7146 liens académiques pointaient vers Framasoft le 9 novembre 2008

Nous sommes un peu désolés pour nos lecteurs qui vont devoir subir sur une certaine période ce type de billets indigestes et immodestes mais comme Framasoft va bientôt être confronté à de réelles difficultés matérielles, nous nous retrouvons un peu dans l’obligation de faire quelque chose dont nous n’avons ni trop l’habitude ni trop l’expérience : notre propre mise en valeur.

Pour faire face à ces difficultés nous comptons en effet lancer prochainement une vaste campagne de soutien (moral mais aussi et surtout financier). Nous vous en dirons plus prochainement mais en attendant vous ne couperez donc pas à la présence de quelques articles d’auto-promotion susceptibles le moment venu de témoigner de l’intérêt de notre travail.

La petite opération marketing du jour se concentre sur l’Education Nationale avec qui Framasoft entretient des liens privilégiés puisque c’est en son sein qu’a démarré l’aventure. Et les liens privilégiés sont un peu particuliers ici puisqu’il s’agit de dénombrer via Google ceux provenant des sites académiques et atterrissant sur les différents sites de notre réseau (Framasoft, Framakey, Framabook…).

La méthode vaut ce qu’elle vaut (d’autant qu’à notre avis il doit y avoir un léger bug à Reims et Rouen) et n’augure en rien de la qualité des liens référencés mais dans la mesure où les sites académiques[1] sont des sites institutionnels (où la mise en ligne est encadrée et modérée) il nous a semblé néanmoins signifiant d’effectuer et faire afficher publiquement un tel décompte, surtout qu’on a nous-mêmes été surpris du résultat !

On ne vous cache pas que derrière ces chiffres il y a l’idée d’essayer d’obtenir une certaine écoute car si l’administrateur d’en haut ne connait pas forcément Framasoft, nombreux semblent être les profs d’en bas qui apprécient et utilisent nos services. Par hypothèse et par extension, on peut même se risquer à penser que du coup nombreux sont les profs d’en bas qui apprécient et utilisent les logiciels libres, réalité du terrain qui n’a peut-être pas la visibilité qu’elle mérite.

Précisons que contrairement aux collèges et aux lycées, les universités n’appartiennent pas aux sites académiques (tout comme les grands portails nationaux du Ministère ou encore les associations d’enseignants). Dernière remarque : l’équipe Framasoft peut passer tranquillement ses vacances en Corse, elle ne risque pas d’être assaillie par les demandes d’autographes 😉

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Notes

[1] La carte des académies est issue de Wikipédia (domaine public).




Quand l’éducation suisse quitte sa neutralité en faveur du logiciel libre

Fedewild - CC by-saTransition vers les standards ouverts et les logiciels libres, tel est le titre d’une récente directive du Département de l’instruction publique (DIP) du Canton de Genève[1], dans le cadre de son orientation stratégique en matière de logiciels informatiques (24 juin 2008).

Après un bref rappel de la définition d’un logiciel libre (selon la Free Software Foundation) et d’un standard ouvert (selon la Commission européenne), voici quelques extraits de ce que l’on peut y lire :

« Les logiciels dits libres ont atteint aujourd’hui un niveau de maturité technique qui en fait une alternative fiable, stable, adaptable et pérenne aux logiciels dits propriétaires »

Il a donc été décidé d’opérer une large migration au motif que :

« L’information gérée par l’État est une ressource stratégique dont l’accessibilité par l’administration et les citoyens, la pérennité et la sécurité ne peuvent être garanties que par l’utilisation de standards ouverts et de logiciels dont le code source est public.
Par ailleurs, même s’ils ne sont pas forcément gratuits, les logiciels libres permettent de réaliser des économies substantielles sur l’acquisition des licences. »

Par ailleurs :

« L’utilisation d’outils et de standards libres permet de garantir la sauvegarde et le partage des documents produits par les enseignant-e-s. La possibilité de fournir aux élèves pour leur usage externe à l’école les logiciels utilisés pour l’apprentissage représente un atout pédagogique et social d’importance.
Une large communauté éducative mondiale s’est développée autour des licences libres, produisant des ressources librement partagées adaptées aux besoins spécifiques de l’enseignement.
L’apprentissage est favorisé par des outils dont on peut étudier le fonctionnement. »

Ce qui donne, entre autres, les modalités d’applications suivantes :

« Lors des choix de solutions informatiques pédagogiques, les produits sous licence libre et les standards ouverts sont choisis par défaut.
Les migrations importantes qui sont prévues seront annoncées suffisamment à l’avance pour permettre l’accompagnement nécessaire au changement.
Tout choix de solutions propriétaires devra être dûment justifié par les demandeurs, en expliquant de façon détaillée les usages qui rendent indispensable l’acquisition d’un produit ou l’utilisation d’un standard non libre. »

Conclusions similaires à celles du fameux rapport Becta.

On notera également la présence d’une autre directive du DIP sur la Diffusion interne de documents dont voici quelques unes des préconisations :

Tout document qui ne demande pas une modification par le destinataire doit être diffusé en format PDF (Portable Document Format).
Pour les documents qui doivent être modifiés par le(s) destinataire(s), le format ouvert OpenDocument doit être privilégié. Ce format constitue en effet la garantie que le document pourra être relu en tout temps indépendamment du logiciel utilisé.

Cet engagement vers le Libre du DIP est fort bien raconté par Marco Gregori dans un article de la gazette interne du mois dernier (Les Clefs de l’École) intitulé Logiciels libres et pédagogie sans frontières. Il a de plus l’excellente idée d’insister sur un argument de poids que de trop nombreux enseignants ne peuvent ou ne veulent encore entendre : l’enjeu du logiciel libre à l’école est bien moins technique (ou financier) que pédagogique.

« Aux yeux du grand public, un logiciel libre se définit avant tout par sa gratuité. Pour le monde de la pédagogie, il est bien plus que ça: à la fois outil de transmission de la connaissance – notamment, il est vrai, par ses coûts réduits – et symbole même du savoir à partager sans barrières. »

Puis plus loin :

« Il y a quelques mois, le Service Ecoles-Médias du DIP publiait un texte dans lequel il soulignait la grande convergence entre l’éthique sur laquelle se fonde le mouvement libre et le système éducatif public: Dans sa volonté de rendre accessibles à tous les outils et les contenus, le « libre » poursuit un objectif de démocratisation du savoir et des compétences, de partage des connaissances et de coopération dans leur mise en œuvre, d’autonomie et de responsabilité face aux technologies, du développement du sens critique et de l’indépendance envers les pouvoirs de l’information et de la communication.
Démocratisation du savoir, autonomie, sens critique, autant de principes qui figurent dans la loi genevoise… sur l’instruction publique. Exagérée, la comparaison ? Pas vraiment si l’on considère les quatre critères majeurs d’un logiciel libre: il doit pouvoir être diffusé, utilisé, étudié et amélioré librement. »

Et l’article de s’achever sur un passage en revue des implications pédagogiques de ces quatre libertés que je vous invite vivement à lire et faire lire.

Bon, je ne voudrais pas donner l’impression de me répéter mais avec l’Angleterre ou encore l’Espagne, ça commence à faire pas mal de voisins qui, frappés du bon sens, s’interrogent et agissent officiellement en faveur du logiciel libre et des standards ouverts à l’école.

Anne, ma sœur Anne[2], vois-tu la même volonté venir du côté de la Rue du Genelle ? Ce serait d’autant plus simple que… y’a qu’à copier nos amis suisses et britanniques 😉

Liens annexes et connexes

Notes

[1] Edit : Le titre de mon billet est non seulement un peu facile mais surtout un peu maladroit puisqu’il laisse à penser qu’il s’agit de la Suisse dans sa globalité alors que seul le Canton de Genève est concerné ici (merci merinos d’avoir pointé cela et mea culpa).

[2] Crédit photo : Fedewild (Creative Commons By-Sa)




La fabuleuse histoire d’une pièce de 5 euros

Une pièce de 5 euros commémorative entièrement réalisée avec des logiciels libres, cela n’arrive pas tous les jours.

Quand, de plus, son auteur prend le soin de nous expliquer en détail sa démarche technique mais surtout artistique, cela donne un article tout à fait passionnant qu’il eut été grand dommage de ne pas traduire[1].

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Comment faire de l’argent avec du logiciel libre

How to make money with free software…

Stani – 29 octobre 2008 – Creative Commons By

Le ministère des finances néerlandais a organisé un concours d’architecture pour lequel un groupe de cabinet d’architectes trié sur le volet (unstudio, nox, etc.) et des artistes étaient conviés, moi y compris. Le but de la compétition n’était pas d’ériger un bâtiment mais de réaliser le design de la nouvelle pièce de 5 euros commémorative sur le thème « Les Pays-Bas et l’architecture ». Le gagnant se verra offrir un beau prix, mais sa récompense sera surtout d’avoir l’honneur de voir son design concrétisé sur une pièce qui aura cours au sein des Pays-Bas.

J’ai abordé le sujet « Les Pays-Bas et l’architecture » sous deux aspects. J’ai voulu rendre hommage aussi bien à la riche histoire architecturale des Pays-Bas qu’à la qualité de l’architecture néerlandaise contemporaine. Voilà les idées pour chaque face de ma pièce. Traditionnellement le portrait de la reine doit apparaître sur le côté face tandis qu’on retrouve la valeur de la pièce sur le côté pile.

Côté face

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Si l’on regarde de près mon portrait de la reine (cliquez sur l’image pour un agrandissement) vous verrez clairement qu’il est constitué de noms d’architectes néerlandais majeurs. Quand on part de l’extérieur les noms sont clairement lisibles et ils deviennent plus petit au centre. Grâce à une loupe tous les noms sont lisibles, mais pas tous à l’œil nu. Je trouve cela fascinant qu’un vieux support comme une pièce de monnaie puisse devenir en quelque sorte un « disque compact » d’informations.

La tension entre ce qui est lisible et ce qui ne l’est pas est aussi une métaphore du temps qui façonne l’histoire. Quelques grands noms du passé peuvent devenir moins influents et réciproquement. Pour retranscrire cette idée j’ai décidé non pas de classer les architectes par ordre alphabétique ou chronologique mais d’utiliser Internet comme un sismographe et de les classer par nombre de références trouvées.

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Évidemment cet ordre évolue dans le temps et il constitue donc un repère temporel supplémentaire par rapport au nombre « 2008 » gravé. Je ne pouvais faire entrer que 109 noms d’architectes sur la pièce, ma sélection a donc été simple. Apparemment, la célébrité est exponentielle :

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Pour réaliser l’image j’ai développé ma propre police. La largeur des lignes au sein d’une même lettre est variable afin de pouvoir recréer l’image :

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Côté Pile

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De nos jours l’architecture néerlandaise est connue pour sa forte approche conceptuelle. Cela se traduit par le fait que non seulement il y a beaucoup de livres à propos des architectes néerlandais, mais aussi beaucoup d’ouvrages rédigés par des architectes néerlandais.

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Du côté pile j’ai imaginé le bord de la pièce comme une bibliothèque. Les livres s’élèvent comme des immeubles vers le centre de la pièce. Leur disposition n’est pas laissée au hasard puisqu’ils recréent les contours des Pays-Bas tandis que les silhouettes d’oiseaux rappellent la capitale de chaque province. Le dessin ci-dessous dévoile le cheminement de l’idée :

scheme_books.jpg

Un des problèmes était alors de choisir le nombre de livres : beaucoup de livres fins ou seulement quelques gros livres ? Avec un gros livre on ne peut que faire un cercle. Pour réussir à découper la silhouette la plus précise des Pays-Bas il faudrait des livres d’une page, ce qui n’est pas idéal non plus. Il fallait donc trouver un juste milieu et vous pouvez voir le résultat sur les ébauches ci-dessous. A gauche vous trouverez l’approximation des Pays-Bas, au milieu la « skyline » (NdT : ligne de crête) dessinée par les livres et à droite la différence entre la « skyline » dessinée par les livres et la silhouette des Pays-Bas :

schemes-pagina1.jpg

Ensuite vient le croquis de l’idée avec les oiseaux. Chaque oiseau vole au dessus de la capitale d’une province néerlandaise. Sur la pièce finale ces oiseaux choisis aléatoirement sont remplacés par des oiseaux typiques de chaque province.

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Technique

Tout le travail a été accompli à 100% avec des logiciels libres. La plupart sont des logiciels en Python adaptés à mes besoins grâce à l’éditeur SPE (Stani’s Python Editor). Pour la puissance visuelle j’ai employé PIL et pyCairo. De temps à autre Gimp, Inkscape et Phatch se sont révélés utiles. Tout le développement et le traitement ont été fait sur des machines sous GNU/Linux qui exécutaient Ubuntu/Debian. A la fin j’ai du travailler en étroite collaboration avec les techniciens de la Royal Dutch Mint (là où les pièces sont frappées) dans leurs ateliers. Les derniers détails ont donc été réglés sur mon Asus Eee PC (je ne comprends toujours pas pourquoi Asus ne livre pas ses netbooks sous Ubuntu). Générer la pièce sur le Eee prenait un peu plus de temps (30 secondes à la place de 3 secondes pour générer la pièce entière) mais faisait très bien l’affaire. Pour chercher le nombres de références sur Internet j’ai redécouvert Yahoo qui propose une api bien meilleure pour les requêtes automatiques que ses concurrents. Évidemment, le jury ne jugeait que le design et pas les logiciels utilisés et d’autres ont employé Maya, Illustrator, etc.

And the winner is…

Je suis fier de vous annoncer que j’ai gagné le concours ! Et donc prochainement 350 000 néerlandais feront usage du fruit de logiciels libres. J’aurai aimé pouvoir mettre la pièce sous licence GPL, ce qui aurait peut-être résolu la crise financière. Mais pour des raisons évidentes je n’ai pas eu la permission de le faire. Des versions spéciales seront aussi produites pour les collectionneurs du monde entier : une édition en argent pur pour 30,95€ et une édition en or pur pour 194,95€. Elles seront certainement rapidement en rupture de stock car ce sont des vrais objets de collection. La pièce sera mise en vente dans tous les bureaux de la poste néerlandaise le même jour que la sortie d’Intrepid Ibex : le 30 octobre 2008.

Voilà quelques images de la vraie pièce :

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Une publicité pour cette pièce sera diffusée une vingtaine de fois aux heures de forte audience à la télévision néerlandaise, c’est une belle réalisation (elle sera disponible prochainement) et des encarts publicitaires ont déjà été achetés dans plusieurs journaux. Ci-dessous le lancement officiel de la pièce aujourd’hui avec de gauche à droite : moi-même, le secrétaire d’Etat aux finances De Jager, l’architecte gouvernemental en chef Liesbeth van der Pol et le Maître de l’Hôtel des Monnaies Maarten Brouwer…

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Notes

[1] Grand merci à Olivier pour la traduction.




À imprimer en salle des profs et plus si affinité et volonté

Les logiciels libres, un enjeu pour l'éducation - Raphaël Neuville (N'autre École)

Raphaël Neuville, enseignant documentaliste, vient de publier dans la revue trimestrielle de la CNT éducation N’Autre École, un article intitulé « Les logiciels libres, un enjeu pour l’éducation » (sous licence GNU FDL et disponible en pdf ci-dessous).

Nous en faisons l’expérience tous les jours, il n’est jamais facile d’expliquer synthétiquement le logiciel libre à un public non averti. Sur quatre pages claires et bien présentées, la défi est tant est si bien relevé que nous suggérons aux collègues de l’imprimer pour l’afficher en salle des profs, de préférence le plus près possible de la machine à café.

Le papier contient de plus une initiative originale, celle de proposer un modèle de « motion » (à adapter comme bon vous semble) qui, votée en conseil d’administration serait un geste fort non seulement auprès de l’ensemble du personnel de l’établissement scolaire mais également auprès de l’administration et des collectivités locales prescriptrices de logiciels et de matériels informatiques.

La voici recopiée ci-dessous.

Les logiciels libres, un enjeu pour l'éducation - Raphaël Neuville (N'autre École)

Exemple de motion pour établissement scolaire

L’éducation aux TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’éducation) constitue aujourd’hui une mission à part entière des établissements scolaires.

Afin de mettre cet enseignement en conformité avec l’esprit de service public qui prévaut dans l’Éducation nationale, nous souhaitons inscrire le collège X dans une logique d’utilisation, de promotion et de développement des logiciels libres en application de l’accord cadre conclu entre le ministère de l’Éducation nationale et l’AFUL.

Un logiciel libre est « un logiciel dont la licence dite libre donne à chacun le droit d’utiliser, d’étudier, de modifier, d’améliorer, de dupliquer, et de donner ledit logiciel ».

Pourquoi utiliser en priorité ces logiciels libres ?

  • tout d’abord parce que leur diversité et leur qualité permet aujourd’hui de répondre à tous les besoins d’un établissement scolaire (navigateur internet, suite bureautique, traitement et retouche d’image, dessin, PAO…) ;
  • développés selon les principes de la coopération et de la recherche libre, dans une logique non-marchande, ils répondent aux exigences de neutralité commerciale du service public d’éducation telles que définies par le Code de l’Éducation (article L. 511-2) et la circulaire sur le Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire ;
  • conçus pour fonctionner avec le maximum de matériel, peu gourmands en ressources, ils sont une réponse aux difficultés de financement du parc informatique dans les écoles et peuvent prolonger la durée de vie des matériels utilisés ;
  • régulièrement mis à jour et perfectionnés, ces logiciels restent performants et en phase avec les dernières évolutions technologiques ;
  • fonctionnant selon des standards « ouverts », ils sont compatibles avec toutes les autres plate-formes, y compris propriétaires ;
  • accessibles à tous gratuitement, ils rendent possible une égalité d’accès aux technologies de l’information et de la communication, permettant aux élèves de retrouver chez eux un environnement utilisé en classe et contribuant ainsi à lutter contre la fracture numérique.

En conséquence, nous déclarons tout mettre en œuvre pour faire de l’utilisation et du développement des logiciels libres une priorité du collège.




C’est rien qu’à cause de Wikipédia si nos enfants échouent !

B2i - aKa - 2008À l’heure où notre ministre de l’Éducation Nationale Xavier Darcos annonce pour la nouvelle classe de Seconde 2009 un module « Informatique et société numérique » dont je n’ai pour l’heure aucune autre information (accent algorithmique, accent éducation aux médias et à internet, ou les deux mon capitaine ?), je voudrais rappeler par cette traduction au titre volontairement caricatural qu’il y a selon moi effectivement urgence à mieux former la nouvelle génération à l’usage d’internet en général et de la recherche en particulier.

En tant qu’enseignant censé animer le B2i dans mon établissement, j’avais pris l’année dernière l’initiative de venir évoquer cela devant nos quatre classes du niveau troisième réunies pour l’occasion (voir photo ci-dessus). Je m’étais appuyé pour se faire sur de nombreuses ressources[1] dont une a priori paradoxale puisque s’adressant aux parents mais qui avait le grand mérite de couvrir à peu près tous les sujets envisagés tout en faisant (parfois vivement) réagir les élèves : Devenir e-Parent du fort intéressant site québécois Réseau Éducation-Médias (dont on ferait bien de s’inspirer du reste soit dit en passant).

Et j’en avais également profité pour parler un peu de Wikipédia, sa spécificité, son mode d’édition, sa collaboration, ses licences, son projet citoyen, ses forces et ses faiblesses, etc. pour en conclure que cette encyclopédie mutante constituait une excellente (mais non exclusive) première rampe de lancement pour une recherche particulière. Recherche particulière qui peut vous mener fort loin. Tellement loin qu’elle peut parfois vous faire revenir à Wikipédia pour compléter vous-même l’article de départ avec la pertinente information trouvée ailleurs. Histoire d’apporter nous aussi notre pierre à l’édifice 😉

Nos enfants échouent – et tout est de la faute de Wikipedia !

Our Kids Are Failing – And It’s All Wikipedia’s Fault!

Sarah Perez – 23 juin 2008 – ReadWriteWeb
(Traduction Framalang : Penguin et Olivier)

Quelle réaction irréfléchie ! Hier on apprenait en Écosse que c’est Internet qu’il faut blâmer pour le taux d’échec aux examens en Ecosse. Selon le SPTC (Scottish Parent Teacher Council : Conseil écossais des enseignants et parents d’élèves), Wikipédia, parmi d’autres sources, était cité comme étant la raison pour laquelle les étudiants échouent. Est-ce que Internet les rend stupides ? Ou bien est-ce que les étudiants ont seulement besoin d’apprendre à utiliser les nouveaux outils de recherche du Web de façon plus appropriée ?

Tout est de la faute de Wikipédia !

Dans le rapport, Eleanor Coner, porte-parole du SPTC, dit ceci : « Les enfants ont une très bonne maîtrise des outils informatiques, mais ils sont nuls en recherche. » Elle remarque que les étudiants d’aujourd’hui font la majeure partie de leurs recherches en ligne, au lieu d’utiliser des livres ou d’autres ressources qu’ils pourraient trouver dans une bibliothèque.

L’encyclopédie Internet, Wikipédia, était au cœur des préoccupations du conseil, car sa nature même lui permet d’être éditée par n’importe qui et qu’elle n’est pas mise à jour par des chercheurs reconnus.

De plus, le conseil s’inquiète des capacités de recherche des étudiants et de leur tendance à faire aveuglément confiance aux ressources en ligne. D’après Ronnie Smith, le secrétaire général de l’Institut d’Éducation d’Écosse, « Nous devons être sûrs que les jeunes ne considèrent pas ce qu’ils lisent en ligne comme des faits. »

Cela vous semble familier, non ?

Nous avons déjà entendu cette phrase de nombreuses fois : « Ne croyez pas tout ce que vous lisez » , « Ne croyez pas tout ce que vous voyez à la télévision », … maintenant c’est le tour d’Internet d’être soumis à l’inspection.

Est-ce que Internet nous rend stupide ?

Un coup d’œil rapide à cette information peut nous amener à croire qu’il s’agit d’un argument frappant en faveur de la thèse de Nicholas Carr qui dit que Internet (ou, comme il dit, Google) nous rend stupide. L’accès facile à un flot d’informations grâce à Internet, dit-il, affecte notre capacité à nous concentrer sur de longues périodes, comme lorsque nous lisons et absorbons de longs articles (une tendance que nous avons déjà mentionnée ici). D’une certaine façon, Wikipédia peut être vu comme la manifestation ultime de notre culture accommodante lorsqu’il s’agit de récupérer des informations.

Combien de fois par jour est-ce que vous faites une recherche rapide sur un fait quelconque et passez en coup de vent sur une page Wikipédia en récupérant uniquement les éléments mis en avant (dans mon cas en tout cas, j’admets que cela m’arrive au moins une fois par jour, si ce n’est plus).

Mais est-ce que les échecs aux examens sont réellement une indication sur la capacité de nos cerveaux à se reprogrammer pour s’adapter à cette nouvelle façon d’apprendre, comme Carr l’évoque dans son article ? Et est-ce que cette capacité affecte réellement notre intelligence ?

…Ou bien est-ce que les étudiants ont besoin d’apprendre à faire des recherches ?

Peut-être que non. Ce problème met plutôt en avant le fait que les institutions pédagogiques ont besoin d’adapter leur cursus et d’inclure des cours pour apprendre aux étudiants ce qu’est réellement une recherche. Une recherche Google peut les amener ou non à une ressource en ligne valable, mais beaucoup d’étudiants ne savent vraiment pas comment faire la différence entre ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. Être capable de chercher une information en ligne et de la remettre en question pour déterminer s’il s’agit ou non d’un fait est tout simplement une aptitude qui manque à beaucoup d’utilisateurs sur Internet. Cependant, une fois que cette technique est acquise les étudiants peuvent l’appliquer durant toute leur formation, quelque soit le média qu’ils utilisent.

Notes

[1] Parmi les ressources on trouvait également notre diaporama Les licences Creative Commons expliquées aux élèves qui nous a été d’une aide précieuse pour aborder la question de l’échange et du partage sur internet.




Les femmes et le logiciel libre

Hommes - Femmes - Logiciels Propriétaires - Logiciels libres

Prenez 100 développeurs de logiciels, vous n’y trouverez que 28 femmes. Prenez maintenant 100 développeurs de logiciels libres, vous n’y trouverez alors plus que 2 femmes ! Telle serait la triste réalité d’une communauté qui aura toujours du mal à diffuser son message tant que ce déséquilibre perdurera. Pire encore, il se pourrait bien que les logiciels libres passent à côté de nombreux besoins et souhaits des femmes puisque presque exclusivement conçus par des hommes !

Du coup certains[1], comme ici Terry Hancock, proposent des pistes pour remédier à cette étrange situation. Difficile d’échapper parfois à la caricature mais cet article a au moins le mérite de faire exister le débat et de nous obliger, nous les mâles, à avoir cela présent à l’esprit lorsque nous nous engageons dans des projets libres.

Terry Hancock précise d’ailleurs dans une note : « Tout au long de cet article je fais beaucoup de généralisations sur comment se comportent les hommes et les femmes. De toute évidence les hommes et les femmes ne sont pas des groupes monolithiques et il y a beaucoup de différences que je simplifie énormément. Des différences importantes existent dans le monde réel, que ce soit pour des raisons naturelles ou sociales. En effet, en écrivant cet article, j’ai pris comme hypothèse que la plupart des problèmes ne sont qu’une manifestation des différences de style de vie. Et que c’est principalement à cause de ces problèmes de style de vie que j’ai le sentiment de pouvoir identifier une bonne partie des problèmes que les femmes rencontrent quand elles font face à la culture hacker en général et au logiciel libre en particulier. »

Une traduction Framalang de Yonnel pour une relecture attentive de… Daria 😉

L’occasion pour moi de saluer au passage quelques femmes que j’ai croisé ces dernières années au cours de mes pérégrinations dans le libre francophone : Anne (LéaLinux, Mandriva), Sophie Gautier (OpenOffice.org), Odile Benassy (OFSET, etc.), Chantal Bernard-Putz (RMLL), Michèle Drechsler (Education Nationale), Alix Cazenave (April), Perline (journaliste et auteur du Framabook sur Spip), Chloé Girard (La Poule ou l’Oeuf). Liste non exhaustive (si ce n’est ma mémoire…) à laquelle j’ajouterais bien celle qui a mené pendant près de deux ans l’un des plus beaux projets collectifs jamais envisagé à savoir Florence Devouard ex-présidente de la Wikimedia Foundation.

Copie d'écran - Free Software Magazine

Dix façons d’attirer facilement la gent féminine vers votre projet libre

Ten easy ways to attract women to your free software project

Terry Hancock – 22 septembre 2008 – Free Software Magazine – CC-By-Sa

L’inégalité entre sexes chez les développeurs et les sympathisants du logiciel libre est étonnante. Moins de 2% d’entre nous sont des femmes, selon des études commandée par la Commission Européenne. Pourquoi ? Les chiffres disent que nous les faisons fuir. Or si on trouve de bons conseils pour réussir à ne pas les faire fuir, ce qui manque c’est une stratégie de mise en pratique : je présente ici dix changements relativement simples dans la manière de diriger un projet pour le rendre plus attractif aux yeux des futurs contributeurs et plus particulièrement aux yeux des futurs contributrices.

Il y a beaucoup d’études sur le sujet, et si une meilleure compréhension du problème vous intéresse, alors il vous faut aller lire certaines des liens proposés. L’étude FLOSSPOLS est particulièrement informative, et bien qu’elle soit longue, elle est bien structurée, et comporte de bons résumés. Val Henson a écrit un excellent HOWTO sur les questions comportementales, dont je vous recommande chaudement la lecture. Beaucoup de littérature existe sur l’ampleur du problème, les facteurs qui y contribuent probablement, et même certaines idées sociales et politiques d’envergure pour y remédier.

Pour le dire très brièvement, ces études concluent qu’il n’y a pas de pénurie de femmes qui s’intéressent à l’informatique, ni de femmes capables de le faire bien, et il y a d’excellentes raisons pour que les femmes soient impliquées personnellement et pour le bénéfice de la communauté. Toutefois les méthodes de la communauté sont extrêmement centrées sur les mâles, et hostiles à quiconque ne rentre pas dans ce moule, un problème confirmé par les quelques pionnières qui sont réellement engagées. Les solutions recommandées impliquent prioritairement des changements culturels qui doivent avoir lieu pour éviter cette hostilité et rendre le milieu plus accessible

Je vais présumer que vous adhérez déjà à la nécessité d’inviter plus de femmes dans notre communauté, ou du moins que vous vous engagez pour faire disparaître ce qui les fait fuir. Mais qu’allez-vous y faire ? En tant que leader ou fondateur d’un projet libre, vous prenez beaucoup de décisions fondamentales sur la façon dont vous allez conduire votre projet. Et c’est là que je pense que le changement doit commencer : rendre un projet plus convivial. Puis un autre, et ainsi de suite.

À mon avis, la clé est le problème technologique. La société connectée est le produit de ses participants, mais aussi du paysage créé artificiellement par les logiciels que nous utilisons dans notre processus de production. Cet ensemble d’outils a été façonné presque entièrement par les hommes, et inconsciemment, pour les hommes et leurs besoins sociaux. Les besoins des femmes ont été ignorés, voire même parfois carrément tournés en ridicule. Et surprise, surprise… elles ne se montrent pas.

Il est temps d’y remédier. Voici une liste de dix décisions pas-si-difficiles à prendre lors de la conception d’un nouveau projet, ou à adopter dans un projet existant. Neuf suggestions sur dix ne concernent pas directement les femmes (la dixième oui, mais seulement trivialement). Rendre votre projet plus convivial et plus ouvert aux nouveaux contributeurs attirera des hommes autant que des femmes. Mais ce sont les femmes qui bénéficieront le plus de ces changements.

1. Utilisez des forums au lieu des listes de diffusion

« Lorqu’on les questionne sur le gros déséquilibre des sexes dans le développement des logiciels libres, de nombreuses femmes relatent des histoires de harcèlement ou autres traitements déplacés lors d’un salon du libre ou dans un newsgroup. Puisque la plupart des projets libres ne sont pas affiliés à une entreprise, une université ou autre groupe responsable, un comportement civilisé n’est pas imposé. »
Michelle Levesque/Greg Wilson

« Le seul fait de savoir qu’il y a une autre personne dans le groupe qui est prête à exprimer publiquement son désaccord avec le mouton noir sera d’une immense aide, et fera que les femmes auront plus envie de rester. »
Val Henson

Les raisons

  • Les standards de la communauté sont plus faciles à conserver
  • Les avatars créent une impression proche du face-à-face, qui encourage un comportement plus humain
  • Les badges et les rangs permettent de mieux évaluer la représentativité de tout participant
  • Les signatures et les avatars offrent une forme d’expression personnelle graphique qui est plus confortable pour les femmes
  • Les communications hors posts permettent à des méta-conversations de prendre place sans déranger le forum : vous n’avez pas à poster pour contrer un message injurieux, vous lui donnez juste une mauvaise note ou le signalez au modérateur
  • Les informations comme le statut marital ou autres préférences peuvent être communiquées dans les profils, par ceux qui le désirent, et ignorées par ceux qui n’en veulent pas, ce qui évite de donner envie d’en parler dans un fil de discussion.

Le vrai problème numéro un quand les femmes rejoignent des projets libres est que, depuis le début, elles doivent composer avec les cons. Si c’est votre boulot, vous vous accommodez des cons, parce que vous y êtes contraint. Mais vous l’imposeriez-vous, juste par plaisir ? Non. La plupart des contributeurs potentiels, surtout les nouveaux, sont là pour le plaisir.

Le HOWTO Encourage Women in Linux de Val Henson traite presque exhaustivement des problèmes de comportement et de ce qui doit être changé, mais il en dit peu sur la façon de procéder à ces changements. En tant que leader, il vous faut un moyen de fixer des règles communes dans la communauté et de les faire respecter. Bien que le côté Far West des forums aient parfois un certain charme personne n’a sérieusement besoin de tolérer des bordées d’insultes. Elles ne sont pas constructives, et il est toujours possible de faire valoir les mêmes arguments dans un vocabulaire civilisé.

Par conséquent, bannissez les cons et veillez à conserver la bonne ambiance. Les logiciels de listes de diffusion sont nuls en ce qui concerne les options de modération, alors ne les utilisez pas ! Ouvrez un forum dans votre CMS, sur votre serveur, ou utilisez un service d’hébergement de forum payant ou gratuit. Et faites alors en sorte que les conversations s’y déroulent en cet endroit pour les utilisateurs mais aussi pour les développeurs.

Les forums sont très plaisant une fois que vous vous y êtes habitué, et les femmes les apprécient pour d’autres raisons que l’impression d’avoir un havre de paix. Ils mettent aussi plus en avant la camaraderie et les comportements sociaux que les listes de diffusion, ce qui contribue à une plus grande impression de loisir constructif. Les femmes collaborent souvent à des projets pour se faire des amis, c’est donc un bon moyen d’encourager les contributions.

Il va sans dire, bien entendu, que vous devez avoir des règles de comportement sur le forum, et que vous devez les faire respecter. Donnez aux modérateurs le pouvoir de prendre en charge cet aspect (et les femmes, souvent, seront volontaires pour ce genre de travail, si vous leur demandez gentiment).

2. Utilisez des conversations à plat plutôt que des fils de discussion entremêlés : « qui », pas seulement « quoi »

« Alors qu’il est possible pour un développeur de réussir convenablement tout en étant fortement anti-social, et que la programmation a tendance à attirer ceux qui sont moins à l’aise pour l’interaction humaine, l’informatique peut-être social si vous le décidez ainsi. Pour moi, il est moins agréable ou créatif de développer seule que quand j’ai des gens autour de moi pour parler de mon programme. »
Val Henson

Les raisons :

  • Les environnements où les fils de discussion sont à plat encouragent une logique de conversation plus simple, qui ressemble plus à une discussion face-à-face
  • Il est plus facile de repérer qui est en train de parler, et non pas ce dont ils parlent, et ceci est susceptible d’être plus important pour les femmes, pour qui les relations entre individus au sein de la communauté sont en général plus importantes que la seule chasse à l’info.
  • Les discussions à plat encouragent des conversations plus courtes, plus essentielles, avec des sujets plus clairs, qui sont susceptibles d’être plus faciles à suivre pour tous les nouveaux arrivants, et pas uniquement les femmes

C’est un point beaucoup plus subtil et moins évident. Confrontés à l’observation que les femmes préfèrent souvent des fils de discussion à plat plutôt que des fils emmêlés autour d’un même sujet, certains concluent un peu vite que c’est à cause d’une expérience limitée de la technologie. Je suis pourtant convaincu que cela va plus loin.

La clé est la nature de l’information et les besoins psychologiques des participants : si vous êtes là en priorité uniquement pour recueillir des informations, avant de repartir vaquer à vos occupations, alors les discussions emmêlées vous rendent service, en mettant les infos dans des catégories. Par contre, si la raison de votre présence est principalement sociale, si vous recherchez la compagnie des gens qui pensent comme vous, pour discuter d’un sujet que vous aimez, alors les fils de discussion à plat vous rendent service en vous offrant un meilleur contexte pour la conversation.

Les femmes se sentent plus engagées à contribuer quand elles se sentent entourées par des gens qu’elles considèrent comme des amis et réciproquement. Donc ironiquement, ces comportements, qui peuvent ne pas sembler très favorables à la productivité, auront comme résultat une meilleure productivité.

De la même manière, je recommande de faire de très courts sessions IRC, avec des équipes ciblées sur des problèmes particuliers. Arrangez-vous pour que ce soient des sprints en ligne, de telle sorte que les gens ayant une vraie vie (ce qui est en fait le cas de beaucoup de femmes) puissent faire rentrer ces projets dans leur emploi du temps. Mais n’essayez pas de gérer des sessions IRC longues, qui trainent en longueur, et auxquelles il vous faudrait consacrer toute votre vie si vous voulez les suivre.

3. Autant que possible, utilisez les wikis plutôt que des logiciels de gestion de versions

On considère que pour être un bon informaticien, il faut pendant presque toutes les heures d’éveil soit utiliser un ordinateur soit apprendre à s’en servir. Bien que ce soit encore une idée reçue, les femmes sont en général moins sujettes à l’obsession sur une seule activité, et préfèrent mener une vie plus équilibrée. Les femmes croient souvent que si elles commencent l’informatique, elles perdront inexorablement cet équilibre, ce qui fait que certaines préféreront carrément éviter ce domaine.

Les raisons :

  • Les femmes aiment le travail coopératif, elles ne font pas que le tolérer
  • Le jeu de la réputation est beaucoup moins important pour les femmes que le sentiment d‘appartenance au groupe
  • Tout le monde a un navigateur, mais les femmes ont souvent moins de contrôle sur l’équipement et les logiciels qu’elles utilisent, surtout quand elles débutent
  • Même si les femmes ont le contrôle nécessaire pour installer des environnements de développement, en général elles ne veulent pas perdre autant de temps à jouer avec les outils, et veulent moins d’obstacles pour pouvoir simplement travailler
  • Les femmes veulent plus souvent discuter ou chercher l’approbation pour leurs changements, ce qui est surtout dû à des problèmes de confiance

Wikipédia a un groupe de contributeurs beaucoup plus représentatif que le logiciel libre. Une raison en est que le coût d’entrée de la participation n’est pas très élevé. Vous voyez quelque chose de faux dans un article, alors vous cliquez sur modifier et vous réparez l’erreur. Il n’y a pas de grosse barrière, vous ne devez donc pas être extrêmement motivé pour la passer.

Il est dommage qu’il n’y ait pas encore de bon outil pour implémenter la gestion de versions du code source via un environnement de style wiki (comment faire pour tester les changements ?), mais c’est absolument possible pour tout le reste du projet : la documentation, les ressources textuelles et graphiques, etc.

4. Utilisez des langages de très haut niveau (Perl, Python, Ruby, etc.)

« Un autre point important est que le développement de logiciels libres est souvent un hobby, juste pour le plaisir, pris sur le temps libre. Où est le temps libre pour une femme ? Après leur journée de travail, la plupart ont encore la seconde journée de travail, chez elles, pour prendre soin de la maison, des enfants et du mari. Si les hommes peuvent avoir le privilège de faire du logiciel libre pour leur loisir, assis devant leur ordinateur à s’amuser à coder ce qui leur plait, en général les femmes n’ont pas ce privilège. »
Fernanda Weiden

« Avoir des enfants fait une différence, une vraie différence. »
Mitchell Baker

« J’ai donc entrepris la conception d’un langage qui rendrait les programmeurs plus productifs, et si cela impliquait que les programmes seraient un peu plus lents, eh bien, c’était un contrecoup acceptable. De par mon travail sur l’implémentation du langage ABC, j’ai eu beaucoup de bonnes idées sur la façon de faire. »
Guido van Rossum (à propos de ce qui l’a motivé à créer le langage de progammation Python)

Les raisons

  • Les femmes ont moins de temps pour s’adapter à une technologie
  • Leur temps est plus morcelé, il doit tenir compte de responsabilités comme de soutenir ou de prendre soin d’une famille
  • Les interruptions imprévues et l’incertitude qui en résulte quant aux moments disponibles pour la programmation est un problème encore plus important : vous ne savez jamais si vous allez pouvoir assembler de nouveau ce que vous venez juste de désassembler
  • Si elles n’ont pas confiance et ont commencé la programmation tardivement, beaucoup de femmes d’aujourd’hui n’auront simplement pas la croyance qu’elle peuvent venir à bout d’un problème complexe dans un langage qui ne rend pas les choses faciles
  • Les langages modernes de très haut niveau (VHL Very High Level) comme Python, Perl et Ruby peuvent souvent condenser le travail de fourmi des programmeurs, et permettent de mieux utiliser le temps disponible
  • Un langage qui met l’accent sur la lisibilité, comme Python, peut faciliter la récupération après une interruption, par conséquent moins de temps est perdu

Ce fut une révélation personnelle. Pendant des années au lycée et à la fac, j’ai programmé en BASIC, puis en FORTRAN, et ensuite en C et C++. Je trouvais cela plutôt pas mal convenable, et comme la plupart des hackers, je passais de longues heures nocturnes à programmer.

C’est alors que, quelque temps après la fac, nous avons eu notre premier enfant. Après, je me suis rendu compte que je ne pouvais plus programmer. Sérieusement. il y avait juste trop d’interruptions. Dès que je revenais dans la course avec le logiciel sur lequel je travaillais et que j’étais assez loin pour entamer l’étape logique suivante, j’étais de nouveau interrompu, et le programme retournait en veilleuse. Plus tard, je me retrouvais à devoir résoudre le puzzle de ce que j’avais écrit le jour, la semaine, voire les mois précédents.

Quand j’ai fini par me remettre à la programmation, c’était pour faire du logiciel libre, et quelqu’un sur mon premier projet m’a recommandé d’essayer Python. C’était incroyable. Je pouvais enfin y arriver comme avant. C’est à la fois parce que le code de Python est plus compact et qu’il est plus lisible.

Maintenant les enfants ont l’âge d’aller à l’école, et j’ai plus de temps, Mais je suis désormais trop accro à la productivité de Python pour en changer !

5. Suivez les idées de l’extreme programming

« Comme toute discipline, l’informatique est plus facile à apprendre quand vous avez des amis et des mentors à qui vous pouvez poser des questions et avec qui vous pouvez former une communauté. Pourtant, pour diverses raisons, les hommes ont habituellement tendance à être le mentor et l’ami d’autres hommes. Quand le déséquilibre entre sexes est aussi grand qu’il l’est dans l’informatique, les femmes trouvent peu ou pas d’autres femmes avec qui échanger. »
Val Henson

Les raisons :

  • Le développement par les tests transforme une gratification très tardive en de nombreuses petites satisfaction, les femmes qui manquent souvent de confiance en leurs capacités techniques ont parfois besoin de voir pour prendre confiance
  • La programmation en binômes est une méthode de travail très féminine, avec ces équipes rapprochées qui scrutent le code ensemble. Deux paires d’yeux trouvent plus de bugs, et il n’y a pas de meilleur moment pour trouver un bug que juste après (ou même avant) le moment où l’erreur est commise
  • La disparition du monde masculin centré sur le pouvoir, avec des équipes de développeurs hiérarchisées, est une vraie victoire pour les femmes, qui préfèrent les structures plus horizontales, entre pairs.

Une magnifique tendance, largement motivée par le développement des logiciels libres, est celle appelée Extreme Programming ou XP (NdT : voir Wikipédia). À mon avis, c’est en fait une méthode de travail très féminine, et en tout cas, elle s’oppose directement à certains des obstacles auxquelles les femmes sont confrontées. Il y a plein d’autres raisons d’utiliser les méthodes XP, mais le fait d’attirer les développeuses en est une de poids.

Un sujet qui pourrait poser problème est que les femmes pourraient avoir du mal à trouver des partenaires pour des sessions de programmation en binôme. Il pourrait être alors pertinent d’essayer de faire l’expérience avec des petits (tout petits) chats IRC et certains moyens de voir le code en même temps qu’on le modifie.

6. Remplacez les classements hiérarchiques par des processus valorisants

« Il est intéressant de constater que des réponses grossières sont souvent données par des gens qui sont en train de se faire une réputation. Souvent, c’est comme si les participants moins bien notés essaient de se construire une réputation soit en répondant grossièrement et ainsi montrer leur impatience vis-à-vis des ignorants, soit en se pavanant avec toute l’étendue de leurs connaissances, au lieu de fournir une réponse simple. »
FLOSSPOLS

« Souvent, la seule récompense (ou la plus grande récompense) quand on écrit du code est le statut et l’approbation des pairs. Beaucoup plus souvent, la récompense est une flamme cinglante (NdT : voir Wikipédia), ou encore pire, pas du tout de réaction. »
Val Henson

Les raisons :

  • Le culte de la personnalité ne tourne qu’autour de la gloire et de l’honneur, choses souvent très importantes pour les hommes, mais qui sont habituellement d’un intérêt secondaire pour les femmes
  • Les femmes trouvent généralement ennuyants les concours de supériorité macho, et voyons les choses en face, ils sont idiots
  • Les femmes n’aiment pas se la raconter, mais elles adorent être valorisées et participeront davantage si c’est le cas
  • La réputation (subjective) est souvent carrément fausse et très, très biaisée. Des mesures (objectives) sont souvent nécessaires pour voir ce qu’il en est vraiment, surtout quand les participants ne sont pas pareillement francs
  • Les rituels d’acceptation explicite encouragent un sentiment d’appartenance qui est plus important pour les femmes que pour les hommes, et plus important qu’un désir de compétition pour mener la meute
  • Cela donne confiance et encourage à contribuer quand on a un retour tangible et une reconnaissance pour ce que l’on fait

Il est important de se rendre compte que les messages injurieux sur les forums et autres concours de domination masculine servent bien une fonction sociale. C’est une façon très primitive d’évaluer l’importance et la valeur des individus dans le groupe. Le fait de savoir qui est le chef est quelque chose qui rend la coopération plus aisée (surtout pour les hommes). Les hommes, par instinct ou depuis l’enfance, savent comment jouer à ce jeu, et ils le font inconsciemment.

Les méthodes des femmes pour atteindre les mêmes buts sont très différentes. Ils tournent autour de niveaux de coopération plus élevés, de moins de compétition, et d’une attention beaucoup plus pointue à l’affirmation de soi et des autres dans le groupe. Les femmes sont beaucoup plus sensibles à l’appartenance qu’à la victoire. Elles accordent beaucoup moins d’importance à la gloire qu’au fait d’être reconnues et appréciées.

Concentrez-vous donc sur un renforcement positif des bons comportements et des bonnes contributions. Quand quelqu’un fait quelque chose d’utile pour le projet, donnez-lui en crédit. Donnez-lui alors plus de responsabilités. Et, sur le forum, donnez-lui quelque symbole (un label ou un avatar) en reconnaissance de ce qu’ils ont fait. De cette façon, il n’y a pas de nécessité d’en faire des tonnes. Tous pourront voir en un instant qui est à l’origine de contributions réelles.

Les femmes, à cause de la timidité, du manque de confiance, ou des pressions sociales contre le fait de se mettre en avant, ne s’attribueront généralement pas seules ces titres. Ils doivent leur être donnés par les autres. Être "valorisées" ou "utiles" constitue la motivation première de leur contribution.

Bien trop souvent, cela n’arrive tout simplement pas dans le fonctionnement des logiciels libres. Les contributeurs passent des centaines d’heures à écrire et/ou à améliorer du code, et qu’est-ce qu’ils ont en retour de leur sueur ? Souvent, pas grand-chose.

Passez un peu de temps à roder sur un forum ou une liste de diffusion dominés par les femmes si vous voulez voir de quoi je parle. Les femmes font vraiment cette chose incroyable de s’encourager et se complimenter les unes les autres. Surtout, elles n’oublient pas de dire merci quand quelqu’un fait quelque chose de bien pour leur communauté.

7. Accordez de l’importance à ce que les femmes font

« Le fait d’ouvrir notre définition du hacking pour y inclure de tels concepts traditionnellement féminins comme l’interface utilisateur et la psychologie, les communications écrites et verbales, l’interaction entre groupes, etc., peut être une alternative valide à l’obligation faite aux femmes de rentrer dans le moule existant du hacker. De surcroît, cela peut avoir pour résultat des communautés et des processus qui soient plus performants que nos modèles actuels. »
Kirrily Skud Robert

Les raisons :

  • Les bons logiciels sont beaucoup plus que juste du code
  • La documentation n’est pas plus facile à écrire que le code (à moins de le faire très mal)
  • Le marketing, le visuel, les logos, les icônes, ou tout simplement le fait d’aider les gens est aussi important
  • Dans un environnement sûr et qui leur permet de s’affirmer, les femmes feront une bonne partie de ce que les hommes ne veulent pas faire sur un projet, et qui est absolument essentiel pour le succès du projet
  • Les distinctions artificielles comme celle du Turing-complet (NdT : voir Wikipédia) sont une division du monde idiote : le HTML, SVG, XML et SQL ne sont pas plus faciles à écrire que du C, Java ou Python, et avec exactement la même importance pour beaucoup de projets
  • La sous-évaluation systématique du travail des femmes est un reliquat de politiques archaïques et sexistes, c’est juste une façon de les perpétuer

Il y a une constante (dans l’ensemble de la société, pas seulement en informatique) tentative de dévaluation de tout ce qui est fait par des femmes qui serait moins important ou moins difficile que quoi que ce soit qui ait été fait par des hommes. C’est peut-être parce que les hommes ressentent un besoin d’être important et que les femmes ressentent surtout qu’elles ont besoin d’être utiles.

Mais la réalité est que les tâches traditionnellement assurées par les femmes sont souvent tout autant difficiles et tout autant cruciales pour la réussite du projet que n’importe laquelle des tâches traditionnellement assurées par les hommes.

Assez souvent, la documentation, les pages web et autres produits non-langage de programmation sont des domaines auxquels les femmes participent aisément (ce sont en effet des domaines que le logiciel libre, milieu dominé par les hommes, a fortement tendance à ignorer). Valorisez-le pour ce qu’il est, et ne faites pas de distinctions artificielles. Une contribution est une contribution. Et ceux qui aujourd’hui écrivent de la documentation pourraient écrire du code demain, si vous ne les faites pas fuir dans l’intervalle.

8. Mettez l’accent sur le processus communautaire plutôt que sur les produits finis

« Les ordinateurs sont encore perçus comme des jouets de garçons, même avant d’aller à l’université de nombreux garçons sont en effet prêts à travailler avec la technologie et à développer des carrières dans des domaines techniques. Les femmes quant à elles ont souvent besoin de consacrer plus de temps à l’étude et à l’amélioration de leurs compétences. Dans la communauté du libre, il est plus important d’échanger le savoir, par le code, la documentation, le débat et les idées. C’est comme une bibliothèque, une énorme encyclopédie disponible en direct. C’est très important pour les femmes et peut être très utile à leur développement. »
Sulamita Garcia

Les raisons :

  • La fabrication d’un logiciel en tant que produit est artificielle et à l’opposé de la nature du logiciel libre
  • Les domaines du service et du support sont les centres de profit du logiciel libre, ils méritent donc plus de respect

Le modèle du logiciel comme un produit défini à manufacturer avant une certaine date de sortie et à vendre est un modèle hautement artificiel, créé avant tout pour rendre viables les entreprises qui développent du logiciel propriétaire. La réalité est que le processus de création d’un logiciel est beaucoup plus original et créatif.

Ce devrait être un choix évident. Dans le monde des logiciels propriétaires, on crée un logiciel pour le profit (on vend des copies du code), alors que le service et le support se font à perte (parce que typiquement vous avez inclus une sorte de support dans le prix de vente des copies que vous avez vendues, et vous ne le rattraperez pas régulièrement). Dans le monde des logiciels libres, les choses sont habituellement exactement à l’opposé : vous ne gagnez rien en livrant le code, parce que les gens peuvent l’avoir gratuitement et le copier autant qu’ils le souhaitent, mais vous pouvez gagner de l’argent en vendant du service et des contrats de support divers et variés.

Les femmes, bien sûr, ont tendance à graviter beaucoup plus autour des rôles de support que les hommes. Et pourtant elles reçoivent très peu de reconnaissance en retour. N’y a-t-il pas quelque chose de bizarre ? Oui, c’est ça, les femmes assurent les gros sous. Alors pourquoi est-ce que ce fait est si peu mis en avant ?

9. Créez un système formel de parrainage et des processus d’initiation

« LinuxChix était à l’origine un espace de rencontre et de support pour les femmes qui travaillaient dans l’informatique. En général lorsque ces femmes nous rejoignaient elles étaient heureuses et agréablement surprises qu’il y ait un groupe de femmes qui discutaient de technologie, se rendant ainsi compte qu’elles n’étaient pas seules. »
Sulamita Garcia

Les raisons :

  • Les femmes ont moins d’opportunités d’apprentissage
  • L’apprentissage informel avec les hommes peut être gênant (est-elle votre apprentie ou votre petite amie ?)
  • Les femmes ont peut-être manqué des opportunités d’apprendre précocement à cause du sexisme rencontré très tôt dans leur vie

Au bout du compte, apprendre à programmer a tendance à être un processus d’apprentissage. Vous pouvez pas mal apprendre dans des cours formels ou par la lecture. Vous pouvez même apprendre en passant un temps fou à vous cogner la tête contre les murs en essayant de faire fonctionner quelque chose tout seul. Mais la meilleure manière est de pouvoir demander de l’aide, même au début où vous avez besoin de poser les questions très, très bêtes.

10. Rendez visibles les femmes actuellement présentes dans votre projet

« J’encourage toutes les femmes dans l’informatique à être aussi visibles que possible – acceptez toutes les interviews, soyez valorisées publiquement – même quand vous n’en avez pas envie. Cela peut vous embarrasser, mais en vous autorisant à être promue ou rendue publique, vous pourriez changer quelque part la vie d’une petite fille en devenir. »
Val Henson

Les raisons :

  • Il y a des pionnières[2] dans le logiciel libre qui peuvent agir comme des modèles pour les jeunes femmes qui cherchent une carrière ou une vocation, mais elles sont perdues dans la masse de tous les hommes dans ce domaine
  • Les modèles peuvent incarner de très bonnes motivations pour tous, mais surtout pour les plus jeunes qui peuvent ne pas être totalement certaine de pouvoir vraiment suivre le chemin d’une telle vocation
  • Souvent, nous agissons comme si les forums du libre étaient à 100% réservés aux hommes, alors que la réalité se situe plutôt à 90%-95%. Rendre la minorité de femmes visible permet tout autant aux hommes qu’aux femmes de s’ajuster à la réalité de la situation et laisse de la place pour que les minorités s’épanouissent
  • Beaucoup de femmes regardent plus qu’elles ne participent aux forums, pour beaucoup des raisons décrites ci-dessus. Voir les femmes acceptées par la communauté encouragera toujours plus d’entre elles à participer

Alors que le chemin de pionnière est difficile, la présence des femmes en encouragera d’autres à les rejoindre. Cela fera également comprendre aux hommes de votre projet qu’ils sont en galante compagnie et qu’ils ne peuvent plus se permettre certains comportements.

Bien entendu, il faut que les pionnières qui travaillent sur des projets de logiciels libres acceptent d’être un peu plus mise sous la lumière. Vous ne devriez certainement pas leur imposer la reconnaissance, mais vous devriez leur demander si elles veulent bien se lever et affirmer plus encore leur présence.

C’est la diversité qui fait la force

« Les gens écrivent des logiciels pour combler leurs besoins, pour que les logiciels fassent ce qu’ils veulent qu’ils fassent. Si les femmes ne participent pas dans l’écriture du code et l’écriture de la documentation, elles n’auront jamais les résultats et la réponse à leurs besoins. C’est ainsi. Celles qui ne font que regarder n’ont aucune influence sur le développement, et la conséquence est de ne pas avoir de logiciel qui réalise précisément ce que vous voulez qu’il fasse. »
Fernanda Weiden

J’espère avoir convaincu que les bénéfices d’avoir de plus en plus de participantes dans le logiciel libre sont évidents. Nous écrivons des logiciels pour répondre aux besoins des gens, mais nous ne pouvons voir clairement que nos propres besoins. Une plus grande diversité de ceux impliqués signifie plus de perspectives sur tous les problèmes, une meilleure compréhension des problèmes qui doivent être résolus, et de meilleures solutions à ces problèmes.

Beaucoup des contributions stéréotypiquement féminines : le design de l’interface, la documentation, et même le marketing sont des domaines dans lesquels le logiciel libre est tristement déficient. Il devrait être assez évident que si c’est ainsi que les femmes souhaitent contribuer, nous devrions foutrement leur rendre la vie facile.

Il y a beaucoup à gagner en amenant les femmes dans le logiciel libre, et la meilleure façon pour vous d’aider à ce que ça soit possible est de commencer par votre projet et les projets auxquels vous contribuez.

Notes

[1] Quelques ressources francophones sur le sujet glanées sur le net : Femmes et logiciels libres : un enjeu de société de Laurence Rassel, Hacker ou macho alternatif ? de Lize De Clercq, Les femmes et les logiciels libres : Situation, Analyse, Propositions d’Aurelie Chaumat et Les Femmes dans le Logiciel Libre de Anne Østergaard.

[2] Parmi les pionnières citons par exemple Ada Lovelace, Grace Hopper, Frances Allen, Rosalind Picard, Mitchell Baker et Mary Lou Jepsen.




OpenOffice.org 3.0 est dans la place !

OpenOffice.org 3.0

OpenOffice.org version 3.0 est officiellement sortie de son cocon aujourd’hui. Nombreux sont ceux qui l’attendaient avec impatience qu’ils soient déjà utilisateurs de la version précédente, ou candidat à la migration (comme par exemple en milieu scolaire où, doit-on encore le rappeler, MS Office 2007 est à déconseiller).

Télécharger la version française d’OpenOffice.org 3.0

Pour marquer le coup rapidement et passer en revue tout aussi rapidement quelques nouveautés significatives de cette nouvelle génération de notre suite bureautique libre préférée, nous vous proposons une courte traduction[1] imagée d’un article paru cet été.

OpenOffice.org 3.0

OpenOffice.org 3.0: Que peut-on en attendre ?

OpenOffice.org 3.0: What to Expect?

Rami Taibah – 6 juillet 2008 – Bringing Linux to the Masses

Il y a quelques mois, OpenOffice.org sortait sa version 2.4, offrant une panoplie impressionnante d’améliorations. Pourtant, si vous pensiez que la version 2.4 était une version majeure, vous n’avez encore rien vu ! Le 13 octobre, OpenOffice.org va sortir sa version 3.0, qui devrait offrir une immense avancée ! De l’avis général, la version 3.0 qui arrive est considérée comme une jalon important dans le développement du projet. Voici quelques-uns des progrès que j’attends avec le plus d’impatience :

Writer

Avec la version 3.0, Writer bénéficiera d’une multitude de progrès intéressants. Vous aurez le choix entre différentes vues : une seule page, plusieurs pages côte à côte et une vue livre. Un curseur de zoom a été ajouté dans le coin inférieur droit de l’écran, ce qui est, admettons-le, quelque chose que l’on a vu en premier dans Office 2007, mais qui est à coup sûr une fonctionnalité bienvenue.

OpenOffice.org 3.0

L’outil d’insertion de commentaires, repensé et embelli, permet d’ajouter des notes en couleur et des commentaires dans la marge à la place de l’ancienne méthode inefficace (que je n’ai jamais utilisée).

OpenOffice.org 3.0

Le menu permet maintenant de facilement passer d’un correcteur orthographique à un autre, ce qui est très pratique pour les documents multi-lingues. Cette amélioration est la bienvenue lorsqu’on travaille sur des documents en plusieurs langues comme moi avec mes documents anglais/arabe.

Le support de Mac OS X

Je me souviens d’un ami qui se plaignait de l’intégration de l’Arabe dans MS Office sur son Mac (ou plutôt de son absence), je lui avais alors suggéré OpenOffice.org. Hélas, j’ignorais qu’il fallait installer d’autres paquets (X11 et d’autres). Nous avons dû pas mal bidouiller pour réussir à le faire fonctionner. Avec OpenOffice.org 3.0, plus aucun problème, OpenOffice prendra nativement en charge MacOS X !

Filtres d’import pour Microsoft Office 2007

Il me répugnait de recevoir un document se finissant en x (docx, pptx, xlsx) ! Quelle extension à la noix, à vous donner des frissons dans le dos. Ce n’est désormais plus le cas, car avec OpenOffice 3.0 on peut directement les importer et les éditer en un clin d’oeil ! Bien sûr, l’import n’est pas encore parfait, mais nous savons tous à qui revient la faute (vous savez, ces milliers de pages de documentation obscure…)

Nouveau style dans Calc

OOo propose à présent un style glacé et des effets de transparence plus léchés ! Voici une comparaison entre les anciens :

OpenOffice.org 3.0

…et les nouveaux :

OpenOffice.org 3.0

Les écrans différents de Presenter

Ça m’a toujours semblé couler de source, sans savoir si cela existe dans Office ou non, mais c’est formidable qu’OpenOffice 3.0 le propose. En gros, dans Presenter, on peut voir un écran différent de celui affiché sur le projecteur. On peut ainsi avoir un aperçu de la diapositive suivante, du temps écoulé, des notes et des commentaires.

OpenOffice.org 3.0

Les tableaux intégrés en natif dans Impress

Jusqu’alors, lorsqu’on comparait OpenOffice à Microsoft PowerPoint, les tableaux constituaient le talon d’Achille d’OpenOffice. La seule solution consistait à réaliser des dessins maladroits de tableaux ! Ce n’est plus le cas !

OpenOffice.org 3.0

Import PDF

Bien que cette fonctionnalité ne soit pas encore présente dans la version beta que j’ai installée, elle devrait apparaître et fonctionner dans la mouture finale du 13 octobre.

Conclusion

OpenOffice 3.0 est un jalon majeur pour le projet, qui comporte des tas d’autres nouvelles fonctionnalités. J’ai également noté une très sensible amélioration de la vitesse, qui a toujours été un problème dans les versions précédentes d’OpenOffice.org.

Télécharger la version française d’OpenOffice.org 3.0

Notes

[1] Une traduction que nous devons à Penguin, Olivier et Don Rico.




Largage de liens en vrac #8

Arkangel - CC by-saLe nouveau Gimp vient de sortir (version 2.6) et OpenOffice.org est dans les starting-blocks (version 3.0). Quant à moi je continue de remplir mes marque-pages de news logicielles susceptibles d’intéresser de près ou de loin le framalecteur. Comme d’habitude il ne s’agit que d’un survol rapide et subjectif de l’actualité[1].

  • Podcast Generator : Vous souhaitez offrir du podcast à vos visiteurs ? Alors Podcast Generator a de bonnes chances de répondre à votre besoin. Parmi les fonctionnalités on notera le streaming flash mais surtout la sortie XML/RSS compatible avec Juice and iTunes.
  • Capture Fox : Une extension ambitieuse Firefox qui permet de réaliser des screencast avec la voix qui plus est. La sortie est en AVI et n’est pour le moment disponible que sous Windows XP et Vista. Petite explication et démo en français ici (ps : j’ai pas compris si l’extension était libre et si l’on pouvait filmer l’écran de son ordinateur pour monter autre chose que sa fenêtre FIrefox).
  • niftyPlayer : Pour votre site web, sûrement le plus léger de tous les lecteurs flash audio (avec ou sans Javascript).
  • Phatch : Contraction de Photo et Batch. Permet d’automatiser certaines tâches sur une série de photographies. On peut renommer, redimensionner mais aussi faire pas mal de choses originales comme arrondir les coins, ajouter un effet ombré, etc.
  • Zarafa : L’alternative professionnelle à Microsoft Exchange passe en open source une bonne partie de son offre logicielle (c’est plus stratégique que philanthropique mais c’est toujours bon à prendre !).
  • Evolution : Restons dans la messagerie groupware avec l’annonce du portage Windows d’Evolution, célèbre alternative Unix à Outlook (à ne pas confondre avec le grand public Outlook Express).
  • Habari : Dans la grande famille des moteurs de blogs (WordPress, Dotclear) je demande le petit dernier que même que les premiers avis disent qu’il est très prometteur.
  • Hyperwords : Encore une très pratique extension Firefox (libre ou pas ?) qui rend certains internautes plus qu’enthousiaste. Il n’y a pas à dire mais ces extensions participent de beaucoup à la valeur ajoutée de Firefox (n’est-ce pas Google Chrome ou Chromium ?).
  • MiniG : Gmail est pour vous la meilleure des webmails ? MiniG c’est comme Gmail mais pour les entreprises puisque, détail ô combien important, les données sont conservées sur les serveurs de votre propre boite (développé pour OBM par Linagora).
  • xVideoServiceThief : Objectif simple mais parfaitement réussi : récupérer les vidéos des sites comme YouTube ou Dailymotion que l’on peut ensuite convertir à la volée (dommage il n’y a pas encore le format OGG).
  • Project Kenai : Une nouvelle forge (hébergement de projets de développement) qui, pour la résumer sur le papier, serait un peu une forge 2.0 avec un fort accent donné aux structures de type réseaux sociaux.
  • CodeLite : Comme on s’adresse ici à des développeurs on présuppose qu’ils maitrisent l’anglais : CodeLite is a powerful open-source, cross platform IDE for the C/C++ programming languages.
  • Panda : Panda, est un projet OpenSource qui permettra à n’importe quel propriétaire de site; prêt à mettre un peu les mains dans le code, d’offrir le chargement et la lecture de vidéos à ses utilisateurs. Imaginez un YouTube en kit (source TechCrunch).
  • Plumi : Même objectif que Panda mais sous Plone. Aucune idée de l’état d’avancement de ces solutions libres de streaming vidéo mais c’est bien d’avoir potentiellement la possibilité de se libérer des YouTube-like.
  • Omeka : Une plateforme web orientée présentation et archivage de fonds iconographiques (devrait intéresser certaines institutions culturelles comme les musées par exemple).

Notes

[1] Crédit photo : Arkangel (Creative Commons By-Sa)