Largage de liens en vrac #1

Mr JZ - CC byAyant accumulé trop de liens sur de nouveaux (ou plus anciens) logiciels libres que je juge à l’intuition intéressants, et donc futurs éventuels candidats potentiels[1] pour notre annuaire, j’ai décidé de m’en débarrasser ici en vrac (de chez vrac). En fouillant bien, vous y trouverez peut-être quelque chose d’utile… [2]

  • Wubi : Installer Ubuntu depuis Windows comme un simple programme ! Tout à fait étonnant et qui plus est bien pratique pour découvrir ou faire découvrir Ubuntu dans la mesure où l’on n’a pas besoin de partionner son disque ou d’avoir un CD d’installation à disposition. On installe Wubi (10Mo) et c’est lui qui vient chercher tout seul Ubuntu sur internet (700 Mo tout d’même !). Faut voir à l’usage quelles sont les contraintes. J’imagine déjà que c’est un poil plus lent.
  • Rockbox : Le firmware libre pour votre lecteur mp3. Alors là je suis bluffé par le boulot de cette équipe dont le firmware est supporté par de très nombreux lecteurs (iPod, iriver, Archos…). Rockbox a définitivement remplacé le firmware d’origine (qu’il n’écrase pas) sur mon iPod Nano et je me sens tout simplement libre et happy ! Fini les iTunes & compagnie. Je peux lire les .ogg et je peux même jouer à Frozen Bubble dans le métro en heure de pointe. Cf cette petite vidéo pour mieux comprendre la chose avec… Doom inside !
  • Collabtive : Petit groupware sexy à la sauce web 2.0.
  • Alfresco : « Alfresco offre une vraie alternative Open Source pour la Gestion de Contenu d’Entreprise (ECM) – Gestion de Documents, Collaboration, Gestion des Archives/Enregistrements légaux, Gestion de Contenu Web et Gestion des Documents Numérisés. » PME/PMI, à vos marques, prêts…
  • Box2D Physics Engine : Euh… je ne sais pas trop comment vous le décrire. Y’a des objets en 2D qui bougent et non seulement ça fait joli mais en plus ça semble avoir des vertus pédagogiques. Regardez un peu ce que cela donne en portage Flash. Si j’étais prof de sciences physiques je m’y mettrais tout de suite !
  • jobberBase : Plate-forme web libre d’offres et recherches d’emplois qui semble tenir parfaitement la route. Non encore francisé (il ne tient qu’à nous…). Me trompe-je mais je crois bien que la communauté francophone du logiciel libre ne possède pas de site (ouverte et indépendant) dédié à cela digne de ce nom ? Cela pourrait être pertinent de créer un tel site (avec justement jobberBase comme outil) pour mettre tout ce joli petit monde en relation. Cette idée, qui peut rapporter gros, est sous licence Creative Commons BY-SA 😉
  • No plagia : « No plagia est une application web de detection de plagiat sur internet développé dans le cadre d’un travail d’etude et de recherche à la faculté des sciences de Luminy par 3 étudiants. » Ce sont les profs de lycée qui vont être contents !
  • Open Flash Chart : Vous n’aimez pas le Flash et vous n’avez pas besoin de jolis graphiques pour votre site web ? Alors cette solution ne vous conviendra pas !
  • Processing : C’est pas vraiment une nouveauté (loin de là) et c’est pas vraiment un logiciel non plus puisqu’il s’agit d’un langage de programmation et environnement de développement tout particulièrement adapté à la création plastique et graphique interactive (en Java). Les résultats sont impressionnants et il commence à être enseigné dans les écoles d’art.
  • Parted Magic : Dans la catégorie outil de partition de disque, on avait Gparted sur CD. Parted Magic rend a priori la chose encore plus intuitive et, cerise sur le gâteau, se met facilement sur une clé USB. Peut servir par exemple pour préparer l’arrivée de GNU/Linux sur votre machine.
  • PrestaShop : « Une solution professionnelle d’e-Commerce robuste que vous pouvez télécharger, installer et utiliser gratuitement ! » Sur le papier ça a vraiment de la gueule (et c’est issu de la francophonie).
  • Magento : Une autre solution pro d’e-Commerce qui semble avoir la côte en ce moment. Le libre commence à avoir l’embarras du choix dans le domaine…
  • Pligg : Vous souhaiter faire votre propre Digg ? Alors Pligg est la meilleure solution libre à l’heure actuelle.
  • Drigg : Enfin peut-être pas la meilleure solution surtout si vous êtes un adepte de Drupal puisqu’avec ce module vous obtenez peu ou prou la même chose.
  • Elgg : Un clone de MySpace / Facebook (je n’en sais pas plus).
  • Correo : Un client de messagerie basé sur Thunderbird.
  • ClamXav : Et voici que le célèbre antivirus ClamAV se décline aujourd’hui pour Mac OS X. Vous me direz (avec un brin de suffisance) que les utilisateurs Mac n’en ont pas besoin. Certes, m’enfin si un tel portage vient de voir le jour c’est qu’il doit bien y avoir une raison 😉
  • Transmission : Un client bittorrent qui comble peut-être une lacune dans l’univers Mac.
  • MacVim : Comme son nom l’indique, un portage de Vim sous Mac OS X qui comblera les geeks.
  • Bitnami : Celui-là j’en aurais bien fait un billet blog à lui tout seul. C’est vraiment une solution pratique et originale si vous souhaitez tester en local tout plein de CMS, blogs, wikis, forums. Quel que soit votre OS, plus besoin de s’embêter avec l’installation d’un serveur AMP (Apache, MySQL, PHP) et la création de bases MySQL puisque c’est intégré à même le pack de téléchargement pour chaque logiciel choisi. Le revers de la médaille c’est qu’on aura autant de serveurs AMP que d’applications installées avec Bitnami (avec la taille du pack de téléchargement en conséquence). Mais si vous ne souhaitez travailler qu’avec une solution bien définie (comme Drupal, Joomla, WordPress, Mediawiki, Docuwiki, phpBB) alors c’est vraiment intéressant. De plus chez Windows tout peut s’installer sur un clé USB et chez Linux il vous fournit donc un serveur AMP clé en main (dès fois que vous aviez des problèmes pour en installer un).
  • PhatFusion : Un bibliothèque de javascripts qui donne un look pro (et web 2.0) à vos sites webs.
  • Shadowbox : Dans la même série on trouve ce javascript libre qui permet d’ouvrir une fenêtre pour y mettre un peu ce que l’on veut dedans (images, vidéos…).
  • Blueprint : Un framework vraiment utile pour démarrer un site web et bien organiser sa mise en page et ses CSS (cf la très pratique grille).
  • ie7-js : Un javascript qui tente (et semble pas mal réussir) à faire en sorte qu’Internet Explorer se rapproche des standards du web en corrigeant un paquet de limitations CSS / HTML. Par exemple il résoud le problème de la transparence du format .png. Il est possible que ce script devienne indispensable à tout webmaster (jusqu’à ce qu’IE disparaisse définitivement de la scène, mais on n’en est pas encore là).
  • Diferior : Un CMS de plus, orienté blog, dont la particularité est de proposer un tracker bittorrent intégré. Pour mieux partager des ressources libres bien sûr !
  • Kantaris Media Player : Une surcouche graphique au célèbre lecteur multimédia VideoLan. Uniquement pour Windows. A priori pour rendre l’interface graphique plus sexy (ou, aïe, pour le rendre plus proche de Windows Media Player).
  • Chyrp : Encore un moteur de blog. Celui-ci semble simple et joli (avec de l’Ajax inside). Mais, bon, je sais pas trop si on en a vraiment besoin avec nos WordPress et Dotclear…
  • Laser Tag 2.0 : Un projet délirant mais enthousiasmant qui permet de graffiter électroniquement n’importe quelle facade avec un simple ordinateur, une caméra et un vidéo-projecteur (cf la photo d’illustration[3] de ce billet et plus généralement cette succession de pages). Utile en période de guérilla urbaine ! On est d’ailleurs en train de se déployer place de l’Etoile pour dessiner très prochainement tout plein des manchots et des gnous sur l’Arc de Triomphe à Paname (ça nous changera de Zidane en Adidas).

Bon ben voilà, ça fait du bien. Mes bookmarks se sentent plus léger désormais. Selon les retours ce billet sera peut-être le premier d’une petite série, disons, mensuelle, de news logiciels libres.

Notes

[1] NB : Si vous lisez cet article avec un temps de retard les logiciels cités seront peut-être déjà inclus dans l’annuaire.

[2] Crédit photo : Mr JZ (Creative Commons By)

[3] Photographie de urban_data sous licence Creative Commons BY.




Pourquoi faire un don à Wikipédia ? (et soutenir la culture libre et ses utopies)

Hamed Masoumi - CC byLorsque j’ai lu cet appel au don de Benjamin Mako-Hill j’ai eu envie de le proposer à traduction à la Dream Team FramaLang. D’abord parce que soutenir Wikipédia en tant que tel est important. Mais également parce que l’angle adopté par Mako Hill me semblait intéressant et sujet à réflexion.

Dans ce mouvement de la culture libre, dont on ne trouve pas de réelle définition, et où Wikipédia représente à la fois la figure de proue et le cheval de Troie, il y aurait donc des utopistes et des pragmatiques. Un peu comme la dialectique révolutionnaires vs réformistes du siècle dernier. Les classiques oppositions Stallman et la Free Software Foundation vs l‘Open Source, les licences des logiciels libres vs les licences Creative Commons, et pourquoi pas GNU/Linux vs Linux, ne s’inscrivent-elles pas en effet dans cette dichotomie ?

Oui (à n’en pas douter) Wikipédia représente bien plus que Wikipédia et oui (peut-être ? sûrement ?) elle constitue un formidable espoir pour les utopistes (dont je suis)[1].

Wikimedia et le mouvement de la culture libre

Wikimedia and the Free Culture Movement

Benjamin Mako-Hill – 11 décembre 2007 – whygive.wikimedia.org
(Traduction Framalang : GaeliX et Daria)

En même temps que les technologies de communication créaient un raz-de-marée dans la connaissance, la créativité et la communication, les créations culturelles sont plus que jamais sévèrement contrôlées et restreintes.
Une évolution plus que rapide du régime du droit d’auteur, fait de l’utilisation, la modification ou la distribution de presque tout document, une propriété exclusive de son créateur. Le « copyright » aujourd’hui est automatisé, étendu et est valable sur plus d’un siècle. Notre culture, aujourd’hui, est propriétaire.

Pour contrebalancer cette tendance, des écrivains, des scientifiques, des musiciens, des artistes, et d’autres encore, ont uni leurs efforts pour demander l’accès à la connaissance et à la création d’un mouvement social pour la culture libre – culture qui est libre comme dans liberté, même si elle ne l’est pas nécessairement dans le prix. Dans la courte vie de la culture libre, Wikipedia s’est positionné comme étant le plus important et le plus méritant des projets de culture libre. Le projet Wikimedia, dont Wikipédia fait partie, offre à quiconque travaille dans un objectif de culture libre un exemple de ce à quoi pourrait ressembler une réussite, des conseils pour la meilleure façon d’y arriver, et l’inspiration pour continuer.

Votre soutien à la Fondation Wikimedia durant la collecte de fonds cette année a donné plus de résultats que le simple financement de la fondation et de ses projets. Il a soutenu et ouvert la voie à un mouvement mondial en faveur de la culture libre qui est déjà beaucoup plus vaste que Wikipedia, Wikimedia, et autres wikis. Le mouvement de la Culture Libre, comme le démontre Wikipédia, offre une vision convaincante de comment nous pourrions améliorer la façon dont nous produisons et consommons l’information tout au long de notre vie.

Culture Libre

En vertu des lois de copyright actuelles, on ne peut pas légalement copier un article pour un ami, faire un remix d’une vidéo, ou chanter Happy Birthday dans un restaurant sans demander une autorisation et, dans la plupart des cas, de payer une licence. Plus embêtant, la plupart des oeuvres culturelles sont soumises au copyright, par défaut, au moment de leur création, à moins qu’il ne soit précisé explicitement que ces œuvres peuvent être utilisées, copiées et modifiées.
Par le biais du droit d’auteur, l’accès aux plus importantes ressources culturelles et universitaires sont bloquées par les « péages » et les restrictions. L’accès légal à la plupart des connaissances et à la culture est cher – et d’un coût prohibitif pour la plupart d’entre nous. La création d’œuvres s’inspirant d’un sujet, ou en étant dérivées – comme l’échantillonnage ou les remixes – est souvent purement et simplement interdite.

Outrés par cette situation, les créateurs et les consommateurs de culture exigent une plus grande liberté de distribuer et de modifier ces biens de consommation dans le cadre du mouvement de la culture libre. Bien que certains leaders du mouvement aient résisté à la déclaration d’objectifs explicites, ils ont constamment placé la culture libre en opposition à l’attitude "hautement protectionniste» du droit d’auteur et de la propriété intellectuelle. La musique, l’art, les connaissances et la culture, nous disent les activistes de la culture libre, doivent être largement accessibles, flexibles dans les conditions et restrictions concernant leur utilisation, redistribution et modification.

Pour partie, le mouvement de la culture libre est constitué d’Utopistes qui imaginent, décrivent et épousent le monde de ce qu’ils ressentent comme étant vraiment la culture libre. Pour ces Utopistes, la culture libre est un aperçu du monde idéal où les connaissances peuvent être utilisées, étudiées, modifiées, construites, distribuées et partagées sans restriction. C’est un monde où les créateurs sont à leur juste valeur et universellement respectés, reconnus pour leur mérite, et rémunérés. Le principal problème que rencontrent ces Utopistes, est que, dans de nombreux cas, ils ne savent pas comment passer de la culture contemporaine – fondée sur l’économie, le droit d’auteur, la propriété, le contrôle et les demandes d’autorisations – à leur monde idéal.

Sentant que l’Utopie n’est pas viable, les pragmatiques de la culture libre préconisent d’essayer d’obtenir le plus possible en réformant le système actuel du copyright et de faire ensuite des améliorations progressives. En particulier, ces pragmatiques estiment que l’idéalisme utopique détruit l’exclusivité de la commercialisation qui aide à soutenir la production de nombreuses oeuvres créatives. Il vaut mieux, disent-ils, se mettre d’accord sur un usage non commercial ou de copie in extenso que de conserver le droit d’auteur par défaut c’est-à-dire «tous droits réservés»

Le mouvement de la culture libre est tiraillé entre le désir de créer un monde de connaissances vraiment libres et le fait, que dans cette optique, pour ces mêmes connaissances, ils ont éliminé tous les systèmes financiers et sociaux viables qui soutenaient la création des oeuvres. Les pragmatiques font des compromis avec cette vision utopique d’un monde libéré pendant que les Utopistes prônent ce qui semble être irréaliste pour beaucoup.

Wikimedia

Wikimedia est un projet de culture libre utopique. Son objectif n’est pas seulement de recueillir des connaissances, son objectif est de le faire librement. Wikipedia a été créée avant de savoir s’il était sûr qu’une encyclopédie libre pouvait exister, serait un succès ou si elle serait mieux que les solutions propriétaires existantes. Son objectif était d’être libre, ouverte et sans restriction. Ironiquement, c’est cet attachement idéaliste qui a conduit à la création d’alternatives et à redéfinir ce qui est possible et réaliste de faire. Dans le monde du Libre, rien ne le prouve mieux que Wikipedia. Rien ne donne, plus qu’elle, l’espoir aux Utopistes de la culture libre.

Wikimedia est importante tout simplement parce qu’elle existe et qui plus est parce qu’elle existe librement. Etant l’un des sites actifs les plus visités, Wikipedia est un endroit incontournable pour tout chercheur ou internaute. C’est souvent la réponse aux questions et à la curiosité de millions de personnes. Ce n’est pas simplement qu’elle a réponse à beaucoup de sujets, c’est plus que cela. Ce n’est plus trop un sujet controversé que de dire que Wikipedia est l’unique ouvrage de référence réellement impressionnant qui ait jamais été produit. Elle est l’un des plus importants ouvrages de culture existant dans le monde. Et qui plus est, elle est gratuite.

Au début de cette année, le comité exécutif de la Fondation Wikimedia a formulé un engagement explicite pour une interconnexion forte entre les objectifs de la culture libre. Par cette résolution, le conseil d’administration de la Fondation Wikimedia a précisé ce qui était évident pour les personnes impliquées dans le projet: Wikipédia a réussi, non pas en dépit du fait que l’encyclopédie est libre, mais justement parce qu’elle est libre. Les projets Wikimedia ont de la valeur précisément parce qu’ils ont aplani les obstacles à la contribution, l’utilisation et la réutilisation.

Fait tout aussi important pour le mouvement libre, Wikimedia a montré l’exemple et a dépeint comment une culture libre pouvait être atteinte. En grande partie à cause de Wikimédia, les wikis – autrefois outils marginaux utilisés par un petit nombre de geeks – sont la technologie de base de la production de culture libre, sur des milliers de wikis et sur des myriades de sujets. Les technologies, les modèles sociaux, les structures de communication, les politiques décisionnelles, les procédures et les systèmes, chacun contribue à l’inspiration et à donner des instructions aux autres personnes de la communauté libre élargie. Dans chacun de ces domaines, les projets Wikimédia fournissent un ensemble de modèles novateurs et de pratiques captivantes, qui ont réussi et qui sont bien documentés.

Faire un don à la Fondation Wikimedia

Alors que Wikipédia est libre d’utilisation et est écrite sans compensation directe pour la grande majorité des contributeurs, faire fonctionner Wikipedia n’est pas sans coûts. Wikipédia est libre comme dans le discours, mais pas gratuit comme dans bière – du moins pas pour la Fondation Wikimedia. Un soutien financier est nécessaire pour alimenter les serveurs, soutenir le développement technologique indispensable, lutter contre les menaces judiciaires, et assurer une communauté saine et productive. Ce travail essentiel est payé par les dons à la Fondation Wikimedia.

Et pourtant, alors que ces dons sont destinés au soutien de Wikimedia et aux membres de ses équipes projet, leur impact sur le mouvement libre est beaucoup plus grand et plus important. Comme symbole visible de la culture libre pour la grande majorité des gens qui n’ont jamais entendu ce terme, Wikimedia est intimement lié à la réussite de la culture libre. Wikipédia ne fournit pas seulement un exemple de la façon dont la culture libre est possible, elle montre comment cela peut être fait. elle montre également que la liberté de la culture – la culture vraiment libre – est meilleure que les solutions propriétaires. Wikipedia a déjà ouvert la voie à la réussite de centaines de projets de culture libre. Son succès dans ses luttes, y compris cet appel à la collecte de fonds, aidera ou pénalisera les perspectives immédiates de l’ensemble du mouvement pour la culture libre.

Alors, s’il vous plaît, rejoignez-moi en faisant un don à la Fondation Wikimedia cette année. Le sort de bien plus que Wikipedia est dépendant de notre générosité.

Notes

[1] Crédit photo : Hamed Masoumi (Creative Commons By)




Culture wants to be free !

Timcowlishaw - CC by-saUne traduction un peu datée mais ô combien actuelle en France à l’heure où Monsieur Sarkozy souhaite simultanément démocratiser la culture et sauver l’industrie musicale (ce qui peut devenir antinomique si l’on s’y prend mal !).

Il s’agit d’un communiqué du Parti Libéral norvégien (que certains classent dans la gauche libérale et qui pesait 6% aux dernières élections locales)[1].

La culture veut être libre !

Culture wants to be free!

The Liberal Party – 16 avril 2007
(Traduction Framalang : VLI, Daria et Yostral)

Congrès du Parti Libéral, 14 avril 2007 : Le Congrès du Parti Libéral (Venstre) a déclaré que les cadres légaux actuels sur les droits d’auteurs ne sont pas adaptés à une société moderne. Les nouvelles technologies donnent aux artistes et aux consommateurs de vastes opportunités, mais créent aussi des défis. L’équilibre entre les demandes des consommateurs, le besoin de la société à l’ouverture et à l’accès à la culture, et le droit des artistes aux revenus et à l’attribution des oeuvres, doit s’améliorer.

La loi sur les droits d’auteurs est dépassée. Une société dans laquelle la culture et la connaissance sont libres et accessibles à tous en termes identiques est un bien commun. Les grands distributeurs et les détenteurs de droits d’auteurs détournent systématiquement et à grande échelle les copyrights, et de ce fait bloquent le développement artistique et l’innovation. Par conséquent, le Parti Libéral veut réintroduire l’équilibre dans la loi sur les droits d’auteurs avec différentes modifications :

Liberté du partage de fichiers : Le développement des techniques a permis la diffusion de la culture, qu’elle soit populaire ou de niche, au travers du globe, avec un coût minime. Nous avons besoin de nouvelles façons de dédommager les artistes et les détenteurs des droits d’auteur, pour rendre le partage de fichiers possible. Les lois et régulations, tant nationales qu’internationales, doivent être modifiées pour réguler uniquement les limitations d’utilisation et de distribution dans un contexte commercial.

Liberté d’échantillonage / reproduction : L’opinion du Parti Libéral est que les lois restrictives actuelles concernant les droits d’auteurs créent une situation difficile pour les musiciens, les producteurs de films, les écrivains et d’autres artistes lorsqu’ils veulent recréer ou retravailler d’anciennes oeuvres ou productions. En principe, ceci est illégal sans le consentement de tous les détenteurs des droits des oeuvres originales. Le Parti Libéral veut simplifier cette situation. La recréation d’anciennes oeuvres devrait être régulée comme un usage juste, et les lois existantes sur le plagiat sont plus que suffisantes pour protéger les droits des détenteurs des copyrights.

Durée de vie des droits d’auteurs plus courte : Actuellement, les droits d’auteurs en Norvège restent valides 70 ans après le décès du détenteur original des droits. Ceci est excessif ; les termes des droits d’auteur doivent être à un niveau qui équilibre mieux l’innovation et la diffusion de la culture. Le Parti Libéral voudrait une durée de vie plus courte sur les droits d’auteur.

Interdiction des DRM : Le Parti Libéral déclare que quiconque a acheté le droit d’utiliser un produit a besoin d’un moyen technologiquement neutre de l’utiliser. Ceci signifie que les distributeurs ne peuvent contrôler comment les citoyens peuvent jouer la musique numérique qu’ils ont légalement achetée. Le Parti Libéral veut prohiber les limitations techniques sur les droits légaux des consommateurs à utiliser librement et distribuer l’information et la culture, connues sous le nom de DRM. Au cas où une interdiction sur les DRM sortirait de la juridiction norvégienne, les produits qui utilisent des technologies de DRM devraient clairement mentionner le périmètre de leur utilisation avant d’être vendus.

Notes

[1] Crédit photo : Timcowlishaw (Creative Commons By-Sa)




Tentations cinématographiques sur internet ou le clic qui pouvait donner mauvaise conscience

Préparez pop-corn, bière et pizza… aujourd’hui, dans ma grande générosité, je vous invite au cinéma !

Mais il s’agit d’un cinéma un peu particulier puisque visible d’un seul clic de souris depuis votre navigateur connecté au Net. Cette lénifiante simplicité d’usage ne peut cependant masquer une réalité plus complexe qui peut mettre à mal votre sens moral…

The Corporation - Make a Donation

Tentation cinématographique 1 : The Corporation ou la tentation du prendre sans donner

Peut-être avez-vous laissé passer en salle cet excellent film documentaire The Corporation coincé qu’il était entre deux Pirates de Caraïbes et trois Spiderman ?

Qu’à cela ne tienne séance de rattrapage pour ne pas mourir idiot.

Il vous suffit de cliquer successivement sur les trois parties ci-dessous. Easy isn’t it ? Mais attention l’entrée est libre mais pas forcément gratuite (sauf si le décidez en ne donnant… rien !).

Voici ce qu’en disait Sébastien Delahaye, le 24 novembre 2006, sur le site des Ecrans (du journal Libération) :

Sorti discrètement fin 2004 sur les écrans français, le documentaire canadien The Corporation s’apprête aujourd’hui à vivre une nouvelle vie. L’un de ses co-réalisateurs, Mark Achbar, également producteur du film, a décidé de mettre en ligne la version complète et gratuite du film. Disponible en utilisant BitTorrent, le documentaire est téléchargeable en cliquant sur ce lien. La qualité est annoncée comme équivalente à celle d’un DVD, et le film profite, en bonus, d’un entretien de 40 minute avec le scénariste du film.

The Corporation est consacré à une critique des multinationales et contient des entretiens avec Noam Chomsky, Michael Moore, Milton Friedman et Naomi Klein. En 2004, le documentaire a remporté le Prix du public du Festival de Sundance. Mark Achbar encourage les internautes téléchargeant le film à faire un petit don, afin de rembourser les frais de production. « Nous avons déjà reçu 635 dollars en contributions. Elles vont de 2 dollars à trois dons très généreux de 100 dollars. Toutes sont très appréciées. »

Du coup on retrouve aussi bien le film sur YouTube que sur Dailymotion d’où est issue cette version sous-titrée française. Et il faut reconnaître que lorsqu’il s’agit de tels documentaires, la piètre qualité d’image n’est pas trop handicapante puisque c’est avant tout l’audio qui est privilégié.

The Corporation – Partie 1

The Corporation – Partie 2

The Corporation – Partie 3

On comprend bien les motivations des auteurs qui, de par le sujet même du film, jugent à juste titre que sa diffusion passe avant son exploitation économique. Mais, tout de même, peut-on tranquillement le regarder sans rien faire (ne serait-ce qu’un mail de remerciement aux auteurs dans un anglais approximatif) alors qu’ils cherchent uniquement à rentrer dans leur frais puis éventuellement trouver des fonds pour un prochain film ?

Pour ce qui me concerne j’ai donné 5 € au nom de Framasoft.

The Corporation - Make a Donation

Tentation cinématographique 2 : Stage6 ou la tentation du voir sans se faire prendre

D’un simple clic depuis votre navigateur lancez dans la seconde, en plein écran, et en haute définition des films en version française comme Les Inflitrés, OSS 117 : Le Caire, nid d’espions, Before Sunset, Miami Vice ou encore Dead Man.

Est-ce possible ?

Réponse : Oui. Cela s’appelle Stage6, et si ça reste en l’état (ce qui m’étonnerait) ça risque de faire autant de bruit dans l’industrie cinématographique que Napster pour l’industrie musicale. Tel YouTube ou Dailymotion il s’agit d’une plate-forme vidéo de plus à ceci près que via un plugin DivX (propriétaire) le streaming est de bien meilleure qualité et permet le plein écran avec un confort plus que correct.

Est-ce légal ?

Réponse : Non (of course !). Mais à la différence du peer-to-peer vous ne risquez a priori absolument rien puisque vous visionnez une simple page web et ne conservez rien sur le disque dur votre ordinateur. Autre différence vous n’êtes pas obligé d’attendre le téléchargement intégral du film puisqu’il se charge en mémoire au fur et à mesure de la lecture.

Ajoutons que vous pouvez proposer le player vidéo intégré sur votre propre site ou blog exactement comme ce que je viens de faire avec Dailymotion et The Corporation. C’est délirant rien que d’y penser mais j’aurais donc pu carrément mettre Les Infiltrés en version française à même ce billet blog si je ne sais quelle mouche m’avait piquée !

Les coupables légaux clairement désignés sont Stage6 qui met (sciemment ?) un certain temps à effacer les fichiers incriminés (c’est tout de même pas compliqué de regarder tous les jours les gros fichiers qui ont été uploadés pour faire le tri) et les membres inscrits qui les mettent sciemment en ligne (dont je me pose la question de la motivation).

Quant aux coupables moraux ce sont vous et moi si vous vous faites spectateur d’un de ces films indûment mis en ligne. Et comme Stage6 est à ma connaissance le premier site à lever quasiment toutes les barrières de la lecture vidéo sur internet (temps, qualité et… peur du gendarme), on se retrouve en quelque sorte seul avec notre conscience. Adieu répression et bonjour éducation…

Un autre coupable ce serait peut-être moi qui sous couvert de faire de l’info se retrouve peut-être indirectement ici à verser dans, argh, l’apologie du crime ?! Pas forcément parce que c’est tout de même intéressant de faire remarquer que la technologie de lecture vidéo sur internet est proche d’une certaine maturité (il n’y manque guère plus que des formats libres). Et puis comme toujours avec ces plate-formes de partage vidéos, musicales ou autres, on n’y trouve pas que des ressources illégales ce qui interdit de jeter le bébé avec l’eau du bain.

C’est du reste avec Route 66, un road movie allemand qu’il est tout à fait légal de visionner puisque sous licence Creative Commons BY-NC-SA (un pionnier du genre !) que je vous invite à découvrir Stage6.

Et l’on est ainsi ramené à la tentation précédente puisqu’ils cherchent aussi à lever des fonds pour réaliser leur prochain film The Last Drug.

Pour ce qui me concerne j’ai là encore donné 5 € à l’équipe du film au nom de Framasoft.

Conclusion

Ce billet aurait aussi pu s’intituler « L’article qui valait 10 € ». C’est d’ailleurs la somme que je demande à ceux qui vont me contacter en privé pour que je leur donne directement les liens Stage6 des films cités ci-dessus 😉




Mortelle randonnée

Last Thoughts… - jurvetson - CC BY - détail

Voici une impressionnante photographie dont j’ai recadré quelques détails pour en accentuer l’effet dramatique (quand bien même ce n’était pas vraiment utile tant l’image se sufft à elle-même).

Last Thoughts… - jurvetson - CC BY - détail

Sous licence (libre) Creative Commons BY, elle est l’oeuvre de Steve Jurvetson.

Elle est disponible sur Flickr mais également dans l’annuaire d’images de Wikipédia (en) qui l’a élue photo du jour le 11 avril dernier.

On notera que l’auteur se trouve ravi de voir son image reprise dans un magazine grâce à la licence Creative Commons BY.

Last Thoughts… - jurvetson - CC BY - détail

Rien de plus naturelle que cette scène de la vie quotidienne d’une buse à queue rousse. Et pourtant difficile d’échapper à une sorte d’anthropomorphisme compassionnelle…

Last Thoughts… - jurvetson - CC BY




Ouvrons le débat de l’informatique à l’école

Reproduction de Informatique et TIC : une vraie discipline ?, un récent article de Jean-Pierre Archambault[1], que nous connaissions depuis longtemps comme héraut du libre éducatif, mais qui élargit ici la problématique au présent et à l’avenir de l’informatique et des TIC à l’école, et ce faisant pose finalement la question de la place des technologies de l’information et de la communication dans notre actuelle et future société.

L’occasion pour moi de citer en rappel deux initiatives liées à la récente campagne présidentielle française 2007, l’une de l’ADULLACT et l’autre de l’APRIL (avec son initiative Candidats.fr).

Extrait de la Lettre aux candidats à l’élection présidentielle de 2007 (ADULLACT)

C’est la jeunesse qui fera le monde de demain. Il est très urgent d’enseigner très tôt la maîtrise et non pas seulement l‘utilisation de l’informatique, les techniques et non pas les modes opératoires. Il faut promouvoir l’informatique comme discipline à part entière dans l’enseignement secondaire, et y encourager l’esprit et les outils de production et de partage, pour le savoir et les richesses. Il faut former les acteurs et non de simples consommateurs de la société de l’information. Pourquoi dans notre pays collégiens et lycéens ne peuvent-il s’initier à la programmation ou au travail collaboratif ?

Extrait du Questionnaire de Candidats.fr (APRIL)

Êtes-vous favorable à ce que l’informatique soit une composante à part entière de la culture générale scolaire de tous les élèves sous la forme notamment d’un enseignement d’une discipline scientifique et technique au lycée ?

Êtes-vous favorable à ce que les élèves soient formés non pas à une gamme de produits (e.g. la suite Microsoft Office) mais à des catégories d’outils (e.g. traitement de texte, tableur, logiciels de présentation…) ?

Avec des réponses contrastées (ADULLACT et APRIL) en particulier de celui qui est devenu dans l’intervalle le président de la République française (réponses PDF de Nicolas Sarkozy à l’ADULLACT et à l’APRIL).

Il est effectivement temps de faire bouger les lignes et ne pas se satisfaire de la situation actuelle qui ressemble parfois à de l’inertie pendant que le monde avance.

Heureusement que, dans un contexte proche de l’urgence, nous pouvons compter sur l’expérience (et l’expertise) de la communauté du libre qui, je crois, lui donne une perception fine des enjeux. Encore faut-il qu’elle soit écoutée en haut lieu…

Vous trouverez une version PDF de l’article en fin de page.[2]

Student in Class - foundphotoslj - CC-BY

Informatique et TIC : une vraie discipline ?

Jean-Pierre Archambault – Medialog 62 Juin 2007

Avec l’introduction de la maîtrise des TIC dans le socle commun de connaissances et de compétences et la généralisation du B2i, un consensus existe pour affirmer qu’il faut préparer les futurs citoyens de la société de la connaissance à devenir des utilisateurs « intelligents » et non « presse-boutons » des technologies. Mais il n’existe pas de consensus sur la façon de s’y prendre. Certains militent pour la création d’une discipline scolaire « Informatique et TIC ».

Tout le monde a en mémoire les débats qui ont accompagné en 2006 la transposition de la directive européenne sur les droits d’auteurs et les droits voisins dans la société de l’information (DADVSI) [3]. Ils concernaient notamment l’exercice du droit à la copie privée, la possibilité d’écouter sur plusieurs appareils un morceau de musique acquis en bonne et due forme… c’est-àdire la vie quotidienne de millions de gens. Ils portaient également sur l’interopérabilité, les DRM (Digital Rights Management) ou mesures techniques de protection, les logiciels de peer to peer, le code source des programmes (il fut abondamment question des logiciels libres), le droit un peu abscons des bases de données… Il est difficile au simple citoyen de maîtriser la complexité de ces notions techniques et juridiques et donc de mesurer l’impact de la loi. Par exemple, dans l’article 13 de la loi finalement adoptée, on peut lire : « Ces mesures techniques sont réputées efficaces lorsqu’une utilisation visée au même alinéa est contrôlée par les titulaires de droits grâce à l’application d’un code d’accès, d’un procédé de protection tel que le cryptage, le brouillage ou toute autre transformation de l’objet de la protection ou d’un mécanisme de contrôle de la copie qui atteint cet objectif de protection… Un protocole, un format, une méthode de cryptage, de brouillage ou de transformation ne constitue pas en tant que tel une mesure technique au sens du présent article… Les mesures techniques ne doivent pas avoir pour effet d’empêcher la mise en oeuvre effective de l’interopérabilité, dans le respect du droit d’auteur… » [4]

Une nouvelle forme d’illettrisme

Or, nul n’est censé ignorer la loi ! Mieux, chacun doit être en mesure de contribuer à sa manière à son élaboration et, pour cela, de comprendre ce dont il s’agit et de bien mesurer les enjeux et les conséquences des textes adoptés par le Parlement. Quelles sont les représentations mentales opérationnelles, les connaissances scientifiques et techniques qui permettent qu’il en soit ainsi ? Ces questions valent également pour la vie de tous les jours, quand il faut décrypter l’offre d’un fournisseur d’accès à Internet, avoir une idée de l’origine et de la responsabilité d’un dysfonctionnement (savoir par exemple pour quelles raisons une page web peut se faire attendre). Nous sommes de plain-pied dans la problématique de la culture générale informatique qui doit être dispensée par l’École. Comment procéder pour former tous les élèves à la société de l’immatériel ? Car, comme le soulignent Maurice Lévy et Jean-Pierre Jouyet, dans l’économie de l’immatériel « l’incapacité à maîtriser les TIC constituera (…) une nouvelle forme d’illettrisme aussi dommageable que le fait de ne pas savoir lire et écrire » [5]. Et comment, dans le même temps, dispenser un enseignement qui prépare au mieux la formation ultérieure des spécialistes de haut niveau dont le pays a besoin ? Car, comme le relevait un article du Monde du 18 octobre 2006 sur les métiers de l’informatique, « la profession, où l’âge moyen est de 35 ans, commence à connaître une forte tension sur les recrutements des meilleurs profils : chefs de projet, ingénieurs spécialisés dans les nouvelles technologies, commerciaux, consultants spécialisés… ».

La question n’est pas nouvelle. Depuis une trentaine d’années, pour l’essentiel, deux approches se succèdent, coexistent, suscitent de vifs et intéressants débats. Pour l’une, les apprentissages doivent se faire à travers les usages de l’outil informatique dans les différentes disciplines existantes. Pour l’autre, l’informatique étant partout, elle doit être quelque part en particulier, à un moment donné, sous la forme d’une discipline scolaire en tant que telle [6].

Dans sa thèse, La constitution de l’informatique comme discipline scolaire (1987), Georges- Louis Baron, professeur à l’Université Paris V, parle de « lent cheminement vers le statut de discipline scolaire », et rappelle les conclusions d’un colloque international organisé à Sèvres en 1970 par le CERI-OCDE : « L’introduction d’un enseignement de l’informatique dans l’enseignement de second degré est apparu comme indispensable » [7]. Il y a eu, dans les années quatre-vingts et quatre-vingt-dix, une option informatique dans les lycées d’enseignement général. Créée en 1982, elle a été supprimée en deux temps, alors qu’elle était en voie de généralisation (première suppression en 1992, rétablissement en 1995, deuxième suppression en 1997). Le « cheminement » est donc quelque peu tortueux. Le cours de technologie au collège comporte une composante informatique bien identifiée. Le B2i, quant à lui, s’inscrit dans la démarche qui situe les apprentissages dans les usages de l’outil informatique dans l’ensemble des disciplines. Il figurera dans les épreuves du brevet des collèges et du baccalauréat, ce qui constitue une reconnaissance institutionnelle qui n’est pas toujours appréciée à sa juste valeur, indépendamment des avis que l’on peut avoir sur les contenus et les modalités d’évaluation.

Il arrive que cette question de la culture générale informatique ne soit pas exempte d’une certaine confusion, dans la mesure où l’on ne distingue pas suffisamment les objectifs généraux, les compétences à acquérir, les contenus scientifiques permettant de les atteindre – que l’on doit expliciter très précisément –, les méthodes pédagogiques et didactiques des disciplines. Rappelons donc succinctement que les statuts et les enjeux éducatifs de l’informatique et des TIC sont multiples.

L’informatique, outil et objet d’ensignement

Il y a un enjeu d’intégration d’instruments modernes pour améliorer la qualité de l’enseignement dans le contexte de sa démocratisation. L’ordinateur enrichit la panoplie des outils de l’enseignant. Il se prête à la création de situations de communication « réelles » ayant du sens pour des élèves en difficulté. Il constitue un outil pour la motivation. Il favorise l’activité. Il aide à atteindre des objectifs d’autonomie, de travail individuel ou en groupe. L’ordinateur est aussi encyclopédie active, créateur de situation de recherche, affiche évolutive, tableau électronique, outil de calcul et de traitement de données et d’images, instrument de simulation, évaluateur neutre et instantané, répétiteur inlassable, instructeur interactif… L’informatique s’immisce dans l’ « essence des disciplines » et leur enseignement doit en tenir compte. Cela vaut pour tous les ordres et niveaux d’enseignement, et notamment pour les formations techniques et professionnelles, tant les métiers, les processus de travail, les profils et les qualifications requises ont évolué. L’ordinateur est outil de travail personnel et collectif des enseignants, des élèves et de la communauté éducative. Enfin, l’informatique et les TIC sont objet d’enseignement car composantes incontournables de la culture générale de notre époque. Tous ces statuts ne s’excluent aucunement. Au contraire, ils se complètent et se renforcent. Ainsi le professeur de SVT pourra-t-il d’autant mieux enseigner l’expérimentation assistée par ordinateur et la simulation qu’il pourra s’appuyer sur de solides connaissances de base que ses élèves auront acquises précédemment et ailleurs que dans sa discipline.

Une discipline scolaire ?

En fait, la vraie question posée est celle de savoir s’il doit y avoir, à un moment donné de la scolarité obligatoire, apprentissages en matière de TIC et d’informatique sous la forme d’une discipline scolaire à part entière, comme c’est le cas dans un certain nombre de pays, par exemple la Corée du Sud, la Pologne et dernièrement le Maroc. Différentes raisons, selon nous, militent en faveur d’une réponse positive. D’abord, peuton considérer que « s’immerger c’est apprendre » ? À l’École et hors de l’École. L’utilisation d’un outil, matériel ou conceptuel, suffit-elle pour le maîtriser ? L’existence des enseignements techniques et professionnels est là pour rappeler que la réponse est évidemment non ! Jean-Michel Bérard, Inspecteur général de l’Éducation nationale, dit sans ambages que « l’utilisation d’un outil, si fréquente et diversifiée soit-elle, ne porte pas en elle-même les éléments qui permettent d’éclairer sa propre pratique » [8]. Ce qui ne signifie pas qu’il ne faille pas s’appuyer sur les pratiques et les expériences des élèves, mais avec l’objectif de les dépasser. Jean-François Cerisier, maître de conférences à l’Université de Poitiers, s’étonne de propos selon lesquels « les jeunes seraient naturellement outillés pour mettre en oeuvre des dispositifs techniques complexes dans une logique d’immersion qui postule implicitement que la pratique naïve des outils suffirait à produire des apprentissages pourtant complexes » [9]. Il indique qu’une étude conduite auprès d’élèves du cycle 3 a montré que la plupart d’entre eux ne disposaient pas d’une représentation suffisamment structurée d’Internet pour engager des démarches de recherche d’information même simples, et qu’ils « peinent à élaborer une requête documentaire lorsqu’ils utilisent un moteur de recherche standard ». Cela ne saurait surprendre quand on sait que le sens des opérateurs logiques (ET, OU) diffère de celui qu’ils ont dans le langage courant, que des éléments de logique figuraient dans les programmes de mathématiques des classes de seconde dans les années soixante-dix, et que leur compréhension n’allait pas de soi. On ne peut donc que le suivre quand, dans un autre article, il demande : « Comment en effet procéder à une recherche d’information efficace lorsque l’on n’a aucune connaissance du mode de fonctionnement de l’instrument utilisé ? » [10]. Par ailleurs, on sait que la science progresse en dégageant du « simple » dans la réalité complexe. Et que la pédagogie recommande de ne pas faire compliqué quand il faut faire simple. Dans une discipline donnée, se fixer, dans le même mouvement, des objectifs cognitifs et d’autres relatifs à l’outil informatique que l’on utilise, risque d’amener à échouer sur les deux tableaux. Chaque chose en son temps. J.-F. Cerisier fait également référence à « l’École comme seul lieu possible de prise en compte systématique des conceptions naïves ». C’est aussi le seul endroit où les élèves rencontrent la connaissance sous une forme structurée et organisée, où ils s’approprient « l’intelligence » des outils conceptuels pour bien s’en servir.

On ne fait pas des sciences expérimentales, ou de la technologie, de la même façon à l’école primaire et au lycée. La culture informatique s’acquiert donc selon des modalités diversifiées dans le temps. À l’école primaire, le B2i correspond bien aux méthodes d’initiation des enfants aux sciences et aux techniques. De plus, et c’est fondamental, il y a un enseignant unique, qui maîtrise donc ses progressions pédagogiques et leurs cohérences, l’organisation du temps scolaire et qui se coordonne facilement avec lui-même ! Ce qui n’est pas le cas au collège : là résident pour une bonne part les difficultés constatées de mise en oeuvre du B2i. Il n’est déjà pas évident d’organiser des apprentissages progressifs sur la durée lorsque les compétences recherchées sont formulées de manière très générale (du type « maîtriser les fonctions de base » ou « effectuer une recherche simple »), éventuellement répétitives à l’identique d’un cycle à l’autre, et que les contenus scientifiques, savoirs et savoir-faire précis permettant de les acquérir, ne sont pas explicités. Mais, quand, en plus, cela doit se faire dans des contributions multiples et partielles des disciplines, à partir de leurs points de vue, sans le fil conducteur de la cohérence didactique des outils et notions informatiques, on imagine aisément le caractère ardu de la tâche au plan de l’organisation concrète. Ainsi, un rapport de l’IGEN souligne-t-il que, « si différentes circulaires précisent les compétences qui doivent être validées et le support de l’évaluation (feuille de position), elles laissent néanmoins dans l’ombre de l’autonomie les modalités concrètes de mise en oeuvre » [11]. Pour se faire une idée de ces difficultés, il suffit d’imaginer l’apprentissage du passé composé et du subjonctif qui serait confié à d’autres disciplines que le Français, au gré de leurs besoins propres (de leur « bon vouloir »), pour la raison que l’enseignement s’y fait en français.

Former des utilisateurs « intelligents »

Au collège, le cours de technologie nous semble être un lieu institutionnel adapté à l’acquisition d’une maîtrise des outils informatiques, dont les enseignants des autres disciplines peuvent alors bénéficier dans leurs démarches pédagogiques, d’une manière réaliste. La complémentarité objet-outil d’enseignement peut donner toute son efficacité quand on l’envisage dans cette optique.

Au lycée, dans le prolongement des acquis précédents, une approche spécifique et scientifique, dans le cadre d’un enseignement particulier, permet de les capitaliser et de favoriser les usages pédagogiques des TIC dans les autres matières. Elle constitue une étape qualitativement nouvelle permettant de se fixer des objectifs ambitieux et incontournables pour des générations appelées à évoluer dans la société de la connaissance, dans laquelle on sait le rôle éminent joué par les TIC, de former des « utilisateurs intelligents » et des citoyens à part entière. Quand une matière est omniprésente dans la société, elle devient un élément de la culture générale, et de la culture scolaire, sous la forme d’une discipline particulière que l’on étudie pour elle-même afin de mieux la mettre au service des autres disciplines. Avec des enseignants spécialisés, des programmes, des horaires et des épreuves au baccalauréat. Jacques Baudé, président d’honneur de l’EPI (association Enseignement Public et Informatique), rappelle opportunément que « pendant plus de dix ans, le Conseil scientifique national (CSN), pilotant l’option informatique des lycées, a montré que la mise au point de programmes d’enseignement n’a pourtant rien d’impossible ; ce n’est ni plus difficile ni plus facile que dans n’importe quelle autre discipline ! Les invariants enseignables au lycée se dégagent somme toute assez facilement à condition de pratiquer une large concertation avec les universitaires et les enseignants du terrain » [12].

Ces invariants, dont parle Jacques Baudé, doivent inclure des activités d’algorithmique et de programmation, non pas pour former des informaticiens professionnels – même si cela y contribue – mais pour que les élèves comprennent la logique de fonctionnement de l’ordinateur et des environnements informationnels (si l’on apprend à résoudre des équations du second degré ce n’est pas parce qu’on en résout tous les jours !). Charles Duchâteau, professeur aux facultés universitaires N.-D. de la Paix de Namur, s’exprime en ce sens : « J’ai été et je reste parmi ceux qui croient que l’apprentissage de la programmation est formatif et qu’il ne faut pas tout mesurer à l’aune de l’utilité immédiate. Je crois aussi que les méthodes et concepts typiques de l’algorithmique sont parmi les plus fondamentaux de l’informatique et que, de plus en plus, une certaine familiarité avec le “faire faire” qui est au coeur de la programmation, au sens large, fait partie d’une utilisation efficace de beaucoup d’outils logiciels récents » [13]. Écrire des programmes informatiques, même très simples, permet également de donner de la substance à ce que sont les codes source et objet, et donc de mieux percevoir les enjeux des logiciels libres. La « philosophie » de ces logiciels est en phase avec l’objectif de former des utilisateurs « intelligents » car la connaissance du code permet la compréhension de la logique et du fonctionnement des logiciels.

Pour Jean-Pierre Demailly, membre de l’académie des Sciences, « un enseignement des langages, des algorithmes et de la programmation serait bien utile à partir du lycée. Tout d’abord parce que c’est un véritable besoin économique de mieux préparer les élèves à acquérir des connaissances technologiques solides, mais aussi parce que cela intéresserait de nombreux jeunes – dont l’informatique est parfois une passion en dehors de l’école » [14].

Pour résumer, une approche équilibrée garante d’une bonne culture générale scolaire doit, selon nous, s’appuyer sur l’utilisation de l’ordinateur dans les disciplines pendant toute la scolarité, le B2i à l’école primaire, le cours de technologie au collège et une matière « Informatique et TIC » au lycée. Avec la conviction que pareille intégration résolue de l’informatique et des technologies modernes dans le système éducatif est de nature à faciliter les évolutions économiques, sociales et culturelles du XXIe siècle.

Notes

[1] Jean-Pierre Archambault – CNDP-CRDP de Paris – Chargé de mission veille technologique

[2] L’illustration est une photographie de foundphotoslj intitulée Student in Class issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY-SA

[3] Jean-Pierre Archambault, « Innover ou protéger ? Un cyberdylemne », Médialog n°58.

[4] lien

[5] Maurice Lévy, Jean-Pierre Jouyet, L’économie de l’immatériel – La croissance de demain, rapport de la commission sur l’économie de l’immatériel remis à Thierry Breton, décembre 2006.

[6] Jean-Pierre Archambault, Démocratie et citoyenneté à l’heure du numérique : les nécessités d’un enseignement lien

[7] lien.

[8] Jean-Michel Bérard, « Ordinateur et système éducatif : quelques questions » in Utilisations de l’ordinateur dans l’enseignement secondaire, Hachette Éducation, 1993.

[9] Jean-François Cerisier, « Qui est derrière Internet ? Des représentations tenaces », Les Cahiers pédagogiques n°446, octobre 2006.

[10] Jean-François Cerisier, « La nature du B2i lui permet-elle d’atteindre ses objectifs ? », Les dossiers de l’ingénierie éducative n°55, septembre 2006.

[11] lien en page 17.

[12] Jacques Baudé, Pour une culture générale intégrant l’Informatique et les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), lien

[13] Charles Duchâteau, Peut-on définir une « culture informatique » ? lien

[14] Jean-Pierre Demailly, professeur à l’université Grenoble I, directeur de l’Institut Fourier, membre de l’académie des Sciences, in interview à l’EPI, avril 2005. lien




Firefox : bilan et perspectives – Entretien avec la présidente de la Mozilla Foundation Mitchell Baker

Mitchell Baker - by Will Pate - CC BY-NC

Le navigateur Firefox est certainement l’une des plus belles réussites en matière de logiciel libre. Nous avons voulu en savoir plus en traduisant l’une des rares (et denses) interviews accordée à APC Magazine par la présidente de la Mozilla Foundation Mitchell Baker dont on peut lire ceci sur le Standblog.

Mitchell est vraiment une femme extraordinaire. Elle est réservée, presque timide, ne cherche pas la reconnaissance du public. Par contre, elle a une éthique et une volonté incroyables. Il y a quelques années, le torchon brûlait entre Netscape et Mozilla.org. La direction de Netscape voulait plus de contrôle et a mis une pression phénoménale sur Mitchell pour qu’elle plie. Devant sa volonté de respecter l’esprit du projet et le travail des contributeurs externes, la direction de Netscape l’a licenciée avec pertes et fracas et a tenté de nommer la vice-présidente de Netscape à la tête de Mozilla.org. Mitchell ne s’est pas laissée faire. Ne pouvant rien faire contre le licenciement (aux Etats-Unis, la loi est clairement du coté de l’employeur), elle s’est accrochée à Mozilla.org et a continué son boulot de Chief Lizard Wrangler (Dompteuse de lézards en chef, son titre officiel) à titre bénévole pendant plusieurs années, jusqu’à monter la Mozilla Foundation. Combien d’entre nous auraient accepté d’être licencés pour ne pas avoir à faire quelque chose qui leur déplait ? Combien auraient continué bénévolement le travail une fois licencié, parce que c’était la chose à faire ? Cette obstination à vouloir faire faire marcher le projet Mozilla malgré les aléas a été un exemple pour beaucoup de contributeurs et n’est pas étranger au fait que Peter et moi ayons pris la décision de monter Mozilla Europe au moment de notre licenciement.

Mitchell est véritablement quelqu’un de bien, et le projet Mozilla a une chance inouïe d’avoir une personne pareille à sa tête.

Une traduction collective[1] de notre groupe de travail Framalang pour une relecture finale assurée par Tristan Nitot himself avec l’aimable autorisation d’APC Magazine[2].

APC Magazine - Future of Firefox

Mozilla CEO speaks out on future of Firefox

Le 7 mai 2007- Dan Warne – APC Magazine

Selon la présidente de la Fondation Mozilla, Mitchell Baker, Firefox n’est encore qu’au début de son cycle de vie. Dans cette interview en tête-à-tête avec APCMag.com, elle parle des origines et du futur de Firefox.

Comment 12 personnes ont fait Firefox 1.0

J’ai eu cette chance rare de parler en tête à tête avec la présidente de la Fondation Mozilla, Mitchell Baker, après son discours d’ouverture du CeBIT à Sydney. J’ai été très surpris de découvrir que si peu de personnes étaient impliquées dans la création de Firefox 1.0.

Dan Warne (APC) : Firefox connaît, à ce qu’il semble, un succès phénoménal, mais on a du mal à s’imaginer à quel point le projet était petit au début et quelle ampleur il a pris depuis.

Mitchell Baker : Oui, le projet Mozilla a commencé en 1998 et était à l’origine hébergé au sein de Netscape, une organisation virtuelle. Nous songions déjà depuis un certain temps à devenir une organisation indépendante, et en 2003, nous avons décidé qu’il était temps d’obtenir un financement initial, de nous donner les actifs et de nous baptiser Mozilla.

Mais à nos débuts, mêmes les machines de développement dont nous disposions étaient réduites à la portion congrue, puisqu’il n’existait pas encore de financement viable à l’époque.

La fondation a donc débuté avec dix ou onze employés et nous avons élargi nos rangs avec deux ou trois employés supplémentaires dans les 15 mois qui ont suivi. Quand nous avons sorti Firefox, donc, nous avions à tout casser 15 employés, c’était vraiment peu.

Dan Warne (APC) : C’est une équipe incroyablement réduite pour un produit si complexe.

Mitchell Baker : On était peut-être même 12. On n’était vraiment pas nombreux, à l’époque. C’a été le grand saut pour chacun de nous : nous espérions que quelque chose ressortirait de cette aventure.

Avant de lancer Firefox 1.0, nous étions assez convaincus de tenir quelque chose et que notre produit, tout comme le moment pour le sortir, étaient bons. Peut-être qu’à l’été 2004, déjà, voire en mai ou juin, nous savions d’après le niveau d’intérêt que suscitait notre technologie et le nombre de personnes l’utilisant que vous avions vu juste.

Mais nous étions à mille lieues d’imaginer ce qui s’est passé lors du lancement effectif de Firefox 1.0 et la façon dont il a décollé. C’était inattendu et imprévisible. A mon sens, c’est difficile de prédire un démarrage pareil. On aurait dit que d’un coup il sortait de nulle part, même si nous y travaillions depuis longtemps.

Une des questions qui nous a demandé le plus de réflexion lors de la conception de Firefox 1.0, ç’a été de trouver comment en faire un produit au maximum pensé pour l’utilisateur. Cela représentait un grand changement pour nous. Dès le départ, Firefox a été conçu pour votre grand-mère ou votre grand-père, une personne intelligente pas forcément à la pointe de la technologie. Comment s’y prendre pour que cette personne apprécie Internet ?

On a donc intégré cette notion au produit, mais alors qu’on entrait dans la dernière ligne droite, nous avons dû résoudre d’autres problèmes, comme par exemple l’apparence lors du premier démarrage. Je crois qu’aujourd’hui, Firefox est bien connu pour sa zone de recherche et sa page de démarrage toute simple, etc., mais ces caractéristiques sont le fruit d’une longue, d’une très longue discussion entre nous.

Dan Warne (APC) : Vraiment ? Ca paraît une telle évidence.

Mitchell Baker : Oui, parce que ç’a été l’une nos toutes premières décisions pour rendre le programme davantage orienté utilisateur, pas dans la conception du produit, mais dans sa présentation.

Nous avons très longuement discuté pour décider si la page d’accueil devait être un portail, tenter de déterminer les réelles attentes des utilisateurs, et savoir si nous devions conserver la page de Mozilla "aidez-nous à écrire le code, voici notre système de référencement de bugs", comme c’était le cas avant, etc.

Finalement, nous sommes parvenus à la conclusion que l’ancienne page d’accueil n’était pas adaptée, et que s’il existe un point commun entre tous les utilisateurs, c’est bien qu’ils effectuent des recherches. Les gens se servent du web pour des tas de trucs différents, mais les recherches, au moins, on savait que tout le monde en fait.

C’est ce qui a décidé notre choix de proposer la fonction de recherche sur la page d’accueil, et il se trouvait que Google était intéressé par un partenariat pour une page d’accueil commune. Voilà comment on en est arrivé à notre page d’accueil. C’a été à mes yeux une bonne décision, parce qu’en effet beaucoup l’apprécient, et que si l’on regarde les pages d’accueil personnalisées des uns et des autres, ont s’aperçoit qu’elles sont toutes très différentes et qu’à part la fonction recherche, c’est aujourd’hui encore difficile de leur trouver un point commun.

Nous avons aussi établi des accords avec les moteurs de recherche concernant les revenus générés par les recherches. Ainsi, alors que les parts de marché de Firefox décollaient – je crois qu’elles progressaient de 1% par mois durant les X premiers mois -, il s’est évidemment avéré que beaucoup plus de personnes que prévu l’utilisaient, et que la combinaison recherches, page d’accueil et outil de recherche a vraiment été un plus.

Grâce à cela, Firefox a attiré un nombre inattendu d’utilisateurs, lesquels effectuaient des recherches en plus grand nombre. Nos espoirs de trouver un modèle viable commençaient donc à se concrétiser, tout allait bien et cela nous rapportait plus d’argent que ce à quoi nous nous attendions au début.

Comment Firefox génère 55 millions de dollars par an

Vous êtes-vous déjà demandé comment Firefox est devenu un navigateur si complet sans disposer d’équipes de développeurs payées pour s’atteler aux tâches laborieuses ? La Fondation Mozilla, grâce à Firefox, génère chaque année des dizaines de millions de dollars, lesquels sont réinjectés dans le développement de projets. Qui est ce généreux donateur ? J’ai posé cette question à la présidente de Mozilla, Mitchell Baker.

Dan Warne (APC) : Je voulais vous interroger à propos de l’argent que vous gagnez grâce à l’outil de recherche de Firefox, car à peu près tout le monde sait que Google paye pour l’intégration de ses fonctionnalités de recherche au navigateur, mais personne ne connaît vraiment les sommes que verse Google.

Mitchell Baker : Je me dois d’apporter plusieurs précisions sur cette question : tout d’abord, Google ne sont pas les seuls. Concernant un des points sur lequel nous avons été pionniers, tout le monde pense aussitôt à Google parce qu’il s’agit du choix par défaut, l’outil de recherche et le moteur qui apparaît en page d’accueil, mais en fait, la véritable innovation ç’a été d’offrir un choix multiple à l’utilisateur.

Si l’on y regarde de plus près, on se rend compte qu’il y a Google, certes, mais aussi Yahoo juste à côté. Ce choix va peut-être de soi pour la plupart des gens, aujourd’hui, mais ça n’était pas le cas lorsque nous avons signé nos premiers accords. Google est l’outil de recherche par défaut, mais nous avons été intransigeants sur le fait que le choix devait être possible, que d’autres moteurs de recherche, qui d’après nous intéresseraient les utilisateurs, devaient être disponibles par défaut, et enfin que les utilisateurs devaient pouvoir ajouter ceux qu’ils voulaient.

Il est très facile d’ajouter un moteur de recherche. C’était un élément fondamental pour les libertés de choix des utilisateurs. Nous avons donc des accords avec des compagnies autres que Google. Nous sommes une organisation à but non lucratif, nos chiffres sont donc audités et rendus publics. L’exercice 2006 n’est pas encore terminé, aussi rien n’est-il encore public, mais les chiffres pour 2005 tournent autour de 55 millions de dollars.

Dan Warne (APC) : Mazette ! Ca fait est un sacré paquet d’argent. Avec 55 millions de dollars, vous avez de quoi accomplir quantité de choses !

Mitchell Baker : Oui, c’est une première pour un projet open source comme le nôtre, je pense. Bien sûr, ce revenu étant imposable la fondation n’en perçoit pas autant, mais c’était néanmoins inattendu et fort bienvenu. Grace à ces gains, nous avons la possibilité d’accomplir énormément de choses, ce qui est important puisque le navigateur est un outil des plus fondamentaux pour Internet.

Nous avons essayé de le faire avec presque rien et nous y sommes plutôt bien parvenus avec Firefox 1.0. Les réussites se sont multipliées et il nous aurait été difficile de poursuivre sur cette voie avec si peu d’argent. Ce partenariat a donc été une aubaine, car les utilisateurs l’apprécient, et qui plus est la fonction de recherche est utile, contrairement à d’autres la vente de boutons pour l’interface du navigateur : ça aurait pu rapporter de l’argent, mais ça n’a aucune utilité pour l’utilisateur.

Un jour, nous trouverons peut-être une nouvelle innovation que les utilisateurs apprécieront, ce qui serait certes formidable, mais en attendant il existe déjà mille façons de générer des revenus grâce à un navigateur.

Selon les stratégies commerciales conventionnelles, il faut absolument diversifier ses revenus, ce qui dans l’idéal serait une bonne chose, mais pas au détriment du produit.

Dan Warne (APC) : Beaucoup d’applications en ligne sont en effet allées trop loin par le passé et ont fini par agacer leurs utilisateurs à cause d’accessoires envahissants.

Mitchell Baker : C’est vrai… alors en fin de compte, ou devrais-je dire dès le début, on s’est retrouvés avec des tas gens qui adoraient Firefox – et parfois je me dis que c’est bizarre de parler de tous ces gens qui se passionnent pour un logiciel, qui débordent d’enthousiasme qui sont prêts à s’investir à fond pour permettre à d’autres de l’adopter, le construire et le créer. Mais le fait est, ça existe pour de bon (rires).

Nous avons donc vu notre base d’utilisateurs croître, nous avons vu l’enthousiasme et – encore un mot galvaudé – la "passion" liés à Firefox se développer au-delà du cercle restreint de notre communauté de développeurs pour toucher un nombre incroyable de gens – et ça, c’est un atout qui n’a pas de prix. Et puis il y a aussi ce sentiment de confiance que suscite Firefox – on se dit : "Oui, c’est un bon navigateur, meilleur que celui dont je me servais avant, mais en plus je lui fais confiance.

Mais c’est à mon sens l’aspect le plus fondamental de Firefox, à la fois grâce à l’immense qualité du produit et grâce à ceux qui savent que nous sommes une organisation œuvrant pour le bien commun, que nous n’essayons pas de maximiser nos profits et que nous ne tentons pas de générer des richesses énormes pour un nombre de personnes restreint. L’actif appartient au public.

Je pense que nombreux sont ceux qui ignorent la nature open source du projet et n’ont aucune idée de la façon dont il est développé, mais qui néanmoins ont le sentiment que le résultat final est à l’image de son mode de conception, que sa réalisation est fortement basée sur la communauté, très centrée sur l’utilisateur – d’une manière ou d’une autre, ça doit se ressentir.

Dan Warne (APC) : Il me semble que l’une des particularités les plus attrayantes de Firefox, c’est l’écosystème des modules complémentaires. Je trouve d’ailleurs assez amusant de voir Microsoft se donner un mal fou pour proposer une offre similaire, mais leur écosystème d’extensions regorge de "payez 30 dollars pour enregistrer ceci", "payez 50 dollars pour enregistrer cela" C’est une démarche très commerciale, et d’après moi, c’est bien la preuve qu’il est très difficile de reproduire une offre comme la vôtre à moins d’être open source soi-même.

Mitchell Baker : C’est exact. Tout d’abord, l’intérêt pour le bien commun en opposition à la richesse personnelle des actionnaires est quelque chose de très difficile à reproduire, car ce sont deux types d’organisations fondamentalement différentes, chacune régie par des contraintes légales qui les conduisent dans des directions opposées. Il est donc par définition impossible de calquer l’une sur l’autre.

Le cadre dans lequel nous opérons, en nous axant sur une action volontaire décentralisée, modérée par une discipline stricte et axée sur le contrôle qualité, est également très ardu à reproduire. Microsoft a certainement eu différentes sources partagées et quelques initiatives plus ou moins fondées sur la collaboration ou le partage, et tant mieux pour eux. C’est une avancée, certes, mais ça n’a aucune commune mesure avec une démarche qui repose sur la mise en partage des ressources accompagnée par une structure décisionnelle, et non commandée par une structure à hiérarchie classique et mue par des impératifs de profit.

Comment alors égaler notre capacité à enrichir Firefox, améliorer la qualité de notre technologie et à permettre à qui veut de résoudre d’éventuels problèmes en retouchant une partie du code de Firefox ? C’est loin d’être à la portée de tous.

Firefox bientôt dans votre portable

La plupart des fanas de technologie se demandent pourquoi les navigateurs des téléphones portables sont médiocres à ce point. La présidente de la Fondation Mozilla, Mitchell Baker, y a réfléchi aussi et s’est demandée comment l’on pourrait adapter Firefox aux plateformes mobiles.

Dan Warne (APC) : Je souhaitais aborder avec vous le sujet de l’adaptation de Firefox aux appareils mobiles, un domaine que Firefox n’a pas encore exploré, alors qu’Opera, et même Microsoft dans une certaine mesure, a réussi à s’y imposer. Allez-vous vous développer dans cette direction ?

Mitchell Baker : Oui, mais il s’agit d’un choix sur le long terme, ça ne se fera pas dans les prochaines semaines ni les prochains mois. La mission que s’est impartie la Fondation Mozilla, c’est d’améliorer l’expérience Internet, laquelle se fera de plus en plus sur des appareils autres que les PC. Si nous ne sommes pas présents dans ce secteur, nous ne serons pas à la hauteur de la philosophie que nous avons contribué à imposer.

C’est donc quelque chose qui devra se faire. Nous avons eu pour projet de nous pencher de plus près sur la question, mais nous avons choisi de nous intéresser d’abord à notre technologie et de la fignoler afin qu’elle soit le mieux adaptée pour cela. Nous y travaillons, mais cela demande du temps.

Nous cherchons aussi un moyen satisfaisant permettant de refléter toute la richesse du web sur un petit appareil avec les contraintes actuelles, mais nous n’avons pas encore la solution. Il n’existe pas de réponse évidente, car le web et ses fonctionnalités s’accroissent sans cesse. Nous y travaillons assidûment.

Nous procédons en ce moment à une expérience qui est clairement une expérience qui gravite autour du PC mais adaptée aux portables (ce n’est pas donc une stratégie purement mobile), mais nous menons des expériences axées sur les liens qu’entretiennent les utilisateurs de Firefox et leurs appareils mobiles. Nous savons que les gens apprécient Firefox pour ses modules complémentaires, la possibilité de le personnaliser et celle d’obtenir des informations précises grâce à Firefox et aux extensions.

Dans cette expérience en cours, que nous avons baptisée Joey, nous cherchons un moyen d’apporter aux utilisateurs les informations auxquelles ils aiment avoir accès sur leur appareil mobile. Certes il est déjà possible d’aller sur le web et d’envoyer des tas de trucs par SMS, mais quelles nouvelles fonctionnalités peut-on inventer ? Firefox offre déjà la possibilité de le personnaliser et de rassembler certains types d’informations, alors comment faire pour que Firefox permette à celui qui l’utilise de connaître une expérience plus riche avec son portable ?

Dan Warne (APC) : Envisagez-vous alors une sorte de service côté serveur qui aiderait à pré-formater le contenu pour les portables, etc. ?

Mitchell Baker : Il y a plusieurs pièces imbriquées – il y aura une partie logiciel côté serveur, une autre côté client. C’est un projet que nous allons lancer en laboratoire incessamment. Je pense que nous avons beaucoup à découvrir dans ce domaine, ce sera donc expérimental dans un premier temps, pas forcément au sein d’un projet de produit, mais une façon de commencer à récolter des infos puisque actuellement dans beaucoup de pays les utilisateurs d’appareils mobiles sont en contact avec un opérateur téléphonique et pas directement avec un vendeur de logiciel.

Donc, même si nous tenions un super produit pour faire ce que à quoi nous sommes les plus doués, c’est-à-dire toucher les Hommes, il n’existe aujourd’hui aucun moyen de l’implanter sur la plupart des appareils. Encore un point auquel nous nous attelons, et si rien ne change, peut-être que la possibilité d’obtenir différentes sortes d’informations prendrait son sens, mais rien n’est fait.

Opera est peut-être plus adapté que nous en tant que fournisseur des opérateurs car de par notre ADN nous nous concentrons sur les consommateurs et les individus. Ainsi, nous menons cette expérience tout en peaufinant notre technologie, et nous voyons ce que ça donne.

Dan Warne (APC) : Firefox a la réputation, je ne sais pas si c’est positif ou négatif, d’avoir un moteur de rendu complexe, et je pense que cela a beaucoup joué quand Apple a choisi le cœur du moteur de rendu KHTML utilisé dans le navigateur Konqueror de Linux. Ils ont déclaré à l’époque que s’ils avaient préféré KHTML à Gecko (le cœur du moteur de rendu de Firefox), c’était qu’il est très léger. Est-ce vrai que Firefox est intérieurement très lourd et pourrait se révéler difficile à faire entrer dans un appareil mobile ?

Mitchell Baker : Eh bien, tous sont difficiles à faire entrer dans un appareil mobile, alors mettons les choses au clair. Opera a fait du très bon boulot pour intégrer quelque chose d’utile dans un appareil mobile, mais leur outil est incomplet et ne possède pas les possibilités de Firefox. Adapter un outil complet à un appareil portable n’est pas une mince affaire, aussi ne peut-on comparer les deux.

Il faut cependant reconnaître, à mon sens, que WebKit d’Apple est pour l’instant plus facile à aborder que notre équivalent technologique.

Mais c’est en partie parce que notre équivalent technologique, Gecko, est accompagné de tout un ensemble d’autres outils qui permettent la création de nos communautés. Donc, pour les extensions, le langage de XUL et toute un tas d’autres choses, c’est notre technologie qui à la primauté.

Plus de fonctionnalités offrent plus de possibilités, mais un logiciel plus réduit a l’avantage d’être plus facile d’accès. Voilà pourquoi quand on envisage d’approcher un nouveau marché, nous savons que nous avons certains avantages, à mon sens inégalables. Elaborer une communauté comme la nôtre, c’est probablement impossible à faire (pour un concurrent propriétaire).

Malgré cela, nous devrions redoubler d’efforts et travailler plus intelligemment pour rendre notre code le plus facile d’accès possible, pour qu’il soit aisé de le développer et de mettre à profit (en tant que développeur) tous les avantages qu’offrent Firefox et la technologie Mozilla.

Des entreprises qui envisagent à nouveau d’adopter Firefox plutôt que de passer à IE7 ?

Avec les changements radicaux apportés par Microsoft, à la fois à l’interface utilisateur et au moteur de rendu d’IE7, un plus grand nombre d’entreprises envisagent à nouveau d’adopter Firefox, d’après Mitchell Baker, présidente de la Fondation Mozilla.

Dan Warne (APC) : Il se passe quelque chose avec l’adoption de IE7. Ce que nous voyons sur le site APC – dont on peut penser qu’il réunit presque exclusivement des adeptes de la première heure, férus de technologie et lecteurs enthousiastes – c’est que beaucoup utilisent encore IE6 au lieu d’IE7. Pensez-vous que Microsoft soit allé trop loin dans les changements avec IE7, ce qui a peut-être incité les utilisateurs à rester sous IE6 ? Et cette stratégie quelque peu malheureuse a-t-elle infléchi votre façon de voir les choses quant à la manière d’effectuer des changements dans Firefox ? Pensez-vous par exemple qu’il est nécessaire que chaque évolution se fasse plus en douceur ?

Mitchell Baker : D’abord, précisons un point ou deux : je ne suis certainement pas experte en ce qui concerne Microsoft. Je regarde IE de temps en temps, mais ce n’est pas un navigateur que j’aurais… très envie d’utiliser.

Dan Warne (APC) : (rires)

Mitchell Baker : Firefox a justement été conçu pour rendre très facile la migration à partir de IE, donc nous savons que nombreux sont ceux qui ne se rendent presque pas compte de la différence.

Des utilisateurs appartenant à de grandes entreprises m’ont confié qu’en voyant IE7, ils envisageaient de nouveau de basculer vers Firefox ou vers le support de Firefox, parce que le passage de IE6 à Firefox pourrait, dans leur cas, être plus facile que le passage de IE6 à IE7.

C’est donc un sujet de discussion intéressant. Je n’ai pas lancé d’études sophistiquées, mais quand on commence à entendre ce genre de propos, qu’on n’entendait pas tellement avant (on entendait seulement "oh non, je préfère ne rien changer.")

Mais les écueils commis par Microsoft ne nous éclairent en aucune façon sur notre plan produit. Nous sommes leaders depuis plusieurs années dans le domaine des navigateurs et de l’aide apportée aux utilisateurs pour comprendre Internet.

Pour répondre à la question de fond, nous portons un grand intérêt à un certain groupe d’utilisateurs, adeptes de la première heure et utilisateurs avancés, pour qui obtenir toujours plus de nouveautés est une exigence et une motivation, et qui se lassent très facilement. Nous avons là une importante fraction de la communauté Firefox, très vive et très active, pour qui l’innovation, les avancées et les nouvelles possibilités sont des exigences primordiales.

Dan Warne (APC) : Un des sujets qui nous tient à cœur, nous, les adeptes de la première heure, c’est le taux de pénétration de Firefox. Combien de personnes l’utilisent, aujourd’hui ?

Mitchell Baker : Au mieux, nous estimons notre socle d’utilisateurs est si situe entre 75 et 100 millions d’utilisateurs… c’est beaucoup ! Ces chiffres ne sont pas exacts car il y a des corrélations entre différentes données, mais si l’on prend 15 % du web mondial, qu’on regarde le nombre de personnes qui téléchargent des mises à jour de sécurité, et que l’on tente de corréler cela, c’est en gros ce qu’on obtient. Chaque méthode d’estimation nous donne à peu près les mêmes résultats.

Dan Warne (APC) : Alors, est-ce compliqué de faire plaisir à tout le monde ?

Mitchell Baker : La plupart de ces gens ne sont pas des utilisateurs avancés et n’apprécient pas d’avoir affaire à des changements permanents au sein d’un outil complexe. Nombreux sont ceux qui ne savent pas distinger Firefox et l’interface de Firefox du contenu dynamique provenant d’une page web.

L’aspect complexe et effrayant que peut représenter le Web pour certains nous pousse à nous concenter sur la façon de conduire notre projet de manière à continuer à leur donner accès aux richesses du web, qui est en mutation constante, à introduire les nouvelles idées exigées et générées par la communauté zélée de nos adeptes de la première heure, tout en continuant à offrir un produit que le consommateur ordinaire puisse utiliser.

Voilà le fil directeur de nos efforts, et c’est tout à fait différent des décisions que Microsoft peut prendre ou ne pas prendre.

Bien sûr, nous utilisons le système de modules complémentaires pour satisfaire beaucoup de ces besoins, et je pense donc que de plus en plus d’idées nouvelles apparaîtront sous forme d’extensions, que nous pourrons peut-être même développer ou promouvoir pour tester des projets expérimentaux tels que The Coop, afin de déterminer, avec l’aide des adeptes de la première heure ou des gens qui ont un intérêt pour un outil particulier, ce qui fonctionne à merveille, ce qui marche bien, et comment ne garder que le meilleur pour l’incorporer au noyau de Firefox, de façon que le consommateur ordinaire, de son côté, puisse y accéder sans être terrifié.

Pourquoi n’existe-t-il pas encore de bloqueur de pub intégré par défaut dans Firefox ?

Les utilisateurs les adorent, alors pourquoi Firefox n’a-t-il pas encore intégré des fonctionnalités de blocage de pub ? La présidente de la fondation Mozilla, Mitchell Baker, est circonspecte sur la raison de cette absence…

Dan Warne (APC) : A propos de modules complémentaires, je suis sûr que nombreux sont ceux qui souhaiteraient savoir pourquoi vous n’avez pas intégré un bloqueur de pub dans Firefox ?

Mitchell Baker : Je l’ignore. Il faudrait que je me renseigne, en fait !

Dan Warne (APC) : Ah oui ? J’avais pensé, en élaborant ma liste de questions, que c’était parce que le web survit plus ou moins grâce aux revenus générés par la pub et que vous ne vouliez pas vous mettre certains acteurs du web à dos. Mais je n’ai pas vraiment d’idée, ce qui explique pourquoi j’étais curieux.

Mitchell Baker : A vrai dire, je n’en sais trop rien. Peut-être parce qu’ils sont trop complexes techniquement, mais là encore, il faudrait que je pose la question.

Dan Warne (APC) : Pas de souci. Ca m’intriguait, parce qu’il existe des extensions appréciées qui remplissent cette fonction.

Mitchell Baker : C’est exact. Je suppose que certaines de ces extensions sont assez complexes d’utilisation. J’ai vu qu’elles demandaient quel élément on veut bloquer etc. Combien d’utilisateurs ordinaires seraient capables de s’en servir, je me le demande.

Dan Warne (APC) : Je pense que la plupart des gens se contentent de télécharger la liste automatique qui possède les réglages nécessaires et qui a été pré-définie par quelqu’un d’autre.

Mitchell Baker : Ce serait peut-être une solution pour en faire une meilleure extension, en effet. Il n’empêche que je ne puis vous répondre sans étudier plus avant la question.

Firefox 3.0 – "lock-in branding", ça veut dire quoi, au juste ?

L’arrivée de la version de Firefox 3.0, dont le nom de code est Gran Paradiso, parle d’une chose curieuse dans les notes de sortie de la version alpha : "ability to lock-in branding". (NdT : possibilité de verrouiller une marque) Est-ce que Firefox va devenir un panneau d’affichage sur votre PC, un peu comme IE4 ?

Dan Warne (APC) : Autre question à propos des exensions. Nous avons jeté un coup d’oeil aux notes de sortie de la version alpha, et l’un des détails que nous avons remarqué, c’est le support du rajout de marques dans Firefox, j’ai supposé que c’était, par exemple, pour que Dell puisse pré-installer Firefox sur leur PC et avoir un petit logo Dell dans Firefox ou quelque chose comme ça ? Je ne sais pas ce que ça veut dire exactement, mais j’espère que ça ne sera pas comme à l’époque d’IE4 quand Microsoft a permis de poser une marque sur c-h-a-q-u-e élément d’IE4 et vous vous retrouviez avec un navigateur dégoûtant avec des écritures géantes et des logos partout.

Mitchell Baker : (Rires) Non, non, rassurez-vous, c’est pour nous quelque chose d’inconcevable !

A propos de marque, les noms de code, comme vous le savez peut-être, sont des noms de parcs. Firefox 3.0 porte le nom de code Gran Paradiso, et il existe un parc Gran Paradiso. Récemment, quand nous cherchions les noms de codes, nous nous sommes rendus sur le site du parc Gran Paradiso, là, en bas de la page se trouvait un bouton "Téléchargez Firefox", je me suis écriée "Bingo ! C’est le nom de code qu’il nous faut !"

Dan Warne (APC) : Oh, c’est une coïncidence marrante, non ? Examinons les notes de Gran Paradiso alpha sur le web et voyons ce qu’elles disent. (Se tourne vers le chargé des relations publiques d’Edelman) Je peux utiliser votre portable deux secondes ?

Chargé des relations publiques : Bien sûr. (A Mitchell Baker) Je suis désolé mais… il n’y a pas Firefox sur ce portable.

Mitchell Baker : C’est donc à ce moment là que je sors en claquant la porte (rires).

Chargé des relations publiques : Je voulais l’installer moi-même, mais je n’ai pas l’accès requis.

Mitchell Baker : A cette machine ?

Chargé des relations publiques : Oui, malheureusement.

Mitchell Baker : Quel genre de machine est-ce ? Où est votre supérieur ? Il est venu plus tôt aujourd’hui… là, je vais me plaindre (rires).

Dan Warne (APC) : Ok, donc il y a marqué à propos de Gran Paradiso : "ability to lock in branding."

Mitchell Baker : D’accord… Ce qui est important, à mon avis, c’est de déterminer ce que signifie "branding" dans ce cas précis. On se sert parfois du terme "branding" pour désigner un ensemble d’éléments.

Par exemple, une compagnie de téléphone, T-Online, a distribué une version de Firefox en Allemagne dans laquelle la page d’accueil est celle de T-Online, il porte les deux marques. Le but, c’était qu’il soit simple pour T-Online de distribuer le navigateur avec leur page d’accueil.

Mais finalement, quand il faut faire une mise à jour, c’est extrêmement complexe, et s’assurer que lors lors d’une mise à jour la page d’accueil soit toujours celle de T-Online et pas celle par défaut pour notre version allemande, qui est celle de Google je crois, c’est très compliqué.

Je pense que "branding" englobe tout ce qui touche à ce genre de contraintes.

Dan Warne (APC) : Un peu comme le "branding" pour les téléphones portables, qui met tout sur le téléphone aux couleurs de l’opérateur ?

Mitchell Baker : Voilà, c’est ça. Ce n’est donc pas ce que vous craigniez.

Firefox va s’attaquer à Flash et Silverlight

Firefox 3.0 apporte un nouveau moteur de rendu graphique, nom de code : "Cairo" – un indice terriblement appétissant qui montrerait que Firefox pourrait s’avanturer sur le territoire d’Adobe Flash, avidement convoité par Microsoft ? Figurez-vous que la réponse est oui… La présidente de Mozilla, Mitchell Baker, m’affirme que les graphismes et le rendu vidéo font absolument partie de ses projets futurs pour Firefox.

Dan Warne (APC) : Autre chose que j’ai vu dans les notes de Gran Paradiso : quelques mentions au sujet du moteur de rendu Cairo. D’après ce que j’ai pu en lire, c’est un moteur de rendu de bonne qualité qui accélère les graphismes vectoriels évolutifs.

Mitchell Baker : Oui, les graphismes en 2D pour le moment.

Dan Warne (APC) : L’échéance est peut-être encore loin, mais je me demandais si vous alliez entrer en compétition avec Flash et Silverlight ?

Mitchell Baker : Les graphismes, c’est un domaine du web qui pourrait être amélioré, c’est évident, aussi nous concentrons-nous tous sur ce point. Nous nous concentrons dessus avec une technologie complètement ouverte, alors que Silverlight est complètement propriétaire, bien sûr, tout comme Flash, bien qu’Adobe prenne doucement la voie du libre.

Nons avons donc – je pense à Brendan et sa feuille de route – proposé à Adobe de montrer plus de signes d’ouverture auxquels afin que nous puissions participer au projet. Nous aimerions beaucoup que sorte une version libre de Flash, mais c’est à Adobe de prendre cette décision, pas à nous.

Comme nous nous intéressons tous aux graphismes et qu’en fin de compte, si Flash devait rester aussi propriétaire que la technologie Microsoft, il nous faudrait poursuivre nos efforts pour développer des graphismes de manière interopérable.

Mais il est clair qu’en ce qui concerne les graphismes, c’est Flash qui règne en maître.

Dan Warne (APC) : On se demande pourquoi Microsoft prend la peine de développer Silverlight pour entrer si tard dans la compétition.

Mitchell Baker : Certes, mais c’est un domaine crucial. Nous, nous faisons la même chose, et c’est à cause de Flash. Le fait qu’il s’agisse d’une technologie propriétaire, ça nous pose problème. Pourquoi est-ce si important, me direz-vous ? D’accord, ça n’est pas vivant – c’est sur le web, mais ça ne provient pas du web, on ne peut pas y faire de recherches, il ne profite pas de toutes les fonctionnalités du navigateur, on ne peut pas en prendre le contrôle, ça vit dans une petite boîte.

Ils s’efforcent sans doute de le faire sortir de sa boîte, mais pour vraiment l’intégrer au reste du web, certaines de ces capacités devraient être dans le client web, c’est-à-dire le navigateur. Nous nourrissons donc toujours des espoirs de ce côté-là, mais nous continuons malgré tout à développer nous-mêmes nos capacités graphiques.

Dan Warne (APC) : C’est super. Est-ce que cette technologie intégrerait des capacités pour la vidéo également ?

Mitchell Baker : Nous nous y intéressons, donc nous avons quelques pistes. L’une d’elles, c’est que le web basé sur le texte autour duquel les navigateurs se sont développés est en mutation, et le rôle de la vidéo ne va cesser de gagner en importance.

Dan Warne (APC) : On a vraiment assisté à une explosion durant les six à douze derniers mois, pas vrai ?

Mitchell Baker : Oui, une fois que les possibilités sont là, ça roule tout seul. Pour certaines d’entre elles, la question qui se pose, c’est que faut-il au navigateur pour être à la hauteur, tant au niveau des applications visibles par l’utilisateur qu’à celui la technologie interne.

Nous étudions donc ces deux aspects pour tenter de dégager une solution. On se rend compte que l’audio ne pose pas de problème particulier, mais que pour la vidéo, c’est beaucoup plus complexe.

Dan Warne (APC) : Ca ne m’étonne pas. Une combinaison sans fin de CODEC…

Mitchell Baker : Il faut se débrouiller. Parmi ces outils, certains sont brevetés, alors on n’a d’autre choix que de s’en accomoder. Nous nous penchons sur le problème, mais nous n’avons pas encore franchi tous les obstacles.

Dan Warne (APC) : Vous arrive-t-il souvent d’avoir une idée, de vouloir la concrétiser, mais de découvrir qu’un brevet a déjà été déposé pour une création similaire ?

Mitchell Baker : Et bien, c’est toujours le risque. Pour l’instant, nous n’avons pas trop été confrontés à ce genre de situation.

Microsoft et les développeurs de Firefox

Y a-t-il une nouvelle idylle entre Microsoft et les développeurs de Firefox ? Chez le Microsoft nouveau, soucieux des autres et partageur, on en a fait des caisses quand on a invité des développeurs de Firefox dans les laboratoires de compatibilité avec Vista, lors du développement du méga-OS. Nous avons demandé à la présidente de Mozilla, Mitchell Baker, comment ça s’était passé.

Dan Warne (APC) : Autre évènement intéressant qui s’est produit il y a quelque temps : l’invitation très publique qu’a faite Microsoft aux développeurs de Firefox pour visiter les laboratoires de compatibilité Vista. Je me souviens avoir demandé à Microsoft à l’époque s’ils pouvaient me donner plus de précisions à ce propos, et voilà en gros ce qu’on m’a répondu : "Nous avons envoyé une invitation à nos concurrents. Qu’ils l’accepter ou pas, à eux de voir, mais s’ils la déclinent, ce n’est pas notre problème." Avez-vous des commentaires à faire sur comment ça s’est passé ?

Mitchell Baker : Il faut reconnaître que Microsoft a fait un effort et que c’était bienvenu. Il y a beaucoup de domaines dans lesquels nous aimerions travailler avec eux, notamment la compatibilité avec Vista. Certes, il est probable qu’ils posent des conditions d’ordre légal, mais quoi qu’il en soit, ils ont reconduit cette proposition. Nous avons accepté et ils ont reçu l’équipe de Mozilla, ce qui je pense nous a été utile. Voilà qui mérite d’être souligné.

Microsoft a opéré son retour dans le monde des navigateurs, à présent, et doit à nouveau prêter attention au web. Nous les rencontrerons sûrement pour discuter de la définition des standards, et c’est certainement là que nous verrons si Microsoft cherchera encore à imposer sa propre technologie propriétaire aux dépens de technologies ouvertes et opérationnelles. Ça arrive souvent dans les réunions de définition des standards. C’est là qu’ils montreront leur vrai visage et nous serons sans doute vite fixés.

Dan Warne (APC) : C’est intéressant. Y a-t-il eu des problèmes entre Firefox et Vista ? Parce que j’ai installé Firefox sur toutes les bêtas de Vista, et je n’ai jamais rencontré de problème.

Mitchell Baker : Super ! Nous avons pas mal travaillé, j’essaie de me souvenir sur quoi… Je crois qu’il y a des différences lors de l’installation.

Dan Warne (APC) : C’est fort possible, vu tous les changements de permissions etc. qu’on trouve dans Vista.

Mitchell Baker : Oui. En fait, le produit de base fonctionnait à merveille , mais on a dû procéder à quelques ajustements et modifier le processus d’installation. Je crois qu’ensuite nous avons encore dû changer deux ou trois trucs. Ce n’était donc pas pour à l’occasion de la sortie de Firefox 2.0, mais pour assurer la compatibilité avec Vista. Néanmoins, je le répète, nous n’avons pas touché aux fonctionnalités de base, seulement à quelques pièces annexes.

La stratégie pour mettre Firefox sur plus d’ordinateurs

Mozilla ne possèdant pas autant de tentacules que la pieuvre géante Microsoft pour assurer la distribution de logiciels, c’est par le bouche à oreille que Firefox a gagné ses parts de marché. Mais que faire maintenant pour faire entrer Firefox dans davantage encore de foyers ? Nous avons posé la question à la présidente de Mozilla, Mitchel Baker.

Dan Warne (APC) : La dernière fois que nous nous sommes parlés, je vous avais demandé quelle était la stratégie de distribution de Firefox. C’était je crois était à peu près au moment de la sortie de Firefox 1.0, et voilà ce que vous m’aviez répondu : "Nous ne faisons pas de commerce, nous préférerions travailler avec les utilisateurs plutôt que les grosses entreprises, et espérons que les utilisateurs le choisiront d’eux-mêmes", ce qu’à l’évidence ils ont fait en masse.

Toutefois, pourriez-vous m’en dire plus à propos de votre stratégie de distribution ? J’aimerais aussi savoir si vous cherchez à conclure des accords avec les fabriquants de PC pour qu’ils pré-installent Firefox, par exemple ?

Surtout maintenant que Dell va pré-installer Ubuntu sur certains de ses ordinateurs… Cela signifie sans doute que Firefox sera sur chaque PC Dell équipé de Linux.

Mitchell Baker : C’est fort probable !

Dan Warne (APC) : Donc, penchons-nous sur l’un de vos principaux distributeurs : Google. Qu’ont-ils à y gagner ? comment distribuent-ils Firefox, et payent-ils pour de bon une commission de 1 dollar aux blogueurs chaque fois que quelqu’un télécharge Firefox à partir d’un lien placé sur leur blog ?

Mitchell Baker : Si vous voulez connaître la ligne officielle de Google, vous devriez vous adresser à eux directement. En tout cas, la réponse consiste sans doute en une variation sur le thème "Firefox, c’est bon pour l’humanité."

Dan Warne (APC) : J’imagine qu’une entreprise ayant autant de moyens et d’autonomie que Google peut se le permettre sans se soucier que les actionnaires leur reproche de jeter l’argent par les fenêtres.

Mitchell Baker : Oui, mais je ne suis pas sûre que ça revienne à jeter l’argent par les fenêtres, justement.

Dan Warne (APC) : Désolé, ça n’était pas un reproche. Ce que je voulais dire, c’est que souvent les actionnaires sont très critiques sur la manière dont est utilisé l’argent s’ils ne voient pas un retour à court terme pour une société.

Mitchell Baker : D’accord, mais il est aussi assez évident que la cible numéro un de Microsoft, c’est Google – ce dont ils ne se cachent pas. Difficile de dire qu’ils jettent l’argent par les fenêtres quand on pense aux batailles que Google mène. Là, il faut tenir compte de Microsoft dans l’équation.

Dan Warne (APC) : Et à propos des autres moyens de distributions… les pré-installations sur PC par exemple ?

Mitchell Baker : Nous avons essayé d’autres solutions pour la distribution et continuons à les explorer. Firefox a été inclus dans les lignes de productions de quelques PC, dont l’une se trouve en Europe, je crois, mais c’est encore récent et nous ne savons pas encore ce que cela va donner.

Être intégré à la distribution de PC serait intéressant, mais de manière générale nous réussissons très bien à assurer nous-même notre distribution – le bouche à oreille, le marketing ou tout nos atouts qui peuvent attirer les gens vers nous, voilà de loin ce qui est le plus efficace. Cela étant, nous n’écartons aucune possibilité.

Le personnage de cartoon de Mozilla Japon, "Foxkeh", et d’autres développements de Firefox dans la région Asie/Pacifique

Certains développeurs majeurs de Mozilla travaillent dans un petit bureau de développement en Nouvelle-Zélande. Ils sont responsables de la réalisation de fonctionnalités clés dans Firefox 3.0. De plus, Mozilla Japon a créé un renard encore plus mignon que Firefox… son personnage de style manga s’appelle Foxkeh.

Dan Warne (APC) : Maintenant que vous êtes implantés en Australie – dans la région Asie/Pacifique –, avez-vous lancé des initiatives au sein de l’APAN (Asia & Pacific Advanced Network), ou avez-vous des contacts intéressants avec des organisations de la région ?

Mitchell Baker : Depuis de nombreuses années, nous avons une communauté active au Japon, et ce groupe est centré sur la communauté, avec une très petite organisation, Mozilla Japon, qui est à but non lucratif. Dès que nous avons commencé a gagner de l’argent,nous avons commencé, il y a environ un an, à investir dans Mozilla Japon, ce qui nous a permis d’engager sept ou huit personnes, parmie elles quelques développeurs et quelques assistants, qui accomplissent un travail intéressant.

Par exemple, ils ont créé Foxkeh. C’est une petite mascotte imaginée par les gens de Mozilla Japon pour rendre Firefox accessible et promouvoir sa diffusion sur le marché.

Ils font, entre autres, de l’excellent travail sur les extensions et conçoivent la documentation en japonais.

Il y a quelques années, nous avons fait un premier pas très discret en Chine. C’était un petit projet qui marchait bien, hébergé par la Chinese Academy of Sciences, et ces derniers mois nous avons décidé que nous devrions nous engager davantage en Chine.

Nous avons embauché du monde pour nous aider. J’y étais il y a quelques mois, et il y a un groupe d’utilisateurs en Chine, peut-être un million, ce qui est minime pour une population comme la Chine. Mais c’est un noyau d’utilisateurs et de blogueurs intéressés et enthousiastes, et certains d’entre eux nous portent un grand intérêt.

Notre sentiment est donc le suivant : Lançons-nous, voyons qui est là et qui est déjà intéressé. Tâchons de savoir si avec plus d’investissement de notre part davantage d’internautes s’intéresseraient à nous. Voyons si la conception de l’Internet à laquelle nous travaillons rencontre un écho ici. Si c’est le cas et qu’il existe une communauté, alors tâchons de les aider.

Cela devrait être un de nos imprtantes expériences pour l’année à venir.

Dan Warne (APC) : Existe-t-il d’autres contributeurs en Australie ou dans cette région du monde ?

Mitchell Baker : Quelques-uns, oui. Depuis de nombreuses années, nous avons un contributeur exceptionnel, Robert O’Callaghan, qui est originaire de Nouvelle-Zélande et qui vit aux Etats-Unis – ou plutôt qui vivait aux Etats-unis – depuis longtemps et qui cherchait à tout prix un moyen de rentrer au pays.

Il est donc rentré en Nouvelle-Zélande et travaille pour nous — nous avons même créé un petit bureau en Nouvelle-Zélande.

Dan Warne (APC) : C’est vrai ?

Mitchell Baker : Oui, car lorsqu’on a un contributeur vraiment génial, qui est également bon pédagogue, qui veut jouer un rôle de mentor et peut attirer autour de lui quelques autres personnes brillantes, c’est pour nous une chance inestimable.

En fait, la démo des applications hors-ligne qu’on vous a montrée ce matin, et qui montrait l’application Web Zimbra fonctionnant sans connexion Internet, elle a été réalisée par notre bureau de Nouvelle-Zélande.

Dan Warne (APC) : Impressionnant ! Est-ce que vous réalisez également des projets en Australie ?

Mitchell Baker : Pas en ce moment. L’une de nos plus anciens collaborateurs est maître de conférences en Australie, à l’université du Queensland, et il est impliqué dans le projet depuis 2000. C’est un mathématicien, ou au moins un spécialiste dans un domaine pour lequel les équations mathématiques sont importantes.

Il existe un langage appelé MathML, et à cette époque, il a décidé que Firefox devait l’intégrer. Depuis lors, il a contribué au projet, et c’est grâce à lui que nous pouvons être crédibles dans ce domaine.

Dan Warne (APC) : Exact… je me suis toujours demandé pourquoi Mozilla gérait totalement les équations mathématiques.

Mitchell Baker : Tout cela, c’est grâce à Roger Sidje de l’université du Queensland. Au début, il a en bavé un bout de temps.

Dan Warne (APC) : Ah oui ?

Mitchell Baker : Eh bien, n’oubliez pas qu’on était en 2000 ; à l’époque, introduire le rendu d’éléments aussi complexes et différents à l’intérieur du moteur central de rendu, c’était très difficile.

Dan Warne (APC) : Ca revient presque à comme réécrire un moteur de rendu HTML complètement différent, car les équations mathématiques se présentent parfois sous une forme très complexe.

Mitchell Baker : C’est exact, et il a été actif depuis lors. Dès que nous avons commencé à gagner de l’argent, nous avons organisé une réunion Firefox des collaborateurs clés et des non-salariés du monde entier, et Roger nous a donc rendu visite plusieurs fois car il joue un rôle prépondérant chez nous.

La bataille concernant les distributions Linux utilisant la marque Firefox

La guerre des mots sur l’usage de la marque Firefox – nom et graphisme du logo – a suscité la controverse, certains commentateurs allant même jusqu’à dire que Firefox n’était pas réellement "libre". Mais d’après la présidente de Mozilla, il existe une explication plus rationnelle et il y a eu un malentendu.

Dan Warne (APC) : J’étais en Chine il y a peu de temps, et j’y ai rencontré les gens de Red Flag Linux qui travaillent avec Intel sur un nouveau système d’exploitation, appelé MIDINUX, pour appareils mobiles pour Internet.

Ils m’ont expliqué que Red Flag Linux était en fait la distribution Linux la plus utilisée à l’échelle mondiale – davantage même qu’Ubuntu – de par l’immensité de la population chinoise. Pourtant, j’ai découvert qu’il est quasi impossible de la télécharger, à cause de l’extrême lenteur des serveurs de téléchargement Red Flag et de leur manque de fiabilité – de plus, elle est uniquement disponible pour le moment en chinois et en espagnol, ce qui à mon avis limite son intérêt pour le reste du monde.

Quoi qu’il en soit, les gens de Red Flag m’ont donné des CD d’installation et nous les avons distribué sur le disque vendu avec APC. Nous l’avons installé pour l’essayer – Firefox y est intégré, et son icône est remarquablement similaire à l’icône Internet Explorer. (Rires).

Mitchell Baker : Tiens, c’est curieux…

Dan Warne (APC) : Et le lecteur multimédia open source a aussi l’icône de Windows Media Player !

Mitchell Baker : Eh bien, il faut vraiment que nous y jetions un coup d’œil, c’est vraiment… intéressant.

Dan Warne (APC) : C’est étrange parce qu’ils ont fait en sorte que le système d’exploitation entier ressemble à Windows XP – c’est comme s’ils avaient pris toutes les icônes et les trucs de Microsoft, et les avaient appliqués à un logiciel open source.

Mitchell Baker : Le logiciel open source et Windows XP, c’est pourtant le jour et la nuit.

Dan Warne (APC) : Tout à fait ! Mais évidemment, ils avaient l’impression que les gens étaient plus à l’aise avec Windows XP, alors ils l’ont fait ressembler à l’OS de Microsoft. C’était très bizarre.

Mitchell Baker : En effet.

Dan Warne (APC) : Sur ce sujet particulier, il y a eu une controverse importante au sujet de l’utilisation de la marque Firefox dans les différentes distributions Linux. De quoi s’agit-il ?

Mitchell Baker : Certaines des distributions Linux distribuent le code Firefox, mais pas le produit Firefox – pas la marque Firefox, par exemple. Certaines des distributions Linux sont très à cheval sur la loi concernant les marques, et donc elles fournissent le navigateur sous une autre marque qui permet à leurs groupes de travailler dans un cadre au sein duquel ils se sentent à l’aise.

Dan Warne (APC) : En tant que présidente de Mozilla, pensez-vous que cela soit nécessaire ? Est-ce que Mozilla entamerait des actions légales contre un système d’exploitation Linux utilisant la marque Firefox ?

Mitchell Baker : Ce n’est pas le fait qu’il intègre Firefox qui nous pose problème, mais plutôt si un groupe de logiciel libre réalise des changements significatifs du code et le distribue en tant que Firefox. Ce serait problématique, et c’est parfois une divergence de point de vue qui nous oppose à certains distributeurs Linux. C’est un problème assez complexe, mais au bout du compte, ce qui nous importe, c’est que lorsque que quelqu’un distribue Firefox, nous voulons savoir exactement de quelle version il s’agit, et être sûrs que tous les patchs de sécurité soient appliqués à cette version.

Voilà ce qui nous intéresse. S’ils tout le monde se contentait de distribuer un Firefox sans modification, nous laisserions faire, mais les distributions Linux distribuent bien évidemment le produit. C’est donc à ce moment-là que nous avons établi certaines règles : vous pouvez fournir les programmes que vous voulez, mais si ce n’est pas notre programme, alors appelez-le autrement.

Dan Warne (APC) : Ce qui est plus que juste.

Mitchell Baker : Eh bien, oui, mais ç’a été source de conflits.

Dan Warne (APC) : Je dois avouer que je n’avais jamais entendu une explication aussi claire sur le problème. Je pensais qu’il s’agissait d’une sorte de guerre de territoire typique de l’industrie technologique – de petits produits open source se transforment en gros succès et commencent à agir selon une logique plus commerciale.

Mitchell Baker : Oh non, pas du tout. Nous tenons à distribuer notre produit sous notre marque, c’est tout. Nous avons cependant une clause spéciale qui autorise des distributions à apporter des modifications à Firefox sans pour autant devoir changer son nom, car certaines modifications sont nécessaires pour pouvoir installer notre navigateur sur certaines distributions Linux.

Donc, nous acceptons même de pour distribuer "Firefox" quand le code n’est pas à 100% conforme au nôtre, mais à condition que nous ayons convenu d’un accord et que nous connaissions la nature des modifications.

Mais lorsqu’il y a des différences dans les fonctionnalités, on finit par rencontrer des problèmes lors des mises à jour, par exemple. Il y a longtemps, nous nous sommes rendu compte que certaines distributions fournissaient des versions différentes de Firefox, dont certaines fondamentalement différentes, aussi ne pouvions-nous pas assurer le fonctionneraient correct des mises à jour. Voilà ce qui nous tenait à cœur, donc.

Le travail de Mozilla sur le Web 3.0 : les applications web qui fonctionnent aussi hors-ligne

Si vous êtes fanas de technologie, vous aurez déjà essayé bon nombre d’applications web… Gmail, Google Spreadsheets, Zimbra… Michael Arrington de TechCrunch en a fait un fond de commerce en les testant. Mais les visions de nirvana du Web 2.0 s’effondrent quand vous vous trouvez sans connexion à un réseau. Tout d’un coup vous vous retrouvez avec votre bon vieux Microsoft Office. La présidente de la Fondation Mozilla Mitchell Baker dit que faire fonctionner les applications web hors-ligne est une priorité pour Firefox et les versions actuelles intègrent déjà une partie de ces fonctionnalités !

Dan Warne (APC) : Votre discours d’ouverture au CeBIT, le 1er mai, traitait du fonctionnement d’applications web hors-ligne, sans connexion internet. C’est extrêmement intéressant parce que tout le monde attend l’arrivée d’un sauveur qui remplacerait Microsoft Office. Mais pour le moment, tous ceux qui ont utilisé une de ces nouvelles suites bureautiques en ligne sont conscient qu’on ne peut pas les utiliser à bord d’un avion, ou depuis tout autre lieu dépourvu de connexion Internet.

Mitchell Baker : C’est vrai. L’idée principale, c’est que nous investissons beaucoup dans le web lui-même en tant plateforme. Mais quelles sont les capacités du web, et sont-elles suffisamment solides pour offir des alternatives viables aux technologies propriétaires comme Silverlight, par exemple ?

Et sont-elles aussi assez robustes pour rendre le web attractif en comparaison des applications de bureau, parce que c’est la plateforme qui nous intéresse.

Ainsi, les applications hors-ligne sont capables de fonctionner hors-ligne un certain temps – c’est un des atouts qui devrait aller de l’avant la plateforme web. Nous avons déjà accompli une bonne partie du travail, et donc , tout le code de base ou presque – les bases de données et le stockage sont nécessaires pour le support des applications web hors-ligne – est déjà présent dans les versions actuelles de Firefox.

Ces fonctionnalités sont présentes depuis Firefox 2, mais les gens l’ignorent et ne s’en servent pas. Nous nous sommes dit que nous devrions faire une démonstration pour que les gens voient de quoi il s’agit. Nous sommes à présent assez au point et disposons d’assez de ressources pour pouvoir le faire. Notre équipe néo-zélandaise qui y travaille sont impressionants.

Mal nous a donc paru le choix idéal pour procéder à cette démo, et il a donc travaillé avec Zimbra, sur quoi il avait bien sûr déjà travaillé en tant que développeur open source. Il nous a livré une très jolie démonstration des capacités de cette technologie.

Ensuite, on a travaillé sur notre site Mozilla Developer Center (developer.mozilla.org) pour expliquer de quoi il s’agit est et fournir de l’aide. Ainsi vous pouvez trouver des infos sur les applications hors-ligne – ce dont nous sommes assez fiers. Nous proposons pas mal de documentation de qualité . Un échantillon de code devrait s’y trouver, mais je ne suis pas sûre qu’il y soit déjà.

L’idée, c’est que toutes les fonctionnalités pour les applications hors-ligne soient disponibles pour la sortie de Firefox 3, et que les sites Web offrent rapidement des applications tirant parti du fonctionnement déconnecté, de sorte que les utilisateurs réalisent l’immense intérêt de la chose.

Dan Warne (APC) : Très intéressant. Et donc la dernière question… combien de temps avant Firefox 3 ?

Mitchell Baker : (Rires) Notre objectif, c’est de le sortir pour la fin de l’année mais nous ne le saurons pas avant les bêtas. C’est quand nous aurons réalisé une certaine quantité de tests que nous pourrons donner une meilleure estimation de la date de sortie.

Nous avons besoin d’entre 50 et 100 000 utilisateurs, donc peut-être 70 000 personnes, pour vraiment avoir une idée d’où nous en sommes. C’est dans ces cas-là que nous trouvons que les tests open sources sont un avantage phénoménal. Quand nous en sommes aux bêtas et que nous atteignons ce nombre grâce au web, nous pouvons tester notre produit dans des conditions réelles sur une très vaste échelle. Même si vous automatisez des tests, vous ne pouvez pas automatiser à une telle échelle.

Donc quand vous atteignez ce nombre de personnes vous recevez beaucoup d’informations qui vous en disent bien plus que tout ce que vous pensiez auparavant. Donc c’est quand nous pouvons commencer à évaluer le nombre de bêtas seront nécessaires (inaudible).

Dan Warne (APC) : Je serai l’un d’entre eux. Merci beaucoup pour avoir partagé vos pensées aussi généreusement.

Notes

[1] Merci à Daria, Don Rico, HL, Olivier, Penguin et Yostral pour cette traduction d’envergure réalisée en un temps record dans la joie et la bonne humeur.

[2] Crédit photo : Will Pate sous licence Creative Commons BY-NC. La ressemblance entre le logo Firefox et la coupe de cheveux de Mitchell Baker ne serait que purement fortuite !




Une journée sans logiciel libre…

Kinnéidigh Garrett - CC byPetite traduction pédagogique sans prétention illustrant la paralysie qui affecterait Internet si le logiciel libre n’était plus là, permettant par là-même au grand public de se rendre compte par la négative de son importance et de sa diffusion[1].

En fait si le logiciel libre n’existait pas il faudrait l’inventer…

A Day Without Open Source

William Hurley – 9 mai 2007
(Traduction Framalang : HL et Don Rico)

J’étais à une conférence quand deux techniciens entrèrent dans la salle de bar, l’un favorable au logiciel libre, l’autre résolument contre. Ils mirent le moulin en route après quelques verres et Mr Contre remarqua d’une voix forte : « Le logiciel libre, je voudrais bien que ça dégage ! Ça crée plus de problèmes que ça n’a d’avantages.» Déclarations avec lesquelles, de toute évidence, j’ai quelques difficultés. Bon, je sais que la plupart des gens ne comprennent pas le rôle du logiciel libre dans notre monde, ou ignorent combien de services que nous tenons pour acquis disparaitraient sans sa présence. Si vous êtes membre du club, vous voyez probablement où je veux en venir.

Imaginons qu’au douzième coup de minuit, tout logiciel libre s’évapore comme par magie. Qu’est-ce qui fonctionnerait encore demain ? Pour commencer, Internet « disparaîtrait » pour l’utilisateur moyen. La plupart des serveurs de nom de domaines (DNS) fonctionnent sous des logiciels libres comme BIND, qui transforme www.framablog.org en une adresse IP du serveur adéquat. On perdrait en route la majorité des utilisateurs de base d’Internet. Bien sûr, BIND n’est pas le seul logiciel libre pour les DNS. Et toutes les solutions logicielles pour DNS ne sont pas libres.

Mais supposons que les DNS fonctionnent toujours, ou que par hasard vous avez mémorisé 72.14.207.99 au lieu de www.google.com. Même si les serveurs de noms de domaines fonctionnaient, Google disparaîtrait complètement d’Internet. Google tourne essentiellement sous Linux – qui est sans doute le plus populaire des systèmes d’exploitation libres de la planète. Pas de souci. Vous n’avez qu’à aller voir chez Yahoo!, Pas vrai ? Eh bien non. Yahoo! est l’un des plus grands consommateurs d’un autre système d’exploitation très répandu issu du libre : FreeBSD. A présent, vous vous êtes résigné à essayer 207.68.172.246. Nous savons tous qu’ils n’utilisent pas de logiciel libre, et qu’ils s’échinent depuis un bout de temps sur cette fonction de recherche.

OK, MSN est là, paré à la manoeuvre, alors maintenant lançons une recherche. J’ai entendu un remix sympa de Shakira à la radio ce matin, c’est ce que je vais rechercher. MSN me renvoie une liste de sites qui proposent la chanson… Je clique dessus… et… rien. Pas de dance music ? Pas de rythmes latinos ? Plus de 60% des sites Internet tournent sous Apache, un serveur web issu du libre. Avant même que je ne clique sur un lien, mes chances de succès ont été réduites à 4 sur 10.

Sur les 118 023 363 sites recensés jusqu’à présent par NetCraft ce mois de mai, un petit peu plus de 70 millions ne fonctionneraient plus si le logiciel libre venait à disparaître. Certes, Apache n’est pas le seul seveur web issu du libre et… Vous connaissez la suite. Je pourrais continuer des heures et des heures sur vos transactions en ligne, qui ne pourraient être sécurisées sans OpenSSH et OpenSSl et tous les autres services auxquels des utilisateurs ont recours tous les jours et qui, selon ce scénario, n’existeraient pas.

Le logiciel libre n’est pas une nouvelle tendance. Ce n’est pas un phénomène de mode éphémère. Il est partout, que vous le reconnaissiez ou non. De Linux intégré aux nouveaux routeurs sans fil en passant par Firefox, le navigateur libre le plus utilisé au monde, le logiciel libre est la force motrice d’Internet et d’innombrables autres technologies.

Vous savez déjà que je suis un inconditionnel du libre, mais vous, qu’en pensez-vous ? J’aimerais connaître votre avis sur la façon dont la disparition du logiciel libre vous affecterait.

Notes

[1] Crédit photo : Kinnéidigh Garrett (Creative Commons By)