0,01 % du budget licences Microsoft pour soutenir et déployer OOo4Kids à l’école !

Libre ou pas libre, là où Microsoft Office et OpenOffice.org se rejoignent dans le pire, c’est au niveau ergonomique, avec une interface peu adaptée aux jeunes enfants. Cela les déroute de prime abord et complexifie inutilement leur initiation à cet indispensable outil qu’est une suite bureautique.

Il se trouve qu’un projet, initié par un enseignant français, souhaite justement remédier à cela en optimisant son utilisation pour la tranche d’âge 7-12 ans. Et, tiens donc, il ne peut le faire qu’avec OpenOffice.org, qui elle seule autorise les modifications du code source de par sa licence libre.

Ce projet s’appelle OOo4Kids et nous avions déjà eu l’occasion d’en parler il y a peu en interviewant Éric Bachard, l’enseignant dont nous parlions au paragraphe précédent.

Le projet avance, comme en témoigne cette excellente petite vidéo ci-dessous qui présente tout ce qu’OOo4Kids peut apporter aujourd’hui et demain aux écoliers.

—> La vidéo au format webm

Le projet avance, mais il manque de ressources et de moyens, ainsi que vient nous le rappeller l’appel au don final de la vidéo. Et nous vous invitons tous bien entendu à participer pour soutenir le projet.

Mais, franchement, qui devrait avant tout aider un tel projet ? Qui devrait aider un enseignant et son équipe à développer cette application libre à vocation internationale ayant pour objectif de faciliter l’appropriation et l’usage de l’outil informatique dans les classes ?

L’Éducation nationale, bien sûr, avec nos sous de contribuables. Et j’en serais fier pour mon Institution.

Dans le cas contraire, c’est purement et simplement à désespérer…




Première démonstration « open source » d’un théorème mathématique

Robynejay - CC by-saEst-ce uniquement par leur licence qu’un noyau Linux et une encyclopédie Wikipédia sont identifiés comme étant libres ?

Juridiquement parlant oui, mais s’en tenir là serait passer à côté du modèle collaboratif particulier que ce sont donnés ces deux fleurons de la culture libre pour développer leur projet.

Conséquence de la licence, c’est aussi voire surtout la puissance de ce modèle qui caractérise le Libre. Et ce modèle commence à se diffuser un peu partout dans la société…

Les mathématiques sont « libres » depuis la nuit des temps (enfin depuis que les pythagoriciens ont cessé de se cacher, pour être plus précis)[1]. Chacun est libre des les étudier, les copier et les améliorer en étant fortement encouragé à rendre évidemment publiques ces améliorations, dans la plus pure tradition universitaire.

C’est absurde, mais si il fallait a posteriori leur accoler une licence issue de la culture libre, ce pourrait être la plus simple des Creative Commons, la CC-By, puisque cette notion de paternité est très importante dans un monde scientifique avant tout motivé par la reconnaissance des pairs et la place laissée dans l’Histoire de leur champ disciplinaire.

On retrouve d’ailleurs souvent les crédits et les hommages dans les noms que l’on donne aux résultats. On parlera ainsi de la preuve selon Euclide du théorème de Thalès.

Les mathématiques seraient donc « libres », les professeurs également (enfin surtout en France dans le secondaire avec Sésamath), mais quid des mathématiciens eux-même et de leurs pratiques ? Et si ils s’organisaient à la manière d’un projet de développement d’un logiciel libre pour chercher et éventuellement trouver ensemble des résultats importants ?

Entendons-nous bien. Les mathématiciens ne vivent bien entendu pas dans une tour d’ivoire. Ils sont habitués à travailler et échanger ensemble au sein d’un laboratoire, lors d’un séminaire… et évidemment sur Internet. Mais l’aventure intellectuelle et collective du « Projet Polymath » que nous avons choisi de vous narrer ci-dessous est un peu différente, en ce sens que ses auteurs eux-mêmes la définissent comme une expérience « open source ».

Ne vous arrêtez surtout pas à la complexité mathématique de ce qu’ils cherchent à accomplir (à savoir une « meilleure » preuve d’un théorème déjà démontré !), c’est totalement secondaire ici. Ce qui nous intéresse en revanche c’est comment ils y sont arrivés (désolé d’avoir vendu la mèche) et les enseignements qu’ils en tirent pour l’avenir.

Parce qu’il se pourrait que cet mode opératoire, original et efficient, fasse rapidement des émules, et ce bien au delà des mathématiques.

Remarque : C’est le terme « open source » qui a été choisi tout du long par les auteurs et non « free software ». Contrairement au domaine logiciel, il ne s’agit pas d’un choix ou d’un parti pris mais tout simplement d’une question de sens : « open source mathematics » étant largement plus signifiant que « free software mathematics » !

Mathématiques massivement collaboratives

Massively collaborative mathematics

Timothy Gowers[2] et Michael Nielsen[3] – 24 octobre 2009 – Nature.com (Opinion)
(Traduction Framalang : Olivier et Goofy)

Le « Projet Polymath » est la preuve que l’union de nombreux cerveaux peut résoudre des problèmes mathématiques complexes. Timothy Gowers et Michael Nielsen nous livrent leurs réflexions sur ce qu’ils ont appris des sciences open source.

Le 27 janvier 2009, l’un d’entre nous, Gowers, a lancé une expérience inhabituelle par l’intermédiaire de son blog (NdT : avec ce billet Is massively collaborative mathematics possible?). Le Projet Polymath s’était fixé un but scientifique conventionnel : s’attaquer à un problème mathématique irrésolu. Mais son but plus ambitieux était d’innover dans la recherche en mathématiques. Reprenant l’idée des communauté open source comme Linux et Wikipédia, le projet s’appuyait sur des blogs et des wikis pour canaliser une collaboration complètement ouverte. Libre à tout un chacun d’en suivre la progression et s’il le désire d’apporter sa contribution. Les blogs et wikis étaient en quelque sorte une mémoire à court terme collective, un brainstorming ouvert à grande échelle dédié à l’amélioration des idées.

Le résultat de la collaboration dépassa de loin les espérances de Gowers, offrant une belle illustration de ce que nous pensons être une dynamique formidable pour les découvertes scientifiques : la collaboration de nombreux cerveaux connectés par Internet.

Le Projet Polymath visait à trouver une preuve élémentaire d’un cas particulier du théorème de Hales-Jewett sur la densité (NdT : DHJ pour Density Hales-Jewett), théorème central de l’analyse combinatoire, une branche des mathématiques qui étudie les structures discrètes (voir Morpion à plusieurs dimensions). Ce théorème avait déjà été démontré, mais les mathématiciens ne se contentent pas toujours d’un seul chemin. De nouvelles preuves peuvent déterminantes pour une meilleure compréhension du théorème. Trouver une nouvelle démonstration du théorème DHJ était important pour deux raisons. Tout d’abord il fait partie d’un ensemble de résultats fondamentaux possédant plusieurs démonstrations, alors que le théorème DHJ n’en avait jusqu’alors connu qu’une seule, longue, complexe, et très technique. Seul un élan de nouvelles idées pouvait amener à une preuve plus simple, s’appuyant sur des concepts de base plutôt que sur des techniques compliquées. Ensuite, du théorème DHJ découle un autre théorème important, le théorème de Szemerédi. La découverte de nouvelles preuves de ce théorème a conduit à de grandes avancées au cours de la dernière décennie, on pouvait donc raisonnablement s’attendre à ce qu’un même phénomène accompagne la découverte d’une nouvelle démonstration du théorème DHJ.

À l’origine du projet on retrouve Gowers. Il publia une description du problème, indiqua quelques ressources et établit une liste préliminaire de règles régissant la collaboration. Grâce à ces règles, les échanges sont restés polis et respectueux, elles encourageaient les participants à proposer une et une seule idée par commentaire, même sans la développer complètement. Ces règles stimulaient ainsi les contributions et aidaient à conserver le caractère informel de la discussion.

Mettre le projet sur les bons rails

La discussion collaborative a vraiment commencé le 1er février, doucement : il a fallu attendre plus de 7 heures avant que Jozsef Solymosi, un mathématicien de l’Université de la Colombie Britannique à Vancouver, fasse le premier commentaire. Quinze minutes après, un nouveau commentaire était posté par Jason Dyer, enseignant dans un lycée de l’Arizona. Trois minutes après, c’est Terence Tao (lauréat de la médaille Fields, la plus haute distinction en mathématiques), de l’Université de California à Los Angeles, qui écrivit son commentaire.

Au cours des 37 jours qui suivirent, ce sont pas moins de 27 personnes qui ont apporté leur contribution au travers d’environ 800 messages, pour un total de 170 000 mots. Personne n’a été spécialement invité à participer : la discussion était ouverte à tout le monde, des doctorants aux experts mathématiciens. Nielsen a mis en place un wiki pour mettre en avant les contributions importantes apparues dans les commentaires du blog. Au moins 16 autres blogs ont parlé du projet, il s’est hissé à la première page de l’agrégateur Slashdot technology et a donné naissance à un projet assez proche sur le blog de Tao.

Tout s’est déroulé sans accroc : pas de « trolls » (ces adeptes des posts non constructifs, voire malveillants), ni de commentaires bien intentionnés mais complètement inutiles (on peut malgré tout signaler que le wiki a été spammé). Le rôle de modérateur pris par Gowers se résumait essentiellement à corriger les fautes.

Le projet progressa bien plus rapidement qu’attendu. Le 10 mars, Gowers annonça qu’il était assez sûr que les participants au projet Polymath avaient découvert une preuve élémentaire d’un cas particulier du théorème DHJ et, qu’étonnamment (compte tenu des expériences avec des problèmes similaires), cette preuve pouvait être généralisée assez facilement pour prouver le théorème entier. La rédaction d’un article décrivant cette preuve est entreprise, ainsi que celle d’un second papier décrivant des résultats liés. De plus, alors que le projet était encore actif, Tim Austin, doctorant à l’Université de Californie, Los Angeles, publia une autre preuve (non élémentaire celle-ci) du théorème DHJ en s’appuyant largement sur les idées développées dans le projet Polymath.

Les archives du projet Polymath constituent une ressource exceptionnelle pour les étudiants en mathématiques, les historiens et autres philosophes des sciences. Pour la première fois, on peut suivre le cheminement intellectuel complet à l’origine d’un résultat mathématique sérieux. On y voit les idées naître, grandir, changer, s’améliorer ou être abandonnées, et on y découvre que la progression de la compréhension ne se fait pas nécessairement par un unique pas de géant, mais plutôt par le regroupement et le raffinement de plusieurs petites idées.

C’est un témoignage direct de la persévérance dont il faut faire preuve pour résoudre un problème complexe, pour progresser malgré les incertitudes et on réalise que même les meilleurs mathématiciens peuvent faire des erreurs simples et s’entêter à creuser une idée vouée à l’échec. Il y a des hauts et des bas et on ressent une vraie tension à mesure que les participants s’approchent d’une solution. Les archives d’un projet mathématique peuvent se lire comme un thriller, qui l’eût cru ?

Des implications plus larges

Le projet Polymath ne ressemble pas aux collaborations à grande échelle traditionnelles, comme on peut en trouver dans l’industrie ou dans les sciences. En général, ces organisations sont divisées hiérarchiquement. Le projet Polymath était complètement ouvert, chacun était libre d’apporter sa pierre à l’édifice… n’importe quelle pierre. La variété des points de vue a parfois apporté des résultats inattendus.

Se pose alors la question de la paternité : difficile de décréter une règle de paternité stricte sans heurt ou sans décourager des contributeurs potentiels. Quel crédit accorder aux contributeurs apportant uniquement une idée perspicace, ou à un contributeur très actif mais peu perspicace ? Le projet a adopté une solution provisoire : il signe ses articles du pseudonyme « DHJ Polymath » suivi d’un lien vers les archives (NdT : cf cette première publication ainsi signée A new proof of the density Hales-Jewett theorem). Grâce à la collaboration ouverte privilégiée par le projet Polymath, on sait exactement qui a fait quoi. Au besoin, une lettre de recommandation peut isoler les contributions d’un membre du projet en particulier, comme c’est déjà le cas en physique des particules où il est courant de voir des articles avec des centaines d’auteurs.

Se pose aussi le problème de la conservation. Les archives principales du projet Polymath sont dispersées sur deux blogs (1 et 2) et un wiki, le rendant très dépendant de la disponibilité de ces sites. En 2007, la bibliothèque du Congrès américain a initié un programme de conservation des blogs tenus par les professionnels du droit. De la même manière, mais à plus grande échelle, un programme similaire est nécessaire pour conserver les blogs et wikis de recherche.

D’autres projets, ayant vu le jour depuis, permettront d’en apprendre plus sur le fonctionnement des mathématiques collaboratives. Il est en particulier crucial de savoir si ce genre de projet peut être élargi à plus de contributeurs. Bien qu’il ait rassemblé plus de participants qu’une collaboration classique en mathématiques, le projet Polymath n’est pas devenu la collaboration massive que ses créateurs espéraient. Ceux qui y ont participé s’accordent sur le fait que pour grandir, il faudrait que le projet adapte sa manière de procéder. La narration linéaire du blog posait, entre autre, problème aux nouveaux arrivants. Difficile pour eux, parmi la masse d’informations déjà publiées, d’identifier où leur aide serait la plus précieuse. Il y avait également le risque qu’ils aient loupé un « épisode » et que leur apport soit redondant.

Les projets de logiciels libres utilisent des logiciels de suivi de version pour organiser le développement autour des « problèmes », des rapports de bogues ou des demandes de fonctionnalités en général. Ainsi, les nouveaux arrivants ont une vision claire de l’état du projet, ils peuvent concentrer leurs efforts sur un « problème » particulier. De même, la discussion est séparée en modules. Les futurs projets Polymath pourraient s’en inspirer.

Bientôt, les sciences ouvertes

L’idée derrière le projet Polymath est potentiellement applicable à tous les défis scientifiques, mêmes les plus importants comme ceux pour lesquels le Clay Mathematics Institute de Cambridge, Massachussets offre un prix d’un million de dollars. Même si certaines personnes souhaiteront toujours garder tout le mérite pour elles-mêmes et être pour ainsi dire refroidies par l’aspect collaboratif, d’autres au contraire pourraient y voir une excellente opportunité d’être associés à la résolution de l’un de ces problèmes.

Dans d’autres disciplines, l’approche open source ne gagne que très lentement du terrain. Un domaine s’y est ouvert avec succès : la biologie synthétique. Les informations ADN d’organismes vivants sont enregistrées numériquement et envoyées à un dépôt en ligne, comme celui du MIT Registry of Standard Biological Parts. D’autres groupes peuvent utiliser ces informations dans leur laboratoire et, s’ils le souhaitent, reverser leurs améliorations au dépôt. qui compte actuellement plus de 3 200 contributions, apportées par plus de 100 entités différentes. Les découvertes qui en découlent ont fait l’objet de nombreux articles comme par exemple Targeted Development of Registries of Biological Parts. La biologie open source et les mathématiques open source montrent comment la science peut progresser grâce aux diverses contributions apportées par des gens aux compétences variées.

On pourrait, de la même manière, employer ces techniques open source dans d’autres domaines, telle la physique et l’informatique théoriques, où les données brutes contiennent de nombreuses informations et peuvent être partagées librement en ligne. Appliquer les techniques open source aux travaux pratiques est plus délicat, les conditions expérimentales étant difficilement reproductibles. Quoiqu’il en soit, le partage libre des données expérimentales permet néanmoins leur analyse libre. Adopter ces techniques open source à grande échelle ne sera possible que grâce à un changement profond des mentalités en science et au développement de nouveaux outils en ligne. Nous croyons à un fort développement de la collaboration de masse dans de nombreux domaine des sciences, et que cette collaboration massive repoussera les limites de nos capacités à résoudre des problèmes.

Notes

[1] Crédit photo : Robynejay (Creative Commons By-Sa)

[2] Timothy Gowers appartient au Departement of Pure Mathematics and Mathematical Statistics de l’Université de Cambridge, Wilberforce Road, Cambridge CB3 0WB, UK et il est Royal Society 2010 Anniversary Research Professor.

[3] Michael Nielsen est écrivain et physicien, il habite à Toronto et travaille sur un livre sur le futur de la science.




Le framabook Simple comme Ubuntu nouveau est arrivé !

Framabook - Simple comme Ubuntu 9.10 - Cover Alexandre Mory Art LibreEn avance sur le Beaujolais, nous sommes heureux et fiers d’annoncer la sortie du nouveau framabook Simple comme Ubuntu (ou SCU) dans son millésime 9.10 Karmic Koala.

Comme il a en a pris la bonne habitude, il suit d’à peine quelques jours la sortie de la nouvelle version d’Ubuntu.

C’est la résultante du travail intense de son auteur Didier Roche, accompagné par les remarques et suggestions de toute la communauté, sans oublier la fine équipe de relecteurs et un éditeur InLibroVeritas qui trouve encore le temps d’être prêt malgré La bataille Hadopi qu’il mène sur tous les fronts.

Une petite interview s’imposait. D’autant que, grande et originale nouveauté, il n’est pas courant de trouver un livre « dans » un système d’exploitation !

PS : J’en profite pour rappeler que la collection Framabook a pour slogan « le pari du livre libre » et qu’en commandant (pour vous ou pour offrir à l’approche des fêtes) sa version matérielle chez InLibroVeritas, vous contribuez à soutenir tout le projet.

Entretien avec Didier Roche

Bonjour Didier, peux-tu te présenter brievement et nous décrire tes multiples activités autour d’Ubuntu ?

Didier RocheBonjour Alexis,

Je suis un ingénieur de production informatique de 26 ans travaillant dans une grande boite d’édition logicielle française (propriétaire, mais c’est un bug que je suis en train de corriger hardiment ;)).

Cela fait un peu plus d’une dizaine d’années que j’utilise un système GNU/Linux et j’ai donc connu et utilisé de multiples distributions : Red Hat, Mandrake, Debian pendant plusieurs années pour certaines…

J’ai adopté Ubuntu dès ses débuts (première installation en novembre 2004) et jamais lâché depuis.

Je suis depuis bientôt deux ans secrétaire de l‘association Ubuntu-fr, après avoir été quelques mois administrateur de sa partie documentation. J’aide notamment à l’organisation de l’Ubuntu party parisienne. Participer à une association de ce type fait que l’on se doit d’être présent les nombreux et classiques événements du Libre auxquels Ubuntu-fr participe ou initie.

Enfin, je suis également ce que l’on appelle MOTU (signifiant pompeusement « Master Of The Universe »), groupe de développeurs ayant les droits adéquates qui s’occupe des dépôts universe/multiverse d’Ubuntu. Cependant, je travaille plus particulièrement dans l’équipe « desktop » qui s’occupe principalement de mettre à jour GNOME dans Ubuntu. A ce titre, j’ai eu la chance d’être sponsorisé par Canonical (société principale qui finance de nombreux développeurs Ubuntu) pour aller à l’UDS (Ubuntu Developer Summit) en mai dernier à Barcelone et à Dallas dans une quinzaine de jours. Cela m’a permis d’être le principal développeur de Quickly, projet poussé par Canonical afin de créer une application distribution et technologie agnostique, qui permet de rendre plus aisée la programmation sous GNU/Linux (plus d’information sur LWN).

Ton livre Simple comme Ubuntu (alias le SCU) est une grande réussite de « l’édition libre », et une belle collaboration Ubuntu-fr, InLibroVeritas et Framasoft. Peux-tu nous en raconter la génèse, son évolution et en quoi ce choix de la licence libre est important pour toi ?

Simple Comme Ubuntu a une histoire très singulière que j’évoque rapidement dans sa préface. Lors de mes études d’ingénieur généraliste (comprendre un environnement avec peu de véritables passionnés d’informatique), j’étais en 2005-2006 dans une association au nom d’Afric’Edu dont l’objectif est la récupération, le reconditionnement et l’envoie de matériel informatique dans les écoles d’Afrique. On officie également une formation sur place sur un mois. Voulant installer un système d’exploitation Libre basé sur GNU/Linux (comme l’année précédente), je pensais qu’Ubuntu convenait parfaitement aux besoins. Cependant la connaissance de l’équipe sur GNU/Linux frisait malheureusement l’axe des abscisses, un peu gênant pour ensuite effectuer des formations, non ? 🙂

Ayant vu l’excellente suite de billet de yeKcim sous licence CC By-Sa, je me disais à l’époque qu’il ne manquait pas grand chose pour en faire une documentation complète. J’ai naturellement respecté la licence, conscient de ses bienfaits et publié « Simple Comme Linux » (pour Dapper Drake 6.06), un pdf d’une quinzaine de pages que nous avons utilisé en support de cours au Togo.

Rentré d’Afrique, je l’ai publié sur le forum d’Ubuntu-fr où de nombreux retours et suggestions ont été faites. La documentation s’est ainsi étoffée jusqu’à atteindre environ 70 pages où Alexis Kauffmann m’a alors parlé en novembre 2006 de la collection Framabook qui n’était alors formée que d’un seul opus sur Thunderbird. Le passage d’une documentation à un véritable livre a été particulièrement chronophage, mais le résultat a plu et plaît encore, et c’est ce qui compte !

À nouvelle version d’Ubuntu, nouvelle version du SCU. Quelles en sont les principales nouveautés ? Je crois savoir qu’il y en a une de poids tout à fait originale…

Tout à fait. Depuis la version Karmic, Simple Comme Ubuntu est maintenant… dans Ubuntu ! C’est à dire qu’il fait parti des dépôts universe (il suffit d’installer le paquet simplecommeubuntu) pour avoir accès au livre librement et légalement en version électronique, installé sur sa machine. Les sources en LaTeX permettent de construire le pdf comme tout autre logiciel de la distribution, ce qui permet d’avoir un accès aisé aussi bien aux sources qu’au contenu. Son intégration dans les archives du projet Debian est en cours.

Chaque nouvelle version d’Ubuntu est un réel challenge. Car en plus du surplus d’activité au niveau Ubuntu-fr, il y a également la release d’Ubuntu côté développement qui me prend énormément de temps. Chaque mise à jour du livre (tous les 6 mois) nécessite une moyenne d’une cinquantaine d’heures au niveau des modifications et changement des copies d’écran. La deadline est par conséquent très serrée ! Nous essayons d’être le plus réactif possible. L’excellent comité de relecture de Framabook, que je ne remercierai jamais assez pour l’acharnement de ses membres (certains depuis juin 2006 !), permet d’obtenir un niveau de qualité très satisfaisant.

Aujourd’hui (cela s’est fait graduellement et non sur mon impulsion, bien au contraire), Simple Comme Ubuntu est devenu en quelque sorte le livre officiel de la communauté francophone (il suffit d’aller voir sur le forum le nombre d’échanges le conseillant), nous l’avons donc, à partir de cette version, intégré aux 3 000 CD francophones qu’Ubuntu-fr presse à ses frais et vend sur les divers évènements où nous nous rendons (il sera également sur la clef de la Framakey Ubuntu-fr Remix version Karmic). Rien de mieux que d’avoir ensemble le(s) logiciel(s) et la manière de les utiliser. 🙂

Concernant les nouveautés et dans le plus pur esprit du Libre, je n’ai pu résister à joindre ci-dessous le changelog des changements impactés dans le livre (gérant le livre dans un VCS, je pourrais même fournir un patch) 🙂

Merci Didier pour ces précisions. Tu nous donnes rendez-vous à l’Ubuntu Party de Paris ?

Exactement, il y a des Ubuntu Party dans la France entière, la plus importante en terme de visites (4000 personnes aux deux précédentes éditions) étant à Paris, au Carrefour Numérique, Cité des sciences et de l’industrie les 28 et 29 novembre. De nombreuses associations du Libre (dont Framasoft) y tiendront un stand et il y a de nombreuses conférences et activités proposées pour tous les niveaux, de débutant à confirmé.

N’hésitez pas à venir nous rencontrer et rester informé sur le programme complet bientôt publié sur le site de l’Ubuntu party.

Didier

Découvrir la nouvelle version 9.10 du framabook Simple comme Ubuntu…

Release note de SCU version 9.10

  • Mise à jour des tous les éléments de Jaunty vers Karmic. Nombreuses images également modifées.
  • Revue de la procédure d’installation. Quelques remarques supplémentaires sur l’installation et le chiffrement de partition
  • Modification suite au passage de gdm 2.28
  • Modification des éléments dans Systèmes (un vrai bento de renommage), ajout d’ibus et suppression de SCIM
  • Sources de mises à jour redevient sources de logiciels une énième fois :/
  • Ajout de palimpset
  • Suppression d’évolution dans la barre supérieure par défaut
  • Modifier des éléments du tableau de bord en haut à droite (NM, Icône présente, etc.): une bonne pelletée de changements 🙂
  • Nombreux changements dans l’applet FUSA
  • Remplacement d’ajouter/supprimer par l’App Center d’Ubuntu. Adaptation de la partie dédiée. Beaucoup de modifications tout au long du livre (notamment le fait qu’il n’y ait plus de confirmation pour l’installation d’appli dans universe et également que toutes les applications soient disponibles par défaut). Il n’y a plus d’indicateur de popularité non plus
  • Modifications de la nettoyeur système
  • Suppression de l’installation de la version propriétaire de Java vu que la version libre a bien évolué et permet maintenant d’adresser la plupart des cas.
  • Ajout et modification de l’écran de changement de fond d’écran
  • Le clin d’oeil du thème vista basic a été gardé le temps de trouver un screenshot potable pour faire un seven basic 🙂
  • La nouvelle version de gdm n’est plus thémable graphiquement
  • Gnome-screenshot -> option pour prendre une partie de l’écran.
  • Petite note pour indiquer que tracker n’est pas installé par défaut, idem pour deskbar
  • Changement de l’outil pour gérer la connexion automatique et par défaut de GDM
  • Ajout de exec devant numlock et déplacement au chapitre 7
  • Ajout précision sur ami de root et la notification pour dropper les privilèges
  • Changement de la méthode de notification de connexion wiki/ethernet. Suppression des icônes et modifiant du descriptif correspondant.
  • Ajout d’empathy
  • Rafraichissement de la description de pidgin
  • Racketiciel et detaxe.org ont maintenant fusionnés: un seul lien
  • Le clavier par défaut proposé maintenant en « France – Alternative »
  • Ext4 est maintenant utilisé par défaut
  • Support linguistique: prise en charge des langues
  • Puis prise en charge linguistique -> prise en charges des langues
  • Note sur chiffrement et trousseau qui apparait désormais uniquement si vous utilisez un trousseau de clef.
  • Test du matériel -> Test du système
  • Renommage de certains boutons comme Installer/supprimer des langues -> Installer / supprimer des langues
  • Suppression de la gravure directement par Nautilus
  • Comparaison de Cinelerra avec Adobe Premiere et ajout des dépôts de lprod pour installer ce dernier.
  • Quelques modifications sur la description des onglets dans Firefox
  • La situation des cartes graphiques d’ATI se sont améliorés. Remarque mise à jour
  • Suppression de la remarque sur Waow de Vista vu que maintenant Seven est sorti 😉
  • Modification sur une remarque sur les noyaux (pour 1 Go de RAM, t’as plus rien ;))
  • Des liens de logiciel changés, textes rafraichis
  • Sélectionner avec un motif -> Sélectionner les éléments correspondants à \ldots{}
  • Ajout sur la version électronique du descriptif du projet Framabook
  • Corrections de quelques zillions de coquilles, reformulations, etc. 🙂



Google se conjugue au futur et Microsoft au passé ?

Google sfida Microsoft con Chrome - Copyright Federico FieniOn le sait, Microsoft n’a pas vu venir le Web et ne porte pas le logiciel libre dans sa culture (c’est le moins que l’on puisse dire).

À partir de là comment s’étonner qu’un Google lui fasse aujourd’hui concurrence et menace demain d’attaquer frontalement ses deux plus beaux fleurons (et source colossale de revenus) que sont le système d’exploitation Windows et la suite bureautique MS Office.

Un Google qui a massivement investi dans le cloud computing, l’informatique dans les nuages, Un Google qui non seulement ne méprise pas le logiciel libre mais sait très bien l’utiliser quand ça l’arrange, par exemple pour faire s’y reposer son navigateur Chrome ou son prochain et très attendu Google OS (histore de boucler la boucle)[1].

À propos de Google OS, un petit coup de Wikipédia : « Google Chrome OS est un projet de système d’exploitation qui sera fondé sur son navigateur Web Chrome et un noyau Linux. À destination des netbooks dans un premier temps, il serait capable, à terme, de faire tourner des ordinateurs de bureau traditionnels. Google laisse à penser que son OS fonctionnerait en ligne sur tout ou partie, comme ses applications (Google Documents, Gmail, etc.). Après sa suite gratuite Google Documents concurrent de la suite payante Microsoft Office, puis Android face à Windows Mobile, ce nouveau système d’exploitation gratuit attaque le cœur du business Microsoft. »

La fin d’un cycle, si ce n’est d’une époque ?

Google est en compétition pour le futur; Microsoft, pour le passé

Google competes for the future; Microsoft, the past

Matt Asay – 23 octobre 2009 – CNET News
(Traduction Framalang : Poupoul2 et Goofy)

Google est né sur le Web, et provoque de plus en plus de quintes de toux chez Microsoft en contraignant le géant séculaire du logiciel à se battre en utilisant les règles de Google. Comme avec l’open source. Comme avec l’informatique dans les nuages.

Microsoft pourrait se reposer sur ses lauriers dans l’immédiat grâce au lancement réussi de Windows 7. Mais à long terme son plus grand succès que représentent ses vieux logiciels de bureautique menace de céder le marché à Google.

Ce n’est pas très équitable pour Microsoft. Microsoft est victime de son propre succès, en ayant besoin de s’adresser à sa clientèle existante à chaque nouvelle version, coincé qu’il est par le « dilemme de l’innovateur ». Microsoft continue de remplir ses caisses, mais ses deux derniers trimestres ont vu ses forces traditionnelles telles que le système d’exploitation Windows devenir un frein pour ses revenus, tandis que les entreprises dépensent toujours plus d’argent auprès de Google, Red Hat et quelques autres.

L’absence d’héritage de Google lui permet d’innover rapidement à large échelle, comme le suggère Todd Pierce, directeur technique de Genentech et client de Google :

Le rythme d’innovation de Google…, enfin bon, le cycle de production d’Oracle, SAP et Microsoft est de cinq ans, celui de Google est de cinq jours. C’est incrémental. En cinq jours, vous ne pouvez pas supprimer toutes vos licences de Microsoft Office, mais d’ici cinq ans, vous n’aurez plus de Microsoft Office.

Microsoft, de son côté, est tellement préoccupé par la compatibilité ascendante, « Ce produit ou cette fonctionnalité sont-ils compatibles avec notre capacité à monétiser notre monopole sur la bureautique des années 80 ? », qu’ils continuent à se battre pour comprendre le Web. Dave Rosenberg, blogueur sur CNET, note que Windows 7 aurait dû être la tête de pont de Microsoft sur l’informatique dans les nuages, mais qu’il n’en a rien été.

Il y a beaucoup de « aurait dû être » chez Microsoft, lorsqu’on parle du Web.

Dans l’intervalle, personne ne ralentit pour attendre Microsoft. Arrêtons-nous un instant sur l’informatique dans les nuages. VMware domine la virtualisation, et a de grandes ambitions dans l’informatique dans les nuages, alors que les rivaux open source Eucalyptus et VMops menacent de contester la suprématie de VMware et Microsoft, en cherchant à dominer l’informatique dans les nuages.

Et arrive alors Google, qui fournit une gamme de services d’informatique dans les nuages toujours plus large aux entreprises qui cherchent à se détacher de l’ordinateur de bureau. Dans une interview donnée à CNET News, Eric Schmidt, PDG de Google, soutient que le navigateur peut être à la fois orienté entreprise et consommateur. L’architecture est dirigée par le navigateur. C’est toute l’histoire de l’informatique d’entreprise actuelle.

En d’autres termes, le bureau est simplement un moyen pour l’utilisateur de lancer son navigateur. C’est une passerelle. Il n’y a plus de valeur dans le bureau. Elle se trouve dans le navigateur, qui devient le nouveau bureau, en termes de fonctionnalités réelles disponibles

La meilleure opportunité pour Microsoft de contrecarrer la menace de Google et des autres s’appelle SharePoint. Le PDG de Microsoft, Steve Ballmer, l’a décrit comme le nouveau système d’exploitation de Microsoft, mais ce n’est que dans un entretien récent avec Forrester qu’il lui a donné tout son sens :

Dans mon esprit, je compare SharePoint au PC, le PC est venu à la vie comme machine à tableau, puis est devenu une machine à développer, une machine à traiter du texte, SharePoint est une infrastructure à objectif global qui connectera les gens aux gens, et les gens à l’information…

Je crois que SharePoint est considéré par les administrateurs informatiques et les développeurs comme une plateforme de développement très sérieuse pour les développement rapide d’application (NdT : RAD, Rapid Application Development).

SharePoint est la meilleure tentative de Microsoft pour connecter les applications de bureau telles qu’Office, avec des outils collaboratifs et de stockage centralisé ou dans les nuages. Bien sûr, Microsoft a d’autres initiatives telles qu’Office en ligne, mais aucune ne marie aussi bien ses centres de profits historiques et l’innovation future.

SharePoint pourrait alors être le meilleur espoir de Microsoft pour marier son héritage à la future informatique en ligne.

Microsoft a besoin de cela. Ils perdent dans le marché des mobiles, et pas uniquement face à Apple. Android, le système dédié de Google, est déjà efficient et opérationnel, avec par exemple ses données AdMob qui situent aujourd’hui la pénétration des smartphones Android à 10 % au Royaume Uni.

Si nous prenons l’hypothèse que le mobile sera de plus en plus une plateforme de choix pour le client, alors nous voyons Google harceler Microsoft par le haut (les nuages de services) et par le bas (le client).

Dans les deux cas, l’open source est une arme de choix pour Google, et c’en est une que Microsoft va devoir comprendre rapidement s’ils veulent devenir un acteur de poids sur le Web. Le Web est trop grand pour que Microsoft le contrôle, et le Web est incroyablement open source, tel que le remarque Mitch Kapor, fondateur de Lotus :

La victoire de l’open source est qu’il constitue le fondement du Web, la partie invisible, celle que vous ne voyez pas en tant qu’utilisateur.

Les majorité des serveurs utilisent Linux comme système d’exploitation avec Apache comme serveur Web sur lequel tout le reste est construit. Les principaux langages sur lesquels les applications Web sont construites, qu’il s’agisse de Perl, de Python, de PHP ou de n’importe quel autre langage, sont tous open source. Donc l’infrastructure du Web est open source. Le Web tel que nous le connaissons est totalement dépendant de l’open source.

Kapor suggère que la guerre que Microsoft livre à l’open source est terminée, ou devrait l’être : l’open source a gagné. Il s’agit désormais d’une infrastructure essentielle, et quelque chose que Microsoft doit arriver à comprendre, plutôt que de le combattre. Il ne s’agit pas de « religion open source », il ne s’agit que de pragmatisme. Un pragmatisme que Microsoft peut s’approprier aussi bien que n’importe qui d’autre.

Google utilise le futur (l’open source, les nuages) pour se battre pour l’avenir, et ses tactiques menacent de frapper Microsoft au cœur de ses vaches à lait tels que Windows.

Microsoft, cependant, semble être embourbé dans son passé. Windows 7 a l’air d’une mise à jour sérieuse de son prédécesseur Vista, mais dans dix ans, cela aura-t-il une importance pour nous ? Peut-être aurons-nous changé, oubliant ces jours pittoresques où nous nous soucions du système d’exploitation et des applications telles qu’Office ?

Notes

[1] Crédit illustration : Copyright Federico Fieni




Ce que nous dit Windows Vista de l’Éducation nationale

Cave Canem - CC by-saRetournons le titre de mon billet du jour en mode interrogatif. Qu’est-ce que nous dit l’Éducation nationale de Windows Vista ?

Rien. Elle ne nous a strictement rien dit, et c’est bien là le problème.

Aujourd’hui, l’arrivée de Windows 7 vient refermer le chapitre du système d’exploitation précédent de Microsoft. On aurait cependant tort de ne pas tenter de tirer le bilan de cet épisode, en particulier au sein de l’Éducation nationale française. Parce qu’il se pourrait bien que cet (assourdissant) silence soit révélateur…

Petit retour en arrière. Windows Vista a vu officiellement le jour en janvier 2007. Et très vite, comme nous le rappelle Wikipédia, « de nombreuses critiques ont fusé concernant la faible compatibilité matérielle, le matériel minimum nécessaire, les mauvaises performances et le peu d’innovations depuis Windows XP ».

Un an plus tard paraissait en Angleterre un rapport, riche et détaillé, de la très sérieuse et officielle agence Becta, sur l’opportunité ou non d’utiliser Windows Vista et MS Office 2007 dans les écoles du pays[1].

Les arguments et conclusions de ce rapport étaient sans équivoque.

Pour rappel en voici quelques extraits (dont je vous laisse juge de leur actualité un an et demi plus tard) :

« Les nouvelles fonctionnalités de Microsoft Vista présentent certes un intérêt, mais ne justifient pas une implantation immédiate dans le domaine de l’éducation : les coûts seraient élevés et les avantages loin d’être évidents. »

« Alors qu’on estime à 66% le nombre de machines du parc informatique scolaire pouvant fonctionner avec Vista (d’après la définition de Microsoft), nous estimons quant à nous à 22% le nombre de machines répondant aux critères pour faire fonctionner Vista de manière correcte. »

« Le coût total du déploiement de Vista dans les écoles anglaises et galloises se situe autour de 175 millions de livres sterling (environ 230 millions d’euros). Si cette estimation n’inclut pas les cartes graphiques supplémentaires nécessaires au fonctionnement de l’interface Aero (ce qui augmenterait nettement le montant minimum) elle tient compte des mises à niveau matérielles nécessaires, du coût des licences, des tests ainsi que du coût de la configuration et du déploiement. Environ un tiers de cette somme est imputable au prix des licences Microsoft. »

« Les machines sous Vista pourraient ne fonctionner qu’avec une autre version d’une application voir même seulement avec des produits différents. Cela peut être source de confusion si le personnel ou les élèves doivent travailler avec les deux systèmes d’exploitation. Il pourrait aussi être nécessaire de dupliquer le travail pour certaines leçons ou pour certains projets pour les adapter à Windows Vista et Windows XP. »

« Nous suggérons que les nouvelles machines achetées avec Windows Vista pré-installé soient remises sous Windows XP en attendant que tout le réseau puisse être mis à jour. »

« une standardisation de fait (par l’utilisation généralisée de produits d’un même fournisseur) peut être néfaste pour la concurrence et le choix, ce qui revient à augmenter les coûts. De plus en plus, les gouvernements, les entreprises et le système d’éducation refusent de voir leurs informations contrôlées par un fournisseur unique. Il en résulte un mouvement qui tend à délaisser les formats de fichiers propriétaires pour s’intéresser aux nouveaux formats de fichiers, plus ouverts, sous le contrôle d’un organisme de normalisation efficace. »

« Si l’on n’intervient pas, ces évolutions vont créer, pour les utilisateurs béotiens, une vision de l’intéropérabilité des documents qui sera complexe et partisane, ce qui serait un échec de l’objectif initial d’aller vers des standards ouverts. Microsoft a une position dominante sur le segment des systèmes d’exploitation pour PC et cette position risque d’être renforcée par son approche actuelle des standards de documents ouverts. »

« Contrairement à d’autres secteurs ou la demande pour des solutions en logiciels libres est visible et croissante, les estimations dans le secteur éducatif montrent une demande faible, Becta est vu comme un facteur clé dans l’instauration de cette demande. »

« Au cours des douze prochains mois Becta prendra un certain nombre de mesures pour encourager un choix plus efficace dans le cadre d’un usage éducatif. Ce travail inclura la publication d’un programme de travail dont le but sera de :
– fournir plus d’informations sur le site de Becta sur ce qu’est un logiciel libre et quels sont ses avantages pour l’éducation en Grande-Bretagne
– compléter la base de recherche actuelle qui recense les usages des logiciels libres dans le secteur éducatif et identifier des déploiements modèles de logiciels libres. Cela engloberait également l’esquisse d’un tableau national des usages des logiciels libres dans les écoles et les universités
– travailler avec la communauté du logiciel libre pour établir un catalogue en ligne des logiciels libres appropriés pour l’usage dans les écoles de Grande-Bretagne. Parmi les informations disponibles on retrouvera les moyens d’obtenir une assistance dédiée à ces logiciels et comment contribuer à leur développement futur. Ce catalogue sera publié sous une licence Creative Commons afin que les fournisseurs puissent le modifier pour leur propre usage
– donner des indications aux sociétés de services en logiciels libres pour qu’elles puissent efficacement participer dans de nouvelles structures compétitives et pour qu’elles puissent proposer des logiciels libres via la structure de fournisseurs existante de Becta »

Si nous pouvons vous proposer ces citations directement en français c’est parce que nous avions décidé de traduire ce rapport dans son intégralité, annoncé en juin 2008 sur le Framablog sous la forme d’une question (dont on a malheureusement aujourd’hui la réponse) : Le débat sur Windows Vista et MS Office 2007 à l’école aura-t-il lieu ?

Et pourquoi avions-nous fait cet effort ? Parce que, Anne, ma sœur Anne, nous ne voyions justement rien de similaire venir en France.

Il y a peut-être eu des mémos internes, quelques craintes exprimées ça et là localement sur des sites académiques, et bien sûr de la perplexité chez certains profs d’en bas. Mais, à ma connaissance, aucune étude digne de ce nom, aucune recommandation ou mise en garde publiée publiquement sur les sites nationaux de l’Education nationale, à commencer par Educnet, le site portail des TICE.

Le ministère de la Défense peut qualifier, avec la diplomatie qui le caractérise (mais tout le monde aura compris), Windows Vista de système qui « manque de maturité » et préconiser l’usage des distributions GNU/Linux Mandriva et Ubuntu, la contagion interministérielle n’aura pas lieu du côté de la rue de Grenelle.

Qu’un Café Pédagogique, soutenu par Microsoft, demeure muet si ce n’est pour annoncer benoîtement la sortie de Vista et de ses mises à jour, c’est dommageable mais compréhensible (et c’est même certainement compris dans le prix du soutien), mais il en va tout autrement pour le ministère.

N’en allait-il pas de sa responsabilité de prévenir tous ses établissements scolaires et toutes les collectivités territoriales pourvoyeuses de nouveaux matériels (susceptibles de subir le phénomène de la vente liée), qu’il était au moins urgent d’attendre ? Attente qu’il aurait pu mettre à profit pour évaluer les alternatives libres et prendre enfin les décisions qui s’imposent (comme par exemple ce qui se fait dans le Canton de Genève).

Au lieu de cela un silence radio pour le moins étonnant. Et trois années de perdues pour le déploiement massif, assumé et coordonné du logiciel libre à l’école ! Avec en prime prolifération de Vista et passage à la caisse.

Étudiants, enseignants, parents d’élèves, contribuables, et plus généralement tous ceux désormais nombreux que le sujet intéresse, sont légitimement en droit de se demander pourquoi, afin que cette politique de l’autruche ne se reproduise plus.

Notes

[1] Crédit photo : Cave Canem (Creative Commons By-Sa)




L’exemple Unicef ou le cas des licences libres dans les institutions publiques

Copie d'écran - UnicefLe blog de Sésamath nous informe que l’Unicef France invite prochainement les enseignants à fêter le vingtième anniversaire des droits des enfants dans leur classe.

Un objectif pour ce projet : que la chanson « Naître adulte », spécialement composée pour l’occasion par Oxmo Puccino, soit « reprise partout le 20 novembre, et particulièrement dans les écoles de France par les principaux concernés : les enfants ».

« Rassembler tous les élèves, collégiens et lycéens autour de la cause des droits de l’enfant, permettra ainsi de marquer cet anniversaire du sceau de la solidarité. Ensemble, chantons pour les droits de l’enfant ! ».

Excellente initiative, car Dieu sait qu’on est encore loin du compte (cf cet article édifiant du blog du Monde biplomatique). Un dossier pédagogique est également proposée en direction des enseignants.

Je vais cependant une nouvelle fois pinailler.

Résumons-nous. Une grande organisation internationale financée sur fonds publics qui produit une ressource créée par un artiste généreux et engagé, ressource qu’elle souhaite voir utilisée dans toutes les écoles à l’occasione d’une noble célébration en faveur des enfants.

Tout, tout est absolument réuni pour que la ressource en question soit disponible sous licence libre (comme par exemple la Creative Commons By-Sa pour n’en citer qu’une).

Or il n’en est rien.

Absence de mention sur le site (à moins que cela m’ait échappé), et quand vous téléchargez la musique sur le site, vous obtenez un zip où ne figure aucun fichier texte accompagnant la chanson disponible au format mp3 (pour le format audio libre et ouvert Ogg on attendra encore un peu).

Du coup c’est le régime fermé du droit d’auteur classique qui s’applique ici par défaut. Bien sûr, on peut lire en gros « téléchargement gratuit » sur la page dédiée du site de l’Unicef. Mais juridiquement parlant l’utilisateur ne dispose d’aucuns droits explicites sur l’utilisation de cette chanson.

Peut-on soupçonner l’Unicef d’avoir sciemment écarté le choix d’une licence libre (par exemple sous la pression de la maison de disques d’Oxmo Puccino ou de la SACEM et ses contrats d’exclusivité) ? C’est possible mais cela m’étonnerait beaucoup. Je penche plutôt pour une ignorance pure et simple de l’existence même de ces licences libres chez ceux de l’Unicef qui ont monté le projet.

Et c’est d’autant plus dommage que cela aurait permis aux enseignants participant à l’opération d’être également au passage sensibilisés sur la question (enseignants souvent déboussolés sur ce qu’ils sont autorisés ou non à faire en classe par des accords d’une rare complexité).

Je ne voudrais pas jouer les donneurs de leçons mais je pense que les institutions publiques devraient désormais monter l’exemple et toujours envisager la licence libre lorsqu’elles produisent ainsi du contenu (quitte à l’écarter, mais en toute connaissance de cause et en étant capable de le justifier).

Dans le cas contraire, nous sommes condamnés à demeurer dans la dialectique de la gratuité alors que c’est bien plus sûrement de liberté dont nous avons besoin.

J’avais espéré que le récent débat Hadopi eut aidé à faire sortir les licences libres de l’ombre. Force est de constater qu’il y a là aussi du chemin à parcourir…




Éducation et logiciel libre : le témoignage d’un lycéen

Chapendra - CC byDeux paradoxales caractéristiques des débats sur l’éducation (et l’éducation est un débat permanent). 1. Ceux qui parlent le plus fort et décident ne sont pas, ou plus, professeur. 2. On ne donne que très rarement la parole aux principaux concernés : les élèves.

Pour éviter qu’il en aille de même sur ce blog qui évoque souvent la situation du logiciel libre dans l’éducation, nous avons choisi d’interviewer l’élève « Vanaryon » (repéré sur le Web via son fort intéressant blog). Il est en classe de Première et habite quelque part dans le Finistère.

C’est le deuxième entretien lycéen du Framablog, et comme il avait été dit la première fois, cet élève ne représente (malheureusement) en rien l’ensemble des élèves. Ce serait même a priori plutôt une exception qui confirme la règle d’une insuffisante culture sur les sujets de prédilection qui nous préoccupent ici au quotidien.

Il me plairait qu’à l’avenir ce ne soit plus malgré l’école mais grâce à l’école que des Vanaryon se découvrent de telles sources d’intérêt, pour ne pas dire de telles passions. Histoire d’être plus encore rassuré sur la capacité de la nouvelle génération[1] à assurer la nécessaire relève.

Remarque : On a été agréablement surpris au passage de constater que notre Framakey a participé à son « initiation » au logiciel libre.

Entretien avec Vanaryon

Bonjour Vanaryon, peux-tu rapidement te présenter…

Bonjour à toi ! Je suis un lycéen actuellement en classe de première S (SVT). L’informatique et les logiciels libres me passionnent, ainsi que les technologies web. Je suis le secrétaire de la junior association PostPro, qui fait la promotion du logiciel libre dans le domaine de la création vidéo.

Quels logiciels libres utilises-tu au quotidien ?

Actuellement, je n’utilise presque plus de logiciels propriétaires : seulement Flash Player et les pilotes Nvidia pour ma carte graphique (sous Linux). Donc tout le reste est libre : je tourne sous une Ubuntu 9.04. Les logiciels libres que j’utilise le plus sont Gajim, Mozilla Firefox, Novell Evolution, Rhythmbox ou encore Gedit et Nautilus.

Sinon, quand je ne suis pas sur un poste Linux, j’ai toujours une Framakey sur moi 😉

Comment as-tu découvert les logiciels libres et en quoi te semblent-ils intéressants ?

Ça remonte à assez longtemps, au début collège je crois. Je devais être en 5ème. Je venais de m’abonner à la revue Science & Vie Junior, et dans les astuces informatique ils présentaient la Framakey. À partir de ça j’ai pu découvrir Firefox, Thunderbird et Abiword, pour m’ouvrir sur d’autres logiciels libres peu à peu (OpenOffice, Notepad++, ClamWin).

À l’époque, je ne voyais pas du tout l’avantage des logiciels libres de par la philosophie qu’il y avait derrière, mais plutôt parce-qu’ils étaient gratuits et que je les trouvais plus accessibles que les logiciels Microsoft (d’ailleurs je ne devais même pas savoir que c’était un logiciel libre à l’époque).

Au cours de ton parcours scolaire as-tu souvent rencontré des logiciels libres ? Y a-t-il des professeurs qui t’en ont parlé, qui les ont utilisés en classe avec vous ?

Oui, assez souvent (mais pas assez à mon goût !). J’ai tout de même remarqué une certaine évolution au fur et à mesure des années et des classes (en primaire, je me souviens que j’utilisais Microsoft Word, mais il n’y avait rien d’autre sur les postes !). Ensuite, au collège, je découvrais StarOffice, The GIMP, puis OpenOffice.org. Mais c’était tout, il n’y avait rien d’autre. Puis lorsque j’allais quitter le collège, Mozilla Firefox fut installé sur tous les postes du CDI. Enfin arriva mon lycée, que je sentais pro-Microsoft, de leur infrastructure en passant par leur site web. Mais il faisait quand même des efforts pour nous proposer quelques logiciels ouverts (VLC, The GIMP et OpenOffice.org puis Mozilla Firefox cette année).

Cependant, ce n’est pas encore ça… Pour donner un exemple concret, cette année ils viennent d’acheter des nouveaux ordinateurs et ils ont déployé Microsoft Office 2007 : résultat, les élèvent préfèrent l’utiliser à OpenOffice.org, alors que l’année dernière c’était OpenOffice.org qui était privilégié par rapport à Microsoft Office 2000.

Au collège, un professeur d’art plastique m’avait en effet parlé de VirtualDub, pour faire du montage vidéo. Elle m’avait dit « c’est un logiciel libre de droits ». Déjà on sent qu’elle connaissait un peu la chose !

Utilisé en classe, oui, surtout pour VLC, qui reste un incontournable pour lire tous les médias. Sinon, malheureusement, les professeurs ont tendance à nous montrer des documents visionnés avec Microsoft Powerpoint, Word, mais aussi Adobe Reader ou encore Internet Explorer (on a encore la version 6 là où je suis…).

Au cours de ton parcours scolaire as-tu souvent rencontré la « culture libre » ? Y a-t-il des professeurs qui t’ont parlé ou ont utilisés des ressources sous licences libres de type Creative Commons ?

Non, jamais. Et c’est ça qui m’effraie : tous les documents donnés par les professeurs portent en général la mention « photocopie interdite », ou encore des petits copyrights en bas pour certains. En tout cas ils n’ont jamais parlé de culture libre, et encore moins de logiciel libre.

Wikipédia et les enseignants : ils aiment, ils n’aiment pas, ils n’en parlent pas ?

Les enseignants disent toujours que Wikipédia est un outil qui doit se fier à d’autres sources, car ils ne le considèrent pas comme fiable ! Et pourtant… pour le Français, de nombreux articles sur la littérature française sont validés comme étant de qualité !

Cependant, je trouve que certains professeurs paraissent bien hostiles lorsqu’ils expliquent ce qu’est Wikipédia…

Penses-tu que les logiciels propriétaires comme Windows et MS Office (Word, Excel…) sont trop présents à l’école. Et si oui que proposerais-tu pour améliorer la situation ?

Assurément ! Ils sont beaucoup trop présents ! Bon, c’est vrai qu’il n’y a pas que les logiciels Microsoft qui sont propriétaires sur les machines de l’école, mais aussi plein d’autres (je pense en particulier à Anagène, une antiquité utilisée en SVT). Mais le problème avec les logiciels Microsoft, c’est qu’ils sont partout ! De la suite bureautique qui nous pond des formats incompréhensibles par des versions plus anciennes de MS Office ou aux autres suites bureautique (je pense à Office 2007 qui a causé de nombreux problèmes avec le docx et autres), au navigateur web complètement buggé et dépassé qu’est Internet Explorer 6, en passant carrément par le système Windows en lui même…

Mais déjà, les professeurs ne sont-ils pas un peu conditionnés aux softs made-in-Microsoft ? Je pense surtout aux licences gratuites de MS Office qu’ils reçoivent. Une petite anecdote : ça m’avais fait bien rire à l’époque, quand j’étais en 3ème, mon professeur d’SVT, pour dire Mozilla Firefox nous avait sorti Godzilla Firefox, et pensait que c’était le fameux monstre. Peut-être faisait-il une confusion avec le logo de Mozilla qui est un dinosaure ?

Pour améliorer la situation, déjà il faudrait sensibiliser les utilisateurs (aussi bien professeurs qu’élèves), et je pense vraiment qu’il n’y a que les gérants informatique de l’établissement qui peuvent changer la situation en bannissant Windows, et en préférant Linux, ou encore laisser libre aux utilisateurs de booter sur l’OS de leur choix. Mais le gros problème c’est que de très (trop) nombreux logiciel nécessaires à certains programmes scolaires ne tournent que sous Windows.

Sur ton blog, tu t’es récemment inquiété du choix de ton lycée pour la solution Microsoft Live@edu (cf ce billet blog). En quoi ce choix est-il un mauvais choix ?

Rha, si je sortais tout ce que je pense pour répondre à ta question, ça en ferait trop ! Déjà parce-que ça renforce le monopole de Microsoft dans l’éducation, et permet de sortir ses applications web de l’établissement, qui arrivent dans les foyers même des élèves/professeurs. Quand un truc marche pas sur la plateforme Windows Live, les profs nous demandent quel navigateur on utilise et nous recommandent Internet Explorer… Désolant…

Et puis, ce n’est pas une manière de faire que de proposer cette plateforme à ses élèves, surtout que nos données sortent de l’établissement, et arrivent dans un data-center suisse (si je me souviens bien). Et mon lycée n’a donné aucune fiche à signer l’autorisant à céder mes informations à un tiers (ici mon nom, mon prénom, mon établissement). Et puis ça conditionne encore les gens à utiliser le réseau MSN, les blogs Windows Live ou encore le service SkyDrive.

Pourquoi ne pas déployer un serveur à l’intérieur même du lycée, avec une plateforme comme Elgg, que je trouve bien mieux conçue et beaucoup plus accessible ? Mais surtout ouverte et décentralisée ! Elle permet les mêmes choses, voir plus. Alors pourquoi choisir en permanence Microsoft (ils ont des aides financières, c’est pas possible ?!) ?

iPod, iPhone, ça te fait rêver ?

Pas vraiment, en fait je n’ai (encore) aucun produit Apple chez moi ! Tout le monde a des iPods, je n’en ai pas, et franchement ça ne me donne pas envie. Je ne renie pas le fait que l’iPhone est superbement bien conçu, mais je ne suis pas forcément pour les smartphones, et encore moins si ce n’est pas basé sur une architecture libre.

Et puis, quand ça lit pas le Ogg, c’est pas intéressant 😉

Certains caricaturent les jeunes et leur usage d’internet qui se résumerait à MSN, Facebook, World of Warcraft et du copier/coller de Wikipédia. Qu’as-tu envie de dire à ces gens là ?

Eh bien j’ai envie de dire qu’ils ont raison et qu’ils ont tort. Raison parce-que c’est quand même le cas de pas mal de jeunes (Skyblogs, MSN et Facebook comme tu le dis et pis tant qu’à y être l’exposé venant directement de Wikipédia !). Mais il n’y a pas qu’eux, et heureusement ! C’est vrai que pas mal de gens voient l’Internet sous cet angle là, mais une autre partie le voit différemment.

Le truc qui m’avait bien fait rire, c’est quand j’avais demandé à un ami quel était son navigateur web : il m’a répondu « Ben… Google ! ». En fait il parlait de sa homepage, et son butineur arborait une jolie icône en « E » bleue. Un autre ami pensait que Internet Explorer, c’était Internet, et que Mozilla Firefox c’était pas le vrai Internet… (ça vole haut !). M’enfin bon, depuis il est passé quand même à Mozilla Firefox tout ça parce-qu’un site pour télécharger des voitures dans TrackMania ne marchait pas sous son IE.

Est-il difficile d’expliquer à ses camarades ce qu’est un logiciel libre ? Penses-tu que la diffusion de la pratique du piratage et la confusion libre/gratuit compliquent la situation ? Les as-tu senti concernés par le débat sur l’Hadopi ?

Très difficile ! J’ai converti un ami à Linux, c’est déjà pas mal, et sensibilisé plusieurs : mais certains continuent à dire logiciel gratuit pour logiciel libre ou encore logiciel libre pour logiciel gratuit. C’est sûr qu’au début ça peut porter à confusion, mais au moins ils sont sensibilisés. Et puis il y a encore les pro-Microsoft qui ne veulent même pas savoir ce qu’est un logiciel libre, et restent bornés à ce qu’ils connaissent/utilisent.

Oui, certes, cette confusion avec le piratage complique la situation, et, résultat les gens ont téléchargé illégalement sans limites pendant plusieurs années. Ce qui a entraîné le gouvernement à faire un peu n’importe quoi avec Hadopi (enfin, les maisons de disque à pousser le gouvernement à faire n’importe quoi). Malheureusement.

Justement, j’avais un ami qui disait, qu’au début l’Hadopi c’était génial, que les artistes devaient pouvoir vivre de leur métier et tout le blabla, là je ne le contredis pas quand à la rémunération des artistes, mais ce qu’il ne comprenait pas c’est que les musiciens n’auront pas beaucoup plus avec cette loi qui n’est que dans l’intérêt des maisons de disque ! En tout cas, maintenant que cette même personne a commencé à télécharger illégalement, elle pense tout le contraire. Comme quoi : « faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ! »…

Je vois que tu es également développeur sur ton temps… libre avec le projet KOLoad. Peux-tu nous en dire davantage ? (et au passage pourquoi ce choix de la licence CeCILL ?)

Oui, j’ai commencé à apprendre le HTML/CSS il y a un an (je maîtrise parfaitement ces langages maintenant), et je me met au JavaScript et PHP peu à peu. C’est pourquoi l’été dernier, en même temps d’apprendre le PHP, je codais pour m’entraîner sur ce que je venais d’assimiler. Et puis je me suis dit que KOLoad pouvait être utile à la communauté, donc je l’ai publié. Et puis au lieu d’utiliser SkyDrive comme tout le monde au lycée, j’aurais mon KOLoad sur mon serveur 😉 Cependant, je tiens à préciser qu’il ne sera pas maintenu (je suis actuellement sur des projets plus important, comme Movim, qui a pour but de créer un réseau social libre et décentralisé basé sur XMPP !).

J’ai choisi la licence CeCILL, tout simplement, parce-que KOLoad est basé sur listr, un projet de navigateur de fichiers en PHP, qui était lui-même publié sous la licence CeCILL. Pour ne rien changer, je l’ai donc gardée. Cette licence me paraissait bonne pour le logiciel libre, donc je ne me suis pas amusé à changer !

Penses-tu que ce serait une bonne idée de créer un « cours d’informatique » comme cela se discute actuellement ? Et si oui pour quel niveau et pour quel contenu ?

Mhh, si tu parles de cours informatique à l’école, ça peut être utile à hauteur d’une heure toutes les 2 semaines par exemple, histoire de faire découvrir des alternatives, de sensibiliser les jeunes sur le libre (tant qu’à y être !). Et puis de nos jour, ne pas savoir utiliser correctement un ordinateur est assez problématique pour son futur métier.

Pour ce qui est du niveau, pourquoi ne pas avoir plusieurs groupes qui feraient, pour les plus expérimentés, des choses plus poussées (bon, j’imagine que ça irait pas jusqu’à la programmation quand même !). Mais le truc que j’aurais adoré en tant que lycéen, c’est justement une option « programmation » ! Inutile pour la section que je fait actuellement, mais passionnant ! 🙂

Comment vois-tu l’avenir du logiciel libre ?

Comme la devise de Framasoft le dit si bien : on a encore du boulot pour sensibiliser et promouvoir, mais on remarque tout de même une petite progression au fil des années.

Le truc qui me fait peur c’est l’ascension des applications web, à intérêt commercial (je pense aux services Google). Le code est fermé pour celles-ci, et on arrive dans l’impasse de la centralisation. À mon avis, la communauté du logiciel libre devrait s’activer dans les applications web décentralisées, puisque c’est l’avenir de l’informatique, malheureusement à mon avis… (Le futur Chrome OS souligne bien ça).

Bonne chance pour la suite de tes études 😉

Merci ! Il y a du pain sur la planche 🙂

Notes

[1] Crédit photo : Chapendra (Creative Commons By)




Quand la Francophonie soutient le logiciel libre en Afrique

En septembre 2006, la francophonie réunie à Bucarest par l’OIF proposait sur le site officiel de l’évènement un très intéressant article intitulé Le choix des logiciels libres, que nous avons reproduit ci-dessous.

Il n’est donc pas étonnant mais tout à fait réjouissant de les retrouver dans ce petit reportage réalisé à Niamey au Niger par TV5 Québec Canada.

« Cette formation, qui va durer une semaine, permettra à une trentaine de nigériens issus de différents secteurs d’activités, l’administration publique en général, le secteur de l’éducation, le secteur privé, de bénéficier d’une formation de pointe en environnement libre. »

—> La vidéo au format webm

Le choix des logiciels libres

URL d’origine du document

Conformément aux Conférences ministérielles sur la culture (Cotonou, 2001) et sur la société de l’information (Rabat, 2003), la Francophonie favorise le développement, la diffusion et l’usage de logiciels libres…

La Francophonie favorise le développement, la diffusion et l’usage de logiciels libres pour éviter que les pays en développement ne se trouvent en situation de dépendance technologique vis-à-vis d’un fournisseur.

La liberté de choix technologique défendue par la Francophonie vise à favoriser une appropriation réelle et maîtrisée des technologies. Mettre en commun le savoir, le faire évoluer librement, l’enrichir par une dynamique collaborative et répondre ainsi au besoin légitime de tous de participer pleinement à l’édification de la société de l’information sont le fondement même du concept des logiciels libres.

L’expression « logiciel libre » fait référence à la liberté pour les utilisateurs d’exécuter le programme, d’étudier son fonctionnement et de l’adapter à leurs besoins, de redistribuer des copies, d’améliorer le programme et de publier les améliorations pour en faire profiter toute la communauté. Le choix de l’utilisation de normes et de standards ouverts permet d’éviter des incompatibilités techniques pouvant conduire à des pertes de données publiques.

Il s’oppose à toute restriction des échanges et encourage la diversité d’expression. Beaucoup plus qu’une solution technique, il défend le libre accès aux savoirs. Grâce à leur faible coût d’opération et surtout aux principes de liberté et de partage qu’ils sous-tendent, les logiciels libres représentent une opportunité pour soutenir le développement durable des pays francophones du Sud.

L’OIF a donc soutenu l’organisation des Rencontres africaines du logiciel libre (respectivement du 4 au 7 octobre à Ouagadougou et du 19 au 21 octobre à Libreville). Les Rencontres mondiales 2005 sur les logiciels libres de Dijon (France, 5-9 juillet) ont également été soutenues, ainsi que le 7e Forum international du logiciel libre de Porto Alegre (Brésil, 19-22 avril 2006).

L’AUF, en partenariat avec l’Association francophone des utilisateurs de Linux et logiciels libres, a mis en place un réseau de centres Linux et logiciels libres fondé sur le développement et l’utilisation de solutions technologiques et pédagogiques ouvertes dans les pratiques d’enseignement, de recherche ou de communication. Ces centres sont basés à Antananarivo, Bamako, Chisinau, Dakar, Hanoi et Rabat.

L’Intif met en place des Laboratoires TIC (Labtic), véritables espaces collectifs mutualisés servant de cadre à la démultiplication des transferts de compétences au niveau national, en associant les acteurs des secteurs public, privé et associatif. Les Labtic permettent ainsi de faire des formations tout en créant un environnement matériel et logiciel permettant aux stagiaires de poursuivre et de consolider leurs acquis de manière continue. Ces actions de formation favorisent une appropriation technologique réelle qui peut servir de base à une industrie nationale numérique. En 2006, 15 laboratoires sont en place auprès de partenaires locaux dans les pays en développement : Bulgarie, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Laos, Madagascar, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Sénégal, Togo, Vietnam.