De l’efficacité des agités du bocal Internet

Grégoire Lannoy - CC byNumerama et le Framablog ont une intersection de lecteurs non vide mais une réunion non confondue. Lorsque l’excellent Guillaume Champeau a mis en ligne l’article que je vous propose reproduit ci-dessous, je lui ai de suite envoyé un mail pour le féliciter et lui dire qu’il me dispensait alors d’écrire un billet similaire qui me trottait dans la tête depuis un petit bout de temps (oui, je sais, ça mange pas de pain, et ça fonctionne avec tout le monde : bonjour Mr Kant, merci pour votre Critique de la raison pure, que j’avais justement pour projet de rédiger…).

Comment se fait-il qu’on se retrouve avec un projet de loi Hadopi qui fait quasiment l’unanimité contre lui sur le Net mais qui se heurte à l’indifférence de Mme Michu ? La faute aux grands médias ? Non, la faute aux internautes qui se complaisent à penser qu’en restant assis le cul derrière leur chaise à parer leur site de noir, il vont faire pencher la balance du bon côté. Telle serait, en (très) gros, la problématique posée par l’article.

Bon, il faut dire aussi que l’on n’est pas forcément aidé par nos représentants publiques, à commencer par certains partis politiques[1] traditionnels qui se distinguent par leur… atonie ! Le parti Chasse, pêche, nature et traditions défend des intérêts bien identifiés, faudra-t-il en venir à la création d’un équivalent du Parti pirate suédois ?

En apparté : Même si de gros progrès ont eu lieu ces derniers temps sous l’impulsion de nombreux acteurs de terrain, on est assez proche de la même situation pour ce qui concerne Mme Michu et les logiciels libres : il y a bien un moment où il faut descendre dans l’arène si on veut réellement être efficace et rassembleur (on en parlait hier justement).

Riposte graduée : pourquoi la contestation s’arrête aux frontières du net ?

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Guillaume Champeau – 5 mars 2009 – Numerama.com
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A moins d’une semaine de l’examen du projet de loi Création et Internet, le débat sur la riposte graduée et ses implications sur la société tout entière n’a pas émergé. Pas en dehors du net, où les voix, pourtant extrêmement nombreuses et majoritaires, ne se font pas entendre. Pourquoi ?

Le débat sur la loi Création et Internet et la riposte graduée doit débuter mardi à l’Assemblée Nationale. Et Madame Michu l’ignore.

Elle ignore que le texte présenté par le gouvernement prévoit de l’obliger à sécuriser sa connexion à Internet, et qu’elle n’aura ni les moyens juridiques ni les moyens matériels de se défendre si, par malheur, elle était accusée par l’Hadopi d’avoir téléchargé le dernier single de P. Diddy. Laurence Ferrari ne l’a pas prévenue.

Elle ignore, aussi, que le texte pose la première pierre d’une obligation générale de filtrage qui, sans qu’un juge n’ait son mot à dire, aboutira à limiter la liberté d’expression de ses concitoyens, au bon vouloir du gouvernement. David Pujadas n’en a rien dit.

Elle ignore enfin, que le paysage dévasté par le piratage que décrit Nicolas Sarkozy a été dessiné par les lobbys qui ont intérêt à voir la loi s’appliquer, alors qu’il est en fait riche de mille fleurs et n’a jamais été aussi prolifique. Le Président l’a dit dans sa dernière interview : « on m’a fait beaucoup de reproches dans ma vie politique, pas de mentir ». Comment Madame Michu pourrait-elle en douter ?

Comment Madame Michu pourrait-elle savoir que le projet de loi anti-piratage qu’on lui présente comme un texte de pédagogie et de méthode douce favorable aux artistes vise en réalité à contourner la justice au bénéfice de quelques intérêts privés et à imposer à tous les internautes des outils de filtrage qui pourront être employés, à des fins politiques, pour censurer tel ou tel site Internet gênant. Ou, de manière plus subtile et en apparence plus démocratique, pour favoriser les sites d’information sponsorisés par l’Etat qui recevront un label de qualité pris en compte par les filtres imposés par l’Hadopi ?

La loi Création et Internet n’est pas une loi sur le piratage, c’est une loi sur la liberté d’expression, qui concerne tout le monde.

L’opposition, sur Internet, existe. Elle est même très vive. Il est difficile, voire impossible, de trouver des communautés favorables à la loi, y compris dans les rangs de l’UMP. Mais comme au moment de la loi DADVSI, le débat reste figé dans les frontières d’Internet. Les actions, qu’elles soient symboliques ou plus musclées, restent cloîtrées dans les mailles de fibres optiques, sans jamais atteindre le tube cathodique (ou la dalle LCD) de Madame Michu. Même François Bayrou, qui a fait de la défense des valeurs républicaines et d’Internet son cheval de bataille lors la dernière élection présidentielle, se désintéresse totalement de la loi Création et Internet alors qu’elle pourrait apporter au MoDem une vitrine précieuse à quelques mois des élections européennes. Les quelques députés du Parti Socialiste qui s’apprêtent à défendre avec force les internautes à l’hémicycle, le feront sans le soutien public de leur première secrétaire Martine Aubry, qui se garde bien de se mettre les artistes les plus populaires à dos, et surtout sans la force médiatique que peut offrir l’appareil lorsqu’il se met en marche pour attaquer le fichier Edvige ou le CPE.

Comme il y a trois ans avec la loi DADVSI, le débat sur la loi Création et Internet restera un débat de spécialistes, concentré sur les questions techniques et sur les dommages causés par le piratage, sans que les questions sociétales ne soient soulevées.

La faute aux médias ? Non, la faute aux internautes, incapables de porter leur opposition au delà des frontières du numérique.

Nicolas Vanbremeersch, plus connu sous le pseudonyme de Versac, tente une explication intéressante sur le site Slate.fr : « Les internautes sont incapables de s’organiser pour faire pression avec efficacité (…) Il existe un camp, en France, prêt à rassembler plusieurs centaines de milliers de signataires sur une pétition, plusieurs dizaines de milliers de relais actifs, mais incapable de transformer cette action dans la vraie vie (…) Le web manque d’acteurs qui ont un réel intérêt dans cette affaire. Pas de génération spontanée d’acteur fédérateur, militant, actif. »

« Cette absence de mobilisation est symptomatique, non de la déshérence des internautes, mais de l’atonie des corps constitués, des intermédiaires de représentation, des syndicats et associations, qui, pour la plupart, ne sont pas à la recherche de soutiens populaires, d’appels à mobilisations. C’est également symptomatique d’un corps politique également assez protégé de l’opinion, et attendant plus de son leader politique que des citoyens mobilisés. A force de blocages, de manque d’ouvertures, d’autisme, les corps constitués anéantissent l’espoir des citoyens que leurs mobilisations puissent parvenir à quelque chose. La lassitude est forte. »

« A travers le débat sur Hadopi, c’est en fait l’effritement d’un système médiatique et politique, ses failles, ses lambeaux de peinture, qui sont mis sous nos yeux, et la nécessité d’une forme de renouveau, qui peut venir du web, qui est, en creux, mise en exergue », estime Nicolas Vanbremeersch.

Le net, qui réinvente des modèles économiques parfois proches d’une forme de néo-communisme, porte peut-être en lui le germe d’une nouvelle démocratie qui ne voit pas l’utilité d’aller se faire entendre dans le champ traditionnel de la démocratie déclinante. On commence à voir apparaître, en Suède, toute une nouvelle génération d’électeurs prête à porter aux urnes une nouvelle forme de démocratie. Si les lois ne s’adaptent pas à Internet, les internautes les ignoreront, comme ils l’ont fait depuis 10 ans des lois anti-piratage. Chaque nouvelle législation qui tente de ramener Internet vers les lois historiques de la démocratie traditionnelle en ignorant les spécificités et la culture sociétales portées par Internet accentuent une tension entre deux mondes qui, un jour, explosera, sous une forme ou sous une autre.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Pourquoi sommes nous incapables de lancer des chaussures contre le ministère de la culture, d’entourer le cercueil de la justice dans une longue procession funèbre de la place Vendôme jusqu’à la Bastille, ou de bloquer les trains gare du Nord ?

Notes

[1] Crédit photo : Grégoire Lannoy (Creative Commons)




Que pensez-vous de la Fondation Bill & Melinda Gates ?

Meanest Indian - CC byJe viens de parcourir un article extrêmement critique vis-à-vis de la Bill & Melinda Gates Foundation. Le titre parle de lui-même : Bill Gates, apôtre de l’impérialisme humanitaire.

Cet article est issu de Mondialisation.ca. Je ne connaissais pas ce site mais, d’après ce que j’ai pu rapidement observer, il s’inscrit dans une mouvance altermondialiste pour le moins radicale vis-à-vis de la politique et des responsabilités des États-Unis (et son « complice » Israël) dans la situation du monde actuelle, participant comme d’autres à remettre par exemple en cause les thèses officielles sur le 11 septembre.

Il conviendra donc de parcourir l’article avec les précautions d’usage liées à ce positionnement (d’autant que cela manque parfois de sources) mais il n’en demeure pas moins qu’il pose de nombreuses questions et laisse souvent perplexe voire pantois.

D’ailleurs même l’article dédié de Wikipédia, pourtant succinct car en ébauche, propose un paragraphe « Critiques » où l’on peut lire (pour le moment) ceci :

D’après le Los Angeles Times, la Fondation Bill & Melinda Gates aurait investi 423 millions de dollars dans les entreprises ENI, Royal Dutch Shell, Exxon Mobil, Chevron Corporation et Total. Ces investissements iraient à contre-courant des objectifs de la fondation, le Los Angeles Times citant dans un dossier de huit pages le cas du delta du Niger où la fondation lutte contre la poliomyélite et la rougeole et dans le même temps finance les entreprises pétrolières qui sont responsables d’une très grande partie de la pollution du fleuve et de l’air, à l’origine de maladies notamment respiratoires.

Mais revenons à notre article initial. La thèse défendue ici est bien résumée dans la conclusion :

Sous prétexte de charité, Gates impose la loi de la finance jusque dans le domaine des solidarités internationales. A travers sa fondation, le philanthrope américain domine progressivement la scène mondiale de l’action humanitaire et impose sa suprématie donc ses dictats. Sa fondation est en cela un instrument essentiel de l’influence américaine dans le monde. Une poignée d’individus confisque ainsi l’aide humanitaire avec la passivité complice des Etats qui renoncent à leur rôle de garant du bien collectif et de la justice sociale.

La fondation Bill & Melinda Gates, c’est à la fois la privatisation de l’action humanitaire au profit des multinationales et le cheval de Troie de l’impérialisme américain.

Je vous laisse juge de ce constat. Quoiqu’on en pense, il me semble que la question suivante est assez légitime : « Mais pourquoi monter sa propre association humanitaire au lieu de faire des donations à un organisme ou à une association existants, qui partagent les mêmes objectifs et qui disposent déjà d’une expertise reconnue dans ce domaine ? ». Tout comme il est légitime de s’interroger sur le pouvoir et l’influence d’un organisme qui pèse (dixit l’article) près de 60 milliards de dollars, dépassant ainsi les budgets de l’Unesco, OMS et FMI réunis !

Plus près de nous (c’est-à-dire de la ligne éditoriale de ce blog), il y a aussi la problématique (et la « culture ») des licences et des brevets qui ont massivement contribué à faire la richesse de Bill Gates avec Microsoft. La Fondation est-elle à même de favoriser par exemple les médicament génériques[1] dans les pays qui en ont le plus besoin ? Idem pour les logiciels libres dans les plans d’éducation et du lutte contre la fracture numérique où est engagée la Fondation[2].

Un dernier extrait :

Cinq ans après, selon des chiffres de l’OMS, il n’y a toujours aucun générique disponible dans la plupart des pays en voie de développement et malgré les négociations à l’OMC pour permettre aux populations des pays en développement d’accéder à des médicaments bon marché, la politique de libre-échange des Etats-Unis réduit à néant les quelques avancées obtenues. Au mépris de leurs engagements multilatéraux, les Etats-Unis se sont lancés dans une politique effrénée d’accords régionaux et bilatéraux de libre-échange avec les pays en développement. Ces accords imposent systématiquement aux pays signataires des dispositions en matière de propriété intellectuelle, dites « ADPIC+ », plus contraignantes que celles de l’accord ADPIC (rallongement de la durée des brevets au-delà de 20 ans, extension des critères de brevetabilité, blocage de l’enregistrement des génériques, etc.). Elles limitent également le recours à un certain nombre de flexibilités prévues par la déclaration de Doha sur l’accord ADPIC et la Santé Publique, notamment le recours plein aux licences obligatoires et aux importations parallèles.

Ce n’est pas Bill Gates qui s’élèvera contre ce principe de protection des brevets et de monopole. Fondateur de la multinationale informatique Microsoft, sa fortune fut acquise grâce à une démarche commerciale agressive qui tenta d’imposer partout dans le monde un système d’exploitation et les logiciels coûteux qui les accompagnent. Ainsi, lors d’une tournée en Afrique effectuée avec son épouse pour le compte de sa fondation, il a organisé une réunion en 2003, sur le thème de « L’édification de la société de l’information en Afrique ». A cette occasion, il a qualifié Microsoft de « meilleure entreprise du monde » pour proposer des logiciels gratuits, des formations, le tout subventionné par la Gates Foundation dont les sommes énormes ont déjà séduit des pays comme l’Ouganda, l’Angola et la Namibie, les dissuadant d’utiliser les logiciels libres. A ce titre, il cherche à s’immiscer dans le projet « One Laptop per Child » qui vise à terme à équiper les enfants scolarisés des pays émergents d’ordinateurs à prix réduit, soit 100 dollars. Conformément à cette démarche, ces machines sont pourvues de logiciels libres dont Linux; voyant cela, le PDG de Microsoft, qui avait dénigré ce projet dans un premier temps, a fait ajouter une carte externe à ces ordinateurs pour pouvoir les faire fonctionner sous Windows.

Le titre de ce billet ouvre sur une question et attend vos réponses. La Fondation est-elle un agent déguisé du grand complot américain ou une réel bienfaiteur de l’humanité candidat au Nobel de la Paix ?

Notes

[1] Pour ce qui concerne cette question des médicaments génériques et plus généralement des licences et des brevets dans l’industrie pharmaceutique, on pourra lire ou relire Du bon usage de la piraterie de Florent Latrive.

[2] Crédit photo : Meanest Indian (Creative Commons By)




Touch Book : un futur netbook libre et innovant ?

Touch Book - Always InnovatingCe n’est vraiment pas dans les habitudes du Framablog de verser dans les annonces (et donc participer au buzz) de nouveaux produits high-tech mais ce Touch Book semble sur le papier vraiment intéressant et innovant.

Il a fait en tout cas forte impression lors de sa présentation publique (cf la vidéo) au récent DEMO 09 où il a été qualifié par les intervenants de « Open Source netbook on steroids ».

Je vous liste en vrac quelques unes de ses caractéristiques, retenues en parcourant les premiers articles sur le sujet dans la blogosphère anglophone (à commencer par Gizmodo où je l’ai découvert).

  • Software libre inside, avec of course l’OS GNU/Linux (on s’en serait douté mais c’est toujours bien de le souligner), il s’agit d’une version adaptée de OpenEmbedded reposant sur la distribution Ångström (mais, fallait-il le préciser, on peut y mettre aussi Google Android, Ubuntu, etc.)
  • Hardware libre inside, avec la carte mère Beagle Board (dont on peut télécharger les spécificités apparemment)
  • Clavier détachable de l’écran le transformant alors aussi bien en écran tactile qu’en tablette PC (sans oublier la fonction de eBook reader)
  • C’est le navigateur Mozilla Fennec, le Firefox des mobiles, qui a été choisi (optimisé pour les écrans tactiles)
  • 3 slots USB sur 6 sont à intérieur et non à l’extérieur de la machine (ça a l’air de rien mais c’est une vraie bonne idée, permettant ainsi par exemple à votre clé USB de ne plus dépasser de votre ordinateur pour y demeurer en permanence), voir la demo pour mieux comprendre la chose
  • Résolution écran 8.9 pouces
  • Taille 23,9 x 17,8 x 3,6 cm et poids de 910 grammes
  • Design fort joli ma foi
  • Lecture de vidéos HD en plein écran 1024×600 (vous pouvez retourner l’écran pour plus de confort pour faire comme un lecteur DVD)
  • Utilise (pour la première fois sur un netbook) le processeur ARM (OMAP3 chip) de Texas Instrument
  • Ce processeur étant moins gourmand que la concurrence, il permettrait au Touch Book d’aller jusqu’à 15 heures d’autonomie (qu’ils disent là encore dans la démo) grâce à ses deux batteries logées dans le clavier et l’écran
  • Ce processeur est silencieux et surtout permet en théorie à l’ordinateur de s’allumer et s’éteindre comme un téléphone portable (pas besoin de rebooter à chaque fois)
  • Accélération 3D permettant de… jouer avec confort et plaisir (toujours selon la démo, personnellement j’ai quelques doutes a priori)
  • Une carte microSD de 8 Go assure le stockage
  • Dos magnétique permettant de le coller à votre frigo ou tout autre surface similaire
  • 300$ HT écran seul ou 400$ HT avec le clavier
  • Enfin et pour l’anecdote le Touch Book est d’origine française puisque Always Innovating a été créée par Grégoire Gentil

Pour en savoir plus rendez-vous sur le site officiel du projet (cf aussi la page Open Source). Rendez-vous également en juin prochain, date prévue de la sortie du Touch Book.




Le plan britannique en faveur de l’Open Source sous l’angle de l’éducation

Arwen Abendstern - CC byLe gouvernement britannique affiche sa volonté de soutenir l’Open Source disions-nous tout récemment, au travers du prisme de la BBC, en évoquant l’annonce d’un plan d’action gouvernemental explicite et ambitieux.

En attendant la traduction du plan himself (qui ne saurait tarder), voici le point de vue du site OpenSourceSchools, dont nous avons eu l’occasion de dire tout le bien que nous en pensions dans un billet dédié[1].

L’égalité des chances pour le logiciel Open Source

A level playing field for open source software

MBerry – 25 février 2009 – OpenSourceSchools.org
(Traduction Framalang : Don Rico et Goofy)

Il faut saluer la décision du gouvernement d’encourager l’utilisation des logiciels libres, comme indiqué dans le communiqué publié hier. L’éducation au Royaume-Uni se déroulant principalement dans le secteur public, nous sommes en droit d’espérer que ce soutien du gouvernement central aura pour conséquence de donner aux établissements scolaires et aux collectivités locales la confiance nécessaire pour adopter, élaborer et développer des solutions Open Source, rendant ainsi possible la ré-utilisation et le partage des logiciels, et peut-être un jour les contenus, au sein des établissements scolaires et des collectivités locales.

L’introduction au document, signée par Tom Watson, ministre de l’Engagement numérique, décrit l’Open Source comme « une des avancées culturelles majeures de ces vingt dernières années dans le domaine des TIC et au-delà », et démontre que « tout un chacun, en travaillant de façon collaborative… peut concevoir des produits qui rivalisent et parfois surpassent ceux de gigantesques corporations ». La méthode collaborative pour le développement de projet logiciel est très proche de la pédagogie chère à de nombreux acteurs de l’éducation. Le ministre est résolu à faire en sorte que le secteur public soit doté des meilleures solutions pour le meilleur rapport qualité/prix. Dans ce document, on trouve des exemples de solutions Open Source employées par le gouvernement, tels qu’Apache et des infrastructures basées sur Linux, même si hélas Moodle n’est pas la plateforme d’apprentissage en ligne prédominante pour une grande partie du secteur éducatif, et notamment dans le supérieur.

Ce document souligne la nécessité de lancer des mesures concrètes pour s’assurer que l’on instaure « une égalité des chances véritable entre les logiciels libres et propriétaires et de démontrer en quoi le logiciel Open Source peut contribuer à des objectifs plus vastes de ré-utilisation et de standards ouverts ». Engagement est pris de faire en sorte que « les solutions Open Source soient étudiées comme il se doit et qu’elles soient retenues comme solutions professionnelles du gouvernement lorsqu’elles offrent le meilleur rapport qualité/prix (en prenant en compte d’autres avantages, telles que la réutilisation et la flexibilité) ». Pour les cas de figure où les coûts seraient identiques, le choix par défaut devra se porter sur les logiciels Open Source, en raison de la plus grande flexibilité qu’ils apportent.

Hélas, ce serait pécher par optimisme d’espérer que les mentions telles que « Lorsque ce choix se révélera judicieux, les logiciels d’application générale développés pour le gouvernement seront mis à disposition en tant que logiciels Open Source » s’appliqueront à la multitude de programmes éducatifs et administratifs développés pour les établissements financés par l’État, mais peut-être est-ce une règle qui devrait figurer dans les spécifications techniques pour les futures passations de marché ? En effet, le point 9 du Plan d’action indique qu’une clause standard devrait figurer dans les appels d’offre publiés au Journal officiel de l’Union européenne stipulant que « les solutions sont achetées dans l’optique de leur réutilisation possible dans d’autres branches du secteur public », et que le gouvernement a le droit de fournir le code de ces solutions suivant les principes de l’ Open Source.

L’association BSF (Building Schools for the Future) devrait approuver le point 5 du Plan d’action :

« Les administrations exigeront de leurs fournisseurs qu’ils prouvent leur capacité à proposer des solutions Open Source et qu’ils auront activement étudié la possibilité de recourir à des produits Open Source pour tout ou partie de leur offre commerciale… On accordera une attention particulière aux produits Open Source existants et ayant fait leurs preuves dans d’autres secteurs de l’État. Les fournisseurs qui proposeront des produits non Open Source devront apporter la preuve qu’ils ont soigneusement étudié des solutions alternatives Open Source et expliquer pourquoi celles-ci n’ont pas été retenues. »

Dans ce rapport, il est également beaucoup question des standards ouverts, et parmi ceux-ci du format ODF, utilisé dans OpenOffice.org, et nous pouvons donc nous montrer optimistes quant à la possibilité de voir des protocoles ouverts et standards employés dans le domaine des plateformes d’apprentissage en ligne, aussi bien selon les critères préconisés par le SIF (Schools Interoperability Framework) que de la prise en charge des standards pour le « curriculum mapping » (NdT : Les profils de programmes).

On y mentionne aussi que le choix de l’Open Source peut s’appliquer également au contenu, et fournir une nouvelle façon d’aborder la propriété intellectuelle. L’envie de « partager et réutiliser ce que le contribuable a déjà acheté via le secteur public » pourrait, en théorie du moins, s’appliquer aux ressources péddagogique comme par exemple pour ce qui concerne les cours disponibles sur Moodle élaborés par d’innombrables enseignants et équipes pédagogiques d’établissements publics.

Les diverses applications possibles des techniques de l’Open Source bénéficient d’une certaine reconnaissance, ce qui dans les établissements scolaires pourrait se traduire par une plus grande attention accordée à l’apprenant, et surtout une meilleure compréhension des apprenants, alors acteurs de l’élaboration de leur programme scolaire.

Notes

[1] Crédit photo : Arwen Abendstern (Creative Commons By)




Le gouvernement britannique affiche sa volonté de soutenir l’Open Source

Steve Punter - CC byLe Framablog en témoigne dans de nombreux récents articles, « ça bouge » en ce moment en Angleterre.

Dernier évènement en date en non des moindres, l’annonce d’un plan gouvernemental d’action en faveur de l’Open Source (que l’on aurait aimé traduire par « Logiciel Libre » mais c’eût été d’après nous en modifier le sens).

Ce document intitulé Open Source, Open Standards and Re-Use: Government Action Plan est actuellement entre les mains de notre équipe Framalang, mais en attendant voici comment il est évoqué sur le site de la BBC[1].

Le gouvernement anglais soutient l’Open Source

UK government backs open source

25 février 2009 – BBC News
(Traduction Framalang : Vincent)

Le gouvernement anglais a déclaré qu’il allait accélérer l’utilisation de logiciels libres dans les services publics.

Tom Watson, MP (Ndt : Membre du Parlement), ministre de l’économie numérique, a déclaré que le logiciel libre serait considéré au même titre que le logiciel propriétaire, tel que Windows.

Le logiciel libre sera adopté « quand il apporte le meilleur rapport qualité/prix », a déclaré le gouvernement.

Il a ajouté que les services publics devraient autant que possible éviter d’être « enfermés dans des logiciels propriétaires ».

Les licences d’utilisation de logiciels libres sont généralement gratuites et adoptent des standards ouverts, et le code qui constitue les programmes peut être modifié sans crainte d’enfreindre les copyrights ou la propriété intellectuelle.

D’après certains représentants de l’industrie des logiciels libres, la migration depuis les standards propriétaires pourrait faire économiser à l’état 600 millions de £ (NdT : environ 670 millions d’euros) par an.

Simon Phipps, patron de la stratégie Open Source chez Sun Microsystems, a dit que la déclaration du gouvernement britannique faisait partie d’un « mouvement global » de reconnaissance de l’Open Source dans les gouvernements.

« Nous perdons une fortune dans le logiciel propriétaire car nous payons des licences et des promesses, et nous n’exigeons pas de valeur », a-t-il dit.

M. Phipps a dit que les écoles, les ministères et les services publics auraient une « liberté cruciale » à savoir s’ils allaient payer pour le support et la formation en utilisant les logiciels Open Source.

Le plan d’action du gouvernement pourrait voir une vague de logiciels libres déployés dans des domaines tels que les applications bureautiques (traitement de texte et tableurs), la gestion documentaires et les infrastructures de bases de données, la colonne vertébrale de nombreux systèmes informatiques importants.

Plus d’ampleur

Steve Shine, vice-président Europe de Ingres, un vendeur de support Open Source, a dit que le plan d’action du gouvernement avait plus d’ampleur que les politiques adoptées dans d’autres pays, car le plan était lié aux politiques d’approvisionnement des nouveaux logiciels pour les responsables TIC.

Il a déclaré que ce mouvement avait été en partie entamé suite à une série d’échecs retentissants de projets informatiques dans les dernières années, qui reposaient sur des logiciels propriétaires.

Il a dit : « L’Open Source peut aider à éviter de nombreux coûts cachés des logiciels propriétaires, comme ceux qui font que les organisations paient à nouveau des licences s’il veulent utiliser une option logicielle à la place d’une autre. Ceci est hors de propos dans le monde du logiciel libre. »

En annonçant son plan d’action en faveur de l’Open Source et des standards ouverts, le gouvernement a déclaré qu’il voulait :

  • s’assurer que le gouvernement adopterait des standards ouverts et les utiliserait pour communiquer avec les citoyens et les entreprises qui auront adopté des solutions Open Source ;
  • s’assurer que les solutions Open Source seraient considérées convenablement et, si elles apportaient la meilleure valeur, seraient sélectionnées comme solutions pour le gouvernement ;
  • renforcer les compétences, l’expérience et les capacités au sein du gouvernement et des ses fournisseurs pour utiliser l’Open Source au mieux de son avantage ;
  • implanter une culture Open Source du partage, de la ré-utilisation et du développement collaboratif entre le gouvernement et ses fournisseurs ;
  • s’assurer que les intégrateurs systèmes et les fournisseurs de logiciels propriétaires démontreraient la même flexibilité et la capacité à réutiliser leurs solutions et produits, comme cela se fait dans le monde de l’Open Source.

Les ministères seront requis d’adopter les logiciels libres lorsqu’il « n’y a pas de différence significative de coût entre des produits Open Source ou non », à cause de sa « flexibilité intrinsèque ».

Vive réaction attendue

MM. Phipps et Shine pensent qu’on peut s’attendre à une vive réaction de la part des éditeurs de logiciels propriétaires.

« Je suis absolument certain qu’il y a eu des contacts significatifs entre les fournisseurs de logiciels propriétaires et des personnes haut-placées dans le gouvernement », a dit M. Shine.

M. Phippe a ajouté : « A court terme, les fournisseurs traditionnels vont baisser leurs prix, approcher de plus près leurs contacts et faire tout ce qu’ils peuvent pour apparaître moins chers. Mais la vraie valeur ajoutée du logiciel libre vient de sa capacité à donner une nouvelle flexibilité aux utilisateurs. »

Il a dit que l’adoption généralisée de logiciels libres dans les services publics pourrait également avoir des implications sur les usages domestiques.

« C’est déjà en train d’arriver en Angleterre. Beaucoup de particuliers utilisent Firefox et OpenOffice.org. Cela devient non seulement acceptable mais attendu. »

Notes

[1] Crédit photo : Steve Punter (Creative Commons)




Framakey : perspectives 2009

Framakey - Nojhan - Licence Art LibreL’hôte principal de ce blog, perdu quelque part entre la Grande-Bretagne et le maquis d’Hadopi, m’a demandé de venir vous faire un petit point sur les perspectives du projet Framakey sur les prochains mois (ça sortira quand ça sortira inside).
Te voici donc, ami lecteur, devant un article plus centripète que centrifuge et avouons le sans fard, plus geek que de coutume, dont l’idée est un peu de vous dire où en est la Framakey et où elle va[1].

Historique et bilan

Mais avant de commencer, rappelons en deux mots ce qu’est la Framakey.

D’habitude, sous Windows, lorsqu’on télécharge un logiciel, il faut l’installer (mais si, on l’a tous fait un jour : cliquer sur Setup, puis Suivant, J’accepte, puis Suivant 4 fois, puis revenir en arrière pour décocher la case installer la super toolbar de-la-mort-qui-tue, puis Suivant 3 fois, et enfin le bouton Installer). Ce logiciel s’installe alors le plus souvent dans le dossier C:\Windows\Program Files\LeLogiciel mais il s’éparpille aussi souvent un peu en mettant des données dans le dossier Documents and Settings, voire dans la base de registre (une base de données propre[2] à Windows conservant les paramètres de nombreux logiciels. Or, cet éparpillement est souvent inutile, et peut ralentir Windows, qui n’a vraiment pas besoin de ça pour se trainer.

Maintenant, imaginez que vous téléchargiez le même logiciel, dans un bête fichier zip. Vous dézippez où cela vous plait, vous lancez le logiciel, et… il fonctionne! Pas d’installation, pas de Suivantx12, pas de trucs qui trainent à droite ou à gauche, pas besoin de la base de registre. Tout est dans le dossier qui a été dézippé, je vous dis.
Allons plus loin : puisque le logiciel fonctionne en vase clos, alors on peut l’utiliser depuis n’importe quel dossier. Le bureau Windows. Le dossier Mes Documents. Une clé USB. Un baladeur MP3. La carte mémoire d’un appareil photo. Un lecteur réseau. etc.

C’est ce qu’on appelle un logiciel portable. Si je met les versions portables de Firefox et d’OpenOffice.org sur une clé USB, que je met la clé USB dans ma poche et que je vais au cybercafé du coin où chez ma cousine en Irlande, il suffit que je branche ma clé USB, et je retrouverai mon Firefox (marque-pages, historique et surtout extensions compris) et mon OpenOffice.org (en français, avec mon dico perso et tout et tout). Le tout exécuté depuis la clé, sans rien copier ou installer sur la machine de ma cousine ou du cybercafé (ça marche même en Chine, c’est vous dire).

Ce concept d’applications portables a toujours existé (sous Windows comme sous GNU/Linux), mais sous Windows il s’est perdu en route ces dernières années, quand Microsoft a demandé aux développeurs de ranger les paramètres de leurs applications au même endroit[3]. Il a été remis au goût du jour il y a quelques années par un américain, John Haller, qui a depuis créé le site portableApps.com.

Et la Framakey, dans tout ça ? me demandez-vous, prêt à quitter cette page (alors qu’en réalité, je teste votre résistance au syndrome Google)

La Framakey est tout simplement la première[4] initiative de démocratisation de ce concept d’applications portables pour le grand public, en proposant en un seul téléchargement d’installer facilement sur votre clé plusieurs applications portables, le tout enrobé dans une belle interface que même Tata Jeannine arriverait à utiliser.

Sortie l’été 2005, le projet a maintenant plus de 3 ans. Étant un projet 100% libre, il a connu de très nombreuses déclinaisons, puisque comme tout projet libre, chacun est encouragé à l’adapter a ses besoins. Ainsi, on a retrouvé la Framakey (ou des forks) en langue arabe[5], diffusée à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires auprès de lycéens parisiens, auprès d’enseignants, dans des écoles primaires, en entreprise, etc. Il paraitrait même qu’un gros-industriel-plein-de-sous vend dans toutes les bonnes crèmeries une version à peine modifiée (et obsolète) de la Framakey, mais ça ne doit pas être vrai, sinon ils auraient accepté notre proposition (gracieuse) de mise à jour, ou alors ils nous auraient fait un petit don, non ?[6]… Aujourd’hui, nous estimons le nombre de Framakey diffusé à plus de trois millions d’exemplaires. Pas mal pour un projet libre.

La Framakey c’est aussi une bien belle communauté, et en tant que mainteneur du projet depuis sa création, j’en profite ici pour remercier chaleureusement tous ceux qui nous ont apporté leur aide tout au long de cette aventure et sans qui, ce n’est pas une formule, rien n’aurait été possible. C’est aussi la preuve de la force du libre, sur le plan technique (pouvoir intégrer et remixer d’autres projets libres) comme sur le plan humain (non seulement au sein de la communauté Framakey, mais aussi des échanges permanents inter-communautés avec les communautés logicielles ou celles de portableApps, de Framasoft, Dogmazic, InLibroVeritas, etc).

La Framakey évolue lentement, il faut le reconnaitre, avec une à deux versions majeures par an. Et même si techniquement, des projets comme la Liberkey (malheureusement non libre) lui sont supérieurs, j’expliquais d’ailleurs il y a peu pourquoi nous continuons à faire évoluer la Framakey face à cette stimulante concurrence.

C’est pourquoi nous avons pensé qu’il pourrait être utile de donner quelques indications sur les actions envisagées en 2009.

Les projets en cours

La Framakey 1.9

D’abord, la branche 1.x verra apparaître une nouvelle version.

  • Mise à jour de la plupart des applications, notamment OpenOffice.org en version 3.0.1
  • Nouvelle interface pour le Kiosk, basée sur jQuery
  • Modification de certains lanceurs pour une meilleure compatibilité avec Vista.
  • Ajout de quelques applications portables

http://framakey.org/Pack/PackFull1900

En dehors de l’interface (qui devrait furieusement vous rappeler quelque chose), il s’agit surtout de bénéficier d’une clé avec toutes les applications à jour. Par contre, côté développement, pas mal de travaux ont été effectués pour permettre une personnalisation plus aisée. En effet, nous pensons comme le rapportait l’infatigable et inénarrable Tristan N. qu’il faut aller (retourner ?) vers un monde de bricoleurs. Cela n’empêchera pas de livrer une Framakey aussi aboutie techniquement que graphiquement pour l’utilisateur final, mais cet utilisateur aura en plus la possibilité de bricoler le projet en fonction de ses besoins, un peu comme l’acheteur d’une voiture devrait pouvoir bricoler son véhicule comme il le souhaite (pour peu qu’il en ait l’envie). Bricoler sa Framakey a toujours été possible, puisqu’elle repose sur des technologies et des standards ouverts (Firefox + HTML/JS/CSS), mais pas forcément très simple d’accès. La version 1.9 est une version de transition qui apportera un peu plus de souplesse de ce côté là.

  • Avancement : 90%
  • Ce qu’il reste à faire : voir ici
  • Date de release estimée : 4 mars 2009 13:04:12 (au moins, on ne pourra pas me reprocher d’être précis !)

Les Framakey « Spécial Edition »

Il s’agit de versions destinées à des publics particuliers ou répondant à des « univers fonctionnels » précis.

Framakey LaTeX

La Framakey LaTeX Edition a été créée pour accompagner le Framabook « Tout… sur LaTeX » de Vincent Lozano. Il s’agit d’une version largement basée (avec l’autorisation de l’auteur !) sur l’excellente USBTeX de Nicolas Poulain, à laquelle ont été ajoutée des outils pour en faciliter l’utilisation, et des logiciels libres permettant de travailler sur l’ensemble de la chaine de publication.
Il nous faut donc la mettre à jour, et corriger quelque petits bugs.

  • Date de release estimée : RMLL 2009 (Juillet)
Framakey Education

Framasoft est historiquement lié au milieu de l’éducation nationale (que les profs, instits et autres personnels de l’EN lèvent le doigt. Vous voyez ? Vous êtes nombreux !).
La première adaptation de la Framakey a d’ailleurs été le projet « Clef en main » coéditée par le CRDP de Paris et Mostick. Depuis, la Framakey a inspiré de nombreux autres projets : dans le primaire, au collège/lycée, à l’université, pour les IUFM, etc. Voir des logiciels libres à portée de mains d’élèves[7] nous ravi et nous motive.

Il est aussi régulièrement question de travailler avec l’association de profs de maths SESAMATH qui sont autant des amis qu’une source d’inspiration. Le projet est pour l’instant en stand-by, mais nous ne désespérons pas d’avancer dans les mois qui viennent. De plus, laclasse et cyrille, deux gentils membres de la communauté Framakey, se sont donnés bien du mal pour portabiliser des logiciels éducatifs que vous retrouverez très bientôt sur le portail Framakey.

  • Date de release estimée : fin 2009
La Framakey Jeux

Il y a une demande. On sait le faire. On peut le faire. Alors on le fera 🙂

  • Date de release estimée : RMLL 2009 (Juillet)
La Framakey Handicap

Pour rencontrer régulièrement des personnes traitant du handicap et de l’accessibilité face aux logiciels (libre ou pas), nous avons décidé d’intégrer cette problématique de façon transversale en 2008 en ajoutant différents logiciels libres à tous les packs Framakey (comme une loupe ou un lecteur d’écran). Après en avoir discuté avec des professionnels du métier, nous pensons pouvoir travailler avec eux pour les aider à concevoir le contenu d’une clé spécifique.

  • Date de release estimée : 2009 (Stéphanie, si tu me lis…)
La FramaGNU

Wstryder - CC byAhhhhh. Si Framasoft avait touché 1€ à chaque fois qu’on nous posait la question « La Framakey, elle marche sous linux ? », nous n’aurions même pas besoin de lancer (très bientôt) une campagne de soutien à Framasoft !

Jusqu’ici la réponse était « La Framakey fonctionne avec Wine. On peut aussi y faire tourner des distributions légères comme SLAX ou ToutouLinux en émulation. Mais on ne fera probablement jamais de clé bootable, car 1) ça prends beaucoup de place 2) les applications sur la Framakey sont déjà presque toutes présentes dans n’importe quelle distrib, et 3) booter sur une clé, Tata Jeannine elle va galérer comme une maman ourse. »

Mais il n’y a que les imbéciles (et les développeurs JSP) qui ne changent pas d’avis, et comme on n’a pas envie d’en faire partie, on va faire un peu de teasing :

  • Oui, il y aura bientôt une Framakey incluant un système GNU/Linux bootable.
  • Oui, ce système aura un disque persistant (= les documents et les applications ajoutés sous Linux resteront sur la clé, contrairement aux LiveCD/LiveUSB)
  • Oui, il y aura des liaisons entre les deux systèmes (= je suis avec portableThunderbird sous Windows, je relève mes mails. Je reboote sous Linux, j’ouvre Thunderbird, je retrouve ces mêmes mails).
  • Oui, a priori ce système sera… Ubuntu

Houla, j’en vois qui s’énervent déjà à lire le dernier point : « Encore du Ubuntu ! Pourquoi pas (Mandriva\Fedora\Hurd.*) ? » toussatoussa.

D’abord, rappelons que Framasoft – et donc la Framakey – vise le plus large public et que, sans aucunement préjuger de qualité techniques d’une distrib, l’expérience (tout a fait subjective, mais tout à fait assumée) nous a montré que des utilisateurs comme Tata Jeannine avaient de meilleurs retours sur la communauté Ubuntu-fr qu’ailleurs.

Ensuite, rappelons que la Framakey est volontairement hackable by design et 100% libre, donc aide toi et le GNU/RTFM t’aidera.

De plus, nous avons d’excellentes relations avec la communauté Ubuntu-fr, qu’on a connu à l’époque où ils étaient, oh pas plus haut que ça, alors que maintenant même le géant vert à l’air d’un nain à côté d’eux (il n’y a bien que Chuck Norris qui puisse encore leur faire de l’ombre). Je vous avais prévenu, c’est subjectif comme point de vue.

Enfin, pour ceux qui répondraient qu’on entretient un système, blablabla, je répondrai qu’on a déjà commencé à travailler sur un outil qui permettrait de choisir sa distribution avant l’installation. Un mix entre UnetBootin (pour le choix des ditribs) et Fedora LUC pour la possibilité de créer un disque persistant. Elle est pas belle la vie[8] ?

  • Avancement : une version alpha de chez alpha, disponible pour les windowsiens existe déjà, mais c’est tellement alpha que je n’ose vous livrer de lien[9]

Date de release estimée : RMLL 2009 (Juillet) (dépendra en partie de la communauté Ubuntu-fr. C’est pas parce que ce sont des amis qu’on ne va pas leur mettre la pression 😛 )

Le retour de la version Light

On nous a souvent reproché le fait d’avoir abandonné la version Light (pour les clés de 256Mo). C’était tout simplement trop lourd de maintenir 2 packages. Grâce aux outils dont je vous parlais plus haut, développés pour la Framakey 1.9, la version light fera son retour. N’espérez pas y trouver OpenOffice.org, celui-ci a pris beaucoup d’embonpoint, et son transfert sur clé peut prendre plusieurs heures sur des clés de mauvaises qualité.

  • Date de release estimée : fin mars 2009.

La Framakey Megapack

Tata Jeannine, quand elle achète un ordinateur, elle a de fortes probabilités de se retrouver avec du Windows inside (c’est le problème de la vente liée, mais je préfère ne pas l’évoquer aujourd’hui, sous peine de cumuler ça à l’exaspération générée par Hadopi). En plus, elle a plein de logiciels, dont la plupart lui diront au bout de trente jours qu’elle doit leur donner son numéro de carte bleue, sinon, ils se mettront en grève.

Par contre, elle n’a aucun logiciel libre. Alors que pour pas un rond, ils feraient tout aussi bien le travail et, accessoirement mais pas trop, lui redonnerait une prise directe et citoyenne sur sa vie numérique.
Alors, si Tata elle téléchargeait la Framakey Megapack, en 3 clics et le temps d’un épisode de Derrick, elle se retrouverait avec 60 applications libres sur son disque dur, le menu Démarrer qui va bien et tout et tout. Et même, on lui expliquerait en quoi Firefox (yeepa !) c’est plus mieux qu’Internet Explorer (bweark !), le tout avec un peu de musique libre pour bercer ces oreilles.

  • Date de release estimée : RMLL 2009 (Juillet)

D’autres éditions en perpective

Tout est possible, mais le temps n’étant pas extensible, voilà déjà un planning bien chargé. Évidemment, les idées sont les bienvenues…

Les « Framakey webapps »

Framakey - Harrypopof - Licence Art LibreDe plus en plus d’applications qu’on utilise sont des applications web. D’ailleurs, je ne vous ai pas dit que Tata Jeannine utilisait (l’excellent) Dotclear pour raconter la vie de Puffy, son caniche nain ?
Le souci, c’est que les applications web, on aime bien les tester avant, et que c’est souvent compliqué de mettre en place un système Apache/PHP/MySQL, puis d’y installer l’appli en configurant la base et tout et tout.

Alors l’idée serait donc de proposer des applis web portables pour Windows. Par exemple : PortableDotclear.zip, je dézippe, je lance PortableDotclear.exe, et hop, me voilà avec un dotclear directement utilisable.
Portable(Drupal|wordpress|joomla|mediawiki|dokuwiki|alfresco|sugarCRM|.*), c’est possible !

D’ailleurs, Bitnami le propose déjà. Mais 1) c’est pas 100% libre, et 2) ça n’est pas portable (installation de services windows).

Éventuellement, imaginez-le couplé avec Mozilla Prism, et ça peut donner un truc vraiment sympa, non ? (Évidemment, dans les endroits hyper-connectés, l’intérêt peut être limité, mais puisqu’on veut mettre vos sites sur liste blanche…)

  • Avancement : 30%
  • Dates de release estimée : 5 à 6 paquets pour les RMLL 2009 (Juillet)

Les projets à venir

La Framakey Mac

Évidemment, il n’y a pas que Windows dans la vie, il y a Mac aussi[10].
« Et pourquoi pas une Framakey pour les Mac ? »
Il y a une demande. On sait le faire. Mais on ne peut pas le faire…

C’est tout bête, mais on n’a pas de Mac, chez Framasoft (notez qu’on m’en a prêté un, une fois, j’ai trouvé que ça ressemblait furieusement à une Fedora[11]). L’appel au don[12] est ouvert. Par contre, c’est pas pour faire mon difficile, mais s’il pouvait être 1) récent et 2) portable ou mini, ça m’arrangerait pour préserver la paix de mon ménage qui commence à trouver que le bureau ressemble furieusement à la salle des machines de Star Treck IV.

  • Date de release estimée : pas de Mac, pas de Framakey Mac.

La Framakey 2

Ah, la Framakey 2, alias Winaptic, alias « ça sortira… un jour… peut être »… Tous les libristes m’ayant croisé ces 3 dernières années ont dû repartir avec un bon mal de crâne, tellement je les ai saoulé avec ce projet (les Kazé, Paul, Sonny, et j’en passe). Le principe, c’est tout simplement un Synaptic pour Windows. Avec pour système de paquets, le … .zip (volontairement, on ne gère pas de dépendances, tout étant dans le zip). Là encore, un des problèmes de Tata Jeannine, c’est qu’elle n’a jamais entendu parler de Firefox (la pauvre) ou d’Audacity, ou d’InfraRecorder. Pourtant, ça lui serait bien utile.
Elle télécharge donc la Framakey 2 (10Mo) sur son disque dur (interne ou externe) ou sa clé USB, l’exécute et là on lui demande de quoi elle a besoin. « Un navigateur web ? Mais bien sûr qu’on a cela, je vous propose de télécharger Firefox en cochant la case à côté. Ah, et un logiciel pour enregistrer vos vinyls ? bien entendu, cochez donc Audacity. Ca sera tout ? Bien. Tant que vous êtes là, je vous signale que l’application CoolPlayer que vous aviez téléchargée existe dans une version plus récente. Souhaitez vous la mettre à jour ? Parfait. Maintenant, cliquez donc sur Télécharger et installer et allez donc regarder la fin de Derrick pendant que je travaille. »

Bref, une Framakey sur mesure.

Dans mes rêves les plus fous, elle était faite en XUL, la technologie qui motorise Firefox. D’ailleurs, entre télécharger une extension et une application, il n’y a qu’un pas…(je laisse les développeurs XUL méditer cette phrase). Mais mes rêves les plus fous… Enfin bref, une version alpha est disponible depuis plusieurs mois. Mais elle est boguée et pas très à jour… Elle repose sur aSuite pour le lanceur, et AppSnap pour le gestionnaire d’applications, avec une glue maison pour faire tourner tout ça. Grâce à Mouss (de la communauté Framakey), on a pu faire le gros des adaptations nécessaires, mais il reste encore pas mal de bugs…

Vous pouvez d’ailleurs en voir une ancienne vidéo (ça commence en gros à la moitié) :

—> La vidéo au format webm

  • Avancement : 50%
  • Date de release estimée : 2009 si tout va bien… et on ne rigole pas au fond de la salle…

Pendant ce temps là, à Vera Cruz

La roadmap serait incomplète sans parler :

  • du portail d’applications portables, qu’il faut maintenir à jour (sans parler des nouvelles applications qui y seront ajoutées sous peu),
  • du rapprochement en cours avec la communauté PortableApps.com (même si je suis critique sur leur système de packaging et description d’applications, ils sont infiniment plus gros que Framakey, et nous avons donc tout intérêt à coller à leurs normes),
  • du site web Framakey, qui sera probablement refondu dans l’année,
  • du projet, récurrent, de monter une petite boutique en ligne où vous pourriez acheter des clés de qualité à prix modique, avec la Framakey de votre choix préchargée (donc, plus la peine d’enchainer Les feux de l’amour, Derrick et Arabesque, que tous les fichiers soient copiés).

Voilà, c’était un rapide (!) tour d’horizon de « où en est Framakey, et où va-t-elle ? ». Félicitations à ceux qui auront réussi à lire jusqu’ici !
Si vous le souhaitez, et si l’hôte de ce blog en est d’accord, je reviendrais régulièrement vous donner des nouvelles de l’avancement de ces différents projets.
A moins que ça ne soit pour vous parler du FramaDVD… Mais chut, je ne vous en dis pas plus…

Marius - CC by-sa

Notes

[1] Crédits photos et illustrations : 1. Nojhan (Licence Art Libre) – 2. Capture écran Framakey 1.9 par Pyg (Creative Commons By) – 3. Wstryder (Creative Commons By) – 4. Harrypopof (Licence Art Libre) – 5. Marius (Creative Commons By-Sa)

[2] Enfin, propre, propre, c’est une façon de parler.

[3] Notez que l’idée n’est pas mauvaise en tant que telle, mais elle n’est pas toujours pertinente.

[4] Au niveau mondial, je pense bien, jusqu’à ce qu’on m’indique le contraire.

[5] Imaginez ma surprise l’été dernier quand, rencontrant un ami d’ami de nationalité libanaise, il me vanta les mérites de sa clé pleine de logiciels et qu’au lancement je découvris.. un clone de la Framakey !

[6] Attention : de l’ironie un peu agacée se cache dans cette phrase, sauras-tu la retrouver ?

[7] Certes, le journalistes fait de nombreux amalgames et contre-sens, mais pour nous l’essentiel est bien que les élèves puissent avoir librement accès à Firefox, OpenOffice.org, et bien d’autres…

[8] Attention : un presque titre de série se cache dans ce titre, sauras-tu le retrouver ?

[9] Attention : un mensonge éhonté se cache dans la phrase précédente, sauras-tu le retrouver ?

[10] Attention : un troll se cache dans cette phrase, sauras-tu le retrouver ?

[11] Attention : une vérité profonde se cache dans cette phrase, sauras-tu la retrouver ?

[12] Financier, ou carrément de machine si vous êtes sur Lyon.




Largage de liens en vrac #12

Marcelo Alves - CC by-saDites, vous n’avez pas mieux à faire que de venir fouiner par ici ? En plus c’est comme d’habitude, des logiciels non testés, mal classés et de qualité disparate.

Non, franchement, vous devriez plutôt parcourir notre magnifique dossier sur Wikipédia ou alors, je ne sais pas moi, acheter un framabook pour l’offrir à votre ami(e) déçu(e) de n’avoir rien reçu(e) à la Saint-Valentin.

Vous êtes toujours là ? Bon ben tant pis pour vous. On aura tenté de vous dissuader mais c’était sans compter sur votre légendaire entêtement[1].

  • GimpPhoto : « GimPhoto is GIMP modification with new menu layout, great selection of plugins, and many additional resources for more professional look and feel as digital photo retouching and image editing application package. » Est-ce clair ou je traduis ? En tout cas c’est du GIMP dans sa dernière version 2.4.3, avec toujours cette idée fixe de séduire les photoshopeurs, à comparer (dans les commentaires ?) avec Gimpshop (dont le site a subi une invasion de sauterelles pubs ces derniers jours). Tant qu’à parle de GIMP voici 50 tutoriels (en anglais).
  • Flowplayer : Des lecteurs pour lire les vidéos .flv en streaming flash, il en existe pas mal (et même en libre) mais celui-là, sous GPL, est peut-être le meilleur qu’il m’ait été donné de voir (comme ça, a priori). Tout est configurable et la version playlist a vraiment de la gueule.
  • Chevreto : Un script espagnol prometteur pour proposer à vos internautes une site pour déposer facilement et très joliment (Ajax inside) vos images, qu’elles proviennent de votre ordi ou du Net (+ redimensionnement à la volée). Pourrait donc devenir le ImageShack du libre en quelque sorte.
  • Burning Mill Express : Pour Windows only, un logiciel de gravure (CD, DVD, ISO…) qui semble bien réalisé. Je ne suis vraiment pas un spécialiste, quelqu’un peut nous dire ce qu’il vaut pa rapport à la concurrence libre sur cet OS ?
  • AribaWeb : Un framework pour nous faire de puissantes applications Web en Ajax et tout le toutim. Si vous arrivez à nous pondre un Gmail du libre avec, merci de nous prévenir dans les commentaires.
  • Dicts.info : C’est pas du libre mais c’est bien pratique. Des tonnes de dictionnaires pour traduire un peu dans toutes les langues (par exemple de l’estonien au coréen). Typiquement le genre de sites qui attend que les gens viennent pour nous coller de la pub mais évitons le procès d’intention…
  • iPodME : Celui-là je ne sais pas trop si il mérite le référencement mais bon… il s’agit de convertir ses vidéos pour son iPod (sources disponibles mais j’ai pas vu la licence). Que pour Windows avec .NET dedans (c’est bien ce que je vous disais).
  • Twitter sur Pidgin : Pour suivre Twitter (mais aussi Identi.ca) sur le célèbre logiciel de messagerie instantané. L’occasion de rappeler les liens vers le compte Framasoft de Twitter et Identi.ca (nos derniers tweets sont dans la colonne de droite de cette page du reste).
  • Open Web Messenger : Application de chat en ligne permettant à vos visiteurs de discuter avec vos techniciens, commerciaux ou tout autre intervenant, sous licence Eclipse.
  • Lavoisier : Une bien belle police Open Source signalée par theClimber.
  • 10 obscure Linux applications you need to try : À ne lire que si vous êtes geek, admin et sous GNU/Linux (et que vous comprenez l’anglais mais, bon, si vous répondez aux trois premiers critères le quatrième devrait naturellement suivre).

Notes

[1] Crédit photo : Marcelo Alves (Creative Commons By-Sa)




Projet de loi Création et Internet : l’April s’insurge et appelle à la mobilisation

Qualifié, malheureusement à juste titre, de DADVSI 2, le projet de loi « Création et Internet » (ou Hadopi) vient de chauffer aux oreilles de l’April. Il faut dire qu’il y a de quoi et le rapporteur (et benjamin) de l’UMP Franck Riester d’en prendre pour son grade.

Je vous laisse, je dois contacter mon député…

Riposte graduée : le rapporteur s’oppose à l’interopérabilité, l’April appelle à la mobilisation

URL d’origine du document

APRIL – 23 février 2009 – Communiqué de presse

Trois ans après DADVSI, le gouvernement et la majorité semblent n’avoir rien retenu des débats sur l’interopérabilité[1] et le logiciel libre. Lors de l’examen du texte « Création et Internet » en commission des lois de l’Assemblée nationale, le rapporteur UMP Franck Riester s’est opposé à l’interopérabilité des moyens de sécurisation imposés par le projet de loi, au motif que l’interopérabilité empêcherait le libre choix de l’utilisateur ! L’April s’insurge et appelle chacun à contacter son député pour l’alerter.

Véritable DADVSI 2, le projet de loi « Création et Internet » déjà validé par le Sénat est actuellement programmé à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Après un examen en commissions, le texte sera examiné en séance à partir du 10 mars 2009.

L’essentiel du projet de loi est bien d’échafauder une nouvelle autorité administrative – l’Hadopi[2] – qui aura pour but de faire une répression de masse sur la base de relevés informatiques. Mais il prévoit également d’imposer aux titulaires d’un accès à Internet des « moyens de sécurisation » visant à empêcher que leur connexion soit utilisée pour commettre des infractions.

« On ignore tout de la nature de ces moyens de sécurisation : on ne sait pas ce qu’ils font, ni où ils s’installent, et quelle est la maîtrise que l’utilisateur pourra en avoir, » déplore Alix Cazenave, responsable des affaires publiques de l’April. « Qu’ils ne fassent pas le jeu d’éditeurs pratiquant la vente liée serait un minimum ! » L’April a d’ailleurs été reçue par des députés de tous les groupes pour leur faire part de ses questions et de ses inquiétudes[3].

Pourtant sur la question précise de l’interopérabilité, les députés Jean Dionis du Séjour (Nouveau Centre) et Patrick Bloche (Socialiste, Radical et Citoyen) se sont heurtés à un refus catégorique du rapporteur, motivé par un argument que nul n’aurait imaginé : il est simplement défavorable à l’interopérabilité[4] ! Il s’est de même opposé à ce que l’abonné soit exonéré de sa responsabilité lorsqu’il n’existe pas de moyens de sécurisation adaptés à sa configuration. L’April avait pourtant, dès le 6 mars 2008[5], alerté le conseiller juridique de la ministre de la culture sur le risque que comporte ce genre de mesures pour l’interopérabilité et le logiciel libre. À l’époque déjà, aucune réponse n’avait été apportée quant à la nature de ces moyens de sécurisation, le conseiller Henrard se contentant d’affirmer que la loi créerait le marché (sic).

« Ce que Franck Riester ne comprend pas, c’est que l’interopérabilité est le libre choix des consommateurs. On se croirait de retour en 2006 avec le benjamin de l’époque, Laurent Wauquiez, qui avait au moins eu l’honnêteté de reconnaître son incompétence[6]. En 2005, la SACEM voulait nous faire changer nos licences[7] ; Franck Riester voudrait-il nous obliger à changer de système d’exploitation ?», s’interroge Frédéric Couchet, délégué général de l’April.

« Monsieur Riester est la preuve qu’il reste encore à l’Assemblée nationale des députés opposés à l’interopérabilité et au logiciel libre[8]. Il soutient un dispositif qui va, une fois de plus, pénaliser sans aucune justification les auteurs et utilisateurs de logiciels libres, les mettant dans une situation d’insécurité juridique absolument inacceptable. Le groupe UMP a décidément bien choisi son rapporteur : tout comme cette loi, il nie la réalité technique, protège des intérêts particuliers et souffre d’un archaïsme affligeant » s’insurge Benoît Sibaud, président de l’April.

Comme pour DADVSI, l’urgence est déclarée. Comme pour DADVSI, ce texte est annoncé comme le remède miracle contre le téléchargement non autorisé d’œuvres en peer-to-peer. Comme pour DADVSI, des mesures « techniques » de contrôle d’usage sont imposées. Comme pour DADVSI, l’interopérabilité est méprisée. Comme pour DADVSI, le logiciel libre est ignoré, et ses utilisateurs menacés.

C’est pourquoi, comme pour la loi DADVSI, l’April appelle tous les citoyens attachés au logiciel libre à contacter leurs députés[9] et à les alerter afin qu’ils s’opposent à cette nouvelle menace. Elle les invite également à écrire au rapporteur Riester pour lui demander de revenir sur ses positions inacceptables.

Notes

[1] rappelons au passage l’article 7, adopté le 16 mars en seconde délibération à l’unanimité, faisant de la France le premier pays d’Europe à véritablement défendre activement l’interopérabilité, première mondiale saluée Outre-Atlantique. Communiqué du 18 avril 2006 « Projet de loi "DADVSI" : à contre-courant, le Sénat rejette l’interopérabilité et prône la brevetabilité du logiciel ».

[2] Haute Autorité pour la diffusion et la protection des œuvres sur Internet, créée à partir de l’Autorité de régulation des mesures techniques de la loi DADVSI.

[3] Notamment les porte-paroles des groupes Nouveau Centre (NC), Socialiste, Radical et Citoyen (SRC), Gauche Démocratique et Républicaine (GDR), ainsi que par la rapporteure pour avis (UMP) de la commission des affaires culturelles. Elle doit également être auditionnée par le rapporteur pour avis (UMP) de la commission des affaires économiques.

[4] Extrait du compte-rendu n°28 de la réunion de la commission des lois, mercredi 18 février 2009, séance de 9h30 : — Art. L. 331-30 (nouveau) du code de la propriété intellectuelle : Liste des moyens de sécurisation efficaces : La Commission adopte un amendement du rapporteur précisant les consultations auxquelles la HADOPI devra procéder avant de rendre officielles les spécifications fonctionnelles des moyens de sécurisation et supprimant l’établissement d’une liste officielle de ces spécifications. Elle est ensuite saisie d’un amendement de M. Jean Dionis du Séjour précisant que les moyens de sécurisation devront être interopérables et mis à la disposition des consommateurs gratuitement. – M. le rapporteur : Les moyens de sécurisation mis en place ne sauraient être gratuits, à l’image des logiciels de contrôle parental, mis à la disposition des consommateurs à titre payant, même si leur prix est modique. – M. Jean Dionis du Séjour : J’accepte de supprimer de mon amendement la condition de gratuité. – M. le rapporteur : J’en viens au second objet de l’amendement : l’interopérabilité. Je n’y suis pas favorable. Il faut laisser au consommateur sa totale liberté de choix en fonction de son système d’exploitation. L’interopérabilité n’est pas nécessaire pour les consommateurs et elle est trop contraignante pour les éditeurs de logiciels. La Commission rejette l’amendement, puis adopte deux amendements du rapporteur, le premier visant à préciser que la HADOPI établit une liste labellisant les moyens de sécurisation, le second de nature rédactionnelle. Elle rejette ensuite, par cohérence, un amendement de M. Patrick Bloche précisant que les moyens de sécurisation devront être interopérables et mis à la disposition des consommateurs gratuitement.

[5] Voir le compte rendu de la réunion avec Laurent Ladouari et Olivier Henrard.

[6] « Nous devons reconnaître honnêtement les limites de nos compétences techniques – certains d’entre nous en ont apporté la preuve, moi le premier hier soir – sur des sujets extrêmement techniques comme le MP4 ou les fichiers MP3. » – Laurent Wauquiez, député UMP benjamin de l’AN sous la XIIème législature, porteur de la partie civile de l’amendement Vivendi, lors de l’examen du DADVSI. Franck Riester est « benjamin du groupe UMP et troisième plus jeune député de l’hémicycle » selon ce portrait.

[7] « Vendredi 18 novembre 2005, au ministère de la Culture, le SNEP et la SCPP déclarent aux auteurs de Logiciel Libre : « Vous allez changer vos licences. » La SACEM ajoute : « Vous allez arrêter de publier vos logiciels. » Et se déclare prête à « poursuivre les auteurs de logiciels libres continuant de divulguer leur code source » – Extrait du communiqué de presse de la FSF France du 25 novembre 2005.

[8] Contrairement au prédécesseur de Franck Riester sur la 5ème circonscription de Seine-et-Marne, Guy Drut, UMP lui aussi, qui a été un des questeurs à l’origine de la migration vers le logiciel libre du poste de travail des députés français.

[9] Pour une liste des députés, leurs fiches individuelles et leurs coordonnées, voir également le Mémoire Politique disponible sur le wiki de la Quadrature du Net.