Rencontre avec ALGEM, Application Libre de Gestion d’École de Musique

ALGEM

Vous participez ou administrez directement une école de musique ? Ou plus généralement vous vous occupez d’un lieu associatif qui doit organiser la gestion des plannings, des adhérents et des contacts, la réservation des salles, la planification des cours, le prêt du matériel… ?

Sachez qu’il existe une excellente application développée depuis plus de dix ans par deux passionnés de musique et d’informatique !

Le logiciel s’appelle ALGEM (le L c’est donc pour Libre) et il méritait assurément une petite mise en avant.

Rencontre avec Bruno Mauguil (au centre sur la photo) et Jean-Marc Gobat (à droite) qui travaillent tous deux à Musiques Tangentes (Malakoff) d’où l’aventure ALGEM a vu le jour.

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Interview ALGEM

Bonjour Bruno et Jean-Marc, pouvez-vous vous présenter succinctement ?

426285_145343322250790_1790613950_n.jpgJean-Marc : agrégé d’éducation musicale et diplômé de l’école d’ingénieurs du CNAM de Paris, j’ai la chance de pouvoir pratiquer au sein de Musiques Tangentes mes deux passions que sont la musique et l’informatique. Je participe au développement d’ALGEM depuis quelques années déjà et intervient dans l’école en tant que professeur de M.A.O. Je suis aussi membre fondateur du groupe de fusion World « Transbohêm ».

Bruno : à l’origine musicien de Jazz, j’ai créé Musiques Tangentes à l’âge de 20 ans au milieu d’un grand vide intersidéral : pas de locaux de répétition, pas d’école de musiques actuelles… Après avoir fondé l’école, épaulé de quelques furieux musiciens, l’informatique nous a permis de structurer ce milieu embryonnaire. J’ai tout de suite compris l’immense intérêt de ce nouvel outil : création, gestion, bureautique, etc. Après m’être débattu sur Prologue (système d’exploitation français de Bull) puis fait un court et malheureux passage sur Windows, je participe aux balbutiements du Libre grâce à la rencontre providentielle d’Eric. C’est la révolution ! Bien que je ne sois pas du tout informaticien, je ne jure depuis que par l’Open Source. Cela fait maintenant 15 ans que nos outils bureautique sont sous Linux. La musique viendra plus tard sur ce système et en partie seulement. ALGEM est né du fait de l’absence totale d’outil de gestion pour notre activité. La suite reste à écrire….

Alors ALGEM c’est quoi ?

Jean-Marc : strictement parlant, ALGEM est l’acronyme d’Application Libre de Gestion d’Ecole de Musique. C’est au départ un logiciel de gestion dédié aux écoles de musiques actuelles. Axé sur la gestion de plannings et de contacts, il s’est enrichi au cours des années et peut très bien convenir aujourd’hui à d’autres types de structures.

Quelle est la répartition des rôles entre vous deux ?

Jean-Marc : je suis chargé du développement, de la maintenance chez nos partenaires et de tous les aspects techniques liés à l’installation, le fonctionnement et les rapports d’erreurs signalés par nos utilisateurs.

Bruno : je suis responsable de l’Association et initiateur du projet. Je suis donc à la fois maître d’œuvre et maître d’ouvrage, responsable du cahier des charges, définissant les grandes lignes et les besoins, et de plus en plus concerné par les problèmes de déploiement. Je joue beaucoup aussi le rôle de bêta-testeur, avec l’ensemble de l’équipe, et suis bien sûr utilisateur au quotidien depuis maintenant plus de 10 ans.

C’est parti d’un besoin interne ? Il n’existait rien de similaire sur le marché ?

Jean-Marc : effectivement, il n’y avait rien de comparable sur le marché à l’époque de sa mise en chantier. Les quelques solutions existantes, très coûteuses de surcroît, étaient réservées aux utilisateurs de Windows et ne correspondaient pas aux besoins des écoles de musiques actuelles. Il fallait donc choisir entre une solution bancale ou le développement d’un logiciel en interne. C’est ce dernier choix qui a été fait, grâce à la participation d’Eric. Ses compétences en Java, langage à l’époque en pleine expansion, lui ont permis en quelques mois de fixer l’ossature du logiciel et de le rendre opérationnel dans nos locaux.

Quand avez-vous décidé d’en faire un logiciel libre et pourquoi ? Et avez-vous constaté une amélioration dans la diffusion et participation du projet ?

Jean-Marc : depuis les débuts, Musiques Tangentes s’investit dans le libre, en privilégiant les systèmes et logiciels Open Source et les applications sous Linux. Il était naturel avec ALGEM d’ajouter une pierre à l’édifice. Comme il a fallu pas mal de temps pour refaçonner l’application, réorganiser les sources et produire quelque chose de plus cohérent, ce passage n’a pu se faire qu’assez récemment, début 2012 (les sources sur GitHub). C’était aussi l’objectif/rêve de Bruno, celui de pouvoir partager un outil avec les confrères et de contribuer à la communauté du libre.
La diffusion du logiciel est encore assez réduite, mais de nombreuses demandes nous ont été faites depuis les derniers mois. Et nous avons constaté un regain d’intérêt depuis le début de l’année scolaire et la publication sur Framasoft.

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Le logiciel évolue comme vous voulez ? Résistez-vous au « cloud » ?

Jean-Marc : beaucoup de projets en cours, oui. Des fonctionnalités en chantier : gestion de stages, importation de carnets d’adresse, pré-réservation en ligne, etc. Quant au « Cloud », s’il présente indéniablement des avantages, comme la simplification des procédures pour les novices, son adoption à grande échelle par les entreprises dominantes symbolise pour nous une certaine forme de retour au Minitel, comme l’avait remarqué à juste titre Benjamin Bayart dans sa fameuse conférence. S’en remettre à des entreprises comme Google, Facebook, Apple ou Microsoft, c’est un peu renier l’Internet des origines, décentralisé et pluriel. Afin de répondre aux besoins d’une certaine frange de nos utilisateurs, nous avons essayé néanmoins avec Algem Webstart de concilier les deux mondes : déployer localement l’application tout en profitant de l’hébergement en ligne.

Dans combien de structures ALGEM est-il déployé ? Elles s’occupent toutes de musique ?

Jean-Marc : Officiellement, une demi-douzaine de structures, dont deux à Toulouse et à Tours avec lesquelles nous sommes en relation très étroite. Cela va de la salle de répétition au salon de coiffure ! Donc, pas nécessairement ciblé école de musique. Officieusement, une trentaine de structures nous ont déjà demandé une version d’ALGEM pour leur usage personnel.

C’est dans le cadre de Musiques Tangentes que vous avez développé ALGEM. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce lieu, son histoire, les services proposés ?

Bruno : Musiques Tangentes est un centre « musiques actuelles » : apprentissage de loisir, centre de formation professionnelle, studio de répétition (collectif et individuel), studio d’enregistrement, accompagnement de projet et un peu de diffusion (amateur et professionnel). C’est aussi un lieu de création et d’accueil de résidence ou d’insertion professionnelle. C’est une structure pionnière, née dans le squat de la rue des Caves à Sèvres. Nous fêtons cette année nos 35 ans d’existence et Musiques Tangentes est ouverte à tous (à partir de 3 ans), débutant ou confirmé, amateur ou professionnel. Un tiers de notre activité s’effectue aussi hors les murs (intervention en temps scolaire, en périscolaire, en centre spécialisé type IME, en colonie de vacance, en crèche, en entreprise…), partout ou l’on peut faire de la musique… « PLUS DE BRUIT », la Mano Negra est passée par chez nous, c’est un lieu d’apprentissage, de rencontres et d’échanges. Bref, un berceau d’utopies où l’on peut encore rêver et jouer sans contraintes !

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Il me semble que vous y proposez un studio d’enregistrement « full libre » ?

Jean-Marc : nous utilisons depuis longtemps des distributions Linux spécialisées dans l’audio-numérique, comme 64Studio, Ubuntu Studio, ou plus récemment Tango Studio. Ardour est installé dans notre rack informatique et nous permet de réaliser des enregistrements sous ces systèmes, grâce à la compatibilité matérielle de notre carte RME MADI 64 canaux. Bien que nous fournissions aussi des prestations sur Pro Tools, le logiciel de référence dans de nombreux studios, nous ne pouvons qu’encourager l’usage de solutions libres. Musiques Tangentes est pratiquement la seule structure à proposer de tels services dans un environnement résolument professionnel : console numérique SONY DMX-R100, station de travail Intel i7 64 bits en dual boot, enceintes A2T. La demande est encore infime mais il n’est pas interdit de penser que l’utilisation d’un logiciel comme Ardour soit à l’avenir de plus en plus pertinente, face à une concurrence peu réactive et très coûteuse.

Est-ce que vous en profitez pour sensibiliser vos membres mélomanes aux licences libres ? Y en a-t-il qui ont fait le choix des licences Creative Commons pour leurs créations ?

Jean-Marc : j’ai moi-même édité l’album « Déserts » de Transbohêm sous licence Creative Commons. D’autres adhérents et membres de l’équipe administrative ont aussi choisi cette licence pour leurs réalisations. Pour un indépendant désireux aujourd’hui d’éditer sa musique, les licences libres présentent une belle alternative face aux fourches caudines de la SACEM.

Bruno : Musiques Tangentes est membre de « Libre Accès » et à ce titre nous avons vivement encouragé nos adhérents à utiliser des licences libres. Vous trouverez de nombreux articles à ce sujet sur notre blog. De plus, des ateliers découverte sont organisés régulièrement autour de ce thème.

Et pour finir, un appel à bonne volonté pour ALGEM ?

Jean-Marc : tout le monde est bienvenu : relecteurs de code, testeurs, spécialistes Java. Nous invitons d’autre part toutes les structures utilisant le logiciel à nous donner leur avis ou nous suggérer des améliorations possibles. Nos propositions de journées de formation restent d’ailleurs toujours d’actualité et nous encourageons tous les utilisateurs à les suivre afin de participer aux avancées d’ALGEM et de pérenniser son développement dans les années futures.

Bruno : nous en sommes encore à l’aube de l’engagement communautaire autour de ce projet et nous espérons que de nombreux utilisateurs et programmeurs nous rejoindrons prochainement . Une première rencontre entre tous les acteurs concernés sera d’ailleurs proposée très bientôt.

-> ALGEM – Pour tout contact : info@algem.net

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Les Communs, candidats aux municipales : 16 propositions pour tout de suite

A l’automne dernier le Réseau francophone autour des biens communs avait organisé avec succès la manifestation collective Villes en Biens Communs à laquelle Framasoft avait massivement participé.

A l’approche des élections municipales le réseau a produit une plateforme comportant 16 propositions afin de sensibiliser le politique sur le sujet (lien direct vers le pdf). On remarquera que « Faire le choix des logiciels libres » fait partie du lot.

« Ni État, ni marché, on parle beaucoup des biens communs, voire des communs tout court actuellement. Ils fournissent en effet une pertinente grille de lecture et de rassemblement pour une partie émergente de la société qui, dans un monde en crise, pousse vers plus de coopération et de partage.
C’est pourtant une notion qui n’est pas toujours bien comprise, parce qu’elle se différencie du « bien public » et qu’il n’existe pas de bien commun en soi. On parlera en effet de communs lorsqu’une communauté décide de gérer une ressource de manière collective dans une optique d’accès et d’usages équitables et durables.
Ainsi la gestion de l’eau ne peut être un bien commun quand, dans un territoire donné, elle est confiée par un acteur public à un acteur privé. Ainsi le logiciel ne peut être considéré comme un commun que lorsqu’il est libre. »

Citation extraite de l’article Pour que le domaine public soit pleinement un bien commun sur Romaine Lubrique.

Pour aller plus loin nous vous suggérons la lecture de La Renaissance des Communs, dont nous avons mis en ligne la préface.

Et puisqu’on parle de biens communs, voici une vidéo réalisée à Montréal en avril dernier, intitulée Internet bien commun, une utopie nécessaire à notre imaginaire collectif, en présence, pour nous, d’Alexis Kauffmann (qui avait raconté son périple ici).

Les Communs, candidats aux municipales : 16 propositions pour tout de suite

Le Réseau francophone autour des biens communs relie des acteurs qui défendent les Communs. Ceux-ci représentent à la fois une alternative et un complément aux approches pilotées par le marché et/ou par la puissance publique. Les Communs sont le fruit de l’action collective, quand les citoyens s’engagent et se responsabilisent.

A l’occasion des élections municipales, le réseau ouvre une première série de 16 propositions dont les candidats sont invités à s’emparer. Chaque proposition est illustrée par quelques exemples qui montrent que c’est possible ici et maintenant. Le réseau a organisé en octobre dernier le mois des Communs dont vous trouverez le site ici : http://villes.bienscommuns.org/. et qui peut être contacté à contact.vebc@bienscommuns.org.

N’hésitez pas à les relayer autour de vous et à les faire connaître à vos candidats.

Introduction

Les Communs existent quand l’action collective vient transformer une ressource en un moteur de cohabitation, de démocratie et de co-construction d’un futur partagé.

En proposant de ne pas réduire la lecture du monde à une approche binaire entre marché et puissance publique, les Communs ouvrent une nouvelle perspective politique. En s’appuyant sur la capacité des communautés, collectifs citoyens, à porter de l’innovation et de la transformation sociale, les Communs sont susceptibles d’enrichir nos démocraties représentatives et de contribuer aux transitions que nos sociétés doivent inventer.

Les Communs sont porteurs d’une vision d’une société solidaire et créative. Ils offrent aussi des outils pour l’action dans les territoires.

Les municipalités constituent un espace privilégié d’expérimentation concrète de l’apport des Communs dans la société. Une politique des Communs à l’échelle des villes, c’est accentuer la participation des habitants et créer une dynamique collective pour agir et décider ensemble. Les 16 propositions qui suivent constituent des briques élémentaires, issues d’expériences qui méritent d’être étendues. Elles peuvent aider à définir, appuyer ou intensifier une politique des Communs à l’échelle des villes.

Ni programme, ni revendications, les propositions suivantes ont pour raison d’être de montrer le dynamisme de communautés existantes, et de souligner combien une politique publique pourrait créer un terreau favorable à son extension. Elles sont structurées en trois ensembles, selon le rôle que peut jouer la municipalité dans cette mise en action des Communs. Chaque proposition est illustrée d’exemples, tirés d’une liste bien plus longue d’initiatives municipales.

Nous invitons les candidats aux Municipales à s’emparer de ces propositions dans leurs programmes électoraux et les futurs élus à convertir ces propositions en actions. Nous invitons les citoyens à utiliser ces propositions pour faire leur choix électoral, et dans tous les cas pour s’emparer ici et maintenant de ces idées de pratiques collaboratives.

A/ La municipalité productrice de Communs

La municipalité peut activement contribuer à nourrir une sphère des Communs, ensemble de ressources qui ne sont ni la propriété de la puissance publique à proprement parler, ni soumise à un régime de propriété privée propre à la sphère du marché, mais régies par un bouquet de droits distribués entre les différents acteurs de la société.

De plus, les municipalités ont en gestion le domaine public. En faire partager l’usage, la maintenance et la promotion par des citoyens actifs permet de faire vivre ce domaine public, de le transformer en Commun, garantissant ainsi qu’il sera bien au service de tous.

1. Des archives et des fonds de bibliothèques et de musées du domaine public numérisés en libre accès

Contexte :

Certaines bibliothèques et musées disposent de fonds patrimoniaux dans le domaine public qui sont de plus en plus souvent numérisés. Il en va de même pour les oeuvres conservées par les services d’archives. Cette numérisation donne tout son sens aux politiques culturelles puisqu’elle allie une logique de conservation à un impératif de diffusion en permettant à tout un chacun d’accéder à distance à des contenus depuis n’importe quel point du globe. Tous ces contenus numériques sont autant de biens communs lorsqu’ils sont appropriés par des communautés locales et/ou en ligne. Le travail de médiation sur place et à distance peut alors s’appuyer sur ces communautés pour rendre le patrimoine vraiment commun.

Proposition :

La véritable valorisation du patrimoine, des archives locales et du domaine public numérisé passe par la capacité des citoyens à s’en emparer, faire circuler la culture et partager les savoirs. Mettre de tels documents numérisés librement en ligne et en faire l’objet de politiques de médiation active sont nécessaires à cette valorisation. Le domaine public ne peut faire l’objet de droit nouveaux ; ce qui est dans le domaine public doit y rester dans sa version numérisée. Les municipalités peuvent s’en porter garant en utilisant dans les institutions culturelles qui dépendent de sa gestion des instruments qui ne rajoutent pas de nouvelles couches de droits sur le domaine public numérisé. Cela signifie que toutes les formes de réutilisation doivent être autorisées, y compris dans un cadre commercial pour enrichir un fonds commun. Il s’agit de favoriser une appropriation la plus large possible des biens communs issu du domaine public.

Exemple :

Le site Les Tablettes rennaises, bibliothèque numérique diffusant le patrimoine numérisé de la Ville de Rennes (fr) est ouvert. Les utilisateurs sont désormais autorisés à partager et réutiliser librement les documents numérisés, par le biais de la Marque du Domaine Public, indiquant que les oeuvres ne sont plus protégées par le droit d’auteur.

2. Des contenus produits par la municipalité réutilisables librement pour nourrir les Communs volontaires


Contexte :

Une municipalité produit une multitude de contenus (photographies, films, textes…) pour ses activités régulières (journal municipal, site web de la ville, événements…). Restreindre la circulation de ces contenus par un régime de droits réservés, est à la fois incohérent au vu de leur mode de financement sur fonds publics, et inefficace en termes économiques et culturels : ils privent la société de ressources sur lesquelles bâtir de nouvelles productions, et les citoyens de moyens de vivre leur ville en faisant circuler et en adaptant les contenus municipaux.

Proposition :

Une fois leur fonction première remplie et sans attendre que les droits d’auteur associés s’épuisent, les œuvres produites par ou pour la municipalité peuvent être libérées avec une licence de type Creative Commons, enrichissant ainsi les Communs volontaires.

Exemple :

La ville de Brest publie ses contenus écrits en Creative Commons

3. Une politique active d’ouverture de données sous licence partage à l’identique

Contexte :

De nombreuses municipalités françaises ont lancé une politique d’ouverture de données, mettant à disposition de réutilisateurs – entreprises, citoyens, associations, administrations… – des informations à forte valeur sociale et économique. Ces données ouvertes contribuent à nourrir un espace de données en Communs.

Proposition :

Nous invitons les villes qui n’ont pas encore mis en place une politique d’ouverture des données à franchir le pas et à choisir une mise à disposition accompagnée d’une licence incluant une obligation de partage à l’identique. Une telle licence permet à chacun d’utiliser et de modifier ces données, à condition d’en citer la source, et de garantir que les données modifiées resteront elles aussi ouvertes. Cette obligation permet d’éviter que les données soient enfermées dans des services propriétaires et assure que cet ensemble de données « en Commun » continue de s’enrichir. À l’heure ou la question de la donnée devient un enjeu central à la fois en termes économiques et de libertés, il est essentiel qu’une sphère de la donnée partagée et réutilisable soit protégée et enrichie. Quand les données sont produites par un prestataire sur une commande publique, il est nécessaire de mentionner la licence dès la rédaction des appels d’offre.

Exemples :
  • La Ville de Rennes a été la première en France à lancer une politique d’ouverture des données. Aujourd’hui de nombreux jeux de données sont à disposition des tiers (transport, espaces verts, équipements…). La municipalité a fait le choix de la licence OdBL qui impose une réutilisation à l’identique.
  • Le département de Saône-et-Loire a ouvert ses données et a été plus loin en intégrant des outils de visualisation qui permettent aux citoyens d’en comprendre le sens et d’en produire leur propre interprétation.

4. Favoriser la circulation des informations par la mise à disposition d’accès internet ouverts dans les espaces et bâtiments publics

Contexte :

L’accès à internet a été reconnu par le conseil constitutionnel comme un droit fondamental. Ouvrir un tel accès à tous, gratuitement, dans les lieux publics est une garantie d’équité sociale. Il favorise également l’entraide et la collaboration entre usagers pour pallier les difficultés et le manque d’expérience. Hors de leur domicile, les habitants ont de plus en plus besoin de se connecter pour accéder aux applications en ligne, échanger et produire des informations et accéder à une multitude de services publics ou privés.

Proposition :

Faciliter l’accès de tous à l’internet via des accès ouverts. Les accès filaires peuvent être mis à disposition par les municipalités dans les espaces et bâtiments publics. Quand l’accès wifi est choisi, l’utilisation d’émetteurs de faible puissance est à privilégier pour limiter les effets sur la santé.

Exemple :

La ville de Bordeaux a équipé ses rues et bâtiments publics d’un réseau wifi ouvert et gratuit.

B/ La municipalité coproductrice de communs avec les citoyens

Les habitants ne sont pas uniquement des « consommateurs » de services publics ou privés, mais peuvent être coproducteurs à la fois de la conception du développement de leur ville, mais aussi de ses facilités essentielles. En voici trois exemples.

5. Un espace public co-designé avec les habitants, pilier d’une gouvernance contributive

Contexte :

Alors que le principe de la participation des habitants a fait son entrée dans la politique française dès 1988, et vient d’être réaffirmé et renforcé dans la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine adoptée en novembre dernier, on observe une difficulté récurrente à rendre ce principe effectif, au-delà d’une simple consultation. L’espace public, espace en commun par essence, et plus globalement les projets de développement urbain, peuvent faire l’objet d’une co-conception, en s’appuyant sur des outils numériques, en ligne et hors ligne.

Propositions :
  • Systématiser les dispositifs de co-construction des projets de développement urbain, de manière à ce que l’espace public soit véritablement coproduit par la municipalité et ses habitants.
  • Considérer les habitants comme des forces de proposition, soit par leur activité dans les périodes de consultation, soit par l’analyse de leurs pratiques quotidiennes pour s’approprier l’espace public.
  • Développer les budgets participatifs.
Exemples :
  • IMakeRotterdam : la municipalité de Rotterdam a invité les habitants à des projets pour la revitalisation de la ville qui ont, après présélection, été soumis au vote des citoyens.
  • La ville d’Unieux (42) et son système d’écoute citoyenne pour optimiser les doléances des habitants, en lien avec les services municipaux :
  • Le réaménagement de la Place de la République à Paris s’est appuyé sur une concertation durant les trois années du projet avec les usagers de la Place et les habitants des 4 arrondissements limitrophes

6. Une information sur la ville coproduite avec les habitants

Contexte :

De longue date, les municipalités tendent à produire de façon centralisée (ex : bulletin municipal) pendant que les citoyens construisent des médias alternatifs (radios et télés locales…) pour refléter leurs préoccupations, l’image qu’ils ont d’eux-mêmes et de leur ville, et créer du lien social. Une troisième voie envisage la fourniture d’information sur la ville comme une coproduction municipalités/habitants, en dépassant les logiques de silos. Il peut s’agir d’informations cartographique, de mise en valeur d’un territoire, de rendre accessibles les informations sur la qualité de l’air ou la détection de problèmes. Cette information coproduite est un Commun.

Proposition :

Généraliser les espaces et les outils numériques permettant de coproduire de l’information sur la ville par les habitants et la municipalité.

Exemples :
  • Wiki – Brest, site collaboratif du patrimoine et du vivre ensemble à Brest et au Pays de Brest
  • FixMystreet, expérience anglaise, permet de faire remonter les problèmes urbains et territoriaux aux institutions municipales, une idée reprise au Sénégal par Nanuyeggle
  • Le medialab de la ville de Madrid héberge le projet The Data Citizen Driven City qui permet aux habitants de produire de l’information sur la qualité de l’air de leur ville
  • La région Nord Pas de Calais a réalisé des fiches, donnant des exemples d’outils numériques à même de favoriser une participation démocratique citoyenne

7. Renforcer l’investissement citoyen face au changement climatique

Contexte :

Le changement climatique global va profondément modifier notre environnement et nos modes de vie. Déjà des épisodes extrêmes et désordonnés ont des effets repérables (inondations, sècheresses, tempêtes…). L’impact économique du changement climatique est sensible au lendemain de chaque épisode majeur.

Les municipalités peuvent intervenir pour favoriser l’action des citoyens afin d’atténuer les changements climatiques (nouvelles formes de production et de consommation d’énergie) et nous permettre de nous adapter au nouveau régime climatique (évacuation des eaux en cas de fortes précipitation, éviter les pics d’ozone, rendre la ville supportable lors de canicules,…).

De plus, Les habitants en direct ou via des outils de finance citoyenne, les collectivités, des opérateurs privés, des banques issues de l’ESS (économie sociale et citoyenne) s’associent pour se réapproprier la production d’énergie renouvelables sur leur territoire

Propositions :
  • Associer habitants, collectivités, entreprises de l’Economie Sociale et Solidaire dans des projets de production énergétique renouvelable et locale, dans une démarche de décentralisation de la production et des décisions. Utiliser des formes de financement innovantes et participatives pour engager les profonds changements nécessaires.
  • Développer l’éducation populaire pour favoriser la prise de conscience des enjeux du climat et le transformer en un Commun afin que tous aient à cœur d’en protéger le caractère tempéré.
  • Favoriser les circuits courts dans toutes les activités dépendant de la municipalité, mettre en œuvre le partage des moyens de transport et les transports publics.
Exemples :
  • Création du parc éolien des Landes du Mené, centre Bretagne. La municipalité avec les habitants utilise un financement participatif avec la mise en place de Cigales
  • Energie Partagée est un mouvement qui accompagne, finance et fédère les projets citoyens de production d’énergies renouvelables et de maîtrise de l’énergie.
  • Les « Villes en Transition » adoptent une démarche pour passer « de la dépendance au pétrole à la résilience locale » http://villesentransition.net/ Au Pays Basque, l’association Bizi a présenté un “Pacte de transition énergétique” avec des propositions concrètes. Il a été validé par plus de 30 listes pour les municipales de 2014

8. Des jardins partagés au “guerilla gardening” : remettre la nature en Commun dans la ville

Contexte

Les habitants se mobilisent de plus en plus pour ouvrir dans leurs quartiers, leurs villages, des espaces naturels – jardins partagés, potagers dans des bacs en ville, murs et toits végétalisés… Certaines démarches sont portées par des associations, d’autres impulsées par les municipalités, d’autres encore poussées par les habitants comme une forme de résistance civique. Tous contribuent à leur manière à réintroduire la nature comme Commun dans l’espace urbain.

Propositions :
  • Officialiser l’autorisation pour les habitants d’investir les espaces abandonnés, ou négligés de la ville pour les transformer en jardins, aussi petits soient ces espaces.
  • Développer l’éducation populaire autour des jardins partagés (méthodes culturales, alimentation liée aux saisons…).
Exemples :

9. Des réseaux d’accès à internet collaboratifs et ouverts

Contexte :

Si dans les grandes villes, le marché a su offrir une couverture territoriale assez complète en réseau haut débit, de nombreuses villes secondaires et zones rurales restent peu ou mal desservies, créant des inégalités de développement entre les territoires, problématique qui risque de se renouveler avec l’arrivée du très haut débit. Dans certaines villes, les habitants s’auto organisent pour partager de la ressource réseau et proposent ainsi une offre alternative, complémentaire, gérée sur un mode collectif de l’accès à internet.

Proposition :

Reconnaître ces réseaux d’accès citoyens comme des opérateurs à part entière, leur garantir un raccordement aux backbones nationaux, et participer à leur cofinancement. Au-delà des réseaux, les municipalités peuvent prendre part à l’offre de services : fermes de services permettant aux habitants et associations de disposer d’adresse courriel, de listes de diffusion, de blogs, d’hébergement multimédia (cf. Maison du libre) et de lieux d’accès publics de proximité.

Exemples :
  • Guifi.net est un réseau de télécommunications communautaire, libre, ouvert et neutre, principalement sans-fil, lancé en Catalogne. Les nœuds du réseau sont créés par des individus, des entreprises et des administrations sur la base du volontariat. Le réseau est auto-organisé et s’appuie sur des liaisons sans fil et des liaisons optiques ouvertes. Guifi.net a le statut d’opérateur reconnu par l’autorité de régulation espagnole et est soutenu par certaines municipalités.
  • La fédération FDN qui regroupe des Fournisseurs d’Accès à Internet associatifs – par exemple à Toulouse Montataire qui a fibré sa commune, proposé aux habitants un réseau moins cher que le FAI privés

10. Soutenir l’émergence citoyenne de monnaies complémentaires

Contexte :

« Pour relever les défis sociaux et environnementaux de notre époque, le système monétaire devrait être fondé sur le principe de la complémentarité des monnaies. Une telle organisation serait plus résiliente aux tempêtes spéculatives que la « monoculture monétaire » actuelle, et plus à même de soutenir le développement endogène des territoires. » (Wojtek Kalinowski – Institut Veblen)

La monnaie locale complémentaire est à la fois un bien commun et un outil de transformation sociale à l’échelle locale. De nombreuses collectivités territoriales et collectifs associatifs locaux désireux de renforcer le lien social et la participation citoyenne dans l’économie territoriale s’en saisissent.

Propositions :

Initier un processus consultatif sur l’économie locale et le rôle qu’une monnaie complémentaire pourrait jouer pour la renforcer. Impliquer toutes les parties prenantes : associations, entreprises locales, experts… Animer le débat local sur la monnaie comme un bien commun. Au terme des consultations avec les parties prenantes, et si les résultats sont positifs, inscrire dans le budget local une expérimentation de création d’une monnaie locale. Prévoir et voter un budget de cautionnement par la municipalité.


Exemples :
  • Le WIR en Suisse utilisé par 50 000 PME et autorisé par l’Etat avec le statut d’institution bancaire. Son effet contra-cyclique a été démontré : confrontées au resserrement du crédit et à la crise de liquidité, les PME suisses augmentent leurs transactions en WIR ; lorsque la conjoncture s’améliore, elles reviennent au franc suisse.
  • Les monnaies locales créées par les collectivités : le SOL Violette à Toulouse, bientôt le “SoNantes” à Nantes, le Torekes à Gand (Belgique)… ;/ ;
  • Les Accorderies au Québec et maintenant en France : exemple de monnaie temps et de banque temps. Chaque Accordeur dispose d’un « compte-temps » qui comptabilise au débit les dépenses, c’est-à-dire les services reçus, et au crédit les recettes par les services rendus.
  • Les SEL– systèmes d’échanges locaux http://selidaire.org/spip/

C/ La municipalité, soutien et facilitatrice des Communs

Les actions portées par les Communs et celles portées par les acteurs publics ne sont pas antinomiques, bien au contraire. Les uns et les autres participent d’une co construction de l’intérêt général et peuvent s’épauler mutuellement. La puissance publique a souvent intérêt à soutenir les acteurs des Communs qui s’auto organisent plutôt qu’à porter les actions en direct ou à les déléguer à des acteurs du marchés qui répondent à d’autres logiques.

11. Faire le choix des logiciels libres

Contexte :

De plus en plus de municipalités ont fait le choix de s’équiper de logiciels métiers en logiciel libre. Ce choix leur permet de s’affranchir de fournisseurs pour lesquels ils doivent payer des licences annuelles, dont les solutions propriétaires interdisent ou limitent fortement les migrations en cas de meilleure offre ou de faillite du fournisseur. De plus cela permet aux municipalités de mutualiser les coûts d’investissement pour le développement de nouveaux logiciels. Au-delà des logiciels métiers, les suites bureautiques libres (Open Office, Libre Office…) répondent généralement aux besoins d’une administration. En faisant le choix du libre, les municipalités participent également au développement de Communs immatériels.

Proposition :

Systématiser la migration des logiciels des villes vers le logiciel libre lorsque des offres de qualité équivalente ou supérieure aux offres propriétaires existent et les commandes publiques groupées entre plusieurs villes de nouveaux logiciel afin de réaliser des économies d’échelles. Inclure autant que possible une clause en ce sens dans les appels d’offres, de manière à ce qu’un logiciel financé par une collectivité crée du bien commun. Un accompagnement des fonctionnaires par de la formation aux outils libres doit être prévu.

Exemple :
  • Adullact, association travaillant à la mutualisation de solutions libres pour les collectivités territoriales françaises
  • L’April relance sa campagne Candidats.fr pour les élections municipales 2014 avec le Pacte du Logiciel Libre, qui référence plusieurs initiatives

12. Utiliser et alimenter des fonds cartographiques ouverts

Contexte :

Les fonds cartographiques sont couramment utilisés sur le Web. Aujourd’hui le marché est dominé par un acteur privé en situation quasi monopolistique qui a construit son modèle économique sur le recueil de données et leur monétisation, et qui ne permet pas aux internautes d’améliorer l’outil. Une alternative libre existe, qui permet au contraire la coproduction d’informations par les utilisateurs, OpenStreetMap.

Proposition :

Une politique municipale en matière cartographique peut s’appuyer sur 3 piliers :

  • diffuser les cartes produites par la ville sous licences libres et en formats ouverts
  • rendre accessibles et utilisables les données cartographiques telles que toponymie, inventaire patrimonial, emplacements des établissements recevant du public, dispositifs liés à la sécurité comme les défibrillateurs ou bornes à incendie
  • Soutenir l’essor d’OpenStreetMap en incitant les acteurs de la ville (employés municipaux, habitants, gendarmerie…) à contribuer à améliorer la carte, en encourageant les cartoparties qui forment les habitants à la contribution à OpenStreetMap, et en utilisant systématiquement la solution libre dans les sites Web des villes.
Exemples :
  • Cartopartie de la ville de Montpellier http://tinyurl.com/o6rkvlb
  • Utilisation d’OpenStreetMap par la ville de Metz
  • Carte de Plouarzel enrichie par les pompiers
  • Dessine ta ville à Digne-les-Bains
  • Projet Sanikart – FunLab Tours : enrichissement des données OpenStreetMap avec les citoyens, modélisation en 3d sous blender, importation sur tuxcart (mario kart libre sous linux), puis jeu projeté sur la façade d’un immeuble du quartier, et joué par les habitants

13. Mailler le territoire de tiers-lieux susceptibles d’accueillir et faire fructifier l’innovation sociale et le débat citoyen

Contexte :

Les initiatives citoyennes porteuses d’innovation sociale, capables de répondre à des besoins auxquels ni le marché ni la puissance publique ne sont en mesure de fournir des solutions satisfaisantes, fleurissent dans les territoires. Porteuses de sens, elles participent de la création de lien social, de débat public et de valeur qui, pour être le plus souvent non monétisable, n’en est pas moins essentielle. Ce faisant, elles participent à la construction de Communs. Ces initiatives auto organisées, formelles (associations, coopératives…) ou informelles ont besoin de s’appuyer sur des lieux partagés dans lesquels faire grandir leurs initiatives. Ces tiers-lieux sont aussi le lieu de nouveaux apprentissages pour permettre aux habitants d’être plus actifs et impliqués dans la vie de leur ville.

Propositions :
  • Multiplier l’ouverture de lieux métissés (fablabs, livinglabs, EPN…) ou utiliser des lieux existants et prisés d’un large public (bibliothèques, piscines, musées, maisons pour tous…) pour expérimenter et se former. Dans de tels lieux vont se croiser acteurs associatifs, makers, créateurs d’entreprise, coworkers…
  • Les pratiques élaborées dans ces lieux peuvent se diffuser auprès des populations par des démarches « hors les murs » (ex : bibliothèques de rues, de squares…)
  • Soutenir la multiplication des ateliers participatifs, formations, susceptibles de participer à une montée en compétence des habitants en dehors des espaces formels d’apprentissage, dans une logique de renouvellement de l’éducation populaire à l’heure numérique, s’appuyant le cas échéant sur des dispositifs d’enseignement collaboratif à distance.
  • Favoriser la mise en réseau des innovations sociales d’un territoire, en encourageant leur réutilisation (recettes libres) et le remix (biblioremix, museormix, copy party…)
  • Participer à la diffusion d’une culture des communs et des droits d’usages élargis dans le cadre de la politique d’éducation populaire de la formation du personnel municipal et de l’accompagnement des associations.
Exemples :

14. Développer l’habitat participatif et groupé

Contexte :

Aujourd’hui, les municipalités et les aménageurs cèdent le foncier à des promoteurs pour produire des copropriétés et des lotissements de maisons individuelles et à des bailleurs sociaux pour créer des logements sociaux. Ces 2 types d’habitat peinent à créer du lien social et produisent un urbanisme qui tend à s’uniformiser et des villes qui s’étendent sur des terres agricoles en accentuant la consommation énergétique.

Proposition :

Réserver une partie du foncier constructible à l’habitat participatif, tiers secteur de production du logement. Intermédiaire en termes de prix, générateur de liens sociaux, l’habitat participatif permet également une forte amélioration de la qualité architecturale grâce à la conception réfléchie entre les habitants et les professionnels, qui s’appuie sur l’intelligence collective.

Exemples :
  • En Europe du nord : Oslo (40% d’habitat participatif), de nombreuses villes allemandes dont Fribourg et Tübingen (100% de la construction neuve en habitat participatif). ;
  • En France : Strasbourg, Montpellier, Bordeaux, Montreuil Sous-bois, Lille…

15. Permaculture et circuits courts : nourrir les villes autrement

Contexte :

L’extension des villes et du réseau routier grignote régulièrement les espaces cultivables, tout en accentuant le réchauffement climatique. L’alimentation est de plus en plus déconnectée des usages de la nature, des saisons et des particularités locales. Des méthodes culturales nouvelles permettent de favoriser la permaculture sur de petits espaces, tout en diminuant les intrants chimiques. Les circuits courts, qui construisent du lien direct entre les habitants et les producteurs sont plébiscités à chaque fois qu’ils sont mis en œuvre (AMAP, marchés paysans…).

Propositions :
  • Favoriser les circuits courts dans toutes les structures alimentaires dépendant des municipalités (cantines, restaurants administratifs…). Associer les usagers, notamment les parents d’élèves et les enfants, pour défendre un régime alimentaire qui ne soit pas dépendant des plats préparés et de la consommation de sodas sucrés dans les services municipaux.
  • Développer l’éducation populaire sur les questions de goût, d’équilibre alimentaire et de saisonnalité des produits.
Exemples :

Veytaux veut encourager ses habitants à jardiner

16. Soutenir les dispositifs participatifs dans la gestion des ressources naturelles

Contexte :

Actuellement la gestion des ressources naturelles se fait sans concertation avec les habitants. Pourtant, en particulier dans les communes rurales, ceux-ci possèdent une connaissance approfondie de leur territoire, de l’eau, des parcs naturels, des zones côtières, des forets, des pâturages et des terres agricoles. Cette absence d’investissement citoyen conduit à une perte de conscience de leurs responsabilités écologiques.

Par ailleurs, toutes les études environnementales sur la qualité de l’eau montrent la nécessité d’agir pour préserver la ressource en eau. La Directive cadre 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2000 s’inscrit dans une logique de résultats : stopper toute dégradation et atteindre le bon état des eaux et des milieux aquatiques d’ici 2015. Cette échéance pousse tous les acteurs de l’eau à réfléchir à des solutions alternatives afin de respecter cette norme

Propositions :
  • Instituer des instances constituées d’habitants d’un territoire qui délimitent l’accès à la ressource à la fois en termes d’espace (territoire) et de temps (saisons, périodes), définissent des règles et des sanctions et instaurent des mécanismes de résolution de conflits. Ces instances sont soutenues par des institutions publiques ou semi publiques et engagent des actions de remunicipalisation de l’eau avec investissement des citoyens.
  • Instaurer des communautés qui mutualisent leurs ressources financières pour reprendre la gestion des terres agricoles qui ne sont plus exploitées, avec l’aide des municipalités.
  • Action préventive par des mesures incitatives de mise en place d’une agriculture biologique sur les zones de captage d’eau.
  • Fonder auprès de chaque conseil municipal un observatoire de l’eau, composé de représentants des conseils de quartier, des Conseils syndicaux de copropriété pour favoriser les conditions de passage à la régie, soit sous forme de structure de l’économie sociale et solidaire (ESS) soit municipale. Cette régie, outre l’économie qu’elle permettrait de réaliser pour les consommateurs aurait un rôle d’éducation à la consommation et à l’écologie. Elle serait un interlocuteur pour renforcer la responsabilisation des propriétaires et des occupants.
  • Développer l’éducation populaire sur les économies en eau (Atelier Coopératif d’Education Populaire à une Autre Consommation et Production), et les bonnes pratiques en matière d’utilisation de l’eau.
Exemples :
  • La Ville de Lons-le-Saunier a aidé les agriculteurs locaux pour développer une agriculture raisonnée, au profit de démarches bio. Ceci a contribué à rétablir la qualité de l’eau et développé des filières bios dont le débouché est assuré par la cuisine centrale de Lons.
  • Afin d’obtenir une eau de qualité et réduire les processus coûteux de traitement, la ville de Munich (.pdf) a décidé d’agir en amont. Depuis 1991, elle encourage l’agriculture biologique sur les 2 250 hectares de terres agricoles situées à proximité des captages d’eau potable,
  • Le Programme Re-Sources : Initiatives pour préserver la qualité de l’eau en Poitou-Charentes tant superficielle que souterraine
  • L’IPHB dans le Haut Béarn, Terre de liens : Certaines collectivités on céder des terres agricoles / fermes / bâtis pour permettre l’installation de producteurs locaux. Il s’agit d’un travail entre région, municipalité et fondation qui vise à protéger des terres cultivables pour une durée “infinie”.



Mobilisons-nous le 11 février : The Day We Fight Back, contre la surveillance de masse

Comme nous l’avions annoncé il y a un mois ici, demain c’est la journée d’action The Day We Fight Back.

On peut toujours gloser sur la réelle portée d’un tel événement, mais il a le mérite de mettre le focus sur un sujet fondamental, pas assez relayé par les médias et peu pris à bras le corps par nos politiques. L’occasion justement d’en parler autour de nous et de faire avancer la sensibilisation.

Greenoid - CC by-sa

Le jour de la contre-attaque : un appel à la communauté internationale pour lutter contre la surveillance de masse

The Day We Fight Back: A Call To the International Community to Fight Against Mass Surveillance

Katitza Rodriguez – 27 janvier 2014 – EFF.org
(Traduction : nitot, Asta, amha, piero, GregR, maxauvy)

Les révélations de Snowden ont confirmé nos pires craintes au sujet de l’espionnage en ligne. Elles montrent que la NSA et ses alliés ont construit une infrastructure de surveillance globale pour « contrôler Internet » et espionner les conversations mondiales. Ces groupes de l’ombre ont sapé les normes de chiffrement de base, et criblé la dorsale Internet avec des équipements de surveillance. Ils ont collecté des centaines de millions d’enregistrements téléphoniques de personnes qui n’étaient soupçonnées d’aucun crime. Ils ont écouté les communications électroniques de millions de personnes, chez elles et à l’extérieur, sans distinction aucune, en exploitant les technologies numériques que nous utilisons pour échanger et nous informer. Ils espionnent les populations alliées, et partagent ces informations avec d’autres organisations, au mépris le plus complet des lois.

Nous n’allons pas laisser la NSA et ses alliés détruire Internet. Inspirée par la mémoire d’Aaron Swartz, alimentée par la victoire contre SOPA et ACTA, la communauté numérique tout entière est unie pour retourner au combat.

Le 11 février, le jour de la contre-attaque (NdT : The Day We Fight Back), le monde va exiger la fin de la surveillance de masse dans tous les pays, tous les états, quels que soient les frontières et les régimes politiques. Les manifestations contre SOPA et ACTA ont été un succès car nous avons tous participé en tant que communauté. Comme le disait Aaron Swartz, tout le monde est devenu « le héros de sa propre histoire ». Nous pouvons choisir une date, mais nous avons besoin de tout le monde, de tous les utilisateurs de l’Internet, pour faire de ceci un mouvement.

Voici une partie de notre plan (mais ce n’est que le début). L’an dernier, avant qu’Ed Snowden ne fasse ses révélations au monde, les militants des droits numériques se sont entendus sur 13 Principes. Ces Principes expliquaient clairement en quoi la surveillance généralisée représente une violation des Droits de l’Homme, et donnaient aux législateurs et juges une liste de correctifs qu’ils pouvaient appliquer aux barbouzes de l’Internet. Ce jour de la contre-attaque, nous voulons que le monde adhère à ces principes. Nous voulons que les politiciens s’engagent à les respecter. Nous voulons que le monde voie que nous sommes concernés.

Voici comment vous pouvez rejoindre le mouvement :

1. Nous encourageons les sites web à faire un lien vers le site The Day We Fight Back. Cela permettra à des personnes du monde entier d’apposer leur signature sous nos 13 Principes, en riposte à la surveillance de masse de la NSA, du GCHQ et d’autres agences de renseignement. Si vous pouvez informer vos collègues sur cette campagne et le site avant la fin de la journée, nous pourrons envoyer de l’information à ce sujet dans chaque pays.

2. Dites à vos amis de signer les 13 Principes ! Nous (NdT : EFF) sommes en train de nous organiser pour nous associer à la journée d’action. Nous allons continuer à utiliser ces Principes pour montrer à ceux qui nous gouvernent que le respect de la vie privée est un droit pour chacun et doit être protégé sans tenir compte des frontières.

3. Courriels : Si vous avez besoin d’un prétexte pour en parler à vos collègues ou à vos proches à ce sujet, le 11 février est pile le bon moment pour leur dire de contacter les politiques locaux sur des sujets comme l’espionnage via Internet. Il faut les encourager à agir et à comprendre l’importance du combat contre la surveillance de masse.

4. Réseaux sociaux : touittez ! Postez sur Facebook et Google Plus ! Nous voulons faire autant de bruit que possible. Nous voulons vraiment une campagne à l’échelle du globe, où tous les pays sont impliqués. Plus nous serons nombreux à signer les Principes, plus ceux qui nous gouvernent entendront nos exigences visant à arrêter l’espionnage de masse chez nous et dans d’autres pays.

5. Outils : développez des mèmes, des outils, des sites web et tout ce que vous pouvez pour encourager d’autres personnes à participer.

6. Soyez créatifs (NdT : exemple) : préparez vos propres actions et vos propres engagements. Descendez dans la rue. Faites la promotion des Principes dans votre pays. Ensuite, dites-nous ce que vous comptez faire, de façon à ce qu’on fasse un lien vers vos efforts et qu’on leur donne de la visibilité.

Ce serait génial si vous participiez de ces six façons (ou plus encore !) mais franchement, tout ce que vous pourrez faire aidera le mouvement.

Les espions d’Internet ont passé trop de temps à écouter nos pensées et peurs les plus privées. Il est maintenant temps qu’ils nous entendent vraiment à leur tour. Si vous partagez notre colère, partagez aussi nos principes et contre-attaquez.

Crédit photo : Greenoid (Creative Commons By-SA)




Framabag, un nouveau service libre et gratuit

Une interview de Nicolas, son développeur.

Il ne vous a sûrement pas échappé que notre consommation de contenus du Web est terriblement chronophage et particulièrement frustrante tout à la fois : non seulement nous passons beaucoup (trop ?) de temps en ligne à explorer les mines aurifères de la toile, y détectant pépites et filons, mais nous sommes surtout constamment en manque. Même si nous ne sommes pas dans le zapping frénétique si facilement dénoncé par les doctes psychologues qui pontifient sur les dangers du numérique pour les jeunes cervelles, il nous vient souvent le goût amer de l’inachevé : pas le temps de tout lire (TL;DR est devenu le clin d’œil mi-figue mi-raisin d’une génération de lecteurs pressés), pas trop le temps de réfléchir non plus hélas, pas le temps de suivre la ribambelle de liens associés à un article…

Pour nous donner bonne conscience, nous rangeons scrupuleusement un marque-page de plus dans un sous-dossier qui en comporte déjà 256, nous notons un élément de plus dans la toujours ridiculement longue toudouliste, bref nous remettons à plus tard, c’est-à-dire le plus souvent aux introuvables calendes grecques, le soin de lire vraiment un article jugé intéressant, de regarder une vidéo signalée par les rézossocios, de lire un chapitre entier d’un ouvrage disponible en ligne…

Alors bien sûr, à défaut de nous donner tout le temps qui serait nécessaire, des solutions existent pour nous permettre de « lire plus tard » en sauvegardant le précieux pollen de nos butinages de site en site, et d’en faire ultérieurement votre miel ; c’est bel et bon mais les ruches sont un peu distantes, ça s’appelle le cloud (nos amis techies m’ont bien expliqué mais j’ai seulement compris que des trucs à moi sont sur des machines lointaines, ça ne me rassure pas trop) et elles sont souvent propriétaires, ne laissant entrer que les utilisateurs consommateurs payants et qui consentent à leurs conditions. Sans compter que de gros bourdons viennent profiter plus ou moins discrètement de toutes ces traces de nous-mêmes qui permettent de monétiser notre profil : si je collecte sur ces services (ne les nommons pas, justement) une série d’articles sur l’idée de Nature chez Diderot, je recevrai diverses sollicitations pour devenir client de la boutique Nature & Découverte du boulevard Diderot. Et si d’aventure les programmes de la NSA moulinent sur le service, je serai peut-être un jour dans une liste des militants naturistes indésirables sur les vols de la PanAm (je ne sais plus trop si je plaisante là, finalement…)

La bonne idée : « se constituer un réservoir de documents sélectionnés à parcourir plus tard » appelait donc une autre bonne idée, celle d’avoir le contrôle de ce réservoir, de notre collection personnelle. C’est Nicolas Lœuillet, ci-dessous interviewé, qui s’y est collé avec une belle application appelée euh… oui, appelée Wallabag.

Framasoft soutient d’autant plus son initiative qu’on lui a cherché des misères pour une histoire de nom et qu’il est possible d’installer soi-même une copie de Wallabag sur son propre site.

Le petit plus de Framasoft, réseau toujours désireux de vous proposer des alternatives libératrices, c’est de vous proposer (sur inscription préalable) un accès au Framabag, autrement dit votre Wallabag sur un serveur Frama* avec notre garantie de confidentialité. Comme pour le Framanews, nous vous accueillons volontiers dans la limite de nos capacités, en vous invitant à vous lancer dans votre auto-hébergement de Wallabag.
Cet article est trop long ? Mettez-le dans votre Framabag et hop.

Framablog : Salut Nicolas… Tu peux te présenter brièvement ?

Salut ! Développeur PHP depuis quelques années maintenant (10 ans), j’ai voulu me remettre à niveau techniquement parlant (depuis 3 ans, j’ai pas mal lâché le clavier). Pour mes besoins persos, j’ai donc créé un petit projet pour remplacer une solution propriétaire existante. Sans aucune prétention, j’ai hébergé ce projet sur Github et comme c’est la seule solution open source de ce type, le nombre de personnes intéressées a augmenté …

Les utilisateurs de services Framasoft ne le savent pas forcément, mais tu as déjà pas mal participé à la FramaGalaxie, non ?

En effet. J’ai commencé un plugin pour Framanews, ttrss-purge-accounts, qui permet de nettoyer la base de données de comptes plus utilisés. Mais ce plugin a besoin d’être terminé à 100% pour être intégré au sein de Framanews (et donc de Tiny Tiny RSS), si quelqu’un souhaite m’aider, il n’y a aucun souci.
J’ai aussi fait 1 ou 2 apparitions dans des traductions pour Framablog. Rien d’extraordinaire, je ne suis pas bilingue, ça me permet de m’entraîner.

Parlons de suite de ce qui fâche : ton application Wallabag, elle s’appellait pas “Poche”, avant ? Tu nous racontes l’histoire ?

Euh en effet … Déjà, pourquoi poche ? Parce que l’un des trois « ténors » sur le marché s’appelle Pocket. Comme mon appli n’était destinée qu’à mon usage personnel au départ, je ne me suis pas torturé bien longtemps.

Cet été, on a failli changer de nom, quand il y a eu de plus en plus d’utilisateurs. Et puis on s’est dit que poche, c’était pas mal, ça sonnait bien français et puis avec les quelques dizaines d’utilisateurs, on ne gênerait personne.

C’est sans compter avec les sociétés américaines et leur fâcheuse manie de vouloir envoyer leurs avocats à tout bout de champ. Le 23 janvier, j’ai reçu un email de la part du cabinet d’avocats de Pocket me demandant de changer le nom, le logo, de ne plus utiliser le terme “read-it-later” (« lisez le plus tard ») et de ne plus dire que Pocket n’est pas gratuit (tout est parti d’un tweet où je qualifie Pocket de « non free » à savoir non libre). Bref, même si je semblais dans mon droit, j’ai quand même pris la décision de changer de nom et Wallabag est né, suite aux dizaines de propositions de nom reçues. C’est un mélange entre le wallaby (de la famille des kangourous, qui stockent dans leur poche ce qui leur est cher) et bag (les termes sac / sacoche / besace sont énormément revenus). Mais maintenant, on va de l’avant, plus de temps à perdre avec ça, on a du pain sur la planche.
wallaby avec bébé dans sa poche crédit photo William Warby qui autorise explicitement toute réutilisation.

Bon, alors explique-moi ce que je vais pouvoir faire avec Framabag…

Alors Framabag, ça te permet de te créer un compte gratuitement et librement pour pouvoir utiliser Wallabag. Seule ton adresse email est nécessaire, on se charge d’installer et de mettre à jour Wallabag pour toi. Tu peux d’ailleurs profiter d’autres services proposés par Framasoft ici.

À ce jour, il y a 834 comptes créés sur Framabag.

Vous avez vraiment conçu ce service afin qu’on puisse l’utiliser avec un maximum d’outils, non ?

Autour de l’application web, il existe déjà des applications pour smartphones (Android et Windows Phone), des extensions Firefox et Google Chrome.

Comme Wallabag possède des flux RSS, c’est facile de lire les articles sauvegardés sur sa liseuse (si celle-ci permet de lire des flux RSS). Calibre (« logiciel de lecture, de gestion de bibliothèques et de conversion de fichiers numériques de type ebook ou livre électronique »,nous dit ubuntu-fr.org) intègre depuis quelques semaines maintenant la possibilité de récupérer les articles non lus, pratique pour faire un fichier ePub !

D’autres applications web permettent l’intégration avec Wallabag (FreshRSS, Leed et Tiny Tiny RSS pour les agrégateurs de flux). L’API qui sera disponible dans la prochaine version de Wallabag permettra encore plus d’interactivité.

Y a-t-il un mode de lecture hors ligne ou est-ce que c’est prévu pour les prochaines versions ?

Il y a un pseudo mode hors ligne, disponible avec l’application Android. On peut récupérer (via un flux RSS) les articles non lus que l’on a sauvegardés. Une fois déconnecté, on peut continuer à lire sur son smartphone ou sa tablette les articles. Par contre, il manque des fonctionnalités : quand tu marques un article comme lu, ce n’est pas synchronisé avec la version web de Wallabag. J’espère que je suis presque clair dans mes explications.

Pour la v2, qui est déjà en cours de développement, où je suis bien aidé par Vincent Jousse, on aura la possibilité d’avoir un vrai mode hors ligne.

Alors si on veut aider / participer / trifouiller le code / vous envoyer des retours, on fait comment ?

On peut aider de plusieurs façons :

  • utiliser wallabag et nous remonter les problèmes rencontrés ;
  • participer au développement de l’application https://github.com/wallabag/wallabag Si Silex / Symfony2 / HTML5 / etc. te parlent, n’hésite pas !
  • comme tout projet, le gros point noir est le manque de documentation. Elle est dispo ici mais il manque plein de choses et tout n’est pas à jour ;
  • parler de Wallabag autour de vous ;
  • il existe un compte Flattr.

Le mot de la fin…?

Merci à Framasoft d’accueillir et de soutenir Wallabag !

La route est encore bien longue pour ne plus utiliser de solutions propriétaires, mais on devrait y arriver, non ?

framasoft plein les poches
hackez Gégé !




Framablog brisé ! Framablog martyrisé ! Mais Framablog libéré !

Chers lecteurs du Framablog,

Vous avez été nombreux mercredi soir, 15 janvier 2014, à nous signaler — par mail ou par twitter — une alerte de sécurité concernant le Framablog. En effet, dès 22h, Firefox a commencé à signaler le Framablog comme « site malveillant », suivi une demi-heure plus tard par Chrome.

Malheureusement, ceci n’était pas un exercice. Plusieurs fichiers javascript avaient été touchés et nous avons retrouvé le fichier php infectieux à l’origine du problème.

Drapeau du pirate Henry Every

Un grand merci à FramaSky et JosephK qui ont passé leur nuit sur le problème pour que le blog revienne au plus vite à la normale et garantir votre sécurité, fût-ce au mépris de leur sommeil — et d’un épisode de Sherlock pourtant redoutablement tentant. À tous ceux qui hésitent entre un coup fumeux de la NSA, une revanche de Mountain View quant à notre campagne « moins de Google, plus de libre » ou un happening des Connards Professionnels, nous répondons que nous ne pensons pas être si importants que ça.

Une nouvelle attaque a eu lieu dès le lendemain jeudi vers 17h, redirigeant les visiteurs vers un site bien évidemment douteux. Aussitôt alertés, nous avons placé le Framablog en maintenance afin d’éviter d’exposer nos lecteurs et pour nous permettre d’examiner le problème plus sereinement. Échaudés par la première attaque, nous savions déjà quoi chercher pour nettoyer le site, et Pyg a trouvé puis comblé la faille dans notre système. Le blog a été remis en ligne dans la soirée, sans tambours ni trompettes, tout fatigués que nous étions.

Par ailleurs, on nous a signalé ce vendredi que des commentaires avaient disparu de certains billets. Comme quelques uns de ces commentaires étaient critiques vis-à-vis des billets concernés, il aurait été facile de penser à de la censure. Sachez qu’il n’en est rien : cette attaque a visiblement eu des conséquences que nous n’avions pas repérées de prime abord. Nous remercions les commentateurs concernés, car ceux-ci ont très rapidement fait le rapport avec nos problèmes.

Cet incident nous a confortés dans le constat que nous avions déjà fait : la plateforme qui accueille le Framablog est vétuste, elle héberge d’autres sites et des expérimentations non supprimées après abandon, qui sont potentiellement autant de failles de sécurité. De plus, le moteur du blog est bardé de plug-ins collectionnés au fil des années et des collaborateurs. Il devient difficile de garantir la sécurité du blog de manière satisfaisante. Nous allons donc entériner et accelérer le choix — évoqué lors de l’Assemblée générale qui s’est tenue début janvier — d’abandonner la forme actuelle du Framablog, de ne le conserver « que » comme mémoire des anciens articles et repartir à zéro pour un Framablog tout beau tout propre que nous installerons sur une machine virtuelle tout neuve. Pour l’instant, nos choix se porteraient sur un wordpress flambant neuf avec un des thèmes natifs légèrement remanié — ou une solution qui soit techniquement simple et qui ne pose pas de problème de maintenance — tout en optant pour une politique minimaliste en ce qui concerne l’ajout d’extensions sous le regard inquisiteur de FramaSky.

Ce changement sera effectué en ayant à cœur de respecter votre confort, votre sécurité et vos données (en instaurant par exemple un partage en deux clics comme c’est actuellement testé sur www.connard.pro)

Bien entendu, une migration se fait rarement sans heurts. Il se peut donc, au cours des prochaines semaines, que quelques perturbations adviennent lorsque vous naviguerez sur le Framablog. Nous promettons de faire de notre mieux pour qu’elles soient réduites au minimum.

Nous espérons que vous prendrez toujours autant de plaisir à lire et à participer à cet outil d’information du Libre francophone.

L’équipe du Framablog

Crédit image couverture : Drapeau du pirate Henry Every… (CC-0 par “Eugene Zelenko”)




Quand les auteurs Framasoft s’allient pour faire de vous des connards… libres

Simon « Gee » Giraudot et Pouhiou présentent leur nouveau roman illustré sur connard.pro

« Bastards, Inc – Le guide du connard professionnel » n’est ni une bande dessinée, ni un roman… C’est un MOOC-fiction, une espèce de cours en ligne et illustré pour nous apprendre le beau métier d’ingêneur, ces gens qui gagnent leur vie en créant des ouvertures faciles récalcitrantes et des ralentisseurs pervers. L’avant-propos est on ne peut plus clair :

Être un salaud est à la portée du premier venu. Être un connard, par contre, demande rigueur, écoute et une grande capacité de réflexion.

Octave Geehiou, l’auteur fictif de cette masterclass, est en réalité le fruit de la la collaboration entre Gee (Simon Giraudot, auteur des BD Geektionnerd et Superflu) et Pouhiou (auteur de la série de romans feuilletons des NoéNautes). Les comparses se sont rencontrés lors de signatures organisées par leur éditeur, Framasoft, qui promeut les œuvres sous licence libre. Après un an de complotages en catimini, il dévoilent ce « Guide du Connard Professionnel ».


« Chaque épisode sera comme une petite leçon pratique. Textes et images alternent afin d’expliquer de manière aussi détaillée qu’absurde comment emmerder les gens afin de leur faire acheter des écrans de projection… ou du scotch de déménagement » explique Pouhiou, qui scénarise ce graphic novel.

« On a décidé de placer ces épisodes dans le domaine public vivant grâce à la licence CC0 » ajoute Gee, « et de libérer un épisode tous les quinze jours quoi qu’il arrive… mais on compte bien sur l’aide de tous les apprentis bâtards et ingêneuses ».

En effet, en plus de pouvoir télécharger librement chaque épisode, les lecteurs pourront participer en suggérant des « bastardises » et autres « connarderies » aux auteurs… ou en accélérant leur rythme d’écriture. « On publie un épisode un mercredi sur deux. Mais on a mis sur le site connard.pro une petite barre de dons qui déclenchera, une fois remplie, la publication d’un épisode supplémentaire lors du mercredi de repos. Ainsi l’argent donné ne sert pas à libérer le contenu, juste à nous libérer du temps pour le créer plus vite ». Le site connard.pro présente déjà l’avant-propos et la démarche de ces deux « Bâtards en chef ». Rendez-vous le mercredi 22 janvier pour découvrir le premier épisode de ce guide du connard professionnel…

Bastards, Inc - Couverture

Interview

Deux experts de Framasoft joignent leurs efforts pour vous offrir le guide de l’ingêneur libre

Framasoft par sa branche Framabook a une longue tradition de tutoriels et autres guides, que ce soit pour les logiciels, la programmation ou la conduite de projets libres. Un guide de plus alors ? Oui mais celui-ci est en quelque sorte « hors-collection »

Voici ce qu’en dit le magazine en ligne Strat&J :

Le guide du connard professionnel est une formidable opportunité pour valoriser vos compétences dans le segment de la vente en open trading. Une mine de conseils précieux pour le mercaticien débutant et un retour d’expérience profitable pour le senior manager.

Question : Monsieur le dessinateur, la Geekette est-elle toujours la première dame du Geektionnerd ?

Gee : Je comprends votre question, et je suis sûr que vous comprendrez ma réponse. Chacun, dans sa vie personnelle, peut traverser des épreuves, mais ce n’est pas notre cas. La multiplications des projets BD sont des moments joyeux et j’ai un principe, c’est que les affaires publiques se traitent en public dans un exhibitionnisme respectueux de chacun. C’est donc parfaitement le lieu pour le faire (mais pas le moment, on parle des Bastards, là). Je préfère donc que nous poursuivions sur le sujet qui nous intéresse : en l’occurrence, dans Bastards, Inc, le personnage principal est un homme (Octave Geehiou) qui évoluera dans un univers tout à fait machiste où les femmes n’auront qu’un rôle de faire-valoir (toute ressemblance avec des institutions existantes serait bien sûr fortuite). D’ailleurs je vous rappelle que c’est écrit par Pouhiou, et que ça se saurait s’il aimait les femmes.

Question : Euh les gars vous êtes gentils mais qu’est-ce qui vous a pris ? D’où vous est venue l’idée de collaborer et surtout pour faire un truc pareil ?

Gee : Dès le premier tome des Noénautes, Pouhiou a eu l’idée un peu paranoïaque réaliste (il faut bien le dire) qu’il pouvait exister une volonté délibérée d’emmerder gravement les gens de la part d’ingénieurs malveillants, profession imaginaire mais dont les exploits supposés sont terriblement réels et parfaitement néfastes. Tous ceux qui un jour ont vainement cherché la mythique extrémité perdue d’un rouleau de scotch nous comprendront.

Pouhiou : Cette profession a été opportunément nommée : ingêneur. Telle est en tout cas l’activité d’Enguerrand Kunismos dans le cycle des NoéNautes, et bientôt celle d’ Octave Geehiou dans ces sortes de carnets de l’ingêneur que constitue le guide du connard professionnel.

Question : Oui mais avec ça on ne sait toujours pas qui a mis le feu aux poudres…

Pouhiou : Ben le problème quand on fait ses petites affaires dans le domaine public, c’est que certains viennent s’en emparer. En février dernier, alors que je faisais le crowdfunding pour la sortie de #MonOrchide, Simon me dit au détour d’un mail : « Faut vraiment être un connard pour vendre des écrans de projections ».

Gee : Réflexion que je me suis faite pendant une conférence dans le labo où je travaille. Je remarquai alors que la présentation était projetée à même le mur (de couleur blanche unie), et je repensai avec amusement à toutes les fois où j’ai pu voir quelqu’un se battre, impuissant, contre la mécanique systématiquement foireuse d’un écran de projection. L’écran de projection m’apparut alors comme un exemple d’objet à la fois inutile (un bête mur blanc suffit) et néfaste (toujours mal fichu et irritant à utiliser). Ça m’a fait penser aux ingêneurs de Pouhiou, alors on en a discuté et c’est un petit peu parti en sucette, au point qu’on a ouvert un Framapad pour y stocker des idées d’autres objets conçues pour nous emm-nuyer. C’est parti comme ça…

Extrait de Bastards, Inc 1

Question : Et pourquoi vous n’avez pas parlé plus tôt de votre projet ? Vous aviez honte hein c’est ça ?

Pouhiou : Pas du tout nous en sommes au contraire particulièrement fiers, mais il a fallu trouver le ton, le temps, et on a préparé ça pendant un an, en plus de nos activités habituelles… Et en se cachant de nos ami-e-s framasoftiens, histoire de leur faire la surprise dès qu’on serait prêts. Seul PYG a été notre complice, car il a bien fallu nous ouvrir un coin de serveur pour préparer le site. Car oui, c’est encore un projet libre hébergé par Framasoft et grâce à tous ceux qui soutiennent cette asso.

Gee : Ça nous a permis de prendre un peu d’avance et de voir ce qui marchait et ce qui ne marchait pas. Par exemple, j’avais commencé à faire du 100% Inkscape comme le Geektionnerd, mais après quelques épisodes, on s’est rendu compte que ça ne marchait pas, les textes ne ressortaient pas bien (ils sont plus longs que dans le Geektionnerd). Finalement, on a totalement changé la mise en page, seuls les dessins sont faits sous Inkscape. La mise en page est ensuite gérée en LaTeX (what else?) pour les versions téléchargeables, et directement en HTML pour les versions en ligne. Bref, tout ça a demandé du temps, sans parler du fait que Pouhiou comme moi n’en sommes pas à nos premiers projets et qu’il faut aussi trouver un rythme tenable…

Question : Vous avez réussi à ne pas vendre la mèche ?

Gee : Oui, on a vraiment gardé le truc secret jusqu’à la fin. Par contre, moi j’me suis bien amusé à laisser des indices à droite à gauche, comme dans cette interview où je parle d’un projet dont je ne serai pas l’auteur, dans ce petit encart sur mon site perso ou encore dans le dernier article participatif de Pouhiou sur le Geektionnerd.

Pouhiou : Moi c’est en vrai que j’ai eu du mal à tenir ma langue… J’envoie les scénarios à Gee sur un pad, et il me renvoie le réultat par email, dans un zoli pdf fait en LaTeX avec ses dessins… À chaque fois j’explose de rire, je jubile comme un gamin au pied du sapin ! Voir nos conneries prendre forme, ça me donne envie de les partager avec tout le monde ! Sinon les seuls indices que j’ai laissés sont quelques #likeabastard sur twitter… et le compte @Geehiou, pour partager des bastardises en 140 caractères. Mais aujourd’hui nous sommes prêts, dans un grand élan œcuménique et humanitaire, à dispenser nos indispensables lumières aux masses asservies par l’obscurantisme mercantile (en toute modestie, bien entendu).

Question : Bon et ça va se présenter comment, encore un feuilleton ?

Pouhiou : Vu comment notre narrateur, môssieur Octave Geehiou, se la pète… je pense qu’on peut parler d’un cours. Une sorte de MOOC fictionnel. Des paragraphes de textes entrecoupés d’illustrations où il nous expliquera de manière pratique des situations quotidiennes où la malice et l’ingéniosité d’un connard a pourri la vie du plus grand nombre pour enrichir quelques-uns. L’épisode 01 est prévu pour le mercredi 22 Janvier, et on va publier sur un rythme bi-mensuel, un mercredi sur deux à 13h37.

Gee : Le rythme d’une semaine sur 2 devrait être tenable sans flinguer les NoéNautes, le Geektionnerd et Superflu. Mais si vous voulez nous pousser un peu à faire plus, on laisse une petite jauge de dons : lorsque le montant total (fixé à 150€ suite à des calculs hyper-techniques et abscons) est atteint, on publie un épisode supplémentaire le mercredi de « repos » (où normalement il n’y a pas d’épisode). Et comme ce n’est pas nécessairement l’argent qui nous intéresse (enfin, pas que), vous pouvez nous aider à développer la Framajauge.

Extrait de Bastards, Inc 2

Question : Pourquoi ce choix de la licence domaine public vivant, la CC0 ?

Pouhiou : Par pur et simple opportunisme. Le 26 janvier à Toulouse aura lieu la Journée du Domaine Public. On va y annoncer l’élévation de cette nouvelle œuvre dans le Domaine Public Vivant, s’y faire un max de pub, y gagner une renommée internationale (et néanmoins francophone) à la médiathèque José Cabanis… Puis dès le lendemain on recadenassera tout avec des DRM et des copyrights, comme de vilains gougnafiers !

Gee : En fait il n’y a rien de compliqué. Pouhiou a l’habitude de la CC0 qui est son acte militant de « non-violence légale ». Moi, j’ai l’habitude de la CC-By-Sa qui est mon acte militant de « diffusion du Libre ». Lorsque 2 licences sont incompatibles, j’ai pour principe d’utiliser la moins restrictive des deux (de la même manière que je refuserais toute collaboration à une œuvre sous droit d’auteur classique ou sous Nc/Nd, je ne me voyais pas imposer du CC-By-Sa à Pouhiou). Et puis comme dit Pouhiou, je rejoins désormais des noms aussi illustres que Victor Hugo ou Émile Zola dans ce fameux domaine public. Et c’est quand même hyper-classe.

Question : Il y a un problème : votre site n’est clairement pas un site de connards…

Gee : Question de point de vue : en fait, nous avons pratiqué le fameux « Faites ce que je dis mais pas ce que je fais », ce qui est bien une technique de connard. Bon, pour répondre à la question, on a essayé de faire les choses bien : on a mis des boutons de partage (Facebook, Twitter, etc.), mais comme ces boutons posent un grave problème de vie privée (un bouton installé sur un site incorpore du code qui peut tracer l’utilisateur – MÊME si celui n’est pas inscrit sur Facebook et cie), on a trouvé un plug-in qui utilise le principe du « double-clic ». Par défaut, le bouton est inactif (pas de code espion téléchargé, l’utilisateur est tranquille). Un clic, le bouton devient actif (code téléchargé avec l’accord de l’utilisateur donc). Un deuxième clic, le « like / +1 / etc. » est envoyé. Défenseur de la vie privé, likeur invétéré : tout le monde est content !

Pouhiou : Et puis grâce à Framasoft, qui est au courant depuis quelques jours, on a des collaboteurices formidables. Ainsi, une certaine Kinou a dit qu’elle souhaitait nous fouetter former afin que le site devienne accessible, par exemple disponible à l’audio description pour les aveugles. Cela va demander une certaine dose de travail (et de #Facepalm pour elle) mais j’espère qu’on pourra offrir cette « liberté 0 » d’un site qui ne laisse personne sur le carreau.

Question : Si c’est un projet libre, du domaine public, on peut y participer ?

Pouhiou : Oh que oui. On a déjà quelques épisodes d’avance, mais on a surtout très envie d’entendre vos idées… Vous avez déjà eu ce sentiment qu’un objet ou un service était conçu exprès pour vous faire chier ? Ca nous intéresse (c’est notre côté Delarue, mais en moins mort). Bref : vous pouvez partager vos idées par ici http://connard.pro/participation-et-dons/ soyez assuré-e-s qu’on ne piquera que les bonnes /meilleures/.

Gee : De manière générale, toute participation est la bienvenue. Vous pouvez envoyer des idées, des dons (gros don via Paypal ou microdon via Flattr), vous pouvez partager nos bêtises, nous encourager, nous envoyer des putes et de la coke ou simplement nous suivre, ce qui est déjà beaucoup.

Extrait de Bastards, Inc 3

Question : Connard.pro est un spin-off du cycle des Noénautes dessiné par Gee. Vous avez aussi dans les cartons un spin-off de GKND scénarisé par Pouhiou ?

Pouhiou : Monsieur, je ne vous permets pas de fouiller ainsi dans mes cartons ! C’est très personnel, les cartons. J’avoue que, pour l’instant, l’idée ne nous est pas venue… Mais si on devait imaginer quelque chose au débotté, je dirais que les Connards du Corporate Club mériteraient le centre de la scène. Et puis je te collerais du #djendeur dans le lot, juste pour faire plaisir au lobby gaygétarien dont j’ai la carte de membre…

Gee : De toute façon, on est en-va-his de gays (j’en parlais encore hier à Christine…). Bref, on n’y a pas pensé non. Mais si on fait les aventures du Corporate Club, ça risque d’être un peu redondant avec le Guide du connard professionnel, il faudrait plutôt en faire un Cross-Over, façon « La ligue des connards extraordinaires ».

Pouhiou : Par redondant, tu veux dire sporadique…?

Gee : Nan, sporadique, c’est tout ce qui est à la campagne, non ?

Pouhiou : Sinon j’aime bien cette idée de ligue des connards extraordinaires… Ce sera certainement pour le tome 3 😉

Les premières critiques du Guide du connard professionnel sont dithyrambiques :

  • Un modèle économique bâtard pour une idée égotique, pas de doute : on est bien dans le fleuron de la culture Française. — Fox News
  • La plus belle chose qui nous soit arrivée depuis l’arrêté municipal contre les SDF. — Nice Matin
  • À déguster avec quelques bonnes huitres au piment d’Espelette. — CyriI Lignac, MasterChef
  • Vous êtes sûrs que vous voulez pas le label PUR ? Non mais si on vous le met quand même, hein ? — OffreLégaleQuiJustifieNosMillionsDépensés.pointeffère
  • Thyrambique. — La Critique
  • TIQUE ! — La
  • On dirait du Vincent Delerm. — Telerama

Crédit image couverture : version dérivée de Business as usual… (CC By Thomas Leuthard)




Aidons un enseignant à libérer ses ressources pédagogiques !

Yann Houry est professeur de lettres. Il place ses supports de cours depuis 2007 sur le site Ralentir Travaux, bien connu de ses collègues. Il y propose notamment des manuels complets pour les classes de Sixième et de Quatrième.

Nous lui avions ouvert nos colonnes en septembre 2012 parce que, contrairement aux maths où l’on a Sésamath, il est rare de trouver des ressources pédagogiques en libre diffusion en français. Nous souhaitions également pouvoir discuter avec lui de son choix du support iPad et de la licence Creative Commons By-NC-SA pour le contenu de son site et ses manuels.

Or justement, il souhaite abandonner aujourd’hui cette clause NC, qui pose selon nous problème dans l’éducation, et s’en explique ci-dessous. Nous en sommes ravis (d’autant que cela ouvre la voie à une possibilité d’édition Framabook). Et il n’est pas anodin que le titre de son annonce s’intitule Unchain my site !

« J’ai fait mes calculs. J’aurais besoin de 2000 à 2500 € pour acheter diverses choses (nouvel ordinateur, un micro, quelques logiciels, etc.). Une telle somme est donc la condition du changement de licence. Cela en vaut-il la peine ? J’avoue que je suis assez curieux de le découvrir. Peut-être cette demande fera-t-elle un joli flop. En ce cas, la question de la licence ne taraude que moi. »

Nous appuyons sans réserve la démarche en invitant nos visiteurs à participer à la collecte, histoire de montrer que nous sommes nombreux à être taraudés par le bon choix d’une licence 😉

Pour cela, se rendre sur le site Ralentir Travaux et cliquer sur la bandeau du haut.

Yann Houry - Manuels

Unchain my site

URL d’origine du document

Depuis sa création, Ralentir travaux a eu vocation à être diffusé le plus largement possible. Le site n’est-il pas né du désir d’offrir à tous – surtout aux élèves ne bénéficiant d’aucun soutien scolaire – la possibilité de trouver une aide sans inscription, sans mot de passe ou sans contrepartie quelconque ? Il s’agissait aussi de proposer, à l’enseignant désireux de trouver un peu d’inspiration, des ressources qu’il pourrait adapter à sa guise.

Dès lors la liberté était inscrite dans les gènes du site. J’avais d’ailleurs repris à mon compte ces mots de Condorcet afin de montrer que la notion de propriété intellectuelle était un abus qu’il fallait dénoncer[1].

Par le passé, j’usais du mot «libre» sans trop savoir quelle notion il recouvrait. Plus tard, je découvrais les licences Creative Commons et m’emparait de celle-ci. Cela signifiait : fais ce que tu veux, mais ne vends pas. Or cette clause non commerciale (et cela a été dit de nombreuses fois) est un frein à la diffusion du savoir. Et Ralentir travaux n’a pas vocation à se recroqueviller sur lui-même dans la crainte d’une exploitation commerciale. Ce serait un non-sens. Au reste, nombreuses sont les personnes requérant l’autorisation d’utiliser telle ou telle partie du site, et invariablement la réponse est affirmative. Seule une demande était restée sans suite en raison de cette fameuse clause NC…

Il est donc nécessaire de recourir à une nouvelle licence. Seuls le partage à l’identique et la reconnaissance de la paternité de l’œuvre seront exigés. Que l’on me pardonne ce dernier sursaut d’orgueil (que m’accorde le droit), mais je tiens encore un peu à ma progéniture ! J’ai juste envie de lui donner un peu le large, et d’observer de loin ce qu’elle devient entre les mains de ceux qui voudront bien s’en emparer, et, je l’espère, la diffuser plus largement encore.

Mais, avant d’adopter une telle licence, je voudrais poser une condition. Il y a quelque temps j’affichais un bandeau afin de susciter les dons. Je paie les frais d’hébergement et ceux liés à l’achat du nom de domaine, les logiciels ou leurs mises à jour. Que dire de mon Mac acheté en 2008, si ce n’est qu’il est vieillissant[2] ? Je ne demande pas de salaire pour les années passées à bâtir Ralentir travaux, mais je veux bien un peu d’aide pour continuer l’œuvre. Or ces dons, malgré la promesse que pouvaient constituer les milliers de visites quotidiennes[3], se sont montrés largement insuffisants[4]. En un an, à peine de quoi acheter InDesign ou un logiciel de ce type…

J’ai fait mes calculs. J’aurais besoin de 2000 à 2500 € pour acheter diverses choses (nouvel ordinateur, un micro, quelques logiciels, etc.). Une telle somme est donc la condition du changement de licence. Cela en vaut-il la peine ? J’avoue que je suis assez curieux de le découvrir. Peut-être cette demande fera-t-elle un joli flop. En ce cas, la question de la licence ne taraude que moi.

Toujours est-il que nombre de sites recourent annuellement aux dons. Je m’en remets donc à ce principe. Et encore ! je n’attends même pas une cotisation annuelle, mais celle de sept ans passés à construire le site et plus encore, puisque je n’entends pas m’arrêter là (le manuel de 5e est déjà en chantier).

Bref, il ne reste plus qu’à organiser ce financement, mais vous pouvez d’ores et déjà faire un don sur Ralentir travaux en cliquant sur la bannière du haut de chaque page.

Passé le seuil financier susmentionné, Ralentir travaux (tout : le site, les manuels) devient libre.

Notes

[1] Je parle, bien entendu, de mon propre cas. Il ne me viendrait, par exemple, nullement à l’idée de tenir un tel discours au sujet de Michel Tournier ou d’Umberto Eco. Simplement, le professeur que je suis ne saurait prétendre à faire valoir un privilège reposant simplement sur quelques années d’études.

[2] Je ne peux même plus enregistrer de screencast sans que les ventilateurs de l’ordinateur se mettent à souffler à tous les diables, rendant par là même la vidéo inaudible.

[3] 1 633 891 visiteurs durant l’année 2013.

[4] Un merci exponentiel agrémenté d’un bisou dégoulinant à tous ceux qui m’ont envoyé leurs dons. Un don… Quel mot plus adorable la langue française a-t-elle inventé ? De manière plus générale, je voudrais remercier ceux qui donnent de leur personne, de quelque façon que ce soit et qui contribuent (loin des discours anxiogènes tenus par des inactifs bavards) à faire du web un lieu hautement éducatif.




Rencontre avec le musicien Syrano, libre dans ses pratiques plus que par ses licences

Lors de ma conférence « Mes romans ont choisi d’être libres » au Capitole du Libre de 2013, Jérémie Zimmermann a posé la première question, sous forme de provocation. En gros, il évoque le fait que la culture et l’art sont — fondamentalement — libres depuis toujours, quelles que soient les lois ou les licences.

Tout en croyant qu’il faut sortir de l’omnicopyright (qui a prouvé son inefficacité à nourrir les artistes ou à financer la création à proprement parler), je suis on ne peut plus d’accord avec Jérémy. La plupart des artistes que je connais et aime (comédiens, chanteuses, auteurs, compositrices, etc…) sont libristes sans le savoir.

Hier, j’ai assisté à une expérience d’art libre. De l’art libre sous monopole du copyright, créé sur un Mac, diffusé sur une appli web non open-source (Howl)… ça fait bizarre, hein ? Et pourtant.

Pendant plus de six heures, le chanteur-rappeur Syrano a créé une chanson devant et avec le public qui le suit (sur Facebook). Six heures à expliquer, demander, échanger, chercher, et partager son processus créatif sans la moindre restriction.

On a utilisé un Framapad pour suivre l’évolution des paroles, Wikipédia pour trouver des infos sur les bourreaux au moyen-âge, des banques de sons libres, etc. Et nous avons vu un couplet et un refrain se créer sous nos yeux ébahis et dans nos oreilles ébaubies. La première moitié du travail a été accomplie, et elle s’écoute ici :

—> L’extrait au format ogg

Pour les curieux et les intéressées, la deuxième partie de la chanson s’écrira en direct le vendredi 24 janvier, sur howl. Mais en attendant, Syrano a accepté de répondre à mes questions…

Interview de Syrano

SyranoHier, j’ai assisté à tes 6h30 de création en direct. La première question est évidente : comment va ta gorge ?

J’avoue que ça grattait sur la fin. J’anime souvent des ateliers d’écriture dans des écoles et je me fais la remarque : être prof et parler toute la journée doit être un supplice. En tous cas, je n’ai pas vraiment vu passer tout ce temps. C’était vraiment enrichissant pour moi.

J’ai vu que tu pensais pouvoir écrire l’intégralité de la chanson en une journée. A priori, expliquer et montrer ce que tu faisais t’a ralenti. Mais qu’est-ce que ça a apporté à la chanson ?

Je pense que oui, ça m’a ralenti, c’est clair. D’habitude, je suis capable de me plonger une demi-journée complète sur le morceau et il est plus ou moins fini (maquetté) au terme de ce temps-là. Je pense par contre que ça m’a amené un recul, même si c’était épuisant de faire l’aller-retour entre les écrans et ma feuille, les recherches de tout le monde sur les bourreaux et les idées de vocabulaire m’ont aguillé sans aucun doute.

Écrire une chanson en direct devant ton public et en échangeant tout le long, c’est un défi, non ? Pourquoi tu te l’es lancé ?

J’aime le défi et puis j’aime les expérience innovantes. Je trouve ça intéressant de proposer aussi du contenu nouveau à mon public via Internet. C’est une source intarrissable de possibilités et de créativité. Je crois qu’il faut s’en servir et tenter des choses. J’ai vu les gens échanger entre eux au bout d’un moment, contents d’assister à ce processus, à la naissance de cette chanson, et c’est un contact finalement très humain qui s’est créé.

Si on parle de manière pragmatique, les liens se sont resserrés autour de cette expérience et c’est bénef pour tout le monde. Je pense que le bouche à oreille est et reste le meilleur moyen pour un artiste de se faire un nom. Un « fan » convaincu est le meilleur attaché de presse qui soit. Et Internet n’est qu’une version moderne du bouche à oreille.

J’aime aussi le concept du site howl, cette proximité possible, et c’est un peu tout ça mélangé qui m’a poussé à proposer cette expérience. Concluante puisque nous réitérons.

Écrire, composer, c’est souvent quelque chose de très perso, limite égocentrique. Durant le processus, tu as été très à notre écoute, tout en maintenant le cap de la création en cours… C’était facile pour toi de trouver cet équilibre ?

Oui, je ne suis pas quelqu’un qui crée pour nourrir son ego, ce genre d’artistes d’ailleurs sont souvent des cons… L’égocentrisme, quelle perte de temps. Moi (comme d’autres), je crée par nécessité, parce que le monde me fait réagir, parce que je suis une éponge, un baromètre de mon époque, je suis scandalisé, éhonté… Je cherche certainement un écho chez les autres de ce que je pense. En tous cas, je mets tellement de moi que ça en devient impudique.

Quelqu’un a recoupé mes interviews et mes chansons et a réécrit ma vie sur ma page Wikipédia. Bluffant ! En tous cas, si on se prête au jeu, il faut y aller à fond ! Donc j’ai pris en compte ce que je trouvais de pertinent dans tout ce que vous disiez.

Tu utilises aussi le crowdfunding afin d’aider à financer ta participation au festival d’Avignon. Pourquoi passer par ce biais-là ?

Pour les mêmes raisons citées ci-dessus. Je suis aussi parrain d’une association à Madagascar (SPV-Felana dans la ville d’Antsirabe) et je fais souvent appel aux gens pour soutenir nos projets sur place. Chacune de mes ventes de disque est aussi sujette à une « ponction », je reverse une part de mes bénéfices à l’asso. Je me suis dis que la souscription sur Internet était un bon moyen d’avancer sur ce projet : la location d’un théâtre pour jouer mon nouveau spectacle au Festival d’Avignon 2014 !

J’ai découvert ton côté geek-friendly avec Bazinga!, le 1er extrait de ton cinquième album. Tu connais les licences libres ? Tu les utilises ?

Yes ! J’ai des potes qui sont Linuxiens de la première heure et qui m’ont montré. J’avoue ne pas être assez calé pour me défaire de la contrainte d’un logiciel de son pro comme protools sous mac. En tous cas, LibreOffice, je m’en sers constament et si je trouve un logiciel libre qui me va, je fonce. Par exemple, aussi, j’ai mis en Creative Commons le premier morceau de ma nouvelle formation hip-hop, « L’Ombre qui rappait » , et tout ce qui sortira sous ce nom sera en téléchargement libre.

Dans ton rap tu samples, remixes, invites et métisses parfois avec des musiques glanées aux quatre coins du globe. Comme tous les créateurs tu puises à toutes les sources culturelles disponibles. Cependant comme tu le sais ces pratiques artistiques libres sont de plus en plus combattues par les bénéficiaires du monopole du droit d’auteur. Qu’en penses-tu ?


C’est simple, pour moi, on ne combattra pas le libre échange sur le net. Si on le fait, c’est la mort du net et de son utilité. Il y aura toujours une option pour le peer to peer et pour le libre de s’exprimer. Ces gens veulent de la rentabilité, de la productivité, mais ils n’ont pas compris que ces idées sont inadaptables au Web… C’est un espace de liberté, peut-être le dernier sur la planète dans son côté « entier ».

Est-ce que cela entrave ta créativité ?


Non, pas du tout. je suis plutôt motivé par tout ça. J’échange d’ailleurs de manière plus libre maintenant qu’avant. Je me suis débarassé de mes producteurs pour être indépendant. J’essaie maintenant de trouver un chemin vers l’autonomie.

Tu penses quoi du monopole du droit d’auteur qui se bat de plus en plus violemment contre ces pratiques artistiques libres ?

J’en pense que j’ai mis mes albums en téléchargement libre à contre-sens de beaucoup d’artistes archaïques et tenus en laisse par les labels. Je me rends compte que les gens téléchargent, apprécient et viennent finalement aux concerts où ils m’achètent les albums physiques. C’est une démarche que j’adore. Elle permet aux publics de choisir. Clairement, bientôt, l’écart entre le monde du divertissement et l’art va se creuser, et les chanteurs de merde qui pourrissent les ondes et les têtes des gamins seront découragés par le nombre de téléchargements de leurs pseudo-albums à durée de vie limitée. Internet, c’est la sélection naturelle. Les meilleurs, les talentueux, ceux qui ont quelque chose à dire, resteront… Les autres… Ils peuvent retourner au karaoké.

Et, encore plus simplement, la musique est une émotion, elle est faite pour être ressentie, vécue, expérimentée et partagée…

Alors je ne vois pas pourquoi on garderait pour soi ses œuvres comme de vulgaires produits de consommation. Si vous êtes artistes, assumez !!! L’intermittence du spectacle ou les droits d’auteur ne sont que des boulets, un système qui professionnalise l’artiste et l’asservit forcément. Alors ne soyez pas des esclaves, ne tentez pas de plaire, soyez libres, exprimez des idées, créez… C’est tout ce qu’on attend de vous !!! Voilà 🙂

Un dernier mot ?


— Lutte

Syrano