La meilleure publicité pour Linux ?

Un site anglophone vient tout récemment de recenser ce qu’il considère comme les dix meilleures publicités audiovisuelles pour GNU/Linux. C’était avant le premier avril et l’excellent poisson de la BBC sur les pingouins volants obligés de s’adapter pour cause de réchauffement climatique.

L’occasion était trop belle pour un sympathique détournement youtubesque donc voici le résultat :

Voilà qui fait merveilleusement écho à notre petite mascotte, le pingouin volant que nous devons à LL de Mars 😉

Mascotte Framasoft - LL de Mars - Art Libre




Entretien avec un lycéen

Gregory - CC by-saEt si on donnait la parole aux lycéens ? Enfin non, à un lycéen, qui plus est rencontré sur… LinuxFr.

Merci en tout cas à Fabien (alias Xion345) d’avoir trouvé le temps, en pleines révisions du BAC, de répondre à quelques questions[1].

Bonjour, peux-tu rapidement te présenter…

Bonjour,

Je suis Fabien André, lycéen en terminale S option SVT (spé Maths). J’envisage des études d’ingénieur dans le domaine de l’électronique, de l’informatique ou des télécoms.

Quels logiciels libres utilises-tu au quotidien ?

J’utilise surtout les logiciels libres sur l’ordinateur familial, sous GNU/Linux (Kubuntu, majoritairement). Les logiciels que j’utilise le plus souvent sont le navigateur web Firefox, le client mail Thunderbird et le lecteur multimédia VLC. J’utilise également l’environnement KDE (Kopete pour la messagerie instantanée, amaroK comme lecteur musical).

Parmi les logiciels libres moins connus que j’apprécie particulièrement, il y a BasKet qui permet d’organiser ses notes simplement et efficacement ainsi que Freemind qui permet de créer des "cartes mentales", utiles pour classer ses idées.

Comment as-tu découvert les logiciels libres et en quoi te semblent-ils intéressants ?

J’ai découvert les logiciels libres il y a 4 ans avec Firefox (à l’époque dans sa version 0.7 :-)). Internet Explorer plantait tout le temps et j’étais à la recherche d’un bon navigateur. J’ai rapidement découvert Firefox et en cherchant un peu plus d’informations à propos de celui-ci, j’ai découvert qu’il s’agissait d’un logiciel libre. Impressionné par la qualité de ce logiciel, je me suis mis à utiliser VLC et OpenOffice. Plus tard, j’ai découvert qu’il existait même un système d’exploitation libre: Linux. Je me suis ensuite fait télécharger une Knoppix 3.6 par un ami que j’ai après installé par curiosité.

Ce n’est que plus tard, que j’ai vraiment cherché à m’informer sur les valeurs et l’esprit du logiciel libre.

Ils me semblent intéressants car on peut comprendre leur fonctionnement voir même les améliorer. Je suis souvent impressionné par leur capacité à fédérer les gens, à les faire coopérer. Je trouve que ce modèle de partage, de coopération et de diffusion du savoir est très riche !

Au cours de ton parcours scolaire as-tu souvent rencontré des logiciels libres ? Y a-t-il des professeurs qui t’en ont parlé, qui les ont utilisés en classe avec vous ?

J’ai très rarement rencontré des logiciels libres, que ce soit au collège ou au lycée. La dernière fois que j’en ai entendu parler remonte à la troisième : mon prof de techno installait Ubuntu sur un poste de la salle !

Je crois que les professeurs (en tout cas pour ce que j’en ai vu) ne sont pas mieux informés que le reste de la population en ce qui concerne les logiciels libres. Ils font un peu comme tout le monde et nous présentent les logiciels utilisés dans les Travaux Pratiques de bac (ce qui est on ne peut plus normal) : Excel et Geoplan en Mathématiques, Aviméca et Regressi (voire Excel) en Physique, Anagène, Phylogène et Sismolog en SVT.

Lorsqu’ils nous proposent de l’aide pour certains devoirs, ils nous demandent d’envoyer nos documents au format Word par e-mail !

Penses-tu que les logiciels propriétaires comme Windows et MS Office (Word, Excel…) sont trop présents à l’école. Et si oui que proposerais-tu pour améliorer la situation ?

En fait, plus que la trop forte présence des logiciels propriétaires dans l’éducation, c’est la quasi-absence des logiciels libres qui me gène un peu. Je n’ai rien contre les logiciels propriétaires mais dans le domaine de l’éducation, je pense que les logiciels libres présentent de nombreux avantages : possibilité pour les élèves de les utiliser à la maison, possibilité pour les profs de demander l’ajout de nouvelles fonctionnalités… Le navigateur Firefox était installé dans mon lycée sur les postes du CDI mais il n’est pas mis a jour ni correctement configuré pour utiliser le proxy de l’établissement.

Pour améliorer la situation, je pense qu’il serait possible d’installer des logiciels comme Firefox, OpenOffice, VLC, Geogebra ou 7-zip sur les postes des CDI des lycées. Je suis conscient que ce n’est pas si simple et que cela engendre des couts de maintenance mais ça reste faisable. Pourquoi ne pas également informer les profs de l’existence de ces logiciels et même les encourager à présenter certains logiciels libres utiles dans leurs matières ?

Il me parait que la distribution de clés USB équipés avec des logiciels libres (ou de CD) aux profs ou aux élèves est une bonne chose mais je crois que pour être totalement efficaces, ces opérations devraient être assorties d’une courte présentation des logiciels et d’explication de ce que sont les logiciels libres.

Certains caricaturent les jeunes et leur usage d’internet qui se résumérait à MSN, Skype, Skyblog, World of Warcraft et du copier/coller de Wikipédia. Qu’as-tu envie de dire à ces gens là ?

Je crois que leur répondrait qu’ils se trompent assez lourdement ! Je peux comprendre qu’ils ait rencontré des "djeuns’" utilisant Internet de cette façon. Il y en a une partie, je veux bien le croire. Cependant, il ne faut pas généraliser, ils représentent une minorité.

La plupart ont bien compris qu’Internet ne se résume pas à MSN et Skyblog. Nous l’utilisons pour nous informer sur les sujets qui nous intéressent, discuter sur des forums et bien sur pour nos documenter sur nos exposés (voir même développer des logiciels libres !). Et il peut arriver que certains publient des informations intéressantes sur leurs blogs ou sites personnels ! En revanche, tout le monde utilise MSN (et moi le premier), ce qui n’est pas forcément une bonne chose pour l’interopérabilité mais sous Jabber, je n’ai aucun contact !

Quant au copier/coller, j’aimerais leur dire que nous ne somme pas complètement dupes. Nous nous rendons bien compte qu’un prof peut vérifier en deux secondes si un article a été copié de Wikipédia. En plus, nous avons tout de même un certain esprit critique : nous vérifions nos informations, essayons des les comprendre. Nous les adaptons au sujet. Et ça prend du temps! Bref, les gens qui disent que Wikipédia ne sert qu’au copier/coller m’énervent profondément ! De plus, on aurait inventé le plagiat avec Wikipédia ? Il est tout aussi facile de copier un article de "Tout l’univers", d’Encarta ou de l’Encyclopedia Universalis.

Est-il difficile d’expliquer à ses camarades ce qu’est un logiciel libre ? Penses-tu que la diffusion de la pratique du piratage et la confusion libre/gratuit compliquent la situation ?

Oui, en général, ce n’est pas facile car une partie (pas tous !) s’en moquent complètement.

La confusion libre/gratuit complique grandement la situation : peu arrivent à saisir la distinction libre/gratuit car au final "ça ne change rien" pour eux. J’essaye de leur montrer qu’ils se trompent, que c’est différent, que par exemple, du fait de l’ouverture du code source, on a un certain contrôle sur le logiciel, on peut savoir exactement ce qu’il fait.

Penses-tu que ce serait une bonne idée de créer un "cours d’informatique" comme cela se discute actuellement ? Et si oui pour quel niveau et pour quel contenu ?

Oui, je pense que ce serait vraiment une bonne idée étant donné l’importance de l’informatique et d’Internet à la fois dans l’éducation, dans la vie économique, mais aussi dans notre vie personnelle, pour s’informer, se divertir voire même pour entretenir nos relations sociales.

Cependant, je ne pense pas qu’il serait utile d’apprendre aux élèves à utiliser le traitement de texte XYZ, le tableur XYZ ou encore tel logiciel de géométrie dynamique. Ce genre de chose est déjà fait, et je pense que c’est une bonne chose, dans les matières où l’utilisation de tels logiciels est pertinente. Je pense qu’il faudrait plutôt traiter certaines questions comme : Qu’est ce qu’un format ? Quelle est la différence entre interopérable et compatible ? Qu’est-ce que la licence d’un logiciel ? Pour quels usages a-t-on le droit de copier tout ou partie d’un article sur internet ? En matière de liberté d’expression, qu’est-ce qui est autorisé ou non sur internet ?

Bref, plus un cours d’informatique citoyenne, ou un cours de bon usage de l’informatique plus qu’un cours d’informatique technique. Je crois que 4 ou 5 heures par an seraient suffisantes pour nos informer sur ces questions.

Comment vois-tu l’avenir du logiciel libre ?

Ce n’est pas une question facile ! 🙂

Je pense que le logiciel libre a avenir prometteur. De toutes façons, il a réussi à se développer dans des conditions pas très favorables avec une société qui domine le secteur de l’informatique. Un nombre incroyable de personnes le soutiennent que ce soit en écrivant du code, de la documentation ou simplement en aidant les nouveaux venus…

Je crois aussi qu’en ce moment, au niveau économique, le vent souffle dans le sens du logiciel libre, l’économie migre vers les services (les SSLL ont une croissance importante), les constructeurs de matériel ouvrent leurs spécifications, de grosses sociétés comme Sun ou IBM s’y intéressent.

Il reste cependant menacé par les DRM, la soi-disant "informatique de confiance" et la vente liée.

Bonne chance pour le BAC 😉

Merci. Je me prépare, je me prépare ;-).

Notes

[1] Crédit photo : Gregory (Creative Commons By-Sa)




Les élèves de Genève sous Linux à la rentrée prochaine

Reprise d’un article de la Tribune de Genève. Histoire de se donner du baume au cœur après la triste nouvelle concernant la normalisation du format OOXML (le plus triste dans cette histoire ce sont surtout les conditions de cette normalisation).

On patine encore un peu sur l’exercice difficile de la définition d’un logiciel libre mais il y a des choses qui font vraiment plaisir à lire. Voici en tout cas une administration scolaire qui se targuera plus tard d’avoir fait partie des premières à franchir le pas.

Et pendant ce temps-là en France, c’est l’inertie. Une inertie qui n’est pas perdue pour tout le monde…

Copie d'écran - Tribune de Genève

Le DIP met le cap sur les logiciels libres

Luca Sabbatini – 02 avril 2008 – Tribune de Genève
URL d’orgine du document

Dès la rentrée de septembre 2008, les ordinateurs des écoles genevoises auront migré vers des programmes gratuits. Explications.

Vive les logiciels libres ! Au Département de l’instruction publique (DIP)[1], le mot d’ordre est d’actualité. A la prochaine rentrée scolaire, en septembre 2008, les quelque 9000 ordinateurs des écoles du canton vont définitivement abandonner le système d’exploitation payant Windows pour migrer sur son concurrent gratuit Linux. Et ils n’utiliseront plus que des programmes ouverts. Un changement qui prend des allures de petite révolution dans l’administration cantonale genevoise.

Un logiciel libre, qu’est-ce que c’est? On le dit libre, par opposition à propriétaire. On le dit aussi ouvert, car son code de programmation reste accessible à tous et peut être librement modifié (en anglais «open source). Pour simplifier, il s’agit d’applications informatiques développées non par une société dans le but de les commercialiser, mais par une communauté de programmeurs. Qui codent pour le plaisir, pour se faire la main ou pour encourager la qualité.

Gratuits et multiplateformes (Windows, Mac, Linux), constamment mis à jour, testés et améliorés, les logiciels libres concurrencent avantageusement les coûteux programmes des grandes firmes d’informatique. Ainsi, OpenOffice est-il un parfait équivalent de Microsoft Office, alors que Gimp remplit toutes les fonctions du Photoshop d’Adobe (lire ci-dessous).

Pourquoi passer aux logiciels libres? Gratuits, efficaces, pédagogiques, «ils n’ont que des avantages», assure Manuel Grandjean, directeur du Service Ecoles-Médias du DIP et à ce titre maître d’oeuvre de la migration du département vers l’open source. D’une part, ils offrent de quoi satisfaire le plan d’économie du Conseil d’Etat, dont la mesure 28 préconise de «promouvoir les logiciels libres» dans l’administration. Mais il ne s’agit en aucun cas d’une solution au rabais. «Nous avons choisi les logiciels libres pour leurs qualités», insiste Manuel Grandjean.

On trouve, analyse-t-il, «une vraie convergence» entre les bases de l’enseignement pratiqué au DIP et les logiciels libres. Par leur développement communautaire, ces derniers «encouragent le partage et la démocratisation des savoirs, ainsi que l’autonomie dans l’acquisition des compétences».

Autre atout non négligeable: les élèves peuvent travailler chez eux en utilisant gratuitement les mêmes programmes qu’à l’école, ce qui «renforce l’égalité des chances», estime Manuel Grandjean. Et puis, souligne-t-il avec un brin d’ironie, «on évite ainsi de fournir des clients captifs aux grosses sociétés informatiques»…

Qu’en est-il à l’usage? Au Collège de Candolle, on a anticipé les directives du DIP. Après des années de «dual boot, c’est-à-dire d’ordinateurs équipés d’un double système d’exploitation Windows/Linux, les machines tournent désormais exclusivement sous Ubuntu, une «distribution» de Linux.

«Il a fallu un temps d’adaptation», concède Jean-Daniel Gavillet, qui est en charge du parc informatique à Candolle, «mais c’est bénéfique pour tout le monde». L’avantage n’est pas que financier, insiste l’informaticien. «D’un point de vue pédagogique, c’est un plus considérable.» Et comme les logiciels libres adoptent des formats ouverts, privilégiant «l’interopérabilité», ils devraient mieux vieillir que les autres.

Notes

[1] Le DIP a produit un DVD contenant sa sélection de logiciels libres. Téléchargez-le !




Le deuxième effet kiss cool du logiciel libre

Une courte traduction[1] sous la forme d’un témoignage sans prétention qui illustre bien la mise en relation, internationale et dans un certain état d’esprit, que permet et induit le logiciel libre.

C’est Ubuntu qui est mis en valeur ici (et en France on n’est pas en reste d’ailleurs avec le très convivial et compétent Ubuntu-fr) mais les vertus et attitudes évoquées ici valent je crois pour l’ensemble de la communauté.

Au delà du fait d’avoir à disposition des programmes de grande qualité, le logiciel libre c’est aussi ce petit supplément d’âme que d’aucun comme moi apprécie tout particulièrement…

Copie d'écran - DThomasDigital

L’effet secondaire (positif) de l’utilisation d’Ubuntu

The Unexpected (good) side effect of using Ubuntu

David Thomas – 24 mars – dthomasdigital.wordpress.com

Je suis un adepte d’Ubuntu, je fais parti de ces convertis depuis deux ans maintenant et Ubuntu a répondu à toutes mes attentes en matière d’informatique. Même les jeux sur Ubuntu commencent à être matures et je remarque que j’ai remplacé Wine au profit de jeux disponibles directement sur Linux. Je connais bien désormais la puissance d’Ubuntu et j’utilise de nombreuses applications critiques dont dépend mon entreprise sur cette même plateforme.

Puis il est arrivé une chose à laquelle je ne m’attendais pas. Lentement mais sûrement à mesure que je m’impliquais dans la communauté Ubuntu j’ai appris beaucoup de choses sur le vaste monde qui m’entoure en apprenant à connaître des gens et des cultures de divers horizons. J’ai commencé ce blog puis j’ai intégré le Planet Ubuntu Users. Ceci m’a permis de rencontrer gouki, je crois bien qu’il vient du Portugal. C’est lui qui est en charge de Planet Ubuntu Users, j’adore son site, il est simple mais fantastique.

Un jour mes billets cessent d’apparaître sur le Planet. En en cherchant la cause j’ai découvert que je n’étais pas le seul dans ce cas, parmi les autres personnes il y avait Isabelle Duchatelle qui vient de France. C’est une personne d’une grande finesse et j’ai appris plusieurs petits trucs grâce à ces billets. Après quelques échanges d’e-mails on a trouvé la source du problème et nous étions de retour sur le Planet.

Peu après ça mon implication dans le Ubuntu Users Group près de chez moi s’est accrue et en posant des questions à droite à gauche j’ai échangé quelques courriers avec le légendaire Jono Bacon de Grande Bretagne. C’est une personne qui est toujours prête à aider et à vous faire découvrir un groupe dont vous n’aviez jamais entendu parler. Pour moi qui adore la musique, rien que ça rendait nos échanges intéressants.

Grâce à Ubuntu je me suis retrouvé impliqué dans Software Freedom Day, la Document Freedom Day et dans l’Open Discussion Day. J’y ai fait la connaissance de gens venant du Nigéria, de Malaisie, d’Inde, d’Amérique du Sud et encore plein d’autres pays. Ce qui m’est arrivé à une échelle plus petite est tout aussi incroyable. Notre Ubuntu Users Group local est devenu un groupe officiel et nous avons commencé quelques projets avec succès. J’ai aussi été impliqué avec les équipes américaines et j’ai fait la connaissance de gens géniaux comme Aaron Toponce.

Soit, mais alors de quel effet secondaire s’agit-il ? Et bien, lorsque j’utilisais Windows j’étais comme dans un cocon à trimer chaque jour et une chose est sure c’est que je me suis jamais intéressé au blog de Bill Gates comme je m’intéresse aujourd’hui à celui de Mark Shuttleworth et même si j’adore les autres distributions Linux (je vis au Nouveau Mexique et Gentoo aura donc toujours place à part dans mon cœur) Ubuntu m’a attiré dans une communauté, une communauté de gens qui veulent vraiment rendre l’informatique libre et ouverte.

C’est une communauté qui traite les débutants avec autant de respect qu’elle traite ses membres de la première heure. J’ai vraiment beaucoup appris durant ces deux dernières années et cette année je ferai une présentation à Ubuntu Live (hey les gars qui s’occupent d’Ubuntu Live, vous pensez pas que vous pourriez revoir le prix de l’inscription ?), ça sera l’occasion pour moi de serrer des mains et de remercier la communauté dont je suis tombé amoureux. Alors oui, je dirais que c’est un effet secondaire plutôt positif pour un gars comme moi qui ne savait même pas situer le Nigéria sur une carte il y a à peine deux ans.

Notes

[1] Merci à Olivier (from Fralamang) pour la traduction.




Comment je suis devenu un enseignant innovant

aKa - BSOD - CC-By

Suite à un coup de téléphone avec le responsable Microsoft des partenariats éducatifs en France, j’ai décidé d’adhérer à l’association Projetice m’assurant ainsi une promotion immédiate au rang d’enseignant innovant (et accessoirement une place pour le prochain voyage à Bangkok).

J’aurais a priori en charge l’aspect communication du dossier Déploiement de Windows Vista et MS Office 2007 à l’école, dossier rendu difficile par la pression constante (et, il faut bien le dire, souvent malintentionnée) exercée par les partisans du logiciel libre qui serait, dit-on, mais cela reste à prouver, une alternative crédible aux produits Microsoft que tant de professeurs, élèves et parents utilisent au quotidien.

L’école a à l’heure actuelle bien d’autres chats à fouetter et il serait inopportun de créer une perturbation en obligeant la communauté scolaire à changer ses habitudes numériques durement acquises au fil des années.




Delgarma – Bad Days but good (and free) music

Lacrymosa - Laila - Art Libre

Sans vouloir entrer dans la polémique de la définition de la musique libre, force est de constater qu’ils sont finalement assez rares les musiciens qui proposent leurs oeuvres sous des licences offrant au mélomane les mêmes libertés que celles d’un utilisateur de logiciels libres[1].

Raison de plus pour donner un modeste petit coup de projecteur à Delgarma qui a placé sa musique sous licence Creative Commons By-Sa.

Avec mention spéciale à la ballade Bad Days qui m’accompagne le dimanche lorsque la pluie bat le carreau…

Cette vidéo a été enregistrée en juin 2006 à l’Open Source Café de Lyon (dont je n’arrive pas à retrouver le site web jusqu’à me demander si le café est toujours vivant !). Elle a été pêchée sur le site TheoraSea qui propose avec ITheora un lecteur multimédia bien plus libre que le lecteur Flash de ce blog[2].

Les illustrations nous viennent de Lacrymosa, et j’imagine qu’elles sont sous licence Art Libre vu l’implication du bonhomme en la matière.

Notes

[1] C’est-à-dire ici sans clause non commerciale ou non dérivable (même si on se retrouve souvent avec la question des sources disponibles pour pouvoir effectivement étudier la musique).

[2] Lecteur que je vais finir par adopter je pense une de ces quatre pour le Framablog.




Windows Vista ce sont ceux de Microsoft qui en parlent le mieux

Quand le New York Times se met à évoquer Windows Vista et ses déboires, on ne peut le soupçonner de partialité…

Big thanx à Mallorie pour la traduction.

Copie d'écran - Randall Stross - New York Times

Ils ont critiqué Vista. Parce qu’ils savaient.

They Criticized Vista. And They Should Know.

Randall Stross – 9 mars 2008 – New York Times

Un an après l’arrivée de Windows Vista, pourquoi tant d’utilisateurs de Windows XP refusent encore de passer à cette nouvelle version ?

D’après Microsoft, les prix élevés joueraient un rôle dissuasif. Le mois dernier, la compagnie a baissé les prix des packs Vista, en espérant voir les clients passer outre leurs réticences. Aux Etats-Unis, un utilisateur XP peut maintenant acquérir une version Vista Home Premium pour 129.95$ au lieu de 159.95$.

Mais une autre théorie circule sur l’échec de Vista : sa réputation le précèderait. Les utilisateurs XP seraient peu enthousiastes en entendant leurs amis ou connaissances leur narrer leurs expériences ratées de passages à Vista. La carte graphique qui ne supporte pas les effets spéciaux de Vista. Le temps de chargement trop long. La lenteur d’exécution des applications. Les imprimantes, scanners ou autres périphériques qui cessent de fonctionner correctement sous Vista, faute de pilotes adéquats, alors qu’ils tournaient sans problème sous XP.

En quoi Vista pourrait-elle être qualifiée de « version supérieure » ?

Voici l’histoire d’un passage à Vista plutôt malheureux qui s’est déroulé au début de l’année dernière. Jon (appelons-le Jon, je vous révélerai d’ici peu son identité) décide de passer deux machines sous XP à Vista. Il se rend alors compte qu’il manque des pilotes pour faire fonctionner son imprimante et son scanner sous Vista et qu’il doit réinstaller XP sur un des PC pour pouvoir encore utiliser ses périphériques.

Jon a-t-il simplement joué de malchance ? Apparemment pas. Lorsque Steve apprend les déboires de Jon, il confirme qu’il manque les pilotes de périphériques de toutes sortes – « c’est pareil dans tout l’écosystème ».

Vient alors le tour de Mike, dont le nouveau portable arbore le rassurant logo Windows Vista Capable. Il pense pouvoir profiter de toute la magnificience de Vista, ainsi que de ses programmes Microsoft préférés comme Movie Maker. Conclusion : « Je me suis fait avoir ». Logo ou pas, son nouveau portable ne comporte pas la puce graphique nécessaire pour utiliser son éditeur vidéo préféré et ne peut faire tourner qu’une version bridée de Vista. Comme il dit lui-même : « je possède désormais une machine à mails de 2100$ ».

Or, il s’avère que Mike n’est pas précisément un novice. Il s’agit de Mike Nash, vice-président de Microsoft, chargé de la gestion des produits. Et Jon, dépité d’apprendre que les pilotes dont il a besoin n’existent pas ? C’est Jon A. Shirley, membre du conseil d’administration et ancien président directeur géneral de Microsoft. Et Steven, que le manque de pilotes n’étonne plus, est bien placé pour le savoir : il s’agit de Steven Sinofsky, vice-président en charge de Windows.

Leurs remarques sont tirées d’e-mails internes à Microsoft, échangés en février 2007, donc après le lancement de Vista – alors considéré comme un produit achevé que les consommateurs achèteraient au prix fort. Entre les pilotes manquants et les étiquettes Prêt pour Vista apposées sur des portables qui ne l’étaient visiblement pas, Vista a tout de suite eu mauvaise réputation: Attention : Pas Prêt à l’Emploi.

Il est surprenant d’entendre les pontes de Microsoft se plaindre de leurs frustrations personnelles dues à Windows. Mais une action intentée contre Microsoft en mars 2007 devant la Cour de Justice de Seattle a révélé de nombreux documents internes. D’après les plaignants, Dianne Kelley et Kenneth Hansen, qui ont acheté leurs PC fin 2006, peu avant la sortie de Vista, les autocollants de Microsoft Windows Vista Capable induisent en erreur lorqu’ils ont apposés sur des machines qui s’avèrent incapables de faire tourner les versions de Vista pourvues des fonctionnalités les plus emblématiques que Microsoft mettait en avant pour promouvoir cet OS.

Le mois dernier, le juge Marsha A. Pechman a accordé à l’action intentée le statut d’« action groupés » (class action) et le procès est prévu pour octobre prochain. (Microsoft a fait appel de la décision de ce statut la semaine passée.)

Les personnes ayant acheté un PC labelisé Windows Vista Capable sans être également mentionné Premium Capable peuvent maintenant se joindre à la partie civile. Le juge a aussi rendu public quelque 200 e-mails et rapports internes, couvrant des débats internes à Windows au sujet de la meilleure façon de présenter Vista, entre 2005 et janvier 2007, au moment de sa sortie officielle.

Microsoft se vante aujourd’hui d’avoir deux fois plus de pilotes disponibles pour Vista que lors de son lancement, mais les problèmes graphiques et de performance perdurent. (En tentant de contacter la semaine dernière M. Shirley et ses collègues à propos de leurs expériences actuelles avec Vista, le porte-parole de Microsoft, David Bowerman, a déclaré qu’aucune des personnes citées dans les e-mails ne pourrait faire de commentaire tant que le procès serait en cours).

Les e-mails ont été publiés dans le désordre, mais en les remettant dans l’ordre chronologique, on peut y lire une tragédie en trois actes :

Acte I : En 2005, Microsoft a l’intention d’annoncer que seuls les PC suffisamment équipés pour supporter les exigences graphiques de Vista seront Vista Ready.

Acte II : Début 2006, Microsoft décide de revoir à la baisse les exigences graphiques théoriques afin de ne pas nuire aux ventes de Windows XP sur des machines bas de gamme alors que Vista est disponible. (Un client pourrait raisonnablement tirer la conclusion que Microsoft lui souffle: achetez maintenant, passez à Vista plus tard). Un ajustement sémantique est fait: au lieu de dire d’un PC qu’il est Vista Ready, ce qui peut amener à croire comme son nom l’indique qu’il est prêt à tourner sous Vista, on dira qu’il est Vista Capable, ce qui sous-entend que les résultats attendus pourraient ne pas être atteints.

Cette décision de revoir à la baisse les exigences graphiques de départ est accompagnée de protestations internes considérables. La configuration matérielle minimale est si basse que « même un vieux PC pourri ferait l’affaire », selon les propres termes de Anantha Kancherla, manager des programmes Microsoft, dans un des e-mails internes récemment rendus publics, tout en ajoutant « Ce serait une tragédie complète si on laissait faire ça. »

Acte III : 2007 voit la sortie des différentes versions de Vista, dont l‘Edition Familiale Basique, dépourvoue des fonctionnalités graphiques emblématiques de l’OS. Ce qui a placé les partenaires de Microsoft dans une situation embarrassante. Dell, dans un rapport également étudié lors du procès, enterrait d’ores et déjà Microsoft et faisait sèchement remarquer : « Les clients n’ont pas compris ce que signifiait Capable et s’attendaient à davantage que simplement pourrait être disponible. »

Tout était écrit. En février 2006, quand Microsoft a abandonné l’idée de réserver l’étiquette Vista Capable aux PC les plus puissants, son propre personnel a essayé de prévenir le déluge de plaintes de consommateurs à propos des PC plus limités. « Il serait beaucoup moins coûteux de faire les choses correctement pour les clients dès maintenant », déclara Robin Leonard, directeur commercial chez Microsoft, dans un e-mail à ses supérieurs, « plutôt que de devoir débourser par la suite pour essayer de résoudre les problèmes. »

Maintenant que Microsoft doit faire face à une action groupée, c’est un juge qui devra gérer la réparation de ces problèmes. Entretemps, Microsoft pourra-t-il racheter sa crédibilité perdue ?




Troisième manuel libre de mathématiques de Sésamath

Sésamath - Manuel 3ème - Couverture

Clap troisième ! Déjà disponible pour les niveaux Cinquième et Quatrième, la très libre association de professeurs de mathématiques Sésamath nous propose son nouveau manuel scolaire de mathématiques, cette fois-ci pour le niveau Troisième.

Outre la qualité et l’originalité de son contenu (et son prix serré de 11 €), ce manuel se démarque de ses petits camarades de l’édition classique de part son mode collaboratif d’élaboration (une petite centaine de collègues ont participé à sa rédaction) mais aussi et surtout par sa licence libre (la GNU/FDL) qui autorise quiconque (profs, élèves, parents…) à utiliser, copier, modifier et distribuer la version numérique du manuel.

Si j’étais prof de maths (ce que je suis du reste !), je tenterais de ce pas de convaincre les collègues de mon établissement de faire le choix du manuel Sésamath pour la rentrée scolaire prochaine[1].

L’occasion d’un court entretien avec l’un de ses membres fondateurs, Sébastien Hache.

Sésamath - Manuel 3ème - Exemple

Pourriez-vous nous présenter votre nouveau bébé ? (y a-t-il des nouveautés par rapport aux 2 précédents ?)

Sébastien Hache : Le Sésamath 3e est le 3e ouvrage de la collection (après le Sésamath 5e il y a 2 ans et celui de 4e l’an dernier). Il s’agit d’un manuel scolaire sous licence FDL, écrit avec la suite Open Office.org. Près de 80 auteurs, professeurs de Mathématiques, ont travaillé ensemble, essentiellement à distance, pour construire cet ouvrage.

Sur le fond, la ligne éditoriale du Sésamath 3e est restée très proche de celle de ses 2 prédécesseurs afin de garantir une continuité entre les différents ouvrages de la collection : utilisation des TICE, travail de groupe, narrations de recherches, QCM… et toujours énormément de compléments en ligne.

Ceci dit, le mode de conception a mûri ; de nouveaux outils ont été utilisés : par exemple, pour la première fois, un Wiki a servi à créer les feuilles de route de chaque chapitre. Globalement, ce processus complexe du « travailler ensemble » a été mieux géré que les années précédentes, l’expérience aidant. Au final, on peut donc dire que le Sésamath 3e est encore plus coopératif que ses petits frères en 5e et 4e.

Une autre constatation importante : depuis 2 ans, l’équipe de rédaction a été profondément renouvelée. Beaucoup de ceux qui avaient fait les premiers manuels se sont investis dans d’autres projets de Sésamath, souvent avec succès. De nouvelles énergies ont pris le relais sur le projet de manuel, avec efficacité et conviction. Cela peut signifier que le modèle est assez indépendant des individus et procède plutôt d’un certain état d’esprit. A ce titre, il devrait être reproductible ou transférable.

Quel bilan faites-vous des deux précédents ?

Le bilan est très positif. A n’en pas douter, ce concept de manuel scolaire libre a été (et est toujours) un levier important du développement de l’association. Tout d’abord, il a permis de créer de nombreuses synergies entre les différents projets de Sésamath, grâce en particulier aux compléments du manuel en ligne. Ensuite, comme je l’ai dit précédemment, beaucoup de collègues entrent dans Sésamath par le projet du manuel, se formant au passage aux techniques de travail coopératif… puis s’investissent dans d’autres projets de l’association, y amenant ainsi encore davantage de coopération.

Par ailleurs, le succès éditorial de ces manuels (près de 95 000 vendus l’an dernier en 4e) a permis à Sésamath d’être financièrement indépendant et de pouvoir salarier un de ses membres. Depuis des années, Sésamath demande du temps de décharge à l’Institution, en vain. Et pourtant, Sésamath a besoin de temps pour mieux accompagner les usages, les pratiques, les développements.

Plus généralement, il était primordial de pérenniser ce modèle d’édition afin de le rendre attractif et viable pour d’autres. Nous pensons avoir relevé ce défi.

Effectuez-vous des mises à jour des 2 précédents à partir des retours des collègues en situation ?

Pour le moment, nous tenons essentiellement compte des coquilles signalées qui, au demeurant, restent assez peu nombreuses. Mais de plus en plus de collègues nous envoient, et c’est important, des activités dérivées de celles du manuel, ou d’autres types de compléments. Sésamath est en train de mettre en place une sorte d’Espace Numérique de Travail pour les professeurs de Maths. L’un des objectifs de cet espace est justement de mutualiser autour du travail coopératif initial afin de favoriser à terme la refonte des manuels Sésamath. Ce site contiendra également un « livre du maître » pour le manuel 3e ainsi que des compléments spécifiques aux enseignants.

Vous travaillez sur un projet de manuel libre au Sénégal. Pourriez-vous nous en dire plus ?

A la suite de la mention d’honneur obtenue par Sésamath lors du prix sur l’utilisation des TICE à l’UNESCO, de nombreuses perspectives concrètes se sont ouvertes. En particulier, nous sommes en discussion sur la possible création de manuels libres en Mathématiques au Sénégal, en prenant appui sur les manuels Sésamath. L’idée n’est pas tant de donner des contenus qu’une certaine expertise du travail coopératif. Ainsi l’association espère aussi recevoir beaucoup en retour sur les pratiques et usages au Sénégal. Très honnêtement, en créant un manuel libre, Sésamath n’avait jamais pensé à ce type de possibilité. Mais si cela pouvait se faire (car malgré tout c’est un processus long et difficile) nous en serions vraiment fiers et très heureux.

Comment expliquez-vous que les autres disciplines ne vous aient pas encore emboîté le pas ?

Il y a eu des essais, mais provenant souvent de collègues isolés qui ne se rendent pas nécessairement compte de tout le travail et de l’énergie que cela demande. Il y a beaucoup de compétences différentes qui sont en jeu. Il faut à la fois les rassembler et les faire travailler ensemble. A ce stade, nous pensons que cela ne peut pas se faire spontanément ou de façon trop déconcentrée.

C’est évidemment plus facile si les collègues sont déjà organisés entre eux. Sésamath n’a pas vocation à créer ces premiers noyaux, mais peut essayer de les accompagner. Pour cela, il faut réussir à synthétiser le processus d’édition coopérative : quels outils ? quelles structures ? Quelle organisation ? Il n’est pas facile de faire ce travail d’abstraction, mais il est sans doute nécessaire pour facilité les transferts.

Il nous semble aussi qu’il y a actuellement un enjeu fort dans le premier degré.

Quels sont les futurs projets de Sésamath ?

Le prochain défi que doit relever Sésamath, c’est l’accompagnement de tous ceux qui utilisent les ressources de l’association. Cet accompagnement passe par une meilleure prise en compte de ces utilisateurs : professeurs, parents ou élèves. Des accès spécifiques vont être créés. La plate-forme pour les enseignants et un site dédié entièrement à l’accompagnement à la scolarité (libre et gratuit) pour les élèves et parents. Ce sont 2 énormes chantiers qui sont déjà en préparation depuis un certain temps et qui devraient éclore pendant l’année 2008.

Notes

[1] Chaque établissement peut commander un specimen avant le 24 avril chez le partenaire éditeur Génération 5.