La Free Software Foundation récompense les Creative Commons

John Sullivan - CC by-saAnd the winner is… Chaque année la Free Software Foundation (ou FSF) organise une petite cérémonie de prix pour récompenser un projet et une personnalité qui auront fait chacun dans leur domaine avancer « la cause ».

C’est ainsi que les années précédentes ont été primés des projets aussi prestigieux que Groklaw ou Wikipédia, et des personnalités qui font autorité comme Miguel De Icaza, Guido van Rossum, Alan Cox, Theo de Raadt ou encore Lawrence Lessig, l’inspirateur des… licences Creative Commons.

Et pour 2009, dans la catégorie personnalité de l’année… j’ai nommé… Wietse Venema (créateur de Postfix), et dans la catégorie projet de l’année… zut, l’enveloppe ne veut pas s’ouvrir… les Creative Commons, dont on salue l’influence sur cette culture libre en mouvement qui n’en pas fini d’essaimer.

Vous trouverez ci-dessous la traduction d’un extrait du communiqué de la FSF annonçant l’événement[1].

Wietse Venema et les Creative Commons lauréats des Free Software Awards de 2008

Wietse Venema and Creative Commons announced as winners of the annual free software awards

FSF – 24 mars 2009 – Boston, Massachusetts, USA
(Traduction Framalang : Don Rico)

La Free Software Foundation (FSF) a annoncé les résultats des Free Software Awards pour l’année 2008 à l’occasion de la conférence LibrePlanet, qui rassemble le monde GNU/Linux et s’est tenue les 21 et 22 mars au Harvard Science Center de Cambridge, Massachusetts.

Les Creative Commons ont été distingués dans la catégorie Projects of Social Benefit (NdT : Projet d’intérêt général), et Wietse Venema dans la catégorie Advancement of Free Software (NdT : Prix pour le développement du logiciel libre). La cérémonie était présentée par le fondateur et président de la FSF, Richard Stallman.

Chaque année, la FSF décerne le prix pour les Projets d’intérêt général à une initiative qui profite de façon intentionnelle et significative à la société dans son ensemble grâce au logiciel libre, ou par la mise en pratique des idées du mouvement du logiciel libre.

Depuis leur création en 2001, les Creative Commons ont permis la constitution d’un corpus sans cesse croissant de travaux scientifiques, pédagogiques et artistiques que chacun peut partager et utiliser comme base de travail. Les Creative Commons ont également contribué à alerter l’opinion sur les méfaits des régimes de copyright sans cesses plus restrictifs. Richard Stallman a remis le prix des Projets d’intérêt général à Mike Linksvayer, le vice-président des Creative Commons.

À cette occasion, ce dernier a déclaré : « C’est un immense honneur. Ce sont les Creative Commons qui devraient remettre un prix à la Free Software Foundation et à Richard Stallman, car sans eux les Creative Commons ne pourraient exister. »

En recevant cette récompense, les Creative Commons rejoignent au palmarès des FSF Awards Groklaw (2007), Sahana (2006), et Wikipédia (2005).

Notes

[1] Crédit photo : Matt Hins (Creative Commons By-Sa)




Google attendra pour attirer nos enfants dans sa Toile

Kit Pédagogique - Extrait - Google - ChercheNet« On souhaite que les élèves soient initiés à Internet le plus tôt possible pour apprendre la maîtrise de ses risques et de ses dérives (…) Ce travail de sensibilisation est absolument indispensable. »

C’est, d’après l’AFP, ce qu’a déclaré le ministre Xavier Darcos, le 24 mars dernier, en visite au collège Françoise-Giroud de Vincennes lors du lancement officiel du jeu « ChercheNet », destiné aux collégiens français.

Et si les « risques » et les « dérives » se cachaient jusqu’à l’intérieur même de cette initiative censée « apprendre à les maitriser » ?

C’est la question que pose ce billet d’un blog qui critique assez souvent la forte influence de Microsoft à l’Éducation Nationale pour ne pas s’émouvoir ce qui vient de se produire ici avec l’un de ses principaux concurrents, à savoir Google.

Une louable intention

Voici comment le jeu « ChercheNet » est présenté sur le site du ministère :

Afin d’aider les élèves à maîtriser Internet et les outils de communication numérique en toute sécurité, le ministère de l’Éducation nationale soutient le jeu « ChercheNet » initié par Google et mis en œuvre par Calysto, spécialiste de la pédagogie Internet en milieu scolaire. « ChercheNet » est un concours pédagogique proposé aux collégiens de sixième et de cinquième dont le terrain de jeu est l’internet. Tout en résolvant des énigmes autour du thème de l’écologie et du développement durable, les collégiens apprendront les bons usages des outils du web 2.0.

Retenons déjà, la nuance a son importance, que c’est le ministère qui « soutient ce jeu initié par Google » et non l’inverse.

Toujours est-il que l’intention est louable, surtout si l’on s’en réfère au communiqué de presse commun à Google et Calysto :

La recherche d’information et la communication avec les réseaux sociaux sont les deux usages les plus répandus sur Internet. Le développement du « web 2.0 » a permis aux internautes, y compris les plus jeunes, de devenir eux-mêmes des créateurs de contenu. L’usage d’Internet est aujourd’hui généralisé à tous les publics, ce qui implique que nous soyons mieux formés à ses usages.
C’est dans ce but précis que le jeu pédagogique ChercheNet a été conçu : développer par le jeu une vigilance collective (professeurs, parents, élèves) sur tous les usages d’internet pour un développement durable d’Internet.

Le jeu fonctionne sur le principe d’un jeu-concours. Les élèves devront répondre à une série d’énigmes sur le développement durable (biodiversité, eau, énergie, déchets, etc.)

Les différentes étapes du jeu amènent les élèves à développer un comportement « web-citoyen » pour rédiger un blog collectif :
— Préparer un travail, une recherche sur Internet, en respectant les droits de propriété intellectuelle
— Rechercher efficacement en vérifiant les sources d’information
— Apprendre à protéger sa vie privée et celle des autres sur les réseaux sociaux ou les blogs
— Apprendre à s’appliquer, à rédiger, « même sur Internet » et mettre de côté le « langage SMS »

Difficile de ne pas agréer à la démarche. On notera que l’on entrechoque le développement durable en tant que tel avec un « développement durable d’Internet » qui reste à définir.

Sur le jeu proprement dit, je n’ai aucune information à vous apporter puisqu’il faut s’inscrire et que les premières énigmes arriveront courant avril. Il en va autrement pour le « Kit pédagogique » accompagnant ce jeu, mis initialement à disposition sur le site de l’opération par Calysto et… retiré aussitôt après dans la foulée !

Un très éphémère « Kit pédagogique » !

ChercheNet - Copie d'écranPas plus tard qu’il y a deux jours, lorsque vous vous rendiez sur le page « Pour vous aider » du site « Cherchenet », vous aviez la possibilité de télécharger un « Kit pédagogique » ainsi défini (voir la copie d’écran que nous avons conservé en cliquant sur l’image ci-contre) : « Véritable mode d’emploi des outils du numérique, vos élèves en auront besoin pour résoudre les énigmes en respectant les règles et usages liés à l’Internet. »

Aujourd’hui sur la même page, il n’y a plus rien à télécharger directement. Le « Kit pédagogique » a fait place à un « Kit pratique d’outils numériques » et sa formulation est elle aussi sensiblement différente : « Véritable mode d’emploi d’outils du numérique (recherche, géolocalisation,…), vous pourrez l’utiliser afin que vos élèves apprennent quelques astuces pour mieux se servir d’outils du web et pour mieux respecter les règles et usages liés à l’Internet. Le kit pratique est disponible et vous sera envoyé par courriel par simple demande adressée à… »

Il n’est plus question de mise à disposition d’un Kit qui a perdu son qualificatif « pédagogique ». Les élèves n’en ont d’ailleurs plus « besoin », tout au plus son remplaçant pourra leur faire apprendre « quelques astuces »… Une posture plus modeste est soudainement adoptée.

Mais que contenait donc ce « Kit pédagogique » pour mériter une si courte apparition publique ?

« Kit pédagogique » ou « Google everywhere » ?

Kit Pédagogique - Sommaire - Google - ChercheNetNous avons juste eu le temps de conserver une copie du fameux document. Et nous vous invitons à en parcourir sa dizaine de pages pour… tout de suite comprendre où le bât blesse !

Le sommaire nous avait prévenu (image ci-contre cliquable), mais moteur de recherche (simple ou avancé), moteur d’images, Google Maps, Google Earth, Picasa, Google Traduction, Google Document, Google Agenda, Blogger… n’en jetez plus. C’est pas compliqué, il n’y en a que pour Google dont quasiment toute la panoplie est passée en revue !

À la trappe les réseaux sociaux web 2.0 de type Facebook, les blogs a la sauce Skyblog, les outils de travail en ligne comme tels ceux de Windows Live, sans oublier ce drôle de site souvent utile en situation de recherche qu’est Wikipédia. Et pour l’anecdote, toutes les copies d’écran ont été réalisées sous Mac OS X.

Il y a bien sûr de pertinents et bienvenus conseils qui parsèment le Kit (avec mention, page 7, des licences Creative Commons et Art Libre) mais impossible de se décoller de l’impression générale tenace d’avoir à faire à une sorte de publi-information de Google.

Et mis à part le moteur de recherche, que faut-il faire pour bénéficier de tous ces merveilleux services ? Je vous le donne en mille, il faut posséder un compte Google, ce qui est bien spécifié en page 8 du kit :

Google ce n’est pas seulement un moteur de recherche, tu peux accéder aussi à pleins de services gratuits : tu peux localiser un lieu sur une carte, retoucher des photos, envoyer des mails, gérer ton emploi du temps… Si tu veux utiliser ces outils, c’est gratuit, simple et rapide ! Un seul compte te permettra d’accéder à tous les outils Google. Tu dois remplir le formulaire en suivant les instructions et cliquer sur le bouton « j’accepte créer un compte ».

Un mail te sera envoyé à l’adresse spécifiée lors de la création de ton compte. Pour valider ton inscription, tu devras cliquer sur le lien présent dans ce mail.

Rappelons-nous le libellé initial du Kit sur le site ChercheNet : « Véritable mode d’emploi des outils du numérique, vos élèves en auront besoin pour résoudre les énigmes en respectant les règles et usages liés à l’Internet. » Je me demande si il n’aurait pas été plus sincère de dire « Véritable mode d’emploi des outils Google, vos élèves auront besoin d’un compte Google pour résoudre les énigmes en respectant les règles et usages liés à l’Internet. ». C’eut été plus sincère mais plus problématique et surtout moins… pédagogique !

Et le problème c’est que l’emprise de Google sur le réseau est telle que l’entreprise est parfois surnommée le « Big Brother d’Internet », en référence au fait qu’elle possède de très nombreuses informations personnelles sur nos comportements numériques, informations décuplées à partir du moment où vous prenez un compte chez eux justement.

Du coup il y a un léger paradoxe à vouloir sensibiliser nos jeunes à « développer une vigilance collective » et « apprendre à protéger sa vie privée » (via un jeu « web-citoyen » soutenu par le ministère), tout en incitant plus que fortement à se créer un compte chez Google !

Google s’en défend ainsi dans les colonnes du Monde : « C’est le constat d’une réalité : nos outils sont les plus utilisés. Nous prenons nos responsabilités pour que leur usage soit sans risque et responsable. Si nous ne faisions rien à ce propos, on nous critiquerait. » Ce n’est pas autrement que s’exprimerait un Thierry de Vulpillières pour justifier de l‘activisme de Microsoft à l’école.

Et pour ce qui concerne Calysto, dans les mêmes colonnes : « Les outils sont libres, Google n’est qu’un simple sponsor. » Ben dites-moi… curieux de savoir ce que cela aurait bien pu donner si Google avait été plus qu’un « simple sponsor » ! On dirait le Café Pédagogique nous expliquant d’aplomb que Microsoft n’est qu’un simple sponsor de leur Forum des enseignants innovants.

Quant aux outils qui seraient « libres », c’est justement l’objet du prochain paragraphe.

Et le logiciel libre dans tout ça ?

Kit Pédagogique - Picasa - Google - ChercheNetJe ne sais pas très bien ce que Calysto entend par « outils libres » mais je n’ai pas été tout à fait honnête lorsque j’ai pu dire plus haut qu’il n’y en avait que pour Google.

En effet, on trouve trace du logiciel libre dans le « Kit pédagogique ». Mais réelle volonté de le promouvoir au sein de l’Éducation Nationale ou alibi pratique pour faire passer la pilule ? Les deux mon Capitaine. Un peu comme, chose curieuse, la politique globale et générale de Google vis-à-vis de « l’Open Source »…

Les premières (et sibyllines) références arrivent page 12/13 et 18/19. La page 12/13 est complètement dédiée au logiciel de retouche d’image Picasa. Mais tout en bas, on peut lire (avec la loupe qui nous accompagne dans tout le Kit) la chose suivante : « Logiciels libres : Gimb, Artweaver ». Et… c’est tout ! Aucune explication, aucun lien cliquable, bref cela arrive comme un cheveu sur la soupe. Et puis, pour votre gouverne, on ne dit pas « Gimb » mais GIMP, tandis que Artweaver est sûrement un bon logiciel mais il n’est tout simplement pas libre.

Kit Pédagogique - Logiciel Libre - Google - ChercheNetRebelote en page 18/19 entièrement consacrée au moteur de blog Blogger, avec un « Logiciels libres : Dot clear, WordPress… ». C’est mieux cette fois-ci mais on n’arrive toujours pas à atteindre la perfection puisqu’on écrit Dotclear et non « Dot clear » 😉

Dans le même style minimaliste, on aurait pu s’attendre à ce que la suite bureautique libre OpenOffice.org soit évoquée en bas de l’article sur Google Document (page 15/16). Une autre fois sans doute.

Mais il y a surtout la totalité de la page 20 titrée « Qu’est-ce qu’un logiciel libre ? ». Il s’agit certes de la dernière page du Kit mais il y a de quoi se réjouir a priori. Sauf que la teneur de l’exposé m’a laissé parfois un peu perplexe, quand bien même nous connaissons tous la difficulté à vulgariser la notion de logiciel libre.

Pour comprendre ce qu’est un logiciel libre, il te faut avant tout connaître la signification du terme logiciel ; il s’agit d’un ensemble de programmes qui permet d’effectuer une tache particulière (par exemple le traitement de texte, la retouche de photo, …). Les logiciels sont soumis à des licences d’utilisation, qu’il faut très souvent acheter.

L’expression « logiciel libre », traduite de l’anglais free software, fait référence à la « liberté d’expression » et non pas au prix. C’est pourquoi ils sont souvent téléchargeables gratuitement sur l’Internet et peuvent être copiés légalement par tous.
Le logiciel libre s’oppose au logiciel dit propriétaire, qui ne fournit pas les éléments pour le modiier et ne permet pas de le partager. En revanche, le logiciel libre garantit un certain nombre de libertés à ses utilisateurs : la liberté de l’utiliser pour quelque usage que ce soit, celle d’en redistribuer des copies et enfin la liberté de le modifier et de rendre publiques les modifications.

Soit. C’est un peu emberlificoté tout ça (et c’est plutôt dommage de passer sous silence l’aspect mouvement social du logiciel libre, cher à Richard Stallman) mais ça se termine plutôt bien. Quant à la suite, attention, c’est un beau nid de trolls :

Quels sont les autres avantages d’un logiciel libre ?

Il est plus fiable car moins vulnérable aux virus et aux failles de sécurité. En effet, comme beaucoup de monde a accès à ce type de logiciel, les erreurs sont corrigées plus vite ! De plus ils produisent des fichiers dans des formats dits ouverts, utilisables plus longtemps qu’avec des formats fermés, et sont moins gourmands en énergie et en ressources pour ton ordinateur que leurs équivalents propriétaires.

Je suis bien entendu plutôt d’accord mais comme dirait Wikipédia : « référence demandées ». C’est un peu brutal et péremptoire de présenter les choses ainsi. Les défenseurs du logiciel propriétaire apprécieront !

Et puis, si ces logiciels libres ont tant de vertus, pourquoi Google ne s’est-il pas donné la peine de « libérer » Picasa et Blogger au moment de leur rachat ?

On notera que ce texte porte en quelque sorte la « caution » de Frédéric Couchet de l’April puisqu’on le remercie personnellement en bas de page (je l’attends dans les commentaires !). On notera enfin que Framasoft est également cité, avec là encore une URL explicite mais non cliquable.

Où les trouver ?

Tu peux télécharger de nombreux logiciels libres sur www.framasoft.net, un des annuaires les plus complets de logiciels compatibles avec les PC. Mais tu peux aussi les acheter dans certains grands magasins !

Vous nous voyez fiers et honorés, mais j’ai un peu de mal à m’imaginer un élève de sixième cinquième se rendre sur Framasoft à la suite de la lecture de ce Kit. Tout comme j’ai du mal à m’imaginer ce que l’élève et son professeur pourront bien retenir du logiciel libre au sortir du Kit.

Et plus généralement j’ai un peu de mal à faire la corrélation directe entre le contenu du Kit et sa présentation (que je rappelle une dernière fois) : « Véritable mode d’emploi des outils du numérique, vos élèves en auront besoin pour résoudre les énigmes en respectant les règles et usages liés à l’Internet. »

Quelles que soient les qualités des services de la société américaine (j’en consomme abondamment), c’est bien plus d’un « Kit Google » que d’un « Kit pédagogique » dont il s’agit ici.

Voilà une étonnante maladresse de la part d’un Calysto (qui se targue d’être un « spécialiste de la pédagogie Internet en milieu scolaire ») mais surtout d’un Google qui nous avait habitué à un marketing moins trivial. Ont-ils vraiment pensé que ce Kit allait tranquillement passer comme une lettre à la poste ? Bien que ce ne fut heureusement pas le cas ici, cela en dit long sur l’état actuel de notre passivité vis-à-vis de la marchandisation de l’école.

Un ministère embarrassé (mais réactif)

On comprendra alors fort bien que lorsque le ministère s’est penché sur ce Kit (aidé en cela par les premiers articles parus dans la presse comme celui du Monde) il ait vraisemblablement un peu « tiqué », quand bien même au départ il affirmait serein que « s’il était obligatoire d’utiliser Google, il n’aurait pas autorisé l’opération » (même source). Soutien à un projet pour « apprendre à maîtriser Internet et les outils du numérique », oui. Soutien aux services Google aboutissant à la création de comptes Google en masse chez les 11/12 ans, non. D’autant plus que Xavier Darcos en personne s’est déplacé pour inaugurer le projet !

Premier petit aparté.
Il faut dire aussi que si le ministère avait été réellement capable de nous offrir des ENT cohérents et mutualisés dignes de ce nom, les élèves auraient certainement moins « besoin » d’utiliser les services Google (à commencer par le très riche Google Apps Education).
Fin du premier petit aparté.

Second petit aparté.
Et si le ministère faisait confiance aux enseignants pour produire ce genre de supports plutôt que confier cela à une société commerciale « spécialiste de la pédagogie Internet en milieu scolaire » ? On mesure ici le haut degré de confiance accordé à son personnel dont c’est pourtant le métier !
Fin du second petit aparté.

Toujours est-il que Calysto et Google France ont dû se faire gentiment tirer les oreilles, avec pour conséquence la réactualisation de notre article du Monde :

Le mardi 23 mars, le ministère de l’Éducation a demandé à son partenaire de retirer le kit pédagogique du jeu ChercheNet. Le ministère a expliqué "ne pas souhaiter que Google soit aussi fortement mis en avant sur ce document destiné aux professeurs et aux élèves". Un nouveau livret sera mis en ligne prochainement.

Prière de revoir sa copie donc, ce qui apparaît être une sage décision.

Nous attendons avec impatience la deuxième version revue et corrigée, et Framasoft se tient à l’entière disposition de Calysto et Google France si jamais ils souhaitent nous impliquer dans cette nouvelle mouture (pourquoi pas, après tout, puisque nous y sommes nous aussi dans ce premier Kit).

Money, money, money !

Sage décision donc, mais qui ne doit pas occulter le rôle et la responsabilité du ministère dans toute cette petite affaire (source ReadWriteWeb) :

Éduquer au plus vite au « réflexe » Google, c’est pouvoir être sûr de garder 70% de part de marché mondiales et donc continuer à faire tourner à fond la machine AdWords et AdSense. Tout cela parait de bonne guerre, mais pose question quand à la présente aussi forte d’une marque dans un programme pédagogique soutenu par l’Éducation Nationale.

Et surtout, interroge quant à la capacité de cette dernière à fournir des programmes sensibilisant aux nouvelles technologies en adéquation avec les besoins et savoirs des élèves. La vénérable institution serait-elle aussi dépassée sur ce point, quitte à devoir se raccrocher officiellement à une initiative extérieure ?

Un ministère qu’on aimerait voir faire preuve de la même promptitude vis-à-vis de l’entrisme de Microsoft à l’école (abondamment développé sur ce blog). Parce que c’est exactement la même logique qui opère lorsque sous couvert « d’accompagner l’initiation de vos élèves ou de vos enfants au B2i », on propose, sur un site du service public, des vidéos qui sont à la limite de la publicité déguisée pour la suite bureautique MS Office de Microsoft.

Hier Microsoft, aujourd’hui Google avec ce vrai faux « Kit pédagogique »… nous n’avons décidément pas fini de relater les relations complexes entre l’école et ces multinationales qui ne souhaitent que le bien de nos enfants (quand bien même il y ait étrangement à chaque fois des effets collatéraux bénéficiant au généreux sponsor).

Quant au logiciel libre, il n’est que trop rarement convié à la fête. Il faut dire que tant que l’époque privilégiera les fêtes privées et payantes, et ce jusqu’à l’intérieur même du sanctuaire scolaire, la situation n’aura guère de chance d’évoluer…




Framakey WebApps : du nouveau dans les applications portables

Framakey 1.9 - InterfaceIl y a un mois presque jour pour jour, je me mettais la pression vous annonçait quel devraient être les prochaines étapes pour la Framakey en 2009. Faisons donc un rapide bilan.

Le portail d’applications portables est bien plus à jour (sauf la partie jeux). Certes, certaines applications ne sont pas disponibles dans leurs toutes dernières versions, mais normalement aucune version majeure ou corrigeant des failles de sécurité n’a été oubliée. Pour les accrocs aux toutes dernières versions, je vous renvoie plutôt vers nos amis de PortableApps.com, dont la communauté (anglophone) est bien plus importante, et par conséquent plus réactive.

La Framakey 1.9 est bien sortie (et dans les temps, s’il vous plait !). Une version 1.10 est d’ailleurs en préparation, corrigeant quelques bugs mineurs. La nouvelle interface (cliquez sur l’image ci-dessus), inspirée de la Xandros équipant les eeePC, semble plaire à beaucoup d’entre vous (rappelons au passage qu’elle tourne simplement avec du Firefox+Jquery+HTML+CSS).

N’ayant pas trouvé d’équivalent libre, j’ai développé (très rapidement, en utilisant une méthode de développement agile intitulée La Rache) un petit outil pour tester la rapidité en écriture des clés USB sous Windows. En effet, les taux constructeurs sont des moyennes, or la vitesse des clés USB est extrêmement variable suivant la taille des fichiers. Ainsi, la même clé peut faire du 2Mo/s sur des fichiers de 10Mo, et un pitoyable 2Kos pour des fichiers de 1Ko. Framakey Drive Benchmark vous permet donc de tester votre clé suivant la taille des fichiers, et vous fournit même un temps approximatif d’installation de la Framakey (25mn pour certaines clés, et 6H pour d’autres…). Alors toi aussi vient jouer à qui à la plus rapide en testant (Licence GPL, version bêta, toussa) Framakey Drive Benchmark.

Mais surtout, une bonne partie de ce rafraichissant mois de mars aura été consacré au développement d’un nouveau type d’applications portables : les WebApps.

Is it a plane? Is it a bird? No! It’s a WebApp!

Vous je ne sais pas, mais moi ça m’arrive souvent : un ami (souvent une amie, d’ailleurs, sans faire dans le sexisme ou la misogynie), sachant que vous vous y connaissez en « tous ces trucs d’internet » vous appelle (de préférence à un moment ou vous étiez hyper concentré dans une partie de Frozen Bubble) pour vous dire « Dis, il y a quelques jours, tu m’as parlé des Wikis. Là je viens d’en télécharger un pour voir à quoi ça ressemblait, mais il se passe rien quand je double-clique sur index.php. C’est nul, tes trucs-libres-qui-marchent-pas ! ».

Vous êtes alors devant un choix cornélien : prendre une voix de répondeur et dire que vous êtes parti pour 15 jours en vacances et que vous rappellerez dès que possible. Ou partir dans 2 heures d’explications techniques sur les technologies clients-serveurs et faire par téléphone du support technique sur l’installation d’EasyPHP (ou WAMP, ou XAMP, ou …). Et pas question de vous en tirer avec un « T’as qu’à cocher Apache PHP et MySQL et PHP dans Synaptic » puisqu’il parait que ça n’existe pas encore sous Windows (mais je vous assure qu’à Framasoft, on y travaille…).

Bref, installer une application web comme SPIP, Drupal, Joomla, Dotclear, WordPress, MediaWiki, Alfresco, ou que sais-je encore, c’était quand même plus compliqué que de double cliquer sur setup.exe…

C’était ? Et oui !
A force de travailler sur le concept d’applications portables, on se dit qu’on devrait pouvoir faire la même chose avec les applications web : on télécharge, on dézippe, ça marche.

« No hassle », comme disent nos amis américains (faut juste faire gaffe à la prononciation).
Grâce à toutes les briques libres existantes, notamment le trop méconnu ZazouMiniWebServeur (développé par un très sympathique frenchy, qui plus est), il est possible de remixer PHP, MySQL, ZMWS et l’application dans un seul fichier zip.

Une petite vidéo (5mn) sera plus parlante qu’un long discours.

—> La vidéo au format webm

En fait, il y a déjà une société qui proposait ce type d’applications web. En effet, Bitnami propose depuis plusieurs mois des Bitnami Stacks, qui fonctionnent sensiblement sur le même principe. Cependant, les serveurs (Apache et MySQL) tournent en « service Windows », rendant tres « centralisé » l’utilisation de ses applications : pas de possibilité de les copier sur clé USB ou CD, lancement automatique des services au démarrage de la machine, etc. Et j’ai moi-même expérimenté quelques déconvenues avec Bitnami en installant, puis désinstallant des stacks : perte de la base de données, fichiers communs qui disparaissent…
De plus, les applications sont anglophones (là le WebApp Manager est multilingue).

Enfin et surtout, les Bitnami Stacks, utilisent l’installateur BitRock qui, si j’ai bien lu les conditions, n’est pas libre mais « gratuit pour les projets libres » (rien que pour ça, ça m’a donné envie de voir si on pouvait proposer une alternative vraiment libre[1]). On ne prétend pas avoir en moins de 15 jours fait mieux que Bitnami, mais au moins on a fait un pas de plus vers du 100% libre, puisque chacun peut tenter de se faire sa WebApp (je ne prétends pas que ça soit simple, mais c’est accessible et au moins partiellement documenté).

Avec les WebApps, pas de problème pour lancer plusieurs applications en même temps : chacune tourne indépendamment dans son dossier, qu’on peut sans problème copier sur clé USB par exemple pour faire une démo à un client ou pour bloguer déconnecté.

La preuve en images (animées).

—> La vidéo au format webm

Évidemment, pour les habitués du web, cela peut paraitre peu intéressant : « Autant faire une installation en ligne, l’application sera disponible 24H/24. Là, si j’éteind l’ordinateur, la WebApp n’est plus accessible ! ». Certes, mais le public des WebApps n’est pas le même, elles visent plutôt :

  • L’hyper-débutant qui ne sait pas ce qu’est un serveur web
  • Le débutant qui ne sait pas faire la différence entre un fichier interprété (.php par exemple) et un fichier exécutable (.exe)
  • Les personnes ne sachant pas ou ne voulant pas faire d’installation d’application web (« heu… c’est quoi mon hôte MySQL ? »)
  • Les personnes souhaitant faire une démo de leur application web sur un salon, sans connexion internet, depuis une clé USB
  • Les entreprises souhaitant envoyer un site dynamique sur CD à leurs clients
  • Les personnes souhaitant s’installer localement et facilement un wiki pour faire de la prise de notes en local
  • Les personnes souhaitant tester plusieurs CMS avant de faire leur choix
  • etc..

Je rappelle au passage que les WebApps sont en version bêta, et donc susceptibles d’importants changements au cours des prochaines semaines.

Reprenons notre casquette de militant du logiciel libre

Si on se place dans la perspective ou de plus en plus d’applications sont dans les nuages, que beaucoup de ces applications sont libres, mais qu’il y a là aussi une forte résistance des applications propriétaires (de Facebook aux Google Apps, en passant par Basecamp), il faut peut être s’interroger sur :

  • Comment faciliter l’accès aux applications web au grand public ?
  • Comment leur donner de meilleures chances face aux gros services marketing de sociétés privées ?
  • Comment éviter la frustration de l’utilisateur lambda, qui veut voir plus qu’une capture écran, mais pas forcément prendre un hébergement en ligne ?
  • Comment éviter le phénomène Minitel 2.0, dont nous sommes – nous, développeurs – en partie responsable en mettant une barrière à l’entrée parfois trop haute pour le citoyen numérique lambda ?

Un exemple : toutes les personnes que je connais qui ont tenté d’installer Mediawiki ou Drupal, pourtant tous deux extrêmement reconnus dans leurs domaines, ont reconnu que « les premières heures de prises en main ont été laborieuses ». Comment, dans ces conditions, espérer que Tata Jeannine installe sa propre application web ? Elle fera comme les autres, elle finira chez Blogger (bof bof) ou WordPress.com (mieux).

Bref, comment faciliter la transition entre le tout local que l’informatique à connu pendant des dizaines d’années, vers le tout dans Firefox en ligne vers lequel il semblerait que l’on se dirige à la vitesse d’un photon dans une fibre optique ?

Le logiciel libre à un véritable intérêt stratégique à promouvoir le libre dans le web, car c’est sur la toile que nous passons de plus en plus de temps. C’est là qu’est notre vie numérique. « C’est là que nous avons notre tête », pour reprendre les propos de Michel Serres.

Or, si ces applications foisonnent et s’émulsionnent dans les milieux autorisés (celui du développement web, des hébergeurs, de ceux qui savent…), il faut bien avouer qu’il n’y a pas beaucoup d’initiatives pour les rendre plus « populaires » au sens premier du terme.

Évidemment, les WebApps ne sont pas la solution, mais nous espérons qu’elles pourront être une piste intéressante, reprise et remixée par d’autres (notamment les éditeurs d’applications web libres) afin de rendre plus accessibles leur travail auprès d’un plus large public.

We need you!

Ceux qui sont encore là ont sans doute remarqué que l’offre de WebApps est relativement pauvre : 4 ou 5 applications web prêtes à l’emploi, alors qu’ils en existe des dizaines, voir des centaines d’intéressantes.

En effet, nous sommes déjà passablement occupés avec Framasoft, Framakey, Framabook, et j’en passe. Maintenir un portail de 20 ou 30 WebApps nous prendrait bien trop de temps.

S’il y a parmi vous des volontaires pour maintenir des WebApps (Joomla Portable ? Dotclear Portable ? Mediawiki portable ?) qu’ils n’hésitent pas à lire Comment créer ma WebApp ? puis à nous contacter. Les prérequis sont vraiment accessibles (savoir installer l’application, savoir la mettre à jour, disposer d’un système Windows).
De même, de futurs développements du WebApp Manager sont envisagés. Par exemple pour publier facilement sa WebApp en ligne, ou pour synchroniser des bases locales et distantes. Là aussi, n’hésitez pas à prendre contact si vous voulez contribuer au code.

N.B. : Une démo des WebApps (et de la FramaGnu !) sera probablement faite au salon Solutions Linux la semaine prochaine. Si vous souhaitez en discuter, demandez le stand Framasoft (on squattera très probablement le stand d’une association amie).

Notes

[1] En fait, le WebApp Manager est développé en AutoIt, langage freeware non libre. Mais les sources du WebAppManager sont, elles, bien libres. Il ne tient qu’à vous de le redévelopper dans n’importe quel autre langage disposant d’un compilateur libre




Cent millions de photos sous licence Creative Commons sur Flickr

Joi - CC byCertains lecteurs me demandent parfois comment je m’y prends pour sélectionner les photographies illustrant les billets du Framablog. Il n’y a pas de secret. Je les sélectionne généralement à partir de cette page du site Flickr en restreignant la recherche aux licences Creative Commons (avec « autorisation d’utilisation commerciale » et « autorisation de modifier, adapter ou développer le contenu »). Exemple avec les tags sky, africa et sad.

Étant un adepte de Flickr depuis quelques années maintenant, j’ai pu observer la qualité croissante des photographies sous licence Creative Commons de l’annuaire, qualité qui allait de pair avec la quantité. Aujourd’hui le blog des Creative Commons est fier de nous annoncer que l’on a dépassé le cap symbolique des cent millions d’images, en offrant à quelques généreux donateurs le très beau livre de portraits de Joi Ito, photographe et accessoirement président actuel de Creative Commons[1].

Fêtons les 100 millions de photos sous Creative Commons de Flickr avec le livre Free Souls de Joi Ito

Celebrate 100 Million CC Photos on Flickr with Joi Ito’s Free Souls

Fred Benenson – 23 mars 2009 – Creative Commons Blog
(Traduction Framalang : Poupoul2)

Durant les dernières semaines, nous avons gardé un oeil attentif sur le nombre de photos de Flickr placées sous licence Creative Commons. Nos calculs nous montrent que Flickr a dépassé le cap des 100 millions de photos sous licences CC quelque part pendant la journée du samedi 21 mars 2009. A la date de lundi (NdT : 23 mars 2009), 100 191 085 photos sous licence CC étaient recensées.

Ces photos ont été utilisées dans des centaines de milliers d’articles de Wikipédia, de messages postés sur des blogs, et même dans des articles de presse traditionnelle; autant d’exemples de créations nouvelles qui n’auraient autrement pas vu le jour sans nos licences publiques standardisées. L’intégration des licences CC dans Flickr est à la fois l’une des premières et l’une des meilleures, non seulement elle permet aux utilisateurs d’associer chaque photo à une licence différente, mais Flickr propose une incroyable page de découverte par licence CC, qui répartit les recherches de matériel licencié CC par licence. Vous pourrez par exemple visualiser toutes les photos de New York sous licence CC Paternité, triées par niveau d’intérêt.

Afin de fêter dignement ce jalon historique de Flickr, nous offrons à douze de nos donateurs à 100$ une copie du livre Free Souls de Joi Ito (président de Creative Commons). Toutes les photos de Joi ne sont pas placées sous la plus permissive de nos licences, Paternité, mais elles sont également disponibles au téléchargement sur Flickr. En donnant à Creative Commons aujourd’hui, vous apportez votre support au travail que nous réalisons et vous recevrez l’une des 1024 copies du livre de Joi en édition limitée.

Notes

[1] Crédit Photo : Joi Ito (Creative Commons By)




The Copyright Song

Daphné Kauffmann - The Copyright SongNina Paley est la femme à tout faire du film d’animation Sita Sings the Blues, que nous évoquions récemment dans un billet annonçant aussi bien sa « libération » que ses rocambolesques déboires avec les ayant-droits de la bande musicale.

Elle nous offre ici un petit refrain tout à fait charmant qui, sait-on jamais en ces temps d’Hadopi, pourrait bien devenir aussi célèbre et fédérateur que la Free Software Song de Richard Stallman !

Vous en trouverez les paroles ainsi que leur traduction ci-dessous. Et dans la mesure où Nina nous invite à créer nos propres interprétations de sa chanson, j’ai mis mon écrivain, blogueuse, musicienne de sœur à contribution pour initier le mouvement. Sous l’œil bienveillant (et parfois un peu décalé) de sa webcam artisanale, elle nous en propose trois « copies » : un version « soft », une version « hard » et une version française de sa composition.

—> La vidéo au format webm

The Copyright Song

URL d’origine du document

Nina Paley – 17 mars 2009 – Licence Creative Commons By-Sa
(Traduction et sous-titrage Framalang : Joan et Yostral)

Copying isn’t theft
Stealing a thing leaves one less left
Copying it makes one thing more
That’s what copying’s for.

Copying isn’t theft
If I copy yours, you have it too
One for me and one for you
That’s what copies can do.

If I steal your bicycle,
You have to take the bus
But if I just copy it,
There’s one for each of us!

Making more of a thing
That is what we call copying
Sharing ideas with everyone
That’s why copying…
…Is fun!

Traduction

Copier n’est pas voler
Voler une chose en enlève une
La copier en rajoute une
C’est à ça que sert la copie.

Copier n’est pas voler
Si je copie la tienne, tu l’as toujours
Une pour moi et une pour toi
C’est le pouvoir des copies.

Si je vole ton vélo,
Tu devras prendre le bus
Mais si je ne fais que le copier,
On en aura un chacun !

Multiplier une chose
C’est ce qu’on appelle copier
Partager ses idées avec tout le monde
C’est ce qui fait que copier…
…Est fun !

Premiers remix par Daphné Kauffmann

Version « soft » :

—> La vidéo au format webm

Version « hard » :

—> La vidéo au format webm

Version française :

—> La vidéo au format webm

Copier n’est pas voler
Si on me vole, je n’ai plus rien
Si on copie, je n’ai pas moins
Copier c’est partager

Copier n’est pas voler
Je copie le tien, tu en gardes un
Et on a chacun le sien
C’est tout l’art de copier

Si je te vole ton vélo
Tu dois prendre le métro
Mais si j’en fais une copie
Tu en gardes un aussi

Faire d’une chose deux
C’est ce qu’on appelle la copie
On partage ses idées ainsi
C’est pourquoi copier…
…c’est mieux !

Paroles sous licence Creative Commons By-Sa par Daphné Kauffmann




Promenons-nous dans New York en photographiant pour Wikipédia

La « culture libre » non seulement c’est bien en théorie mais c’est également tout à fait sympathique et convivial en pratique. Et ça fait descendre dans la rue le sourire aux lèvres pour se rencontrer, échanger et participer ensemble à la construction de biens communs.

Le 4 octobre dernier avait lieu la « chasse au trésor » Wikis Take Manhattan! Et le trésor en question consistait à rapporter de la ballade new-yorkaise des photographies, bien entendu sous licence libre (Creative Commons By-Sa), pour alimenter Wikipédia (et StreetsWiki).

Je ne sais pas pourquoi je pense à cela mais nous sommes tout d’un coup très loin du vieux dispositif qui consiste à suivre docilement un guide assermenté et rémunéré pour un parcours imposé dans un lieu touristique balisé en prenant tous, quand on y est autorisé, les mêmes photos qui ne serviront qu’à soi.

Et comme il est dit en conclusion du reportage de l’évènement, sous-titré par Framalang : « On adore l’Internet, la culture libre, et les logiciels libres… Tout se recoupe au bout du compte ».

—> La vidéo au format webm




Quand les passants de Sydney adorent le nouveau Windows

Lu sur LinuxFr et, tout juste, sous-titré par Framalang :

« ZDNet Australie a réalisé une vidéo dans les rues de Sydney en faisant semblant de montrer une vidéo de démonstration du prochain Windows 7, alors qu’il s’agit en réalité de… KDE 4 !

En effet, il a été de très nombreuses fois constatées que le bureau de la version bêta (Build 7000) du prochain Windows présente une ressemblance troublante à cet autre environnement très présent dans le monde de Linux qu’est KDE. Mais au-delà de l’apparence du bureau, on se rend compte que toutes ces fonctionnalités de KDE plaisent énormément aux personnes passées dans la vidéo, et ne se doutent pas (apparemment) qu’il ne s’agit pas de Windows. La plupart en revanche, critiquent Vista pour diverses raisons.

Alors, KDE4 est-il Windows 7, ou Windows est-il KDE 4, ou simplement un peu des deux finalement ou ils n’ont rien à voir ? À vous de juger… »

—> La vidéo au format webm




La gratuité c’est le vol déclare le ministre des finances

Eneas - CC byAppel d’air est un livre des éditions ActuSF (collection Les Trois Souhaits) qui regroupe une trentaine de courtes nouvelles de science-fiction interrogeant le devenir de la France au lendemain des élections présidentielles de 2007. Un fidèle lecteur m’a envoyé un message pour me suggérer de recopier celle de Roland C. Wagner. Why not, me suis-je dit plongés que nous sommes en cette obscure période Hadopi.

On est donc en pleine science-fiction (et dans le pastiche frondeur) mais est-on si loin que cela de la réalité au niveau des mentalités ? Nos sociétés, telles qu’elles sont actuellement organisées, n’ont-elles pas du mal à composer avec ces échanges non marchands souvent tirés vers le haut par l’usage des nouvelles technologies ?

Vous en trouverez la lecture publique récitée non sans verve par son auteur sur le site Dailymotion (issu du même recueil, on notera également Mentions légales de Catherine Dufour)[1].

La gratuité c’est le vol

Roland C. Wagner – avril 2007 – Appel d’Air (éditions ActuSF)

« La gratuité c’est le vol », déclare le ministre des finances.

« La loi sur la préservation de l’économie et la diminution de la dette publique est une loi juste, digne d’une grande démocratie comme la France, » appuie le président. « Il faut préserver notre industrie, notre commerce et nos services contre les ravages de la gratuité. Les revenus des auteurs et des compositeurs ne sont-ils pas en train de plonger à cause de la concurrence déloyale exercée par les artistes qui mettent leur musique en libre accès, contrairement à toutes les règles du marché ? Les ventes des quotidiens ne sont-elles pas en chute libre en raison de la multiplication des sources d’informations gratuites — et, disons-le, le plus souvent douteuses ? Nos artisans ne sont-ils pas menacés par le travail au noir non rémunéré qui se multiplie en catimini ? »

« Il devenait urgent de mettre un terme à ces abus qui mettent en péril le pays tout entier. C’est pourquoi, après avoir écouté avec attention les différents acteurs économiques, le gouvernement a décidé d’interdire toute offre de service ou de produit gratuit dès lors qu’il existe une solution payante équivalente. Par conséquent, le don, le prêt et à plus forte raison la copie des produits culturels est interdite, dans le souci de défendre les créateurs contre la véritable spoliation dont ils sont victimes chaque fois qu’une de leurs œuvres est consommée sans contrepartie financière. De même, il est désormais défendu aux associations caritatives de procurer gratuitement nourriture, vêtements ou services pour ne pas concurrencer les commerces et entreprises au bord de l’asphyxie financière. Recourir aux services de l’État sera désormais facturé à l’acte, afin de donner à chacun la possibilité du libre choix dans tous les domaines, y compris celui de la sécurité des biens et des personnes. »

« À partir du premier janvier de l’année prochaine, la vente de produits de seconde main sera interdite, afin de protéger les producteurs. Seuls les objets de collection d’une valeur supérieure à cent euros échapperont à cette règle. De fait, brocantes et vide-greniers sont appelés à disparaître en faveur de foires ne proposant que des objets neufs, dans le but de préserver les emplois de ceux qui fabriquent les objets en question. À cette même date entrera en vigueur l’article 17 de la loi qui condamnera sévèrement le travail gratuit, cette plaie de notre société. Aider quelqu’un à, par exemple, refaire le papier peint de son salon sera dés lors passible de 5 ans de prison et de 375 000 euros d’amende, sauf bien entendu à l’intérieur du cercle familial restreint tel qu’il a été défini par la loi sur la famille du mois dernier — c’est à dire limité aux personnes possédant au minimum 50 % d’ADN en commun, les individus prédisposés génétiquement à la malhonnêteté et à l’incivilité étant bien entendu exclus. »

« C’est ainsi, mes chers compatriotes, que nous sauverons la France et reviendrons à une croissance positive dès l’année prochaine. En supprimant à jamais l’illusion scandaleuse de la gratuité. »

Dépêche AFP : « Un boy-scout qui avait aidé une vieille dame à traverser la rue sans lui réclamer de chèque emploi service a été condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis et 10 000 euros d’amende par le tribunal de Nice. Le ministre de l’intérieur, qui estime la sanction bien légère, a demandé au parquet de faire appel. »

Notes

[1] Crédit photo Eneas (Creative Commons By)