue sur Projetice. Des enseignants se forment à l’usage des TIC. Devenez membre de Projetice et rejoignez une jeune association composée d’enseignants passionnés par leur métier, désireux de dialoguer, d’apprendre et de partager.  » Et puis à gauche  : «  Projetice est une association qui cherche à promouvoir les utilisations pédagogiques des TIC.  »

Si vous souhaitez aller plus loin il y a le livre blanc des objectifs de l’association. Ouvrez-le et on vous vous retrouverez avec de belles généralités sur les TICE à grands coups de «  ne pas séparer la dimension technique et la dimension pédagogique de l’usage éducatif des TIC  » ou encore «  s’appuyer sur la mutualisation des pratiques par les enseignants et des questions techniques et pédagogiques qu’elles soulèvent  ». Pour finir par une analyse de la situation qui ne fâche personne et qui justifie l’existence et l’action de l’association. Aucune marque n’est citée, le logiciel libre non plus (mais comme je l’ai dit en amont il ne le sera jamais).

Toujours est-il que le cadre est posé. Il se veut neutre, consensuel et rassurant. Ici nous sommes entre profs, je dirais même plus nous sommes entreprofs.fr

Copie d'écran du site Projetice.fr

À y regarder de plus près on notera tout de même sur la droite l’icône caractéristique des documents Word. Ceci fait craindre la subsitution des termes génériques (et préconisés par les administrations) traitement de texte, tableur ou encore logiciel de présentation par Word, Excel et Powerpoint. Ces craintes seront malheureusement confirmées par la suite.

Plus bas on trouve cet encart dont je vous laisse juge de l’opportunité directement en accueil du site  : «  Microsoft, qui propose d’équiper gratuitement, depuis un certain temps déjà, les étudiants de certains logiciels via le service de Téléchargement Gratuit Etudiants disponible sur le portail Etudiants, indique que ces licences peuvent être utilisées par les enseignants dans un cadre pédagogique et à but non lucratif.  »

Copie d'écran du site Projetice.fr

Mise à jour du 16 février  : Cet encart a aujourd’hui disparu de l’accueil du site.

Mais allons plus avant dans le site via son menu horizontal que l’on prendra dans l’ordre, de gauche à droite. Dans la rubrique Manifestations je constate que Projetice est bien présente et active sur le terrain.

Comment une association aussi jeune (née en 2006 me semble-t-il), aussi peu googlelisée, et dont je n’avais jamais entendu parler autrement que par des annonces du… Café Pédagogique, a-t-elle pu si rapidement se retrouver à Helsinki, à Dakar ou encore à Philadelphie  ? La réponse est à la portée d’un clic.

Voilà en tout cas un partenariat qui fait faire de beaux voyages et de belles rencontres. Au retour on ne peut qu’être comblé et le dire publiquement par exemple sur le site du Café Pédagique, ses 160.000 abonnés et ses 800.000 visiteurs par mois. Parmi les témoignages celui du membre de Projetice commence ainsi  : «  C’est dans une atmosphère très douce et remarquable pour la saison que s’est tenue la conférence mondiale des enseignants innovants organisée par Microsoft…  » (retenons l’expression enseignants innovants).

Mais on retrouve bien entendu également la jeune association chez nous en France, que ce soit dans le cadre prestigieux de l’Unesco ou dans le cadre affluent (et donc influent) du Salon de l’Education (Educatice). J’ai eu moi-même par le passé l’occasion de me pencher un peu sur le coût d’une location d’un stand à ce même salon pour finalement y renoncer car je puis vous dire que cela représente plusieurs milliers d’euros. Microsoft était en tout cas très fier de les annoncer dans son communiqué de presse relatant l’évènement (dont on ne s’étonnera pas soit dit en passant d’y retrouver également mention du Café Pédagogique).

Et puis il y a les interventions pour présenter l’association et éventuellement y engager des projets. Il est tout à fait normal que les portes des établissements s’ouvrent à «  une association composée d’enseignants passionnés par leur métier, désireux de dialoguer, d’apprendre et de partager.  ». Qui plus est lorsqu’elle propose du matériel haut de gamme en prêt gratuit comme nous le verrons plus bas. Ainsi les collègues du lycée professionnel Don Bosco (Lyon) semblaient très attentifs le 7 janvier dernier.

Copie d'écran du site Forum-rennes2008.fr

Quelle est la prochaine date sur l’agenda de l’association  ? Il s’agit du premier Forum des Enseignants Innovants (www.forum-rennes2008.fr) qui se déroulera en mars à Rennes. Outre Projetice, du beau monde côté associations d’enseignants  : Clionautes, Weblettres, Cyber-langues, Assetec, Afef, Apbg, Udppc, AFT-RN… et bien sûr le Café Pédagogique dont l’annonce donne vraiment envie d’y participer. Il y a un concours qui nécessite de s’inscire sur le site. Et puis en plus, comme il est dit dans la plaquette (Weblettres), le Forum recevra la visite de Xavier Darcos, notre Ministre en personne  !

Lors de ma première visite j’ai eu l’impression d’être sur un site de l’Institution. En effet il y a à droite la présence rassurante du logo caractéristique de Ministère et puis on est un peu dans le même habillage graphique que le site de la Maison Mère. Mais juste après des indices qui ne trompent pas  : les pages web au format .aspx, l’enfant qui écrit Imagine au tableau noir (souvenez-vous de la campagne publicitaire On imagine), et puis surtout notre expression rencontrée plus haut Enseignants Innovants ce qui en anglais donne Innovative Teachers. On trouve une carte du monde de ces Innovative Teachers. Regardez un peu ce que cela donne pour la France mais aussi graphiquement pour la Grèce, la Jordanie ou encore Hong-Kong…

Vous l’aurez deviné, Microsoft est partenaire de l’opération. Une présence discrète en bas de page d’accueil, bon dernier parmi tous les autres partenaires (dont cinq sont publics). Une discrétion qui contaste avec le fait que… Microsoft est propriétaire du nom de domaine du site  ! ! ! Il suffit en effet de faire une courte recherche depuis n’importe quel whois du net (par exemple ici) pour avoir les informations suivantes  :

Copie d'écran Who Is forum-rennes2008.fr

Le Café Pédagogique peut toujours mettre son copyright Tous droits réservés en bas de toutes les pages du site (et Projetice son email pour le contact), il n’empêche que le propriétaire légal du nom de domaine www.forum-rennes2008.fr c’est Microsoft et uniquement Microsoft. Sans vouloir refroidir l’ambiance voici donc une manifestation dont l’un des partenaires est propriétaire du nom de domaine qui héberge la manifestation  ! J’avoue avoir rarement vu ça. Et je ne suis pas certain que tous les participants, membres des associations ou inscrits au concours (qui doivent, j’imagine, mettre leurs documents sur le site), soient au courant de ce que j’appellerai une légère incongruité.

Je comprends mieux en tout cas l’absence de la plus libre de toutes les associations d’enseignants, l’association de professeurs de mathématiques Sésamath. Et pourtant, pour utiliser tous les jours la suite d’exercices libre Mathenpoche avec mes élèves, je puis témoigner que ce sont de formidables et authentiques innovative teachers. Vous en connaissez beaucoup vous des associations d’enseignants qui aient réussi à lancer avec succès une véritable petite bombe dans le milieu  : des manuels scolaires libres et collaboratifs  ?

Mais oublions ce Forum made in Microsoft et revenons à nos moutons en poursuivant la visite Projetice.

Pour ce qui concerne la rubriques Projets deux fiches pdf sont à disposition  : Besoin de matériels  ? et Accompagnement de projets. Sur la base d’un projet personnel TICE de l’enseignant on peut vous donc vous accompagner et vous prêter du matériel. Et pour le matériel on ne lésine pas  : «  chariot mobile (structure + 11 PC portables + dispositif wifi + vidéoprojecteur + appareil photo numérique + imprimante/scanner/copieur) – Tablet PC – Tableau Numérique Interactif – PDA  »… Rien que ça  ! Le tout en prêt… gratuit  ! C’est alléchant non  ? ! Allez hop je signe tout de suite  ! Je vois d’ici la mine réjouie de mon chef d’établissement annonçant fièrement aux parents d’élèves et à la collectivité que notre école est à la pointe des expérimentations TICE  ! Quelles en sont les conditions  ? «  Il est simplement demandé à l’un des membres (au moins) de l’équipe pédagogique concernée d’adhérer à l’association. Un compte-rendu des actions menées doit être communiqué à l’association à intervalles réguliers et en fin de prêt.  » Mais oui bien sûr, c’est la moindre des choses, où dois-je signer  ?

Petite parenthèse. Pour le matériel ne pas s’étonner si, autre partenaire, c’est du HP qui débarque, à en croire les termes de ce document .doc (qui très étrangement traîne sur internet, mais à mon avis plus pour très longtemps). Quant au système d’exploitation présent dans tous ces petits bijoux technologiques, mieux vaut ne même plus se poser la question.

Petite anecdote photographique. L’accueil Éducation de Microsoft  :

Copie d'écran du site Microsoft.fr

La rubrique Projets  : Tablet PC de Projetice  :

Copie d'écran du site Projetice.fr

Il y a également d’autres photographies issues du site de Microsoft dans le livre blanc de Projetice (ainsi la gentille dame de la couverture on la retrouve ici, peu de chance qu’il s’agisse donc d’une vraie enseignante Projetice). Elles sont toutes non créditées (ou alors je suis passé à côté). Mais on a bien le droit de puiser dans le stock iconographique du partenaire. Pour votre gouverne on en trouve de toutes aussi jolies (et moins "formatées") sur le site Flickr.com restreint aux licences de libre diffusion Creative Commons, par exemple avec le tag education.

Vient ensuite le volet Actions, peu fourni pour le moment. Une page est consacrée au B2i et l’aide que l’association peut vous y apporter. Il n’y a qu’un seul lien sur cette page  : un lien vers l’éditeur Nathan. Huit ans que le B2i existe mais aucune autre ressource n’est proposée (comme par exemple le logiciel libre GiBii que quasiment toutes les académies sont en train de déployer). Je suggère fortement à Projetice d’aller faire un tour chez leurs amis du Café Pédagogique pour pallier à cela.

Lorsque vous cliquez sur le site de Nathan vous arrivez sur un espace dédié pour «  tester et évaluer le niveau de vos élèves dans le cadre du Brevet informatique et internet  ». Ce genre de test en ligne n’est pas conforme à l’esprit du B2i qui doit être évalué dans les classes tout au long de l’année. Et ce genre d’annonce «  Attention le site B2i est consultable uniquement sur PC et utlisant le navigateur Explorer  » n’est pas conforme à l’esprit d’interopérabilité qui doit animer tout acteur des TICE.

Copie d'écran du site Nathan.fr

Du coup impossible de vous en dire plus avec mon navigateur libre Firefox sous système d’exploitation libre GNU/Linux Ubuntu. Sur la droite de l’accueil du site dédié de Nathan, on peut lire «  Réalisé avec l’aide du programme Partenaire pour l’éducation de Microsoft Education  ». Je commence à comprendre…

Continuons (courageuseument) notre petite investigation avec la rubrique Ressources. Dans la catégorie Fiches découvertes on vous propose de nombreux documents «  permettant de découvrir des outils, des matériels, des logiciels  ».

Microsoft Word, Microsoft Powerpoint, Microsoft Frontpage, Microsoft Encarta, Microsoft Windows Movie Maker, Microsoft Photorécit… Voilà un éditeur de logiciels propriétaires qui a la cote sur Projetice  ! En cherchant bien on trouve néanmoins la présence de deux logiciels libres mais jamais cités en tant que tels (Audacity et Camstudio). Gageons qu’ils doivent se sentir bien seuls  !

Exemple 1  :

Copie d'écran du site Projetice.fr

Exemple 2  :

Copie d'écran du site Projetice.fr

Créer un site avec Word  ! C’est le parent d’élèves Tristan Nitot qui va être content  ! Quant à Dreamweaver, il fait écho au tutoriel sur Flash MX. Ajoutez-y tous les logiciels cités plus haut et ça commence sérieusement à plomber le budget TICE d’un établissement scolaire (de quelles poches provient-il déjà ce budget  ?). Parce que, petit rappel, dans un établissement scolaire il faut payer autant de licences de logiciels propriétaires qu’il y a de postes (assorti d’une interdiction faite à l’élève d’installer ces logiciels chez lui). Il en va tout autrement avec les logiciels libres.

Dans la catégorie Téléchargement, cinq logiciels propriétaires (dont deux sharewares et deux Microsoft) et, vous en doutiez  ?, aucun logiciel libre. On y trouve ainsi l’anglophone Fun With Construction permettant de faire de la géométrie dynamique. Mais, feignons l’indignation, pourquoi diable ne pas citer Geogebra, Geonext ou, encore un projet Sésamath, Tracepoche  ?

Regardons désormais un peu la rubrique Formation et commençons par la rubrique Se former. Je passe outre les formats de fichiers, nous ne sommes plus à ça près. Par contre je ne risque pas de passer outre la ressource suivante  : «  Aspects juridiques  : droit et éducation – La lutte contre la copie illégale de logiciels  ». Allez-y, cliquez dessus, C’est du format .ppt (Powerpoint) mais nous on a la suite bureautique libre OpenOffice.org pour l’ouvrir et la lire correctement, suite bureautique libre dont la renommée et la pertinence scolaire doivent être confidentielles puisque jamais citée par Projetice.

Je vous laisse un petit temps pour lire le document (et éventuellement pour encaisser le coup) en exposant ci-dessous trois copies d’écran du diaporama.

Diapo n°18

Projetice - Logiciels - Extrait

Diapo n°13

Projetice - Logiciels - Extrait

Diapo n°23

Projetice - Logiciels - Extrait

«  Comment lutter contre ce problème  ? En établissant une stratégie d’acquisition de logiciels afin de fournir les outils nécessaires aux besoins fonctionnels des utilisateurs, notamment ceux qui utilisent des postes fixes…  » Mais d’où sort-il ce document  ? Du sein de Projetice, de Microsoft, de la BSA ou des trois réunis  ? Oh bien sûr, on y trouve aucune contre-vérité. Ils ont leurs experts. Tout est certainement juridiquement sans faille. Exemple (diapo n°10)  : «  Les logiciels sont ainsi considérés comme des œuvres de l’esprit  : ils sont protégés par les droits d’auteur, ce qui indique clairement qu’ils ne peuvent être ni copiés, ni utilisés en dehors des conditions autorisées par leur auteur. Par conséquent, un logiciel sans licence d’utilisation est une contrefaçon.  » Irréfutable en effet si l’on est en dehors des conditions autorisées et/ou sans licence. Le problème c’est qu’il donne la très désagréable impression que n’existent que les logiciels propriétaires (et leur réthorique de contrôle/coercition) dans le monde pourtant pluriel des logiciels.

Ce n’est pourtant pas compliqué de lutter contre ce problème sans la moindre stratégie d’acquisition parce que sans acquisition tout court (ce qui n’empêche pas le don et la facturation de services) en faisant fi de cette sombre histoire de postes fixes. Ce n’est d’ailleurs pas un problème mais c’est une solution. Et, désolé d’être un peu emphatique, cette solution porte un nom  : le logiciel libre.

Nous pouvons en témoigner, le logiciel libre recouvre aujourd’hui tout le spectre des besoins applicatifs d’une école, d’un collège ou d’un lycée (si vous n’en avez jamais entendu parler, vous pouvez sous Windows tester les plus populaires d’entre eux en les installant sans risques sur votre clé USB). Et ce spectre va jusqu’au système d’exploitation lui-même. GNU/Linux (pour exemple la distribution Ubuntu) ou Windows Vista  ? Telle est désormais la question et elle mérite sérieuse évaluation.

Je reconnais cependant que si vous envisagez de n’utiliser que des Tablet PC, Tableaux Numériques Interactifs et autres PDA, alors le logiciel libre et GNU/Linux ont un temps de retard (ce n’est d’ailleurs pas tant leur faute que celle des constructeurs). Mais, franchement, est-ce la priorité numérique de l’école que d’utiliser de tels outils aussi puissants soient-ils  ?

Bon. Sachant cela, voici ce que pourrait donner la diapo n°13 dans un autre monde possible des logiciels. Quelques pratiques courantes dans les établissements scolaires utilisant des logiciels libres. Le logiciel libre se télécharge tout ce qu’il y a de plus légalement sur internet. On peut l’installer partout (sur les postes de l’école, sur les ordinateurs personnels des enseignants, des élèves…). Il peut-être copié autant de fois qu’on le souhaite. La diffusion d’un logiciel libre est non seulement autorisé mais même encouragé. Et on peut même le modifier pour l’adapter à ses besoins.

C’est tentant non  ? Tellement tentant que j’ai envie d’adhérer de ce pas à l’APRIL pour soutenir le mouvement dans son ensemble et le suivre au quotidien sur LinuxFr.org  !

Au lieu de cela Projetice nous propose d’aplomb ce document. Imaginez une seconde l’effet qu’il peut produire sur un enfant dans l’hypothèse où un professeur zélé membre de l’association aura eu la bonne idée de le projeter en classe  !

Ce qu’un costard-cravate de Microsoft ne peut pas faire justement, vous me suivez  ?

J’encours peut-être un risque à écrire ce qui va suivre mais tant pis. Dans un contexte éducatif proposer ce document en réussissant l’exploit de ne pas évoquer ne serait-ce qu’une seule fois les logiciels libres ce n’est plus une omission c’est de la propagande  !

Mais calmons-nous et finissons tant bien que mal la visite. Dans la catégorie Vidéos Projets, un document a également retenu mon attention.

Copie d'écran du site Projetice.fr

Il a fallu que je retourne sous Windows (XP) pour lire la vidéo parce que mon GNU/Linux Ubuntu apprécie peu le format multimédia non libre de Microsoft, le format .wmv. Je vous invite à la regarder à votre tour parce que c’est très intéressant. Publicité Microsoft ou documentaire de pratiques pédagogiques  ? À vous de juger. En tout cas tous les logiciels de la suite bureautique propriétaire MS Office de Microsoft sont bien cités. Je ne nie pas le fait que par rapport au référentiel du BTS en question cette suite soit peut-être le meilleur choix mais je me demande tout de même pourquoi le CRDP Orléans-Tours a éprouvé le besoin d’apposer le sceau de l’Institution à ce publi-reportage.

Dans la catégorie Tutoriels vidéos 26 ressources au format .wmv (à ce propos jetez un coup d’oeil à l’URL de la page avec ses "training et ses "webcasts", tout le reste du site est à l’avenant). 15 ressources concernent Excel et 5 Word. Et par n’importe quelle version de ces deux logiciels, la toute dernière, la 2007. N’oubliez pas de vous mettre à jour et donc de repasser à la caisse  !

Copie d'écran du site Projetice.fr

Sinon il y a également une page Questions fréquentes  : Comment devenir membre de Projetice  ? Pourquoi devenir membre de Projetice  ? etc. Et puis plus bas… cette question  : «  Mon ordinateur est un peu ancien et je ne dispose pas des dernières versions des logiciels que j’utilise. Cela pose-t-il problème pour tirer profit du site Projetice  ?  »

Réponse Projetice  : «  Le site Projetice ne nécessite pas de disposer des configurations et logiciels les plus récents. Le programme est compatible avec Microsoft Windows® 98, Windows Millennium ou Windows XP, et avec Microsoft Office 97 ou version ultérieure. Une connexion Internet haut débit facilite le téléchargement des ressources.  »

Copie d'écran du site Projetice.fr

Je reconnais avoir été d’emblée un peu choqué par la réponse fournie. Mais à la réflexion, c’est du bon sens. Mieux vaut en effet posséder Windows XXX et MS Office pour tirer pleinement parti des ressources du site  !

Mise à jour du 16 février  : Projetice a depuis ainsi modifié sa réponse  : «  Le site Projetice ne nécessite pas de disposer des configurations et logiciels les plus récents. Une connexion Internet haut débit facilite le téléchargement des ressources.  » Plus aucune mention de Microsoft et de son système d’exploitation Windows.

Pour comparer  : La page Questions fréquentes photographiée par Internet Archive le 29 décembre 2006.

Toujours est-il que je la trouve un peu légère cette Foire Aux Questions. On pourrait y ajouter d’autres questions. Non pas  : Faut-il être un partisan de l’informatique propriétaire en général et de Microsoft en particulier pour adhérer à l’association  ? Ce ne serait pas sérieux. Mais par exemple  : Mon établissement scolaire envisage de renouveler une partie de son parc informatique. Il hésite à passer à Windows Vista qui serait dit-on très gourmand en ressources et nécessiterait par conséquent l’achat d’un matériel fort coûteux. Qu’en pensez-vous  ? Ou encore, corollaire de la question précédente  : J’ai entendu parler de nouveaux ordinateurs nomades vraiment pas chers qui reposent sur GNU/Linux et des logiciels libres comme l’Eee PC ou l’ OLPC. Me conseillez-vous de les acheter pour mon école  ?

Mais j’ai gardé le meilleur, si j’ose dire, pour la fin  : le pied de page du site.

Dans l’onglet La presse en parle des articles du Dauphiné Libéré, de La Provence et même du Monde de l’Éducation. Ils pourront désormais y ajouter le Framablog.

Et puis arrivent les deux pages Confidentialité et Conditions. Vous savez, les trucs qu’on ne lit jamais (sauf peut-être justement ceux qui sont familiarisés avec le logiciel libre sachant qu’un tel logiciel n’existe que parce qu’une licence libre l’accompagne).

Mise à jour du 16 février  : Deux ans que le site existe. Deux ans que ces Confidentialité et Conditions étaient en ligne. Et il aura fallu qu’un simple internaute ait la curiosité de voir un peu dans le détail de quoi il en retourne pour qu’elles disparaissent illico. Le lien Confidentialités pointe désormais sur un très court message  : «  Le site public de Projetice ne contient aucune donnée à caractère personnel. Le site privé est hébergé par Itop qui assure lui-même la confidentialité des données personnelles dans le cadre de son Environnement Numérique de Travail NetLycée sur lequel est hébergé le site www.projeticiens.org  ». Quant au lien Conditions son contenu a disparu. Bien entendu je m’en réjouis. Mais je ne puis m’empêcher de penser à tous les professeurs qui dans l’intervalle ont adhéré à Projetice et placé des documents sur le site sans avoir lu les termes de ce contrat.

Pour comparer  : Les pages Confidentialité et Conditions photographiées par Internet Archive le 29 décembre 2006.

Copie d'écran du site Projetice.fr

La page Confidentialité expose les conditions de collecte de vos données personnelles.

Extrait 1  : «  Le Site peut également collecter des informations anonymes sur votre visite, dont le nom de votre fournisseur d’accès Internet et l’adresse IP utilisés pour accéder à Internet, la date et l’heure d’accès au site, les pages auxquelles vous accédez sur le Site et l’adresse Internet du site Web à partir duquel vous êtes arrivé sur notre site. Ces informations sont destinées à l’analyse des tendances et à l’administration et l’amélioration du Site.  »

Soit.

Extrait 2  : «  Les informations personnelles collectées sur le Site peuvent être stockées et utilisées aux États-Unis ou dans tout autre pays où Projetice, ses filiales, ses partenaires ou ses agents sont présents. En utilisant le Site, vous consentez à de tels transferts de vos informations personnelles en dehors de votre pays. Projetice respecte et se conforme au cadre du Safe Harbor comme mis en avant par le Département du Commerce des États-Unis en ce qui concerne la collecte, l’utilisation et la rétention de données en provenance de l’Union Européenne.  »

Yes Sir, I Will  ! (but what is a Projetice agent exactly  ?)

Extrait 3  : «  Projetice utilise parfois d’autres entreprises pour fournir certains services de sa part. Il peut s’agir par exemple de l’hébergement de sites Web, de l’empaquetage, de l’expédition et de la livraison de prix, de réponses à des questions posées par un client sur les produits et services. Nous ne transmettrons à ces entreprises que les informations personnelles nécessaires à leur service. En acceptant les conditions d’utilisation du site Projetice.fr et la présente déclaration de confidentialité vous consentez à ce que vos données fassent l’objet d’un tel transfert aux dites entreprises. Ces entreprises sont tenues de respecter la confidentialité de ces informations et ne peuvent en aucun cas les utiliser dans un autre but, notamment à des fins de prospection commerciale.  »

Pourquoi donc me parler à moi, enseignant membre d’une association d’enseignants  : d‘autres entreprises, de prix et de transfert de mes données à ces entreprises  ?

Surtout que, extrait 4  : «  Il arrive que cette déclaration de confidentialité soit mise à jour. Dans ce cas, nous corrigeons la date de «  dernière mise à jour  » en haut de la déclaration de confidentialité. En cas de modifications substantielles de cette déclaration, nous vous le signalerons en plaçant une notice visible sur la page d’accueil du site Web ou en vous envoyant directement une notification. Nous vous encourageons à consulter régulièrement cette déclaration de confidentialité afin de rester informé de comment nous vous aidons à protéger les informations personnelles que nous collectons. L’utilisation continue de ce service constitue votre accord quant à cette déclaration de confidentialité et à ses mises à jour.  »

Elle est potentiellement bien volatile c’est déclaration de confidentialité  !

Penchons-nous pour finir (en beauté) sur les Conditions d’utilisation du site.

Extrait 1 (dit Les Services)  : «  A travers son réseau Internet, Projetice vous fournit l’accès à une grande variété de ressources, y compris des outils de développement, des espaces de téléchargement, des forums de discussion et l’information sur les produits (appelés "Services "). Les Services, y compris toutes les mises à jour, les perfectionnements, les nouveaux dispositifs, et/ou l’ajout de n’importe quelles nouvelles propriétés, sont soumis aux conditions d’utilisation. (…) Sauf spécification contraire, les Services sont destinés à un usage personnel et non-commercial. Sont interdits  : toute modification, création de travaux dérivés, utilisation sur un autre site, reproduction, publication, diffusion, commercialisation des informations, logiciels produits ou services obtenus sur ce site.  »

Euh… Sommes-nous vraiment sur un site d’enseignants censé «  s’appuyer sur la mutualisation des pratiques par les enseignants et des questions techniques et pédagogiques qu’elles soulèvent  ». À moins que l’intégralité du site soit sous spécification contraire, j’y vois une certaine incohérence avec la dernière des Questions Fréquentes  : Est-il possible de partager les ressources téléchargées sur le site Projetice avec d’autres collègues  ? Réponse (sibylline) de Projetice  : Vous pouvez profiter de toutes ces ressources de notre site avec vos collègues.

Mise à jour du 16 février  : La réponse (sibylline) de Projetice a été modifiée depuis ainsi  : «  Les ressources proposées sur le site sont libres et disponibles sans aucune restriction.  ». Toutes les restictions mentionnées plus haut se sont donc envolées  ! Il n’est pas encore précisé sous quelle licence ces ressources sont libres. J’imagine que cela ne saurait tarder.

Extrait 2 (dit Les logiciels)  : «  Tout logiciel disponible pour téléchargement à partir de ce Site (le «  Logiciel  ») est protégé par les droits d’auteur de Projetice et/ou de ses fournisseurs. L’utilisation du Logiciel est régie par les termes du contrat de licence utilisateur final, s’il existe, qui est inclus dans le Logiciel ou qui l’accompagne (le «  Contrat de licence  »). L’utilisateur final doit accepter les termes du Contrat de licence pour pouvoir installer le Logiciel…  »

STOOOP  ! Pas la peine de poursuivre. Je vous livre le secret.

Vous prenez la page Mentions Légales du site de Microsoft et dans le corps du texte, à chaque fois que vous voyez le mot Microsoft vous le remplacez par Projetice. Simple non  ? ! Un trivial rechercher/remplacer  ! (pour la confidentialité c’est moins grossier mais cela se passe sur cette page)

Du coup ça donne des petites choses assez cocasses  :

Copie d'écran du site Projetice.fr

Et  :

Copie d'écran du site Projetice.fr

«  Le fabricant est Projetice Corporation, One Projetice Way, Redmond, WA 98052-6399.  » Et voilà notre association d’enseignants français qui se transforme en un fabricant d’une corporation domiciliée à Redmond USA, c’est-à-dire exactement à la même adresse postale que Microsoft  ! ! !

Il est grand temps de conclure je crois.

Une dernière chose.

Vous vous souvenez  ? L’enseignant alléché par le prêt gratuit de somptueux matériels dernier cri. On ne lui demandait rien d’autre qu’une adhésion et des compte-rendus à intervalles réguliers. Bon ben nous y sommes avec le paragraphe Documents fournis à Projetice ou postés sur le Site.

Copie d'écran du site Projetice.fr

Extrait 3 (dit Mes documents)  : «  Projetice ne réclame pas la propriété des documents que vous lui fournissez (y compris les suggestions et commentaires), que vous envoyez, téléchargez ou enregistrez sur n’importe quel Service et services associés pour la visualisation par le grand public, ou par les membres de toute communauté privée ou publique. Cependant, en postant, en téléchargeant, en entrant, en fournissant ou en soumettant ("postant") votre contribution, vous accordez à Projetice, à ses sociétés apparentées et associées la permission d’employer votre contribution en liaison avec ses activités Internet (comprenant, sans limitation, tous les services de Projetice), y compris, sans limitation, les droits de  : copier, distribuer, transmettre, montrer publiquement, exécuter publiquement, reproduire, éditer, traduire et restructurer votre contribution  ; pour publier votre nom en liaison avec votre contribution  ; et le droit de céder de tels droits à tout fournisseur des services et ce pour la durée de validité des droits d’auteur et pour le monde entier. Aucune compensation ne sera payée en ce qui concerne l’utilisation de votre contribution, de la manière prévue ci-dessus. Projetice n’a aucune obligation de poster ou d’employer n’importe quelle contribution que vous pouvez fournir et peut enlever n’importe quelle contribution à tout moment, à sa seule discrétion.  »

Voici donc très exactement ce que Projetice peut faire avec votre compte-rendu ou tout autre document que vous aurez placé sur son site. Et elle peut en faire des choses  ! Éditer, traduire et restructurer sans limitation votre contribution pour le monde entier, vous appelez cela comment vous  ? Vous d’ailleurs qui n’êtes pas tout à fait à la même enseigne (rappel de l’extrait 1 ci-dessus)  : Sauf spécification contraire, les Services sont destinés à un usage personnel et non-commercial. Sont interdits  : toute modification, création de travaux dérivés, utilisation sur un autre site, reproduction, publication, diffusion, commercialisation des informations, logiciels produits ou services obtenus sur ce site. En plus il n’y a pas que Projetice qui peut faire des choses avec votre contribution, il y a toutes les sociétés apparentées et associées (et jamais nommées).

Admettons, ça n’est qu’un cas d’école, que Microsoft fasse partie de ces sociétés apparentées ou associées. Alors elle peut en toute légalité restructurer votre contribution (par exemple avec un joli et fort visible logo). Puis la présenter sous votre nom dans le monde entier pour montrer comment les enseignants français font tout plein de belles choses avec les TICE et… avec Microsoft  ! Bien entendu rien ne dit qu’elle le fera. Et si tel était le cas il est fort possible que cela vous convienne. Il est fort possible que vous en soyez même flatté. Mais dans le cas contraire cette petite explicitation n’était peut-être pas inutile.

Toujours est-il que baignant dans la culture libre depuis des années, ce n’est pas le genre de contrat que je suis habitué à rencontrer. Jamais je n’aurais pu imaginer un site d’enseignants proposer de telles conditions aux collègues. Surtout, je me répète une dernière fois, quand on en appelle dans son livre blanc à la mise en commun et la mutualisation des ressources. À comparer avec les licences de documents les plus adaptées à l’école à l’heure actuelle, les licences Creative Commons.

Ouf  ! Voilà. Fin de la visite. Désolé d’avoir été aussi long mais je dois dire qu’au cours de ma petite enquête j’ai été de découverte en découverte. La dernière étant l’étrange impression que personne ne semble voir là un problème ou tout du moins l’écrire publiquement. Sauf à penser que je suis le seul à y voir un problème…

Il n’en demeure pas moins que, comme cela a été dit en préambule, j’ai eu beau chercher, pas une mention du logiciel libre (ni a fortiori de GNU/Linux) sur le site. Un assourdissant silence mais un silence me semble-t-il compréhensible à la lumière de cet exposé.

Un exposé qui malgré tout ne doit pas nous exonérer de la question de l’espace libre (sic  !) occupé actuellement par Projetice et affiliés (je pense en particulier aux interventions dans les classes qui répondent à un réel besoin et à une réelle demande). Un exposé non exempt de commentaires péremptoires et sarcastiques (à la limite de l’arrogance parfois) qui ne s’imposaient peut-être pas. Un exposé, j’en conviens fort bien, sélectif et orienté. Mais un exposé néanmoins factuel puisque je me suis borné aux informations que j’ai pu lire sur le web tout comme pourrait le faire n’importe quel internaute.

Un exposé enfin que j’ai souhaité, j’ose le mot, pédagogique et que j’ai tenté dans la mesure de mon possible de rendre accessible (d’où la présence de nombreux liens connexes). Car, pourquoi le nier, j’espère dépasser ici la sphère des initiés et toucher un maximum d’enseignants, parents d’élèves et plus généralement tous ceux qui se sentent concernés par les questions éducatives dans la société de l’information.

Ce ne sera pas facile parce nous ne disposons clairement pas des mêmes moyens (marketing, etc.) et des mêmes leviers (lobbying, etc.) que Projetice et son partenaire. Un partenaire dont je signale ou rappelle au passage qu’il est également engagé globalement depuis des années avec l’Éducation Nationale via des accords de coopération qui ne nous facilitent pas la tâche. Du coup je peux aussi objectivement mettre une croix sur l’espoir d’un quelconque relai institutionnel (et je ne vous parle même pas du Café Pédagogique dont ce billet signe certainement l’arrêt de mort des annonces du réseau Framasoft sur son site).

Je compte donc sur internet, c’est-à-dire sur vous si vous le jugez opportun, pour réussir malgré tout à diffuser le présent article et atteindre le plus large public possible. Un peu pour mettre en garde les collègues enseignants des choix implicites de l’association Projetice. Beaucoup pour évoquer une discrète mais habile stratégie d’entrisme de Microsoft à l’école française. Passionnément parce que je crois à l’alternative du logiciel libre non seulement pour l’école mais pour l’ensemble de la société.

Running with the seagulls - Eschipul - CC BySa

PS  : Il va sans dire que les colonnes de ce blog sont ouvertes à un droit de réponse qu’il provienne de Projetice, de Microsoft France Éducation, des deux ensemble ou des deux réunis.

L’illustration finale est une photographie de Eschipul intitulée Running with the seagulls disponible sur le site Flickr.com sous licence Creative Commons By-Sa.

63 Responses

  1. Sylvain

    MS a donc très bien compris comment maintenir sa position: en attaquant à la source.

    Tant que informatique=PC+Windows dans la tête de M. tout le monde, le logiciel libre aura du mal a se faire une place au soleil. Il est important de lutter contre ce genre de pratiques car le seul avenir viable reste la diversité.

    Voilà un bilan bien triste sur une initiative qui aurait pu paraître sympathique.

    Tout "partenariat" avec un acteur majeur, que ce soit Apple ou MS, a tendance à dériver sur une exploitation commerciale.

    Éduquons nos enfants pour mettre à terre cette propagande malsaine.

  2. Woshee

    Merci infiniment pour ce billet de très grande qualité, je le garderai dans mes signets longtemps je crois 🙂
    Pour info, avez vous clairement fournit un lien vers ce billet à un responsable de projetice?

  3. Valinor

    Post de tres grande qualite. Long, mais super interressant. Comme quoi Sony n’est pas le seul a creer des sites miroirs pour faire de la publicite…

    Valinor

  4. lebendre

    Bravo pour le courage de démonter ainsi le site pièce par pièce!!! Très très bon billet à garder dans un coin (mais à ne pas lire trop souvent, ça fait trop peur…) et à transmettre à tous ses collègues profs (et plus si affinités). Je m’y mets instantanément!

  5. dub

    très intéressant.
    Je n’ai pas manqué de donner à cette association mon avis sur leur parti pris réducteur et intéressé.

  6. Benjamin Clerc

    Nous avons été invités en octobre 2007 au siège de Microsoft France pour nous voir proposer une association à l’organisation du Forum des Enseignants Innovants. Nous avons décliné poliment l’invitation. Cela nous semblait bien loin de la philosophie générale de l’association : "L’association Sésamath a pour vocation essentielle de mettre à disposition de tous des ressources pédagogiques et des outils professionnels utilisés pour l’enseignement des Mathématiques via Internet.
    Inscrite délibérément dans une démarche de service public, l’association est attachée aux valeurs de la gratuité d’utilisation des ressources et du logiciel libre :
    * elle favorise donc, dans la mesure du possible, des licences libres pour les documents et logiciels mis en ligne ainsi que des formats ouverts ;
    * elle recommande à ses membres et contributeurs leur utilisation pour la communication, la production de documents et de ressources pédagogiques."
    http://www.sesamath.net/association

    Benjamin Clerc, Président de Sésamath

  7. André Cotte

    Bravo! Trois fois bravo! Du beau journalisme d’enquête.

    J’ai déjà commencé à le faire circuler et crois-moi, je vais continuer. Ces pratiques ne sont pas connues des enseignants et de certains de leurs administrateurs. Merci d’avoir pris le temps de tout décortiquer pour nous.

  8. fred

    A noter tout de même que certains fabriquants de Pcs (Dell pour ne pas le nommer) fournissent à la demande de certaines académies des postes informatiques en base Windows mais surtout toute une suite très très complète de logiciels libres (openoffice, gimp, pdf creator, italc je crois aussi, etc…)préinstallés sur les machines. Je vais utiliser ça bientôt…

  9. JN

    Excellent travail factuel, didactique et critique.
    Je compte faire passer votre document où il faut pour illustrer la différence qu’il existe entre standard intéropérable et univers standardisé Microsoft…
    Merci pour cette contribution.
    JN

  10. edulibre

    Ce billet éclaire effectivement les liens avec Microsoft de certains sites de "partage" autour des TICE, mais ce "partenariat" est affiché (d’ailleurs, le lien vers le site du forum de Rennes donné sur le café pédagogique pointait pendant plusieurs jours sur microsoft.fr).

    Pour les enseignants qui préfèrent des licences libres, d’autres projets comme http://www.edulibre.org se lancent…

  11. Manchot

    Bravo pour ce travail d’investigation et cette mise en lumière de connivences pour le moins troublantes.

    En cherchant un peu sur leur site, on arrive tout de même à trouver les mot « logiciel libre » à deux reprises, et les mots « logiciels libres » à une reprise (dans le document http://www.projetice.fr/downloads/f…).

    En tout cas, pour travailler dans l’informatique depuis de nombreuses années, je reconnais bien là l’une des nombreuses pratiques couramment utilisées par Microsoft pour asseoir son monopole. Si cela m’écœure toujours autant, cela ne me surprend aujourd’hui plus guère, je m’étonne seulement que nos hautes institutions n’aient toujours pas mis un terme à ces agissements.

  12. Farvardin

    C’est assez terrifiant de voir comment certains semblent choisir de laisser leurs données et leurs ordinateurs les asservir, parce qu’au delà des "voyages" et des flatteries dans le sens du poil, les enseignants qui entrent là dedans doivent quand même se rendre compte un minimum que quelque chose leur échappe…

    Vous savez quoi ? Tout cela me fait penser à la fable de la Fontaine "Le loup et le chien" :
    http://www.jdlf.com/lesfables/livre

    Félicitation pour votre billet et les recherches associées.

  13. eriquesse

    Bravo pour cet excellent travail.

    Gardons nos esprits ouverts … et bien le ton de l’article soit "un peu" orienté, il n’en est pas moins très instructif.

    Néanmoins un remarque:
    Le militantisme "libre" se doit, selon mon expérience, d’être très humain et subtil car les résistances sont d’autant plus fortes que les utilisateurs sont immergés dans leur habitudes/certitudes.

    Un excellent document comme celui ci nous (les fervents) aide à trouver des arguments pour faire "migrer" la masse des utilisateurs non-conscients de leur féodalité à des grandes marques de logiciels informatiques.

  14. Jiêmbé

    Bravo pour ce boulot remarquable.
    Étant un enseignant particulièrement sensible à la promotion de LL dans l’éducation je suis une nouvelle fois révolté par les méthodes Microsoft.
    Pour prolonger l’enquête de aKa je me demande si c’est un hasard que l’association éducation & territoires (education-territoires.com) partage la même adresse postale que projectice
    au 47, rue Meslay Paris 3ème

    A la lecture des références de education-territoires.com rubrique institution on, lit:
    Association Projetice (formation des enseignants à l’usage des TIC) – 2006/2007
    Constitution et lancement de l’association, organisation d’activités de promotion.

    En lisant ce billet on peut conclure que projectice=Microsoft, on peut aussi donc on déduire que projetice=education&territoire=Microsoft.
    Ça m’inquiète particulièrement au vu de toutes les actions menées par cet organisme.

  15. Thierry Pouzaud

    Effectivement… intéressant… quoique polémique par certains aspects et avec qq inexactitudes de mon point de vue (on peut lire du WMV sur Ubuntu avec VLC par exemple…) Attention donc à la rigueur des propos qui ne manqueront pas de d’ouvrir des failles pour que les militants du "monde libéral" ne s’y engouffrent.
    Bien dissocier les aspects politiques des aspects purement pratiques et comparatifs est de mon point de vue fondamental.
    Car l’opposition "logiciel libre-les autres" (Microsoft, mais n’oublions pas les autres : Apple et les éditeurs tiers) est avant tout une question d’opposition entre deux modèles, deux choix de sociétés.
    Les fonctionnalités de certaines solutions sont souvent comparables et qq fois opposables. La mise en oeuvre et le maintien de certaines aussi.
    Les débats doivent être liés mais distincts (?) Les "mousquetaires" du libre doivent aussi faire attention de ne pas se transformer en ayatollah, vivant dans un monde technico_politique fermé (ce qui est paradoxale) qui fait la part belle à l’obscurité des logiciels propriétaires !
    Heureusement ce n’est pas le cas de cet échange…

    En fonction des besoins (réels, pas ceux "vendus" avec les outils), des strucrures, de leur taille, de la gestion des moyens financiers (et là l’EN est un cas d’école) ce choix de société se transforme souvent en dilemne.
    Là où il ne fait aucun doute que les logiciels "locaux" (bureautique, image, etc…) gérables par la personne lambda et/ou une "ressource locale" sur leurs postes ou réseaux LAN, sont comparables avec les "concurents", imaginables, envisageables, à court terme (d’un point de vue avant tout financier)…des "logiciels" de service en ligne et plateforme en langage de programmation (PHP MySql, Python, ZOPE, etc…) nécessitent des moyens (compétences) humains "immédiats" pour leur mise en oeuvre, de l’accompagnement et des formations. Et donc un peu de recul.

    Exemples :
    – Installer un serveur IIS, ou avec la panoplie de services associés, est à la portée de (presque tout le monde), de même avec LAMP lors de l’installation d’un LINUX en graphique (ce que ne recommandent pas les administeurs qui préconisent par exemple une DEBIAN en gestion ligne de commande) ;
    – Administrer des services en lignes, avec WebMin n’est pas (ou presque…) plus compliqué que sur Windows-IIS ;
    – Installer à la demande un Gestionnaire de contenus (SPIP, DRUPAL, TYPO 3, Etc…) est une autre paire de manches…
    – là où la maintenance d’un côté nécessite l’acceptation d’une mise à jour d’un clic, et le paiement de passage en version supérieures une fois tous les 3 ans,
    …de l’autre côté les mises à jour du systême, de LAMP + la mise à jour d’un SPIP, DRUPAL,etc.. restent lourdes… (Apple a fait avec Leopard, une partie du chemin dans le bon sens (sanc compter les spécificités..), mais il reste un éditeur à solutions propriétaires ) et nécessitent une compétence, dont les coûts sont associés à un emploi et/ou une société de services. C’est là que le bas (ou le bât) blesse…

    Dans une administration, où comme ailleurs aujourd’hui, les économies doivent être réalisées à court terme (indicateurs LOLF* à 2 ou 3 ans à l’appui, sans vision à long terme), où le décalage entre les promesses politiques de déploiement des TICE et les réalités des moyens du terrain se creuse, la rentabilité immédiate s’impose aux gestionnaires.
    Le modèle de mise en place de services, là où ils ne posent question pour le chauffage et l’électricité, reste à la marge pour l’informatique pédagogique (pour le côté admin, le rectorat s’en occupe, je ne parle même pas des écoles…)

    C’est ici que ce situe le choix de société en faveur du libre où pas ! Dans la mesure ou ce dernier (le choix) n’est pas effectué en haut lieu (malgré les efforts de qq uns), que des lobbies (Microsoft, Apple, Editeurs tiers affiliés aux uns aux autres…) se positionnent avec des moyens par des accords cadres nationaux, que peux faire le décideur dans un établissement avec ses moyens, connaissances, recul, souvent limités ?
    Il opte souvent pour le plus facile…

    *http://www.finances.gouv.fr/lolf/4c

  16. David

    Bonjour,
    Excellent article en effet … A noter que Framasoft est parfois cité en référence dans les documents présents sur projetice.fr, par exemple dans ce document
    http://www.projetice.fr/downloads/f… où il y a des renvois vers des fiches de présentation logiciel libre du site Framasoft.

  17. N

    Ils ont déjà fait des modifs on dirait concernant les conditions d’utilisation.
    On apprend que le site est hébergé par ITOP qui est une société qui produit un ENT 100% microsoft. Cela fait peut être plus discret…

  18. Charlie

    Très remarquable enquête. Cela étant dit, le postulat de départ sur l’"outill" et l’"usage" ne peut que cautionner une logique propriétaire.
    1. Le mot "outil" lorsqu’on parle d’informatique et/ou de pédagogie est obligatoirement du sens figuré. Le raisonnement par analogie est inducteur d’erreurs logiques.
    2. Substantialiser les usages est réducteur.

  19. JiêMbé

    Je reviens sur mon commentaire 17
    sur le site education-territoires.com à la page
    http://www.education-territoires.fr

    rubrique Entreprises

    Il est clairement indiqué que protice à été réalisé par éducation & territoires à la demande de Microsoft pour faire la promotion de leur produits.

  20. Pascal Jablonka

    L’ensemble de ces informations était déjà connu depuis longtemps. Néanmoins, l’étude, sérieuse et documentée en fait un point d’information incontournable, merci.
    ConnecTICE ( http://www.connectice.org ) est une association d’enseignants qui existe depuis bientôt 4 ans. Ses membres pratiquent MacOs, Windows ou Linux. Les logiciels que nous proposons en téléchargement sont multi-plateforme. Nous refusons la pensée unique.
    Nous relaierons cette information.

    Pascal Jablonka

  21. JC

    copié/collé de linuxfr, cette intéressante info :
    Posté par JM Baty () le 15/02/2008 à 11:01

    A la fin du livre blanc de projetice.com on voit que l’asso est domiciliée au 47, rue Meslay à Paris 3ème.
    Or à cette même adresse on trouve la société éducation et territoire. Cette société a pour raison sociale le conseil en éducation auprès des collectivités territoriales. La proportion de leur activités concernant les technologies de l’information semble important.
    La même domiciliation pourrait être l’effet du hasard, mais en parcourant sur leur site leurs référence on lit à la rubrique institution

    Association Projetice (formation des enseignants à l’usage des TIC) – 2006/2007
    Constitution et lancement de l’association, organisation d’activités de promotion.

    C’est donc éducation et territoire qui à créé projetice mais à demande de qui ??

    Allons voir un peu plus loin à la rubrique entreprise :

    Microsoft – 2007
    Constitution et lancement de l’association Projetice, organisation d’activités de promotion

    A tient comme cela le mystère est levé, la cible du site projetice aussi …

  22. Elrik

    Je n’ai, évidemment pas, la réponse à bon nombre de questions, juste une :

    Les crdp sont tenus à un CA (chiffres d’affaires) annuel, pas étonnant qu’un crdp (peu importe lequel) appose sa signature à ce genre de projet…

    Merci pour cet éclairage, aKa (tu aurais dû être journaliste, finalement, mais le freelance paie-t-il hors "people" ?), J’espère juste que certaines associations présentes à Rennes proposeront des projets et des enseignants innovant et libres !!! J’en connais une au moins, pour laquelle on peut espérer !.. à suivre… DD ?

    Eric Portal

  23. KMk

    L’article et les commentaires sont très instructifs.

    J’oscille entre optimisme et pessimisme : pessimiste, je le suis quand je vois de quelle méthode se sert MS pour imposer son modèle et ses "outils" (créer des besoins superfétatoires, pouvoirs financiers, influence), par quels moyens les utilisateurs comme les décideurs se laissent séduire par des arguments dont il est facile de découvrir le côté fallacieux. Optimiste, je le reste, quand je constate que l’esprit critique est affûté et que tout un chacun peut en faire preuve. Ce qu’il manque bien souvent, c’est une meilleure connaissance des technologies informatiques, à tous les niveaux ; c’est aussi peut-être que l’esprit critique s’associe aux décisions. Il reste à espérer qu’avec une meilleure culture informatique, la possibilité de faire un choix ainsi redécouverte, des exemples de migration vers linux, on voie se développer des orientations réfléchies, indépendantes d’un monopole.

  24. Jean38

    Bravo mille fois bravo ! C’est passionnant à lire et ce serait drôle si ça ne faisait pas aussi peur !

    C’est malheureusement moins révélateur de la politique de Microsoft, qui fait juste là son boulot et pénètre là où l’on veut bien la laisser entrer, que de certains enseignants qui font entrer le loup dans la bergerie parfois même sans le savoir.

    C’est un peu à désespérer de l’école quand même tout ça. Heureusement qu’on trouve sur Framasoft et ailleurs de nombreuses ressources et liens vers des projets libres éducatifs pour contre-balancer la chose. Mais atteignent-ils les collègues comme peut le faire par exemple le Café Pédagogique ? J’en doute.

    Café Pédagogique que j’aime bien mais qui n’est vraiment pas rose dans cette histoire.

    Je ne crois pas qu’on puisse être une association d’enseignants et avoir Microsoft comme partenaire. Tôt ou tard cela se paye. Et si jamais ce blog se diffuse ça peut faire cher au compteur !

    Comme dirait Gaston : M’enfin !!!

  25. Ti-nérisson

    Il a été fait remarquer dans les commentaires que l’on trouve tout de même des références aux logiciels libres et même à Framasoft dans certains documents présents sur le site. Je note que les deux documents donnés en exemple sont du même auteur et que, quand on se rend sur le site de celui-ci on trouve des ressources sous licence Creative Commons. Donc une personne parmi touts les contributeurs de ce site il y en a au moins une qui connaît les LL et les licences de libre diffusion. Mais je ne suis pas absolument certaine que cela montre une volonté de la part de Projectice de mentionner les LL. Encore moins d’en faire la promotion.

  26. Philox.be

    Je pense que cet article en dit long sur la situation du logiciel libre à l’école en France et la culture informatique des enseignants.

    Quoiqu’on en dise sur Framasoft, le logiciel libre ne peut être en bonne santé si un tel projet gros comme une maison a pu se monter aux yeux de tous sans que personne ne s’en émeuve jusqu’à aujourd’hui.

    Merci quand même pour le réveil mais il est brutal 🙁

  27. Félix

    Vous me voyez désolé de mettre une note discordante dans ce concert de louanges, mais, en tant que simple membre de Projetice (je n’y exerce aucune responsabilité et je m’exprime ici à titre purement personnel) je ne puis m’inscrire qu’en faux contre un certain nombre d’allégations ou de procès d’intentions contenus dans l’article.
    Non, je ne suis pas un suppôt du géant de Redmond et, pour tout vous dire, ma préférence va même vers une marque symbolisée par un fruit autrefois présidentiel ;-). Arghhh! Ceci risque-t-il de disqualifier mon propos ? Non, car je suis aussi très Pingouin. Ouf!

    Plus sérieusement, je ne désire pas m’étendre sur les approximations contenues dans l’article, approximations que je veux bien mettre sur le compte d’un engagement véritable et louable de l’auteur. Cependant, il y a quelque chose qui me gêne dans cet article c’est que je me sens un peu mis en cause. Car, en tant que membre, soit je passe pour un imbécile qui ne sait pas qu’il est manipulé par la firme de Redmond, soit je suis un affidé de cette même firme.

    Comme bien souvent, la vérité est ailleurs, pour reprendre une expression célèbre.

    Juger une association sur la base de son seul site web, de sa vitrine, est une chose que je ne peux qualifier d’enquête. Une véritable enquête aurait consisté à chercher à connaître le travail, les échanges quotidiens, voire à interroger des membres. Or ceci aurait très facilement mis en évidence que le coeur de nos échanges est la pratique des TICE en cours et que tous les logiciels y ont leur place.

    Comme disait mon cher Boileau dans son Art Poétique : "Hâtez vous lentement…"

  28. aKa

    Bonjour Félix,

    Tout d’abord merci de ton témoignage en "terre hostile" 😉

    > Plus sérieusement, je ne désire pas m’étendre sur les approximations contenues dans l’article, approximations que je veux bien mettre sur le compte d’un engagement véritable et louable de l’auteur.

    Pourquoi ne pas en parler justement ? Je suis tout à fait prêt à reconnaitre la moindre approximation. Mais encore faudrait-il qu’elles soient explicitées.

    > Cependant, il y a quelque chose qui me gêne dans cet article c’est que je me sens un peu mis en cause. Car, en tant que membre, soit je passe pour un imbécile qui ne sait pas qu’il est manipulé par la firme de Redmond, soit je suis un affidé de cette même firme.

    Ce n’était bien entendu pas l’objectif. Humblement ce qu’il me plairait c’est que mon article ait provoqué un petit débat autour de la place du logiciel libre dans votre association d’enseignants TICE. Si vous n’y voyez qu’un insignifiant anathème d’un intégriste libriste et que vous balayez cela d’un revers de la main alors effectivement je me serais trompé.

    > Comme bien souvent, la vérité est ailleurs, pour reprendre une expression célèbre.

    Je te renvois ton expression car c’est un peu l’impression que j’ai eu en visitant le site de ton association.

    > Juger une association sur la base de son seul site web, de sa vitrine, est une chose que je ne peux qualifier d’enquête.

    Le site web d’une association donne tout de même des éléments d’information non ? Sinon je suis d’accord avec toi, ça n’était pas une enquête. Il s’agissait juste de se promener sur le site et de relever certaines éléments tendant à prouver que le logiciel libre n’était pas le bienvenu sur Projetice. Si vous souhaitez me démontrer le contraire alors je vous suggère de poursuivre les premières modifications que vous avez déjà effectué sur le site pour enfin lui donner une petite place. Il en mérite bien au moins une petite non ?

    > Une véritable enquête aurait consisté à chercher à connaître le travail, les échanges quotidiens, voire à interroger des membres. Or ceci aurait très facilement mis en évidence que le coeur de nos échanges est la pratique des TICE en cours et que tous les logiciels y ont leur place.

    Heureux de t’entendre dire que tous les logiciels y ont leur place. M’accorderais-tu le fait d’en avoir douté à la lecture du site de Projetice ?

    Sinon j’ai une question naïve par rapport à l’association. Est-ce que tous les membres fournissent un travail bénévole ? Et dans le cas contraire quelle est votre principale source de revenu ?

    > Comme disait mon cher Boileau dans son Art Poétique : "Hâtez vous lentement…"

    Belle citation. Voici la mienne, qui provient d’un membre anonyme de notre forum : "La route est longue mais la voie est libre…"

  29. JN47

    Bonjour,
    Merci pour ce fil rouge, à la décharge des enseignants, je pense que l’expérience des produits de chez Microsoft ne s’est pas toujours faite dans l’euphorie, et s’est contraints et forcés (pour beaucoup) qu’ils durent se mettre à cette technologie pour laquelle, d’après les échos qui m’ont étés rapportés, ils n’ont pas eu beaucoup de soutien (en formation), maintenant qu’ils possédent un peu de se savoir faire acquis de haute lutte (souvent personnelle), il faut comprendre qu’il ne sont pas toujours favorables au fait de repartir d’en bas dans la connaissance d’un nouvel OS ou TT ou Tableur. Je suis bien sûr pour une alternative à Microsoft, celle-ci arrivera tout simplement parcequ’elle sera co-optée par les utilisateurs, et si certains pensent que les logiciels libres sont une religion, ils se trompent, ce n’est qu’un choix, et celui-ci est le garant de la diversité nécessaire et obligatoire dans tout sytème de développement.

  30. franckd

    "Petite parenthèse. Pour le matériel ne pas s’étonner si, autre partenaire, c’est du HP qui débarque…"

    surtout qu’HP n’a pas mis tous ces oeufs dans le même panier:

    http://www.edutice.fr/

    Mais quid du suivi de ce projet ? Quant au prêt gratuit du matériel je doute qu’édutrice en ai jamais eu les moyens…

  31. Dominique

    C’est impressionnant de voir le reportage LCI. J’ai trouvé un autre exemple de la mainmise médiatique.

    Quand l’AFP, pour la dernière rentrée scolaire, choisit de diffuser une dépêche titrée "L’école se met à l’heure des nouvelles technologies, à son rythme", qui est cité ?

    Réponse : Une grande ponte de l’Education Nationale, un professeur sur le terrain, le président de Microsoft France et un membre fondateur de l’association Projetice.

    Ce qui donne :

    Citation 1 : Les nouvelles technologies sont "un levier très important pour donner au plus grand nombre accès à une éducation de qualité", estime Eric Le Marois, directeur éducation de Microsoft France.

    Citation 2 : La "révolution numérique" de l’éducation "dépend trop des initiatives individuelles des profs", regrette Serge Pouts-Lajus, membre fondateur de l’association Projetice qui cherche à promouvoir l’usage des TICE chez les enseignants.

    Ca dépend trop des initiatives individuelles et donc heureusement qu’il y a Projetice (et derrière Microsoft). C’est d’une limpidité absolue tout ça !

    Source Google Actualités :
    http://afp.google.com/article/ALeqM

    Dépêche reprise telle quelle par France-Info :
    http://www.france-info.com/spip.php

    Un prof mais surtout un responsable TICE du ministère aux côtés de Microsoft et Projetice, le tout en grande écoute sur France-Info, ça crédibilise les deux derniers non ?

    Une grande famille quoi !

    Y’a effectivement un truc qui va pas pour le logiciel libre dans tout ça. Merci pour en avoir parlé.

  32. sendoshi

    Salut, je suis animateur dans une cyber-base, et j’ai récemment été converti à Linux par l’eeePC (mes premières tentatives pingouinesques m’avaient plutôt laissé sur ma faim en matière de simplicité d’utilisation). Cet article m’a réellement fait prendre conscience des enjeux du logiciel libre, que j’ai tendance à ne pas mettre en oeuvre assez souvent dans mes ateliers "parce que les gens ne demandent pas ça." Croyez-moi ou non, ça a été une véritable claque que de lire cet excellent billet, une claque positive, bien sûr. Je vais me hâter de le faire partager à tous mes contacts et collègues.

  33. Gilles Gouget

    Bravo pour cette démonstration de l’iniquité qui caractérise certaines compagnies. Si l’auteur le désire, je suis tout prêt à l’interviewer par téléphone pour la prochaine émission Divergence Numérique, émission consacrée au Libre, sur Divergence FM 93.9 à Montpellier et FreenewsTV.

    Qu’il me contacte d’urgence, pour enregistrer cet itv mardi prochaine au plus tard.

  34. Thierry de Vulpillieres

    Bonsoir, j’ai un peu l’impression d’arriver après la bataille 😉 Je suis Thierry de Vulpillières, en charge de ces partenariats chez Microsoft. Merci de ce billet pour le débat ouvert qu’il permet. Superbe démonstration pour découvrir quoi: que Microsoft est partenaire de certaines associations et de certains événements. Mais c’est affiché bien en évidence avec notre logo dans tous ces cas 😉 Pourquoi feindre de découvrir des partenariats qui sont explicites? (On ne nous dit pas tout ?) Sans détour sophistiqué par la "découverte" que nous avons fourni un site, un dépôt de nom, un stand… Vous pouvez établir la liste (noire?) des partenaires de Microsoft 😉 Notre site d’ailleurs l’établit pour vous…

    Vous dites que vous n’avez rien "contre Microsoft en tant que tel". Parfait. Discutons. La question de fond, me semble-t-il, c’est malgré l’opposition féconde de modèles économiques (le site de Framasoft est bien occupé de panneaux publicitaires Google, en dépit des déclarations de lutte contre "la culture marchande"): y a-t-il des actions convergentes entre logiciels libres et logiciels à propriété intellectuelle pour développer l’usage des TICE?

    Par ailleurs, il me semble curieux de regretter qu’UN site puisse être en aspx quand la totalité serait en "LAMP" ("chose devenue très rare pour des sites éducatifs : l’absence du quatuor magique libre LAMP") :
    j’avais cru comprendre que l’idée de monopole n’était pas saine 😉 De même montrer l’utilité de certains produits de Microsoft dans l’éducation est-il illégitime ? et ça n’interdit en rien Projetice de promouvoir les produits d’autres partenaires (comme les commentaires l’illustrent). Framasoft a-t-il proposé de travailler avec Projetice ? J’ai croisé nombre de projéticiens qui ne se retrouveraient tout simplement pas dans votre description de leurs actions réelles: y avez-vous simplement assisté une seule fois, pour vérifier que votre présupposé est faux?

    Pour pousser un peu: je me demande parfois si ce clivage que vous souhaitez autour d’une position exclusive pour le logiciel libre ne participe pas du retard constaté du développement des TICE en France? C’est le sens de nos échanges avec Jean-Pierre Archambault ou Sébastien Hache: n’y a-t-il pas mieux à faire pour le développement des TICE que de critiquer toute initiative dès lors que tel ou tel industriel la soutient? Fût-il Microsoft. Votre modèle ici est bâti sur la publicité : c’est aussi un débat. La publicité, "c’est du temps de cerveau disponible pour Coca-Cola" disait-on il y a peu. Ces questions sur les modèles économiques sont de vrais débats de fonds.
    Vous écrivez à la fois :
    -« Entendons-nous bien. Je n’ai rien contre Microsoft en tant que tel. Je pense simplement que favoriser ses produits et sa culture marchande à l’école retarde d’autant l’adoption non seulement des logiciels libres mais aussi et surtout de cette salutaire culture non marchande des biens communs qui leur est associée »
    -tout en regrettant de ne pouvoir payer un stand à Educ@tice «J’ai eu moi-même par le passé l’occasion de me pencher un peu sur le coût d’une location d’un stand à ce même salon pour finalement y renoncer car je puis vous dire que cela représente plusieurs milliers d’euros. » Voilà bien un paradoxe qu’il faudrait assumer 😉

    Mais pourquoi regretter que des enseignants se rencontrent pour échanger sur leur usage des TICE simplement parce que Microsoft y contribuerait? Interrogez les enseignants ou associations qui participent à ces actions plutôt que de feindre de découvrir que nous les soutenons. Soutien d’ailleurs sans exclusive comme le rappelle ici Benjamin Clerc avec qui nous avons échangé sur le projet de Forum des enseignants innovants sans lui demander de changer de modèle économique ou de célébrer les vertus de Office pour l’enseignement des maths.
    Et pour finir, bravo bien sûr pour ce travail minutieux où les faits sont exacts, jusqu’à l’absurdité des éléments juridiques que nous corrigerons pour ce qui relève de nous.

    Bon et puis : « un costard-cravate de Microsoft » ? plutôt pas beaucoup chez Microsoft… je vous invite quand vous le souhaitez pour vérifier dans nos bureaux et prolonger cet échange…

    Je reste disponible pour débattre et avancer avec l’anonyme aKa, et même pour organiser une rencontre-débat si vous le souhaitez sur ces questions légitimes à propos desquelles on doit pouvoir faire mieux que des colonnes de commentaires anonymes sur des blogs… non ?

  35. Jean-Claude V.

    Un Monsieur de Microsoft, en plus sans costard et sans cravate, qui se déplace en personne, je suis impressionné. Il faut croire qu’il commence doucement mais sûrement à y avoir danger.

    Bien que ce ne soit pas très dur de retrouver son nom, je laisse à l’anonyme aKa le soin de répondre.

    Mais je voulais savoir si le powerpoint du Forum des Enseignants Innovants (FEI08.ppt) mentionné dans le dernier article du framablog était de lui à l’origine.

    J’y verrais pour ce qui me concerne une certaine logique.

  36. LS.

    stratégies d’influence, undercovermarketing etc.

    **

    Bravo à tous pour la qualité et l’intérêt du débat.

    La question n’est bien évidemment pas pour ou contre microsoft, pour ou contre linux, pour ou contre coca ou cola.

    Ce qui est pointé dans l’article c’est la méthode utilisée, et sa contextualisation : elle participe d’une stratégie globale.

    **

    Toute entreprise a une stratégie et des méthodes d’action, ne pas en avoir serait une faute professionnelle.

    Toute entreprise se doit de rechercher et de conserver une position dominante sur un marché, du moins si l’on admet le paradigme concurrentiel.

    Microsoft a clairement affiché ses ambitions (un PC sur chaque bureau et un windows dans chaque PC), microsoft a réalisé la plupart de ses objectifs (une position écrasante sur le marché des OS), et microsoft a beaucoup apporté à l’histoire de l’informatique.

    Il n’en demeure pas moins que microsoft utilise de manière systématique des techniques aggressives, tant à l’égard de ses concurrents qu’à l’égard de ses clients.

    **

    L’exemple de projetice illustre la manière de travailler les comportements des utilisateurs directement à la source, dans le secteur éducatif.

    Cette stratégie n’est pas propre à microsoft, l’agroalimentaire ou le médicament y ont également recours, par exemple avec les malettes pédagogiques.

    **

    La suite dans cet article -parmi de nombreux autres- issu du blog http://www.verbalkint.net :
    NOUVELLE ETUDE SUR LES PRATIQUES D’UNDERCOVER MARKETING

    "Les pratiques d’influence ont le vent en poupe sur internet. Employer des individus pour vanter un produit ou un service en l’échange d’une rémunération est une technique vieille comme le Monde mais prend tout son sens sur des supports aussi puissants que les sites, blogs et autres newsgroups.

    Déontologiquement contestables, ces techniques sont pour autant d’une redoutable efficacité de par l’effet de bouche à oreille décrit dans cette étude.

    (…)"

    Source : http://www.verbalkint.net/NOUVELLE

    L’angle y est très légèrement différent du sujet projetice, en ce que la technque décrite concerne des personnes physiques qui se répendent sur les forums.

    Mais ce papier est à recontextualiser également, avec un article sur les STRATÉGIES D’INFLUENCE SUR INTERNET :

    "Les entreprises doivent apprendre à faire face à des flux informationnels croissants ce qui les conduit à de nouvelles approches du management de l’information. Au-delà de la veille dite passive, toute stratégie gagnante repose dorénavant sur la vision proactive de ‘environnement informationnel qui lie étroitement l’information et l’action. Dans ce contexte, les stratégies d’influence présentent un intérêt particulier en tant qu’outils offensifs de l’intelligence informationnelle.

    De façon duale, il est tout aussi intéressant de décortiquer les mécanismes des stratégies d’influence afin de mieux pouvoir s’en prémunir.

    (…)"

    Source : http://www.verbalkint.net/LES-STRATEGIES

    **

    Rien de nouveau donc dans la stratégie de microsoft, c’est juste qu’un quidam a vu les erreurs commises et les a décrites.

    Et ce débat est très sain.

  37. Michel

    Tiens, le loup sort du bois avec Thierry de Vulpillières dont le titre exact chez Microsoft est "Directeur des partenariats éducation", c’est dire si c’est non négligeable.

    Merci LS pour l’éclairante mise en perspective et en relation avec les méthodes d’intelligence économique dont on commence de plus en plus à entendre parler.

    Je crois aussi qu’on est en plein dedans.

    On pourrait aussi ajouter toutes les techniques classiques de communication / manipulation genre PNL dont l’intervention plutôt douce et conciliante de de Vulpillières sur ce blog en est un bon exemple.

    Le problème c’est que le monde économique, les enseignants qui sont passés des bancs de l’école puis de bancs de l’université pour revenir aux bancs de l’école, ils y connaissent pour ainsi dire globalement rien.

    Sauf quand ils sont passé par la case expérience dans le privé mais pour les autres c’est souvent le monde des bisounours. Ce sont donc des proies faciles.

    Michel.

    ps : je ne suis pas enseignant et je respecte infiniment ce boulot là n’est pas la question

  38. jyr

    Arrêtez le massacre !

    Toutes les polémiques sont bien futiles au regard du manque total de compétences en TIC affiché par des documents donnés en exemple sur le site projetice. Un fichier parmi d’autres : http://www.projetice.fr/downloads/f

    Comment peut-on faire pire usage d’un logiciel comme Microsoft Word ? Quel bricolage !

    Si les sites de ressources ne respectent pas les règles élémentaires de rédaction avec un traitement de texte, où va-t-on ? Ne faudrait-il pas commencer par montrer les bonnes pratiques aux enseignants pour leur éviter de construire des châteaux de cartes qui s’effondrent au moindre souffle ?

    Avant une remise à l’état de l’art, ne serait-il pas préférable d’arrêter la publication de tels documents ?

  39. KMk

    Bonjour,

    J’avais parlé d’hésitation entre optimisme et pessimisme (je suis l’auteur du billet 27). Ce débat et toutes ses ouvertures, quelles qu’elles soient, enrichissent la réflexion et prouvent que l’esprit critique est bien vif. Ouf !

    Je reviens sur la notion de "culture informatique" et, en définitive, le "fond" et la signification des usages des technologies de l’informatique. La forme (elle est économique, apparemment), rien n’y peut.

    ==> L’idée, c’est que les enseignants soient "bien formés", si l’on veut que les générations qu’ils forment soient elles aussi bien formées et dotées d’un minimum vital de sens critique. Là, déjà, est le premier écueil. Prenons un enseignant qui veut faire preuve de bonne volonté en toute bonne foi et faire utiliser à ses élèves un traitement de texte. Sur les ordinateurs de son établissement (il n’en a pas chez lui… si, si, cela arrive, plus souvent que l’on ne croit), il y a la suite MS et windows. Il les utilise donc. L’enseignant n’a eu aucune formation particulière préalable. Il n’est informé que très vaguement d’un référentiel sur ce que l’on devrait maîtriser en informatique (ce qui est appelé le B2i est loin d’être généralisé ni compris par chaque acteur de la communauté éducative). Sur ce point donc, l’affaire se complique un peu plus.

    ==> Prenons maintenant le point de vue des élèves. Des élèves travaillent chez eux un fichier et le rapportent pour qu’il soit relu ou évalué. Personne ne peut ouvrir leur fichier dans l’établissement, parce qu’il a été conçu avec la suite MS 2007, alors que dans l’établissement, il y a, sans aucun sectarisme, la suite MS 2000 et la suite OpenOffice. Petite devinette : Comment évalue-t-on et surtout qu’évalue-t-on ?

    Ce que je déplore surtout, mis à part le côté "technique", c’est que ces fichiers qui avaient été conçus par des élèves de première sous MS 2007 n’exploitaient, pas plus qu’ils ne l’auraient fait avec MS 2000 ni la suite OpenOffice, aucune des fonctions de base aussi indispensables que : numéroter les pages, introduire une table des matières… Imaginez, ce travail avait été fait… "manuellement" ! Les professeurs, qui recevaient au final le travail imprimé, n’avaient pas plus conscience de ces "détails".

    Où est le bon sens dans tout cela ?

    Quant à savoir qui pourrait être responsable du "retard" informatique que nous connaissons – peut-on parler de "retard" ? – je ne pense pas que ce soit la bonne façon de penser la situation. Nous avons bien du mal à trouver le moyen de nous adapter au mieux à ces nouvelles technologies. C’est pourquoi le rôle de l’éducation dans ce processus fait débat et continuera, heureusement, de faire débat dans l’avenir. Ce qui peut agacer peut-être davantage, c’est le manque de "fond" des usages de ces technologies, que favorise l’apprentissage intuitif par le biais de suites logicielles aux fonctionnalités superfétatoires (je persiste).

    L’essentiel, c’est de connaître (la culture informatique) et de pouvoir apprendre correctement (l’éducation) à utiliser les fonctions basiques des logiciels. Cela nécessite un tant soit peu de recul par rapport à l’outil que l’on utilise (la didactique et la pédagogie).

    S’il fallait prendre partie à l’issue de cette exploration, je n’irais pas dans le sens d’un système qui édulcore pour continuer à vendre, même si la "raison économique" est aujourd’hui la plus forte.

    Dit en d’autres termes, l’essentiel n’est pas d’apprendre à conduire avec une "Cadillac", l’essentiel est d’avoir appris à conduire une voiture de telle sorte qu’ensuite on puisse conduire n’importe quelle voiture.

    Sans militantisme aucun et en toute liberté…

    KMk.

  40. jcl_vanier

    Merci pour ce travail remarquable et illustratif à plus d’un titre.

    Ce que je trouve choquant, ce n’est pas le parti pris d’utiliser microsoft, c’est le fait de se faire sponsoriser par cette entreprise à but clairement lucratif. Ce qui me paraît le plus grave c’est la volonté de considérer la liberté pédagogique des enseignants, leur « grande autonomie pédagogique"’, et donc la liberté de choix qui en découle, comme un obstacle à "l’expérimentation pédagogique" (livre blanc p.5 – http://www.projetice.fr/downloads/d…). A l’inverse, le "peu d’autonomie" des établissements serait un frein à l’utilisation des tice (livre blanc p.4).
    Extraordinaire, la liberté des uns serait contraire à la liberté des autres. Le rêve ne serait-il pas qu’un établissement soit "libre" de contracter des accords commerciaux avec une entreprise employant des méthodes (ressemblant étonnamment à celles des sectes) pour imposer "librement" ses "choix" aux enseignants ?
    Pour les membres de l’association (projetice), il y a probablement une volonté de promouvoir les tice considérées comme outil en utilisant ce que l’on a sous la main, microsoft n’étant qu’un éditeur au même titre que nathan ou retz.
    Mais un outil pour quoi faire ?

    La liberté pédagogique des enseignants est celle qui permet le développement, certes très insuffisant, des logiciels libres à l’école, ceux-là considérés comme étant véritablement des outils permettant l’apprentissage du choix raisonné. Dans un cours de physique, d’histoire ou maths, qu’est-ce qui est le plus important, la maîtrise d’outils informatiques ou la compréhension du monde ? Si l’adaptation des élèves aux technologies « nouvelles », devait être une fin en soi , pourquoi ne pas, monter des partenariats avec sfr, orange ou une autre organisation philanthropique de ce genre ?

    Je considère que le rôle de l’école doit être, avant tout, de former des citoyens éclairés (le plus possible) et cela à tous les stades de la formation du primaire à l’université. Les "partenariats" avec des entreprises commerciales ou philosophiques sont au mieux (mais je n’y crois pas trop) une perte de temps, au pire la porte ouverte à tous les endoctrinements.

  41. mikelenain

    Je suis tout à fait d’accord avec jcl_vanier, notamment dans son dernier paragraphe.
    Ce que je reproche à cette action n’est pas tant l’utilisation de produit de MS. Ce qui me gène, c’est un ensemble, un tout. Le problème vient du fait que (par exemple) au lieu de parler de traitement de texte, on parle de Word. En effet, le monopole de MS est tellement installé dans un grand nombre de domaine que beaucoup (genre 90%) des gens ne s’imaginent même pas qu’il existe une alternative. Et c’est bien là le danger.
    Je trouve cela déjà scandaleux dans le "grand public", mais je trouve que c’est encore pire lorsque c’est fait dans une institution comme l’éducation nationale.
    Cette institution n’est pas censé faire la promotion d’une entreprise privée mais d’enseigner des savoirs à des élèves. Seulement, elle ne leur enseigne pas -dans ce cas- des savoirs, mais elle leur fait croire qu’il n’existe que les produits de cette marque.

    A mes yeux, l’éducation nationale devrait réellement rester neutre. Elle devrait apprendre à se servir de la même manière de MS-Office comme d’Open-Office (ou d’autres tels AbiWord).
    Malheureusement, le partenariat entre MS et l’EN et/ou projetice non seulement ne le permet pas mais en plus l’empêche.

    Maintenant, comme aka (qui n’est pas un inconnu comme le dit l’employé de MS), je n’ai rien contre MS mais j’ai la rage contre ses méthodes, qui enferment, mettent des oeillères aux gens et aux élèves …

    A bon entendeur
    Mike, un autre prof libriste de maths

  42. JePrefereMeTaire

    Qu’ils sont mignons ces projetichiens à leur mémère Microsoft !

    Mignons mais pas si inoffensifs que cela.

  43. iwjcg

    Microsoft est infiltré partout ou il peut , il lui faut par tous les moyens neutraliser le logiciel libre. En ce moment avec le plantage magistral de Vista ils doivent etre mal .
    Et puis quel partenariat avec eux? sont ils préts a libérer du code pour permettre aux etudiants de travailler serieusement. L’oeuvre la plus aboutie que j’ai vue est une version crackée de Catia V5 realisée par des BTS .
    Microsoft c’est une pompe a fric qui n’a rien a offrir er tout a vendre.

  44. Hybrid Son Of Oxayotl

    Mr Thierry de Vulpillieres, lorsque vous dites : "y a-t-il des actions convergentes entre logiciels libres et logiciels à propriété intellectuelle", est-ce par ignorance ou par provocation ? Je suis étonné d’être le premier à réagir !
    Essayez, pour voir, de vendre un programme ouvertement assumé comme étant une version modifiée d’un logiciel sous licence GPL, la licence libre la plus utilisée, sans redistribuer les sources et je regarderais avec joie une illustration de la propriété intellectuelle, que conservent les auteurs de logiciel libre.

  45. antouane

    J’ai eu la chance d’avoir une école ouverte au monde libre !

    D’ailleur au fil des années chaque classe d’informatique passait sous Linux.

    Bon d’accord avec un grand Guru fan de GNU/Linux comme responsable informatique 😉

    Néanmoins Windows était toujours installé, mais que pour faire tourner des logiciels comme Adobe Premiere et autres (qui ensuite furent installé sur VMWare …)

    Ce billet est vraiment bien écrit et je ne pensais pas que cela pouvait aller aussi loin.

    Je ne suis pas enseignant mais par contre je suis pour une éducation correcte, et ne pas apprendre la diversité et le choix à nos enfants c’est une véritable honte.

    Le logiciel libre à sa place dans l’éducation et d’ailleur l’éducation devrait beaucoup plus s’y attarder !

    Petite anectode :
    Je suis web developer, une fois engagé mon poste était déja installé : Vista et tout le tralala.
    Je n’ai aucun besoin (et j’ai horreur) de ce système !
    Il ne m’a pas fallut longtemps pour montrer à tous que travailler sous GNU/Linux était tout aussi éfficace que de travailler sous Windows.
    Je n’aurai pas fait cette démarche sans avoir pu découvrir GNU/Linux en prodonfeur dans cette école …

    Merci au véritables enseignants qui restent parmis nous !

  46. JM

    Merci pour cette enquête qui montre clairement que l’intégrité de l’Éducation Nationale est vraiment à remettre en cause dans cette histoire. Si une marque commence à s’immiscer dans la formation de nos enfants, c’est la porte ouverte à toute autre marque : matériel scolaire, équipements de sport, organisme de formation aux langues étrangères, agro-alimentaire / restauration, hygiène / santé, etc. À chaque fois on pourra invoquer que les budgets de l’Éducation Nationale sont serrés et que le partenaire est donc un bon samaritain !

    Certes Microsoft profite comme d’habitude de la vente forcée de ses logiciels, laquelle conduit la très grande majorité des gens à penser qu’ordinateur rime forcément avec Microsoft. Du coup la plupart des gens ne trouveront pas aberrant que cette société « sponsorise » l’Éducation Nationale plus ou moins discrètement. À la limite ils trouveront peut-être même que c’est une bonne chose, sans voir bien sûr que cela oblige les parents à s’équiper en matériel et logiciels onéreux (à cause de Vista par ex.). Le risque au final est qu’au lieu promouvoir les TIC, on va aggraver la fracture numérique entre les familles aisées et les familles modestes.

    Pour ma part, je préférerais largement que Microsoft dépense son argent pour fournir des logiciels mieux ficelés, moins gourmands et basés sur des formats de fichiers ouverts donc pérennes et indépendants de la version du logiciel. Quand on fait 15 milliards de bénéfice, on a largement de quoi faire mieux… Force est de constater que ce n’est pas du tout l’objectif premier !

  47. Bastien Guerry

    Bonsoir,

    on dirait que j’arrive au décompte des blessés et des morts !

    Je voudrais revenir rapidement sur quelques points importants de cet échange. Mais avant tout un mot d’avertissement : je connais Thierry de Vulpillière, je connais quelques uns des enseignants de Projetice, et je suis un vieux défenseur des logiciels libres (à l’AFUL depuis bien longtemps.)

    D’abord un point important : Thierry de Vulpillière parle de logiciels libres et de « logiciels à propriété intellectuelle ». Je dois dire que c’est la première fois que je lis ça. En tous cas l’expression est impropre : les logiciels libres sont tout autant protégés par le droit d’auteur que les logiciels dits propriétaires. La différence réside dans le fait que les auteurs de logiciels libres exercent leur droit d’auteur pour autoriser quiconque à distribuer, lire, modifier et distribuer des versions modifiées du code, alors que les éditeurs de logiciels propriétaires utilisent le droit d’auteur pour fermer l’accès au code source. Il y a bien sûr matière à choisir entre ces deux pôles, mais *toutes* les options reposent ouvertement sur le droit d’auteur et la propriété intellectuel.

    Deuxième point : Microsoft a tout intérêt à transformer la question du logiciel libre à l’école en question « pour ou contre la culture marchande à l’école », car c’est une fausse question. L’école doit utiliser des logiciels libres parce qu’ils sont meilleurs, plus sécurisé, plus stables. Parce qu’ils offrent des solutions plus pérennes. Parce qu’ils implémentent les formats ouverts depuis leur conception, alors que Microsoft peine à donner des preuves de son ouverture, au-delà de ses effets d’annonce, et contraint par les amendes successives. Parce qu’ils coûtent moins cher à déployer. Parce que leur modèle de développement est collaboratif, donc adaptable aux besoins pédagogiques. Parce qu’ils responsabilisent les utilisateurs en face de leurs systèmes, en leur en donnant toutes les clefs.

    Bref : il y a mille raison de vouloir du logiciel libre à l’école. Les pires raisons sont celles que l’on voudrait à tout prix réduire à la lutte contre la culture marchande à l’école, aussi juste cet autre combat soit-il.

    Concernant le site de Projetice : je vois que ses conditions d’utilisation ont été mises à jour, donc chapeau à l’auteur de l’article qui aura au moins fait bouger ça. Pour ce qui est de la propagation des formats fermés de Microsoft sur le site, oui, c’est malheureux, mais notons que c’est le cas d’une ribambelle de sites web qui se disent « professionnels », et qui ont été fabriqués dans cet esprit-là.

    Ce que ces aspects web trahissent surtout, et ce qui aurait du être plus fortement souligné, c’est que ce n’est pas un site fait par les membres de Projetice. Ça change quoi? Ça change que lorsque des enseignants s’adressent à d’autres pour parler web et technologies, on s’attend au moins à ce que le site soit maintenu par l’un d’entre eux, ou collectivement. Les sites de Sésamaths et des clionautes sont des modèles du genre : c’est un gage d’implication et de réactivité d’une communauté. Si le site de Projetice avait été conçu par ses membres, cela aurait évité à l’internaute de passage d’avoir l’impression que le site n’est fait que pour promouvoir les outils de son partenaire principal.

    Quand aux projeticiens eux-mêmes, j’en connais quelques uns et je sais qu’ils sont plutôt « agnostiques » en matière d’outils informatiques ; ils utilisent de tout selon leurs besoins, et ce sont réellement des personnes qui ont à coeur le développement des TICE.

    J’en viens maintenant à mon dernier point.

    Je cite Thierry de Vulpillière : « Je me demande parfois si ce clivage que vous souhaitez autour d’une position exclusive pour le logiciel libre ne participe pas du retard constaté du développement des TICE en France? »

    Non. C’est tout le contraire : c’est grâce au logiciel libre que se développent les TICE. C’est parce qu’il existe des logiciels libres que des plates-formes de blogging se sont créées rapidement et que des enseignants peuvent s’en servir à l’école. C’est parce qu’il existe des logiciels libre de wiki que les enseignants peuvent construire des communautés. C’est grâce au logiciel libre que des municipalités peuvent ré-équiper un parc informatique sans devoir tout racheter. Etc, etc, etc. La plupart des activités TICE ne seraient pas pensables sans les logiciels libres.

    Quand à notre "retard" sur les autres pays, je ne suis pas expert mais j’ai plutôt l’impression qu’il est dû au fait que ceux qui décident des équipements informatiques (les collectivités territoriales) ne travaillent pas de concert avec les institution pédagogique (à commencer par l’Éducation Nationale.)

    En résumé : 1) bravo à l’article d’avoir été constructif dans sa dénonciation des maladresses commises sur le site ; 2) ne tombons pas dans l’idée que la défense des logiciels libres s’identifie à la lutte contre la culture marchande ; 3) les logiciels libres vivent grâce au respect du droit d’auteur et de la "propriété" intellectuel (à défaut d’une expression plus appropriée – voir le dernier article de Cory Doctorow à ce sujet: http://cfeditions.com/coryDoctorowI…)

  48. Hybrid Son Of Oxayotl

    Le premier point avait déjà été soulevé par moi ;·D.

  49. side

    J’en chialerais presque (j’ai la larme à l’œil ….). Je viens de gâcher ma soirée…..
    Une chose aussi honteuse ne devrais pas exister, mais bientôt les kit McDo éducatif et les panoplies "sport" Coca-Cola dans nos écoles …. ou quand l’entreprise privé "éduque" nos enfants ….
    Ce type de projet est le reflet d’une certaine démission de l’utopie éducative qui touchent une grosse partie de l’education nationale. Franchement être prof et accepter de travailler avec ce genre de bouiboui mercantile …. c’est dire à quel point les profs sont loin de comprendre RÉELLEMENT les enjeux des TIC(E).
    En tout cas bon courage à toi et à tes collègues libristes pour vous dépatouiller dans tout ça ….
    Je travaille avec un prof qui utilise exclusivement du Microsoft (notamment Publisher … qu’il a du abandonner parce que sinon s’en était fini de notre coopération, .pub en voilà d’un joli format de document pour un travail collaboratif !). Au regard de ce type de projet clairement estampiller Microsoft je vais faire le forcing pour qu’il utilise au moins une suite bureautique libre …. (et au passage lui demander si par hasard il tremperais pas dans ce projet honteusement manipulé / manipulateur …).
    Quand je parle de logiciel libre à des professionnels de la culture ou de la formation TIC beaucoup rigolent …. moi ça ne me fait pas rire du tout … encore moins ce soir.
    Merci pour cette analyse que je n’hésiterais pas à nommer au besoin …

  50. Totophe

    "Le message c’est le médium", disait MacLuhan. Ce billet est exemplaire au moins à deux titre:
    – il consiste à analyser un des support de la stratégie de communication de Microsoft
    – il en tire les enjeux dont – et ce n’est pas le moindre – le formatage des pratiques d’usage des TICE dans l’enseignement, i.e. par procuration,nos chères têtes blondes.

    J’adhère parfaitement à la réflexion de Bastien Guery, un peu plus haut: ramener le débat à la seule question "pour ou contre la marchandisation des logiciels à l’école", revient à enterrer d’avance le véritable enjeu: les logiciels libres sont meilleurs (efficacité, coût et sécurité), il faut le meilleur pour l’école, il faut donc utiliser les logiciels libres à l’école, CQFD.

    A cela, aucun représentant de Microsoft ne peut, actuellement, opposer d’argument valable.

    Pour revenir au billet, hé bien oui, il est très important aujourd’hui de bien identifier les stratégies de diffusion de Microsoft. Non, ce n’est pas un complot, bien sûr. D’ailleurs ce billet nous montre bien qu’il est très facile d’identifier les indicateurs d »une telle stratégie à l’oeuvre, de manière plus ou moins ouverte et même pour certains, de manière plus ou moins consciente (c’est plus grave, surtout pour les enseignants).

    Je citais MacLuhan au début de ce commentaire. Je terminerai sur Edward Berneys (De la propagande). C’est avec une arme d’une étonnante simplicité que le logiciel libre peut largement supplanter la logique propriétaire dans les esprits : inutile de brouiller le message avec des arguments techniques ou l’arsenal philosophique des principes du libre. Simplement, en sortant du débat "pour ou contre Microsoft" : préférer l’efficacité.

  51. nostradamix

    Lu sur le Café pédagogique :

    "Doit on pour autant estimer l’incursion de Microsoft inoffensive pour les systèmes éducatifs ? La réponse est sans nul doute entre les mains des pouvoirs publics. L’innovation pédagogique, les écoles du futur existent déjà, partout dans le monde, sans avoir besoin du label de Microsoft. Il reste que les moyens de les généraliser, de les faire vivre et s’épanouir manquent souvent. A défaut d’engagement politique fort, l’école du XXIe siècle devra de plus en plus chercher les subsides de son évolution dans les escarcelles privées. Le débat sur les enjeux et les risques d’un tel maillage des financements mérite donc de s’ouvrir clairement."

    url source : http://www.cafepedagogique.net/lesd

    C’est délirant de lire des choses pareilles !

    Les risques on les voit très bien sur le Framablog en ce moment. Et les pouvoir publics se défaussent totalement.

    L’ecole du XXIe siècle se fera avec les logiciels libres et leur culture ou ne se fera pas.

  52. nusakan

    Je réagis non pas comme enseignant, mais comme (plusieurs fois) parent d’élève, qui trouve que les enseignants sont souvent naifs, ou paresseux, quant’à l’emprise de MS sur l’éducation française.
    En fouillant le sujet de cet excellent billet, je trouve par exemple que l’ORME (Observatoire des ressources multimedias en éducation) prépare une conférence à Marseille (http://www.orme-multimedia.org/r200…)
    Table ronde n° 3 : intervenants (notamment) Jean-Yves Capul, sous-directeur des TICE, ministère de l’Education nationale, et Thierry de Vulpillières, Microsoft. En poursuivant la recherche autour de M. Capul, on tombe (http://www.snuipp.fr/spip.php?artic…) sur le site du SNUIPP, et une interview qui traite du "déploiement de ces 1000 solutions de visioconférence (qui) sera financé par le ministère de l’Education nationale". Un lien renvoie alors (http://www.snuipp.fr/spip.php?artic…) à un "Guide d’Equipement pour les TICE" examiné par le "Conseil territorial de l’éducation nationale". Je n’ai pas les moyens de vérifier ce qui se trame, mais je soupçonne que toutes ces connexions ne sont pas de hasard, et que les recommandations bénies par le Ministère orienteront largement vers MS. Un démenti me rassurerait !
    Plus largement, avec tous les arguments lus dans les commentaires précédents, pourquoi les enseignants sont-ils encore si nombreux à se faire les associés, ou les jouets, de cette entreprise ?

  53. olivier

    bonjour à tous,

    Cet article est éclairant à bien des points de vues pour ceux qui ignorent les stratégies de marketing européennes occidentales.

    Pour ma part, j’ai fonctionné pendant plusieurs années dans une "assoc" belge qui a été nommée dans les premiers commentaires à savoir le site http://www.enseignons.be. L’origine du projet était noble :
    répondre à la carence de collaboration au sein du monde enseignant et au sein d’un même établissement. La solitude, l’individualisme, la peur du jugement sont des obstacles qu’un portail pouvait surmonter.

    Malheureusement les idéaux de départ, laissent souvent place à une autre réalité pragmatique qui est celle de l’argent et du profit.

    Conçu en Php et ayant comme objectif le partage, l’esprit critique, la pertinence, ce site a été à un moment de son existence sponsoriserde deux manières par Microsoft :

    tout d’abord ils ont engagé le concepteur du portail et ensuite ils ont payé le serveur même linux, à partir de là une insidieuse influence croissante est née.

    Le design, les newsletter,…

    les formations dont le site fut loué cyberprofs.be

    de manière générale nous devenions une filiale du Monopole dès lors une seule solution : partir…..

    Une dernière critique s’adressera au monde politique d’une part qui n’a jamais su soutenir des projets ambitieux qui ne visaient pas le profit, par la lourdeur de leur institution et par l’incompétence de leur parlementaire

    Une critique plus générale s’adressera à tous les faux-gauchistes qui prennent les errances du socialisme pour argument de leur cupidité et de leur capitalisme d’etat

    olivier

  54. Samuel Livron

    Merci Jérôme, j’avais oublié Projetice. Je remarque que cette FAQ semble avoir évolué depuis l’article de ce blog.

    "Q : Est-il possible de partager les ressources trouvées sur le site public de Projetice?
    R : Les ressources proposées sur le site sont disponibles sans aucune restriction. Veillez simplement à mentionner le nom de leur auteur si jamais vous les reproduisez, par exemple sur un autre site Internet, un blog, etc."

    Adopter une licence Creative Commons, ça doit être tabou chez Projetice/Microsoft !

    Quant aux 2 dernières questions, à mon avis, elles sont la conséquence de cet article.

    "Q : J’ai entendu dire que Projetice ne parlait que de logiciels payants ou propriétaires et pas de logiciels gratuits ou même de logiciels libres. Qu’en est-il?
    R : Projetice a depuis toujours banni ces débats stériles qui conduisent à opposer, comme certains le font encore, des outils ou des ressources entre elles. Notre objectif est de promouvoir les usages pédagogiques en s’appuyant sur des exemples concrets, issus des activités mises en oeuvres par les membres de Projetice. Par conséquent, et du fait de la diversité des collègues qui constituent la richesse de l’association, il est bien évident que nous présentons et traitons de tout type de logiciels. Idem pour les matériels, ressources, etc. Nos actions sur le terrain en témoignent. Projetice promeut la liberté de chacun sans s’enfermer dans un carcan idéologique périmé et aux antipodes des attentes des collègues en matière d’intégration des TIC dans leurs pratiques pédagogiques.

    Q : Projetice est une association qui bénéficie du soutien de certains industriels. Ceci veut-il donc dire que vous êtes liés à ces entreprises?
    R : Les relations entre Projetice et les industriels qui nous soutiennent sont claires et intégrées dans les contrats de partenariats signés avec eux : l’association est indépendante et se réserve toujours le droit de mentionner ou non, d’utiliser ou non, de promouvoir ou non, les outils, matériels et autres ressources de ces partenaires. Projetice n’utilise donc les produits des partenaires qu’à chaque fois qu’elle juge qu’il est pertinent de le faire."