Longue vie au Web, par Tim Berners-Lee

Neal Fowler - CC By « Sir » Tim Berners-Lee, le père du Web, a livré ce week-end au magazine Scientific American, une analyse complète lucide et accessible des menaces qui pèsent aujourd’hui sur ce curieux phénomène qui depuis vingt ans a changé la face du monde : Internet.

En termes simples, Berners-Lee revient sur l’universalité de ce réseau, qui n’a pu se développer que grâces à des conditions initiales propices :

  • Une technique simple et libre, donc bidouillable par chacun dans son coin;
  • Une conception décentralisée, permettant une croissance tous azimuts;
  • Le principe de neutralité du réseau, qui permet à tous de proposer du contenu.

Or, force est de constater que ces conditions, qui ont démarqué ce que nous appelons aujourd’hui « Internet » des autres tentatives de mise en réseau à grande échelle d’ordinateurs de par le monde, sont attaquées et mises en péril par de grandes entreprises, et, presque comme une conséquence par de nombreux gouvernements. [1]

À la lecture de ce texte, on peut également se rendre compte que la France est malheureusement en bonne position parmi les gouvernements les plus hostiles au réseau, et que la HADOPI, comme un pavé jeté dans la mare, éclabousse effectivement de honte le pays des droits de l’Homme face à ses voisins. Contrastant par exemple clairement avec le droit au haut débit pour tous mis en place par la Finlande et lui aussi mentionné par Berners-Lee.

Toutefois, la principale qualité de cette riche synthèse est son ton résolument grand public, qui a mobilisé l’équipe Framalang tout un week-end pour venir à bout de la traduction des 6 pages de l’article original en moins de 48h.

Longue vie au Web ! Un appel pour le maintien des standards ouverts et de la neutralité

Long Live the Web, A Call for Continued Open Standards and Neutrality

Tim Berners-Lee – lundi 22 novembre – ScientificAmerican.com
Traduction Framalang : Goofy, Pablo, Seb seb, Misc, Siltaar

Le Web est un enjeu crucial non seulement pour la révolution numérique mais aussi pour notre prospérité — et même pour notre liberté. Comme la démocratie elle-même, il doit être défendu.

Le world wide web est venu au monde, concrètement, sur mon ordinateur de bureau à Genève en Suisse en décembre 1990. Il était composé d’un site Web et d’un navigateur, qui d’ailleurs se trouvaient sur la même machine. Ce dispositif très simple faisait la démonstration d’une idée fondamentale : n’importe qui pouvait partager des informations avec n’importe qui d’autre, n’importe où. Dans cet esprit, le Web s’est étendu rapidement à partir de ces fondations. Aujourd’hui, à son 20ème anniversaire, le Web est intimement mêlé à notre vie de tous les jours. Nous considérons qu’il va de soi, nous nous attendons à ce qu’il soit disponible à chaque instant, comme l’électricité.

Le Web est devenu un outil puissant et omniprésent parce qu’il a été conçu suivant des principes égalitaires et parce que des milliers d’individus, d’universités et d’entreprises ont travaillé, à la fois indépendamment et ensemble en tant que membres du World Wide Web Consortium, pour étendre ses possibilités en se fondant sur ces principes.

Le Web tel que nous le connaissons, cependant, est menacé de diverses façons. Certains de ses plus fameux locataires ont commencé à rogner sur ses principes. D’énormes sites de réseaux sociaux retiennent captives les informations postées par leurs utilisateurs, à l’écart du reste du Web. Les fournisseurs d’accés à Internet sans fil sont tentés de ralentir le trafic des sites avec lesquels ils n’ont pas d’accords commerciaux. Les gouvernements — qu’ils soient totalitaires ou démocratiques — surveillent les habitudes en ligne des citoyens, mettant en danger d’importants droits de l’Homme.

Si nous, les utilisateurs du Web, nous permettons à ces tendances et à d’autres encore de se développer sans les contrôler, le Web pourrait bien se retrouver fragmenté en archipel. Nous pourrions perdre la liberté de nous connecter aux sites Web de notre choix. Les effets néfastes pourraient s’étendre aux smartphones et aux tablettes, qui sont aussi des portails vers les nombreuses informations fournies par le Web.

Pourquoi est-ce votre affaire ? Parce que le Web est à vous. C’est une ressource publique dont vous, vos affaires, votre communauté et votre gouvernement dépendent. Le Web est également vital pour la démocratie, en tant que canal de communication qui rend possible une conversation globale permanente. Le Web est désormais plus crucial pour la liberté d’expression que tout autre média. Il transpose à l’âge numérique les principes établis dans la constitution des États-Unis, dans la Magna Carta britannique et d’autres textes fondateurs : la liberté de ne pas être surveillée, filtrée, censurée ni déconnectée.

Pourtant les gens semblent penser que le Web est en quelque sorte un élément naturel, et que s’il commence à dépérir, eh bien, c’est une de ces choses malheureuses contre lesquelles on ne peut rien faire. Or il n’en est rien. Nous créons le Web, en concevant les protocoles pour les ordinateurs et les logiciels. Ce processus est entièrement entre nos mains. C’est nous qui choisissons quelles caractéristiques nous voulons qu’il ait ou non. Il n’est absolument pas achevé (et certainement pas mort). Si nous voulons contrôler ce que fait le gouvernement, ce que font les entreprises, comprendre dans quel état exact se trouve la planète, trouver un traitement à la maladie d’Alzheimer, sans parler de partager nos photos avec nos amis, nous le public, la communauté scientifique et la presse, nous devons nous assurer que les principes du Web demeurent intacts — pas seulement pour préserver ce que nous avons acquis mais aussi pour tirer profit des grandes avancées qui sont encore à venir.

L’universalité est le principe fondateur

Il existe des principes-clés pour s’assurer que le Web devienne toujours plus précieux. Le premier principe de conception qui sous-tend l’utilité du Web et son développement, c’est l’universalité. Lorsque vous créez un lien, vous pouvez le diriger vers n’importe quoi. Cela signifie que chacun doit être capable de mettre tout ce qu’il veut sur le Web, quel que soit l’ordinateur, le logiciel utilisé ou la langue parlée, peu importe qu’on ait une connexion avec ou sans wifi. Le Web devrait être utilisable par des personnes handicapées. Il doit fonctionner avec n’importe quelle information, que ce soit un document ou un fragment de données, quelle que soit la qualité de l’information — du tweet crétin à la thèse universitaire. Et il devrait être accessible avec n’importe quel type de matériel connectable à Internet : ordinateur fixe ou appareil mobile, petit ou grand écran.

Ces caractéristiques peuvent paraître évidentes, allant de soi ou simplement sans importance, mais ce sont grâce à elles que vous pourrez voir apparaître sur le Web, sans aucune difficulté, le site du prochain film à succès ou la nouvelle page d’accueil de l’équipe locale de foot de votre gamin. L’universalité est une exigence gigantesque pour tout système.

La décentralisation est un autre principe important de conception. Vous n’avez nul besoin de l’approbation d’une quelconque autorité centrale pour ajouter une page ou faire un lien. Il vous suffit d’utiliser trois protocoles simples et standards : écrire une page en HTML (langage de balisage hypertextuel), de la nommer selon une norme d’URI (identifiant uniforme de ressource), et de la publier sur Internet en utilisant le protocole HTTP (protocole de transfert hypertexte). La décentralisation a rendu possible l’innovation à grande échelle et continuera de le faire à l’avenir.

L’URI est la clé de l’universalité (à l’origine j’ai appelé le procédé de nommage URI, Universal Resource Identifier – Identifiant Universel de Ressource ; par la suite il est devenu URL, Uniform Resource Locator – Localisateur Uniforme de Ressource). L’URI vous permet de suivre n’importe quel lien, indépendamment du contenu vers lequel il pointe ou de qui publie ce contenu. Les liens transforment le contenu du Web en quelque chose de plus grande valeur : un espace d’information inter-connecté.

Plusieurs menaces à l’encontre de l’universalité du Web sont apparues récemment. Les compagnies de télévision par câble qui vendent l’accès à Internet se demandent s’il faut pour leurs clients limiter le téléchargement à leurs seuls contenus de divertissement. Les sites de réseaux sociaux présentent un problème différent. Facebook, LinkedIn, Friendster et d’autres apportent essentiellement une valeur en s’emparant des informations quand vous les saisissez : votre date de naissance, votre adresse de courriel, vos centres d’intérêts, et les liens qui indiquent qui est ami avec qui et qui est sur quelle photo. Les sites rassemblent ces données éparses dans d’ingénieuses bases de données et réutilisent les informations pour fournir un service à valeur ajoutée — mais uniquement sur leurs sites. Une fois que vous avez saisi vos données sur un de ces services, vous ne pouvez pas facilement les utiliser sur un autre site. Chaque site est un silo, séparé des autres par une cloison hermétique. Oui, vos pages sur ces sites sont sur le Web, mais vos données n’y sont pas. Vous pouvez accéder à une page Web contenant une liste de gens que vous avez rassemblée au même endroit, mais vous ne pouvez pas envoyer tout ou partie de cette liste vers un autre site.

Cette compartimentation se produit parce que chaque élément d’information est dépourvu d’URI. L’interconnexion des données existe uniquement à l’intérieur d’un même site. Ce qui signifie que plus vous entrez de données, et plus vous vous enfermez dans une impasse. Votre site de réseau social devient une plateforme centrale — un silo de données fermé, qui ne vous donne pas le plein contrôle sur les informations qu’il contient. Plus ce genre d’architecture se répand, plus le Web se fragmente, et moins nous profitons d’un unique espace d’information universel.

Un effet pervers possible est qu’un site de réseau social — ou un moteur de recherche, ou un navigateur — prenne une telle ampleur qu’il devienne hégémonique, ce qui a tendance à limiter l’innovation. Comme cela s’est produit plusieurs fois depuis les débuts du Web, l’innovation permanente du plus grand nombre peut être la meilleure réponse pour contrer une entreprise ou un gouvernement quelconque qui voudrait saper le principe d’universalité. GnuSocial et Diaspora sont des projets sur le Web qui permettront à chacun de créer son propre réseau social sur son propre serveur, et de se connecter à d’autres sur leur site. Le projet Status.net, qui fait tourner des sites comme Identi.ca, vous permet de monter votre propre réseau de micro-blogage à la manière de Twitter mais sans la centralisation induite par Twitter.

Les standards ouverts sont le moteur de l’innovation

Permettre à chaque site d’être lié à n’importe quel autre est nécessaire mais pas suffisant pour que le Web ait une armature solide. Les technologies de base du Web, dont les particuliers et les entreprises ont besoin pour développer des services avancés, doivent être gratuites et sans redevance. Amazon.com, par exemple, est devenu une gigantesque librairie en ligne, puis un disquaire, puis un immense entrepôt de toutes sortes de produits, parce que l’entreprise avait un accès libre et gratuit aux standards techniques qui sous-tendent le Web. Amazon, comme tout usager du Web, a pu utiliser le HTML, l’URI et le HTTP sans avoir à en demander l’autorisation à quiconque et sans avoir à payer pour cela. La firme a pu également bénéficier des améliorations de ces standards développées par le World Wide Web Consortium, qui permettent aux clients de remplir un bon de commande virtuel, de payer en ligne, d’évaluer les marchandises achetées et ainsi de suite.

Par « standards ouverts » je veux dire des standards à l’élaboration desquels peuvent participer tous les spécialistes, pourvu que leur contribution soit largement reconnue et validée comme acceptable, qu’elle soit librement disponible sur le Web et qu’elle soit gratuite (sans droits à payer) pour les développeurs et les utilisateurs. Des standards ouverts, libres de droits et faciles à utiliser génèrent l’extraordinaire diversité des sites Web, depuis les grands noms tels qu’Amazon, Craigslist et Wikipédia jusqu’aux blogs obscurs maintenus par des passionnés, en passant par les vidéos bricolées à la maison et postées par des ados.

La transparence signifie aussi que vous pouvez créer votre site Web ou votre entreprise sans l’accord de qui que ce soit. Au début du Web, je ne devais pas demander de permission ni payer de droits d’auteur pour utiliser les standards ouverts propres à Internet, tels que le célèbre protocole de contrôle de transmission (TCP) et le protocole Internet (IP). De même, la politique de brevets libres de droits du W3C (World Wide Web Consortium) dit que les entreprises, les universités et les individus qui contribuent au développement d’un standard doivent convenir qu’ils ne feront pas payer de droits d’auteur aux personnes qui pourraient l’utiliser.

Les standards libres de droits et ouverts ne signifient pas qu’une entreprise ou un individu ne peut pas concevoir un blog ou un programme de partage de photos et vous faire payer son utilisation. Ils le peuvent. Et vous pourriez avoir envie de payer pour ça, si vous pensez que c’est « mieux » que le reste. L’important est que les standards ouverts permettent un grand nombre d’options, gratuites ou non.

En effet, de nombreuses entreprises dépensent de l’argent pour mettre au point des applications extraordinaires précisément parce qu’elles sont sûres que ces applications vont fonctionner pour tout le monde, sans considération pour le matériel, le système d’exploitation ou le fournisseur d’accés internet (FAI) que les gens utilisent — tout ceci est rendu possible par les standards ouverts du Web. La même confiance encourage les scientifiques à passer des centaines d’heures à créer des bases de données incroyables sur lesquelles ils pourront partager des informations sur, par exemple, des protéines en vue de mettre au point des remèdes contre certaines maladies. Cette confiance encourage les gouvernements des USA ou du Royaume-Uni à mettre de plus en plus de données sur le réseau pour que les citoyens puissent les inspecter, rendant le gouvernement de plus en plus transparent. Les standards ouverts favorisent les découvertes fortuites : quelqu’un peut les utiliser d’une façon que personne n’a imaginée avant. Nous le voyons tous les jours sur le Web.

Au contraire, ne pas utiliser les standards ouverts crée des univers fermés. Par exemple, le systéme iTunes d’Apple identifie les chansons et les vidéos par des URI que l’on ouvre. Mais au lieu d’« http: », les adresses commencent par « itunes: » qui est propriétaire. Vous ne pouvez accéder à un lien « itunes: » qu’en utilisant le logiciel propriétaire iTunes d’Apple. Vous ne pouvez pas faire un lien vers une information dans l’univers iTunes, comme une chanson ou une information sur un groupe. L’univers iTunes est centralisé et emmuré. Vous êtes piégés dans un seul magasin, au lieu d’être sur une place ouverte. Malgré toutes les fonctionnalités merveilleuses du magasin, leurs évolutions sont limitées par ce qu’une seule entreprise décide.

D’autres entreprises créent aussi des univers fermés. La tendance des magazines, par exemple, de produire des « applis » pour smartphone plutôt que des applications Web est inquiétante, parce que ce contenu ne fait pas partie du Web. Vous ne pouvez pas le mettre dans vos signets, ni envoyer par email un lien vers une page pointant dessus. Vous ne pouvez pas le « tweeter ». Il est préférable de créer une application Web qui fonctionnera aussi sur les navigateurs des smartphones et les techniques permettant de le faire s’améliorent en permanence.

Certaines personnes pourraient penser que les univers fermés ne sont pas un problème. Ces univers sont faciles à utiliser et peuvent donner l’impression de leur apporter tout ce dont elles ont besoin. Mais comme on l’a vu dans les années 1990 avec le système informatique bas débit d’AOL, qui vous donnait un accès restreint à un sous-ensemble du Web, ces « jardins emmurés », qu’importe qu’ils soient agréables, ne peuvent rivaliser en diversité, en profusion et en innovation avec l’agitation démente du Web à l’extérieur de leurs portes. Toutefois, si un « clôt » a une emprise trop importante sur un marché cela peut différer sa croissance extérieure.

Garder la séparation entre le Web et l’Internet

Conserver l’universalité du Web et garder ses standards ouverts aide tout le monde à inventer de nouveaux services. Mais un troisième principe — la séparation des couches — distingue la conception du Web de celle de l’Internet.

Cette séparation est fondamentale. Le Web est une application tournant sur Internet, qui n’est autre qu’un réseau électronique transmettant des paquets d’information entre des millions d’ordinateurs en suivant quelques protocoles ouverts. Pour faire une analogie, le Web est comme un appareil électroménager qui fonctionne grâce au réseau électrique. Un réfrigérateur ou une imprimante peut fonctionner tant qu’il utilise quelques protocoles standards — aux États-Unis, on fonctionne sur du 120 volts à 60 hertz. De la même façon, chaque application — parmi lesquelles le Web, les courriels ou la messagerie instantanée — peut fonctionner sur Internet tant qu’elle suit quelques protocoles standards d’Internet, tels que le TCP et l’IP.

Les fabricants peuvent améliorer les réfrigérateurs et les imprimantes sans transformer le fonctionnement de l’électricité, et les services publics peuvent améliorer le réseau électrique sans modifier le fonctionnement des appareils électriques. Les deux couches de technologie fonctionnent en même temps mais peuvent évoluer indépendamment. C’est aussi valable pour le Web et Internet. La séparation des couches est cruciale pour l’innovation. En 1990 le Web se déploie sur Internet sans le modifier, tout comme toutes les améliorations qui ont été faites depuis. À cette période, les connexions Internet se sont accélérées de 300 bits par seconde à 300 millions de bits par seconde (Mbps) sans qu’il ait été nécessaire de repenser la conception du Web pour tirer profit de ces améliorations.

Les droits de l’homme à l’âge électronique

Bien qu’Internet et les principes du Web soient distincts, un utilisateur du Web est aussi un utilisateur d’Internet et par conséquent il compte sur un réseau dépourvu d’interférences. Dans les temps héroïques du Web, il était techniquement trop difficile pour une entreprise ou un pays de manipuler le Web pour interférer avec un utilisateur individuel. La technologie nécessaire a fait des bonds énormes, depuis. En 2007, BitTorrent, une entreprise dont le protocole de réseau « peer to peer » permet de partager les musiques, les vidéos et d’autres fichiers directement sur Internet, a déposé une plainte auprès de la FCC (commission fédérale des communications) contre le géant des fournisseurs d’accès Comcast qui bloquait ou ralentissait le trafic de ceux qui utilisaient l’application BitTorrent. La FCC a demandé à Comcast de cesser ces pratiques, mais en avril 2010 la cour fédérale a décidé que la FCC n’avait pas le droit de contraindre Comcast. Un bon FAI (Fournisseur d’Accès Internet) qui manque de bande passante s’arrangera souvent pour délester son trafic de moindre importance de façon transparente, de sorte que les utilisateurs soient au courant. Il existe une différence importante entre cette disposition et l’usage du même moyen pour faire une discrimination.

Cette différence met en lumière le principe de la neutralité du réseau. La neutralité du réseau garantit que si j’ai payé pour une connexion d’une certaine qualité, mettons 300 Mbps, et que vous aussi vous avez payé autant, alors nos communications doivent s’établir à ce niveau de qualité. Défendre ce principe empêcherait un gros FAI de vous transmettre à 300 Mbps une vidéo venant d’une société de média qu’il posséderait, tandis qu’il ne vous enverrait la vidéo d’une société concurrente qu’à une vitesse réduite. Cela revient à pratiquer une discrimination commerciale. D’autres situations complexes peuvent survenir. Que se passe-t-il si votre FAI vous rend plus facile l’accès à une certaine boutique en ligne de chaussures et plus difficile l’accès à d’autres ? Ce serait un moyen de contrôle puissant. Et que se passerait-il si votre FAI vous rendait difficile l’accès à des sites Web de certains partis politiques, de groupes à caractère religieux, à des sites parlant de l’évolution ?

Hélas, en août Google et Verizon ont suggéré pour diverses raisons que la neutralité ne doit pas s’appliquer aux connexions des téléphones portables. De nombreuses personnes dans des zones rurales aussi bien dans l’Utah qu’en Ouganda n’ont accés à l’Internet que par leur téléphone mobile. Exclure les accès sans fil du principe de neutralité laisserait ces utilisateurs à la merci de discriminations de service. Il est également bizarre d’imaginer que mon droit fondamental d’accés à la source d’information de mon choix s’applique quand je suis sur mon ordinateur en WiFi à la maison, mais pas quand j’utilise mon téléphone mobile.

Un moyen de communication neutre est la base d’une économie de marché juste et compétitive, de la démocratie et de la science. La polémique est revenue à l’ordre du jour l’année dernière pour savoir s’il est nécessaire qu’une législation gouvernementale protège la neutralité du réseau. C’est bien le cas. Même si généralement Internet et le Web se développent grâce à une absence de régulation, quelques principes fondamentaux doivent être protégés légalement.

Halte à l’espionnage

D’autres menaces envers le web résultent d’indiscrétions touchant Internet, ce qui inclut l’espionnage. En 2008, une entreprise du nom de Phorm a mis au point un moyen pour un FAI de fouiner dans les paquets d’informations qu’il envoie. Le fournisseur peut alors déterminer chaque URI sur laquelle un de ses clients a surfé, et ensuite créer un profil des sites que l’utilisateur a visités afin de produire des publicités ciblées.

Accéder à l’information contenue dans un paquet Internet est équivalent à mettre un téléphone sur écoute ou ouvrir le courrier postal. Les URI que les gens utilisent révèlent beaucoup de choses sur eux. Une entreprise ayant acheté les profils URI de demandeurs d’emploi pourrait les utiliser pour faire de la discrimination à l’embauche sur les idées politiques des candidats par exemple. Les compagnies d’assurance-vie pourraient faire de la discrimination contre les personnes qui ont fait des recherches concernant des symptômes cardiaques sur le Web. Des personnes mal intentionnées pourraient utiliser les profils pour traquer des individus. Nous utiliserions tous le Web de façon très différente si nous savions que nos clics pouvaient être surveillés et les données ainsi obtenues partagées avec des tierces personnes.

La liberté d’expression devrait être elle aussi protégée. Le Web devrait être semblable à une feuille de papier blanche : disponible pour y écrire, sans qu’on puisse contrôler ce qui y est écrit. Au début de cette année Google a accusé le gouvernement chinois d’avoir piraté ses bases de données pour récupérer les courriels des dissidents. Ces intrusions supposées ont fait suite au refus de Google d’obéir aux exigences du gouvernement, qui demandait à l’entreprise de censurer certains documents sur son moteur de recherche en langue chinoise.

Les régimes totalitaires ne sont pas les seuls qui violent les droits du réseau de leurs citoyens. En France une loi créée en 2009, appelée HADOPI, autorise une administration du même nom à déconnecter un foyer pendant un an si quelqu’un dans la maison est accusé par une compagnie de distribution de médias d’avoir téléchargé de la musique ou des vidéos. Suite à une forte opposition, en octobre le Conseil constitutionnel français a demandé qu’un juge soit saisi du dossier avant que l’accès à Internet ne soit coupé, mais si le juge l’accepte, le foyer familial pourra être déconnecté sans procédure légale digne de ce nom. Au Royaume-Uni, le Digital Economy Act, hâtivement voté en avril, autorise le gouvernement à demander à un FAI (Fournisseur d’Accès Internet) d’interrompre la connexion de quiconque figure dans une liste d’individus soupçonnés de violation de copyright. En septembre, le Sénat des États-Unis a introduit le Combating Online Infringement and Counterfeits Act (loi pour lutter contre la délinquance en ligne et la contrefaçon), qui devrait permettre au gouvernement de créer une liste noire de sites Web — qu’ils soient ou non hébergés aux USA — accusés d’enfreindre la loi, et d’obliger tous les FAI à bloquer l’accès des-dits sites.

Dans de tels cas de figure, aucune procédure légale digne de ce nom ne protège les gens avant qu’ils ne soient déconnectés ou que leurs sites soient bloqués. Compte-tenu des multiples façons dont le Web s’avère essentiel pour notre vie privée et notre travail, la déconnexion est une forme de privation de notre liberté. En s’inspirant de la Magna Carta, nous pourrions maintenant proclamer :

« Aucun individu ni organisation ne pourra être privé de la possibilité de se connecter aux autres sans une procédure légale en bonne et due forme qui tienne compte de la présomption d’innocence. »

Lorsque nos droits d’accès au réseau sont violés, un tollé général est déterminant. Les citoyens du monde entier se sont opposés aux exigences de la Chine envers Google, à tel point que la Secrétaire d’état Hillary Clinton a déclaré que le gouvernement des États-Unis soutenait la résistance de Google et que la liberté de l’Internet — et avec elle celle du Web — allait devenir une pièce maîtresse de la politique étrangère américaine. En octobre, la Finlande a fait une loi qui donne le droit à chaque citoyen d’avoir une connexion à haut débit de 1 Mbps.

Connexion vers l’avenir

Tant que les principes fondamentaux du Web seront maintenus, son évolution ultérieure ne dépendra d’aucun individu ni d’aucune organisation particulière — ni de moi, ni de personne d’autre. Si nous pouvons en préserver les principes, le Web est promis à un avenir extraordinaire.

La dernière version du HTML par exemple, intitulée HTML5, n’est pas simplement un langage de balisage mais une plateforme de programmation qui va rendre les applications Web encore plus puissantes qu’elles ne le sont aujourd’hui. La prolifération des smartphones va mettre le Web encore plus au cœur de nos vies. L’accès sans fil donnera un avantage précieux aux pays en développement, où beaucoup de gens n’ont aucune connexion filaire ou par câble mais peuvent en avoir sans fil. Il reste encore beaucoup à faire, bien sûr, y compris en termes d’accessibilité pour les personnes handicapées, et pour concevoir des pages qui s’afficheront aussi bien sur tous les écrans, depuis le mur d’images géantes en 3D jusqu’à la taille d’un cadran de montre.

Un excellent exemple de futur prometteur, qui exploite la puissance conjuguée de tous ces principes, c’est l’interconnexion des données. Le Web d’aujourd’hui est relativement efficace pour aider les gens à publier et découvrir des documents, mais nos programmes informatiques ne savent pas lire ni manipuler les données elles-mêmes au sein de ces documents. Quand le problème sera résolu, le Web sera bien plus utile, parce que les données concernant presque chaque aspect de nos vies sont générées à une vitesse stupéfiante. Enfermées au sein de toutes ces données se trouvent les connaissances qui permettent de guérir des maladies, de développer les richesses d’un pays et de gouverner le monde de façon plus efficace.

Les scientifiques sont véritablement aux avants-postes et font des efforts considérables pour inter-connecter les données sur le Web. Les chercheurs, par exemple, ont pris conscience que dans de nombreux cas un unique laboratoire ou un seul dépôt de données en ligne s’avèrent insuffisants pour découvrir de nouveaux traitements. Les informations nécessaires pour comprendre les interactions complexes entre les pathologies, les processus biologiques à l’œuvre dans le corps humain, et la gamme étendue des agents chimiques sont dispersées dans le monde entier à travers une myriade de bases de données, de feuilles de calcul et autres documents.

Un expérience réussie est liée à la recherche d’un traitement contre la maladie d’Alzheimer. Un grand nombre de laboratoires privés ou d’état ont renoncé à leur habitude de garder secrètes leurs données et ont créé le projet Alzheimer’s Disease Neuroimaging. Ils ont mis en ligne une quantité phénoménale d’informations inter-connectées sur les patients, ainsi que des scanners cérébraux, une base dans laquelle ils ont puisé à maintes reprises pour faire progresser leurs recherches. Au cours d’une démonstration dont j’ai été témoin, un scientifique a demandé : « quelles protéines sont impliquées dans la transduction des signaux et sont liées aux neurones pyramidaux ? ». En posant la question avec Google, on obtenait 233 000 résultats — mais pas une seule réponse. En demandant aux bases de données inter-connectées du monde entier pourtant, on obtenait un petit nombre de protéines qui répondaient à ces critères.

Les secteurs de l’investissement et de la finance peuvent bénéficier eux aussi des données inter-connectées. Les profits sont générés, pour une grande part, par la découverte de modèles de recherche dans des sources d’informations incroyablement diversifiées. Les données sont également toutes liées à notre vie personnelle. Lorsque vous allez sur le site de votre réseau social et que vous indiquez qu’un nouveau venu est votre ami, vous établissez une relation. Et cette relation est une donnée.

Les données inter-connectées suscitent un certains nombre de difficultés que nous devrons affronter. Les nouvelles possibilités d’intégration des données, par exemple, pourraient poser des problèmes de respect de la vie privée qui ne sont pratiquement pas abordés par les lois existantes sur le sujet. Nous devrions examiner les possibilités légales, culturelles et techniques qui préserveront le mieux la vie privée sans nuire aux possibilités de bénéfices que procure le partage de données.

Nous sommes aujourd’hui dans une période enthousiasmante. Les développeurs Web, les entreprises, les gouvernements et les citoyens devraient travailler ensemble de façon collaborative et ouverte, comme nous l’avons fait jusqu’ici, pour préserver les principes fondamentaux du Web tout comme ceux de l’Internet, en nous assurant que les processus techniques et les conventions sociales que nous avons élaborés respectent les valeurs humaines fondamentales. Le but du Web est de servir l’humanité. Nous le bâtissons aujourd’hui pour que ceux qui le découvriront plus tard puissent créer des choses que nous ne pouvons pas même imaginer.

Notes

[1] Crédit photo : Neal Fowler – Creative Commons By




Un mois de campagne « 1000 10 1 »

Harrypopof - Licence Art Libre

Il y a tout juste un mois, nous lancions ici même une audacieuse et indispensable campagne de soutien.

Aujourd’hui, plus de 600 personnes ont soutenu Framasoft suite à cet appel et plus de 250 ont décidé de participer à l’opération en nous assurant d’un soutien régulier et mensuel. Nous tenons donc, en premier lieu, à les en remercier très sincèrement.

Toutefois, comme l’illustre Harrypopof [1] avec humour et talent, si un quart de l’objectif a déjà été atteint, la route est encore longue… [2]

Depuis sa création, Framasoft n’a cessé de mener à bien des projets visant à promouvoir le logiciel libre et sa culture. Au-delà de Framasoft.net, le grand annuaire francophone et collaboratif de logiciels libres, des bénévoles sont venus apporter toujours plus de bonnes idées et de bonne volonté pour réaliser de nouveaux projets, rencontrant à leur tour des succès encourageants. On retrouve ainsi les forums Framagora et leurs 250 000 messages, les logiciels francophones adaptés pour clé USB de Framakey.org, téléchargés et distribués par centaines de milliers, les livres libres de la collection Framabook, les compilations d’œuvres libres des FramaDVD, les 100 000 logiciels libres installés via Framapack, le Framablog, ses 850 billets, ses traductions Framalang et ses vidéos Framatube, le tout consulté plus de 80 000 fois par mois…

Toutefois, cela n’aurait pas été possible sans un premier permanent, Pierre-Yves Gosset, assurant l’administration des serveurs, le suivi des projets, les relations publiques, les tâches administratives et le support… (plus de détails sur LinuxFR.org)

Pour continuer à accompagner les projets de l’association et répondre à la charge croissante, Framasoft a décidé en juin dernier d’embaucher un second permanent, Simon Descarpentries, pour épauler le premier dans ses semaines à plus de 50h et lui permettre de prendre ses premières vacances depuis deux années passées sur les chapeaux de roues.

Cette décision est aujourd’hui menacée par manque de financement, ce qui nous amène à une question simple :

« Souhaitez-vous que Framasoft continue à créer de nouveaux projets, tout en consolidant les précédents succès ? »

Framasoft a besoin de vous aujourd’hui pour continuer, en toute indépendance, à soutenir le logiciel libre et sa culture, et à créer des projets qui mettent du libre entre toutes les mains.

Nous avons ainsi mis en place une campagne intitulée « 1000 10 1 », qui vise à réunir 1000 personnes donnant 10 € par mois pendant au moins 1 an, afin de proposer une solution franche et durable qui permettra à l’association de consacrer plus de temps au développement des projets et moins à la recherche de financement. Grâce à la reconnaissance d’intérêt général dont bénéficie l’association Framasoft, l’opération ne coûtera au final qu’un peu plus de 3 € par mois, soit 40€ au total aux contribuables français, soit 2 DVD en grande surface ou 4 albums en MP3 DRMisés sur Fnac.com 🙂 Enfin, si 1000 personnes permettraient d’assurer le fonctionnement de l’association sur une année, la moitié de cet objectif est nécessaire d’ici la fin de l’année pour le maintien du poste de notre second permanent.

Pour l’heure, nous avons eu le plaisir d’annoncer le lancement de nouveaux projets tels que le FramaDVD École, ou encore les Framabooks « Simple comme Ubuntu », « Le C en 20 heures » et « Pour aller plus loin avec la ligne de commande sous Unix » tous trois librement disponibles sur le site de la collection Framabook [3], ou encore de tenir conférences [4] et ateliers lors de la dernière Ubuntu Party et au centre de formation de la librairie Eyrolles avec l’April. Sans détailler l’effort tout particulier qui se poursuit encore quant à la mise à jour 10.10 Maverick Meerkat de la Framakey Ubuntu-fr Remix, bientôt disponible sur notre boutique EnVenteLibre.

Pour que Framasoft reste à vos côtés encore longtemps, répondez à l’appel de l’April, de LinuxFr, de Benjamin Bayart (président de FDN), de Jérémie Zimmermann (Co-Fondateur de La Quadrature du Net) ou encore de Tristan Nitot (président de Mozilla Europe).

Soutenez Framasoft sur : http://soutenir.framasoft.org

Harrypopof - Licence Art Libre

Notes

[1] Crédit : Harrypopof – Licence Art Libre

[2] …mais la voie est toujours libre !

[3] Et 4 autres sont bien avancés…

[4] Au sujet de la Framakey pour Pierre-Yves et devant des collégiens pour ma part.




Les cordons de la bourse de Londres se relâchent pour GNU/Linux

Jam_90s - CC-ByComme nous l’apprenait Lea-Linux le mois dernier :

GNU/Linux progresse sur les environnements dits critiques. On savait qu’il était utilisé sur les serveurs sensibles des militaires, des grands organismes de recherche, de la NASA et de nombreux industriels, ajoutons désormais le monde de la finance à cette liste. En effet, Computer World UK nous apprend que la Bourse de Londres mettra en production le 15 novembre prochain sa nouvelle plate-forme à base de GNU/Linux et Solaris, pour remplacer la plate-forme boguée « TradElect » basée sur Microsoft Windows, et la technologie .Net manifestement trop lente.

GNU/Linux a notamment été choisi par les britanniques pour ses performances (des temps de transmission de 0,125 milliseconde ont été enregistrés lors des tests). Le fait que le Chicago Mercantile Exchange, la Bourse de Tokyo et le NYSE Euronext soient déjà passés à GNU/Linux (Red Hat) n’y est sans doute pas pour rien non plus.

[1]

La Bourse de Londres a réalisé un premier test de sa plateforme « Millennium Exchange » basée sur Linux

London Stock Exchange completes first live Linux test

Leo King – 13 octobre 2010 – Computerworld UK
Traduction Framalang : Pablo, Barbidule, Siltaar, Kootox, Goofy, Petrus6, Martin, Don Rico, Daria

La Bourse de Londres a fait le premier test grandeur nature, avec des clients en ligne, d’un nouveau système fondé sur Linux et destiné à remplacer l’architecture actuelle basée sur des produits Microsoft et qui permettra d’échanger à la vitesse de 0.125 millisecondes.

Le système « Millennium Exchange » fonctionnant sur Linux et sur Unix (Sun Solaris) et utilisant les bases de données d’Oracle, remplacera le 1er novembre la plateforme TradElect, reposant sur Microsoft .Net, pour la plus grande bourse au monde. Il promet d’être le système d’échanges le plus rapide du monde, avec un temps de transaction de 0.125 milliseconde. La Bourse a terminé la migration de son système de gestion des transactions stagnantes/dormantes, ou anonymes, Turquoise, depuis différents systèmes, plus tôt ce mois-ci.

La BDL (Bourse De Londres) a refusé de dévoiler le verdict du test en avant-première du « Millenium Exchange », qui s’est déroulé samedi après plusieurs mois de tests hors ligne intensifs. Cependant, des sources proches de la Bourse ont indiqué qu’il se serait déroulé avec succès.

Une autre répétition générale aura lieu le 23 octobre, un peu plus d’une semaine avant le lancement dans le grand bain. La Bourse pousse pour lancer le service le 1er novembre, mais si les clients, les traders, ne sont pas prêts ou si des problèmes techniques apparaissent, une date de lancement alternative a été prévue au 15 novembre.

En attendant, la Bourse va continuer à travailler avec le système TradElect, basé sur une architecture Microsoft .Net et mis à jour par Accenture en 2008 pour 40 millions de livres (46 millions d’Euros). En juillet, elle a réservé 25,3 millions de livres (29,2 millions d’Euros) en coûts d’amortissement sur TradElect.

TradElect, sujet de nombreuses controverses ces dernières années, avait subi une série de pannes de grande envergure, la pire étant un arrêt de huit heures en 2008. À l’époque, la BDL avait maintenu que TradElect n’était pas responsable de la panne, mais a néanmoins, tenté de remplacer la plateforme depuis, en faisant l’acquisition de la société MilleniumIT, le fournisseur de ce nouveau système.

Les vitesses réseau sont aussi une des raisons principales de ce changement. La BDL a tenté désespérément de descendre les temps de transaction sur TradElect en-dessous des 2 millisecondes, une vitesse léthargique comparée à la concurrence comme Chi-X qui annonce des temps de moins de 0,4 millisecondes.

La BDL annonce que sa nouvelle plateforme d’échange aura des temps de réponse de 0,125 millisecondes, ce qui pourrait en faire une des plateformes d’échange les plus rapides du monde. Le changement est particulièrement important étant donné la progression des transactions algorithmiques, où des ordinateurs placent automatiquement des millions d’ordres d’achat et de vente alors que les prix des actions changent.

Lors d’une interview cette semaine dans le Financial Times, le directeur général de la Bourse de Londres, Xavier Rolet a déclaré que la Bourse avait « déjà prévu » la prochaine génération d’améliorations technologiques pour maintenir la plateforme Millenium à la pointe de la technologie en terme de vitesse de transaction.

Notes

[1] Crédit photo : Jam_90s Creative Commons By




La promiscuité sans fil des réseaux WiFi publics

David Goehring - CC-BySe connecter à un Wifi public dans un parc, une gare ou un café [1] pour accéder à Internet, c’est un peu comme passer par la salle d’attente du médecin avant une consultation. Dans les deux cas, vous avez confiance en votre destination [2], mais vous êtes au préalable enfermé dans un espace avec des étrangers, tous plus ou moins malades.

En effet, le WiFi d’un café vous connecte, comme la salle d’attente, avec votre entourage direct, sans que vous ayez rien demandé. Or, si votre dossier médical est confidentiel, il suffit de faire tomber ses papiers dans une salle d’attente pour que toutes les personnes présentes puissent les lire, et il suffit de se connecter (via un WiFi public) à un service qui n’utilise pas le protocole HTTPS pour que votre entourage connecté puisse s’immiscer dans votre session et votre intimité.

Les coupables ? Les sites conservant à votre place des éléments de votre vie privée d’une part, et proposant d’autre part et sans la protection du petit cadenas qui dénote de l’utilisation du protocole HTTPS, de « garder votre session ouverte » grâce à un cookie. Si vous y prenez garde, ce n’est pas le cas des services en ligne de votre banque.

Toutefois, si l’auteur est assez pessimiste dans son petit billet complémentaire (reproduit ici à la suite du premier) face aux moyens de protection à notre disposition, il existe plusieurs extensions Firefox pour limiter les risques sans trop se compliquer la vie, citons (sur les bons conseils de Goofy) HTTPS Everywhere, et Force-TSL. De plus, il me semble également assez simple de se connecter, où qu’on soit, d’abord à un VPN personnel, ou directement en SSH sur son serveur à soit (voir l’extension Foxyproxy de Firefox), pour surfer ensuite l’esprit tranquille et sans laisser de traces locales, comme si on était à la maison. D’ailleurs, votre WiFi chez vous, il est protégé comment ?

Quand le berger prévient les moutons à New York City

Herding Firesheep in New York City

Gary LosHuertos – 27 octobre 2010 – TechnologySufficientlyAdvanced.blogspot.com
Traduction Framalang : Goofy, Pablo, cheval_boiteux

On a beaucoup parlé de Firesheep ces derniers jours. Cette extension gratuite pour Firefox récolte pour vous les cookies qui sont envoyés depuis un réseau WiFi non protégé n’utilisant pas le protocole SSL. Vous la mettez en route, elle collecte les cookies de Facebook, Twitter et de 24 autres sites (par défaut). Ensuite, vous pouvez voler l’identité d’un compte et obtenir l’accès sous cette identité.

L’extension n’a rien de scandaleux en elle-même. Si vous êtes un développeur un peu compétent, vous savez depuis longtemps que cette faille existait, n’est-ce pas ? Mais quid du reste du monde ? Tous ces gens qui n’ont jamais entendu parler de cette nouvelle menace si facile d’accès, qui n’ont pas été alertés par leurs amis, qui ne regardent pas Engadget, ni Slashdot, ni ABC Pronews7 à Amarillo ?

Je me suis dit que j’allais faire passer le message et aider les béotiens après leur travail, puisqu’il y a un grand Starbucks tout près de chez moi. J’y suis allé, j’ai acheté un peu de nourriture malsaine, j’ai ouvert mon portable et lancé Firesheep. Moins d’une minute plus tard, j’avais cinq ou six identités disponibles dans le panneau latéral. Trois d’entre elles étaient sur Facebook.

Absolument rien de surprenant ; Firesheep n’est pas magique, et tous ceux qui vont au Starbucks savent qu’un tas de gens y mettent à jour leur statut Facebook sans faire attention, tout en sirotant leur café au lait. J’ai pensé que j’allais y passer un peu plus de temps, j’ai donc écouté un peu de musique, parlé à quelques amis, et le plus important (mais pas le plus simple) je n’ai navigué sur aucun site avec le protocole standard HTTP (et surtout pas sur Facebook évidemment).

Environ une demi-heure plus tard, j’avais récolté entre 20 et 40 identités. Puisque Facebook était de loin le service le plus représenté (et qu’il détient plus d’informations personnelles que Twitter) j’ai décidé d’envoyer aux utilisateurs des messages depuis leur propre compte, pour les avertir des risques auxquels ils s’exposaient. J’ai fait un modèle de message sympa qui précisait la localisation du Starbucks, la nature de la vulnérabilité, et comment y remédier. J’ai envoyé des messages aux 20 personnes autour de moi.

J’ai nettoyé le panneau latéral, retiré mes écouteurs, et j’ai attendu. J’ai entendu quelqu’un marmonner un juron pas très loin, et me suis demandé si mon message en était la cause. Pendant le quart d’heure suivant, je n’ai entendu strictement personne parler de ce qui venait se passer (pourtant ceux qui fréquentent les Starbucks ne sont le plus souvent pas du genre à tenir des conversations discrètes). Pourtant, j’ai pu vraiment constater une nette chute du nombre d’identités que je pouvais récolter quand j’ai relancé Firesheep.

C’était un soulagement — en voilà qui avaient compris le message. Avec un peu de chance, ils allaient alerter leurs amis, mettre à l’abri leur femme et leurs enfants. J’ai de nouveau nettoyé le panneau latéral, et après une vingtaine de minutes de conversations impromptues j’ai vu que cinq identités que j’avais déjà croisées étaient revenues dans mon troupeau.

C’était assez surprenant. Avaient-ils reçu le premier message ? Je me suis mis sur leur compte avec leurs identifiants, et en effet ils l’avaient reçu. L’un d’entre eux était même sur Amazon.com, site contre lequel j’avais mis en garde dans mon premier message. Je l’ai choisi pour première cible : j’ai ouvert sa page perso sur Amazon, j’ai repéré un truc sur lequel il avait récemment jeté un coup d’œil et lui ai envoyé un mot : « non, c’est pas sérieux » sur Facebook depuis son propre compte, avec un clin d’œil sur ses goûts musicaux.

J’ai encore une fois effacé les identités, attendu dix minutes, et lorsque j’ai à nouveau rassemblé mon troupeau avec Firesheep, il était parti. Mais il y en avait encore quatre qui restaient là. Peut-être, me suis-je dit, qu’ils ont cru que c’était un message d’avertissement automatique les ciblant au hasard (bien que j’aie mentionné leur localisation dans un rayon d’une trentaine de mètres). Donc, un dernier message était nécessaire.

J’ai bricolé un très court message (le premier était peut-être trop long ?) et je l’ai envoyé aux quatre, une fois encore avec leur propre compte :

« C’était vraiment pas une blague l’avertissement sur la sécurité. Je n’enverrai plus d’autre message après celui-ci –– à vous de prendre sérieusement en main votre propre sécurité. Vous êtes au Starbucks XYZ connecté de façon non sécurisée, et absolument n’importe qui peut accéder à votre compte avec l’outil approprié nécessaire (et disponible à tous). »

Vingt minutes ont passé, et tous les quatre utilisaient encore Facebook frénétiquement. Encore une fois, j’ai envisagé qu’ils auraient pu ne pas recevoir le message, mais en vérifiant leur compte j’ai vu qu’ils l’avaient bel et bien reçu.

Voilà ce qu’il y a de plus choquant à propos de la sécurité sur Internet : ce n’est pas que nous soyons tous scotchés sur un réseau global qui tient avec des bouts de sparadrap et laisse béants d’horribles failles de sécurité ; ce n’est pas non plus qu’un outil librement disponible puisse récolter des cookies d’authentification ; et ce n’est toujours pas qu’il y ait des gens pas du tout au courant de l’un ni de l’autre. Ce qui est absolument incompréhensible, c’est qu’après avoir été averti d’un danger (et sur son propre compte !) on puisse tranquillement ignorer l’avertissement, et reprendre le fil de ses activités.

Mais enfin j’ai tenu parole et n’ai pas envoyé d’autre message. J’ai rangé mon matériel, fait un petit tour dans le café, et reconnu plusieurs personnes auxquelles j’avais montré leur vulnérabilité. Je n’avais pas laissé d’indices sur ma propre identité, moins par crainte de rétorsion que parce que l’intrusion dans la vie privée est encore plus traumatisante quand elle est commise par un étranger complet, dont on n’a pas la moindre chance de découvrir l’identité.

En revenant chez moi, j’ai réfléchi à ce que cette expérience révélait de notre société. Peu importe le nombre de mesures de sécurité que nous procurons au monde entier, il y aura toujours des gens qui laisseront la porte ouverte, même s’ils ont été victimes d’une intrusion. Le maillon le plus faible de la sécurité c’est et ce sera toujours la décision de l’utilisateur.

De retour dans mon appartement, j’ai commencé à m’installer — et c’est le moment où je me suis rendu compte que pendant toute la soirée j’avais eu la braguette grande ouverte. La preuve par neuf finalement : nous nous baladons tous avec des vulnérabilités qu’il nous reste à découvrir.

Addendum

Herding Firesheep Addendum

Gary LosHuertos – 04 novembre 2010 – TechnologySufficientlyAdvanced.blogspot.com
Traduction Framalang : Siltaar, RaphaelH, Goofy

À la suite du billet précédent, je me suis dit qu’en voulant faire court j’avais omis quelques informations. Ceci sert donc d’addendum à mon précédent billet, et a été rédigé de la manière la plus courte possible.

Le message original envoyés aux clients était le suivant :

Comme vous utilisez Facebook sans chiffrement dans un Starbucks, votre compte a été compromis. Je ne suis qu’un amical client du Starbucks qui a souhaité vous prévenir de cette vulnérabilité.

Vous pouvez en apprendre davantage en cherchant des informations sur « Firesheep ». Il n’y a pas vraiment de solutions disponibles pour protéger votre compte Facebook lorsque vous êtes connectés à un réseau public, et je vous recommande donc simplement de ne pas vous y connecter lorsque vous êtes dans un Starbucks. Cette faille affecte également Twitter, Amazon.com, Google (mais pas Gmail), et quantité d’autres services.

Votre mot de passe n’a pas été compromis. Vous déconnecter de Facebook est tout ce que vous avez besoin de faire.

Pour préciser mes motivations, laisser un compte Facebook sans protection ne signifie pas seulement que quelqu’un peut regarder vos photos, vos coups de cœurs et messages. Un compte Facebook compromis donne à quelqu’un d’autre l’accès à votre identité, lui permettant de se faire passer pour vous auprès de vos amis, ruinant potentiellement des relations. S’il est possible de rattraper les choses ensuite, le temps et l’énergie que ça demande sont importants, surtout pour quelqu’un qui a beaucoup d’amis. Quelqu’un envoyant un faux message à l’un de vos amis n’est peut être pas un gros problème, mais un faux message envoyé à 500 de vos amis est déjà plus gênant. D’autant plus qu’il peut y avoir des collègues de travail, des membres de votre famille, ou des clients dans ces 500 personnes.

Concernant la légalité de mes actions : ça n’était pas l’objet de mon article. On peut toujours spéculer sur fait que je finisse en prison, mais c’est hors sujet par rapport à ce dont je parle dans mon billet : les sites non protégés comme Facebook et Twitter sont dangereux pour leurs utilisateurs. Il semble plus intéressant de consacrer son énergie à faire passer le mot plutôt que de troller sur mon éventuelle incarcération.

Enfin concernant ce que les utilisateurs peuvent faire, la meilleure réponse à l’heure actuelle est : rien. Ne vous connectez pas aux réseaux non protégés pour utiliser ces sites web, ou bien utilisez une application qui n’utilise pas d’authentification par cookie non protégée (pour ce que j’en sais, l’application Facebook pour iPhone ne le ferait pas). Assurez-vous que votre réseau WiFi domestique est chiffré en WPA, voire en WPA2 (le WEP est trivialement déchiffrable). Si vous utilisez Facebook au travail sur une connection sans-fil, vérifiez le chiffrement du réseau. La faille de sécurité ne vient pas seulement de Firesheep, elle vient du manque de protection des connexions. La menace la plus grande vient des outils automatisés qui existent depuis des années [3].

Notes

[1] Crédit : CarbonNYC David Goehring Creative Commons By

[2] Et le sujet ici, n’est pas savoir si cette confiance est bien placée…

[3] Voir la magie des Google Cars expliquées par PCINpact ou ZDNet par exemple…




TF1 réclame (sans rien risquer) Google censure (sans vérifier)

Vidberg © LeMonde.fr Sur le Framablog, on ne manque pas une occasion d’agir contre la censure, ou de publier le témoignage d’un citoyen s’élevant contre les menaces et restrictions faites à nos libertés fondamentales [1]. Parce qu’après tout, et comme me le fit un soir remarquer Benjamin Bayart, qu’est-ce qui nous motive tous dans le mouvement du Logiciel Libre ? Et dans la défense de la neutralité du réseau qui lui est indispensable ? Qu’est-ce qui nous réunit, si ce n’est la liberté d’expression ? Cette petite flamme fragile et dangereuse qui vacille au souffle du pouvoir et nécessite, pour être entretenue, notre attention constante.

Le témoignage que nous vous proposons aujourd’hui est celui de Theocrite, un « administrateur système » engagé pour le Logiciel Libre, qui nous explique comment TF1 [2] a silencieusement fait censurer par Google un extrait vidéo de débat à l’Assemblée Nationale.

On savait déjà que certains n’hésitent pas à attaquer, en vertu du Copyright de sa bande son, une vidéo compromettante, au mépris du « fair-use » largement accordé aux vidéos de lolcats. Mais cet extrait, posté par La Quadrature du Net, n’a lui pour seule bande son que le discours à l’Assemblée des députés de la République. Cela n’a pourtant pas arrêté TF1 [3] dans son coup de poker, son nouveau coup de poignard dans le dos de l’éthique et de notre liberté d’information.

Cette vidéo, c’est celle du rejet intégral par l’Assemblée Nationale du projet de loi HADOPI 1 le 9 avril 2009, et, pour illustrer le principe selon lequel une tentative de censure s’avère toujours contre-productive pour le censeur, la voici, archivée dans notre collection Framatube :

—> La vidéo au format webm

TF1 censure des vidéos HADOPI sur YouTube

Et Google ne vérifie pas la véracité des accusations

Theocrite – 1er novembre 2010

En me promenant sur le compte YouTube de la Quadrature du Net, j’ai découvert récemment dans les paramètres du compte que certaines vidéos étaient listées comme pouvant « comporter un contenu appartenant à un tiers ».

Theocrite - CC By Sa

Hm, c’est possible… Intrigué, je clique sur le lien proposé et je m’aperçois que la vidéo en question est la vidéo du rejet de la loi HADOPI l’Assemblée Nationale.

Theocrite - CC By Sa

Bigre ! Voilà que des vidéos contenant des discours « prononcés dans les assemblées politiques » serait en contradiction avec le droit d’auteur. Voilà qui est bien étrange.

Pour en savoir plus, je clique sur « Afficher les informations sur les droits d’auteur ».

Theocrite - CC By Sa

On y apprend des choses très intéressantes… Comme le fait que les vidéos produites dans l’hémicycle seraient la propriété de « lgl_tf1 ». Un peu présomptueux de la part de la vieille chaîne qui descend.

Bon, portons réclamation. Après avoir lu une page chiante à mourir, on accède à un formulaire de réclamation, fortement limité, mais je suis décidé à faire avec.

Theocrite - CC By Sa

Theocrite - CC By Sa

Je fais alors subtilement remarquer que dans la législation française, les débats politiques sont publics… Puis je valide l’envoi du formulaire.

Theocrite - CC By Sa

Le lendemain, je constate que j’ai obtenu gain de cause : la vidéo est débloquée. Mais pour combien de temps ? Google n’a pas pris la peine de nous notifier que la vidéo était à nouveau disponible. On pouvait toujours attendre en relevant notre boîte mail.

Theocrite - CC By Sa

Bilan

Google est réactif, mais pas spécialement poli. Pas de notifications lors du blocage de la vidéo, ni lors du déblocage.

La vidéo a été bloquée pendant un certain temps. Combien de temps ? Aucune idée. Mais TF1 a tenté et a réussi à faire censurer la vidéo, peu importe combien de temps, et ce sans rien risquer. C’est un jeu permanent dans lequel les plaignants ne peuvent pas perdre et les internautes ne peuvent pas gagner.

Ce n’est pas une nouvelle, pour TF1 quand il s’agit d’HADOPI, tous les moyens sont bons pour supporter la loi. Que ce soit en inventant un plébiscite lors d’un vote, en censurant son rejet comme nous venons de le voir ou encore en s’occupant des « salariés qui, manifestement, aiment tirer contre leur camp. »

Mais sur YouTube, TF1 ne s’arrête pas à HADOPI. TF1 sort le bulldozer. Je vous invite à rechercher lgl_tf1 dans un moteur de recherche. Celui de nos amis possesseurs de YouTube par exemple, ou bien sur un moteur de recherche libre, vous y trouverez des réactions unanimes d’Internautes énervés, soit parce que lgl_tf1 a bloqué des vidéos de France 2. Soit parce que TF1 a bloqué des vidéos sur lesquelles elle a acquis les droits de diffusions pour une certaine partie du monde, et se passe de demander aux auteurs s’ils autorisent cette rediffusion.

Notes

[1] Telles que garanties par la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, et rappelées par le « considérant n°12 » de la décision n°2009-580 DC du 10 juin 2009 du Conseil Constitutionnel concernant HADOPI 1 par exemple.

[2] Crédit première illustration : Vidberg © LeMonde.fr, reproduite avec l’aimable autorisation de l’auteur. Licence équivalente à une CC-By-NC-ND avec autorisation préalable requise.

[3] Ou peut-être un imposteur, que le chaîne laisserait agir « en son nom » depuis plus de deux ans.




Facebook, petite analyse anthropologique avec YourOpenBook.org

Mohd Shazni - CC by L’équipe Framalang s’est dernièrement attelée à la traduction d’un court article de Gene Weingarten, au sujet de ce grand site de réseautage social sur le web. Derrière une apparente naïveté, l’auteur se targue de réaliser une étude anthropologique à partir des données personnelles des millions d’utilisateurs de Facebook, qu’il collecte via YourOpenBook.org, un moteur de recherche dédié aux messages courts de statut de ce qui n’était à l’origine qu’un trombinoscope universitaire en-ligne. Or, si jusque-là la fonctionnalité pouvait sembler manquer au site officiel, c’est aussi qu’elle met en évidence le faible degré de protection des données personnelles de ses utilisateurs que Facebook offre, au moins par défaut.[1].

Ironie du sort, la semaine de sortie de l’article en question, Facebook fut secoué d’une quinte de toux numérique le rendant injoignable pendant plus d’une heure, ce qui anima de grandes conversations sur les autres grands réseaux sociaux, principalement à coup de gazouillis d’ailleurs…

Pas de quoi fouetter un chat me direz-vous, des sites web qui tombent en panne ça arrive, et même au plus gros. Par contre, dans le cas d’un site qui se propose de gérer vos albums photos, votre carnet d’adresses en fouillant dans vos boîtes à lettres électroniques (pour finalement proposer de les remplacer par son service de messagerie interne) et jusqu’à vos connexions aux autres sites web via un service doublon d’OpenID, l’incident peut être révélateur et s’avérer pédagogique. Pour ma part, j’ai ouvert un compte Facebook sans grande conviction en 2006, parce que c’était de bon ton dans l’entreprise où j’étais en stage à l’époque, mais je ne prévoyais pas un plus grand avenir à ce compte qu’à mes comptes Orkut[2] ou CopainsDAvant[3]. Or, si pour ma part j’ai tenu parole, n’alimentant pas vraiment un réseau plus que les autres, force est de constater que l’un d’eux a pris au fil des ans de plus en plus de place sur le web. Et à vrai dire, chaque fois qu’une connaissance s’ajoute à mes contacts, j’ai l’indolence de ne pas aller chercher son adresse de courriel dans son profil pour la noter dans un fichier chez moi. Or, il s’avère que pendant cette fameuse interruption de service, je me suis retrouvé à devoir envoyer un message « urgent » à un ami dont je n’avais jamais noté l’adresse ailleurs… et je n’ai pas pu.

Finalement il apparaît que Facebook, l’utiliser c’est se piéger, même en étant renseigné et modéré. Au moins, les mails stockés sur mon disque dur par Thunderbird[4] me restent accessibles, même hors ligne. Quel qu’en soit le parcours, je conserve ainsi mon courrier numérique sous mon toit (et j’en fais régulièrement des sauvegardes).

Cette anecdote me rappelle une petite phrase, innocemment lancée par Eben Moglen au milieu de son discours en plénière de clôture de la 1ère journée de l’OpenWorldForum la semaine dernière, et qui fut spontanément applaudie par le public, avec 3 secondes de décalage :

“For the moment, what we see is people that chose to put their pictures and personnal informations, their day-to-day emotional and friendships connexions all together in the computers of a single for-profit compagny, run by a fool.”

« Ce que nous voyons pour le moment, se sont des gens qui choisissent de mettre leurs photos et leurs informations personnelles, leurs amitiés et états d’âme au quotidien tous ensemble dans les ordinateurs d’une seule et même entreprise commerciale, menée par un fou. »

Cette fois c’est décidé, dès que j’ai un Diaspora, un GNU/Social ou une Nobox qui tourne chez moi, je ferme mon compte Facebook.

Gene Weingarten: Pourquoi je déteste énoooooooooorrrmément Facebook…

Gene Weingarten: I hate Facebook sooooooooooooooooooooooooooooooo much…

Gene Weingarten – 17 septembre 2009 – WashingtonPost.com
(Traduction Framalang : Julien Reitzel, Goofy, Siltaar)

Les critiques affirment que je suis injuste à l’égard de Facebook simplement parce que je l’ai décrit comme un océan de banalités partagées entre des gens avec une vie aussi vide à laquelle ils font écho. Je défends ma thèse mais admets que mon témoignage n’était pas basé sur des preuves scientifiques — totalement anecdotique — , mais basé sur mes plongeons occasionnels dans ce lagon tiède et morne de conversations fadasses.

Mais cela a changé. Je trouve qu’il est désormais possible de quantifier mathématiquement l’ennui, grâce à un nouveau site web. Openbook, accessible à l’adresse YourOpenBook.org, est un moteur de recherche pour les « messages de statut » de Facebook, le moyen principal utilisé par le « Facebookeur » pour communiquer avec ses amis. Avec Openbook, il est possible de rechercher un mot ou une phrase et de trouver non seulement combien de fois il a été utilisé dans des alertes de statut, mais aussi quand et par qui.

Les créateurs de ce site le présentent comme un outil de mise en garde, pour alerter les gens que le média social ne protège pas leur vie privée de façon adéquate. Mais entre les mains d’un chercheur objectif comme moi-même, Openbook peut être un précieux outil d’interprétation. À travers lui, on peut analyser Facebook anthropologiquement.

C’est d’ailleurs ce que j’ai fait, et voilà ce que ça donne :

  • Quand les gens estiment nécessaire de faire savoir à leurs amis à quel point leur vie est insupportablement aride et abrutissante — ce qu’ils font à une fréquence d’environ 2 000 mises à jour de statut par heure — le mot qu’ils choisissent le plus souvent est « boring » (ennuyeux). Ils ont tendance à l’écrire avec des « o » ou des « r » en plus, pour en accentuer l’effet. Si vous cherchez « boooring » et continuez à rechercher en ajoutant à chaque fois un « o », vous trouverez à chaque fois au moins un résultat, jusqu’à obtenir 31 « o » consécutifs. Quand vous essayez « borrrring » et continuez à ajouter des « r », vous arrivez jusqu’à 47. Juste pour info, la personne qui, par cette méthode, souffre de l’ennui le plus invalidant sur la planète, « boring » avec 51 « r », est Heather S. de Waterloo, dans l’Ontario.
  • Au cours des 16 derniers jours, 130 personnes ont alerté leurs amis du fait qu’ils « ont un bouton ». L’emplacement de l’imperfection est généralement spécifié, tout comme la taille. L’endroit le plus fréquent est le front, étroitement suivi par le lobe de l’oreille puis par la fesse, le plus souvent du côté gauche. La tomate a été la comparaison la plus colorée, tandis que la plus grosse était « Jupiter ». M. Mandel de New York a nommé son bouton Steve (elle est aussi fan de Justin Bieber ET des Jonas brothers, et, dans la rubrique livres favoris, écrit : « j’aime pas lirre »).
  • Des milliers de gens envoient des communiqués décrivant leurs impératifs excrétoires. Souvent, ils contiennent la phrase « je dois aller aux WC ». Il serait incorrect et inique de conclure que toutes les personnes utilisant cette phrase sont vulgaires et/ou rustres. Le chercheur rigoureux a découvert, par exemple John Paul Weisinger de Lufkin, au Texas, qui n’était pas du tout en train de discuter de sa propre biologie. Il était simplement en train de partager avec ses amis une blague qu’il trouve drôle : « Un cochon rentre dans un bar et commande verre après verre après verre sans jamais aller aux toilettes. Le barman demande : “Tu n’as jamais besoin de te soulager ?”, et le cochon répond : “Non, c’est déjà fait, je fais pipi au fur et à mesure que je bois” »
  • Il est possible de jauger mathématiquement la force de l’amour que se portent les gens en observant le nombre de « o » (dans le mot « love ») qu’ils utilisent dans l’expression « I love you so much » (« je t’aime tant »). Par exemple, Baker-Hernandez de Lakewood, Colorado, aime davantage son chat (57 « o ») que Lorne D. Stevens de Detroit aime Jolly Ranchers (10 « o »). Il ne semble pas y avoir de limite supérieure à l’amour que peuvent se porter les gens.
  • Les utilisateurs de Facebook peuvent s’ennuyer, mais, paradoxalement, ils sont aussi facilement amusés. On sait cela, parce qu’ils sont toujours morts de rire. Les « LOL » et autres « MDR » surviennent avec une telle fréquence qu’ils sont littéralement impossibles à compter : des dizaines apparaissent à chaque seconde. Un sous-ensemble de ces rieurs sont en même temps en train de se rouler par terre — mais toujours en trop grand nombre pour en faire le pointage. C’est seulement avec un troisième critère — ceux qui sont à la fois pétés de rire et entrain de se rouler par terre — que le nombre devient palpable : 390 par jour.
  • Dans un intervalle de 5 jours, 266 personnes ont fait référence au dirigeant des États-Unis en l’appelant Président « Oboma ». Soixante-sept autres l’ont appelé Président « Obamma ». Presque tous ces gens faisaient le constat qu’il est un stupide incompétent.

Notes

[1] Crédit photo : Mohd Shazni (Creative Commons By)

[2] Orkut.com, vous connaissez ? C’est l’un des véritables échecs de Google 🙂 Avec les Google Waves ou encore le Google Buzz…

[3] J’ai toujours été très curieux.

[4] En fait j’suis même passé à du mutt + fdm désormais…




Marketing et ergonomie, la touche finale d’Ubuntu qui fait avancer le logiciel libre

Trancept - CC by-nc-saUbuntu. Ce simple mot peut à la fois rassembler des milliers de personnes en un week-end et dans le même temps susciter moqueries, trolls, et critiques.

Il n’empêche que cette distribution GNU/Linux, que l’on ne présente plus, a gagné en à peine six ans d’existence une remarquable popularité auprès des nouveaux utilisateurs de systèmes d’exploitation libres. Ils y découvrent une indubitable simplicité d’utilisation et une communauté d’utilisateurs dévoués, accueillants et prêts à consacrer aux nouveau venus le temps nécessaire à leur apprentissage, un temps passé à reconquérir leurs libertés perdues dans les systèmes propriétaires.

Mais tout n’est pas rose avec Ubuntu. Certains voient en effet cette distribution en couleur poil-de-chameau. Pour ses détracteurs, Ubuntu ne mérite pas toute l’attention qu’on lui accorde et fait de l’ombre aux autres projets. De plus, ce système, emballé dans du papier cadeau aux couleurs chaudes se contenterait de singer jusque dans leurs défauts les systèmes propriétaires dont les icônes, la maniabilité à la souris et les effets graphiques séduisent les utilisateurs peu soucieux de technicité. Défauts parmi lesquels, la fin du pilotage intégral du système en ligne de commande pourtant si chère aux administrateurs système, ou encore une approche marketing qui diluerait les valeurs du logiciel libre.

Six ans, c’est presque l’âge de raison, cette période où l’on n’est plus petit, mais pas encore tout à fait grand. C’est peut-être cet âge-là qu’a atteint le projet de Mark Shuttleworth[1] révélé (une fois de plus) au travers du dernier billet de son fondateur et mécène comme une distribution « clicodrome », accompagnée d’un marketing professionnel et soigné, et destinée à séduire le plus large public possible… Dans ce long billet, spontanément traduit en l’espace de deux heures par une dizaine de contributeurs répondant à l’appel d’Olivier Fraysse (Ubuntu-fr) sur Twitter[2], Mark Shuttelworth revient sur les motivations qui l’animent au quotidien, et que les milliers de contributeurs faisant la réussite assez inédite d’Ubuntu semblent bien partager.

Introduction rédigée collaborativement par Olive, Poupoul2, JoKot3, Goofy et Siltaar.

Réflexions sur Ubuntu, Canonical et la route vers l’adoption des logiciels libres

Reflections on Ubuntu, Canonical and the march to free software adoption

Mark Shuttleworth – 14 septembre 2010
(Traduction Framalang : @olivierfraysse, @Gordontesos, @ldemay alias Louis Demay, @okhin, @Siltaar, @tshirtman, @winael, @pierretravers, @ricomoro et @framasoft)

Poussé en partie par les critiques concernant la contribution de Canonical au code du noyau Linux ou à l’infrastructure profonde de GNOME, j’ai cherché à savoir si j’avais la conscience tranquille : est-ce que je fais bien mon travail ? Ma manière de le faire convient-elle ? Il est important pour moi de savoir que ce que je fais est utile aux autres et contribue à un monde meilleur. Et dans mon cas, il s’agit d’une redistribution en proportion de la bonne fortune que j’ai pu connaître.

Deux messages que j’ai reçus le mois dernier définissent sans doute ce que je pense apporter à la communauté. Le premier, c’est un mot de remerciement arrivé de Nouvelle-Zélande, quelqu’un constatant qu’Ubuntu 10.04 change vraiment la donne dans son foyer. Pour lui, c’est une sorte de petit miracle de générosité si cet environnement complet, intégré et fonctionnel existe et est maintenu par des milliers de personnes. Quant au deuxième, c’est un contrat d’assistance avec une entreprise pour les dizaines de milliers de poste de travail fonctionnant sous Ubuntu 10.04 qu’elle utilise. Ces deux messages illustrent les piliers jumeaux du projet Ubuntu et de Canonical : apporter au monde entier l’extraordinaire générosité de la communauté du logiciel libre, comme un cadeau, gratuit, léger et cohérent, et le faire de manière pérenne.

Dans le premier cas, celui de Nouvelle-Zélande, quelqu’un apprend à ses enfants comment utiliser un ordinateur dès leur plus jeune âge, se rend compte de tout ce qu’apporte Ubuntu par rapport à Windows, et à quel point il est plus simple d’aborder l’informatique avec Ubuntu lorsqu’on s’adresse à des enfants. Pour cette famille, le fait qu’Ubuntu leur apporte l’univers du logiciel libre en un paquet harmonieux et soigné est extraordinaire, c’est une grande avancée, et ils en sont très reconnaissants.

C’est une histoire que j’espère voir se répéter des millions de fois. Et c’est une histoire qui donne bonne réputation et grande satisfaction, pas qu’à moi, pas qu’à ceux qui consacrent leur passion et leur énergie à Ubuntu, mais aussi à tous ceux qui contribuent au logiciel libre de manière générale. Ubuntu ne mérite pas à elle seule tous les honneurs, elle fait partie d’un écosystème large et complexe, mais sans elle, cette distribution de logiciels libres n’aurait pas la même portée ni la même force. Nous savons tous que le corps du logiciel libre a besoin de nombreux organes, de nombreuses cellules, chacun ayant ses propres priorités et intérêts. Le corps ne peut exister qu’avec chacun d’entre eux. Nous sommes une petite composante d’un vaste ensemble, et c’est un privilège pour nous d’assumer nos responsabilités en tant que distribution. Nous devons donner un point de départ à ceux qui débuteront leur voyage dans le monde du logiciel libre avec Ubuntu, et nous nous efforçons de nous assurer que toutes ces pièces s’accordent bien ensemble.

Ubuntu, et les possibilités qu’elle crée, n’aurait pu naître sans l’extraordinaire communauté Linux, qui elle-même n’existerait pas sans la communauté GNU, et n’aurait pas pris autant d’importance sans les efforts d’entreprises comme IBM et Red Hat. Et ç’aurait été une toute autre histoire sans les gens de Mozilla, ou Netscape avant eux, GNOME et KDE, et Google, ainsi que tout ceux qui contribuent de façons différentes à cet empilement, rendent le tout meilleur. Des dizaines de milliers de personnes qui ne sont pas directement associées à Ubuntu contribuent à rendre cette histoire bien réelle. Beaucoup d’entre eux y travaillent depuis plus d’une décennie… un succès soudain exige un gros travail en amont, et Ubuntu n’est sur le marché que depuis six ans. Ubuntu ne peut donc pas être crédité seul de la satisfaction qu’elle apporte à ses utilisateurs.

Néanmoins, le projet Ubuntu apporte quelque chose d’unique et d’inestimable au logiciel libre : un dévouement total aux utilisateurs et à l’ergonomie, à l’idée que le logiciel libre devrait être « pour tout le monde », d’un point de vue économique et d’un point de vue facilité d’utilisation, et à la volonté de traquer les problèmes qui y nuisent. Je perçois ce dévouement comme un don à ceux qui ont contribué à l’une de ces briques. Si nous pouvons multiplier par dix l’adoption du logiciel libre, nous aurons multiplié la valeur de votre générosité par dix, décuplé l’importance de toutes les heures passées à résoudre un problème ou à créer quelque chose de formidable. Je suis très fier de consacrer autant de temps et d’énergie à Ubuntu. Oui, je pourrais faire beaucoup d’autres choses, mais rien d’après moi qui aurait un tel impact sur le monde.

Je conçois que tout le monde ne perçoive pas les choses de cette façon. Multiplier l’audience de son travail par dix sans apporter de contribution au projet pourrait passer pour du parasitage, ou seulement décupler l’afflux de rapports de bogues. On pourrait avancer que peu importe notre générosité envers les utilisateurs finaux, si les développeurs en amont ne prennent que le code en considération, alors tout apport en dehors du code ne sera pas comptabilisé. Je ne sais pas bien comment y remédier – je n’ai pas créé Ubuntu comme un moyen d’écrire beaucoup de code, car ça ne me paraissait pas être ce dont le monde avait besoin. Le logiciel libre avait besoin d’un moyen pour aller de l’avant, d’amener le code déjà existant à un haut niveau de qualité et de fiabilité. La plupart des éléments du bureau étaient déjà en place – et le code affluait – il n’était simplement pas livré d’une manière qui lui permettrait d’être adopté ailleurs que sur les serveurs, par un public plus large.

Le second e-mail, dont je ne peux citer d’extraits, était en substance un contrat de services confié à Canonical pour aider une entreprise à migrer plus de 20 000 machines de bureau de Windows à Ubuntu. Nous avons récemment signé plusieurs accords d’échelle similaire, et le ryhtme augmente à mesure que la confiance en Ubuntu grandit. Alors que GNU/Linux est depuis longtemps reconnu comme un système de bureau intéressant pour les développeurs motivés et inspirés, il y a un écart entre cette utilisation et le besoin des grosses entreprises. À ma connaissance, aucune autre entreprise ne se consacre entièrement à la production d’un système de bureau libre, et je suis fier que Canonical joue ce rôle. Il me peinerait que tous les efforts de la communauté du logiciel libre ne puissent servir à ces utilisateurs. Il n’y a rien de propriétaire ou de secret dans les postes de travail dont Canonical assure le support dans ces grandes entreprises. Ce qui m’émerveille le plus, c’est que dans les cas de la famille de Nouvelle-Zélande et de cette entreprise, il est question du même code. Voilà à mon sens la véritable promesse du logiciel libre : lorsque je participais moi-même à des projets open-source, j’ai toujours été ravi que mon travail subvienne à mes besoins, mais qu’il soit également utile au plus grand nombre.

Ubuntu n’est qu’une petite partie de cet immense écosystème, mais je suis fier que nous ayons intensifié nos efforts pour relever ces défis. Canonical adopte une approche différente des autres entreprises qui travaillent dans l’univers Linux, non pas comme critique implicite des autres, mais simplement parce que c’est l’ensemble des valeurs que nous défendons. C’est une force pour le logiciel libre qu’un tel nombre d’entreprises différentes poursuivent autant d’objectifs importants.

Au cours des dernières semaines, on a suggéré que l’action de Canonical est égoïste et non dédiée au bénéfice d’une communauté plus large. C’est une critique blessante car la plupart d’entre nous ressentons justement le contraire : notre motivation, c’est tout faire pour servir la cause du logiciel libre, au bénéfice à la fois des utilisateurs finaux et de la communauté qui le produit, et nous sommes convaincus qu’élaborer Ubuntu et travailler pour Canonical sont les meilleures façons d’atteindre ce but. Ces critiques ont provoqué de nombreuses discussions et réflexions chez chacun de nous et chez Canonical. Ce billet s’inscrit dans cette réflexion : j’y témoigne de ce que je ressens lorsque je contribue, et pourquoi je suis fier du travail que j’accomplis chaque jour. Que faisons-nous pour le logiciel libre ? Et que fais-je moi-même ?

Pour commencer, nous le fournissons. Nous réduisons la friction et l’inertie qui empêchent les utilisateurs d’essayer les logiciels libres et de décider eux-mêmes s’ils les aiment suffisamment pour s’y plonger. Aujourd’hui, des centaines de développeurs de logiciels libres, traducteurs, concepteurs, porte-parole, ont l’occasion de prendre part au mouvement, parce qu’il est facile pour eux de faire le premier pas. Et ce n’est pas un travail aisé. Songez aux années d’efforts que nécessite la conception d’un simple installeur pour Linux comme http://www.techdrivein.com/2010/08/…, qui est l’aboutissement d’énormes quantités de travail par plusieurs groupes, mais qui sans Canonical et Ubuntu n’aurait jamais vu le jour.

Des milliers de personnes se contentent de concevoir des logiciels libres pour elles-mêmes, et ce n’est pas un crime. Mais la volonté d’en faire quelque chose que d’autres pourront explorer, utiliser et apprécier doit également être plébiscitée. Et c’est une valeur qui est fortement mise en avant dans la communauté Ubuntu : si vous lisez http://planet.ubuntu.com, vous verrez que l’on se réjouit grandement de compter des *utilisateurs de logiciels libres*. En tant que communauté, c’est pour nous une immense satisfaction de voir que des gens les *utilisent* pour résoudre leurs problèmes quotidiens. C’est plus satisfaisant pour nous que des récits sur l’amélioration de sa rapidité ou l’ajout d’une fonctionnalité. Certes, nous jouons sur les deux tableaux, mais notre communauté mesure davantage l’impact sur le monde que l’impact sur le code. Tous ses membres sont généreux de leur temps et de leur expertise, et il s’agit là de leur récompense. Je suis fier du fait qu’Ubuntu attire des personnes généreuses dans leurs contributions : à leurs yeux, ces contributions prennent de la valeur si elles sont retravaillées par d’autres, et qu’elles n’y perdent pas. C’est pourquoi nous nous réjouissons de l’existence de Kubuntu, Xubuntu, PuppyLinux et Linux Mint. Ces distributions ne marchent pas sur nos plate-bandes, elles se tiennent sur nos épaules, tout comme nous nous tenons sur les épaules de géants. Et c’est une bonne chose. Notre travail a plus de sens et plus de valeur parce que leur travail atteint des utilisateurs que le nôtre seul ne peut pas atteindre.

Quoi d’autre ?

Nous réparons ses défauts, aussi. Prenons par exemple le projet PaperCut, né parce que l’on s’est rendu compte que cette technologie formidable et les efforts que l’on consacre à réaliser un projet aussi complexe que le noyau Linux se trouvent diminués si l’utilisateur moyen n’obtient pas le résultat escompté alors que tout devrait fonctionner sans accroc. Des centaines de Papercuts ont été réparés, dans de nombreuses applications, ce qui ne bénéficie pas qu’à Ubuntu mais aussi à toutes les autres distributions qui intègrent ces applications. Ça n’a rien de simple : songez aux milliers de suggestions à trier, à la coordination des réparations et à leur partage. Grâce aux efforts sans répit d’une équipe nombreuse, nous changeons la donne. Épargner une heure par semaine à des millions d’utilisateurs représente un trésor d’énergie économisée, que l’utilisateur peut alors consacrer à une utilisation plus efficace du logiciel libre. L’équipe Canonical Design est à l’origine du projet Papercuts, mais les plus méritants sont les personnes comme Vish et Sense, qui sont venus gonfler nos rangs. Chaque patch a son importance, sur le poste de travail http://ubuntuserver.wordpress.com/2… et sur le serveur.

À un niveau plus personnel, un élément clé auquel je consacre de l’énergie est la direction, la gouvernance et la structure de la communauté. Aux débuts d’Ubuntu, j’ai passé beaucoup de temps à observer les différentes communautés qui existaient à l’époque, et comment on y gérait les inévitables tensions et divergences qui apparaissent lorsque beaucoup de fortes personnalités collaborent. Nous avons conçu l’idée d’un code de conduite qui assurerait que nos passions pour ces technologies ou ce travail ne prennent pas le dessus sur notre objectif principal : amener des gens de divers horizons à collaborer sur une plateforme commune. Je suis ravi que l’idée se soit étendue à d’autres projets : nous ne voulons pas garder jalousement ces idées, designs ou concepts, ce serait l’inverse de notre objectif premier.

Nous avons mis en place une structure simple : un forum technique et un conseil communautaire. Cette organisation est désormais courante dans beaucoup d’autres projets. Alors qu’Ubuntu se développe, la gouvernance évolue également : des équipes s’occupent de diriger des groupes tels que Kubuntu, les forums et les canaux IRC, fournissent conseils et orientation aux équipes des LoCo[3], aux modérateurs, aux opérateurs et aux développeurs, qui à leur tour s’efforcent d’atteindre la perfection technique et l’aisance sociale au sein d’une immense communauté mondiale. C’est fantastique. Ceux qui viennent participer à Ubuntu sont en général autant motivés par le désir d’appartenir à une merveilleuse communauté que par celui de résoudre un problème spécifique ou d’alléger la charge de travail d’un groupe.

Avec le temps, certains s’aperçoivent qu’ils ont le don d’aider les autres à être plus productifs : résoudre les conflits d’opinion, assurer l’organisation d’un groupe pour permettre de réaliser ce qu’un individu seul n’aurait pu accomplir. La structure de gouvernance d’Ubuntu leur crée l’opportunité de montrer leur valeur : ils forment le pivot et la structure qui permettent à cette communauté de s’adapter, de rester productive et agréable.

Défendre les valeurs d’un projet comme Ubuntu nécessite une vigilance constante. Lorsqu’on débute et que l’on affiche une ligne directrice précise, on n’attire en général que ceux qui sont sur la même longueur d’ondes que nous. Lorsque le projet gagne en envergure et en visibilité, il attire TOUT LE MONDE, car les gens veulent être là où ça bouge. Ainsi, les valeurs auxquelles on tient peuvent vite finir noyées dans la masse. C’est pourquoi je m’implique autant dans le travail du Conseil Communautaire d’Ubuntu et des équipes communautaires de Canonical. Les deux font preuve d’une grande perspicacité et ne rechignent pas à la tâche, ce qui fait de cette partie de mon travail un vrai plaisir.

Le Conseil Communautaire d’Ubuntu prend très au sérieux sa responsabilité en tant que dépositaire des valeurs des projets communautaires. Le CC est en grande partie composé de personnes qui ne sont pas affiliées à Canonical, mais qui croient que le projet Ubuntu est important pour le logiciel libre dans son ensemble. Jono Bacon, Daniel Holbach, et Jorge Castro, par exemple, sont des professionnels qui savent comment rendre une communauté productive et en faire un lieu de travail agréable.

Quelque chose d’aussi gros que la communauté Ubuntu ne peut être porté à mon seul crédit, ni à aucun autre, mais je suis fier du rôle que j’ai joué, et motivé pour continuer tant que ce sera nécessaire. Depuis quelques années, je me consacre davantage à mettre en avant le rôle du design dans le logiciel libre. Je suis convaincu que l’Open Source produit la meilleure qualité de logiciels qui soit, mais nous devons nous pencher sur l’expérience que nous souhaitons créer pour nos utilisateurs, que ce soit sur le bureau, les netbooks ou les serveurs. Je me suis donc beaucoup employé à encourager diverses communautés – celle d’Ubuntu et d’autres qui travaillent en amont – à réserver un bon accueil à ceux qui portent sur le logiciel libre un regard d’utilisateur final et non celui d’un codeur chevronné. C’est un changement de fond dans les valeurs de l’Open Source, et je ne pourrai l’accomplir seul, mais je suis tout de même fier d’être un défenseur de cette approche, et heureux qu’elle soit de plus en plus partagée.

Des designers travaillaient dans le logiciel libre avant que nous ne donnions cette impulsion. J’espère que l’insistance de Canonical sur l’importance du design leur facilite la tâche, que la communauté au sens large est plus sensible à leurs efforts et plus réceptive à leurs idées. En tout cas, si vous accordez *vraiment* de l’importance au design des logiciels libres, l’équipe de designers de Canonical est faite pour vous !

Je travaille moi aussi sur le design, et j’ai surtout participé à la conception détaillée de Unity, l’interface d’Ubuntu Netbook Edition 10.10. C’est une évolution de l’ancienne interface UNR, qui a surtout pour fonction de montrer que le poste de travail Linux n’a pas à rester bloqué dans les années 90. Nous allons tenter d’élaborer de nouvelles façons efficaces d’utiliser les ordinateurs.

J’ai été ravi de constater la vitesse à laquelle des centaines de projets ont adopté les fonctionnalités de Unity. Leur but est de rendre Linux plus facile d’utilisation et plus élégant. Ce rythme d’adoption permet de mesurer combien nous réduisons la difficulté pour les nouveaux utilisateurs qui découvrent une meilleure façon d’utiliser leur PC.

Si nous nous contentions du design sans nous occuper de la mise en application, on pourrait nous accuser d’attendre que les autres fassent le travail à notre place, alors je suis également fier de diriger une équipe géniale qui se charge de l’implémentation de certains de ces composants clés. Des éléments comme dbusmenu ont prouvé leur utilité pour apporter de la consistance à l’interface des applications GNOME et KDE fonctionnant sous Unity, et j’espère vraiment qu’elles seront adoptées par d’autres projets qui ont besoin de ces mêmes fonctions.

J’aimerais féliciter l’équipe d’ingénieurs pour le soin qu’ils apportent à la qualité et la testabilité, et pour leur désir de fournir aux développeurs des API propres et des documentations complètes permettant leur utilisation optimale. Si vous utilisez le jeu complet d’indicateurs dans Ubuntu 10.10, vous savez à quel point ce travail discret et continu permet d’obtenir un tableau de bord harmonieux et efficace. Nous allons livrer la première release de Utouch, qui continuera d’évoluer afin que GNOME et KDE puissent intégrer facilement les interfaces de mouvements multi-touch.

En plus de donner de mon temps, je soutiens aussi divers projets en les finançant. Injecter de l’argent dans un logiciel libre nécessite de se poser une question cruciale : cette somme serait-elle mieux employée ailleurs ? Il existe beaucoup de façons d’aider les gens : avec 100 000 $, on peut scolariser, vêtir ou nourrir beaucoup de monde. Il me faut donc être sûr que cet argent apporte des bénéfices réels et quantifiables sur la vie des gens. Les messages de remerciement que je reçois chaque semaine pour Ubuntu me confortent dans cette idée. Plus important encore, je constate moi-même l’effet de catalyseur qu’a Ubuntu sur l’ensemble de l’écosystème Open Source – les nouveaux développeurs qui le rejoignent, les nouvelles plateformes qui apparaissent, les créations de nouvelles entreprises et l’arrivée de nouveaux participants – et j’en conclus que le financement que je fournis a un impact significatif.

Quand Ubuntu a été conçu, l’écosystème Linux était dans un sens complètement formé. Nous avions un noyau, GNOME et KDE, Xorg, la Lib C, GCC et tous les autres outils bien connus. Bien sûr, il y avait des failles, des bugs et des feuilles de route pour les combler. Mais il manquait quelque chose, parfois définit comme « marketing », parfois défini comme « orienté utilisateur final ». Je me souviens avoir pensé « c’est ce que je peux apporter ». Donc Ubuntu et Canonical n’ont clairement PAS investi d’efforts dans ce qui fonctionnait déjà, mais dans de nouvelles idées et de nouveaux outils. J’y vois une contribution stimulante à l’écosystème Open Source en général, et je sais que beaucoup partagent cet avis. Ceux qui reprochent à Canonical de ne pas faire ci ou ça ont peut-être raison, mais ces critiques ne tiennent pas compte de tout ce que nous apportons et qui ne figurait pas sur la feuille de route avant notre arrivé. Bien sûr, il y a peu de travaux que nous accomplissons à nous seuls, et peu d’avancées que d’autres ne pourraient réaliser s’ils s’en faisaient un objectif, mais je crois que la passion de la communauté Ubuntu et l’enthousiasme de ses utilisateurs reflètent la nouveauté et l’originalité de ce projet. Ce doit être une source de satisfaction, de fierté et de motivation pour continuer dans cette voie.

Aucun projet particulier ne compte plus que le logiciel libre dans son ensemble. Il est plus important que le noyau Linux, plus important que GNU, plus important que GNOME et KDE, plus qu’Ubuntu, Fedora et Debian. Chacun de ces projets joue un rôle, mais c’est le tout qu’ils forment qui est vraiment en train de changer le monde. À cause des querelles concernant la contribution de chacun au logiciel libre, nous risquons de passer à côté de l’essentiel. Un peu comme une maladie auto-immune, quand le corps commence à s’attaquer lui-même. Par définition, quelqu’un qui se donne du mal pour diffuser le logiciel libre auprès d’un public plus large est dans le même camp que moi, contrairement aux 99% du reste du monde, si je veux penser en termes de camps. J’admire et respecte tout ceux qui consacrent leur énergie à faire avancer la cause du logiciel libre, même si parfois nos avis divergent en ce qui concerne les détails et la manière de procéder.

Notes

[1] Crédit photo : Trancept (Creative Commons By-Nc-Sa)

[2] Suivi d’un minutieux travail de relecture par Framalang : Don Rico et Siltaar

[3] NdFramalang : Local Community Communautés Locales




Quand le Café Pédagogique nous révèle que les profs ne respectent pas le droit

Jason Clapp -  CC byPas vu, pas pris !

Au détour d’un article consacré au cahier de texte électronique qui implique le partage de ressources numérisées sur Internet, le Café Pédagogique nous fait cet étonnant aveu : « Les enseignants sont souvent amenés à utiliser en cours des documents dont ils ne possèdent pas les droits. Leur demander de mettre sur des cahiers de textes accessibles en ligne tous les documents de cours risque de les mettre en danger. »

Vous avez bien lu.

On ne s’alarme nullement d’une situation qui voit les enseignants « souvent amenés à utiliser en cours des documents dont ils ne possèdent pas les droits ». On s’inquiète uniquement du fait que la mise en ligne de ces documents « risque de les mettre en danger »  !

Chers parents, vous l’ignoriez sûrement mais vous confiez donc vos enfants à des adultes dont la fonction demande une attitude exemplaire et qui pourtant ici ne respectent pas la législation en vigueur.

Les enseignants ont cependant, si ce n’est une excuse, tout du moins quelques circonstances atténuantes.

En effet si ils choisissent de se mettre ainsi délibérément hors-la-loi c’est parce qu’ils souhaitent donner à leurs élèves le maximum d’informations pertinentes. Et tant pis si il faut « souvent » outrepasser un droit d’auteur pour mieux y arriver. Ils ont de bonne foi beaucoup de mal à concevoir qu’il y puisse y avoir des barrières à la diffusion désintéressée de la connaissance, d’autant que la technique actuelle n’a jamais autant favorisé sa potentielle transmission. Et l’on revisite une fois plus la tension entre un monde marchand et le monde non marchand par excellence qui est censé être celui de l’école[1].

Autre élément à décharge et non des moindres : le détail de cette législation en vigueur. On nous parle hypocritement de « licence globale pour l’éducation » ou « d’exception pédagogique », mais la réalité est tout autre. Les accords entre le ministère et les industries culturelles sont d’une telle complexité que les enseignants sur le terrain n’ont pas d’autre option que la radicale dualité d’un partage impossible ou d’un partage illégal.

Nous avions consacré un article entier au diktat des ayants droits vis-à-vis de leurs « œuvres protégées » à l’école. La situation n’a guère évolué depuis car voici ce que l’on peut lire aujourd’hui sur le très officiel site Educnet, à la page Exceptions au droit d’auteur à des fins pédagogiques ou de recherche.

Ne riez pas. Pour que ces exceptions soit autorisées, il faut, je cite :

  • « une déclaration faite par le chef d’établissement (en ligne ou via un formulaire) des œuvres utilisées ;
  • l’envoi aux ayants-droits d’identifiants pour pénétrer sur l’intranet ou l’extranet à des fins de vérification ; d’éventuelles visites de contrôle d’agents assermentés représentant les ayants-droits ;
  • en respectant les limites de volume, différents suivant les secteurs concernés :
    • pour la musique : un extrait doit être inférieur à 30’’ et en tout état de cause inférieur à 10% de la totalité de l’œuvre (15% si il y plusieurs extraits)
    • pour les livres : un extrait est inférieur à 5 pages consécutives d’un livre, en tout état de cause inférieur à 20% à la pagination totale par travail pédagogique
    • pour les manuels scolaires : un extrait doit être inférieur à 5 pages consécutives, dans la limite de 5% de la pagination totale par travail pédagogique et par an ;
    • pour l’audio-visuel : un extrait doit être inférieur ou égal à 6’, en tout état de cause ne pas excéder 10% du total (15% dans el cas de plusieurs extraits)
    • pour la presse : deux articles d’une même parution sans excéder 10% de la parution
    • pour les arts visuels : pas d’extraits, pas plus de 20 œuvres par travail pédagogique, avec une limite dans la définition de la reproduction ou représentation numérique (72 dpi et 400X400 pixels)
  • en précisant le titre de l’œuvre, le nom de l’auteur ;
  • dans le seul cas où les œuvres ont été acquises légalement. »

La prochaine fois que vous rencontrerez un enseignants, demandez-lui, d’abord si il connaît, puis si il respecte, les conditions d’utilisation des « exceptions au droit d’auteur à des fins pédagogiques ou de recherche ». Vous ne manquerez pas de le mettre mal à l’aise. Rien de tel alors pour casser la gêne que de lui parler de l’alternative que constituent les Ressources Éducatives Libres.

Il faut tout faire pour encourager les professeur à les utiliser. Parce qu’elles permettent de retourner dans la légalité tout en construisant ensemble de nouvelles ressources. Parce qu’elles mettent aussi indirectement la pression sur les industries culturelles pour que ce soit elles qui s’adaptent à l’école et non l’inverse !

Tel est aussi ce que nous avons voulu dire récemment en publiant coup sur coup un billet sur une enseignante d’exception et un billet sur une association d’exception.

D’autant que de tout cela le Café Pédagogique ne vous parlera pas, fâché qu’il est depuis longtemps avec le logiciel libre et sa culture.

Notes

[1] Crédit photo : Jason Clapp (Creative Commons By)