10 trucs que j’ignorais sur Internet et mon ordi (avant de m’y intéresser…)

Disclaimer : Cet article est sous licence CC-0 car les petits bouts de savoir qu’il contient sont autant d’armes d’auto-défense numérique qu’il faut diffuser. En gros, j’espère vraiment que certains d’entre vous en feront un top youtube, une buzzfeederie, une BD, un truc que j’ai même pas encore imaginé, ce que vous voulez… Mais que vous ferez passer les messages.

À noter : cet article bénéficie désormais d’une version audio.
Merci à Sualtam, auteur de lectureaudio.fr pour cette contribution active.

1) Tu ne consultes pas une page Internet, tu la copies

Toute ressemblance avec les métaphores de Terry Pratchett n'est que pure admiration de ma part ;)
Toute ressemblance avec les métaphores de Terry Pratchett n’est que pure admiration de ma part ;)

Un site web, c’est pas une espèce de journal qu’on aurait mis dans le pays magique d’internet pour que ton navigateur aille le consulter comme tu consulterais le quotidien de ton jour de naissance à la médiathèque du coin.

Pour voir une page web, ton navigateur la copie sur ton ordi. Les textes, les images, les sons : tout ce que tu vois ou entends sur ton écran a été copié sur ton ordinateur (vilain pirate !)

Un ordinateur est un photocopieur dont la trieuse serait une méga fourmilière qui peut faire plein de trucs. La bonne nouvelle, c’est que copier permet de multiplier, que ça ne vole rien à personne, parce que si je te copie un fichier tu l’as toujours.

2) Mon navigateur web ne cuisine pas la même page web que le tien.

Sérieux, imagine qu’une page web, c’est une recette de cuisine :

Mettez un titre en gros, en gris et en gras.

Réduisez l’image afin qu’elle fasse un quart de la colonne d’affichage, réservez.

Placez le texte, agrémenté d’une jolie police, aligné à gauche, puis l’image à droite.

Servez chaud.

Le navigateur web (Firefox, Chrome, Safari, Internet Explorer…), c’est le cuisinier. Il va télécharger les ingrédients, et suivre la recette. T’as déjà vu quand on donne la même recette avec les mêmes ingrédients à 4 cuisiniers différents ? Ben ouais, c’est comme dans Top Chef, ça fait 4 plats qui sont pas vraiment pareils.

Surtout quand les assiettes ne sont pas de la même taille (genre l’écran de ton téléphone et celui de ton ordi…) et que pour cuire l’un utilise le four et l’autre un micro-ondes (je te laisse trouver une correspondance métaphorique dans ton esprit, tu peux y arriver, je crois en toi :p !).

Bref : l’article que tu lis aura peu de chance d’avoir la même gueule pour toi et la personne à qui tu le feras passer 😉

  • Préfère Firefox si t’as pas envie de filer tes données à Google-Chrome, Apple-Safari ou Microsoft-Edge
  • Ou sinon Chromium c’est Chrome sans du Google dedans 😉

3) Le streaming n’existe pas

Nope. Le streaming, c’est du téléchargement qui s’efface au fur et à mesure. Parce qu’un ordinateur est une machine à copier.

Le streaming, c’est du téléchargement que tu ne peux (ou ne sais) pas récupérer, donc tu downloades une vidéo ou un son mais juste pour une seule fois, et si tu veux en profiter à nouveau, il faut encore les télécharger et donc encombrer les tuyaux d’internet.

Tu vois les précieux mégas du forfait data de ton téléphone qui te ruinent chaque mois ? Ce sont des textes, images sons, vidéos et informations qui viennent jusqu’à ton ordi (ordinateur ou ordiphone, hein, c’est pareil). La taille de ces mégas, c’est un peu les litres d’eau que tu récupères au robinet d’internet.

Regarder ou écouter deux fois le même truc en streaming, sur YouTube ou Soundcloud par exemple, c’est comme si tu prenais deux fois le même verre d’eau au robinet.

Le streaming (allégorie).
Le streaming (allégorie).

4) Quand tu regardes une page web, elle te regarde aussi.

Mon livre ne me dit pas de le sortir du tiroir de la table de nuit. Il ne sait pas où je suis lorsque je le lis, quand je m’arrête, quand je saute des pages ni vers quel chapitre, quand je le quitte et si c’est pour aller lire un autre livre.

Sur Internet, les tuyaux vont dans les deux sens. Une page web sait déjà plein de choses sur toi juste lorsque tu cliques dessus et la vois s’afficher. Elle sait où tu te trouves, parce qu’elle connaît l’adresse de la box internet à laquelle tu t’es connecté. Elle sait combien de temps tu restes. Quand est-ce que tu cliques sur une autre page du même site. Quand et où tu t’en vas.

Netflix, par exemple, est une application web, donc un site web hyper complexe, genre QI d’intello plus plus plus. Netflix sait quel type de film tu préfères voir lors de tes soirées d’insomnie. À partir de quel épisode tu accroches vraiment à la saison d’une série. Ils doivent même pouvoir déterminer quand tu fais ta pause pipi !

Ouaip : Internet te regarde juste pour pouvoir fonctionner, et souvent plus. Ne t’y trompe pas : il prend des notes sur toi.

5) Pas besoin d’un compte Facebook/Google/etc pour qu’ils aient un dossier sur toi.

Dès qu'on te parle de "service personnalisé" c'est qu'on te vend ça -_-...
Dès qu’on te parle de « service personnalisé » c’est qu’on te vend ça -_-…

Si Internet peut te regarder, ceux qui y gagnent le plus d’argent ont les moyens d’en profiter (logique : ils peuvent se payer les meilleurs spécialistes !)

Tu vois le petit bouton « like » (ou « tweet » ou « +1 » ou…) sur tous les articles web que tu lis ? Ces petits boutons sont des espions, des trous de serrures. Ils donnent à Facebook (ou Twitter ou Google ou…) toutes les infos sur toi dont on parlait juste au dessus. Si tu n’as pas de compte, qu’ils n’ont pas ton nom, ils mettront cela sur l’adresse de ta machine. Le pire, c’est que cela fonctionne aussi avec des choses que tu vois moins (les polices d’écriture fournies par Google et très utilisées par les sites, les framework javascript, les vidéos YouTube incrustées sur un blog…)

Une immense majorité de sites utilisent aussi « Google Analytics » pour analyser tes comportements et mieux savoir quelles pages web marchent bien et comment. Mais du coup, ces infos ne sont pas données qu’à la personne qui a fait le site web : Google les récupère au passage. Là où ça devient marrant, c’est quand on se demande qui décide qu’un site marche « bien » ? C’est quoi ce « bien » ? C’est bien pour qui…?

Oui : avec le blog rank comme avec la YouTube money, Google décide souvent de comment nous devons créer nos contenus.

6) Un email est une carte postale

On a tendance à comparer les emails (et les SMS) à des lettres, le truc sous enveloppe. Sauf que non : c’est une carte postale. Tout le monde (la poste, le centre de tri, ceux qui gèrent le train ou l’avion, l’autre centre de tri, le facteur…), tous ces gens peuvent lire ton message. J’ai même des pros qui me disent que c’est carrément un poster affiché sur tous les murs de ces intermédiaires, puisque pour transiter par leurs ordis, ton email se… copie. Oui, même si c’est une photo de tes parties intimes…

Si tu veux une enveloppe, il faut chiffrer tes emails (ou tes sms).

Gamin, j’adorais déchiffrer les messages codés dans la page jeux du journal de Mickey. Y’avait une phrase faite d’étoiles, carrés, et autre symboles, et je devais deviner que l’étoile c’est la lettre A, le cœur la lettre B, etc. Lorsque j’avais trouvé toutes les correspondances c’était le sésame magique : j’avais trouvé la clé pour déchiffrer la phrase dans la mystérieuse bulle de Mickey.

Imagine la même chose version calculatrice boostée aux amphètes. C’est ça, le chiffrement. Une petit logiciel prend ton email/SMS, applique la clé des correspondances bizarres pour le chiffrer en un brouillard de symboles, et l’envoie à ton pote. Comme vos logiciels se sont déjà échangé les clés, ton pote peut le déchiffrer. Mais comme il est le seul à avoir la clé, lui seul peut le déchiffrer.

Ben ça, ça te fait une enveloppe en plomb que même le regard laser de Superman il peut pas passer au travers pour lire ta lettre.

7) Le cloud, c’est l’ordinateur d’un autre.

Image de nos ami-e-s de la FSFe
Image de nos ami-e-s de la FSFe

Mettre sur le cloud ses fichiers (icloud), ses emails (gmail), ses outils (Office365)… c’est les mettre sur l’ordinateur d’Apple, de Google, de Microsoft.

Alors OK, on parle pas d’un petit PC qui prend la poussière, hein. On parle d’une grosse ferme de serveurs, de milliers d’ordinateurs qui chauffent tellement que des climatiseurs tournent à fond.

Mais c’est le même principe : un serveur, c’est un ordinateur-serviteur en mode Igor, qui est tout le temps allumé, qu’on a enchaîné au plus gros tuyau internet possible. Dès qu’on lui demande une page web, un fichier, un email, une application… on le fouette et il doit répondre au plus vite « Ouiiiiii, Mestre ! »

Tout le truc est de savoir si tu fais confiance aux Igors de savants fous dont le but est de devenir les plus riches et les maîtres du monde, ou au petit Igor du gentil nerd du coin… Voire si tu te paierais pas le luxe d’avoir ton propre Igor, ton propre serveur à la maison.

 

8) Facebook est plus fort que ma volonté.

Moi, après quelques minutes de Facebook (allégorie.)
Moi, après quelques minutes de Facebook (allégorie.)

Ouais, je suis faible. J’ai, encore aujourd’hui, le réflexe « je clique sur facebook entre deux trucs à faire ». Ou Twitter. Ou Tumblr. Ou l’autre truc à la con, OSEF, c’est pareil.

Cinq minutes plus tard, je finis dans état de semi zombie, à scroller de la mollette en voyant mon mur défiler des informations devant mes yeux hypnotisés. Je finis par faire ce qu’on attend de moi : cliquer sur un titre putassier, liker, retwetter une notification et répondre à des trucs dont je n’aurais rien à foutre si une vague connaissance venait m’en parler dans un bar.

Ce n’est pas que je manque de volonté : c’est juste que Facebook (et ses collègues de bureau) m’ont bien étudié. Enfin, ils ont plus étudié l’humain que moi, mais pas de bol : j’en fais partie. Du coup ils ont construit leurs sites, leurs applications, etc. de façon à me piéger, à ce que je reste là (afin de bouffer leur pub), et à ce que j’y retourne.

Ces techniques de design qui hackent notre esprit (genre le « scroll infini », le « bandit manchot des notifications » et les « titres clickbait » dont je parle juste au dessus) sont volontaires, étudiées et documentées. Elles utilisent simplement des failles de notre esprit (subconscient, inconscient, biais cognitifs… je laisse les scientifiques définir tout cela) qui court-circuitent nos volontés. Ce n’est pas en croyant qu’on est maître de soi-même qu’on l’est vraiment. C’est souvent le contraire : le code fait la loi jusque dans nos esprits.

Bref, je suis faible, parce que je suis humain, et donc je suis pas le seul. Et ça, les géants du web l’ont bien compris.

9) Internet est ce que j’en ferai

Juste fais-le.
Juste fais-le.

Si je veux voir d’autres choses dans ma vie numérique, j’ai le choix : attendre que les autres le fassent jusqu’à ce que des toiles d’araignées collent mes phalanges aux touches de mon clavier, en mode squelette… ou bien je peux bouger mes doigts.

Alors ouais, j’ai pas appris à conduire en vingt heures de cours, j’ai raté plein de gâteaux avant de m’acheter les bons ustensiles et la première écharpe que j’ai faite avait pleins de trous. Mais aujourd’hui, je sais conduire, faire des pâtisseries pas dégueu et même me tricoter un pull.

Ben créer et diffuser des contenus sur Internet, c’est pareil, ça s’apprend. On trouve même facilement les infos et les outils sur Internet (dont des cours de tricot !).

Une fois qu’on sait, on peut proposer autre chose : c’est la mode des articles courts, creux et aux titres putassiers ? Tiens, et si je gardais le coup du titre pour faire un top, mais cette fois-ci dans un article blog long, dense, et condensant une tonne de sujets épars…?

Oh, wait.

10) C’est pas la fin du monde, juste le début.

Quand on voit à quel point on a perdu la maîtrise de l’informatique, de nos vies numériques, de notre capacité à simplement imaginer comment on pourrait faire autrement… y’a de quoi déprimer.

Mais avant que tu demandes à ce qu’on t’apporte une corde, une pierre et une rivière, regarde juste un truc : le numérique est une révolution toute jeune dans notre Histoire. C’est comme quand tu découvres le chocolat, le maquillage, ou une fucking nouvelle série qui déboîte : tu t’en fous plein la gueule.

Sociétalement, on vient de se gaver d’ordinateurs (jusqu’à en mettre dans nos poches, ouais, de vrais ordis avec option téléphone !) et de numérique, et là les plus gros marchands de chocolat/maquillage/séries se sont gavés sur notre dos en nous fourguant un truc sucré, gras et qui nous laisse parfois l’estomac au bord des lèvres.

Mais on commence tout juste, et il est encore temps d’apprendre à devenir gourmet, à savoir se maquiller avec finesse, et même à écrire une fan fiction autour de cette nouvelle série.

Il est temps de revenir vers une informatique-amie, à échelle humaine, vers un outil que l’on maîtrise nous ! (et pas l’inverse, parce que moi j’aime pas que mon lave-linge me donne des ordres, nanmého !)

Des gens plus intelligents et spécialistes que moi m’ont dit qu’avec le trio « logiciel libres + chiffrement + services décentralisés », on tenait une bonne piste. J’ai tendance à les croire, et si ça te botte, tu peux venir explorer cette voie avec nous. Cela ne nous empêchera pas d’en cheminer d’autres, ensemble et en même temps, car nous avons un vaste territoire à découvrir.

Alors, t’es prêt pour la terra incognita ?

Allez, viens, on va explorer le monde des possibles !
Allez, viens, on va explorer le monde des possibles !




À qui iront les clés de la ://Surveillance ?

Parmi les interrogations nombreuses et inquiètes qui ont accompagné l’élection du nouveau président des USA, nous retenons aujourd’hui la question de la maîtrise des armes les plus dangereuses dont va disposer l’exécutif. On pense bien sûr à l’arme nucléaire et au danger de son usage inconsidéré, mais une actualité tout aussi préoccupante nous invite à nous demander avec Cory Doctorow quelles conséquences la machine industrielle de la surveillance étatique peut avoir sur nos libertés, si elle tombe aux mains de… [mettre ici le nom de toute personnalité politique dont on peut redouter l’autoritarisme].

Cory Doctorow, qui est Canadien, réagit ici à la situation nord-américaine, mais la surveillance étatique est planétaire et nous sommes en France assez lourdement pourvus en outils de surveillance générale pour éprouver quelques inquiétudes : que deviendront par exemple le fichier TES (voir ce billet de Korben) et l’état d’urgence indéfiniment prolongé que veut imposer M. Cazeneuve si un gouvernement autoritaire accède au pouvoir bientôt ?

Au risque réel Doctorow répond par la nécessité de lutter avec nos armes, celles d’Internet. Cela suffira-t-il ?

On a donné à un cinglé les clés de la surveillance d’État

par Cory Doctorow

Article original A madman has been given the keys to the surveillance state

Traduction Framalang : Goofy, Framasky, Diane

Cory Doctorow CC-BY-SA J onathan Worth
Cory Doctorow par Jonathan Worth (CC-BY-SA)

Quand le Patriot Act a été promulgué aux USA le 26 octobre 2001, il a fait disparaître un grand nombre des contrepouvoirs vitaux qui s’interposaient entre le peuple américain et son gouvernement. Alors que les partisans de Bush applaudissaient le pouvoir sans précédent que leurs représentants à Washington détenaient désormais, les militants des libertés civiles les avertissaient : « Votre président vient de créer une arme qui sera utilisée par tous ceux qui le suivront ».

Lorsque les démocrates ont pris la Maison-Blanche en 2008, les Américains de droite ont tardé à se rendre compte qu’une nouvelle administration qui ne s’appuyait pas sur eux pour exercer son pouvoir avait la possibilité de surveiller tous leurs mouvements, pouvait pister toutes leurs communications, pouvait les soumettre à une détention sans mandat dans des « zones frontalières » qui couvraient la majeure partie de la population américaine, pouvaient saisir leurs biens sans les accuser d’aucun crime, et ils ont commencé à s’inquiéter sérieusement.

Lorsque l’administration Obama a doublé le programme Bush de surveillance de masse, en lui ajoutant de lois secrètes et une liste d’Américains et d’étrangers qui pourraient être carrément assassinés en toute impunité n’importe où dans le monde, ses partisans démocrates n’ont pas accepté d’entendre la moindre critique. Obama était un politicien expérimenté, le père tranquille de l’Amérique, un type avec tant d’équanimité qu’il avait besoin d’un interprète pour traduire sa colère. Il n’allait pas abuser de cette autorité.

Les sept années de G.W. Bush après le 11 Septembre nous ont donné les bases d’un État de surveillance auquel il manquait un fou dangereux pour devenir totalitaire. Ensuite, huit ans après la mise en œuvre concrète de cet État de surveillance, Obama a indiqué aux administrateurs compétents et aux divers intervenants — police locale, partenaires internationaux, entrepreneurs militaires et industriels avec de gros budgets de lobbying — que cette surveillance doit se maintenir indéfiniment.

Aujourd’hui, c’est à un cinglé qu’on a donné le contrôle d’un arsenal de surveillance qui inclut l’autorité légale pour nous espionner tous, tout le temps ; des offres commerciales des monopoles des télécoms qui transforment les dépenses d’un gouvernement impopulaire en affaires rentables avec de l’argent comptant qui servira au lobbying pour élargir leur clientèle ; et un stock de vulnérabilités technologiques mortelles dans les outils dont nous dépendons, que l’Amérique a transformés en armes pour attaquer ses ennemis, même si cela implique de laisser les Américains sans défense contre les criminels, les harceleurs nihilistes, l’espionnage d’États étrangers et l’espionnage industriel.

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image : http://www.trumpshair.com/

Le Royaume-Uni est sur le point d’adopter une loi de surveillance qui éclipse tous les pouvoirs de surveillance de Bush et Obama. Le cyber-arsenal que Theresa May veut déchaîner sur le monde ne permettra pas seulement de vous pister en temps réel avec un degré d’intrusion qui ne peut pas être surestimé, il va également amasser des stocks énormes de données de ce suivi qui seront inévitablement fuitées, à la fois publiquement — pensez au piratage de Sony — et en privé, ce que nous découvrirons seulement des années après les faits, quand nous verrons que des escrocs minables ont exploité nos moments de chagrin et de détresse les plus privés pour en faire leur profit.

Le dernier gouvernement canadien a adopté un projet de loi de surveillance qu’on pourrait facilement qualifier de fanfiction du Patriot Act. Le gouvernement actuel — dirigé par un homme charismatique auquel beaucoup font confiance pour prendre les bonnes décisions — a voté pour elle, parce que ses membres ne voulaient pas être considérés comme « mous sur le terrorisme » à la veille de l’élection, mais ils ont promis de régler la question plus tard. Jusqu’à présent, ils n’ont strictement rien fait du tout, et ils n’ont pas de feuille de route pour faire quoi que ce soit qui pourrait transformer cette épée en un soc de charrue(1). Ce qui est particulier avec les pouvoirs que donne la surveillance, c’est qu’ils sont terriblement jouissifs. Une fois que vous en disposez, ils sont si pratiques qu’il est très difficile de les jeter dans les poubelles de l’Histoire.

Le gouvernement allemand de Mme Merkel — elle-même est hantée par ses souvenirs personnels d’enfance sous la surveillance intrusive des espions de la Stasi — a été scandalisé d’apprendre que le gouvernement des USA enregistrait les conversations téléphoniques de la Chancelière elle-même. Mais en fin de compte, Merkel a conclu un accord entre ses espions et leurs homologues américains et elle a officialisé le complexe industriel de surveillance. L’Allemagne est maintenant à deux doigts d’un gouvernement néo-nazi d’extrême-droite qui pourrait s’installer au milieu de la toile que Merkel a permis à ses services secrets de tisser dans tous les coins de son pays.

Après les terribles attaques de Paris, François Hollande a renié sa promesse de démantèlement de la surveillance française. Il l’a plutôt radicalement étendue, créant une arme immortelle et pluripotente pour espionner et contrôler le peuple français. Hollande est sur le point de perdre le contrôle du gouvernement français au bénéfice des néofascistes de Marine Le Pen, cheffe héréditaire d’une tribu de racistes vicieux et autoritaires.

Les mouvements politiques vont et viennent, mais les autorités institutionnelles demeurent. Les militants des partis ont offert une couverture politique à leurs leaders pendant qu’ils créaient tranquillement les conditions du fascisme clé en mains. Maintenant nous sommes à un clic du totalitarisme.

Il n’est pas trop tard.

Démanteler la surveillance d’État ne sera pas facile mais les choses importantes le sont rarement. Des organisations comme l’EFF (USA), Openmedia (Canada), la Quadrature du Net (France) et l’Open Rights Group ont mené cette bataille depuis des années, longtemps avant que la plupart d’entre nous ne prenne conscience du danger. Leur temps est maintenant : le moment où le danger est visible mais que le mal n’est pas irréversible. C’est le moment où jamais.

Les quatre ans à venir apporteront des batailles bien plus urgentes que l’avenir d’Internet : des batailles sur le droit des femmes à disposer de leur corps ; sur les meurtres racistes de la police et l’incarcération de masse, sur les déportations de masse et les camps de concentration ; sur la discrimination selon le genre et l’homophobie ; sur l’accès aux premières nécessités, depuis l’alimentation jusqu’au logement, en passant par la couverture maladie.

Chacune de ces batailles sera gagnée ou perdue en utilisant Internet.

Nous manquons de munitions, de forces vives, nous sommes trop peu nombreux et n’avons pas de plan, mais nous pouvons tout de même gagner. Internet donne l’avantage à la guerre asymétrique, là où le pouvoir brut et l’argent peuvent être contrés par des tactiques novatrices et une opposition agile.

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Tor, Signal,l’identification à 2 facteurs, un VPN… des armes pour s’opposer à Trump ?

 

S’il nous faut remporter la victoire dans la lutte pour les droits humains et la dignité humaine, nous devons avoir pour arme un Internet libre, ouvert et équitable. Ça commence maintenant. Ça commence avec la prise de conscience suivante : nous ne pouvons pas nous permettre de créer des armes et des pouvoirs juste pour « notre camp » en croyant que l’autre camp, celui des « méchants », ne voudra pas s’en emparer. Nous avons chargé un fusil et l’avons mis entre les mains d’un cinglé. Engageons-nous à ne plus jamais le faire.

Nous continuons le combat.

 

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Note

(1) Dans la Bible, « De leurs glaives ils forgeront des houes, Et de leurs lances des serpes … » (Ésaïe 2:4). L’idée est bien sûr de convertir les armes de la guerre en outils pour la paix.




Des routes et des ponts (8) – ce qui motive les contributeurs

Participer à l’open source est souvent une activité bénévole donc non rémunérée mais qui peut parfois devenir chronophage et difficilement compatible avec une autre activité ou un emploi. Nadia Eghbal, dans ce nouveau chapitre nous donne à voir aujourd’hui les trois motivations principales des contributeurs de l’open source.

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Image de Cécile Delannoy, Photo Philippe Boubovska CC-BY 2.0

Pourquoi les gens continuent-ils de contribuer à ces projets, alors qu’ils ne sont pas payés pour cela ?

Traduction Framalang : Adélie, goofy, xi, woof, Diane, Asta, Rozmador, Lumibd, Piup, teromene, mika, lyn. et deux anonymes
De nombreuses infrastructures numériques sont entretenues par des contributeurs individuels ou par une communauté de contributeurs. Dans la plupart des cas, ces contributeurs ne sont pas directement rémunérés pour ce travail. En réalité, ils contribuent pour des raisons propres aux communautés open source, pour se construire une réputation, par exemple, ou dans un esprit de service public. Ce chapitre explorera certaines de ces motivations plus en détail.

Contribuer à l’open source pour se construire une réputation.

Se construire une réputation est peut-être la motivation la plus concrète pour contribuer à un projet open source. Pour les développeurs, rédacteurs techniques et autres, ces projets sont une occasion de faire leurs preuves en public, et leur offrent une chance de participer à quelque chose de grand et d’utile.
Dans le cadre d’un programme appelé Google Summer of Code (l’été du code de Google), Google propose des bourses d’été à des étudiants développeurs pour qu’ils contribuent à des projets open source populaires. Le programme fonctionne bien, parce que les développeurs sont des étudiants, novices dans le domaine de l’informatique et avides de démontrer leurs talents.
Les développeurs, en particulier, tirent profit de leurs expériences de contribution à l’open source pour se constituer un portfolio. De plus, en contribuant à des projets populaires dotés de communautés actives, un développeur a des chances de se construire une réputation en devenant « connu ».

GitHub, site web déjà cité, est une plateforme populaire pour l’élaboration collaborative de code. Quand un développeur contribue à un projet public de logiciel, ses contributions apparaissent sur son profil. Le profil GitHub d’un développeur peut faire office de portfolio pour des sociétés de logiciels, mais seules les contributions effectuées pour des projets publics (c’est-à-dire open source) sont visibles par tous.

Cependant, les motivations basées sur la réputation ne sont pas dénuées de risques, surtout parmi les jeunes développeurs. Un développeur dont la carrière est encore naissante peut contribuer à un projet open source dans le seul but de trouver un employeur, puis arrêter de contribuer une fois cet objectif atteint. De plus, un développeur cherchant uniquement à se construire un portfolio risque de proposer des contributions de moindre qualité, qui ne seront pas acceptées et qui pourront même ralentir le processus de développement du projet. Enfin, si le but d’une contribution publique de la part d’un développeur est de se construire une réputation, alors ce développeur sera tenté de contribuer uniquement aux projets les plus populaires et attractifs (une extension du « syndrome de la pie » déjà évoqué), et de ce fait, les projets plus anciens auront du mal à trouver de nouveaux contributeurs.

Le projet est devenu très populaire de manière inattendue, et son développeur se sent obligé d’en assurer le suivi.

Des entreprises, des particuliers ou des organisations peuvent devenir dépendants d’un projet open source populaire. En d’autres termes, le code est utilisé dans des logiciels opérationnels, écrits et déployés par d’autres, ces logiciels peuvent servir pour un tas de choses : achats en ligne ou soins médicaux. En raison de la complexité du réseau de dépendances (dont beaucoup ne sont même pas connues de l’auteur du projet, puisqu’il ne peut pas savoir exactement qui utilise son code), la personne qui maintient le projet peut se sentir moralement obligée de continuer à l’entretenir.
Arash Payan, le développeur d’Appirater mentionné au début de ce rapport, a publié son projet en 2009. Au sujet de sa décision de continuer à maintenir le projet, il déclare :

« Ce n’est pas quelque chose de très excitant, mais il y a tellement de gens qui utilisent le projet (qui en dépendent, même ?) pour leurs applications, que je me sens obligé d’en prendre soin correctement. Personnellement, j’ai quitté iOS, donc maintenir une bibliothèque iOS n’est pas exactement la première chose que je veux faire de mon temps libre. »

Payan estime que maintenir le projet à jour lui prend 1 à 2 heures par mois maximum, donc cela ne le dérange pas.
Mais certains projets devenus populaires de façon inattendue prennent plus de temps à maintenir. Andrey Petrov est un développeur indépendant qui a écrit une bibliothèque Python appelée urllib3. Sa publication en 2008 fut une avancée majeure pour la bibliothèque standard déjà existante, et elle est devenue populaire parmi les développeurs Python. Aujourd’hui, tous les utilisateurs de Python en dépendent.
Andrey a rendu le projet open source dans l’espoir que d’autres gens soutiendraient son développement et sa maintenance. Il est développeur indépendant ; bien qu’il apprécie de maintenir urllib3, il ne peut s’en occuper que pendant son temps libre puisqu’il n’est pas payé pour ce travail. Cory Benfield, qui est employé par la Hewlett Packard Enterprise pour aider à maintenir des bibliothèques Python d’importance critique (que HPE utilise et dont HPE dépend), est désormais affecté à la maintenance de urllib3 dans le cadre de son travail ; cela a allégé la charge de travail d’Andrey.

Le projet est une passion plus qu’un travail

Eric Holsher est l’un des créateurs de Read the Docs, une plateforme qui héberge de la documentation sur des logiciels. La documentation est l’équivalent d’un mode d’emploi. De même qu’on a besoin d’un mode d’emploi pour monter un meuble, un développeur a besoin de documentation pour savoir comment implémenter un projet. Sans la documentation adéquate, il serait difficile pour un développeur de savoir par où commencer.
Read the Docs fournit de la documentation pour 18 000 logiciels, y compris pour des entreprises clientes, et compte plus de 15 millions de pages consultées chaque mois.
Bien qu’il génère des revenus grâce à de grosses sociétés clientes, le projet Read the Docs est toujours majoritairement financé par les dons de ses utilisateurs. Le coût des serveurs est quant à lui couvert grâce au mécénat de l’entreprise Rackspace.
Eric et son cofondateur, Anthony Johnson, s’occupent de la maintenance du projet et n’en tirent pas de revenus réguliers bien qu’ils s’y consacrent à temps plein. Une subvention ponctuelle de 48 000 $ de la Fondation Mozilla, reçue en décembre 2015, les aidera à court terme à couvrir leurs salaires. Ils expérimentent actuellement un modèle publicitaire (qui ne piste pas ses utilisateurs) qui rendrait le modèle viable.
Eric remarque que la difficulté ne réside pas uniquement dans le travail de développement, mais aussi dans les fonctions extérieures au code, comme le support client, qui nécessite qu’un mainteneur soit d’astreinte chaque week-end en cas de problème. Pour expliquer pourquoi il continuait de maintenir le projet, Eric l’a qualifié de « travail-passion ».

« Soit les humains sont irrationnels, soit ils ne sont pas intéressés seulement par l’argent. Il y a clairement une autre motivation pour moi dans ce cas. C’est un travail-passion. Si je le voulais, je pourrais clore ce projet demain et ne plus jamais y revenir, mais je travaille dessus depuis 5 ans et je n’ai aucune envie que ça se termine. »

Eric est motivé pour travailler sur Read the Docs parce qu’il perçoit la valeur que cela crée pour les autres. Pour beaucoup de mainteneurs de projets, cet impact sur autrui est la première motivation, parce qu’ils peuvent directement constater l’effet positif que leur travail a sur la vie d’autres personnes. En ce sens, l’open source a beaucoup de points communs avec le secteur à but non-lucratif. Cependant, tout comme dans le secteur à but non-lucratif, cette mentalité de « travail-passion » peut augmenter la difficulté qu’ont les communautés open source à aborder le sujet qui fâche : comment pérenniser des projets qui nécessitent davantage de ressources et d’attention que ce que les contributeurs actuels peuvent fournir ?




Si Google vous ignore, votre projet est en péril

L’affaire a eu un certain retentissement : une entreprise qui propose du courrier électronique chiffré à ses clients et dont la croissance commence à faire de l’ombre à Gmail disparaît subitement des écrans de radar, ou plutôt des premières pages de la recherche Google, ce qui met en danger son modèle économique.

Aujourd’hui tout est réparé, mais cet épisode illustre une fois de plus le pouvoir de nuisance de Google dans la recherche sur Internet, qui est désormais un tentacule parmi d’autres de la pieuvre Alphabet.

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Remerciements particuliers au graphiste James Belkevitz de Glasgow pour cette image

Traduction Framalang : Penguin, goofy, Asta, Rozmador, Lumibd, KoS, xi
Article original sur le site de ProtonMail : Search Risk – How Google Almost Killed ProtonMail

Le risque de la recherche — Comment Google a bien failli faire disparaître ProtonMail

par Andy Yen

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Andy est un cofondateur de ProtonMail

Ces deux derniers mois, nombre d’entre vous nous ont contactés pour en savoir plus sur le mystérieux tweet que nous avons envoyé à Google en août. Chez ProtonMail, la transparence est une valeur fondamentale, et nous essayons d’être aussi transparents envers notre communauté que possible. Comme beaucoup de gens continuent à nous poser des questions, nous devons être plus transparents à ce sujet pour éviter toute confusion et spéculation. C’est pourquoi nous racontons toute l’affaire aujourd’hui pour clarifier ce qui est arrivé.

Que s’est-il passé ?

Pour faire court, depuis un an Google ne faisait pas apparaître ProtonMail dans les résultats de recherche (NdT : en langue anglaise) sur les requêtes telles que secure email (e-mail sécurisé) et encrypted email (e-mail chiffré). C’était très suspect car ProtonMail a longtemps été le plus important fournisseur de messagerie chiffrée au monde.

Lorsque la version bêta de ProtonMail a été lancée en mai 2014, notre communauté a rapidement grandi tandis que des gens du monde entier se sont réunis et nous ont soutenu dans notre mission de protection de la vie privée à l’ère numérique. Notre campagne de financement collaboratif a battu tous les records en récoltant plus d’un demi-million de dollars des donateurs et nous a fourni les ressources nécessaires afin d’être compétitifs, même contre les plus gros mastodontes du secteur de l’e-mail.

À l’été 2015, ProtonMail avait passé la barre du demi-million d’utilisateurs et était le service sécurisé de courriels le plus connu au monde. ProtonMail était aussi bien classé à l’époque dans les résultats de recherche de Google, sur la première ou la deuxième page pour la plupart des requêtes comme secure email et encrypted email. Pourtant, à la fin du mois d’octobre 2015, la situation avait complètement changé, et ProtonMail n’apparaissait mystérieusement plus dans les résultats de recherche pour nos deux mots-clefs principaux.

Entre le début de l’été et l’automne 2015, ProtonMail a, il faut le souligner, connu beaucoup de changements. Nous avons lancé ProtonMail 2.0, sommes passés complètement en open source, nous avons lancé des applications mobiles en bêta, et nous avons mis à jour notre site, remplaçant notre ancien domaine de premier niveau .ch par .com, plus connu. Nous avons aussi doublé en taille, atteignant près d’un million d’utilisateurs à l’automne. Tous ces changements auraient dû amélioré le classement de ProtonMail dans les résultats de recherche puisque nous offrions une solution de plus en plus pertinente pour davantage d’utilisateurs.

En novembre 2015, nous nous sommes aperçu du problème et avons consulté un certain nombre d’experts en référencement reconnus. Aucun d’entre eux ne pouvait comprendre le problème, en particulier parce que ProtonMail n’a jamais utilisé de tactiques déloyales de référencement, et que nous n’avons jamais observé l’utilisation de ces mêmes techniques contre nous. Mystérieusement, le problème était entièrement restreint à Google, puisque cette anomalie n’était constatée pour aucun autre moteur de recherche. Ci-dessous, le classement dans les résultats de recherche de ProtonMail pour les mots-clefs secure email et encrypted email au début du mois d’août 2016 pour les principaux moteurs de recherche. Nous apparaissons sur la première ou la deuxième page partout sauf pour Google où nous n’apparaissons pas du tout.

protonmail_seo_rank_augustTout au long du printemps 2016, nous avons tenté activement d’établir le contact avec Google. Nous avons créé deux tickets sur leur formulaire de signalement de spam où nous expliquions la situation. Nous avons même contacté le président des Relations Stratégiques EMOA chez Google, mais n’avons ni reçu de réponse ni constaté d’amélioration. Vers cette époque, nous avons aussi entendu parler de l’action liée au droit de la concurrence engagée par la Commission Européenne contre Google, accusant Google d’abuser de son monopole sur les recherches pour abaisser le classement de ses concurrents. Il s’agissait d’une nouvelle inquiétante, car en tant que service de courriels qui valorise d’abord la vie privée des utilisateurs, nous sommes la première alternative à Gmail pour les personnes qui souhaitent que leurs données personnelles restent confidentielles.

En août, à défaut d’autre solution, nous nous sommes tournés vers Twitter pour exposer notre problème. Cette fois, nous avons enfin eu une réponse, en grande partie grâce aux centaines d’utilisateurs de ProtonMail qui ont attiré l’attention sur notre situation et l’ont rendue impossible à ignorer. Quelques jours plus tard, Google nous a informés qu’ils avaient « réparé quelque chose » sans fournir plus de détails. Les résultats ont été visibles immédiatement.

google_protonmail_search_risk

Classement dans les résultats de recherche Google de ProtonMail pour Encrypted Email

Dans le graphique ci-dessus, l’axe des abscisses représente le temps et l’axe des ordonnées le classement dans les résultats (les nombres les plus bas sont les meilleurs). Les dates pour lesquelles il n’y a pas de point correspondent à des moments où nous n’apparaissions pas du tout dans les résultats de Google. Après les quelques changements de Google, le classement de ProtonMail s’est immédiatement rétabli et ProtonMail est maintenant n°1 et n°3 respectivement pour secure email et encrypted email. Sans plus d’explications de la part de Google, nous ne saurons sans doute jamais pourquoi ProtonMail a été déclassé. En tout cas, nous apprécions le fait que Google ait enfin fait quelque chose pour résoudre le problème, nous aurions seulement souhaité qu’ils le fassent plus tôt.

Le risque de la recherche

Cet incident souligne cependant un danger auparavant méconnu que nous appelons maintenant le « Risque de la Recherche ». Le danger est que n’importe quel service comme ProtonMail peut facilement être supprimé par les entreprises qui gèrent les moteurs de recherche, ou le gouvernement qui contrôle ces entreprises. Cela peut même arriver à travers les frontières nationales. Par exemple, même si Google est une société américaine, elle contrôle plus de 90 % du trafic de recherche européen. Dans ce cas précis, Google a directement causé une réduction de la croissance mondiale de ProtonMail de plus de 25 % pendant plus de dix mois.

Cela signifiait que les revenus que Protonmail tirait de ses utilisateurs ont été aussi été réduits de 25 %, mettant de la pression financière sur nos activités. Nous sommes passés  de la capacité à  couvrir toutes nos dépenses mensuelles à la nécessité de puiser de l’argent de notre fonds de réserve d’urgence. La perte de revenus et les dommages financiers consécutifs ont été de plusieurs milliers de francs suisses (1 CHF = 1,01 USD), qui ne seront jamais remboursés.

La seule raison pour laquelle nous avons survécu pour raconter cette histoire est que la majeure partie de la croissance de ProtonMail provient du bouche à oreille, et que notre communauté est trop active pour l’ignorer. Bien d’autres entreprises ne seront pas aussi chanceuses. Cet épisode montre que bien que les risques en matière de recherche internet sont sérieux, et nous soutenons donc maintenant la commission européenne : compte tenu de la position hégémonique de Google sur la recherche web, plus de transparence et de surveillance sont indispensables.

Se défendre contre le risque de la recherche

Cet épisode démontre que pour que ProtonMail réussisse, il est important que nous puissions nous développer indépendamment des moteurs de recherche, de sorte qu’il devienne impossible pour n’importe quelle entreprise qui gère la recherche de nous paralyser sans le vouloir. Plus facile à dire qu’à faire, mais voici une liste d’actions que nous pouvons tous mener pour préserver l’avenir de ProtonMail :

  • Parler de ProtonMail à vos amis et votre famille. Vous en tirerez également un autre avantage : le chiffrement automatique de bout en bout lorsque vous leur enverrez un courriel ;
  • Écrire des billets de blog sur ProtonMail et aidez à diffuser le message sur l’importance de la vie privée en ligne ;
  • Passer à un compte payant ou faites un don afin que nous puissions reconstituer plus rapidement notre fonds de réserve d’urgence épuisé ;
  • Aider ProtonMail à atteindre davantage d’utilisateurs à travers les réseaux sociaux. Vous pouvez tweeter ou partager ProtonMail sur Facebook avec les boutons de partage ci-dessous.

Plus nous diffuserons l’idée que la vie privée en ligne est très importante, plus nous rendrons impossible de supprimer ou interdire les services de messagerie chiffrés tels que ProtonMail, ou d’exercer sur eux une pression quelconque. Nous croyons que la vie privée en ligne est essentielle pour un avenir ouvert, démocratique et libre, et quels que soient les obstacles devant nous, nous allons continuer à élaborer les outils nécessaires pour protéger cet avenir. Nous vous remercions de nous soutenir et de rendre cela possible.

Cordialement,
L’équipe ProtonMail




Quand la Toile se déchire…

Vous prendrez bien un peu une petite DDoSe de paranoïa ce matin ? Blague à part, j’avais choisi de ne pas vous proposer la traduction de cet article de Bruce Schneier, lorsqu’il est paru au mois de septembre, en pensant qu’il allait un peu loin dans l’énoncé de la menace : en route vers la cyberguerre, pas moins.

L’épisode récent qui a vu hier « tomber » des sites populaires comme Twitter ou eBay et bien d’autres m’incite à y revenir.

Attention toutefois : cette récente attaque n’a probablement rien à voir avec ce que décrit Schneier (voyez par exemple cet article sur la récente « panne »), et par ailleurs les intuitions ou soupçons de ce spécialiste de la cybersécurité ne sont nullement des preuves : il serait trop « facile » d’accuser des puissances présumées hostiles quand de « simples » négligences, des erreurs humaines ou la zombification d’objets connectés sans sécurité peuvent s’avérer responsables.

L’intérêt de cet article est plutôt de montrer la toile de fond de la Toile, sa fragilité surtout dont nous ne prenons véritablement conscience que lorsqu’elle se déchire brutalement, révélant un bric-à-brac high-tech dont on se demande par quel miracle il ne tombe pas en panne de lui-même plus souvent.

Pas grand-chose à faire, conclut de façon pessimiste Bruce Schneier.

Re-décentraliser Internet, peut-être ?

Quelqu’un est en train d’apprendre à faire tomber Internet

par Bruce Schneier

article original sur son blog : Someone Is Learning How to Take Down the Internet

BruceSchneierByTerryRobinsonDepuis un ou deux ans, quelqu’un a sondé les défenses des entreprises qui font tourner des composantes critiques d’Internet. Ces sondes prennent la forme d’attaques précisément calibrées destinées à déterminer exactement comment ces entreprises peuvent se défendre, et ce qui serait nécessaire pour les faire tomber. Nous ne savons pas qui fait cela, mais ça ressemble à un grand État-nation. La Chine ou la Russie seraient mes premières suppositions.

Tout d’abord, voyons la toile de fond. Si vous voulez vous emparer d’un réseau sur Internet, la meilleure façon de le faire est avec une attaque (DDoS) distribuée par déni de service. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une attaque destinée à empêcher les utilisateurs légitimes d’accéder au site désiré. Ça peut être plus subtil, mais, fondamentalement, cela signifie saturer le site cible de tellement de données qu’il est débordé. Ces attaques ne sont pas nouvelles : les pirates l’utilisent contre des sites qu’ils n’aiment pas, et les criminels l’utilisent comme une méthode d’extorsion. Il y a toute une industrie, avec un arsenal de technologies, consacrée à la défense DDoS. Mais surtout, il est une question de bande passante. Si l’attaquant a un plus gros pipeline pour déverser ses données que le défenseur, c’est l’attaquant qui gagne.

Récemment, quelques-unes des grandes entreprises qui fournissent l’infrastructure de base qui fait fonctionner Internet ont vu une augmentation des attaques DDoS contre elles. De plus, elles ont repéré un certain type d’attaques. Ces attaques sont nettement plus importantes que ce qu’elles sont habituées à voir. Elles durent plus longtemps. Elles sont plus sophistiquées. Et elles ressemblent à des coups de sonde. Une semaine, l’attaque commencera à un niveau particulier d’attaque et progressera lentement avant de cesser. La semaine suivante elle commencera à ce point élevé et continuera. Et ainsi de suite, selon ce même processus, comme si l’attaquant était à la recherche du point exact de fragilité fatale

Les attaques sont également configurées de manière à voir la totalité des défenses de l’entreprise ciblée. Il existe de nombreuses façons de lancer une attaque DDoS. Plus vous utilisez de vecteurs d’attaque simultanément, plus le défenseur doit multiplier ses diverses défenses pour les contrer. Ces entreprises voient davantage d’attaques qui utilisent trois ou quatre vecteurs différents. Cela signifie que les entreprises doivent utiliser tout ce qu’elles ont pour se défendre. Elles ne peuvent pas garder de munitions. Elles sont obligées de démontrer leurs capacités de défense face à l’attaquant.

Il m’est impossible de donner des détails, parce que ces entreprises m’ont parlé sous couvert d’anonymat. Mais tout cela est conforme à ce que Verisign rapporte. Verisign est le registraire pour de nombreux domaines Internet parmi les plus populaires, comme.com et.net. Si Verisign tombe, on assiste à une panne mondiale de tous les sites et adresses électroniques des domaines les plus courants. Chaque trimestre, Verisign publie un rapport sur les tendances DDoS. Bien que sa publication n’ait pas le niveau de détail des propos que m’ont confié des entreprises, les tendances sont les mêmes : « au 2e trimestre 2016, les attaques n’ont cessé de devenir plus fréquentes, persistantes et complexes »

Il y a plus. Une entreprise m’a parlé d’une variété d’attaques par sondage associées aux attaques DDoS : elles consistent à tester la capacité de manipuler des adresses et des itinéraires Internet, voir combien de temps il faut à la défense pour répondre, et ainsi de suite. Quelqu’un est en train de tester en profondeur les capacités défensives de base des sociétés qui fournissent des services Internet critiques.

Qui pourrait faire cela ? Ça ne ressemble pas à ce que ferait un activiste, un criminel ou un chercheur. Le profilage de l’infrastructure de base est une pratique courante dans l’espionnage et la collecte de renseignements. Ce n’est pas ce que font normalement les entreprises. En outre, la taille et l’échelle de ces sondes – et surtout leur persistance – pointe vers les acteurs étatiques. Tout se passe comme si l’armée électronique d’une nation essayait de calibrer ses armes dans l’éventualité d’une cyberguerre. Cela me rappelle le programme de la guerre froide des États-Unis qui consistait à envoyer des avions à haute altitude au-dessus de l’Union soviétique pour forcer son système de défense aérienne à s’activer, et ainsi cartographier ses capacités.

Pouvons-nous y faire quelque chose ? Pas vraiment. Nous ne savons pas d’où viennent les attaques. Les données que je vois suggèrent la Chine, une évaluation partagée par les gens auxquels j’en ai parlé. Mais d’autre part, il est possible de dissimuler le pays d’origine de ces sortes d’attaques. La NSA, qui exerce plus de surveillance sur la colonne vertébrale d’Internet que tout le reste du monde combiné, a probablement une meilleure idée, mais à moins que les États-Unis ne décident d’en faire un incident diplomatique international, on ne nous dira pas à qui l’attribuer.

Mais c’est ce qui se passe. Et ce que les gens devraient savoir.

 

  • Pour aller plus loin, un article en anglais qui reprend et discute des arguments de Bruce Schneier, sans le contredire toutefois.

Photo de Bruce Schneier par Terry Robinson CC BY-SA 2.0

Attaque sournoise
Attaque sournoise




Naissance du collectif CHATONS

Nous l’avions annoncé en février dernier sur le Framablog, nous travaillons depuis quelques mois à faire émerger le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires… bref : les CHATONS.

Le succès de la campagne Dégooglisons Internet a démontré, à l’ère post-Snowden, un intérêt réel du public pour des services web respectueux de vos données et basés sur du logiciel libre. Le problème, c’est que si les « Frama-bidules » deviennent la réponse par défaut à cette demande, alors nous créerons ce que nous combattons : une centralisation des utilisateurs, une concentration des données aussi dangereuse que douteuse.

Or, nous sommes loin d’être les premiers à proposer de telles solutions. Et de nombreuses associations, SCOP, initiatives, etc. sont prêtes à rejoindre un mouvement de décentralisation pour créer des services mutualisés dans un internet de la proximité et de la confiance. De là, il n’y avait qu’un pas à faire pour créer un collectif des hébergeurs proposant de remettre des valeurs et de l’humain dans vos mails, fichiers, partages et collaborations.

Logo du collectif - CC by-sa @GDjeante
Logo du collectif – CC by-sa @GDjeante

Concrètement, que sont les CHATONS ?

Le plus simple, c’est d’aller voir sur le site web chatons.org. Ce site, c’est avant tout une carte vous montrant où sont les hébergeurs de services les plus proches de chez vous, ce qu’ils proposent (du pad, du framadate, du mail etc.) et sous quelles conditions (adhésion, service payant, etc.).

CHATONS, c’est donc un collectif regroupant ces hébergeurs éthiques, libres et loyaux (que l’on nommera… « chatons » !).

L’avantage c’est que chacun de ces chatons s’est engagé sur une charte et un manifeste communs, qui vous garantissent entre autres :

  • l’utilisation de logiciels libres (et autant que possible la contribution ^^) ;
  • aucun profilage publicitaire (pas de pub autre que mécénat et sponsoring) ;
  • le respect de vos données (droit d’accès, interopérabilité, non-transmission à des tiers) ;
  • la transparence (sur la technique comme sur les finances) ;
  • la neutralité (aucune surveillance ni censure en amont) ;
  • le chiffrement (dès et tant que possible).

Au-delà de l’aspect utilisateur, le fait d’initier ce collectif permettra une solidarité entre ses membres pour échanger sur des aspects techniques, juridiques, d’éducation populaire… et ainsi de faciliter la création de nouveaux chatons près de chez vous !

Comme nous l’expliquions en février dernier, les objectifs du collectif sont multiples : rassembler, mutualiser, décentraliser, donner de la visibilité, fédérer, essaimer, partager… Autant dire que l’ambition est grande.

Voyez chaque chaton comme une AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne), sauf qu’au lieu d’un panier de légumes fourni par un agriculteur, il s’agit de services en ligne fournis par un hébergeur de proximité. Et comme avec une AMAP, vous pouvez rencontrer l’agriculteur/hébergeur, et même partager un verre avec lui 🙂

Un début de cartographie des chatons
Un début de cartographie des chatons

La première portée

La première portée compte 21 membres, dont 14 sont déjà actifs. Parmi ces derniers, vous trouverez notamment des chatons ouverts à tous et couvrant la France entière, comme La Mère Zaclys ou L’Autre.net. Mais aussi des chatons plus « locaux » comme Infini (Brest), Assodev-Marsnet (Marseille) ou G3L (Valence). Certains sont des associations, comme Alolise (Saint-Étienne), d’autres des entreprises, comme IndieHosters. Certains sont de taille conséquente, comme Framasoft (qui dépasse le million de visites par mois), et d’autres ne servent qu’un public bien plus restreint comme roflcopter.fr (Toulouse).

Et les 7 autres ? Ils sont tout simplement en gestation !

D’ailleurs, parmi ceux-là, Framasoft va accompagner trois d’entre eux :

  • Le mouvement Colibris, qui est un mouvement humaniste et écologiste, qui souhaite « sortir de Google ». Une sensibilisation des acteurs du mouvement Colibris permettra de toucher une population sensible aux questions du bien commun et du « faire ensemble ».
  • Le collectif « Bertel Numérique », situé sur la lointaine île de la Réunion (lointaine pour nous qui grelottons en métropole ^^), a ceci de particulier qu’il associe la volonté d’un grand réseau d’éducation populaire (les CÉMÉA) et les compétences d’une petite entreprise locale spécialisée dans le logiciel libre. La mission du collectif est bien évidemment de proposer de l’hébergement local (pourquoi faire parcourir 18 000 km à un email si c’est pour écrire à son voisin de bureau ?)
  • La Fédération Française des Motards en Colère est, avouons-le, un (futur) chaton atypique, puisque sa mission semble bien éloignée des questions informatiques ! En fait, la fédération a toujours eu très à cœur la protection de la vie privée de ses adhérent-e-s, mais doutait d’avoir les compétences en interne pour gérer un certain nombre de services. À nous de lui prouver que c’est possible !

Évidemment, tous les chatons en gestation pourront profiter de l’aide des membres du collectif, sur la base du bon vieux principe « Si tu ne sais pas, demande. Si tu sais, partage ». Framasoft prêtera juste une attention particulière à ces trois-là, vous tiendra informés par des billets de blog réguliers indiquant l’avancement de ces projets, sans masquer les inévitables difficultés rencontrées, afin que ces expériences croisées puissent servir à tou-te-s.

Par ailleurs, nous annoncerons régulièrement de nouvelles « portées » sur ce blog, afin que chacun puisse trouver chaton à son pied 🙂

La première portée
La première portée

Des « chapéros » pour fêter ça !

Pour fêter l’événement, plusieurs chatons ont souhaité organiser un (ch)apéro dans leur ville.

Vous pourrez donc retrouver des chatons à :

  • Paris : le mercredi 12 octobre 2016 de 19h00 à 22h30,
  • Lyon : le mercredi 12 octobre 2016 de 19h00 à 21h00,
  • Brest : le vendredi 14 octobre 2016 de 18h30 à 22h00,
  • Marseille : le vendredi 21 octobre 2016 de 18h30 à 22h00.

Comme tout cela est très spontané et mouvant, il est conseillé de se référer directement à l’agenda du libre, avec le tag chatons.

C'est l'heure du chapéro ?
C’est l’heure du chapéro ?

Les CHATONS version 1.0 !

Alors voilà, ce mercredi 12 octobre, nous annonçons donc la naissance des CHATONS. Bien entendu, le projet est encore jeune, et de nombreux CHATONS sont encore en cours de création : c’est un travail sur le long terme avant que d’arriver à avoir un maillage géographique complet ;).

Si vous êtes simple utilisatrice ou utilisateur de services, ne vous attendez donc pas à une révolution aujourd’hui : il s’agit juste de l’annonce officielle du collectif. Ce sont en quelque sorte les premiers mètres d’un marathon qui durera probablement plusieurs années. Ne soyez donc pas frustré-e-s de ne pas trouver LE chaton correspondant à vos besoins. Cela viendra !

Si nous avons appelé de nos vœux la création de ce collectif, Framasoft est et ne restera qu’un chaton parmi les autres : c’est le collectif (et lui seul) qui gérera son fonctionnement et son avenir.

Pour tout vous avouer, nous envisageons ce collectif comme un logiciel libre : c’est une proposition qui évoluera selon les décisions de sa communauté de contributeurs, une espèce de v.1 ouverte aux participations, contributions, échanges…

Chef, je crois que j'ai trouvé le bouton « off » de Google !
Chef, je crois que j’ai trouvé le bouton « off » de Google !

Ainsi, le collectif est géré comme un projet logiciel, en utilisant une liste de diffusion et une plateforme de développement logiciel, sur laquelle sont rédigés et « patchés » les documents fondateurs du collectif. C’est aussi grâce à cet outil que vous pouvez suivre l’évolution des propositions (ou en faire de nouvelles vous-mêmes). Et si vous n’êtes pas satisfait-e de son fonctionnement, vous pourrez tout simplement forker le projet, et monter votre propre collectif ou fédération avec vos règles, sans pour autant devoir repartir de zéro.

Différentes extensions sont d’ores et déjà prévues, comme la fabrication d’un Mooc pour apprendre à maîtriser les différents aspects de la création d’un chaton (enjeux, aspects juridiques, aspects techniques), et bien évidemment une internationalisation. Nos amis québécois de FACiL nous ont déjà rejoints, des chatons belges et suisses devraient apparaître sous peu sur la carte, et d’autres pays se sont montrés intéressés (Espagne, Italie, Pays-Bas, Allemagne, etc.). Mais ne mettons pas les matous avant les chatons : il nous faut déjà sortir de notre panière !

Si nous nous adressions à des informaticien-ne-s, nous pourrions dire qu’aujourd’hui est le premier commit du projet CHATONS, et qu’il comporte nécessairement des bugs, mais que – ensemble – nous le ferons évoluer dans le temps, de version en version, jusqu’à ce qu’il remplisse son objectif : permettre à celles et ceux qui le souhaitent de pouvoir quitter les services centralisateurs.

Membre du collectif CHATONS qui tente sa mise en prod.
Membre du collectif CHATONS qui tente sa mise en prod.

Car pour reprendre ce que nous disions il y a quelques mois, et qui reste toujours valable :

Face à ce mouvement de concentration, qui pourrait bien transformer Internet en Googleternet ou Facebookternet, nous ne voyons qu’une seule voie (si vous en avez d’autres à proposer, on prend !) : décentraliser Internet en faisant en sorte qu’il demeure tel qu’il a été conçu. Neutre. Ouvert. Interopérable. Libre.

Si nous voulons une économie qui soit aussi sociale et solidaire, il va nous falloir un internet qui soit aussi social et solidaire. Et cela passera entre autre par une diversité d’acteurs indépendants proposant des services web libres, éthiques et respectueux de vos données, décentralisés et solidaires.

Pour aller plus loin :




Des routes et des ponts (4) – la gratuité pour changer le monde

Nous poursuivons la lecture du livre Des routes et des ponts de Nadia Eghbal que le groupe Framalang vous traduit au fil des semaines. Après nous avoir expliqué en termes simples de quoi sont constitués les logiciels (n’hésitez pas à reprendre les épisodes précédents, si par exemple vous avez oublié ce qu’est un framework ou une bibliothèque), elle nous explique en quoi l’accès libre et gratuit à ces composants a révolutionné l’industrie du logiciel : son fonctionnement, son financement, mais aussi la formation des professionnels.

 

Comment la gratuité des logiciels a transformé la société

par Nadia Eghbal

Traduction Framalang : Luc, urlgaga, Penguin, Mika, Asta, Edgar Lori, Julien / Sphinx, flo, xi, Bromind, goofy, salade, lyn. et 3 anonymes.

La première réflexion qui vient à l’esprit est : « Pourquoi ces développeurs ont-ils rendu leur logiciel gratuit ? Pourquoi ne pas le faire payer ? »
Les arguments en faveur du logiciel public reposent sur sa riche histoire politique et sociale. Mais d’abord, regardons la vérité en face : notre société ne serait pas là où elle est aujourd’hui si des développeurs n’avaient pas rendu le logiciel libre et gratuit.

Avec le logiciel libre, la production de logiciel est plus simple et considérablement moins chère

moneybox

Uber, un service de transport de personne, a annoncé récemment que des développeurs avaient créé un système permettant de réserver une voiture en utilisant Slack (une application de développement collaboratif) et non l’application mobile Uber. Le projet a été bouclé en 48 heures par une équipe de la App Academy, une école de programmation.
Uber a constaté que l’équipe avait été capable d’achever le projet rapidement car elle « avait utilisé des bibliothèques ouvertes telles que rails, geocoder et unicorn pour accélérer le développement tout en travaillant sur une base solide.»
En d’autres termes, la quantité de code que l’équipe a dû écrire par elle-même a été fortement réduite car elle a pu utiliser des bibliothèques libres créées par d’autres.
Ruby Geocoder, par exemple, est une bibliothèque réalisée en 2010 et maintenue par Alex Reisner, un développeur indépendant. Geocoder permet à une application de chercher facilement des noms de rues et des coordonnées géographiques.
Unicorn est un serveur datant de 2009, il est administré par une équipe de sept contributeurs (leurs noms sont visibles sur le site web d’Unicorn) encadrés par Eric Wong, un développeur.
Créer un nouveau logiciel n’a jamais été aussi simple, car il existe de plus en plus de portions de code « prêtes à l’emploi » dont on peut se servir. Pour en revenir à la métaphore de l’entreprise de bâtiment, il n’est plus nécessaire pour construire un immeuble de fabriquer soi-même tout ce dont on a besoin, il est plus simple d’acheter du « préfabriqué » et d’assembler fondation, structure porteuse et murs comme des Legos.
Du coup, il n’est plus nécessaire de savoir comment construire un logiciel à partir de zéro pour être qualifié de développeur. le service des statistiques sur le travail des USA (Bureau of Labor Statistics) estime que l’emploi des développeurs va augmenter de 22% entre 2012 et 2022, soit bien plus rapidement que la moyenne dans les autres professions.

Le logiciel libre est directement responsable de la renaissance actuelle des startups

Les coûts de lancement d’une entreprise ont énormément baissé depuis la première bulle internet de la fin des années 90. Le capital-risqueur et ex-entrepreneur Mark Suster évoquait son expérience dans un billet de blog de 2011 :

Quand j’ai monté ma première entreprise, en 1999, l’infrastructure coûtait 2,5 millions de dollars, simplement pour commencer, et il fallait y ajouter 2,5 millions de dollars de plus pour payer l’équipe chargée de coder, lancer, gérer, démarcher et vendre notre logiciel. […]

 

Nous avons à peine perçu le premier changement d’ampleur dans notre industrie. Il a été porté par l’introduction du logiciel libre et plus précisément par ce que l’on a appelé la pile LAMP. Linux (au lieu de UNIX), Apache (un logiciel de serveur web), MySQL (à la place d’Oracle) et PHP. Il y a bien sûr eu des variantes – nous préférions PostgreSQL à MySQL et beaucoup de gens utilisaient d’autres langages de programmation que PHP.

 

Le libre est devenu un mouvement, un état d’esprit. Soudain, les logiciels d’infrastructure étaient presque gratuits. Nous avons payé 10% du tarif normal pour l’achat des logiciels et le reste de l’argent est allé dans le support. Un tel effondrement de 90% des coûts engendre de l’innovation, croyez-moi.

La disponibilité actuelle des composants logiciels libres et gratuits (associée à des services d’hébergement moins chers comme Amazon Web Services et Heroku) permet à une startup technologique de se lancer sans avoir besoin de millions de dollars. Les entrepreneurs peuvent tout à fait sortir un produit et trouver un marché sans dépenser un seul dollar, la levée de fonds auprès de capital-risqueurs se faisant seulement après avoir montré la viabilité de leur projet.
Alan Schaaf, qui a fondé Imgur, un site populaire de partage d’images faisant partie des 50 sites les plus consultés au monde, a justement déclaré que les sept dollars nécessaires à l’achat du nom de domaine représentaient la seule dépense indispensable au démarrage de son entreprise. Imgur était rentable et avant de lever 40 millions de dollars en 2014 auprès de l’entreprise de capital-risque Andreessen Horowitz, Schaaf n’a eu recours à aucun fond extérieur pendant 5 ans (source).
Les capital-risqueurs ainsi que les autres acteurs de l’investissement ont, à leur tour, commencé à investir des montants moindres, développant ainsi de nouvelles formes de fond d’investissement dont voici trois exemples.

Fonds spécialisés dans le capital d’amorçage : sociétés de capital-risque préférant financer la première levée de fond, plutôt que de participer à une augmentation de capital ultérieure.

Fonds de micro capital-risque : une définition assez large sous laquelle on regroupe les sociétés de capital-risque disposant de moins de 50 millions de dollars d’actifs.

Accélérateurs de startup : des sociétés qui financent de petites sommes, souvent inférieures à 50 000 dollars, et qui également conseille et parraine les toutes jeunes entreprises..

Aujourd’hui, avec 10 millions de dollars, on peut financer cent entreprises contre seulement une ou deux dans les années 90.

Le logiciel libre a simplifié l’apprentissage de la programmation, rendant la technologie accessible à tous, partout dans le monde.

Si aujourd’hui vous voulez apprendre à coder chez vous, vous pouvez commencer par étudier Ruby on Rails. Rails est le nom d’un framework et Ruby est un langage de programmation. N’importe qui disposant d’un accès internet peut installer gratuitement ces outils sur n’importe quel ordinateur. Parce qu’ils sont libres et gratuits, ils sont également très populaires, ce qui signifie qu’il existe énormément d’informations en ligne permettant de bien démarrer, du simple tutoriel au forum d’aide. Cela montre qu’apprendre comment coder est aussi accessible que d’apprendre à lire et écrire l’anglais ou le français.
Pour comparer, l’utilisation de frameworks et de langages non open source impliquaient : de payer pour y avoir accès, d’utiliser un système d’exploitation et des logiciels spécifiques, et d’accepter des contraintes de licence susceptibles d’entraver le dépôt d’un brevet pour un logiciel construit sur la base de ce framework. Aujourd’hui il est difficile de trouver des exemples de frameworks qui ne sont pas publics. L’un des plus célèbres exemples de framework propriétaire est le .NET, développé et sorti en 2002. En 2014, Microsoft a annoncé la sortie d’une version publique de .NET, appelée .NET Core.
Audrey Eschright, une développeuse, a décrit comment les logiciels open source l’ont aidée à apprendre la programmation à la fin des années 90.

Je voulais apprendre à programmer mais je n’avais pas d’argent. Pas la version « étudiante fauchée » : ma famille était pauvre mais également dans une situation chaotique…. Cela peut sembler étrange aujourd’hui, mais à l’époque il y avait en fait deux options pour quelqu’un qui voulait écrire de véritables logiciels : on pouvait utiliser un ordinateur avec Windows et payer pour les coûteux outils de développement de Microsoft, ou on pouvait avoir accès a un système Unix et utiliser [le compilateur] gcc…. Mon but devint donc d’avoir accès à des systèmes Unix pour pouvoir apprendre à programmer et faire des trucs sympas.

Jeff Atwood, un développeur .NET de longue date, a expliqué sa décision d’utiliser Ruby pour un nouveau projet, Discourse, en 2013 :

Quand on habite en Argentine, au Népal ou en Bulgarie par exemple, il est vraiment très difficile de démarrer en programmation avec les outils fournis par Microsoft. Les systèmes d’exploitation, les langages et les outils open source permettent de mettre tout le monde au même niveau, ils constituent le socle sur lequel travaillera, partout dans le monde, la prochaine génération de programmeurs, celle qui nous aidera à changer le monde.

Le nombre de startups a explosé et dans leur sillage sont apparues de nombreuses initiatives pour enseigner la programmation aux gens : aux enfants et aux adolescents, mais aussi aux membres de communautés défavorisées, aux femmes ou aux personnes en reconversion professionnelle. Parmi ces initiatives on retrouve Women Who Code, Django Girls, Black Girls Code, One Month et Dev Bootcamp.
Certaines de ces organisations offrent leurs services gratuitement, tandis que d’autres les font payer. Toutes se reposent sur des logiciels libres et gratuits dans leur enseignement. Par exemple, Django Girls a appris à coder à plus de 2000 femmes dans 49 pays. Bien que l’organisation n’ait pas développé Django elle-même, elle a le droit d’utiliser Django, que les étudiantes téléchargent et utilisent gratuitement dans leur programme d’apprentissage.

Django Girls hackathon à Rome – Photo Django Girls CC-BY-2.0

Dev Bootcamp apprend à programmer aux personnes qui veulent changer de carrière, et prépare n’importe qui, du professeur d’anglais au vétéran, à devenir développeur professionnel. Le programme coûte entre 12 et 14 000 dollars. Dev Bootcamp enseigne entre autres Ruby, JavaScript, Ruby on Rails et SQL. Les étudiants peuvent télécharger et utiliser tous ces outils gratuitement, et Dev Bootcamp n’a pas besoin de payer pour les utiliser. Dev Bootcamp a été acheté par Kaplan en 2014 pour un prix inconnu.
Si des logiciels aussi importants n’étaient pas gratuits, beaucoup de gens seraient dans l’incapacité de participer à la renaissance technologique actuelle. Il existe encore de nombreux obstacles économiques et sociaux qui empêchent qu’ils soient encore plus nombreux à participer, comme le prix du matériel nécessaire pour avoir un ordinateur portable et une connexion Internet, mais les outils de programmation eux-mêmes ne coûtent rien.




MyFrama : vos favoris (et Framasofteries) partout, avec vous, rien qu’à vous !

Imaginez une alternative à tous les favoris que vous confiez à Google Chrome ; qui vous permettrait en même temps de vous y retrouver parmi tous les frama-services que l’on propose…

Le Libre nous a donné les briques pour le faire, alors nous avons retroussé nos manches pour vous présenter MyFrama !

Un del.ico.us fourre-tout numérique pour vos marque-pages et favoris !

Avant toute autre chose, MyFrama est un service de bookmarking (de marque-pages) basé sur le logiciel libre Shaarli (créé par SebSauvage ^^)

Vous voyez tous ces onglets que vous gardez ouverts, parce qu’il y a là une recette que vous n’avez pas encore pris le temps d’essayer, un article de blog à lire ou le site d’un artisan que vous voulez garder… ? Vous vous souvenez de toutes ces fois où vous étiez sur l’ordinateur de Tata Jeannine, et que vous n’avez pas pu retrouver ce site si pratique qui est toujours en favori dans vos marque-pages… ? Si ces deux exemples vous ont arraché un petit sourire, c’est que MyFrama peut vous servir.

Le principe est simple : vous vous créez un compte, vous vous y connectez et vous avez désormais un fourre-tout numérique accessible d’où vous le souhaitez. Dans ce fourre-tout, vous mettez des liens, des adresses web, des URL. Vous pouvez le faire directement en ligne (en les copiant/collant sur votre compte my.framasoft.org), en utilisant le marque-page dynamique (un bouton que vous aurez glissé-déposé sur la barre de favoris de votre navigateur) ou encore depuis une application android (shaarlier, aussi disponible sur le Google PlayStore).

Lorsque vous ajoutez un lien à votre MyFrama, vous pouvez lui donner un titre, une description, des étiquettes (des tags), afin de le retrouver aisément et de vous souvenir de ce dont ça parle. Et voilà, la puissance du logiciel Shaarli permet à MyFrama d’être une alternative à Del.ico.us (pour les vétéran-ne-s du web) et aux favoris de votre compte Google Chrome (le service « Google Favoris »)…

… Mais ce n’est pas tout.

 

anim_myframa

MyFrama : ne perdez plus vos Frama – pads, – dates, – calcs, etc.

Comme nous l’avons expliqué en lançant la 3e année de notre campagne : nous ne souhaitons pas, à court ou moyen terme, créer de « Compte Framasoft » comme vous pourriez avoir un compte Google, ou Apple, ou Microsoft… Ce serait trop compliqué (beaucoup de technologies et langages disparates), trop risqué (cela créerait un seul endroit où « tout peut péter »… ou bien peut être piraté) mais surtout ce serait à l’inverse de ce que nous prônons : re-décentraliser les usages du Web, afin que vos vies numériques ne soient plus jamais enfermées dans des silos de données.

Franchement, entre nous : on ne va pas dégoogliser internet pour le framasoftiser, hein 😉 ? Notre but secret est atteint (pour notre plus grande joie) quand vous quittez fièrement un service Framasoft. Parce que cela veut dire que vous l’avez tellement aimé que vous avez décidé de l’installer pour vous-même (ou d’utiliser le serveur d’un CHATON, d’un ami, de votre asso, collectif, entreprise, etc.). Bref : nous vous souhaitons, à vous et vos données, la plus grande indépendance numérique.

Tout cela, c’est bien joli. Mais pour autant, on ne répond pas à un besoin que, en attendant, vous nous exprimez régulièrement.

« Comment je fais pour retrouver tous les Frama-bidules que j’utilise ??? »

La réponse, c’est le nouveau bouton violet “MyFrama” que vous avez vu apparaître dans la “framanav” la barre de menu qui se trouve en haut de chacun de nos sites web. Lorsque vous êtes sur un Framapad (ou date, ou calc, ou autre…) il vous suffit de cliquer sur ce bouton pour que non seulement ledit pad s’ajoute dans votre compte MyFrama, mais qu’en plus il soit automatiquement classé sous l’étiquette “Pad”, afin que vous puissiez le retrouver (avec tous ses camarades) en un clic…

myframa-comme-ca

… Et ce n’est pas tout.

Triez tout Internet si vous le voulez (mais c’est long)

Le logiciel Shaarli ne proposait pas cette option de tri automatique. Quelque chose qui permette de reconnaître qu’il y ait « framapad.org » dans l’adresse web et donc qui attribue à cette adresse l’étiquette “pad”. Qu’à cela ne tienne, JosephK, notre codeur tout terrain, a écouté la grande loi du Yakafokon et passé quelques heures sur son clavier pour développer un nouveau plugin qui permette exactement cela sur Shaarli.

Du coup, ce tri automatique ne sert pas qu’aux services Framasoft ! En effet, vous pouvez tout à fait (et facilement) le paramétrer pour qu’il reconnaisse, étiquette et trie automatiquement les “nextinpact”, “linuxfr”, “numerama” ou “korben” (ceci sont des exemples totalement pris au hasard :p) qui se trouvent dans les liens que vous ajouterez à votre fourre-tout numérique !

internet-c-long

Et si vous avez déjà un Shaarli sur votre serveur, pas de soucis : le plugin « tags_advanced » est libre, il vous suffit de l’ajouter à votre instance, voire de l’améliorer si le cœur vous en dit ! Quand on utilise du Libre, on finit toujours par en vouloir plus et donc par apporter sa pierre, sa contribution. C’est ça le cercle vertueux !

Mouais, mais concrètement, je fais comment pour utiliser MyFrama ?

OK, allons-y étape par étape. La première, c’est de se créer son compte ! Vous allez sur my.framasoft.org, et vous cliquez sur « Créer un compte » pour entrer vos informations :

myframa-creation-de-compteVoilà, votre compte est créé, il vous suffit de taper votre mot de passe une seconde fois pour vous y connecter (par contre ne cochez la case « rester connecté » que si vous êtes sur votre ordinateur perso). Notez que votre nom d’utilisateur est passé en « tout en minuscules » (beaucoup plus facile à retenir ^^)

myframa-connection

Vous arrivez donc sur votre compte MyFrama, où nous vous avons pré-rempli quelques filtres et liens pour l’exemple. Regardons cela ensemble :

myframa-complet
cliquez sur l’image si vous voulez l’agrandir, les numéros de ces cadres vont nous servir tout au long de l’article

1) la barre d’outils

Elle vous permet de :

  • rechercher un lien parmi vos favoris ;
  • régler l’affichage des liens ;
  • obtenir le flux RSS de vos liens ;
  • gérer vos paramètres ;
  • se déconnecter de MyFrama.

2) ajouter des liens

Il y a plusieurs moyens d’ajouter des adresses web dans votre MyFrama.

Le premier est de la copier puis la coller dans la grande barre en haut de de l’accueil (cadre 2).

Le deuxième est d’aller dans vos paramètres (bouton ) pour ajouter un des boutons suivants à votre navigateur préféré :

Yapluka suivre ce qui est écrit ^^ !
Yapluka suivre ce qui est écrit ^^ !

shaarlier-sur-androidLe dernier c’est d’utiliser une application sur votre mobile.

Pour Android, vous avez l’application Shaarlier, qui est disponible sur le magasin libre Fdroid et sur le Playstore de Google. Pensez à préciser :

  • L’url de votre shaarli : https://my.framasoft.org/u/votrepseudo
  • Pseudo : en minuscule
  • Mot de passe (sans se tromper ^^)
  • Le nom du compte : répétez votre pseudo en minuscule…

Voici le résultat sous vos yeux ébaubis.

 

3) 4) et 5) lorsque vous ajoutez un lien

Un lien est une adresse web (URL), et afin de la retrouver plus facilement dans votre fourre-tout, vous pouvez en préciser :

  • Le titre (cadre 3)
  • La description (cadre 4)
  • Des étiquettes (les « tags », cadre 5)
  • Et si vous voulez qu’il soit privé ou public.

myframa-ajout-lien

6) des filtres automatiques pour retrouver vos services Framasoft

On vient de partager un Framapad avec vous ? Vous voulez mettre de côté le Framadate de votre prochaine réunion d’équipe ? Pas de soucis : allez sur la page en question, et cliquez sur le bouton violet MyFrama dans la Framanav (la barre tout en haut)

Encore une fois : juste comme ça ;)
Encore une fois : juste comme ça ;)

Nous avons pré-réglé des filtres automatiques pour que votre compte MyFrama reconnaisse automatiquement les adresses « framapad.org » ou « framadate.org » etc. et leur attribue une étiquette correspondante. Une fois dans votre compte, il vous suffit de cliquer sur le bon tag (cadre 6) pour y retrouver vos liens !

7) des filtres que vous pouvez modifier à loisir

Bien entendu, vous restez libre de gérer le tri automatique de vos favoris !

Pour cela :

  • rendez-vous dans les paramètres des tags (bouton en bas à droite)
  • indiquez l’étiquette que vous voulez dans la colonne « Nom » (ici korben)
  • et éventuellement le motif que MyFrama doit repérer pour trier automatiquement (ici korben.info)
  • déterminez l’ordre avec les flèches de gauche
  • cochez/décochez les options à droite (page d’accueil/lien privé)

myframa-filtres

Et voilà, vous n’avez plus qu’à vous créer votre petit fourre-tout du web avec MyFrama !

Pour aller plus loin :