Aussi belles soient vos apps, nous on reste sur le web !

JD Hancock - CC byUne « app », est une application destinée aux smartphones et aux tablettes.

Gratuites ou payantes (et très très rarement libres), elles sont disponibles sur des plateformes qui appartiennent le plus souvent au propriétaire du système d’exploitation de la machine telles que l’App Store d’Apple ou l’Android Market de Google.

C’est beau, c’est propre, ça tourne bien et on peut faire plein de sous avec[1].

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si ces apps ne souffraient entre autres de deux défauts majeurs et rédhibitoires : elles ne se partagent pas et elles ne créent pas de liens.

Il se trouve que ce sont justement deux conditions à notre liberté et à la possibilité de changer un jour ce monde à bout de souffle…

Comme Dave Winer ci-dessous moi je reste sur le web. Et vous ?

Pourquoi les apps ne représentent pas l’avenir

Why apps are not the future

Dave Winer – 13 décembre 2011 – Scripting.com
(Traduction Framalang : kamui57, Pyg, Axx et Rémi)

Je l’entends partout. Le Web est mort, les apps sont l’avenir.

Je l’ai lu la première fois en couverture du magazine Wired en mars 1997 puis encore en août 2010. J’étais tellement impressionné qu’à chaque fois j’ai mis le lien en exergue sur mon blog, histoire de rappeler à mes visiteurs qu’ils étaient en train de parcourir un média sur le point de mourir.

Ce n’était évidemment qu’une boutade. Je vais continuez à m’amuser ici pendant que vous flirtez avec vos apps. Et je serai toujours là quand vous reviendrez. Je sais que cela arrivera. Voici pourquoi.

Créer du lien

Imaginez chacune des apps qu’ils veulent que vous utilisiez sur votre iPad ou votre iPhone comme un très grand et très haut silo. On peut certes avoir l’impression d’avoir du confort et de l’espace à l’intérieur mais rien n’entre ni ne sort qui ne soit parfaitement contrôlé par les gens qui ont créé l’application. Ça craint !

Ce qu’il y a de génial avec le web ce sont les liens. Le web repose sur le lien. Le web a une sale gueule alors que votre application est jolie ? Ça m’est complètement égal : si je ne peux pas ajouter de liens entrant ou sortant, vous êtes bien loin de pouvoir remplacer le web. Ce serait aussi stupide que de dire que vous n’avez pas besoin d’océans parce que vous avez une baignoire, aussi magnifique soit-elle. Essayez de bâtir un continent autour et vous comprendrez ce que je veux dire.

On paye cher des gens pour être des Grands Penseurs à notre place mais, dans l’ensemble, ils ne cherchent qu’à plaire à leurs créditeurs.

Cela convient et rassure les riches de penser que le monde fou, sauvage et non régulé de l’internet ne les menace plus désormais, que les utilisateurs sont heureux de vivre dans un monde balisé et aseptisé à la Disney, sans tout ce désordre que cause la liberté.

Ne vous en déplaise, je vais rester sur le web.

Notes

[1] Crédit photo : JD Hancock (Creative Commons By)




Le changement le plus important dans la courte histoire de Wikipédia ?

Rappelant que le pouvoir de transformation est désormais entre les mains de ceux qui codent, c’est la venue prochaine d’une simple modification technique que The Economist n’hésite pas à qualifier de « changement le plus important dans la courte histoire de Wikipédia ».

Il s’agit de la très attendue amélioration de l’interface d’édition des articles de l’encyclopédie qui passera bientôt en mode WYSIWYG (voir tout de suite ici ce que cela donne en avant-première). L’espoir est alors d’abaisser la barrière à l’entrée pour voir arriver de nouveaux contributeurs, au moment même où l’on constate si ce n’est une érosion tout du moins une stagnation de la participation.

Parce qu’il est vrai que lorsque l’on a la curiosité de pousser pour la première fois le bouton « Modifier » d’un article (et de basculer alors dans un autre monde possible), on se retrouve face à un déroutant mélange de texte et de balises complexes à appréhender. Tellement complexes que certains pouvent abandonner avant même d’avoir pu commencer, laissant alors la place aux seuls téméraires, un peu geeks sur les bords, qui ont eux réussi à franchir l’obstacle.

Mais attention, l’opération comporte aussi ses risques. Un afflux massif de nouveaux contributeurs implique d’être capable de les accueillir comme il se doit et d’être patient et tolérant face aux inévitables erreurs commises lors des premières tentatives. Ce sera un test pour le beau et fameux principe wikipédien qui suppose la bonne foi de tous. La démocratisation n’est évidemment pas synonyme de médiocrité mais elle impactera forcément la situation et la culture de ceux qui étaient là avant.

Un peu comme quand Ubuntu a débarqué sans crier gare dans le monde tranquille des distributions GNU/Linux 😉

Wikipédia Visual Editor

Des changements chez Wikipedia – Voir les choses

Changes at Wikipedia – Seeing things

Babbage – 13 décembre 2011 – The Economist
(Traduction Framalang : Lolo le 13, Goofy, Clochix, e-Jim et Martin)

Wikipédia vient tout juste de révéler la première version de sa nouvelle interface d’édition visuelle. Nous avons vu une avant-première de la nouvelle interface (à tester d’ores et déjà ici) avant qu’elle ne soit mise en ligne et ce ne sera pas exagérer que de dire que ce sera le changement le plus important dans la courte histoire de Wikipédia. L’espoir est qu’éditer l’encyclopédie en ligne avec un éditeur visuel deviendra aussi facile qu’écrire sur son blog ou sur Facebook et ne sera plus réservé à une minorité d’initiés seuls capables de comprendre le chinois des balises du code.

Pour le moment, l’éditeur visuel n’est encore qu’un prototype, ou la démo d’une démo, à la seule intention des développeurs et des testeurs pour le permettre d’apporter les dernière améliorations. Les options sont limitées à l’utilisation de listes préformatées et d’insertion de gras, d’italiques et de liens. Il y a aussi un menu déroulant avec une liste des formats des paragraphes (cf image ci-dessus) qui fait oublier le besoin de marquer explicitement les titres par la balise adéquate. Les utilisateurs avancés ont aussi la possibilité de voir les changements qu’ils opérent dans la wikisyntaxe, le HTML ou le JSON (une sorte de JavaScript allégé). Tout ce qui concerne les images et le reste seront inclus dans les versions ultérieures, avant le début de l’intégration officielle dans Wikipédia prévue en juin 2012. Wikipédia affirme que c’est le projet technique le plus stimulant qu’ils aient pu entreprendre.

Le nouvel éditeur s’avère nécessaire pour une simple et bonne raison : le nombre de contributeurs actifs sur la version anglaise est en déclin après avoir atteint son apogée en 2007. En accord avec le plan annuel 2011-2012 de la Wikimedia Foundation (l’organisation qui fait tourner Wikipédia), « le déclin de la participation est de loin le problème le plus sérieux auquel le projet Wikimedia fait face ». L’éditeur visuel est une « solution évidente » qui fait partie d’un projet de développement de nouvelles fonctionnalités soutenu à hauteur d’un million de dollars. C’est un changement qui était prévu depuis longtemps.

La nuit avant qu’ils créent Wikipedia, le 15 juillet 2001, ni Jimmy Wales ni Larry Sanger n’avait entendu parler d’un wiki. Lorsqu’on présenta l’idée à Sanger, il fut impressionné par sa simplicité, et écrivit qu’il s’agissait du format simple et ouvert ULTIME (les majuscules sont de lui). A cette époque, les wikis semblaient révolutionnaires et ils l’étaient effectivement. Ils représentaient un moyen simple d’éditer et mettre directement en ligne des pages Web en s’affranchissant de la connaissance du code HTML. Le balisage était toujours là mais il avait été fortement simplifié et allégé.

Mais c’était il y a longtemps, bien avant que votre grand-mère ne se crée un compte Facebook. Dix ans plus tard, la population connectée s’est élargie au point d’inclure la plupart des êtres humains (du moins, dans les pays industrialisés) et les internautes se sont de plus en plus habitués aux interfaces graphiques et ergonomiques. Aujourd’hui, le langage wiki semble impénétrable pour la majorité d’entre eux, ou à tout le moins faire l’effort de l’apprendre et le maîtriser ne semble pas valoir le coup. « Lors de la création de Wikipédia, tout était difficile sur Internet. Nous n’étions pas plus compliqués que les autres, bien au contraire. Mais aujourd’hui, la plupart des interactions en ligne sont plus faciles que l’édition d’un article d’un wiki, et cela crée une barrière à l’entrée qui n’est bénéfique à personne », explique Sue Gardner, directrice exécutive de la Fondation Wikimédia.

Imaginons que l’édition de pages Web soit un vaste espace ouvert dans lequel vous pouvez vous promener sans restriction de n’importe quelle direction. Alors Facebook est une ligne de tram, confortable et structurée mais restreignant les destinations possibles de ceux qui l’utilisent. Les wikis sont se situe entre les deux : la liberté de se déplacer est potentiellement là mais elle demande un apprentissage et une expérience pour pouvoir en jouir pleinement. Vous pouvez vous les réprésenter comme un réseau de sentiers et des pistes cyclables sur lesquels votre itinéraires dépend des besoins spécifiques de votre voyage. La syntaxe wiki prenait pour acquis que les utilisateurs connaissaient peu ou prou la configuration du terrain. La mise en place d’un éditeur visuel revient alors à distribuer des cartes à l’entrée.

La Fondation espère que cela va amener une nouvelle vague de contributeurs, dont « le succès du projet dépend entièrement ». Attention cependant car ce progrès a ses pièges. La dernière arrivée massive, en 2006-07, n’a pas été forcément bien traitée par les anciens contributeurs, qui n’ont pas pu, su ou voulu gérer cette arrivée soudaine. Incapables d’aider ou d’orienter correctement ces nouveaux éditeurs que Mme Gardner qualifie de « bien intentionnés mais nuls », ils ont érigé des barrières sous la forme de bannières d’avertissement et de réponses automatiques.

Cette fois-ci, la Fondation va faire les choses différemment. Comme pour l’édition des articles, les contributeurs n’auront plus besoin de connaître de codes secrets pour distribuer des « wikilove », ces médailles virtuelles qui félicitent les contributeurs pour la qualité de leur travail. Un nouvel outil rendra également plus simple la distribution d’étoiles et de badges, qui sont un moyen d’encourager les nouvelles recrues. Difficile de prédire si cela sera suffisant. Mais si les choses de déroulent bien, les fameux pionniers, vieux éditeurs grognons de Wikipédia, auront à nouveau du pain sur la planche.




La liberté sur Internet : certains en parlent, d’autres la font… Rejoignez-nous !

Le mouvement du logiciel libre a la chance de posséder deux grands tribuns de l’autre côté de l’Atlantique : Richard Stallman, que l’on ne présente plus, et Eben Moglen.

Ils n’ont pas le même style, dans le fond comme dans la forme, mais ils sont tous deux bigrement efficaces et efficients lorsqu’il s’agit de porter la bonne parole, en la rendant accessible au plus grand nombre dans un anglais simple, clair et percutant. Quand on sort de l’une de leurs conférences, on s’en trouve souvent comme revigoré pour ne pas dire galvanisé 🙂

Nous avions fait l’effort de sous-titrer une longue mais pasionnante et magistrale intervention d’Eben Moglen il y a quelques temps de cela : 1 heure de votre temps pour écouter Eben Moglen.

Donnée en février dernier dans le cadre d’un évènement autour du journalisme et des nouveaux médias, voici une conférence du même acabit et du même auteur qui n’a pas son pareil pour donner l’impression que la somme de tout ce que nous, modestes petites fourmis, faisons chacun dans notre coin du Web fait sens commun et nous dépasse.

Il y évoque notamment l’un des projets qui lui tient hacker et nous avec puisque nous lui avions consacré un enthousiaste et prometteur billet : La Freedom Box ou la petite boîte qui voulait que l’Internet restât libre.

En 2012, c’est décidé, je vote Eben Moglen !!

PS : Le sous-titrage provient de l’excellent projet Mozilla Universal Subtitles. Merci à Eric Verdier pour la traduction. Et si vous la jugez perfectible, suivez le même lien ci-avant pour l’amélioration 🙂

Navigating the Age of Democratized Media

—> La vidéo au format webm
—> Le fichier de sous-titres

Transcript

Merci Tom, c’est un grand plaisir d’être ici.

Je suis très heureux d’avoir l’occasion de parler des questions qui me préoccupent le plus dans un contexte qui nous permet de parler un peu du journalisme et un peu de l’ignorance et un peu de l’abus de pouvoir.

Le problème que représente la presse c’est-à-dire la machine de communication depuis le début de l’industrialisation de la communication et de la lutte contre l’ignorance en Europe, au 15e siècle. Le problème posé par la presse est sa soumission incroyable au pouvoir. Presse et Pouvoir sont difficiles à séparer plus difficiles à séparer que le beurre d’arachide et la gelée, plus difficile à séparer que la nuit et le jour. Presse et Pouvoir sont liés l’un à l’autre depuis le début parce que dès le début il a été clair que l’alternative à une étreinte entre la presse et le pouvoir est une constante révolution alimentée par le désir des gens à connaître et à s’autoriser à agir dans leur propre intérêt, indépendamment de l’intérêt du pouvoir.

Notre adoption de la presse dans le monde européen après l’effondrement de l’unité de la chrétienté et la fin du système pour le contrôle de l’esprit qu’ a été l’Église catholique universelle, dans cette grande révolution intellectuelle, morale et politique que nous avons appelé la Réforme. La réponse à la Réforme fut l’apprentissage par toutes les sociétés européennes, protestantes et catholiques à la fois, que la presse ne pouvait pas être autorisée à être libre, et le résultat a été la censure presque partout pendant des centaines d’années.

Dans de rares endroits en Europe, en Hollande et au Royaume-Uni, en fait en Angleterre après 1650, puis à nouveau après 1695, dans les rares endroits où la presse était libre d’imprimer sans contrôle, le résultat a été le révolution intellectuelle, politique et morale que nous appelons les Lumières et la Révolution française, qui est une preuve de plus que permettre aux gens de savoir, d’apprendre, de s’éduquer les uns les autres et de partager entraînera la décentralisation du pouvoir et une menace pour tous les « Ancien Régime ».

Mais à l’âge des médias capitalistes dans lequel nous sommes en train de passer le mariage entre la presse et le pouvoir a été une fois de plus une question d’attraction magnétique. La presse, qui est la production industrielle et la diffusion de l’information organisée, la presse est devenue la bonniche de la classe possédante.

Liberté de la Presse. Le grand critique de presse américain A. J. Liebling a écrit: « La liberté de la presse appartient à celui qui en possède une » et à travers le 20e siècle tant à l’égard de la presse que de son proche cousin, la diffusion ça a été encore plus vrai.

Nous sommes en train de sortir de l’ère de la presse comme nous passons de l’idée qu’il y a une machine qui transforme l’information du local et temporaire à l’universel et permanent. A la place, nous avons commencé de vivre à l’intérieur d’un système nerveux numérique qui relie chaque être humain sur la planète à tout autre être humain sur la planète actuellement ou potentiellement sans intermédiaires

À la fin de la prochaine génération quelques soient les horreurs ou victoires qui arriveront dans l’intervalle d’ici la fin de la prochaine génération nous allons vivre dans ce monde de l’interconnexion généralisée sociale de l’homme qui est ce que nous voulons dire lorsque nous parlons de l’Internet.

Chaque fax, heu, les quelques-unes restantes, tous les scanners, chaque imprimante, chaque téléphone, chaque appareil, chaque caméra vidéo, ai-je dit par téléphone… téléphone… téléphone… téléphone ? Chaque objet avec une alimentation électrique sera une collecteur d’informations et un système de distribution contrôlée par certains êtres humains quelque part, à une extrémité ou à l’autre.

S’il est contrôlée au final là où sont les êtres humains, où ils luttent, où ils cherchent à vendre leurs légumes, où ils sont offensés par un policier refusant de leur permettre de vendre leurs légumes où ils agissent dans la rue pour aider un vendeur de légumes empêché de vendre ses légumes par un policier offensant partout nous aurons des informations réalisées par des personnes pour se libérer.

Considérez ceci : des Indiens maintenant les plus pauvres des pauvres ont des téléphones mobiles et sur ce téléphone mobile, sur le mobile de chacun, chaque livre, chaque morceau de musique chaque vidéo, chaque carte, chaque expérience scientifique, tout type d’information utile ou belle pourra être mis à disposition de chacun s’il n’y avait pas de règles contre le partage.

Tout ce que nous ont laissé dans ce grand système nerveux de l’humanité, tout ce que nous ont laissé que fait obligatoire l’ignorance sont les règles contre le partage.

Lorsque les lois contre le partage auront disparues, et ça va venir, l’ignorance, pour la première fois dans l’histoire de la race humaine, pourra être évitée partout. En ce moment, on voit à travers le monde les jeunes montrer qu’ils sont prêts à tenir debout devant les balles pour la liberté. Plus tard dans ce siècle, vous verrez les jeunes à travers le monde montrer qu’ils sont prêts à tenir devant des balles afin d’avoir la liberté d’apprendre.

Lorsque cela se produira, la race humaine traversera la révolution la plus importante depuis 1789, et un « ancien régime », qui mérite de périr périra dans le monde entier ici nous discutons aujourd’hui de quelques-unes, simples, premières pièces de cette immense révolution. Le démembrement des systèmes de production de l’information contrôlée et de sa distribution qui existent depuis le matin après Gutenberg.

Mais on est le lendemain du matin après Gutenberg.

C’est le moment où les disparités de pouvoir et les disparités d’accès commencent à céder la place et de l’autre côté, en ce moment, sont presque tous les gouvernements et presque toute la presse et presque tous les privilégiés qui ne veulent pas que le monde change.

Je dînais avec un gouvernement officiel à Washington, DC plus tôt cette semaine et je lui ai dit « Vous savez, environ la moitié des réseaux de télévision en Europe cherchent à m’avoir pour un interview pour discuter de l’hypocrisie du gouvernement américain sur la politique de la liberté sur Internet », J’ai dit « et si la moitié des réseaux de télévision au Europe veulent me parler de l’hypocrisie de la politique américaine sur la liberté de l’Internet, ça fait penser que le Département d’État a un problème ». Il a dit « Oui, ils savent qu’ils ont un problème, et ils veulent faire quelque chose. »

Et ils devraient, mais tous les gouvernements de la Terre ont du mal à parler de l’Internet libre, parce que tous les gouvernements de la Terre font partie d’une structure de pouvoir qui perdront quelque chose à des flux d’information libre, tout comme les grandes institutions économiques dominant notre époque, comme les institutions de surveillance qui vous offrent leur moteur de recherche tant que vous partagez tout ce que vous cherchez, et un e-mail gratuit, tant que vous les laisser les lire, et des appels téléphoniques gratuits, tant qu’ils peuvent les écouter, juste pour les besoins de la publicité, vous surveille.

S’il vous plaît, apportez un demi-million de personnes ici et vivez votre vie sociale à l’intérieur de mon système de surveillance. Je vais prendre soin de vous. Bien sûr, sauf si vous êtes dans la rue protestant contre la dictature, dans ce cas, ce que nous allons vous dire, c’est : notre grand service de réseau social est complètement neutre entre les dictateurs et les les gens dans la rue se combattant… pas notre préoccupation ici à whatchamacallit.

Il s’agit d’une phase de transition, vous comprenez ? Je vous ai dit où nous allons. Maintenant, la question est de savoir comment allons-nous y arriver ?

Voici comment nous allons y arriver : le monde va se remplir de bon marché, petits, dispositifs de faible puissance qui vont remplacer la plupart des ordinateurs auxquels vous êtes habitués.

Tous ces gros ordinateurs sur les bureaux et dans les placards, et dans des chambres pleines de serveurs quelque part, remplacés par des choses pas beaucoup plus grosses qu’un chargeur de téléphone portable, et beaucoup, beaucoup plus capables que le premier ordinateur que vous avez possédé, quel qu’il ai été ou peut-être même l’ordinateur que vous utilisez maintenant.

Ces dispositifs ne coûteront à peu près rien et il y en aura partout, et nous allons créer un logiciel qui s’exécutera dans chacun d’eux, qu’un enfant de 12 ans pourra installer et qu’un de 6 ans pourra utiliser qui permettra aux gens de communiquer librement partout, tout le temps, sans contrôle de l’État, sans contrôle d’un businessman, sans contrôle, ce seront des Freedom Box. Elles feront la liberté.

Nous n’avons pas à faire les boîtes, les boites vont remplir le monde. Nous avons juste besoin de créer le logiciel. Et la bonne nouvelle est que nous n’avons pas besoin de créer les logiciels, nous l’avons déjà créer. Tout le monde dans cette salle avec un téléphone Android l’utilise déjà. Tout le monde dans cette salle qui a été sur Facebook aujourd’hui, s’en est servi de l’autre côté.

Tout le monde qui a utilisé une banque ou un supermarché ou une compagnie d’assurance ou une gare, la semaine dernière a utilisé notre logiciel. Il est partout. Nous l’avons fait pour être partout. C’est libre et gratuit. Cela signifie que nous pouvons la copier, modifier, et le redistribuer librement. Cela signifie aussi que cela fonctionne pour les personnes, pas pour les entreprises.

Tout cela est déjà fait. C’est le résultat de 25 ans d’efforts de notre part.

Maintenant, en ce moment, dans la rue, à l’heure actuelle, nous commençons à montrer pourquoi il protège la liberté et pourquoi les gens en ont besoin. Et nous commençons à préparer à leur livrer.

A. J. Liebling, le critique de presse dont j’ai déjà parlé, a écrit une fois : « La presse américaine me fait penser à l’état d’une conserverie de poissons de 12 milliards de dollars en surchauffe, du dernier cri, comptant pour son approvisionnement sur six gars dans une barque en mauvais état. »

Le fait est, bien sûr, que le bloc monolithique de la presse industrielle du 20e siècle faisait tout bien sauf du reportage, ce qu’elle a mal fait, parce que le reportage a été le déjeuner gratuit dans le saloon, et à tout moment le gardien du saloon pouvait le couper, ce qu’il a fait. Je n’ai pas besoin de vous dire que ce processus s’est accélérée depuis A. J. Liebling qui mourut en 1975.

Donc, nous vivons désormais dans un monde où nous sommes sur le point de combler une lacune dans les reportages. Vous savez ce qui comble une lacune dans l’information – on en a déjà parlé – c’est tous ces téléphones, toutes ces caméras vidéo, tous ces tweets. En d’autres termes, nous avons déjà démocratisé le système de reportage.

Ce qui est effrayant pour le Système dans Wikileaks est que Wikileaks est pour la collecte d’informations ce que la Craig’s List est pour les petites annonces. Il modifie la gestion des fuites.

Je déteste corriger tout le monde sur n’importe quel point, mais je tiens à souligner que Wikileaks n’a pas publié les 250.000 câbles du Département d’État. Il possède 250.000 État câbles du ministère et a publié environ 2.000 d’entre eux. Ce qui est le nombre de câbles diplomatiques montrés aux correspondants diplomatiques à travers le monde travaillant pour les principaux journaux, chaque jour.

Mais personne ne dit que c’est de la trahison, parce que c’est le commerce officiel des fuites, à partir de laquelle les représentants du gouvernement, des seigneurs de presse et des propriétaires à travers le monde tirent du bénéfice tous les jours.

Le pouvoir économique, politique et le pouvoir de garder les gens dans l’ignorance.

Qu’est-ce qui se passe dans le Net, maintenant, dans les téléphones, dans les nœuds de sortie Tor, et ce qui se passera dans le monde multiplié par cent, dans peu de temps, dans toutes ces Freedom Box c’est, des informations libres pour le bénéfice de ceux qui en ont besoin.

Demandez-vous ce qui arrivera quand tous ceux qui en ont besoin pourront les avoir et tous ceux qui en ont, pourront les fournir. Qu’est-ce qui va se passer dans les quartiers ? Qu’est-ce qui se passera dans les postes de police. Ce qui va se passer, c’est ce qu’il se passe quand il y a un incendie ou un tremblement de terre, ce qui arrive quand un tyran chute.

Ces mêmes petites boîtes de peu dont je parle seront également en mesure de créer un réseau maillé wifi c’est-à-dire que si quelqu’un coupe le réseau de télécommunications dans un quartier le quartier va continuer à fonctionner.

Ce que M. Moubarak et ses conseillers ont mal compris. C’est pourquoi il est à Charm el Cheikh, avec l’espoir d’acheter un appartement dans l’une des tours en construction à La Mecque, sans doute. Parce que M. Moubarak et ses conseillers pensaient que si vous éteignez l’Internet, vous éteignez la génération Internet.

C’est une erreur. Car, en fait, ce n’est pas un système particulier de télécommunications, ou une structure de réseau social, une base de données particulière de « twatts » … ou twuts… ou twoots, ou quel que soit la façon dont ils les appellent. Ce n’est pas la technologie qui les font marcher c’est que les êtres humains ont compris quelque chose sur la société s’ils ont grandi dans le Net.

La plupart des êtres humains, la plupart du temps, dans la plupart des contextes sociaux, croient que le réseau social le plus précieux pour eux, c’est les gens qu’ils voient tous les jours, et les gens avec qui ils ont de forts rapports émotionnels. Voilà comment la plupart des gens,depuis toujours, pensent le monde social. C’est parce que nous avons évolué pendant des millions d’années pour penser de cette façon.

Comme parties de petits groupes de quelques dizaines de primates vivant au sol. Nos neurones ont évolués pour que nos heuristiques sociales évoluent pour que nous pensions que le réseau social assez solide pour nous soutenir, c’est le peuple que nous voyons autour de nous et que les gens dont nous nous soucions sont ceux qui se soucient de nous en retour.

Mais la génération des gens qui grandissent à l’intérieur du Net le sait maintenant, le sait viscéralement, le sait tout le temps comme une question d’habitude, c’est que le réseau social qui est suffisamment robuste pour changer le monde autour de vous comprend des milliers de personnes auprès desquelles vous ne vivez pas, et avec qui vous n’avez pas de lien émotionnel direct, mais que ce sont les gens qui croient ce que vous croyez, et veulent faire quelque chose, eux-aussi.

Qu’est-ce que nous avons appris à la fin du 20ème siècle d’abord en Pologne, puis dans d’autres endroits, c’est que ce qui fait la révolution, c’est la solidarité. La capacité qu’ont des personnes ne vivant pas à proximité les unes des autres dans l’espace social ou géographique, n’ayant pas de liens personnels immédiats les liant entre elles, de percevoir la capacité à s’auto-organiser pour la réalisation soudaine de profondes fins sociales

Ce que le réseau fait, ce que la vie avec le réseau fait, est d’enseigner aux humains que le coût de la solidarité a baissé. Qu’il est plus facile et plus rapide d’être solidaire qu’il ne l’a jamais été auparavant, et si vous prenez un tas de gens qui le savent, et vous coupez le réseau, ils vont être solidaires de la meilleure façon qu’ils connaissent. Ils jettent des tracts dans la rue, ils se servent de pigeons voyageurs, du téléphone arabe.

Ils font tout ça, parce que la vraie compétence acquise par l’humanité est possibilité l’auto-organisation, et ce que nous voyons maintenant, aujourd’hui, dans le Maghreb, à l’heure actuelle, aujourd’hui, dès maintenant, c’est que la solidarité par auto-organisation est plus forte que les balles des mitraillettes.

Partout dans le monde, la tyrannie aime dire : « L’alternative à mon pouvoir, c’est le chaos », et tout autour du monde, tout le monde peut voir que ce n’est pas vrai.

Donc, ce que nous allons faire, c’est que nous allons fabriquer des objets bon marché, et nous allons les équiper de logiciels libres, et nous allons les mettre entre toutes les mains, et nous allons dire: « Ici. Cela fabrique la solidarité. Utilisez-le. Soyez bien. Soyez libre » Ça va marcher.

Il n’y a pas de raison d’être du côté de la presse, comme il n’y a aucune raison d’être du côté du pouvoir. C’est simple, maintenant. Le pouvoir a été déplacé à la périphérie du réseau, et ca va continuer pour la génération à venir.

Ce sera une grande révolution, et ça va changer le sort de milliards d’êtres humains. Ça rendra l’ignorance obsolète, et quand çà aura rendu obsolète l’ignorance, ca va changer l’avenir de la condition humaine.

La presse ne va pas le faire. Le pouvoir ne va pas le faire. Les gens vont le faire. La technologie pour permettre aux gens de le faire existe déjà. Tout ce dont il y a besoin, c’est un peu de l’affiner. Nous sommes les gens qui vont l’affiner. Nous ne cherchons pas de l’argent. Nous ne cherchons pas le pouvoir. Nous voulons seulement partager.

Tout le monde veut parler de la liberté sur Internet, sauf nous. Nous ne voulons pas parler de la liberté sur Internet, nous voulons juste la faire.

Rejoignez-nous !

Je vous remercie beaucoup.




Le making of d’Arduino ou la fabuleuse histoire d’un circuit imprimé

Oomlout - CC by-saL’histoire retiendra que c’est dans un bar d’une petite ville du nord de l’Italie qu’est né le projet Arduino qui, de manière totalement inattendue, est en train de révolutionner le domaine de l’électronique à l’échelle mondiale, puisque pour la première fois tout le monde peut vraiment s’y essayer et découvrir qu’il aime ça !

L’histoire retiendra également que rien de tout ceci n’aurait été possible sans le choix initial des licences libres qui a conditionné non seulement son bas prix et sa massive diffusion mais également son approche et son état d’esprit[1].

Acteur et non consommateur, on retrouve ici le goût de comprendre, créer et faire des choses ensemble. Concepts simple et plein de bon sens mais que notre époqu’Apple a fortement tendance à oublier.

PS : Ceci est la troisième traduction de suite initiée sur Twitter/Identica et réalisée dans un Framapad. Je remercie vivement tous les volontaires qui ont bossé dur hier soir pour arriver à un résultat d’un étonnante qualité quand on pense que les invitations sont ouvertes à tout le monde. On se donne rendez-vous, on communique, on se met d’accord sur tel ou tel passage via le chat intégré… au final on passe un moment ponctuel et commun agréable tout en travaillant (bénévolement). Je reste fasciné par le dynamisme et la bienveillance des gens et par la capacité d’Internet à favoriser cela. Si vous voulez vous aussi participer aux prochaines, il suffit de me suivre sur Twitter ou Identica avec le hashtag (que je viens d’inventer) « #EnFrSprint ».

La genèse d’Arduino

The Making of Arduino

David Kushner – Octobre 2011 – Spectrum
(Traduction Framalang : Yoha, Keyln, Fab et Luc)

Ou comment cinq amis ont conçu la petite carte électronique qui a bouleversé le monde du DIY (Do It Yourself – Faites-le vous-même).

La pittoresque ville d’Ivrea, qui chevauche la rivière bleue-verte Dora Baltea au nord de l’Italie, est connue pour ses rois déchus. En l’an 1002, le roi Arduin (Arduino en italien) devint le seigneur du pays, pour être détrôné par Henri II d’Allemagne, deux ans plus tard. Aujourd’hui, le Bar di Re Arduino, un bar dans une rue pavée de la ville, honore sa mémoire, et c’est là qu’un nouveau roi inattendu naquit.

C’est en l’honneur de ce bar où Massimo Banzi a pour habitude d’étancher sa soif que fut nommé le projet électronique Arduino (dont il est le cofondateur). Arduino est une carte microcontrôleur à bas prix qui permet — même aux novices — de faire des choses époustouflantes. Vous pouvez connecter l’Arduino à toutes sortes de capteurs, lampes, moteurs, et autres appareils, et vous servir d’un logiciel facile à appréhender pour programmer le comportement de votre création. Vous pouvez construire un affichage interactif, ou un robot mobile, puis en partager les plans avec le monde entier en les postant sur Internet.

Sortie en 2005 comme un modeste outil pour les étudiants de Banzi à l’Interaction Design Institute Ivrea (IDII), Arduino a initié une révolution DIY dans l’électronique à l’échelle mondiale. Vous pouvez acheter une carte Arduino pour seulement 30 dollars ou vous construire la vôtre à partir de rien : tous les schémas électroniques et le code source sont disponibles gratuitement sous des licences libres. Le résultat en est qu’Arduino est devenu le projet le plus influent de son époque dans le monde du matériel libre.

La petite carte est désormais devenu le couteau suisse de nombreux artistes, passionnés, étudiants, et tous ceux qui rêvaient d’un tel gadget. Plus de 250 000 cartes Arduino ont été vendues à travers le monde — sans compter celles construites à la maison. « Cela a permis aux gens de faire des choses qu’ils n’auraient pas pu faire autrement. », explique David A. Mellis, ancien étudiant à l’IDII et diplômé au MIT Media Lab, actuellement développeur en chef de la partie logicielle d’Arduino.

On trouve des alcootests, des cubes à DEL, des systèmes de domotique, des afficheurs Twitter et même des kits d’analyse ADN basés sur Arduino. Il y a des soirées Arduino et des clubs Arduino. Google a récemment publié un kit de développement basé sur Arduino pour ses smartphones Android. Comme le dit Dale Dougherty, l’éditeur et rédacteur du magazine Make, la bible des créateurs passionnés. Arduino est devenu « la partie intelligente dans les projets créatifs ».

Mais Arduino n’est pas qu’un projet open source ayant pour but de rendre la technologie plus accessible. C’est aussi une start-up conduite par Banzi et un groupe d’amis, qui fait face à un challenge que même leur carte magique ne peut résoudre : comment survivre au succès et s’élargir « Nous devons passer à l’étape suivante, et devenir une entreprise établie. » m’explique Banzi.

Arduino a soulevé un autre défi formidable : comment apprendre aux étudiants à créer rapidement de l’électronique. En 2002, Banzi, un architecte logiciel barbu et avunculaire (NDT : qui ressemble à un oncle) y a été amené par l’IDII en tant que professeur associé pour promouvoir de nouvelles approches pour la conception interactive — un champ naissant parfois connu sous le nom d’informatique physique. Mais avec un budget se réduisant et un temps d’enseignement limité, ses options de choix d’outils étaient rares.

Comme beaucoup de ses collègues, Banzi se reposait sur le BASIC Stamp, un microcontrôleur créé et utilisé par l’entreprise californienne Parallax depuis près de 10 ans. Codé avec le langage BASIC, le Stamp était comme un tout petit circuit, embarquant l’essentiel : une alimentation, un microcontrôleur, de la mémoire et des ports d’entrée/sortie pour y connecter du matériel. Mais le BASIC Stamp avait deux problèmes auxquels Banzi se confronta : il n’avait pas assez de puissance de calcul pour certains des projets que ses étudiants avaient en tête, et il était aussi un peu trop cher — une carte avec les parties basiques pouvait coûter jusqu’à 100 dollars. Il avait aussi besoin de quelque chose qui puisse tourner sur Macintosh, omniprésents parmi les designers de l’IDII. Et s’ils concevaient eux-mêmes une carte qui répondrait à leurs besoins ?

Un collègue de Banzi au MIT avait développé un langage de programmation intuitif, du nom de Processing. Processing gagna rapidement en popularité, parce qu’il permettait aux programmeurs sans expérience de créer des infographies complexes et de toute beauté. Une des raisons de son succès était l’environnement de développement extrêmement facile à utiliser. Banzi se demanda s’il pourrait créer un logiciel similaire pour programmer un microcontrôleur, plutôt que des images sur l’écran.

Un étudiant du programme, Henando Barragán, fit les premiers pas dans cette direction. Il développa un prototype de plateforme, Wiring, qui comprenait un environnement de développement facile à appréhender et une circuit imprimé prêt-à-l’emploi. C’était un projet prometteur — encore en activité à ce jour — mais Banzi pensait déjà plus grand: il voulait faire une plateforme encore plus simple, moins chère et plus facile à utiliser.

Banzi et ses collaborateurs croyaient fermement en l’open source. Puisque l’objectif était de mettre au point une plateforme rapide et facile d’accès, ils se sont dit qu’il vaudrait mieux ouvrir le projet au plus de personnes possibles plutôt que de le garder fermé. Un autre facteur qui a contribué à cette décision est que, après cinq ans de fonctionnement, l’IDII manquait de fonds et allait fermer ses portes. Les membres de la faculté craignaient que leurs projets n’y survivent pas ou soient détournés. Banzi se souvient : « Alors on s’est dit : oublions ça, rendons-le open source ! ».

Le modèle de l’opensource a longtemps été utilisé pour aider à l’innovation logicielle, mais pas matérielle. Pour que cela fonctionne, il leur fallait trouver une licence appropriée pour leur carte électronique. Après quelques recherches, ils se rendirent compte que s’ils regardaient leur projet sous un autre œil, ils pouvaient utiliser une licencesCreative Commons, une organisation à but non-lucratif dont les contrats sont habituellement utilisés pour les travaux artistiques comme la musique et les écrits. « Vous pouvez penser le matériel comme un élément culturel que vous voulez partager avec d’autres personnes. » argumente Banzi.

Le groupe avait pour objectif de conception un prix particulier, accessible aux étudiants, de 30$. « Il fallait que ce soit équivalent à un repas dans une pizzeria. » raconte Banzi. Ils voulaient aussi faire quelque chose de surprenant qui pourrait se démarquer et que les geeks chevronnés trouveraient cool. Puisque les autres circuits imprimés sont souvent verts, ils feraient le leur bleu ; puisque les constructeurs économisaient sur les broches d’entrée et de sortie, ils en ajouteraient plein à leur circuit. Comme touche finale, ils ajoutèrent une petite carte de l’italie au dos de la carte. « Une grande partie des choix de conception paraîtraient étranges à un vrai ingénieur », se moque savamment Banzi, « mais je ne suis pas un vrai ingénieur, donc je l’ai fait n’importe comment ! ».

Pour l’un des vrais ingénieurs de l’équipe, Gianluca Martino, la conception inhabituelle, entre chirurgie et boucherie, était une illumination. Martino la décrit comme une « nouvelle manière de penser l’électronique, non pas de façon professionnelle, où vous devez compter vos électrodes, mais dans une optique DIY ».

Le produit que l’équipe créa se constituait d’éléments bon marchés qui pourraient être trouvés facilement si les utilisateurs voulaient construire leurs propres cartes (par exemple, le microcontrôleur ATmega328). Cependant, une décision clé fut de s’assurer que ce soit, en grande partie, plug-and-play : ainsi quelqu’un pourrait la sortir de la boîte, la brancher, et l’utiliser immédiatement. Les cartes telles que la BASIC Stamp demandaient à ce que les adeptes de DIY achètent une dizaine d’autres éléments à ajouter au prix final. Mais pour la leur, l’utilisateur pourrait tout simplement connecter un câble USB de la carte à l’ordinateur — Mac, PC ou Linux — pour la programmer.

« La philosophie derrière Arduino est que si vous voulez apprendre l’électronique, vous devriez être capable d’apprendre par la pratique dès le premier jour, au lieu de commencer par apprendre l’algèbre. » nous dit un autre membre de l’équipe, David Cuartielles, ingénieur en télécommunications.

L’équipe testa bientôt cette philosophie. Ils remirent 300 circuits imprimés nus (sans composants) aux étudiants de l’IDII avec une consigne simple : regardez les instructions de montage en ligne, construisez votre propre carte et utilisez-la pour faire quelque chose. Un des premiers projets était un réveil fait maison suspendu au plafond par un câble. Chaque fois que vous poussiez le bouton snooze, le réveil montait plus haut d’un ton railleur jusqu’à ce que ne puissiez que vous lever.

D’autres personnes ont vite entendu parler de ces cartes. Et ils en voulaient une. Le premier acheteur fut un ami de Banzi, qui commanda une unité. Le projet commençait à décoller mais il manquait un élément majeur — un nom pour leur invention. Une nuit, autour d’un verre au pub local, il vint à eux : Arduino, juste comme le bar — et le roi.

Rapidement, l’histoire d’Arduino se répandit sur la toile, sans marketing ni publicité. Elle attira très tôt l’attention de Tom Igoe, un professeur d’informatique physique au Programme de Télécommunications Intéractives de l’Université de New York et aujourd’hui membre de l’équipe centrale d’Arduino. Igoe enseignait à des étudiants non techniciens en utilisant le BASIC Stamp mais fut impressionné par les fonctionnalités d’Arduino. « Ils partaient de l’hypothèse que vous ne connaissiez ni l’électronique, ni la programmation, que vous ne vouliez pas configurer une machine entière juste pour pouvoir programmer une puce — vous n’avez qu’à allumer la carte, appuyer sur upload et ça marche. » dit-il. « J’étais aussi impressionné par l’objectif d’un prix de 30$, ce qui la rendait accessible. C’était l’un des facteurs clefs pour moi. »

De ce point de vue, le succès de l’Arduino doit beaucoup à l’existence préalable de Processing et de Wiring. Ces projets donnèrent à Arduino une de ses forces essentielles : l’environnement de programmation convivial. Avant Arduino, coder un microcontrôleur nécessitait une courbe d’apprentissage difficile. Avec Arduino, même ceux sans expérience électronique préalable avaient accès à un monde matériel précédemment impénétrable. Maintenant, les débutants n’ont pas à apprendre beaucoup avant de pouvoir construire un prototype qui fonctionne vraiment. C’est un mouvement puissant à une époque où la plupart des gadgets les plus populaires fonctionnent comme des “boîtes noires” fermées et protégées par brevet.

Pour Banzi, c’est peut-être l’impact le plus important d’Arduino : la démocratisation de l’ingénierie. « Cinquante ans avant, pour écrire le logiciel, il vous fallait du personnel en blouses blanches qui savait tout sur les tubes à vide. Maintenant, même ma mère peut programmer. », développe Banzi. « Nous avons permis à beaucoup de gens de créer elles-même des produits ».

Tous les ingénieurs n’aiment pas Arduino. Les plus pointilleux se plaignent de ce que la carte abaisse le niveau créatif et inonde le marché des passionnés avec des produits médiocres. Cependant, Mellis ne voit pas du tout l’invention comme dévaluant le rôle de l’ingénieur : « il s’agit de fournir une plateforme qui laisse une porte entrouverte aux artistes et aux concepteurs et leur permet de travailler plus facilement avec les ingénieurs en leur communiquant leurs avis et leurs besoins ». Et il ajoute : « je ne pense pas que cela remplace l’ingénieur ; cela facilite juste la collaboration ».

Pour accélérer l’adoption d’Arduino, l’équipe cherche à l’ancrer plus profondément dans le monde de l’éducation, depuis les écoles primaires jusqu’aux universités. Plusieurs d’entre elles, dont Carnegie Mellon et Stanford, utilisent déjà Arduino. Mellis a observé comment les étudiants et les profanes abordaient l’électronique lors d’une série d’ateliers au MIT Media Lab. Mellis a ainsi invité des groupes de 8 à 10 personnes à l’atelier où le projet à réaliser devait tenir dans une seule journée. Parmi les réalisations, on peut noter des enceintes pour iPod, des radios FM, et une souris d’ordinateur utilisant certains composants similaires à ceux d’Arduino.

Mais diffuser la bonne parole d’Arduino n’est qu’une partie du travail. L’équipe doit aussi répondre aux requêtes pour les cartes. En fait, la plateforme Arduino ne se résume plus à un type de carte — il y a maintenant toute une famille de cartes. En plus du design originel, appelé Arduino Uno, on trouve parmi les nouveaux modèles une carte bien plus puissante appelée Arduino Mega, une carte compacte, l’Arduino Nano, une carte résistante à l’eau, la LilyPad Arduino, et une carte capable de se connecter au réseau, récemment sortie, l’Arduino Ethernet.

Arduino a aussi créé sa propre industrie artisanale pour l’électronique DIY. Il y a plus de 200 distributeurs de produits Arduino dans le monde, de grandes sociétés comme SparkFun Electronics à Boulder, Colorado mais aussi de plus petites strucutres répondant aux besoins locaux. Banzi a récemment entendu parler d’un homme au Portugal qui a quitté son travail dans une société de téléphonie pour vendre des produits Arduino depuis chez lui. Le membre de l’équipe Arduino Gianluca Martino, qui supervise la production et la distribution, nous confie qu’ils font des heures supplémentaires pour atteindre les marchés émergents comme la Chine, l’Inde et l’Amérique du Sud. Aujourd’hui, près de 80% du marché de l’Arduino est concentré entre les États-Unis et l’Europe.

Puisque l’équipe ne peut pas se permettre de stocker des centaines de milliers de cartes, ils en produisent entre 100 et 3000 par jour selon la demande dans une usine de fabrication près d’Ivrea. L’équipe a créé un système sur mesure pour tester les broches de chaque carte, comme la Uno, qui comprend 14 broches d’entrée/sortie numériques, 6 broches d’entrée analogiques et 6 autres pour l’alimentation. C’est une bonne assurance qualité quand vous gérez des milliers d’unités par jour. L’Arduino est suffisament peu chère pour que l’équipe promette de remplacer toute carte qui ne fonctionnerait pas. Martino rapporte que le taux de matériel défectueux est de un pour cent.

L’équipe d’Arduino gagne maintenant suffisament pour payer deux employés à plein temps et projette de faire connaître de façon plus large la puissance des circuits imprimés. En septembre, à la Maker Faire, un congrès à New York soutenu par le magazine Make, l’équipe a dévoilé sa première carte à processeur 32 bits — une puce ARM — à la place du processeur 8 bits précédent. Cela permettra de répondre à la demande de puissance des périphériques plus évolués. Par exemple, la MakerBot Thing-O-Matic, une imprimante 3D à monter soi-même basée sur Arduino, pourrait bénéficier d’un processeur plus rapide pour accomplir des tâches plus complexes.

Arduino a eu un autre coup d’accélérateur cette année quand Google à mis à disposition une carte de développement pour Android basée sur Arduino. Le kit de développement d’accessoires (ADK) d’Android est une plateforme qui permet à un téléphone sous Android d’interagir avec des moteurs, capteurs et autres dispositifs. Vous pouvez concevoir une application Android qui utilise la caméra du téléphone, les capteurs de mouvements, l’écran tactile, et la connexion à Internet pour contrôler un écran ou un robot, par exemple. Les plus enthousiastes disent que cette nouvelle fonctionnalité élargit encore plus les possibilités de projets Arduino.

L’équipe évite cependant de trop complexifier Arduino. Selon Mellis, « Le défi est de trouver un moyen pour loger toutes les différentes choses que les personnes veulent faire avec la plateforme sans la rendre trop complexe pour quelqu’un qui débuterait. ».

En attendant, ils profitent de leur gloire inattendue. Des fans viennent de loin simplement pour boire au bar d’Ivrea qui a donné son nom au phénomène. « Les gens vont au bar et disent Nous sommes ici pour l’Arduino ! » narre Banzi. « Il y a juste un problème », ajoute-t-il dans un éclat de rire, « les employés du bar ne savent pas ce qu’est Arduino ! ».

Notes

[1] Crédit photo : Oomlout (Creative Commons By-Sa)




Don’t panic, un indie capitalisme à visage humain est en train de voir le jour !

Paul Stein - CC by-saAttention billet miné et sujet à polémiques !

Il constate, avec optimisme, qu’un nouveau capitalisme se met lentement mais sûrement en place, en prenant appui sur des exemples qui font le lien entre les fab labs et les indignés. Il stipule donc aussi tacitement au passage que ce n’est pas le capitalisme qui est un problème en soi mais ses dérives actuelles[1].

Il l’appelle « indie capitalism », un peu comme la musique indépendante coexiste avec celle des Majors.

Il s’agit d’une traduction d’un article de Bruce Nussbaum et c’est évidemment très américain dans le fond comme dans la forme. D’après lui, « ce nouveau système n’est pas fait que de start-ups et de capital-risqueurs, il est construit sur une communauté de créateurs ».

Désolé mais pour les partisans des lendemains qui chantent mais ce sera une réforme et non une révolution 😉

4 raisons pour lesquelles le futur du capitalisme sera fait maison, à petite échelle et indépendant.

4 Reasons Why The Future Of Capitalism Is Homegrown, Small Scale, And Independent

Bruce Nussbaum – 6 décembre 2011 – FatCoDesign.com
(Traduction Framalang / Twitter : JoKoT3, Kull, Lolo le 13, Ambidoxe et DonRico)

Ce nouveau système, d’après Bruce Nussbaum, n’est pas fait que de start-ups et de capital-risqueurs. Il est construit sur une communauté de créateurs.

On ne vous apprendra rien à ce sujet dans les écoles de commerce, on ne vous en parlera pas à Wall Street, vous ne verrez rien de semblable à Palo Alto (Ndt : Palo Alto est considérée comme le berceau de la Silicon Valley). Mais si vous passez du temps à Bushwick, à Brooklyn, ou dans Rivington Street à Manhattan, il est possible que vous distinguiez les contours d’un indie capitalism (NdT: capitalisme indé) émergeant. Dans cette nouvelle forme de capitalisme, il n’est pas seulement question de start-ups, de technologie et de capital-risqueurs. Si l’on assemble toutes les tendances de fond qui apparaissent en ce moment, je pense que l’on entrevoit le début d’un phénomène original, et potentiellement formidable. Il se pourrait bien que l’on tienne là l’antidote économique et social au capitalisme financier qui a échoué et au capitalisme népotique qui ne dégage désormais plus de valeur économique en terme d’emploi, de salaire et d’impôts pour les Américains.

L‘indie capitalism est local, pas mondial, il se préoccupe de la communauté et des emplois, et annonce la couleur dès le départ. Des personnes visibles, que l’on peut rencontrer, fabriquent localement des produits de qualité. L’accent mis sur le local fait de l‘indie capitalism un mode de production intrinsèquement durable – si l’énergie est économisée, c’est le résultat d’un mode de vie, pas le fruit d’un effort pour atteindre un but précis et difficile.

L‘indie capitalism n’est pas transactionnel, mais social. Social au sens plus personnel que l’internet social et les amis par milliers. Prenons l’exemple de Kickstarter, où les internautes subventionnent de la musique, des livres et des produits dont ils peuvent suivre le développement. Dans ce modèle, consommateur, investisseur, public, fan, contributeur et producteur se confondent. Ils se procurent et préparent leur nourriture de la même manière qu’ils se procurent et préparent leur musique. Ensuite, ils partagent le tout.

Avant de chercher à vendre, les gens créent. L‘indie capitalism est d’abord un système économique de fabricants établi sur la création de valeur, et non sur l’échange d’une valeur existante. Il englobe toutes les composantes de la culture de la fabrication personnelle – nourriture, musique indé, fabrication maison, artisanat, fabrication numérique 3D, bio-hacking, conception d’applications, modélisation assistée par ordinateur, robotique, bricolage. La fabrication personnelle n’est pas une représentation exceptionnelle jouée par quelques-uns, mais un numéro répétitif auquel tout un chacun contribue. La création et l’utilisation d’outils participent d’une existence pleine de sens. Les outils passent alors d’une présence rituelle à une utilité quotidienne. Avoir de bons outils et créer de grandes choses commencent à remplacer la consommation comme une fin en soi. Wieden + Kennedy (NdT : agence de publicité américaine) a compris cela avec sa publicité pour Chrysler. « Imported from Detroit » (NdT : Importé de Detroit) marque un changement de sensibilité vers le « local ». Le slogan « The Things We Make, Make Us » (NdT : Ce que nous créons nous définit) de Jeep s’accorde à la nouvelle culture créative. « Depuis toujours, nous sommes une nation de bâtisseurs. D’artisans, hommes et femmes, pour qui les coutures droites et les soudures propres sont source de fierté personnelle… Ceci, notre dernière progéniture, a été imaginée, dessinée, sculptée, estampée, taillée et forgée ici en Amérique ».

Dan Provost, qui avec Tom Gerhardt a lancé son projet Glif (un pied d’appareil-photo pour iPhone) sur Kickstarter, résume parfaitement cette nouvelle perspective : « Ce qui nous a énormément plus à Tom et moi à propos du succès de ce projet, c’est sa simplicité inhérente : nous sommes juste deux amis qui avons créé un produit que les gens veulent acheter, et nous le leur vendons. Pas d’intermédiaire, pas de grosses sociétés, pas de capital-risque, pas d’investissements. Je pense qu’au dela de Glif, les gens aiment connaître la provenance de ce qu’ils achètent, et l’histoire qui se cache derrière la fabrication. »

Autre caractéristique de l‘indie capitalism : accorder un sens plus important aux matériaux et aux produits. Il est important de fabriquer moins, mais de meilleure qualité et plus utile. On valorise la réutilisation et le partage de produits de qualité. La sensation que procurent les objets, qu’il s’agisse des produits Apple, des jeans Levi’s vintage, ou des robes de belle facture (mais non griffées), est importante. La notion de marque tout entière est renversée dans l‘indie capitalism, remplacée par l’environnement communautaire de création d’un produit ou d’un service. Dans bien des cas, c’est l’authenticité qui devient la « marque ».

Il y a quelque temps, le visionnaire Paulo Saffo prédisait une nouvelle « économie des créateurs » qui remplacerait les économies industrielles et consuméristes. Ce terme me plaît, mais préfère celui d‘indie capitalism, parce qu’il définit mieux le contexte social et les valeurs de cette nouvelle économie. Je pense qu’il est suffisamment différent de la culture start-up, entrepreneuriale, de Standford et de la Silicon Valley, pour avoir droit à son propre terme. Celui-ci sonne plus 21e siècle, alors que start-up rappelle le 20e siècle. Il est plus social que technologique, plus centré sur l’artiste/le concepteur que sur l’ingénierie. J’aime particulièrement le mot indie car la scène musicale indépendante reflète de nombreuses structures sociales et distributives de cette forme émergente de capitalisme. Ce n’est pas par hasard que Portland et New York accueillent une scène musicale indé très dynamique et soient aussi les centres de l’émergence d’un nouvel indie capitalism.

Occupy Wall Street est le mouvement le plus puissant de ces dernières décennies, et sa remise en question des fondations du capitalisme mondial des grosses multinationales arrive au moment où les commentateurs traditionnels mettent en doute l’efficacité et la légitimité de notre système économique. La Harvard Business Review publie une série d’articles qui critique le capitalisme financier. Foreign Affairs dénonce le paradoxe entre les énormes bénéfices des entreprises et la destruction d’emplois dont souffrent les États-Unis. Même les journalistes financiers des chaînes de télévision évoquent publiquement l’échec de Wall Street à s’acquitter de la tâche qui lui incombe traditionnellement, à savoir financer la création d’entreprise. Et que l’on soit adepte du Tea Party ou partisan du mouvement Occupy, on entend les pleurs du capitalisme népotique.

Qu’en pensez-vous ?

Notes

[1] Crédit photo : Paul Stein (Creative Commons By-Sa)




Geektionnerd : Chrome vs Firefox et Linux Mint vs Ubuntu

Google Chrome qui passe devant Firefox (dans le Monde pas en France) et Linux Mint désormais plus « populaire » que Ubuntu, c’est la guerre des chiffres dans le monde des navigateurs et de distrubutions GNU/Linux.

Cela ne pouvait qu’inspirer notre ami Gee…

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Le code deviendra-t-il le latin du XXIe siècle ?

I Write CodeOutre sa dimension historique, culturelle et civilisationnelle, apprendre le latin c’est aussi mieux connaître les bases de notre langue française pour mieux la maîtriser.

Et si, pour mieux comprendre et avoir la capacité de créer (et non subir), la programmation informatique prenait peu ou prou la même place que le latin dans la nouvelle ère qui s’annonce ?

Même si c’est avec un léger train de retard, c’est la question que l’on se pose actuellement en France, mais aussi comme ci-dessous dans une Grande-Bretagne passablement secouée par le récent sermon de Monsieur Google.

« Bien informés, les hommes sont des citoyens ; mal informés ils deviennent des sujets. »
Alfred Sauvy

La programmation – le nouveau latin

Coding – the new Latin

Rory Cellan-Jones – 28 novembre 2011 – BBC
(Traduction Framalang : Goofy, Pandark, Penguin, e-Jim et Marting)

La campagne de promotion de l’apprentissage de l’informatique à l’école — en particulier la programmation — rassemble ses forces.

Aujourd’hui, Google, Microsoft et les autres grands noms du domaine technologique vont prêter leur soutien au dossier soumis au gouvernement plus tôt cette année dans un rapport appelé Next Gen. Il soutient notamment que le Royaume-Uni pourrait être un centre mondial pour l’industrie des jeux vidéos et des effets spéciaux — mais seulement si le système éducatif s’y emploie.

Les statistiques sur le nombre d’étudiants allant à l’université pour étudier l’informatique donnent à réfléchir. En 2003, environ 16 500 étudiants postulaient à l’UCAS (NdT : Universities and Colleges Admissions Service, service gérant les admissions à l’Université au Royaum-Uni) pour des places en cours d’informatique.

En 2007, ce nombre était tombé à 10 600, bien qu’il soit un peu remonté depuis, 13 600 l’année dernière, à cause de la hausse globale des demandes à l’université. Le pourcentage d’étudiants cherchant à étudier le sujet est donc descendu de 5% à 3%. Plus encore, la réputation de l’informatique comme domaine réservé aux hommes geeks a été renforcée, avec un pourcentage de candidats masculins en hausse de 84% à 87%.

Mais le problème, d’après les promoteurs du changement, commence dès l’école avec les ICT (NdT : Technologies de l’Information et de la Communication, TIC ou TICE chez nous), une matière vu par ses détracteurs comme l’enseignement de simples compétences techniques (NdT : Savoir mettre en gras dans un traitement de texte par exemple) plutôt que de la réelle compréhension de l’informatique.

Et il semble bien que les enfants reçoivent le même message car ils sont de moins en moins à étudier cette matière. La réponse, d’après les entreprises et associations qui appellent au changement, est de mettre des cours d’informatique appropriés au programme, sous forme d’apprentissage à la programmation.

Et il semblerait bien qu’ils aient trouvé ce qui pourrait être un bon slogan pour leur campagne. « Coder, c’est le nouveau latin », dit Alex Hope, co-auteur du rapport de Next Gen qui a donné le signal de départ à tout cela. « Nous devons donner aux enfants une compréhension correcte des ordinateurs si nous voulons qu’ils puissent comprendre et s’adapter à toutes sortes de futurs métiers. ».

M. Hope croit fermement que l’association des nouvelles technologies et de l’industrie culturelle est le meilleur espoir de la Grande Bretagne — et il est bien placé pour le savoir.

Son entreprise d’effets spéciaux Double Negative est une belle réussite, avec des apparitions aux génériques de Films comme Harry Potter, Batman ou Inception, pour lequel elle a gagné un Oscar. Il emploie désormais plus d’un millier de personnes depuis ses débuts éblouissants en 1998.

Alex Hope dit que sa société a besoin d’un riche mélange de talents : « nous cherchons des génies universels — des gens avec des connaissances en informatique, mathématiques, physique, ou arts plastiques qui peuvent toutes s’épanouir et se développer ». Il explique comment le travail pour donner une apparence réelle à la Tamise en image de synthèse dans Harry Potter implique des mathématiques et de la physique complexe.

Mais il trouve difficile de recruter des personnes avec une expérience en sciences dites dures. « Nous ne produisons tout simplement pas assez de diplomés avec des compétences en informatique ou en mathématiques ».

Comme bien d’autres tirant la sonnette d’alarme pour une éducation différente, Alex Hope en revient à 1980 lorsqu’il apprenait à programmer en utilisant un BBC Micro. Aujourd’hui, il va être rejoint par le principal ingénieur de Google au Royaume-Uni et le dirigeant de Microsoft éducation au Royaume-Uni pour proposer une nouvelle approche. Ils disent rien de moins que c’est le potentiel de croissance et d’emplois qui est en jeu pour une partie vitale de l’économie.

« Le gouvernement cherche des opportunités de croissance » dit Alex Hope. « Pour cela, ils y a nécessité à former les programmeurs dont les entreprises créatives et de hautes technologies ont et auront besoin pour monter leurs affaires ».

Et il semble que le gouvernement soit réceptif à ce message. Il y a deux semaines, j’ai posé des questions au premier ministre concernant le problème de l’éducation à l’informatique. David Cameron a admis que « nous ne faisons pas assez pour former la prochaine génération de programmeurs », et déclaré que des actions seraient menées à ce sujet.

Nous découvrirons bientôt de quels types d’actions il s’agit, lorsque le gouvernement publiera ses réponses au rapport de Next Gen écrit par Alex Hope et Ian Livingstone. On attend une réponse largement positive, bien qu’un engagement définitif de mettre tout de suite l’informatique au programme soit peu probable.

Mais ce qui pourrait être plus important, ce serait de changer l’image de cette matière. Et alors que « coder est le nouveau latin » est peut-être un bon message à envoyer aux parents et aux politiciens, quelque chose de plus sexy sera nécessaire pour convaincre les écoliers que l’informatique est quelque chose de cool.




Parce qu’il est important que la belle histoire de Mozilla se poursuive…

Parce qu’il est important que la belle histoire de Mozilla se poursuive, soutenons la Fondation !

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PS : Si vous avez un lien vers un format plus ouvert de la vidéo, je suis preneur, ainsi que le crédit aux traducteurs.

PS2 : On peut encore grandement améliorer la traduction selon moi, c’est par là…